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2012 Amjad Kreit

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Prolongation de la durée de vie des ouvrages en béton

armé
Amjad Kreit

To cite this version:


Amjad Kreit. Prolongation de la durée de vie des ouvrages en béton armé. Matériaux et structures
en mécanique [physics.class-ph]. INSA de Toulouse, 2012. Français. �NNT : 2012ISAT0059�. �tel-
01090347v2�

HAL Id: tel-01090347


https://theses.hal.science/tel-01090347v2
Submitted on 26 May 2015

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lished or not. The documents may come from émanant des établissements d’enseignement et de
teaching and research institutions in France or recherche français ou étrangers, des laboratoires
abroad, or from public or private research centers. publics ou privés.
THÈSE
En vue de l'obtention du

DOCTORAT DE L’UNIVERSITÉ DE TOULOUSE


Délivré par L’INSA de Toulouse
Discipline ou spécialité : GENIE CIVIL

Présenté et soutenu par Amjad KREIT


Le 25 Septembre 2012

Titre : Prolongation de la durée de vie des ouvrages en


béton armé

JURY
Emmanuel FERRIER Rapporteur Professeur, Université de Lyon 1
Alex Li Rapporteur Professeur, Université de Reims
Firas AL-MAHMOUD Examinateur Maître de conférences, Université de Nancy
Arnaud CASTEL Co-directeur Professeur, Université de New South Wales
Raoul FRANCOIS Directeur Professeur, INSA de Toulouse
Nancy
École doctorale : Mécanique, Énergétique, Génie civil et procèdes

Unité de recherche : Laboratoire Matériaux et Durabilité des Constructions

Directeur de Thèse : Raoul FRANCOIS

Co-directeur : Arnaud CASTEL


Remerciements
Ce travail de thèse a été effectué au Laboratoire Matériaux et Durabilité des
Constructions de l’Institut National des Sciences Appliquées de Toulouse et de l’Université
Paul Sabatier de Toulouse III – Université de Toulouse.
C’est avec une certaine émotion et beaucoup de sincérité que je voudrais remercier toutes
les personnes ayant soutenu et apprécié mon travail.
J'aimerais, tout d’abord, manifester toute ma reconnaissance à mes directeurs de thèse, le
Professeur Raoul FRANÇOIS et le Professeur Arnaud CASTEL pour leurs suggestions et
leurs conseils forts pertinents pour diriger la recherche. Leur patience et leurs connaissances
m'ont beaucoup encouragé tout au long de cette recherche. Leurs qualités humaines et
scientifiques m’ont beaucoup apporté et me seront profitables dans ma vie professionnelle.
J’adresse également mes remerciements les plus vifs au Professeur Emmanuel FERRIER
et au Professeur Alex LI pour avoir accepté de consacrer une partie de leur temps à
rapporter ce mémoire de thèse, et à l’élaboration de leur rapport, ainsi pour leurs critiques
avisées et leurs perceptions éclairées du domaine qui m’ont permis de prendre du recul sur
ces travaux.
Mes remerciements s’adressent également à Monsieur le Maître de Conférence Firas AL-
MAHMOUD pour son entière collaboration et ses conseils qui ont nettement contribué à
l’aboutissement de ce travail et pour sa présence dans le jury de soutenance.
Je tiens à remercier l’ensemble du personnel technique du LMDC et plus particulièrement
à Bernard ATTARD, Guillouset David, Leclerc Frédéric, Guillaume LAMBARE, Simone
JULIEN et Marc BEGUE pour leur aide et leurs conseils. Ils sont toujours disponibles et
sympathiques.
Je remercie également le gouvernement de la Syrie pour son soutien financier ce qui m’a
donné les moyens de bien m’installer en France.
Je remercie tous mes collègues doctorants que j’ai côtoyés au LMDC pendant ces années
de thèse. Un grand merci à mes amis et surtout : Inam, Wahid, Pauline, Abdel et Rashid avec
qui j’ai passé d’agréables moments.
Un grand merci à Bassam et sa femme, Loutfi et Amaal, et Tarik et sa femme pour leur
aide. Je tiens à remercier également toutes les personnes ayant assistées à ma soutenance.
Enfin, je tiens à exprimer du fond de mon cœur toute ma reconnaissances à ma famille,
mes parents en Syrie, mon épouse, qui m’offrent toujours un appui sûr grâce à leur soutien et
leur encouragement. C’est grâce à leur amour éternel que je peux franchir les obstacles les
plus difficiles.
Je dédie ce travail à mes parents en Syrie et à mon épouse Bayan.
Résumé
L'efficacité de la technique NSM dans la réparation et renforcement des structures est
fortement dépendante de la performance d’adhérence entre les joncs de carbone et le béton.
De nombreuses études récentes ont été réalisées pour quantifier d’adhérence sur des
éprouvettes saines en raison de la complexité de ce problème. Par contre, le comportement
des éléments réparés peut être affecté, d’une part, selon les conditions de pré-chargement, et
d’autre part, selon l’endommagement spécifique, qui pourraient être rencontrés dans les
structures existantes. En effet, un endommagement dans le béton ou dans les armatures peut
modifier le comportement global des éléments réparés en réduisant la capacité portante.
Tout d’abord, des essais à grande échelle en flexion ont été réalisés pour étudier le
comportement des poutres en béton armé. D’une part, différents types d’endommagements
ont été considérés tels que la corrosion des aciers et les charges excessives. D’autre part,
différentes conditions de pré-chargement incluant les maintiens du chargement à l’heure de
la mise en œuvre de la réparation ont été étudiées. Le comportement de la poutre témoin
renforcée se distingue par son côté fragile qui s’accompagne d’une ruine soudaine par pull-
out du jonc de carbone de la résine suivie d’éclatement de morceaux de béton dans la zone
de béton d’enrobage et d’un écrasement du béton comprimé. Par contre, la ruine de la
poutre corrodée et réparée intervient par séparation (délamination) du béton d’enrobage
dans la zone tendue au niveau à l’insertion du jonc de carbone, qui a commencé entre deux
fissures de flexion dans la zone centrale et s’est propagé vers l’appui.
Ensuite, afin de comprendre l’origine du mode de ruine de la poutre corrodée et réparée,
et d'étudier le comportement global, la rigidité, la ductilité, le mode de ruine, et la capacité
portante, des essais expérimentaux ont été réalisés en faisant varier les paramètres relatifs
aux conséquences de la corrosion (perte généralisée de la section d’acier tendu, éclatement
du béton d’enrobage, détérioration de l’adhérence acier-béton). Cependant, la ruine par la
séparation du béton d’enrobage entre deux fissures adjacentes observé sur la poutre
corrodée et réparée n’a jamais été obtenue. Pour nos simulations : La ruine a eu lieu par
Pull-out du jonc de carbone. Dans tous les cas, la capacité portante mesurée des poutres
endommagées puis réparées était supérieure à celle de la poutre témoin (non-renforcée)
Finalement, puisque les structures nécessitant de la réparation par application de
matériaux composites ne sont pas de récentes, et par conséquent, qui ont déjà subi un
certain nombre d’endommagements dus aux contraintes mécaniques (surcharge maintenue
à long-terme, charge accidentelle à court-terme), une partie expérimentale s’est intéressée à
l'utilisation des joncs de carbone pour la réparation des éléments endommagés par une
charge excessive, puis réparés sous ou sans charge maintenue. Un endommagement est
capable de réduire légèrement la capacité portante des poutres réparées (moins de 8% par
rapport à la poutre témoin renforcée). La réparation des poutres sous charge maintenue a
une influence non-significative en diminuant la capacité portante entre 5% et 6% par
rapport aux poutres endommagées réparées sans charge maintenue. La ruine des poutres
pré-chargées puis réparées a été par l’arrachement du jonc de carbone de la résine « Pull-
out » à cause des fissures longitudinales développées dans la résine qui conduit à la perte
d'adhérence entre le jonc de carbone et le matériau de scellement en réduisant légèrement
leur capacité portante. Par contre, les poutres endommagées par chargement excessif puis
réparées ont montré un mode de ruine différent (par écrasement du béton comprimé) mais
avec une réduction significative leur capacité portante.
Mots clés : Réparation, Béton armé, Corrosion, NSM, Matériaux composites, Endommagement,
Charges excessives.
Abstract
The effectiveness of the NSM technique for repairing or strengthening the RC structures
is highly dependent on the bond strength behavior between CFRP rods and concrete. Many
recent studies have been conducted to evaluate bond strength on undamaged concrete
specimens because of the complexity of this problem. On the contrary, the behavior of
repaired specimens may be affected, first, by pre-loading conditions, and the other,
depending on specific damage that could be encountered in the existing structures. Indeed,
damage in concrete or in reinforcement can change the global behavior of repaired
elements by reducing the bearing capacity.
First, large-scale bending tests were carried out to study the behavior of reinforced
concrete beams. On the one hand, various types of damage were considered such as the
steel corrosion and excessive loads. On the one hand, different pre-loading conditions
including sustaining loads at the time of implementation repair were studied. The behavior
of the beam strengthened control is distinguished by its fragile side which is accompanied
by sudden failure due to pull-out of the CFRP NSM rod, followed by splitting of concrete
pieces in the concrete cover and a crushing of concrete in compressive zone. On the other
hand, the failure mode of corroded repaired beam occurred by concrete cover
delamination in the tension zone at the level of insertion of CFRP NSM rod that started
between two bending cracks in the central area and has spread to the support.
Then, in order to understand the origin of the failure mode, global behavior, stiffness,
ductility, and bearing capacity of repaired corroded beam, an experimental tests were
performed by varying the parameters relating to the consequences of corrosion (such as
generalized loss of bottom steel section, concrete cover delamination failure and bond
strength failure between concrete and reinforcing steel). However, the failure occurred by
the concrete cover delamination between two adjacent bending cracks was never obtained
on the repaired corroded beam. For our simulations: The failure was due to pull-out of
CFRP rod. In all cases, the bearing capacity measured for repaired damaged beams was
greater than that of control beam (non-repaired).
Finally, since the structures requiring repair by applying composite materials are not
recent, and consequently, number of damages occurred due to mechanical stress (long-
term sustained overloading, short term accidental load), an experimental part was
interested in the use of CFRP NSM rods to repair of beams damaged by excessive load, and
then repaired under or without sustained load. A damage can slightly reduce the bearing
capacity of the repaired beams (less than 8% compared to the strengthened control beam).
The repair of beams under sustained load has a non-significant effect by reducing the
bearing capacity between 5% and 6% compared to the damaged beams repaired without
sustained load. The damages of the pre-loaded RC beams repaired with NSM failed by the
tearing of the carbon rod "pull-out" due to the longitudinal cracks developed in the epoxy
resin volume, which leads to loss of adhesion between the CFRP rod and the sealing
material by slightly reducing their bearing capacity. While, the RC beams damaged by
overloading which were repaired showed a different mode of failure (crushing of concrete
in compression) with also a significant reduction in their ultimate bearing capacity values.
Keywords: Repair, Reinforced Concrete, Corrosion, NSM, Composite materials, damaged,
excessive charges.
Table des matières

Table des Matières


Table des Matières ........................................................................................................................... 1
Liste des Figures ............................................................................................................................... 6
Liste des Tableaux ......................................................................................................................... 11
Introduction Générale ................................................................................................................. 13
I. Chapitre I ...................................................................................................................................... 19
I.1. Introduction ................................................................................................................... 21
I.2. Principales causes de dégradation des ouvrages ......................................................... 21
I.2.1. Dégradations des ouvrages dues au vieillissement .......................................................................................... 22
I.2.1.1. Érosion, abrasion et cavitation de surface du béton. ............................................................... 22
I.2.1.2. Action des cycles de gel-dégel. ................................................................................................. 22
I.2.1.3. Altération physico-chimique du béton. .................................................................................... 22
I.2.1.4. Retrait du béton. ...................................................................................................................... 23
I.2.1.5. Corrosion des armatures en acier. ........................................................................................... 23
I.2.2. Dégradations des ouvrages dues aux contraintes mécaniques. .................................................................. 23
I.2.2.1. Erreurs de conception ou d’exécution ...................................................................................... 24
I.2.2.2. Modification des conditions d’exploitation ou d’utilisation des ouvrages ............................... 25
I.2.2.3. Effets de la température .......................................................................................................... 25
I.2.2.4. Chargement de fatigue ............................................................................................................ 25

I.3. Technologies de réparation des ouvrages endommagées en utilisant les matériaux


composites ........................................................................................................................... 25
I.3.1. Technique de réparation par collage des tissus composites sur la surface extérieure ...................... 28
I.3.2. Technique de réparation par l’insertion des barres composites avec la technique NSM .................. 33
I.4. Applications des barres composites insérées avec la technique NSM .......................... 35
I.5. Matériaux composites et systèmes de renforcement par NSM ...................................... 38
I.5.1. Renforcement par les matériaux composites (FRP)......................................................................................... 38
I.5.2. Matériaux de scellement ............................................................................................................................................. 40
I.5.3. Dimensions des engravures ....................................................................................................................................... 41
I.5.4. Rapport Section transversal / Périmètre ............................................................................................................. 41
I.5.5. Position des engravures .............................................................................................................................................. 42
I.5.6. Comportement d’adhérence entre la barre composite insérée avec la technique NSM et le béton
d’enrobage ................................................................................................................................................................................... 42
I.5.6.1. Résumé des travaux expérimentaux existants ......................................................................... 44
I.5.6.1. Mécanismes de ruine dans le système NSM – par essais d’arrachement direct ...................... 45
I.5.6.1.1. Rupture à l’interface barre- matériau de scellement ...................................................... 46
I.5.6.1.2. Rupture à l’interface matériau de scellement-béton ....................................................... 46
I.5.6.1.3. Rupture par le fendage du matériau de scellement ........................................................ 47

1
Table des matières

I.5.6.2. Mécanismes de ruine dans le système NSM – par essais en flexion ........................................ 52
I.5.6.2.1. Rupture par la délamination de béton d’enrobage : ....................................................... 53
I.5.6.2.2. Décollement à l’interface de système NSM ..................................................................... 53
I.5.7. Modèles analytiques existants applicables au renforcement avec la technique NSM ........................ 56
I.5.7.1. Décollement au niveau d’une fissure intermédiaire IC ............................................................. 56
I.5.7.2. Délamination de l’interface à l’extrémité de renforcement (Plate-End) .................................. 59
I.5.7.3. Délamination du béton d’enrobage à l’extrémité de renforcement (Peeling-off) .................... 60
I.5.7.4. Calcul du moment ultime et de la contrainte maximale appliquée sur les joncs de carbone
dont la ruine est due au pull-out de joncs de carbone ......................................................................... 63

I.6. Longueur d'ancrage ...................................................................................................... 66


I.7. Conclusion..................................................................................................................... 67
II. Chapitre II ................................................................................................................................... 68
II.1. Introduction ................................................................................................................. 70
II.2. Revue de la littérature sur la réparation des éléments en béton armé endommagés par
corrosion en utilisant les matériaux composites ................................................................. 71
II.2.1. Soudki, (2006) ............................................................................................................................................................... 72
II.2.2. Bonacci et Maalej (2000) .......................................................................................................................................... 72
II.2.3. Lee et al (2000) ............................................................................................................................................................. 73
II.2.4. El Maaddawy et Soudki (2005) .............................................................................................................................. 73
II.2.5. Kutarba et al. (2007) .................................................................................................................................................. 73
II.2.6. Parish (2009) ................................................................................................................................................................. 74
II.2.7. Malumbela et al. (2011) ............................................................................................................................................ 75
II.2.8. Al-Saidy et al. (2011) .................................................................................................................................................. 75
II.3. Contexte expérimental ................................................................................................. 76
II.4. Propriétés des matériaux ............................................................................................. 80
II.4.1. Béton ................................................................................................................................................................................. 80
II.4.2. Acier d'armature .......................................................................................................................................................... 80
II.4.3. Jonc de carbone ............................................................................................................................................................. 81
II.4.4. Matériau de scellement ............................................................................................................................................. 83
II.5. Caractérisation de la performance mécanique résiduelle des poutres corrodées
(B2CL1 & B1CL1) ............................................................................................................... 84
II.5.1. Carte de fissuration ..................................................................................................................................................... 84
II.5.2. Comportement en service ......................................................................................................................................... 86
II.6. Capacité portante ........................................................................................................ 86
II.7. Caractérisation de la performance mécanique résiduelle des poutres témoins (B2T &
B1T) ..................................................................................................................................... 88
II.8. Évolution de la perte de section des aciers d’armature tendues des poutres corrodées
............................................................................................................................................. 89
II.8.1. Mesure des pertes de section d’armatures dues à la corrosion .................................................................. 89
II.8.2. Distribution de la corrosion le long des armatures tendues ....................................................................... 90

2
Table des matières

II.9. Technique de réparation des poutres B2CL1 & B2T .................................................. 93


II.10. Configuration d’essais en flexion .............................................................................. 95
II.11. Résultats expérimentaux ............................................................................................ 95
II.11.1. Moment de plastification et Résistance ultime .............................................................................................. 95
II.11.2. Modes de ruine ............................................................................................................................................................ 95
II.12. Discussion les résultats............................................................................................ 100
II.12.1. Comportement global ............................................................................................................................................100
II.12.2. Rigidité des poutres ................................................................................................................................................101
II.12.3. Moment de plastification des aciers tendus ..................................................................................................101
II.12.4. Capacité portante ....................................................................................................................................................102
II.13. Études analytiques ................................................................................................... 103
II.13.1. Calcul de moment de flexion, de déformation, et de contrainte correspondants au début de
plastification de l’acier d’une poutre réparée par des joncs de carbone ..........................................................104
II.13.2. Calculs de moment en flexion, de déformation, et de contrainte ultime d’une poutre renforcée
........................................................................................................................................................................................................105
II.13.2.1. Ruine de la poutre réparée par écrasement du béton comprimé ....................................... 106
II.13.2.2. Ruine due à la rupture à la traction des joncs de carbone .................................................. 107
II.13.3. Calculs des contraintes et des déformations d’une poutre renforcée par des joncs de carbone au
niveau de plastification des aciers tendus .....................................................................................................................108
II.13.4. Calculs des contraintes et des déformations d’une poutre réparée par des joncs de carbone à
partir de une valeur du moment appliqué ....................................................................................................................108
II.13.5. Calcul du moment ultime et de la contrainte maximale d’une poutre réparée en flexion par les
joncs de carbone dont la ruine est due au pull-out de joncs de carbone ...........................................................109
II.13.6. Calcul du moment ultime des poutres réparées dont la ruine est due à la séparation du béton
d’enrobage entre deux fissures adjacentes de flexion ...............................................................................................111
II.14. Différence entre les valeurs analytiques et résultats expérimentaux ...................... 114
II.15. Conclusion ............................................................................................................... 117
III. Chapitre III ..............................................................................................................................118
III.1. Introduction .............................................................................................................. 120
III.2. Étude expérimentale ................................................................................................. 121
III.2.1. Corps d’épreuve .........................................................................................................................................................121
III.2.2. Propriétés des matériaux ......................................................................................................................................124
III.2.2.1. Béton ................................................................................................................................... 124
III.2.2.2. Acier d’armature ................................................................................................................. 126
III.2.2.3. Jonc de carbone ................................................................................................................... 127
III.2.2.4. Matériaux de scellement ..................................................................................................... 127
III.2.3. Chargement ................................................................................................................................................................127
III.2.4. Dispositif expérimental ..........................................................................................................................................128
III.2.5. Pré-chargement des poutres en béton armé .................................................................................................128
III.2.6. Technique de réparation des poutres ...............................................................................................................128
III.3. Résultats expérimentaux et discussions .................................................................... 129

3
Table des matières

III.3.1.1. Courbe moment de flexion-flèche des poutres non-réparées .............................................. 129


III.3.1.2. Courbe moment de flexion-flèche des poutres réparées ..................................................... 130
III.3.1.3. Influence de la réparation sur la rigidité des poutres .......................................................... 131
III.3.1.4. Comportement de la ductilité .............................................................................................. 133
III.3.1.5. Moment de plastification - Résistances ultimes - Modes de ruine ...................................... 135
III.3.1.6. Influence de l’endommagement .......................................................................................... 136

III.4. Comparaison des valeurs expérimentales et théoriques .......................................... 142


III.5. Comportement de la Fissuration .............................................................................. 144
III.5.1. Cartes de fissuration au niveau du pré-chargement 13.5 kN.m .............................................................144
III.5.1.1. Fissuration à la ruine ........................................................................................................... 146
III.5.2. Ouverture de fissure de flexion ............................................................................................................................147
III.5.2.1. Comparaison avant et après la réparation pour la poutre B12-1 :...................................... 148
III.5.2.2. Comparaison avant et après la réparation pour B10-1 : ..................................................... 148
III.5.2.3. Modèles de prévision d’ouverture de la fissure de flexion et de l’espacement des fissures 153

III.6. Conclusion ................................................................................................................ 161


IV. Chapitre IV ..............................................................................................................................162
IV.1. Introduction .............................................................................................................. 163
IV.2. Résumé des études existantes.................................................................................... 163
IV.3. Étude expérimentale ................................................................................................. 166
IV.3.1. Matériaux ....................................................................................................................................................................166
IV.3.1.1. Bétons .................................................................................................................................. 166
IV.3.1.2. Caractéristiques mécaniques du béton ................................................................................ 166
IV.3.1.1. Acier d’armature .................................................................................................................. 166
IV.3.1.2. Jonc de carbone ................................................................................................................... 168
IV.3.1.3. Matériaux de scellement ..................................................................................................... 168
IV.3.2. Corps d’épreuve .........................................................................................................................................................168
IV.3.3. Dispositif de chargement et instrumentation ................................................................................................169
IV.3.3.1. Mise en place des jauges de déformation ........................................................................... 170
IV.3.4. Procédure d'essais ....................................................................................................................................................172
IV.3.1. Technique de réparation des poutres ...............................................................................................................174
IV.4. Résultats expérimentaux et discussions .................................................................... 177
IV.4.1. Comportement des poutres endommagées par des charges excessives au-delà du seuil de
plastification puis réparées par matériaux composites ..........................................................................................177
IV.4.1.1. Courbe moment de flexion-flèche des poutres endommagées puis réparées. .................... 177
IV.4.1.2. Influence de la réparation et de l’endommagement sur la rigidité des poutres .................. 180
IV.4.1.3. Comportement vis-à-vis de la ductilité ................................................................................ 182
IV.4.1.4. Moment de plastification - Résistance maximale - Modes de ruine. ................................... 182
IV.4.1.5. Comportement de fissuration des poutres .......................................................................... 183

4
Table des matières

IV.4.1.6. Carte de fissuration.............................................................................................................. 183


IV.4.1.7. Ouverture des fissures ......................................................................................................... 184
IV.4.1.8. Comparaison des résultats expérimentaux et théoriques ................................................... 190
IV.4.2. Comportement des poutres endommagées par des chargements dans le domaine élastique puis
réparées par composite sous charges maintenues ....................................................................................................192
IV.4.2.1. Courbe moment de flexion-flèche de la poutre témoin non-renforcée Pt. .......................... 192
IV.4.2.2. Courbe moment de flexion-flèche de la poutre témoin non-fissurée et renforcée P0-0. ..... 193
IV.4.2.3. Courbe moment de flexion-flèche des poutres endommagées puis réparées sous et sans
charge maintenue. ............................................................................................................................. 195
IV.4.2.4. Moments de plastification, Moments ultimes et Modes de ruine ....................................... 196
IV.4.2.5. Glissement de jonc de carbone pendant le chargement ...................................................... 200
IV.4.2.6. Comportement vis-à-vis de la ductilité ................................................................................ 201
IV.4.2.7. Déformations des armatures tendues et du jonc de carbone .............................................. 202
IV.4.2.8. Calcul de moment ultime ..................................................................................................... 207

IV.5. Conclusion ................................................................................................................ 211


Conclusion générale ...................................................................................................................213
PERSPECTIVES ..............................................................................................................................218
Références Bibliographiques ..................................................................................................219
Annexes ...........................................................................................................................................230
Annexe 1 - Profilés pultrudés fibre de carbone ................................................................. 231
Annexe 2 - Résine EPONAL 380 (fiche technique) ........................................................... 233
Annexe 3 - Résine EPONAL 336 (fiche technique) ........................................................... 233
Annexe 4 - Rainureuse Hilti DC-SE 20 ............................................................................. 235

5
Table des illustrations

Liste des Figures


Figure I-1 : Réparation de poutre par adjonction d’armature. ............................................................................................ 27
Figure I-2 : Réparation de poutre par béton projeté. ............................................................................................................... 27
Figure I-3 : Réparation par collage de tôles en acier. .............................................................................................................. 27
Figure I-4 : Réparation par précontrainte additionnelle. ....................................................................................................... 28
Figure I-5 : Applications de la technique de collage des matériaux composites sur la surface extérieure. ........ 30
Figure I-6 : Processus de réparation d’une poutre en béton armé au LMDC par le collage de tissu composite en
fibre de carbone sur la surface tendue. .............................................................................................................................. 31
Figure I-7 : Installation de renforcement par collage des matériaux composites (FRP) sur la surface
extérieure. ...................................................................................................................................................................................... 32
Figure I-8 : Modes de ruine conventionnelle et précoce des poutres renforcées en flexion par technique de
collage des tissus composites. ................................................................................................................................................. 33
Figure I-9 : Applications de la technique NSM avec des barres composites (FRP). ...................................................... 37
Figure I-10 : Procédures du renforcement d’un nouveau réservoir d'eau en utilisant de la technique NSM avec
des joncs en fibre de carbone CFRP (SPS Structural Preservation Systems s. d.)............................................... 38
Figure I-11 : Types de barres composites (FRP) insérées avec la technique NSM. ........................................................ 39
Figure I-12 : Configurations de surface (cloutage et usinage) développées au LMDC par (Al-Mahmoud et al.
2007). ............................................................................................................................................................................................... 40
Figure I-13 : Différents systèmes NSM. ........................................................................................................................................... 43
Figure I-14 : Dimensions des engravures de la technique NSM. ........................................................................................... 43
Figure I-15 : Rupture à l’interface barre-matériau de scellement. ..................................................................................... 46
Figure I-16 : Rupture à l’interface résine-béton ou par le fendage du matériau de scellement. ............................. 47
Figure I-17 : Mécanismes de ruine des poutres renforcées en flexion par le système de collage sur la surface
extérieure. ...................................................................................................................................................................................... 52
Figure I-18 : Modes de ruine précoce du renforcement (FRP) en flexion inséré par NSM. ........................................ 56
Figure I-19 : Schéma montrant la fissure intermédiaire (CI) induite par un mécanisme de décollement de
matériaux composites collés sur la surface extérieure (Seracino, Saifulnaz, et al. 2007).............................. 58
Figure I-20 : Paramètres et dimensions utilisées dans les modèles de (Seracino, Saifulnaz, et al. 2007) pour
des bandes rectangulaires collées. ....................................................................................................................................... 59
Figure I-21 : Répartition des contraintes dans le béton et les joncs de carbone entre les deux dernières fissures
à l’extrémité des joncs de carbone. ....................................................................................................................................... 62
Figure I-22 : Comparaison entre le diagramme des contraintes du modèle analytique et du modèle E.F. sur la
hauteur de la mini-poutre cantilever. ................................................................................................................................. 63
Figure I-23 : courbe contrainte d’adhérence (τ)-glissement (s) pour un jonc de carbone lors de l’essai
d’arrachement direct. ................................................................................................................................................................ 64
Figure I-24 : Longueur d’ancrage formée par la dernière fissure et la répartition de la contrainte d’adhérence
sur cette longueur pour les cas A et B. ................................................................................................................................ 65
Figure II-1 : Plan de ferraillage des poutres de type B (toutes les dimensions en mm). ............................................. 77
Figure II-2 : Dispositif de mise en charge. ..................................................................................................................................... 78
Figure II-3 : Schéma de la première enceinte de conservation en ambiance saline. .................................................... 79
Figure II-4 : Dispositif d’essais de fendage sur des éprouvettes de la poutre témoin B2T. ........................................ 80
Figure II-5 : Mode de rupture à la traction des joncs de carbone par Al-Mahmoud et al. (2007). ......................... 82
Figure II-6 : Courbes contrainte-déformation à la traction typique des aciers d’armature et de jonc de
carbone. .......................................................................................................................................................................................... 83
Figure II-7 : Carte de fissuration de la poutre B1CL1 (ouverture des fissures en mm) après 14 ans (Vidal et al.
2007). ............................................................................................................................................................................................... 85
Figure II-8 : Carte de fissuration de la poutre B2CL1 (ouverture des fissures en mm) après 14 ans (Vidal et al.
2007). ............................................................................................................................................................................................... 85

6
Table des illustrations

Figure II-9 : Carte de fissuration de la poutre B2CL1 avec les ouvertures des fissures de corrosion en mm
après 19 ans (R. Zhang et al. 2009). .................................................................................................................................... 85
Figure II-10 : Carte de fissuration de la poutre B2CL1 avec les ouvertures des fissures de corrosion en mm
après 23 ans (R. Zhang et al. 2009). .................................................................................................................................... 86
Figure II-11 : Variation de la rigidité en fonction du temps pour les poutres de type B. ............................................ 87
Figure II-12 : Variation de la capacité ultime en fonction du temps pour les poutres de type B, B1CL1 et B1T
ont été testés jusqu'à la rupture après 14 ans (Castel et al. 2000a; Castel et al. 2000b). .............................. 88
Figure II-13 : Moment de plastification des poutres B1T, B1CL1 en fonction de la réduction de la section des
aciers à l'endroit de la rupture des barres tendues. ........................................................................................................ 88
Figure II-14 : Distribution de la corrosion le long des armatures tendues de B1CL1 après 14 ans...................... 91
Figure II-15 : Distribution de la corrosion le long des armatures comprimées de B1CL1 après 14 ans. ........... 91
Figure II-16 : Distribution de la corrosion le long des armatures tendues de B2CL1 après 23 ans...................... 92
Figure II-17 : Distribution de la corrosion le long des armatures comprimées de B2CL1 après 23 ans. ........... 92
Figure II-18 : Installation du jonc de carbone avec la technique NSM sur la surface tendue de la poutre. ........ 94
Figure II-19 : Position du jonc de carbone sur la surface tendue de la poutre B2CL1 (toutes les dimensions en
mm). ................................................................................................................................................................................................. 95
Figure II-20b : Courbes “moment –flèche” pour toutes les poutres étudiées – comparaison les capacités
portantes et les ductilités. ........................................................................................................................................................ 97
Figure II-21 : Effet de la corrosion et de la réparation avec la technique NSM sur le moment de plastification
des poutres étudiées. .................................................................................................................................................................. 97
Figure II-22 : Mode de ruine de la poutre corrodée et non-réparée B1CL1 (Castel et al. 2000a; Castel et al.
2000b). ............................................................................................................................................................................................ 98
Figure II-23 : Mode de ruine de la poutre corrodée et réparée B2CL1 avec la technique NSM. .............................. 99
Figure II-24 : Mode de ruine de la poutre témoin et renforcée B2T parla technique NSM. ....................................100
Figure II-25 : Diagramme de déformations dans la section fissurée à la plastification des aciers tendus. ......105
Figure II-26 : Diagramme de déformations dans la section fissurée à la ruine de poutre par écrasement du
béton comprimé. ........................................................................................................................................................................107
Figure II-27 : Diagramme de déformations dans la section fissurée à la ruine de poutre par la rupture à la
traction des joncs de carbone. ..............................................................................................................................................108
Figure II-28 : Longueur d’ancrage formée par la dernière fissure et la répartition de la contrainte
d’adhérence sur cette longueur pour les cas A et B. ....................................................................................................111
Figure II-29 : Efforts dans un élément entre deux fissures adjacentes en flexion i,j. ..................................................114
Figure II-30 : Moments ultimes analytiques calculés et expérimentaux des poutres étudiées. .............................115
Figure III-1 : Caractéristiques géométriques et ferraillage des poutres B12. (Toutes les dimensions en mm).
..........................................................................................................................................................................................................122
Figure III-2 : Caractéristiques géométriques et ferraillage de la poutre B12-1EB. (Toutes les dimensions en
mm). ...............................................................................................................................................................................................123
Figure III-3 : Caractéristiques géométriques et ferraillage des poutres B10. (Toutes les dimensions en mm).
..........................................................................................................................................................................................................123
Figure III-4 : Caractéristiques géométriques et ferraillage de la poutre B10-1PA. (Toutes les dimensions en
mm). ...............................................................................................................................................................................................124
Figure III-5 : Cage Extensométrique utilisée pour la détermination du module d’élasticité. .................................125
Figure III-6 : Paramètres de l’essai de détermination du module d’élasticité [RILEM 72]. .....................................126
Figure III-7 : Configuration de chargement des poutres, diagrammes des efforts internes dans une poutre
sollicitée en flexion 3-points. .................................................................................................................................................127
Figure III-8 : Installation du jonc de carbone (Toutes les dimensions en mm). ...........................................................129
Figure III-9 : Comportement global des poutres non-réparées B12-0 & B10-0. ..........................................................130
Figure III-10 : Comparaison du comportement global des poutres réparée B12-1 et non-réparée B10-0. ......132
Figure III-11 : Comportement global des poutres B. ...............................................................................................................132
Figure III-12 : Raideur des poutres testées B. ............................................................................................................................133
Figure III-13 : Courbe charge-flèche de la poutre B12-1 avant et après la réparation. ...........................................133
Figure III-14 : Ductilité en déplacement en fonction du taux de l’acier tendu. ............................................................134

7
Table des illustrations

Figure III-15 : Moments expérimentaux des poutres. .............................................................................................................137


Figure III-16 : Flèches expérimentales des poutres. ................................................................................................................137
Figure III-17 : Mode de ruine de la poutre non-réparée B12-0. .........................................................................................138
Figure III-18 : Mode de ruine de la poutre non-réparée B10-0. .........................................................................................138
Figure III-19 : Mode de ruine de la Poutre B12-1EB (Pull-out du jonc de carbone avec écrasement du béton
comprimé). ...................................................................................................................................................................................139
Figure III-20 : Mode de ruine de la Poutre B10-1PA (Pull-out du jonc de carbone avec écrasement du béton
comprimé). ...................................................................................................................................................................................140
Figure III-21 : Mode de ruine de la Poutre B10-1 (Pull-out du jonc de carbone). .......................................................141
Figure III-22 : Mode de ruine de la poutre B12-1 (Pull-out du jonc de carbone). .......................................................142
Figure III-23 : Distribution des contraintes à la traction entre deux fissures de flexion dans le béton et l’acier.
..........................................................................................................................................................................................................145
Figure III-24 : Cartes des fissurations de la poutre B12-0 au niveau de pré-chargement de 13.5 kN.m. ...........146
Figure III-25 : Cartes des fissurations de la poutre B12-1 au niveau de pré-chargement de 13.5 kN.m. ...........146
Figure III-26 : Cartes des fissurations de la poutre B10-0 au niveau de pré-chargement de 13.5 kN.m. ...........147
Figure III-27 : Cartes des fissurations de la poutre B12-1EB au niveau de pré-chargement de 13.5 kN.m. .....147
Figure III-28 : Cartes des fissurations de la poutre B10-1PA au niveau de pré-chargement de 13.5 kN.m. .....147
Figure III-29 : Cartes des fissurations de la poutre B10-1 au niveau de pré-chargement de 13.5 kN.m. ...........147
Figure III-30 : Contrôle de l’ouverture de fissure sur une face au niveau des aciers tendus. ..................................149
Figure III-31 : Exemple du suivi de l’évolution de la fissure f1 pour la poutre B12-1. ...............................................149
Figure III-32 : Évolution de l’ouverture de la fissure f1 en fonction de moment à mi-portée de la poutre B10-
1PA. .................................................................................................................................................................................................150
Figure III-33 : Évolution de l’ouverture de la fissure f2 en fonction de moment à mi-portée de la poutre B10-
1PA. .................................................................................................................................................................................................150
Figure III-34 : Évolution de l’ouverture de la fissure f1 en fonction de moment à mi-portée de la poutre B12-
1EB. .................................................................................................................................................................................................150
Figure III-35 : Évolution de l’ouverture de la fissure f2 en fonction de moment à mi-portée de la poutre B12-
1EB. .................................................................................................................................................................................................151
Figure III-36 : Évolution de l’ouverture des fissures f1 et f2 en fonction de moment à mi-portée de la poutre
B10-1. .............................................................................................................................................................................................151
Figure III-37 : Évolution de l’ouverture des fissures f1 et f2 en fonction de moment à mi-portée de la poutre
B12-1. .............................................................................................................................................................................................151
Figure III-38 : Évolution de l’ouverture des fissures f1 et f2 en fonction de moment à mi-portée de la poutre
B12-0. .............................................................................................................................................................................................152
Figure III-39 : Évolution de l’ouverture des fissures f1 et f2 en fonction de moment à mi-portée de la poutre
B12-0. .............................................................................................................................................................................................152
Figure III-40 : Taux de réduction de l’ouverture de la fissure f1 des poutres dû à la réparation avec la
technique NSM. ..........................................................................................................................................................................152
Figure III-41 : Taux de réduction de l’ouverture de la fissure f2 des poutres dû à la réparation avec la
technique NSM. ..........................................................................................................................................................................153
Figure III-42 : Section effective de béton selon EC2. ...............................................................................................................156
Figure III-43 : Valeurs théoriques et expérimentales de l’ouverture de la fissure f1 en fonction de moment à la
position de la fissure de la poutre B12-0...........................................................................................................................157
Figure III-44 : Valeurs théoriques et expérimentales de l’ouverture de la fissure f2 en fonction de moment à la
position de la fissure de la poutre B12-0. ........................................................................................................................158
Figure III-45 : Valeurs théoriques et expérimentales de l’ouverture de la fissure f1 en fonction de moment à la
position de la fissure de la poutre B12-1...........................................................................................................................158
Figure III-46 : Valeurs théoriques et expérimentales de l’ouverture de la fissure f2 en fonction de moment à la
position de la fissure de la poutre B12-1. ........................................................................................................................158
Figure III-47 : Valeurs théoriques et expérimentales de l’ouverture de la fissure f1 en fonction de moment à la
position de la fissure de la poutre B10-0...........................................................................................................................159
Figure III-48 : Valeurs théoriques et expérimentales de l’ouverture de la fissure f2 en fonction de moment à la
position de la fissure de la poutre B10-0. ........................................................................................................................159

8
Table des illustrations

Figure III-49 : Valeurs théoriques et expérimentales de l’ouverture de la fissure f1 en fonction de moment à la


position de la fissure de la poutre B10-1...........................................................................................................................160
Figure III-50 : Valeurs théoriques et expérimentales de l’ouverture de la fissure f2 en fonction de moment à la
position de la fissure de la poutre B10-1. ........................................................................................................................160
Figure IV-1 : Diagramme du comportement à la traction des armatures utilisées (HA6, HA12). ........................167
Figure IV-2 : Caractéristiques géométriques et ferraillage des poutres Y & P. (Toutes les dimensions en mm).
..........................................................................................................................................................................................................171
Figure IV-3 : Instrumentation et dispositif de chargement en flexion 4 points des poutres P. ...............................171
Figure IV-4 : Diagrammes de moment fléchissant M et d’effort tranchant V pour une poutre soumise en
flexion 3 points ou 4 points....................................................................................................................................................172
Figure IV-5 : Procédures d'essais expérimentaux pour les poutres Y. ..............................................................................173
Figure IV-6 : Dispositif de mise de charge maintenue pour les poutres P. .....................................................................174
Figure IV-7 : Carte de fissuration de la poutre Y105-0 (a) à l’endommagement (29.5 kN.m), (b) à la ruine. .175
Figure IV-8 : Carte de fissuration de la poutre Y120-0 (a) à l’endommagement (34.3 kN.m), (b) à la ruine. .175
Figure IV-9: Carte de fissuration de la poutre P0-0 (a) à charge de service (12 kN.m), (b) à la ruine. ..............175
Figure IV-10 : Carte de fissuration de la poutre P50-0 (a) à charge de service (12 kN.m), (b) à la ruine. ........176
Figure IV-11 : Carte de fissuration de la poutre P50-50 (a) à charge de service (12 kN.m), (b) à la ruine. .....176
Figure IV-12 : Carte de fissuration de la poutre P72-0 (a) à charge de service (12 kN.m), (b) à la ruine. ........176
Figure IV-13 : Carte de fissuration de la poutre P72-72 (a) à charge de service (12 kN.m), (b) à la ruine. .....176
Figure IV-14 : Comportement global des poutres endommagées et réparées Y. .........................................................178
Figure IV-15 : Comparaison entre le comportement de la poutre Y120-0 avant et après la réparation...........179
Figure IV-16 : Comparaison entre comportement de la poutre Y105-0 avant et après la réparation. ..............179
Figure IV-17 : Comportement global des poutres endommagées et non réparées Y105-0 et Y120-0. ................180
Figure IV-18 : Comparaison entre le comportement des poutres Y endommagées puis réparées. ......................180
Figure IV-19 : Évolution de la rigidité de la poutre Y120-0. ................................................................................................181
Figure IV-20 : Raideur des poutres endommagées puis réparées. .....................................................................................181
Figure IV-21 : Taux d'augmentation d'ouverture des fissures par rapport à l'ouverture des fissures avant
l'endommagement. ...................................................................................................................................................................185
Figure IV-22 : Mode de ruine de la poutre endommagée et réparée Y105-0. ...............................................................186
Figure IV-23 : Mode de ruine de la poutre endommagée et réparée Y120-0. ...............................................................187
Figure IV-24 : (A) Dispositif de mesure du glissement à l’extrémité de jonc de carbone dans la poutre Y120-0,
(B) courbes de déplacement au cours du temps à mi-portée et à l’extrémité du jonc de carbone. ..........187
Figure IV-25 : Évolution d’ouverture de la fissure f1 dans la poutre Y105-0. ...............................................................188
Figure IV-26 : Évolution d’ouverture de la fissure f2 dans la poutre Y105-0. ...............................................................188
Figure IV-27 : Évolution d’ouverture de la fissure f3 dans la poutre Y105-0. ...............................................................188
Figure IV-28 : Évolution d’ouverture de la fissure f1 dans la poutre Y120-0. ...............................................................189
Figure IV-29 : Évolution d’ouverture de la fissure f2 dans la poutre Y120-0. ...............................................................189
Figure IV-30 : Évolution d’ouverture de la fissure f3 dans la poutre Y120-0. ...............................................................189
Figure IV-31 : Comportement global de la poutre témoin non-renforcée Pt. ...............................................................194
Figure IV-32 : Comportement global de la poutre témoin renforcée P0-0 avec les cycles chargement
/déchargement. .........................................................................................................................................................................194
Figure IV-33 : Comportement global des poutres P50-0 & P50-50 (Pré-chargées à 50%). ....................................196
Figure IV-34 : Comportement global des poutres P72-0 & P72-72 (Pré-chargées à 72%). ....................................196
Figure IV-35 : Évolution des moments de plastification et des moments ultimes des poutres par rapport à la
poutre témoin non-renforcée Pt. .........................................................................................................................................198
Figure IV-36 : Évolution des moments de plastification et des moments ultimes des poutres par rapport à la
poutre témoin renforcée P0-0. .............................................................................................................................................198
Figure IV-37 : Flèches à la plastification des aciers et à la ruine des poutres testées. ..............................................199
Figure IV-38 : Mode de ruine de la poutre témoin renforcée P0-0. ...................................................................................199
Figure IV-39 : Mode de ruine des poutres réparées P50-0, P50-50 et P72-0. ................................................................199
Figure IV-40 : Mode de ruine de la poutre réparée P72-72. .................................................................................................200

9
Table des illustrations

Figure IV-41 : Glissement à l’extrémité de jonc de carbone en fonction de moment de flexion de la poutre P0-0.
..........................................................................................................................................................................................................201
Figure IV-42 : Glissement à l’extrémité de jonc de carbone en fonction de moment de flexion au deuxième
cycle charge/décharge. ...........................................................................................................................................................201
Figure IV-43 : Ductilité de déplacement des poutres testées P. ..........................................................................................202
Figure IV-44 : Courbes moment - déformation dans l’acier tendu et le béton comprimé de la poutre P0-0. ...203
Figure IV-45 : Courbes moment - déformation dans le jonc de carbone de la poutre P0-0. ....................................204
Figure IV-46: Courbes moment - déformation dans l’acier tendu et le béton comprimé de la poutre P50-0...204
Figure IV-47 : Courbes moment - déformation dans le jonc de carbone de la poutre P50-0. .................................204
Figure IV-48 : Courbes moment - déformation dans l’acier tendu et le béton comprimé de la poutre P50-50.
..........................................................................................................................................................................................................205
Figure IV-49 : Courbes moment - déformation dans le jonc de carbone de la poutre P50-50................................205
Figure IV-50: Courbes moment - déformation dans l’acier tendu et le béton comprimé de la poutre P72-0...205
Figure IV-51 : Courbes moment - déformation dans le jonc de carbone de la poutre P72-0. .................................206
Figure IV-52 : Courbes moment - déformation dans l’acier tendu et le béton comprimé de la poutre P72-72.
..........................................................................................................................................................................................................206
Figure IV-53 : Courbes moment - déformation dans le jonc de carbone de la poutre P72-72................................206
Figure IV-54 : Analyse de la section en flexion à l’ELU. ..........................................................................................................207

10
Table des illustrations

Liste des Tableaux


Tableau I-1: Résumé des travaux expérimentaux existants sur le comportement d’adhérence des barres
insérées avec la technique NSM et le béton. ..................................................................................................................... 51
Tableau II-1 : Composition du béton et composition chimique du ciment. ...................................................................... 81
Tableau II-2: Caractéristiques mécaniques du béton. .............................................................................................................. 81
Tableau II-3 : Caractéristiques mécaniques des barres d’armature d’acier. .................................................................. 81
Tableau II-4 : Caractéristiques mécaniques de jonc de carbone. ......................................................................................... 83
Tableau II-5 : Caractéristiques mécaniques de la résine Eponal 380 après durcissement 7 jours à 20°C (par la
société Bostik). ............................................................................................................................................................................. 83
Tableau II-6 : Moments de flexion de la plastification des aciers longitudinales et ultimes calculés et
expérimentaux des poutres. ..................................................................................................................................................115
Tableau II-7 : Contraintes dans le jonc de carbone dues aux moments expérimentaux des poutres. .................116
Tableau III-1 : Description des poutres B. ...................................................................................................................................122
Tableau III-2 : Compositions du béton des poutres. ................................................................................................................124
Tableau III-3 : Propriétés mécaniques et caractéristiques des matériaux. ...................................................................126
Tableau III-4 : Ductilité en déplacement des poutres. ............................................................................................................134
Tableau III-5 : Principales caractéristiques du comportement de poutres en flexion – Détermination
expérimentale. ............................................................................................................................................................................136
Tableau III-6 : Moments de flexion ultimes calculés et expérimentaux des poutres dont la ruine est due au
pull-out des joncs de carbone. ..............................................................................................................................................143
Tableau III-7 : Comparaison des résultats expérimentaux et théoriques des moments de plastification des
aciers tendus et des moments ultimes...............................................................................................................................143
Tableau III-8 : Détails sur la fissuration des poutres au niveau de pré-chargement. ................................................149
Tableau III-9 : Valeurs théoriques et expérimentales d’espacement des fissures........................................................160
Tableau IV-1 : Composition des différents bétons. ...................................................................................................................166
Tableau IV-2 : Caractéristiques des bétons destinés aux essais de flexion sur poutres. ............................................167
Tableau IV-3 : Caractéristiques principales des armatures utilisées. ..............................................................................167
Tableau IV-4 : Description des poutres Y & P. ...........................................................................................................................169
Tableau IV-5 : Résumé des résultats expérimentaux des essais pour les poutres Y. ...................................................177
Tableau IV-6 : Flèches et ductilité de déplacement des poutres endommagées puis réparées. .............................182
Tableau IV-7 : Détails sur la fissuration des poutres Y au niveau de charge en service. ..........................................185
Tableau IV-8 : Contraintes des aciers tendus aux niveaux d'endommagement dans les poutres non-réparées.
..........................................................................................................................................................................................................190
Tableau IV-9 : Comparaison des résultats expérimentaux et théoriques des moments de plastification des
aciers tendus et des moments ultimes...............................................................................................................................191
Tableau IV-10 : Résumé des résultats expérimentaux des essais pour les poutres P. ................................................192
Tableau IV-11 : Déformations aux niveaux d'endommagement des poutres avant réparation. ..........................209
Tableau IV-12 : Moments de flexion ultimes calculés et expérimentaux des poutres dont la ruine est due au
pull-out de jonc de carbone. ..................................................................................................................................................210
Tableau IV-13 : Comparaison des résultats expérimentaux et théoriques des moments de plastification des
aciers tendus et des moments ultimes...............................................................................................................................210
Tableau IV-14 : Comparaison des résultats expérimentaux et théoriques des déformations au niveau de
plastification de l’acier et à la ruine de la poutre. .......................................................................................................211

11
Introduction Générale
Introduction générale

INTRODUCTION GENERALE
La durabilité est définie par la norme NF X 50-501 (durée de vie et durabilité des biens)
comme « l'aptitude d’une entité à accomplir une fonction dans des conditions données
d’utilisation et de maintenance, jusqu’à ce qu’un état-limite soit atteint ». Un ouvrage de
génie civil est dimensionné pour une durée de vie de cent ans en moyenne. Toutefois,
plusieurs types de désordres viennent réduire cette durée de vie prévisionnelle et aujourd’hui,
En France, 18% des ouvrages d’art sont structurellement déficients et 2% présentent une
structure gravement affaiblie. Un ouvrage sur trois nécessite une maintenance pour assurer la
sécurité des usagers (Enquête du SETRA 1995). En effet, la durée de vie peut être réduite
du fait de nombreuses pathologies. Liées à des erreurs de conception lors du
dimensionnement ou lors de l’exécution, des défauts de résistance à l’effort tranchant ou
en flexion due au chargement excessif, ainsi que le vieillissement de la structure. Par
ailleurs, la dégradation des matériaux, comme la corrosion des aciers d’armature, est
souvent la cause principale d’une diminution de capacité structurale.
A l’heure actuelle, l’augmentation de la maintenance des structures dégradées sont en
augmentation, avec l'augmentation du nombre de structures vieillissantes dans le monde. Le
remplacement de ces structures est susceptible d’être une charge financière lourde et, est
certainement un gaspillage des ressources naturelles, et la réparation est donc une alternative
viable. Par conséquent, la réparation des structures est considérée comme une approche
stratégique.
La maintenance des ouvrages de génie civil consiste à les protéger en assurant une
meilleure étanchéité ou en limitant la corrosion, à les réparer en cherchant à compenser les
pertes de rigidité ou de résistance dues à la fissuration, à les renforcer en améliorant les
performances et la durabilité de ces ouvrages (Calgaro et al. 1997). C’est un problème de
plus en plus préoccupant dans la mesure où le coût des ouvrages neufs est de plus en plus
élevé et les conditions de réparation de plus en plus difficiles.
Parmi les premières techniques développées, l'une des plus efficaces pour les désordres
structurels était la réparation de structures en béton armé dégradées par mise en place
extérieur de tôles ou plaques en acier (L’Hermite et al. 1967b). Toutefois, un inconvénient
majeur était la difficulté de manipulation des plaques en acier compte tenu de leur poids, ainsi
que les problèmes de corrosion.
Face à ce problème, la réparation ou le renforcement par collage des matériaux composites
s’est avéré être une technique prometteuse. De nos jours, le collage des matériaux composites
à matrice organique est l’une des méthodes de réhabilitation les plus utilisées grâce aux
avantages des matériaux composites, en particulier, ceux à base de fibres de carbone : la
facilité de mise en place et la très bonne tenue à la fatigue. De plus, malgré leur prix élevé,
ils présentent un avantage économique car ils peuvent être mis en œuvre directement
sur les structures par moulage au contact, procédé appelé aussi polymérisation in-situ
ou stratification directe. Ceci permet de réduire considérablement les coûts liés à la
manipulation des matériaux ainsi que les problèmes liés aux interruptions de trafic.
Cependant, ce type de renforcement peut être impossible ou difficile à réaliser pour
certains ouvrages ou parties d’ouvrages : par exemple, les parties en console dont la
surface peut être sujette à des agressions particulières.
L’utilisation de barres composites pour renforcer les structures en béton armé
émerge actuellement en tant que nouvelle technologie afin d’augmenter leur résistance

15
Introduction générale

en flexion ou à l’effort tranchant. Les barres composites sont insérées par engravure
dans la zone d’enrobage de l’élément à renforcer, cette technique est connue sous le nom
NSM pour Near Surface Mounted reinforcement. Cette technique pourrait être
particulièrement attrayante pour renforcer les structures en flexion dans les zones où le
moment est négatif et le renfort est soumis aux endommagements mécaniques et
environnementaux.
Si cette technique semble être relativement simple d’un point de vue technologique,
des points sombres restent encore à éclairer car, la plupart des éléments en béton armé
existants à renforcer ou à réparer par des joncs de carbone sont souvent chargés et
fissurés, et il n’est pas toujours possible d’injecter les fissures. Ils sont parfois
endommagés du fait d’une charge excessive ou par corrosion des aciers. Il est donc
nécessaire d’obtenir des informations sur le comportement des éléments fissurés ou
endommagés, puis renforcés sous ou sans charge maintenue.
Le travail de thèse présenté ici tente d’apporter des réponses sur les points évoqués ci-
avant.
Dans le premier chapitre, nous évoquons, tout d’abord, les causes principales de
dégradation des ouvrages en béton armé et puis les technologies de réparation des
ouvrages endommagées en utilisant les matériaux composites soit par collage des tissus
composites sur la surface extérieure ou soit par insertion des barres composites avec la
technique NSM et nous exposons aussi les avantages, les inconvénients et les
applications pour chaque technique. Ensuite, nous présentons, en détail, les travaux
expérimentaux existants dans la littérature qui ont été réalisés pour éprouver la
technique NSM, sur le comportement d’adhérence entre les barres composites insérées
et le béton. D’ailleurs, nous consacrons une partie de notre étude bibliographique pour
faire le point de la technique NSM, il s’agit, d’une part, de présenter les matériaux
composites des barres insérées et les matériaux de scellement utilisés, et d’autre part,
d’étudier les formes optimales des barres composites (Bande, Jonc) et la position des
engravures et leurs dimensions. Après, nous étudions les mécanismes de ruine connus
du système NSM (par essais d’arrachement et en flexion) et les modèles analytiques
existants. Enfin, nous nous intéressons au comportement d'ancrage des barres
composites dans cette technique.
Dans le deuxième chapitre du travail, nous étudions la réparation d’une poutre fortement
dégradée par corrosion des armatures due à un vieillissement « naturel » sous charge en
ambiance saline. La corrosion des aciers s’est traduite par un endommagement important du
béton d’enrobage avec des fissures de largeur supérieure à 3 mm et des zones de délaminage
du béton. Cet endommagement est aussi accompagné d’une diminution de la section des
armatures (36%) et donc de la capacité portante. Ce type de dégradation ne permet pas de
faire une réparation classique avec tissus composites en fibre de carbone en raison de la
détérioration importante du béton tendu. Nous présentons, tout d’abord, une revue de la
littérature sur la réparation des éléments en béton armé endommagés par corrosion en utilisant
les matériaux composites. Ensuite, nous présentons brièvement, d’une part, le programme
expérimental à long terme qui a été lancé au L.M.D.C. de Toulouse par François & Arliguie
en 1984 dont l'objectif était d'étudier l'évolution du processus de corrosion des aciers dans le
béton armé, et d’autre part, l’histoire de chargement et de conservation et la caractérisation de
la performance mécanique résiduelle des poutres testées. Après, nous consacrons une partie à
l’étude les propriétés mécaniques des matériaux utilisés. (Béton, Acier, Jonc de carbone et
Matériaux de scellement). Puis, nous passons à l’étude du le comportement global, du mode

16
Introduction générale

de ruine, de la capacité portante et de l’effet raidissant apporté par le jonc de carbone, aux
poutres réparées en comparaison avec les poutres non-réparées.
Dans le troisième chapitre, nous réalisons des essais de simulations expérimentales en
faisant varier les paramètres relatifs aux conséquences de la corrosion (Perte
généralisée de la section d’acier tendu, éclatement de béton d’enrobage et détérioration
de l’adhérence acier-béton). Ceci est dans le but, d’une part, d’obtenir le même mode de
ruine que la poutre corrodée au deuxième chapitre par séparation du béton d’enrobage
entre deux fissures adjacentes en flexion afin de mieux comprendre l’origine de ce mode
de ruine, et d’autre part, d’étudier la performance des poutres en béton armé
endommagées par l’une des conséquences de la corrosion puis réparées par l’insertion
du jonc de carbone avec la technique NSM. Dans un premier temps, nous analysons
séparément les effets de la corrosion : la perte de section d’acier tendu, l’éclatement du
béton d’enrobage et la perte d’adhérence acier-béton sur le comportement global des
poutres réparées. La simulation de la détérioration d’adhérence acier-béton est réalisée
en enlevant le béton d’enrobage autour des aciers tendus dans la zone centrale d’une
poutre en béton armé. Ce type d’essai correspond à la simulation d’une annulation de
l’adhérence acier-béton pour un taux de corrosion très élevé. Cependant, les armatures
secondaires ainsi que les cadres ne sont pas concernés par le processus de perte
d’adhérence car ce sont surtout les armatures tendues qui sont les plus affectées par la
corrosion. La perte de section des aciers tendus est réalisée par l’utilisation des barres
d’acier d’une section réduite par rapport à la poutre témoin (non-endommagée), ce type
d’essai correspond à la simulation d’une perte de la section d’acier due à la corrosion
généralisée. En effet, il est difficile de réaliser expérimentalement une corrosion variable
en position et en intensité telle que dans la poutre corrodée naturellement au deuxième
chapitre. La simulation d’éclatement du béton d’enrobage est réalisée en enlevant la
moitié de la largeur du béton d’enrobage le long de la poutre et au-dessous des
armatures tendues.
Dans un second temps, le comportement en service des poutres est étudié en
analysant leur rigidité, les cartes de fissuration et l’ouverture des fissures, avant et après
réparation, sont discutés. Des calculs réglementaires pour estimer les moments de
plastification et ultimes des poutres endommagées réparées et les contraintes ultimes
du jonc de carbone en supposant que la ruine de poutre intervient par pull-out du jonc
de carbone, par rupture du jonc de carbone à la traction, et par écrasement de béton
comprimé, sont réalisés. Les valeurs expérimentales des essais en flexion des poutres
testées sont comparées avec les celles analytiques.
Dans le quatrième chapitre, nous étudions, d’une part, l’efficacité de la réparation des
poutres endommagées par chargement excessif (au-delà de seuil de plastification), et
d’autre part, l’effet du pré-chargement et du maintien de charge sur la réparation. Nous
présentons, tout d’abord, un résumé des études expérimentales existantes sur la
réparation des éléments en béton armé pré-chargées ou endommagées puis réparées
sous/sans charge maintenue avec des matériaux composites. Ensuite, des essais de pré-
fissuration seront réalisés : il s’agit de fissurer les poutres de manière à obtenir des
ouvertures de fissures de l’ordre de celles rencontrées sur éléments réels en service.
Puis, certaines poutres pré-fissurées sont soumises à des différentes charges
d’endommagement, puis les poutres sont réparées par un jonc de carbone inséré avec la
technique NSM sans/sous charge maintenue. Des jauges de déformation sont collées sur
le béton comprimé (à mi-portée), les aciers tendus (à mi-portée et au point d’application

17
Introduction générale

de charge) et le jonc de carbone en plusieurs positions sur le long soit à mi-portée, soit à
l'aplomb d'une fissure préexistant avant la réparation et au point d’application de
charge et soit à mi-distance entre deux fissures préexistantes. Les valeurs
expérimentales des déformations enregistrées par les jauges ont ensuite été comparées
avec celles des déformations ultimes. Après, nous étudions le comportement global des
poutres réparées et la fissuration, le mode de ruine, leur résistance ultime, l’effet
raidissant apporté par le jonc de carbone dans le stage de pré-plastification, la ductilité
en terme de déplacement. Enfin, nous calculons à l’aide des modèles analytiques, le
moment ultime des poutres en fonction du mode de ruine.
Chacun de ces chapitres est terminé par une conclusion partielle, dont le bilan est
effectué en conclusion générale, et qui permet de dégager des perspectives ici.

18
I. Chapitre I

Réparation des ouvrages en béton


armé avec des barres composites
insérées par la technique NSM
[Revue bibliographique]
Chapitre I

I.1. INTRODUCTION

Le béton est le matériau de construction le plus utilisé au monde ; on estime que sa


production annuelle correspond à environ une tonne par habitant de notre planète. Ce
succès est dû à plusieurs facteurs : le béton est un matériau économique, fabriqué à
partir de ressources le plus souvent locales ; il est résistant, durable, isolant thermique
et phonique ; il participe à l'architecture par les formes, les textures, les teintes qu'il
permet d'obtenir ; il est facile à mettre en œuvre et se marie bien avec l'acier. Le béton
résiste bien en compression, mais possède une faible résistance à la traction. C'est
pourquoi, pour lui conférer une bonne résistance à la traction, on dispose dans la partie
tendue des armatures. Les armatures pour béton armé sont généralement des
assemblages de barres en acier à caractéristiques de forme, de résistance et de section
bien déterminées. Le béton armé est l'intime assemblage d'armatures (généralement en
acier) et de béton afin de compenser la mauvaise tenue de ce dernier à la traction.
Le béton armé a bénéficié de nombreuses études et de multiples expérimentations si
bien que divers règlements se sont succédé de 1906 jusqu’à nos jours : circulaire de
1906 puis de 1934 ; B.A. 45, B.A. 60, CCBA 68, BAEL 80, BAEL 91, Eurocode2.
Ce chapitre est consacré dans un premier temps à décrire les principales causes de
dégradation des structures en béton armé, la dégradation des matériaux issus à la
présence d'agents agressifs, et les dégradations mécaniques sont, quant à eux, issus des
contraintes excessives appliquées en service. Ensuite, nous exposerons en bref, les
différentes techniques de réparation utilisées couramment depuis plusieurs années et
celles qui se sont développées ces dernières décennies en utilisant les matériaux
composites. Dans un second temps, nous présenterons largement les résultats des
recherches et des études expérimentales qui sont faites sur la technique de réparation
par insertion des barres composites avec le système NSM.

I.2. PRINCIPALES CAUSES DE DEGRADATION DES OUVRAGES

La durabilité des ouvrages dépend de leur comportement face aux conditions


climatiques et environnementales qui existent dans les milieux où ils sont construits. La
dégradation d’une structure en béton armé est la traduction d’une évolution lente et
irréversible de ses variables d’état, conduisant à la diminution des marges nécessaires
de sûreté pour assurer son bon fonctionnement.
Il est intéressant de connaître quelques chiffres à propos de l’état d’ouvrages. En
France, une estimation sommaire a permis d’évaluer à plus de 65 000 le nombre
d’ouvrages d’art de plus de 5 m de portée dont la moitié nécessite un renforcement ou
une réparation. L’ensemble du patrimoine français représentait, en 1997, une surface de
2 600 millions de m² de plancher, avec 1 500 millions de m² pour le secteur résidentiel
qui a été construit dans les années 1970 à 1975 et arrive à un âge critique (Perret 1998).
Selon le Ministère de l’Équipement des transports et des logements, la surveillance et
l’entretien des ouvrages en France représentent plus de 500 millions d’euros par an
(Ferrier 1999). Une Enquête du SETRA (1995) (Service d’études techniques des routes
et autoroutes) montre que 16% des ouvrages présentent des désordres qui nécessitent
des travaux de réparation, 37% exigent un entretien spécialisé urgent. Aux États Unis,

21
Chapitre I

pays où l’infrastructure routière dépasse les 70 000 kilomètres, le Département des


Transports estime les dépenses pour le maintien de l’infrastructure routière à 50
milliards de dollars par an (Mosallam et al. 2003).
Depuis le début des années 80, des programmes d’évaluation et des inventaires ont
été lancés partout dans le monde et les résultats indiquent toujours que l’état d’ouvrages
est inquiétant. Avant de procéder à toute réparation, il est indispensable de procéder à
un diagnostic et de rechercher les causes des dégradations lorsque celles-ci
n’apparaissent pas de façon évidente.
L’objet du présent paragraphe est de dresser un panorama de l’essentiel des
dégradations des ouvrages en béton armé qui sont généralement dues à des erreurs de
conception, à des modifications de conditions d’exploitation, au vieillissement des
matériaux ou à des causes accidentelles ; celles qui menacent la durabilité, la résistance
et la stabilité des ouvrages et peuvent entraîner leur dégradation, leur ruine.

I.2.1. Dégradations des ouvrages dues au vieillissement

Les propriétés physiques et, plus particulièrement, le comportement mécanique du


béton et des aciers sont susceptibles de se dégrader en fonction des conditions
d’environnement définies par la localisation géographique de l’ouvrage. Les principales
causes de vieillissement sont liées aux phénomènes suivants :

I.2.1.1. Érosion, abrasion et cavitation de surface du béton.

Les ouvrages sujets à l’érosion se situent essentiellement en milieu fluvial et


maritime. Ils sont soumis au charriage d’éléments solides induits par les courants, à
l’action des vagues à chaque marée. La dégradation du béton par frottement se traduit
par la création de défauts géométriques de surface, l’apparition d’épaufrure et par des
éclatements superficiels qui entraînent la mise à nu des armatures et l’accélération des
risques de corrosion.

I.2.1.2. Action des cycles de gel-dégel.

Selon le taux de porosité et de perméabilité des bétons, l’eau peut s’infiltrer et, sous
l’action du gel, gonfler, générer des contraintes internes et créer des fissures. La
dégradation par gel-dégel du béton est amplifiée par des chocs thermiques causés par
l’apport de chaleur dû à la fusion de la glace dont l’enthalpie est de l’ordre de 334 J/kg
(80 cal/kg).

I.2.1.3. Altération physico-chimique du béton.

L’eau et l’hygrométrie des conditions ambiantes sont à l’origine de différents


mécanismes de dégradation du béton. L’eau, lors de sa percolation au sein du béton,
dissout des constituants tels que la chaux et augmente la porosité du béton. Si, de plus,
l’atmosphère est chargée d’anhydride sulfureux, le béton voit sa résistance mécanique
diminuer et son niveau d’alcalinité chuter. Cette perte d’alcalinité peut aussi être induite
par la carbonatation du béton (Mamillan 1994). La variation de la nature basique du
milieu est une des causes de l’accélération de la corrosion des aciers. Une autre cause de
vieillissement du béton correspond aux mécanismes d’alcali-réaction (Godart et al.

22
Chapitre I

1995; Calgaro et al. 1999) entre les granulats et le ciment. La formation de gels expansifs
qui en résulte se traduit par un gonflement du béton et par le développement de
fissures.
L’action de sulfates et de chlorures, présents particulièrement dans les sels de
déverglaçage, se traduit par la formation d'ettringite (Calgaro et al. 1999; Moszkowicz et
al. 2001) au contact de la chaux et des aluminates du ciment qui s’expanse et, en
conséquence, fissure le béton. Les pertes de performances du béton favorisent la
corrosion des armatures sous l’action combinée de l’eau et des chlorures (Calgaro et al.
1999).

I.2.1.4. Retrait du béton.

L’élimination de la quantité d’eau en excédent dans la formulation d’un béton pour


assurer des conditions d’ouvrabilité acceptables se traduit par des variations
dimensionnelles du béton. Le retrait, gêné par la présence d’armatures, a tendance à
solliciter le béton à la traction dès son plus jeune âge et, par conséquent, à créer des
fissures.

I.2.1.5. Corrosion des armatures en acier.

Le phénomène de corrosion des armatures est probablement le phénomène de


détérioration du béton armé le plus répandu. Pour que ce phénomène se développe il
suffit que les éléments de structure soit exposés à l’humidité. Le béton d’enrobage
fournit une barrière physique et une protection chimique due à son alcalinité
(Almusallam 2001; Gonzalez et al. 1998). La corrosion opère d’autant plus vite que
l’enrobage de béton est faible et que la structure est exposée aux chlorures. À la surface
d’un acier enrobé par la pâte de ciment hydraté, il se forme une fine couche de produits
adhérents qui protègent l’acier. Cette protection est efficace pour une forte valeur du pH
(pH >13.0). La rupture du microfilm protecteur est due à la présence des ions chlorures
ou à la carbonatation du béton. L’enrobage apporte ainsi une protection physique aux
aciers quand il a une certaine imperméabilité.
D’une façon générale, le mécanisme de corrosion se décompose en deux phases
distinctes. La première est l’initiation de la corrosion (les chlorures entrent dans le
béton et la teneur de cet agent dépasse un seuil critique, ou la profondeur de
carbonatation dépasse l’épaisseur de l’enrobage). La deuxième étape consiste en la
croissance de la corrosion des armatures.
La description chimique du phénomène de corrosion, les paramètres influents, ainsi
que les altérations physiques, seront présentés dans le troisième chapitre.

I.2.2. Dégradations des ouvrages dues aux contraintes mécaniques.

Les contraintes mécaniques induites par le chargement appliqué sur les structures
peuvent entraîner, sur le long terme, des dommages irréversibles.
Les dégradations d’ordre mécanique se caractérisent par des fissures. Toutefois le
béton est normalement fissuré déjà à l’état de service. Les fissures « normales » sont
liées au fonctionnement du matériau béton armé et ne sont pas préjudiciables.

23
Chapitre I

Ces fissures dites normales sont :


 Les fissures dues en flexion et ayant une ouverture de 0.2 à 0.3 mm
 Et plus généralement des fissures ayant jusqu’à 0.4 mm d’ouverture
Les autres fissures sont des fissures dites «Anormales» et peuvent être provoquées par :
 De mauvaises dispositions constructives (mauvaise disposition de l’armature,
mauvaise composition du béton)
 Les effets de la température
 Les charges et forces agissant sur la structure
Ces fissurations anormales ont pour conséquences l’altération de la rigidité de
structure porteuse et la formation d’articulations non désirées, en provoquant un
changement de flux de forces et du système statique. Elles favorisent également la
pénétration des facteurs de corrosion (humidité, CO2, chlorures…)

I.2.2.1. Erreurs de conception ou d’exécution

Ce type de désordres peut être induit par des erreurs intervenant soit au stade du
dimensionnement de l’ouvrage, soit au stade de son exécution. Dans le premier cas, les
causes de fissuration et de dégradation de la structure sont généralement induites par
de graves erreurs dans la vérification de la stabilité de l’ouvrage et des conditions de
résistance ou, plus simplement, par la prise en considération d’hypothèses erronées au
niveau des conditions de chargement, d’environnement, de fonctionnement de l’ouvrage.
Ces erreurs sont à l’origine, généralement, d’un mauvais dimensionnement des
sections et d’une disposition non satisfaisante des armatures qui se traduisent par des
localisations de fissures ou des ruptures non acceptables. De nombreux ponts
présentent des désordres induits par des mauvais dimensionnements vis-à-vis des
résistances en flexion et à l’effort tranchant (Calgaro et al. 1999).
Parmi les conditions particulièrement mal évaluées, il est possible de faire état de
l’action des gradients de température sur un ouvrage, de la mauvaise estimation des
efforts de précontrainte due à des erreurs de tracé mais aussi à des données erronées
sur la relaxation des câbles et sur leur interaction avec la structure (frottement).
Un mauvais dimensionnement des cadres et de leur espacement pour reprendre les
efforts tranchants en béton armé ou des erreurs sur l’estimation des corrections à
apporter dans le cas de l’effet Résal (cf. règlement BPEL) pour des ponts précontraints,
sont à l’origine de fissurations des ouvrages qui nécessitent une réhabilitation
immédiate.
En dernier lieu, une évaluation imparfaite des conditions de sollicitations cycliques
des ouvrages et des lois de comportement en fatigue des matériaux est susceptible de
remettre en cause les résultats de calcul et le dimensionnement pour une durée de vie
escomptée.
Nous pouvons citer, plus particulièrement, l’incidence d’une mauvaise identification
des lois de comportement des armatures passives ou actives, des bétons, sous des
actions combinées (fatigue, corrosion) sur la stabilité des ouvrages et sur l’apparition de
zones d’endommagement. Les erreurs d’exécution qui sont susceptibles de justifier une

24
Chapitre I

intervention au niveau de l’ouvrage portent sur les imperfections de coffrage, les défauts
de bétonnage, les incohérences du ferraillage ou sur les conditions non satisfaisantes de
décoffrage.

I.2.2.2. Modification des conditions d’exploitation ou d’utilisation des ouvrages

L’évolution des conditions de chargement est souvent induite soit par la modification
des charges réglementaires sur essieux, soit par une modification de la fréquence des
sollicitations qui s’exercent.
Il faut aussi évoquer la nécessité, dans certains cas, de prendre en considération des
sollicitations extrêmes (climatiques ou accidentelles) qui avaient été sous-estimées lors
de l’exécution de l’ouvrage. C’est notamment le cas de la mise en conformité des ponts
ou bâtiments vis-à-vis des sollicitations sismiques ou le renforcement de certains
éléments de l’ossature (piles de pont, poutres latérales) vis-à-vis de sollicitations
accidentelles telles que l’impact de véhicules (Poineau 1992). L'apparition de ces
endommagements d'origines diverses, peut parfois nécessiter d'effectuer des
réparations afin d'augmenter la durée de vie des ouvrages et leur assurer une plus
grande fiabilité.

I.2.2.3. Effets de la température

Ces dernières années, des incendies dramatiques ont montré que les règles sur la
sécurité dans les tranchées couvertes et les tunnels étaient à revoir et ont montré qu’un
incendie pouvait provoquer de graves désordres aux bétons des ouvrages de génie civil.
Lors d’un incendie ou d’un choc thermique, l’eau interstitielle se transforme en vapeur
et, si cette vapeur ne peut s’échapper assez rapidement, la pression de vapeur devient
supérieure à la résistance à la traction du béton, ce qui provoque une sorte d’écaillage de
ce dernier. Cet écaillage progresse vers le cœur du matériau tant que l’incendie n’est pas
maîtrisé et tant que la température du béton reste élevée. Plus le béton a une
perméabilité et une porosité réduites, plus les destructions sont importantes.

I.2.2.4. Chargement de fatigue

La fatigue est un phénomène où les fissures qui se sont développées dans le béton ou
les armatures sous l’effet d’un chargement répété conduit à un éclatement du béton
d’enrobage et à la rupture de l’acier. La rupture par fatigue peut apparaître si des
charges excessives sont appliquées répétitivement. Un exemple est l’affaissement d’une
dalle en béton armé dû au chargement répétitif des roues sur un pont.

I.3. TECHNOLOGIES DE REPARATION DES OUVRAGES ENDOMMAGEES EN


UTILISANT LES MATERIAUX COMPOSITES

Le choix de la méthode de réparation et des matériaux à mettre en œuvre est défini


en fonction de la nature et de l’importance des désordres constatés, en tenant compte
des critères économiques des matériaux de construction, des conditions de chantier et
des contraintes de site. Le principe du renforcement ou de la réparation consiste en
adjonction de matière dans les zones où les sections sont trop sollicitées. Une section
devient trop sollicitée si, du fait même des dispositions adoptées ou du changement des

25
Chapitre I

conditions d’exploitations, les efforts appliqués sont supérieurs à ceux pris en compte
dans les calculs (problème du renforcement), ou bien si la résistance a diminué par suite
de dégradation (problème de la réparation).
Selon les cas étudiés, il est nécessaire de faire intervenir la notion de PROTECTION
de l'ouvrage visant à assurer par exemple des fonctions d'étanchéité ou à limiter les
phénomènes de corrosion, la notion de REPARATION visant à restituer les
caractéristiques initiales de portance (rigidité – résistance) et éventuellement, la notion
de RENFORCEMENT ayant pour objectif d'améliorer les performances de la structure
vis-à-vis de conditions d'exploitations modifiées ou d'augmenter la durée de vie de
l'ouvrage. Différentes technologies de réparation et de maintenance des ouvrages sont
couramment utilisées depuis de nombreuses années.
Les différentes techniques de renforcement structurel correspondent à l’adjonction
d’armature complémentaire (Figure I-1), à la projection de béton fibré ou non fibré
(Figure I-2), au collage de tôles en acier suivant le procédé L’Hermite (1967) (Figure
I-3), à l’application d’une précontrainte additionnelle par câbles métalliques (Poineau
1992), en matériaux composites (Zermeno et al. 1990) (Figure I-4), et à l’application des
matériaux composites.
Il existe deux procédés de réalisation du renforcement par les matériaux composites :
 Le système avec une cure in-situ
Deux processus différents peuvent être utilisés pour mettre en place des matériaux
composites sur la surface du béton :
- le tissu sec peut être appliqué directement sur la résine déjà appliquée sur la
surface du béton, suivi de l’application d’une couche de fermeture,
- le tissu peut être pré-imprégné avec la résine dans une machine adaptée, puis
déposé avant polymérisation sur la surface du béton.
 Le système préfabriqué (cas des pulltrudés)
Ce processus consiste à pré-fabriquer des bandes ou des joncs qui sont installées, une
fois durcies, sur la surface du béton en utilisant un matériau de scellement.
Depuis le début des années 90, l'intérêt de l'utilisation des matériaux composites
(FRP) dans les ouvrages en béton armé a augmenté de manière significative et il y a en
effet des centaines des ouvrages en service qui sont réparées ou renforcées par les
matériaux composites (FRP) à travers le monde. Quelques unes des utilisations les plus
fréquentes de ces matériaux dans les structures en génie civil pour le but du
renforcement ou de la réparation des éléments structuraux en béton armé, en acier, en
aluminium et en bois comprennent :
 Plaques ou tissus en matériaux composites (FRP) collés sur la surface extérieure ;
 Bandes, joncs et tendons en matériaux composites (FRP) avec la technique NSM.

26
Chapitre I

Figure I-1 : Réparation de poutre par adjonction d’armature.

Couche de finition
éventuelle (sur les faces
Coffrage
indiquées par les flèches) +
Projection en sous-face

Réparation
Figure de poutre
I-2 : Réparation parpar
de poutre béton projeté
béton projeté.

Renforcement d’un viaduc par tôles collées

Figure I-3 : Réparation par collage de tôles en acier.

27
Chapitre I

Réparation
Figure par précontrainte
I-4 : Réparation additionnelle
par précontrainte additionnelle.

I.3.1. Technique de réparation par collage des tissus composites sur la


surface extérieure

Parmi les techniques de la réparation et du renforcement des ouvrages


endommagées est de coller des plaques métalliques sur la surface extérieure selon le
procédé l’Hermite. Le procédé L’Hermite (L’Hermite 1967) était l’un les plus répandus
dans le monde en raison des avantages (Theillout 1990) :
Renforcement d’une poutre par précontrainte
 il n’exige que des interventions mineures sur l’ouvrage ;
 il est d’un emploi souple ;
 les renforts sont peu gênants.
Toutefois, selon (Theillout 1997), lors de l’utilisation des tôles collées sur la surface
extérieure du béton, les principaux problèmes d’ordre technologique concernent :
 Mise en flexion locale des tôles au voisinage des fissures recouvertes ;
 Répartition des efforts entre tôles dans le cas d’un empilement ;
 Répartition des déformations entre les aciers passifs internes à la structure et
les aciers collés extérieurement.
En outre, le collage de tôles métalliques présente aussi quelques difficultés :
 Sensibilité de l’acier à l’oxydation (il demande donc une protection et un
entretien soigné) ;
 Impossibilité de mobilisation de toute la résistance à la traction des tôles,
même sous faible épaisseur (sollicitation le long d’une face) ;
 Nécessité d’une préparation spécifique de la surface à traiter (la raideur des
tôles nécessite une surface parfaitement plane pour assurer l’uniformité de
l’épaisseur du matériau de scellement) ;
 Nécessité d’un collage sous pression (vérins), pour assurer une adhésion
suffisante et éviter les bulles d’air dans la couche de résine de collage ;
 Impossibilité de généraliser cette technique à des surfaces importantes
(masses manipulées trop importantes), celle qui limite d’autant les
possibilités de réparation.

28
Chapitre I

De plus, le poids propre des plaques et leur rigidité spécifiques rendent difficiles les
conditions d’application in situ.
Pour améliorer la technique du collage des plaques en acier et éviter une partie de
ces problèmes évoqués ci-avant, en France, Freyssinet international a amélioré le
procédé, en 1977, en perforant les tôles collées. La Figure I-3 présente le renforcement
du viaduc de Terrenoire près de Saint-Etienne par tôles collées perforées (Brevet
Freyssinet).
En conséquence, à la fin des années 80, au Japon et en Suisse, une technique de
réparation est apparue qui a remplacé les tôles métalliques par des tissus composites
moins lourds (1/5 de la densité de l’acier), avec une résistance élevée à la traction (avec
haut module d'élasticité), à la corrosion, et à la fatigue, faible conductivité thermique et
plus faciles à mettre en œuvre (Luyckx 1999). Le tissu composite ne pèse que 0.8
Kg/m² ; le tissu en fibre de carbone peut être aisément découpé sur place à la forme
désilée. De plus, la neutralité électromagnétique des matériaux composites, qui peut être
importante dans certaines structures spéciales comme celles abritant les équipements
d’imagerie magnétique. Cette voie est plus prometteuse, et consiste à développer une
technique permettant le renforcement des structures en béton, en acier par
imprégnation et collage d'un tissu sec à base de fibres. Après quelques chantiers
d’essais, cette technique fut employée par la société Sika en Suisse dés 1993, puis
étendue en Allemagne dés 1995 et en Angleterre en 1996 (Figure I-5).
Au cours des dix dernières années, des recherches approfondies ont été réalisés sur
le renforcement des éléments structuraux en béton armé, avec la technique de
renforcement par collage des matériaux composites sur la surface extérieure (EBR :
Externally Bonded Reinforcement), cette technologie a également été mise en œuvre
dans un grand nombre de projets dans le monde entier. Les tissus ou les plaques
composites (FRP) sont généralement collés sur les surfaces tendues des éléments
structuraux afin d’augmenter leur capacité en flexion, ou sur leurs surfaces latérales afin
d'augmenter la capacité au cisaillement (Figure I-5a). De plus, des tissus composites
(FRP) peuvent être appliqués sur le périmètre des poteaux en béton armé pour fournir
un confinement qui permet d’améliorer leur résistance et leur ductilité (Figure I-5b). La
Figure I-5c montre les tissus en fibre de carbone étant installés sur un mur intérieur en
béton d'un bâtiment dans le but de mise à jour des exigences sismiques. La Figure I-6
présente le renforcement d’une poutre en béton armé au LMDC avec la technique du
collage des tissus composites en fibre de carbone sur la surface tendue
L’avantage de cette méthode est la facile extrapolation des résultats obtenus par le collage
de tôles d’acier à ceux obtenus avec des produits pultrudés également collés, la technique du
renforcement restant la même. Cette technique nécessite une pression de collage limitée et à
l'inverse des tôles d'acier, le tissu de fibre de carbone ne nécessite aucune pression de contacte
pendant le durcissement de la résine et élimine les phénomènes d’oxydation.
Sa faible épaisseur, de l'ordre de 1 mm, permet son entraînement à la traction par la
résine durcie, sans flexion parasite. Cette technique peut facilement se former au profil
de l'élément structurel. Cela les rend plus adapté à courber, en forme de I, en forme de T
ou autrement membres de forme irrégulière. Dans cette technique, le control de la
propagation des fissures de tension est plus facile par le confinement du béton.

29
Chapitre I

a.
Renforceme
nt des
poutres en
béton armé
en flexion et
au
cisaillement
par la
société Fyfe.

b.
Renforcem
ent des
poteaux à
l'autoroute
en utilisant
des tissus
composites
(FRP) par
la société
Sika.

c.
Renforcement des murs
de contreventement
d’un bâtiment en
utilisant des tissus
composites (FRP) par la
société Racquel Hagen

Figure I-5 : Applications


de la technique de
collage des matériaux
composites sur la
surface extérieure.

30
Chapitre I

Tissu composite en fibre de carbone Préparation de la surface du collage

Première couche de la résine appliquée sur la Mise en place manuellement le tissu composite
surface tendue de la poutre

Presser manuellement

Presser avec une spatule. Deuxième couche de la résine sur le tissu composite
(1 à 2 mm)
Figure I-6 : Processus de réparation d’une poutre en béton armé au LMDC par le collage de
tissu composite en fibre de carbone sur la surface tendue.

31
Chapitre I

La résine est utilisée à double fin, elle réalise à la fois l'imprégnation du tissu et son
collage au support. Il en résulte, d'une part, une grande simplicité de mise en œuvre et, d'autre
part, un fonctionnement mécanique amélioré, le renfort ne comporte qu'une seule surface de
contact. La résine peut être appliquée sur un support humide, après mélange de deux
composants, sa durée de prise et de durcissement est de quelque heures ; cette durée varie
faiblement en fonction de la température.
Cependant, l’utilisation de cette technique, comme celle des plaques métallique collées,
permet difficilement de maîtriser les épaisseurs de colle, en raison de la rigidité des aciers et
des matériaux composites. Cette technique a aussi une pauvre résistance au feu, au
vandalisme, aux effets néfastes de la fumée et de la toxicité ou aux dommages accidentels.
Cependant, les structures renforcées ou réparées par cette technique montrent de nouveaux
problèmes scientifiques et en particulier une ruine précoce par le décollement, les différents
modes de ruine sont présentés schématiquement dans la Figure I-8.
L'analyse du renforcement à l'aide de la technique de renforcement par collage des
matériaux composite sur la surface extérieure, a montré que le coût des matériaux, supérieur à
celui de la tôle d'acier, est largement compensé par l'économie réalisée sur les temps de main
d'œuvre et le déplacement du matériel.
Cette méthode se caractérise par le placage des tissus composites, collées sur la
surface par des colles époxydes. Les tissus sont en carbone ou en verre époxy et
fabriquées par pultrusion. Ces tissus peuvent être mis en pré-tension grâce à nouvelles
techniques de mise en œuvre (U. Meier 1998). Les tissus sont en matériaux composites
avec des fibres unidirectionnelles d’une épaisseur de 1.5 mm et d’une largeur de 150
mm en général. Le procédé de collage est le suivant (Figure I-6 & Figure I-7) :
 nettoyage à l’acétone de la surface de collage des tissus ;
 traitement de la surface à réparer par sablage, par eau sous pression et meulage ;
 nettoyage de la surface par un dépoussiérage ;
 application du polymère époxyde sur le tissu composite ;
 pressage des tissus sur la surface, enlèvement de l’excédent de colle ;
 application d’une pression à l’aide d’un sac à vide ou de moyens mécaniques
jusqu’à complète polymérisation du polymère.

Bandes composites
(FRP) par la société
Sika

Collage des tissus


composites (CFRP) par la
société Fyfe

Figure I-7 : Installation de renforcement par collage des matériaux composites (FRP) sur la
surface extérieure.

32
Chapitre I

Rupture des tissus composites


à la traction

Fissure au cisaillement

Écrasement du béton comprimé Zone de contraintes


élevées

Propagation de fissure
Zone de contraintes
Charge
élevées Fissure
Zone de contraintes
élevées
Propagation de fissure
Zone Propagation de fissure
Charge
de contraintes
élevées Fissure

Propagation de fissure

Figure I-8 : Modes de ruine conventionnelle et précoce des poutres renforcées en flexion par
technique de collage des tissus composites.

I.3.2. Technique de réparation par l’insertion des barres composites


avec la technique NSM

Plus récemment, une nouvelle technique de renforcement ave les matériaux


composites nommée armatures collées près de la surface ou Near Surface Mounted
reinforcement (NSM) a attiré un nombre croissant des recherches ainsi que
d'applications pratiques. Dans cette technique, des engravures sont d'abord coupées
dans le béton d’enrobage d'un élément en béton armé et le renforcement par les
matériaux composites est collé par un matériau approprié pour le scellement
(généralement pâte époxy ou mortier de ciment). Celle qui est ici appelée ''NSM
Reinforcement'' a déjà été appelée sous autres noms tels que « Grouted Reinforcement »
(Asplund 1949), ou ''Embedded Reinforcement'' (Warren 1998; Warren 2000). Des
exemples de l'utilisation des barres en acier avec la technique NSM en Europe pour
renforcer des structures en béton armé remontent au début des années 1950 (Asplund
1949).
En 1948, un tablier de pont en béton armé en Suède a nécessité une réparation dans
la zone de moment négatif à cause d'un affaissement excessif de la cage d'acier pendant
la construction. Cela a été réalisé par l'insertion des barres en acier dans des engravures
faites dans la surface de béton d’enrobage et remplies avec un mortier à base de ciment
(Asplund 1949). Des applications plus récentes en utilisant des barres en acier

33
Chapitre I

inoxydable insérées avec la technique NSM pour renforcer des bâtiments en maçonnerie
et des ponts en arc ont également été documentés [par exemple (Garrity 2001)].
L’insertion des barres composites au lieu des barres en acier dans la technique de
renforcement NSM a des avantages de plus de celles des matériaux composites qui sont
une plus grande facilité et rapidité d'installation grâce à sa légèreté, une taille
d’engravure réduite en raison de sa grande résistance à la traction et les déformations
des surfaces plus douces en comparant avec les déformations rigides de l’acier qui
provoquent le fendage de béton d’enrobage (De Lorenzis 2002). D’un point de vue
esthétique, les barres composites sont beaucoup plus attrayantes que des tôles en acier.
Après avoir été peintes, on ne les distingue quasiment plus. Il est toujours possible
d’appliquer des couches de finition supplémentaires ;
Bien sûr, il y a des points pour lesquels l’acier obtient de meilleurs résultats :
 Le prix de matériau pour l’acier est meilleur marché que les fibres composites. Il
faut cependant tenir compte de la main d’œuvre pour la mise en place qui est plus
difficile pour l’acier.
 L’acier a une rigidité transversale beaucoup plus élevée et résiste donc mieux au
vandalisme ; son ancrage mécanique est aussi plus simple.
 Si la rigidité est déterminante pour le projet, la déformabilité élevée des fibres
composites ne peut généralement pas être utilisée.
Le système NSM a aussi un certain nombre d'avantages par rapport au système de
renforcement par collage sur la surface extérieure :
1. Le temps d'installation au site peut être réduite, comme la préparation des
surfaces autres que le rainurage qui n'est plus nécessaire (par exemple,
l'enlèvement du plâtre n'est pas nécessaire ; les irrégularités de la surface du
béton peuvent être plus facilement négligées, l'enlèvement de la couche de
laitance faible sur la surface du béton n'est plus nécessaire) ;
2. Le renforcement avec la technique NSM est moins enclin à la rupture par le
décollement du béton ;
3. Les barres insérées avec la technique NSM peuvent plus facilement à ancré dans
des éléments adjacents pour éviter le mode de ruine par décollement ; cette
fonctionnalité est particulièrement intéressante dans le renforcement en flexion
des poutres et des poteaux dans les charpente à joints rigides, où les moments
maximaux se produisent généralement à l'extrémité des membres ;
4. Le renforcement avec la technique NSM peut être plus facilement précontraint ;
5. Les barres insérées avec la technique NSM sont protégées par le béton
d’enrobage et sont donc moins exposées à des chocs accidentels et des dommages
mécaniques, des cycles de gel-dégel, des températures élevées, de feu, des rayons
ultraviolets et de vandalisme ; cet aspect qui rend cette technologie
particulièrement adaptée au renforcement des poutres et/ou des dalles dans la
zone de moment négatif ;
6. L'esthétique de la structure renforcée avec la technique NSM est pratiquement
inchangée ;
7. Les résultats expérimentaux ont montré également une ductilité améliorée, et
une charge ultime qui se développe de façon plus indépendante de la résistance
béton à la traction, (Sena Cruz et al. 2002; Kotynia 2005) ;

34
Chapitre I

8. La technique NSM offre une plus grande résistance contre le décollement


« peeling-off » ;
9. La technique NSM est aussi d’une qualité cohérente parce qu'il est prédurci et
pultrudé.
En raison de ces avantages ci-avant, la méthode NSM est dans des nombreux cas
supérieure à la celle du collage sur la surface extérieure ou peut être utilisée en
combinaison avec cette dernière, à la condition que le béton d’enrobage de l’élément soit
suffisamment épais pour la taille souhaitable d’engravures.
Les informations disponibles sur le système de renforcement par NSM en utilisant
des matériaux composites (FRP) sont beaucoup plus limitées que celles sur la méthode
du collage sur la surface extérieure, comme reflet de l'absence des recommandations
pertinentes dans les normes existantes sur le renforcement des structures en béton par
les matériaux composites publiées par (FIB Bulletin 14 2001; ACI 440.2R 2008).
Cependant, la communauté internationale d'ingénierie est devenue de plus en plus
conscient des avantages de cette méthode, ceux qui ont conduit à accélérer la recherche
dans le monde entier. Deux comités internationaux (ACI 440.2R 2008; FIB Bulletin 14
2001) sont en train d'examiner leurs documents afin d'inclure des nouvelles
recommandations liées à la technique NSM.
Une présentation des domaines d’application, des recherches existantes, des modes
de ruine précoce, des modèles analytiques existants sur la technique de renforcement
NSM fera l’objet d’une étude bibliographique étendue dans la partie suivante de ce
chapitre.

I.4. APPLICATIONS DES BARRES COMPOSITES INSEREES AVEC LA TECHNIQUE


NSM

Bien que la technique NSM en utilisant des barres composites (FRP) soit une
technique relativement nouvelle, la première utilisation pratique de cette technique en
utilisant des barres en acier a été signalée par Asplund (1949). La première application
de la technique NSM par des fibres composites (FRP) a été signalée en 1998 et consistait
à renforcer le pilier 12 du Station Naval San Diego, CA (USA)(Warren 1998) cité par (De
Lorenzis 2002), où des barres en fibre de carbone insérées avec la technique NSM ont
été utilisées pour augmenter la capacité de la dalle dans les zones de moment négatif.
Six silos à ciment, un bloc de quatre et un autre de deux, avec un béton éclaté et des
fissures radiales et circonférentielles, construit il y a en 1970 et situés dans la région de
Boston aux États-Unis, ont été réparés en utilisant des barres composites de carbone
(CFRP) insérées avec la technique NSM (ICRI 2001) . La réparation a été nécessaire pour
récupérer plus de 30% de manque d'acier en raison d'erreurs de conception et de
construction qui ont limité le chargement des silos. Une autre application de la
technique NSM en utilisant des joncs de carbone (CFRP) est le renforcement du plancher
au niveau de la rue de Myriad Convention Centre à Oklahoma City aux Etats-Unis (Hogue
et al. 1999), où des joncs de carbone (CFRP) ont été insérés avec la technique NSM pour
le renforcement au cisaillement d'une des poutrelles en béton armé. Deux poteaux ont
été également renforcés en utilisant des joncs de carbone insérés avec la technique NSM
pour augmenter leur résistance en flexion, les joncs ont été installés sur deux faces

35
Chapitre I

opposées des poteaux et ancrés 38 cm dans les semelles (Alkhrdaji et al. 1999). La
Figure I-9 montre quelques exemples de mise en œuvre pratique de la technique NSM.
Des exemples d'applications de la technique NSM en utilisant les matériaux
composites (FRP) au Royaume-Uni comprennent l'utilisation des barres composites
pour renforcer la surface supérieure des dalles de deux parkings à Bristol et à Liverpool
(The Concrete Society 2004).
La Figure I-10 présente la réparation d’un grand réservoir d'eau pendant la
construction en utilisant des joncs de carbone (CFRP) insérés avec la technique NSM qui
a été réalisé par la société SPS (Structural Preservation Systems). Les armatures en acier
des dalles en béton de ce réservoir ont été installées avec une longueur d’ancrage
insuffisante en provoquant des fissures sur le côté supérieur des dalles en béton.

Le renforcement dans les zones de moment


négatif d’un tablier de pont du pilier 12 du
Station Naval San Diego, CA (USA) avec des
barres composites insérées avec la technique
NSM (Parretti et al. 2004)

Le renforcement d'un tablier de Pont J-857,


situé sur la route 72 à Comté de Phelps,
Missouri aux États-Unis, en utilisant des barres
de carbone (CFRP) insérées avec la technique
NSM (Alkhrdaji et al. 1999)

L’installation des barres de carbone insérées


avec la technique NSM verticalement pour le
renforcement aux efforts tranchants pour un
plancher structurel de Myriad Convention
Center, à Oklahoma City aux États-Unis (Hogue
et al. 1999)

36
Chapitre I

Le renforcement en flexion d’un poteau de Pont


J-857, situé sur la route 72 à Comté de Phelps,
Missouri aux États-Unis, avec des joncs de
carbone (CFRP) insérés avec la technique NSM
(Alkhrdaji et al. 1999) cité par (De Lorenzis
2002)

Le renforcement d'un silo très répandu aux


États-Unis à l'aide de barres de carbone (CFRP)
insérées avec la technique NSM (ICRI 2001)

Figure I-9 : Applications de la technique NSM avec des barres composites (FRP).

Insertion des joncs de carbone


Dispositif à engravure par la technique NSM

37
Chapitre I

Application de matériau de Nivelage de matériau de


scellement scellement

Figure I-10 : Procédures du renforcement d’un nouveau réservoir d'eau en utilisant de la


technique NSM avec des joncs en fibre de carbone CFRP (SPS Structural Preservation
Systems s. d.).

I.5. MATERIAUX COMPOSITES ET SYSTEMES DE RENFORCEMENT PAR NSM

I.5.1. Renforcement par les matériaux composites (FRP)

Les renforcements des structures en béton armé soit en utilisant des barres en
matériaux composites (Polymères Renforcés de Fibres – FRP) qui sont disponibles sous
différentes formes (rond, carré, rectangulaire et ovale, ainsi que bande) (Figure I-11 &
Figure I-12), fabriquées par pultrusion, soit en utilisant des tissus composites fabriqués
avec des fibres dans un ou au moins deux directions différentes par la technique du
collage à l'extérieur. Carbone (C), Verre (G) et Aramide (A) sont les principales fibres qui
composent la phase fibreuse de ces renforts, tandis que dans la phase de matrice la
plupart des cas, l’époxy est utilisé pour lier l’ensemble des fibres.
Dans la plupart des études existantes, les matériaux composites en fibre de carbone
(CFRP) et en fibre d’aramide (AFRP) en utilisant la méthode de renforcement NSM ont
été utilisés pour renforcer les structures en béton. Les matériaux composites en fibre de
verre (GFRP) ont été utilisés dans la plupart des applications de la méthode NSM pour
les structures en maçonnerie et en bois. La résistance à la traction et le module élastique
des matériaux composites en fibre de carbone, sont beaucoup plus élevés que ceux en
fibre de verre (GFRP) et en fibre d’aramide (AFRP), donc pour la même capacité à la
traction, une barre en fibre de carbone a une section transversale plus petite de celle en
verre (GFRP) ou en fibre d’aramide (AFRP), et donc nécessite une petite engravure. Cela
conduit à une installation plus facile, avec moins des risques d’interaction avec les
armatures en acier, et avec des économies dans le matériau de scellement des barres
composites dans l’engravure.
Par ailleurs, les différentes formes de section transversale des barres composites ont
de différents avantages, et offrent des différents choix pour les applications pratiques.
Par exemple, les barres composites sous forme carrée augmentent la section d’une barre
pour une taille donnée d’engravure carrée alors que les barres composites sous forme

38
Chapitre I

ronde sont plus facilement disponibles et peuvent être plus facilement ancrées avec la
technique de renforcement précontraint. Les bandes étroites augmentent le rapport
surface de l’interface/section transversale et donc diminuent le risque de la ruine par le
décollement, mais nécessitent un béton d’enrobage plus épais pour une section
transversale. En pratique, le choix dépend fortement des contraintes d'une situation
spécifique, comme le béton d’enrobage, la disponibilité et le coût d'un type particulier
des barres composites (FRP).
Kalpana et al. (2009) ont réalisé des essais pour étudier l’adhérence entre le béton et
les barres composites de carbone insérées avec la technique NSM sous différentes
formes (rectangulaire, carrée et ronde). Ils ont trouvé que l’utilisation de la capacité des
barres composites à la traction dépends du rapport section transversale / périmètre, les
barres rectangulaires semblent être la forme la plus efficace en raison de son grand
rapport section transversale / périmètre. La capacité mesurée à la traction pour les barres
rondes et carrées est nettement inférieure à leur résistance maximale à la traction en
raison de la rupture précoce par un décollement au contraire des barres rectangulaires
où la rupture à la traction des barres composites peut être atteinte.
Les barres composites (FRP) sont également fabriquées avec une grande variété des
textures de surface, qui affectent fortement leur comportement d’adhérence du
renforcement de NSM. Leur surface peut être lisse, sablée, ou rugueuses avec une
préparation de surface par un tissu d'arrachage « Peel-ply ». Les barres rondes peuvent
également être enroulées en spirale avec des fibres en étoupe, ou rainurées (Nanni
2003).

Figure I-11 : Types de barres composites (FRP) insérées avec la technique NSM.

39
Chapitre I

Figure I-12 : Configurations de surface (cloutage et usinage) développées au LMDC par (Al-
Mahmoud et al. 2007).

I.5.2. Matériaux de scellement

Le matériau de scellement est le moyen pour le transfert de contraintes entre la


barre composite et le béton. En termes de comportement de la structure, les propriétés
mécaniques les plus appropriées sont les résistances à la traction et au cisaillement. La
résistance à la traction est particulièrement importante lorsque les barres composites
insérées ont une surface déformée, qui produit des hautes contraintes circonférentielles
à la traction à l’interface le matériau de scellement et la barre composite ; celle qui
produit une action de l’adhérence. En outre, la résistance au cisaillement est importante
lorsque la capacité de l’adhérence de l'armature insérée avec la technique NSM est
contrôlée par une rupture d’un cisaillement cohésif dans le matériau de scellement.
Le matériau de scellement le plus courant et le plus performant est la résine époxy à
deux composants. La résine époxy à faible viscosité peut être choisie pour le
renforcement dans les zones de moment négatif puisque la résine époxy peut être
versée dans les engravures. Pour les autres cas, une résine époxy à haute viscosité est
nécessaire pour éviter de goutter ou de s'écouler. L'ajout de sable à la résine époxy peut
augmenter le volume, contrôler la viscosité, baisser le coefficient de dilatation
thermique, et augmenter la température de transition vitreuse. Un inconvénient de cette
addition apparaît une diminution d’adhérence barre composite-résine époxy pour une
barre avec une surface lisse (Warren 1998).
L'utilisation d’une pâte de ciment ou de mortier à la place de la résine époxy comme
un matériau de scellement a récemment été explorée pour tenter de réduire le coût et
l’exposition des ouvriers, de réduire au minimum l’effet sur l'environnement, de
permettre une adhérence efficace sur des surfaces humides, et d’obtenir une meilleure
résistance à la température élevée et une meilleure compatibilité thermique avec le
béton. Cependant, le mortier à base de ciment a généralement des propriétés
mécaniques inférieures (la résistance à la traction est plus petite que celle pour la résine
époxy). Les résultats des essais d'adhérence et en flexion (Nordin et al. 2003; Taljsten et
al. 2003) ont montré d’importantes limitations du mortier à base de ciment comme un
matériau de scellement. Compte tenu de ces limitations et des données très limitées

40
Chapitre I

disponibles, l'utilisation de mortier à base de ciment n'est pas recommandée lors de


chargements cycliques pendant le durcissement, mais il fonctionne bien lorsqu’il durcit
sous des conditions de charge statique (Borchert et al. 2005).

I.5.3. Dimensions des engravures

La Figure I-12 montre plusieurs configurations de la technique NSM par les


matériaux composites (FRP), où db est le diamètre nominal d'une barre ronde « Jonc », et
tf et hf sont la largeur et la hauteur d'une bande composite ou d’une barre rectangulaire
respectivement. La largeur de l’engravure bg, la profondeur de l’engravure hg, la distance
nette entre deux engravures adjacentes ag, et la distance nette entre l’engravure et le
bord de la poutre ae sont tous les paramètres pertinents à ce type de renforcement, qui
peuvent influencer la performance d’adhérence et donc le comportement structural.
Pour les barres rondes « Joncs » qui sont utilisées avec la technique NSM, en se
basant sur les résultats des essais d'adhérence avec des engravures carrés (bg = hg) et en
définissant k = bg / db, (De Lorenzis 2002) a proposé une valeur minimale de 1.5 pour k
pour les barres lisses ou légèrement sablées et une valeur minimale de 2.0 pour k pour
les barres à haute adhérence « HA ».(Parretti et al. 2004) ont proposé que les deux
valeurs bg et hg ne devraient pas être inférieures à 1.5 db. (Al-Mahmoud et al. 2007), le
rapport optimal largeur d’engravure/diamètre de jonc vis-à-vis de l’adhérence doit être
entre 1.7 et 2.5 quels que soient le matériau de scellement et le béton.

I.5.4. Rapport Section transversal / Périmètre

Il est évident que l'utilisation de la capacité à la traction des barres en matériau


composite de carbone dépend du rapport section transversale / périmètre (Kalpana et al.
2009). Quand ce rapport augmente, la possibilité d'utiliser la pleine capacité à la traction
diminue. La pleine capacité à la traction des barres composites de carbone a été obtenue
seulement par les barres rectangulaires, avec la plus faible section transversale / périmètre. Par
conséquent, les barres rectangulaires semblent être la forme la plus efficace (Kalpana et al.
2009), pour les barres composites de carbone, la relation entre le rapport section transversale
/ périmètre et le pourcentage de la charge ultime maximum / résistance à la traction des barres
composites semble être une relation linéaire.
Pour les bandes composites qui sont utilisées avec la technique NSM, Blaschko
(2003) a suggéré que la profondeur et la largeur de l’engravure devraient être d'environ
3 mm plus grandes que la hauteur et l'épaisseur de la bande composite correspondant
respectivement, et d’une manière afin d’obtenir une épaisseur de la couche de matériau
de scellement d'environ 1-2 mm. De plus, pour les bandes composites avec la technique
NSM, Parretti et al. (2004) ont recommandé que la largeur minimale d'une engravure ne
doit pas être inférieure à 3tf et la profondeur minimale ne doit pas être inférieure à 1.5hf.
De Lorenzis et al. (2002) suggèrent que l'augmentation de la taille de l’engravure va
augmenter l'adhérence lorsque la ruine est contrôlée par le fendage de pâte de résine
époxy. Par contre, cet effet ne semble pas apparaître lorsque la ruine se produit par
l’arrachement (Pull-out). D'autres cas, la dimension minimale de l’engravure pourrait
être le résultat d'exigences d'installation plutôt que le résultat d'ingénierie. Par exemple,
la largeur de l’engravure peut être limitée par la taille minimale des lames et la
profondeur du béton d’enrobage. Nous devons toujours éviter de couper l'acier

41
Chapitre I

d'armature existante. Les dimensions optimales de l’engravure peuvent dépendre des


caractéristiques du matériau de scellement, de surface traitée des barres composites
(FRP), la résistance de béton à la traction, de surface du béton et des granulats.
En cas du béton d’enrobage insuffisant, les barres composites (bande, barre carrée,
barre rectangulaire) peuvent être utilisées avec la technique NSM en collant le long des
trois côtés seulement de leur surface par la résine époxy (Figure I-13) en affectant la
langueur d’ancrage des barres composites qui devient plus court (T. Hassan et al. 2003;
Carolin et al. 2002).

I.5.5. Position des engravures

Si une barre unique en matériaux composites doit être insérée sur la surface tendue
d'un élément en béton armé avec la technique NSM, elle devrait naturellement être
insérée au centre de la largeur de la poutre. Lorsque deux ou plusieurs barres doivent
être insérées avec la technique NSM, alors la distance entre deux barres adjacentes et la
distance entre le bord de l'élément et la barre adjacente deviennent des paramètres de
conception importants.
L’espace libre minimale entre les engravures doit être supérieure à deux fois de la
profondeur de l’engravure selon ACI 440.2R (2008) afin d’éviter le recouvrement des
contraintes à la traction dans les barres insérées avec la technique NSM. En outre, une
distance libre entre le bord de l'élément et la barre adjacente doit être quatre fois de la
profondeur de l’engravure selon ACI 440.2R (2008) afin de diminuer les effets de bord qui
pourrait accélérer la rupture par le décollement.

I.5.6. Comportement d’adhérence entre la barre composite insérée avec


la technique NSM et le béton d’enrobage

L’adhérence entre la barre composite insérée avec la technique NSM et le béton


d’enrobage est un paramètre principal pour assurer le fonctionnement du matériau
composite. Afin d'assurer l’adhérence, en évitant toute rupture précoce par le
décollement, une longueur d’ancrage suffisante doit être prévue. Le succès d'un système
de renforcement dépend fortement des propriétés d’adhérence à l’interface entre
l'armature et le béton. Par conséquent, il est de toute importance d'étudier l’adhérence
entre les barres composites insérées avec la technique NSM et le béton, comme étude
préliminaire afin de développer des modèles raisonnables de la longueur d'ancrage de la
technique NSM. À ce jour, plusieurs études expérimentales peuvent être trouvées dans la
littérature sur le comportement d’adhérence entre les barres composites insérées par
NSM et le béton, qui examinent l'effet de plusieurs paramètres tels que la longueur
d’adhérence, la surface de barre composite, le type de matériaux composites, les
dimensions d’engravure et le type de matériau de scellement. (Blaschko et al. 1999; Yan
et al. 1999; Carolin et al. 2001; De Lorenzis 2002; Sena Cruz 2004; Pickles 2004; Shield
et al. 2005; Seracino et al. 2007; Al-Mahmoud 2007; Perera et al. 2008; Perera et al.
2009a; Perera et al. 2009b; Kalpana et al. 2009)

42
Chapitre I

Béton
Jonc
Engravure
composite
Matériau de
Scellement
df hg

ae bg ag a'e

Béton
Barre rectangulaire/ 3 côtés collés de
carrée composite Engravure la barre
composite
Matériau de
hf hg Scellement

tf
bg
Béton

Bande composite 3 côtés collés de


Engravure la barre
Matériau de composite
hf hg Scellement

tf
bg
Figure I-13 : Différents systèmes NSM.

Armature
en acier

Jonc hg ≥ 1.5 hf Parretti et Nanni, 2004


composite hg ≥ hf +3mm Blaschko, 2003

bg,hg =2df Al-Mahmoud et al, 2007) Bande bg ≥ 3tf Parretti et Nanni, 2004
Barres lisses bg, hg ≥1.5 df De Lorenzis, 2002 composite bg ≥ tf+3mm Blaschko, 2003
Barres sablées bg, hg ≥2 df De Lorenzis, 2002

Figure I-14 : Dimensions des engravures de la technique NSM.

43
Chapitre I

I.5.6.1. Résumé des travaux expérimentaux existants

Le Tableau I-1 résume les travaux antérieurs sur l’adhérence, l’ancrage, le


comportement de renforcement au cisaillement et en flexion par des barres composites
insérées avec la technique NSM, depuis des essais d'adhérence à petite échelle jusqu’aux
essais sur des poutres à la grande échelle. Dans la plupart de ces études, la fibre en
carbone a été choisie comme matériau de renforcement en raison de ses propriétés
supérieures, telles que la résistance maximale à la traction élevée et la rigidité grande.
La résine époxy a été utilisée comme matériau de scellement dans de nombreux cas, sauf
dans certains cas (Carolin et al. 2001; De Lorenzis 2002; Al-Mahmoud et al. 2009).
Carolin et al. (2001) ont trouvé que le coulis de ciment se comporte bien comme
matériau de scellement, et donne des valeurs de l’adhérence comparables avec celles
avec la résine époxy, contrairement aux conclusions de De Lorenzis (2002) où le coulis
de ciment a été faible comme matériau de scellement.
Al-Mahmoud (2007) a trouvé que la résine époxy montre une meilleure performance
que le mortier à base de ciment quel que soit la configuration de l’essai. Pour l’essai
d’arrachement direct, la charge ultime est toujours plus importante que celle obtenue
pour les joncs de carbone scellés directement dans le béton quelle que soit la résistance
du béton. Pour le mortier à base de ciment, la charge ultime est toujours environ égale à
la moitié de celle obtenue avec la résine époxy ou avec les joncs de carbone scellés dans
le béton directement.
Par conséquent, il semble que de nouvelles recherches dans ce domaine seraient très
utiles afin de déterminer des alternatives moins chères aux résines époxy.
Jusqu'à présent, des études expérimentales d’une quantité importante ont été
consacrées au comportement d’adhérence entre les barres de carbone insérées par le
système NSM et le béton. Peu d'informations sont disponibles sur les méthodes
d'ancrage des joncs composites insérés avec le système NSM pour les deux types de
renforcement en flexion et au cisaillement.
De Lorenzis et al. (2001) ont proposé que la continuation des joncs composites
insérés avec la technique NSM (pour renforcer une poutre en T au cisaillement) dans sa
table et qui sont placés verticalement sur les côtés de l’âme, soit un moyen efficace
d'ancrage, et pourrait être capable d’exclure la ruine par décollement des joncs
composites à cause d’une rupture de l’époxy. Ils ont également trouvé que les barres
composites inclinées 45° et suffisamment espacées contribuent également à éviter la
rupture par le décollement dans le renforcement au cisaillement. En outre, il est
intéressant d'examiner les moyens possibles d'ancrage des joncs composites insérés par
NSM pour le renforcement au cisaillement dans les poutres rectangulaires parce que cette
méthode (les barres d'ancrage dans la table), est applicable uniquement aux sections
transversales en forme de T
La série expérimentale de De Lorenzis (2002) sur le comportement d’adhérence est
une base solide pour la recherche dans l’adhérence et l'ancrage de barres composites
(FRP) insérées par NSM, donnant des informations utiles sur leur comportement
d’adhérence et sur leur efficacité d’utilisation. L'effet de nombreux paramètres
importants tels que la longueur d’adhérence, les dimensions d’engravure, la
configuration de la surface des barres et le matériau de scellement ont été examinés.

44
Chapitre I

Une autre grande étude expérimentale sur l’adhérence des barres composites insérées
par le système NSM est réalisée par Sena Cruz (2004) qui a étudié des paramètres
variables tels que la longueur d’adhérence, la résistance du béton et l'histoire du
chargement. Toutefois, dans ces deux études, les essais de type d’adhérence sur des
poutres ont été réalisés en s’assurant qu'aucune fissuration ne se produit en flexion
(donc en négligeant le renforcement interne en acier) avant la rupture d’adhérence de
sorte que le comportement pur d’adhérence pourrait être étudié. Par conséquent, les
modes de ruine observés dans ces études sont différents de ceux observés pour des
poutres renforcées en flexion en utilisant des barres composites (FRP) insérées par
NSM. Donc, les résultats tels que les courbes réalisées τ-glissement dues à des essais
d’adhérence dans ces études ne peuvent être directement transférées aux modèles
prédictifs pour des poutres réelles où la présence de fissures de flexion et de
cisaillement change la distribution d’adhérence de manière significative.
Un nombre limité des études expérimentales qui ont été consacrées sur l'effet du
renforcement interne dans l’élément renforcé (De Lorenzis 2002; De Lorenzis et al.
2001; T. Hassan et al. 2001). Selon les résultats de ces études, il semble qu'il y a un effet
considérable en raison de l'armature interne sur le comportement d’adhérence qui
pourrait même changer le mode de ruine. Cependant, une relation claire entre
l'armature interne et le comportement d’adhérence n'a pas encore été développée.
Dans la plupart des études citées dans le tableau I-1, la ruine par l’adhérence se
produit avant la rupture des barres composites à la traction, ce qui conduit à une
utilisation non optimale de ses barres. Dans les travaux expérimentaux de De Lorenzis et
al. (2002), la charge ultime correspond seulement 33% de la résistance à la traction
maximale des barres composites de carbone (CFRP) et 60% de celle des barres
composites de verre (GFRP). Les travaux expérimentaux de T. Hassan et al. (2001) ont
obtenu environ 40-45% de la résistance maximale des barres, alors que dans leur
deuxième série des essais sur des bandes composites de carbone (CFRP), la ruine s'est
produite par la rupture des bandes composites, indiquant l'utilisation à 100% de la
résistance maximale à la traction des bandes. De Lorenzis (2002) a trouvé que les
capacités d’adhérence est jusqu'à 60% de la résistance maximale à la traction des barres
composites de carbone (CFRP), et jusqu'à 64% de celle en utilisant des barres
composites de verre (GFRP). Blaschko (2003) a également signalé la ruine par une
rupture à la traction des bandes de carbone (CFRP) insérées avec NSM.
Kalpana et al. (2009) ont démontré que l'utilisation de la résistance maximale à la traction
des barres composites de carbone (CFRP) dépend du rapport section transversale /
périmètre. Et alors, les barres rectangulaires semblent être la forme la plus efficace en
comparant avec les formes carrées et rondes.

I.5.6.1. Mécanismes de ruine dans le système NSM – par essais d’arrachement


direct

Plusieurs mécanismes de rupture ont été signalés dans les essais d’adhérence qui
sont effectués sur des barres composites avec la technique NSM (Blaschko 2003; De
Lorenzis 2002; Sena Cruz 2004; Seracino, Saifulnaz, et al. 2007). Ils comprennent la
rupture à l'interface barre composite-matériau de scellement, la rupture à l'interface
matériau de scellement-béton, la rupture par le fendage (splitting) du matériau de
scellement et la rupture par le fendage du béton en bord.

45
Chapitre I

I.5.6.1.1. Rupture à l’interface barre- matériau de scellement


La rupture à l'interface barre-matériau de scellement peut se produire comme l'un
des deux modes (Figure I-15), soit une rupture à l’interface ou une rupture cohésive en
cisaillement dans le matériau de scellement. En général, la rupture à l’interface se
produit lorsque la surface de la barre ne peut pas donner une interaction mécanique
suffisante afin que le mécanisme de l’adhérence compte seulement sur l'adhésion
chimique initiale et puis sur le frottement après le début du glissement. Ce type de
rupture peut être identifié en observant l'absence de la surface enrobée par le matériau
de scellement de la barre, tandis que la rupture cohésive en cisaillement dans le
matériau de scellement peut être identifiée par la présence du matériau de scellement
sur la surface de la barre. Ce type de rupture se produit lorsque la résistance au
cisaillement du matériau de scellement est dépassée, et a été observé pour l’utilisation
des bandes de carbone (CFRP) avec la technique NSM (Blaschko 2003).

Rupture à l’interface barre-


matériau de scellement

Rupture cohésive en
cisaillement dans le matériau
de scellement
Figure I-15 : Rupture à l’interface barre-matériau de scellement.
I.5.6.1.2. Rupture à l’interface matériau de scellement-béton
La rupture à l'interface matériau de scellement-béton peut également se produire en deux
façons (Figure I-16), à savoir rupture à l’interface ou rupture cohésive en cisaillement dans le
béton. La rupture à l’interface se produit lorsque résistance de l’adhérence est faible, par
exemple, à cause de la surface lisse dans les engravures préfabriquées dans le béton frais lors
de coulage, ou à cause des poussières restantes à l'interface, afin que l'interface matériau de
scellement-béton devienne l'élément le plus faible ou critique parmi les plans ou les surfaces
possibles de rupture. Cependant, il est possible que la rupture puisse prendre une autre forme,
même avec des engravures préfabriquées, parce que la rupture dépend d'autres propriétés,
telles que la surface de la barre et les dimensions d’engravure.
Pour les barres nervurées en spirale ou barres à haute adhérence avec des nervures
basses, la rupture à l’interface matériau de scellement-béton est un mode de rupture
critique indépendant des dimensions d’engravure, tandis que pour les barres à haute
adhérence avec des nervures hautes, ce mode de rupture est critique seulement pour les
dimensions de l’engravure. Pour des tailles baisses de l’engravure, le mode de rupture se
produit par le fendage du matériau de scellement (De Lorenzis et al. 2007). La rupture
cohésive en cisaillement dans le béton a été observée dans les essais d’adhérence sur
des bandes composites (FRP) avec la technique NSM (Seracino, Saifulnaz, et al. 2007). Ce
mode de rupture se produit lorsque la résistance au cisaillement du béton est dépassée.

46
Chapitre I

Rupture à l’interface matériau de


scellement -béton

Rupture par le fendage


du matériau de
scellement
Rupture cohésive en
cisaillement dans le béton

Figure I-16 : Rupture à l’interface résine-béton ou par le fendage du matériau de


scellement.

I.5.6.1.3. Rupture par le fendage du matériau de scellement


La fissuration longitudinale du matériau de scellement et/ou la rupture du béton de
l’engravure le long de plans inclinés est dénommé comme la rupture par le fendage du
matériau de scellement d’enrobage (Figure I-16). Ceci a été trouvé comme un mode critique
de rupture pour les barres rondes à haute adhérence (De Lorenzis et al. 2007).
La mécanique de la rupture par le fendage du matériau de scellement dans le système
NSM est similaire à celle de la rupture d'adhérence de barres en acier à haute adhérence dans
le béton, sur laquelle une bonne compréhension a été développée à partir des décennies de
recherche (Tepfers 1973). Pour un jonc composite (FRP) inséré par NSM, la composante
radiale des contraintes d’adhérence est équilibrée par les contraintes circonférentielles à la
traction dans le matériau de scellement qui peut conduire à se former des fissures
longitudinales. Le béton de l’engravure est également soumis à des contraintes à la traction et
peut s’effondre lorsque sa résistance à la traction est atteinte, en provoquant la rupture le long
de plans inclinés. Que la rupture dans le béton se produit avant ou après l'apparition de
fissures dans le matériau de scellement ou même après sa rupture complète, dépend de la
taille de l’engravure et la résistance à la traction des deux matériaux.

47
(Blaschko et al. 1999)
Référence (Blaschko 2003) (Yan et al. 1999) (Carolin et al. 2001)
Série 1 Série 2
Type de matériaux
CFRP CFRP CFRP CFRP CFRP
composites
Type des essais Essais d’adhérence Essais en flexion Essais d’adhérence Essais d’adhérence Essais en flexion
Rectangulaire Rectangulaire Rectangulaire
Dimensions de barre
Profondeur : 25 Profondeur : 25 Profondeur : 20 Ronde (Φ11) Carré (10×10)
composite (mm)
Largeur : 1.2 Largeur : 1.2 Largeur : 1-2
Dimensions de Profondeur : 26 Profondeur : 19
l’engravure (mm) Largeur : 3 Largeur : 14
Configuration de la
surface de barre Sablé
composite
Longueur de scellement, taille Type de colle (époxy et coulis
et propriétés des bandes, de ciment), longueur de de
Longueur de
Technique de résistance du béton, texture scellement, nombre de
Paramètres examinées Technique de renforcement scellement,
renforcement superficielle, type de barres, haute résistance et
résistance du béton
chargement, la distance de haut module des barres
bord composites (CFRP)
Rupture de composite à la Rupture de fibre à la
Fracture du béton,
traction, rupture par fendage traction, rupture de fibre
Rupture de CFRP, rupture à rupture à l’interface
Mode de ruine de bord de béton, Rupture combinée avec l’écrasement
l’effort tranchant dans le béton barre composite-
cohésive par cisaillement dans du béton, rupture
résine
l’adhésive d’adhérence
Matériau de scellement Résine époxy Résine époxy Résine époxy Résine époxy Résine époxy
Type de chargement Flexion 3 points Arrachement direct Arrachement direct Flexion 4 points
Acier d’armature interne Flexion / cisaillement

Bonne preuve pour


Preuve pour la possibilité Toutes les poutres qui se sont
améliorer la capacité
d’améliorer l’adhérence des Montre que le développement effondrées par la rupture de
d'ancrage et
bandes composites de carbone, complet d’adhérence est FRP montrent une réponse
augmenter la Une étude
l’augmentation de la résistance et possible pour les bandes en ductile, premiers essais
ductilité dans la préliminaire qui
Commentaires de la ductilité des poutres CFRP, la preuve de rupture d'utilisation des NSM barres
technique NSM en fournit des résultats
renforcées avec la technique NSM par splitting de béton au bord carrées, des résultats positifs
comparant avec la mineurs
en comparant avec celles quand la distance de bord est sur l’utilisation de coulis de
technique de collage
renforcées par la technique du insuffisante ciment comme un matériau
sur la surface
collage sur la surface extérieure de scellement
extérieure
(T. Hassan et al. 2001) (De Lorenzis et al.
Référence (De Lorenzis 2002)
Série 1 Série 2 2001)
Type de matériaux
CFRP CFRP CFRP CFRP/GFRP CFRP/GFRP CFRP/GFRP
composites
Type d’essais Essai en flexion Essai en flexion Essai au cisaillement Essai d’adhérence Essai en flexion
Rectangulaire
Dimensions de barre Ronde
Ronde (Φ10) Profondeur : 25 Ronde (Φ9.8) Ronde (Φ7.5/9.5) Ronde (Φ8)
composite (mm) (Φ9.5/13)
Largeur : 1.2
Dimensions Profondeur 16 25 10, 12, 14, 15, 16, 18, 20, 24 19, 25, 4 16
d’engravure
(mm) Largeur 30 5 10, 12, 14, 15, 16, 18, 20, 24 19, 25, 4 16
Configuration de la Enroulé en spirale,
Usiné Usiné Usiné, sablé Enroulé en spirale, sablé
surface de barre nervuré
Espacement des
Longueur de scellement, Type et
Type d’époxy, barres, inclinaison Le rapport de l’acier
Longueur de taille d’engravure, texture quantité de
Paramètres examinées longueur de des joncs, ancrage à d’armature interne et de
scellement superficielle, type d’époxy, matériau
scellement la table, présence matériau composite
surface d’engravure composite
des cadres en acier
Rupture par Rupture par écrasement du
Rupture par fendage de
fendage de béton béton après la plastification
résine, rupture à Rupture par
d’enrobage Rupture par fendage de Rupture par fendage de l’acier, décollement
l’interface résine-béton, décollement
ensuite par un béton d’enrobage, de résine, rupture après la plastification de
Mode de ruine rupture à l’interface après avoir
décollement rupture des barres par splitting de l’acier, l’écrasement du
mortier-béton, rupture à plastifié
complet des composites béton d’enrobage béton après la plastification
l’interface barre l’acier
barres de l’acier ensuite par un
composite-béton
composites décollement secondaire
Matériau de scellement Résine époxy Résine époxy Résine époxy Résine époxy, mortier Résine époxy Résine époxy
Type de chargement Flexion 3 points Flexion 3 points Flexion 4 points Arrachement direct Flexion 4 points
acier d’armature interne Flexion / cisaillement Flexion / cisaillement Flexion / cisaillement
Une bonne étude
Montre que la
initiale montre
possibilité de La premier programme expérimental au laboratoire sur la technique NSM
Donne une l'efficacité de la
développement complet impliquant un vaste gamme de paramètres critiques d’adhérence, révélant
preuve de l'effet technique NSM dans
d’adhérence pour les des résultats importants sur le comportement d’adhérence des barres de
Commentaires du type de colle le renforcement au
bandes de carbone NSM FRP, ainsi que des essais sur le renforcement en flexion et au
époxy sur la cisaillement, étudier
pour les longueurs de cisaillement avec la technique NSM, preuve de la rupture par la
capacité ultime l'effet des
liaison de 850 mm à séparation du béton d’enrobage dans les essais de flexion
orientations
1200 mm
différentes de renfort
(Seracino, Saifulnaz,
(De Lorenzis & (Shield et al. 2005)
Référence (Sena Cruz 2004) (Pickles 2004) et al. 2007)
Nanni 2002)
Série 1 Série 2 Série 2
Type de matériaux
CFRP/GFRP CFRP CFRP CFRP CFRP CFRP/GFRP
composites
Essai Essai d’adhérence à Essai d’adhérence à
Type d’essais Essai d’adhérence Essai d’adhérence Essai d’adhérence
d’adhérence petite échelle grande échelle
Rectangulaire Rectangulaire Rectangulaire Rectangulaire
Dimensions de barre
Ronde (Φ9.5/13) Profondeur : 10 Ronde (Φ8) Profondeur : 16 Profondeur : 12-30 Profondeur : 16
composite (mm)
Largeur : 1.4 Largeur : 2 Largeur : 2-101 Largeur : 2
Dimensions d’engravure 13, 16,19, 25 15 12,13, 16, 18.5, 20, 30 19 19
(mm) 13, 16,19, 25 3.3 12, 13,20 6.4 6.4
Configuration de la
Usiné, sablé CFRP Enroulé en spirale, sablé Usiné Usiné, sablé
surface de barre
Longueur de Longueur de
scellement, taille Espacement des
Longueur de Longueur de scellement, taille
d’engravure, type longueur de scellement, barres, inclinaison
scellement, scellement, résistance d’engravure, type de
Paramètres examinées de FRP, texture taille d’engravure, forme des joncs, ancrage à
résistance du béton, du béton, type de FRP, texture
superficielle et d’engravure la table, présence des
diamètre des type de chargement chargement superficielle et
cadres en acier
barres diamètre des barres
Rupture par
Rupture à Rupture à l’interface
fendage de Rupture par fendage de Rupture par fendage Rupture par fendage
l’interface barre barre composite-
résine, résine époxy et le béton de résine, rupture par de résine, fissuration
Mode de ruine composite- résine, résine, rupture à
fissuration de d’enrobage, rupture par splitting de béton de béton, rupture par
rupture à l’interface l’interface résine-
béton, rupture pull-out d’enrobage pull-out
résine-béton, béton
par pull-out
Matériau de scellement Résine époxy Résine époxy Résine époxy Résine époxy Résine époxy Résine époxy
Type de chargement Flexion 4 points Flexion 4 points Arrachement direct Flexion 4 points Flexion 4 points Flexion 4 points
L’acier d’armature Flexion / cisaillement

Un autre grand Première programme Vaste étude sur l'effet du type de matériau de
Une étude
programme expérimental sur la scellement considérant sept matériaux de
approfondie Preuve d'une rupture
expérimental sur le forme d’engravure à scellement différents, révélant que, même pour
examine cohésive en
Commentaires comportement part de la forme carrée les matériaux de scellement avec des
plusieurs cisaillement dans le
d’adhérence des ou rectangulaire comme résistances au cisaillement similaires, le
paramètres béton
bandes de NSM des engravures comportement d’adhérence est diffèrent
d’adhérence
CFRP trapézoïdales considérablement
Référence (Teng et al. 2006) (Al-Mahmoud 2007) (Kalpana et al. 2009)

Type de matériaux
CFRP/GFRP CFRP/GFRP CFRP
composites
Essai d’adhérence (essai d’arrachement direct, Essai d’adhérence
Type d’essais Essai d’adhérence Essai en flexion
essai tirant) (essai de poutre)
Rectangulaire Rectangulaire
Dimensions de barre Ronde (Φ9/12) Rectangulaire (2x16)
Profondeur : 16 Profondeur : 16 Ronde (Φ12)
(mm) Carré (10)
Largeur : 4 Largeur : 4
Dimensions Profondeur 22 22 20,30 6, 10, 13, 14, 16, 18
d’engravure
(mm) Largeur 8 8 20, 30, 50 20, 24, 13, 14, 16, 18
Configuration de la Enroulé en spirale, Lisse, enroulé, Enroulé en spirale et
Usiné, sablé Lisse, sablé, Usiné
surface de barre nervuré sablé
Longueur de Longueur d’adhérence, taille
scellement, taille d’engravure, forme de barre composite,
Type et quantité Longueur d’adhérence, taille d’engravure, texture
d’engravure, texture dimensions des barres, texture
Paramètres examinées de matériau superficielle de barre composite, type d’époxy,
superficielle, type superficielle de barre composite,
composite surface d’engravure en béton, type de béton
d’époxy, surface résistance de béton, type de scellement,
d’engravure type de chargement, distance du bord
Rupture par fendage de
résine, rupture à Rupture par
l’interface résine-béton, Pull-out pure, pull-out accompagne avec des
décollement
Mode de ruine rupture à l’interface fissures de cisaillement, rupture à l’interface béton- Rupture par fendage de résine
mortier-béton, rupture à après avoir
mortier
l’interface barre plastifié l’acier
composite-béton
Matériau de scellement Résine époxy, mortier Résine époxy Résine époxy, mortier Résine époxy
Type de chargement Arrachement direct Flexion 4 points Arrachement direct Arrachement direct
Flexion /
L’acier d’armature Flexion / cisaillement
cisaillement
Importants résultats montrant une Démontré que, la contrainte tangentielle moyenne Démontré que le comportement réel en
variation entre les modes de ruine ultime des joncs usinés et cloutés peut atteindre flexion des poutres renforcées avec NSM
observés dans les essais d’adhérence à deux fois celle de l’acier HA, et que la résine a une FRP peut être qualitativement en
ceux observés dans les poutres meilleure performance que le mortier quelque soit corrélation avec les résultats des essais
Commentaires
renforcées avec la technique NSM, la configuration de l’essai. Une étude d’adhérence sur des poutres à petite
preuve de la rupture par la séparation expérimentale permis de trouver un rapport largeur échelle contenant des armatures internes
du béton d’enrobage dans les essais de d’engravure/diamètre nominal de jonc de carbone parce que les mécanismes d’adhérence
flexion de 1.7 à 2.5 qui induit une meilleure performance. sont les mêmes.
Tableau I-1: Résumé des travaux expérimentaux existants sur le comportement d’adhérence des barres insérées avec la technique NSM et le béton.
Chapitre I

I.5.6.2. Mécanismes de ruine dans le système NSM – par essais en flexion

Les modes de ruine possibles des poutres renforcées en utilisant des barres
composites insérées avec la technique NSM sont de deux modes :
 Le mode conventionnel de rupture des poutres en béton armé, y compris
l’écrasement du béton comprimé ou la rupture des barres composites généralement
après la plastification des aciers tendus où le matériau atteint sa résistance maximale
à la traction ;
 Le mode de ruine par un décollement précoce qui se produit avant l’atteinte de sa
résistance maximale à la traction. Bien que le système NSM en utilisant des barres
composites (FRP) soit moins sensible au décollement que le système de
renforcement par collage des matériaux composites sur la surface extérieure. Les
poutres en béton armé renforcées par l’insertion des barres composites en utilisant
le système NSM peuvent encore s’effondrer par plusieurs mécanismes de
décollement.
La probabilité de la ruine d’une poutre renforcée avec la technique NSM dépend de
plusieurs paramètres, parmi lesquels le coefficient de renforcement interne de l’acier, le
coefficient de renforcement par les matériaux composites (FRP), la section transversale,
la forme et la configuration de la surface du renforcement inséré par NSM, et les
résistances à la traction de matériaux de scellement et du béton. Il a été trouvé que les
différents mécanismes de décollement des poutres renforcées avec des tissus
composites (FRP) collés sur la surface extérieure (Figure I-17), [décollement due à une
fissure de flexion intermédiaire (Intermediate Crack debonding - IC), décollement à
l'extrémité de tissu composite due à la courbure (Plate-End debonding - PE) et
décollement due à une fissure critique diagonale (Critical Diagonal Crack induced
debonding - CDC)] sont également applicables aux poutres renforcées par le système
NSM (Oehlers et al. 2004).
Les interactions entre les principaux modes de ruine des poutres renforcées en
flexion avec la technique NSM décrits ci-dessous et les modes secondaires de ruine, sont
encore obscures et méritent des investigations plus poussées.

Non-fissurée Fissurée

Poutre en B.A.
a b c
d Barres
d’armature en
acier

IC CDC
tissu PE
composit
e
Figure I-17 : Mécanismes de ruine des poutres renforcées en flexion par le système de
collage sur la surface extérieure.

52
Chapitre I

I.5.6.2.1. Rupture par la délamination de béton d’enrobage :


Des fissures commencent à apparaître sur la surface tendue de la poutre, et ces fissures
sont inclinées approximativement à 45° par rapport à l’axe de la poutre. Arrivés aux bords de
la surface tendue de la poutre, ces fissures peuvent se propager vers le haut, sur les côtés de la
poutre faisant une inclinaison de 45° à l'intérieur de l'épaisseur du béton d’enrobage, et
ensuite se propage horizontalement jusqu’au niveau des aciers tendus. Ce mode de rupture est
l'un des modes de rupture les plus courants observés dans les systèmes de renforcement par
collage extérieur (Smith et al. 2002). Ce mode de rupture a également été observée dans les
poutres renforcées avec le système NSM (Corden, Ibell, et Darby, 2008; De Lorenzis, 2002;
Soliman et al., 2008; Teng et al., 2006). La différence fondamentale est que ce mode de
rupture n'est pas seulement une rupture locale, mais c'est une rupture structurelle qui consiste
à une interaction entre les deux interfaces d’une part entre le système de NSM et le béton et
d’autre part entre l’acier et le béton par la fissuration due en flexion ou au cisaillement (De
Lorenzis 2002). La séparation de béton d’enrobage peut être se produire sous différentes
formes, en fonction de l'évolution ultérieure de la forme de la fissure :
a) La séparation d’enrobage à l’extrémité des barres (Peeling-off) : Si le renforcement de
NSM est mis à une distance importante loin des appuis, la séparation du béton d’enrobage
commence généralement par l’extrémité et se propage vers l'intérieur (Figure I-18a). Ce
mode est similaire au mode de rupture par la séparation d’enrobage, observé dans les
poutres renforcées par le collage des tissus composites sur la surface extérieure.
b) La séparation localisée d’enrobage : Les fissures dedans ou à proximité de la zone du
moment maximal, avec les fissures préexistantes de flexion et de l’effort tranchant,
peuvent isoler des cales triangulaire ou trapézoïdale de béton, dont un ou plusieurs sont
finalement séparés (Figure I-18b).
c) La séparation d’enrobage induisant par une fissure de flexion intermédiaire (Figure I-18c).
Ce mode a été observé par (De Lorenzis et al. 2007).
d) La séparation d’enrobage le long des bords de la poutre : les barres composites insérées
par le système NSM et situées près des bords peuvent générer un éclatement du béton
d’enrobage le long des bords de la poutre (Figure I-18d).
I.5.6.2.2. Décollement à l’interface de système NSM
Le décollement dans les essais en flexion (sur des poutres) est totalement différent de celui
observé dans les essais d’adhérence en raison de la fissuration du béton d’enrobage, c’est-à-
dire, la présence des fissures (flexion et cisaillement) peut conduire à une répartition non
uniforme des contraintes d'adhérence. Par conséquent, les modèles analytiques obtenus lors
des essais d’adhérence ne peuvent pas être transférées directement sur des modèles prédictifs
pour les essais en flexion (Teng et al. 2006). Il y a encore une compréhension limitée du
mécanisme de décollement dans les poutres renforcées avec les systèmes NSM, et
l'interaction des contraintes d'adhérence avec la présence des fissures (flexion et cisaillement)
dans un élément structurel doit encore être entièrement examinée. Il y a plusieurs modes de
ruine qui intervient par un décollement à l’interface d’une poutre renforcée avec la technique
NSM qui sont présentés dans la Figure I-18. Autres mécanismes de décollement ont
également été observés. Ils sont classés autant que des ruines secondaires. Il a été
observé que l'ouverture des fissures inclinées a été empêché par la résistance au
cisaillement des barres composites insérées par le système NSM (effet de goujon - dowel
action), qui à son rôle tend à provoquer le éclatement du renforcement de NSM de la
surface tendue de la poutre. Après la rupture, le prisme formé par la bande de carbone
(CFRP) et l'époxy a conservé une couche mince de béton avec une épaisseur variable sur

53
Chapitre I

ses côtés, indiquant qu’il y a une grande adhérence entre résine-béton (De Lorenzis et al.
2007; Merdas et al. 2008).
a) Délamination du béton d’enrobage (peeling-off) par (Al-Mahmoud et al. 2010).

b) Séparation localisée du béton d’enrobage.

c) Séparation du béton d’enrobage induisant par une fissure de flexion par (Soliman et al.
2010).

54
Chapitre I

d) Séparation du béton d’enrobage le long des bords de la poutre.

e) Rupture par le fendage de la résine (pull-out des joncs de carbone) par (Al-Mahmoud
et al. 2012).

55
Chapitre I

f) Décollement à l’interface béton-mortier par (Al-Mahmoud et al. 2009).

g) Délamination de béton d’enrobage à mi-portée d’une poutre renforcée par bandes


composites de carbone insérées par NSM (Kotynia 2005).

Figure I-18 : Modes de ruine précoce du renforcement (FRP) en flexion inséré par NSM.

I.5.7. Modèles analytiques existants applicables au renforcement avec la


technique NSM

L’avancement de recherche dans la technique NSM en utilisant des barres


composites a vu le développement de plusieurs modèles pour prédire la réponse d’un
élément renforcé avec la technique NSM soit pour le renforcement en flexion ou bien
soit au cisaillement. Les premiers modèles ont été faits pour des essais avec des
configurations très spécifiques et utilisés par chaque étude de recherche, et sont donc
peu pratique pour une utilisation plus large par la communauté de concepteurs.

I.5.7.1. Décollement au niveau d’une fissure intermédiaire IC

Récemment, un modèle plus largement flexible pour la technique du collage des


tissus composites sur la surface extérieure a été développé par (Seracino et al. 2007a).

56
Chapitre I

Le modèle prédit le mode de ruine qui s’est produit par une fissure intermédiaire
(Intermediate Crack (IC)) en provoquant une des contraintes de décollement dans les
barres composites insérées par NSM.
Le mode de ruine par décollement au niveau d’une fissure intermédiaire (représenté
schématiquement à la Figure I-19) se produit quand une fissure de flexion atteint la barre
composite insérée avec la technique NSM ou les tissus composites collés sur la surface
extérieure, en provoquant un décollement local entre le renforcement par les matériaux
composite et le béton d’enrobage, ce qui produit finalement une propagation de la rupture
d'adhérence loin du point de décollement et vers l’extrémité (Seracino et al. 2007a). Ce mode
de ruine est le plus important de principales formes de décollement dans les éléments en
béton armé renforcés avec des tissus composites collés sur la surface extérieure (Oehlers et
al. 2004). Le modèle proposé par (Seracino et al. 2007a), a été fait pour les deux techniques
de renforcement (le collage sur la surface extérieure et l’insertion par NSM des bandes
composites) avec des longueurs de scellement supérieures ou égales à la longueur de
scellement critique.
Ce modèle est une fonction des propriétés des matériaux et des caractéristiques
géométriques de la section analysée, et peut être appliqué sur les deux techniques de
renforcement. Les paramètres utilisés dans le modèle de (Seracino et al. 2007a) sont
représentés dans la Figure I-20. Le modèle est basé sur des résultats expérimentaux réalisés
sur des essais de push-pull et est dérivé des lois de comportement de l'équilibre des
contraintes et de la compatibilité des déformations d’un tissu composite collé sur la surface
du béton. L'équation suivante peut être utilisée pour prévoir la charge à laquelle un
décollement s’est produit par une fissure intermédiaire (Seracino et al. 2007a) :
𝑓𝑢𝑙𝑡 𝐴𝑝 𝑝𝑜𝑢𝑟 𝑑𝑒𝑠 𝑝𝑙𝑎𝑢𝑞𝑒𝑠 𝑐𝑜𝑚𝑝𝑜𝑠𝑖𝑡𝑒𝑠
𝑃𝐼𝐶 = 𝛼𝑝 0.85𝜑𝑓0.25 𝑓𝑐′ 0.33√𝐿𝑝𝑒𝑟 (𝐸𝐴)𝑝 < { (I − 1)
𝑓𝑦 𝐴𝑝 𝑝𝑜𝑢𝑟 𝑑𝑒𝑠 𝑝𝑙𝑎𝑞𝑢𝑒𝑠 𝑚é𝑡𝑎𝑙𝑖𝑞𝑢𝑒𝑠

Avec :
PIC est la charge maximale dans les bandes avant le décollement (N),
αP =1.0 pour la moyenne et 0.85 pour limite de confiance inférieure à 95%,
φf = df/bf est le rapport de longueur du plan à l’interface,
tp = td = 1.0 mm est le profondeur à partir du matériau de scellement au plan de
rupture dans le béton,
dg est le profondeur d’engravure (mm),
bg est la largeur d’engravure (mm),
df = dg + td est le profondeur de plan de rupture perpendiculaire à la surface du béton
(mm)
bf = bg + tb est la largeur de plan de rupture parallèle à la surface du béton (mm),
Lper =2df+bf est la longueur du périmètre de rupture (mm),
f'c est la résistance maximale en compression du béton à 28 jours(MPa),
Ep est le module élastique de matériau composite (MPa),

57
Chapitre I

fult est la résistance maximale de matériau composite à la traction (MPa),


fy est la contrainte de plastification de l’acier (MPa).
Dans ce modèle, le rapport de longueur est essentiellement une mesure de confinement qui
est produit par le béton d’enrobage au niveau du plan de rupture. Dans le cas d’une petite
valeur du rapport de longueur, telle qu’à la technique du collage des matériaux composites sur
la surface extérieure, le béton d’enrobage offre une valeur du confinement très petite de. Au
contraire, dans le cas d’une grande valeur du rapport de longueur, telle qu’à la technique
NSM, le béton d’enrobage donne un excellent confinement en produisant une friction et un
mécanisme d'emboîtement des granulats à travers le plan éventuel de rupture. Le rapport de
longueur φf donne un avantage à la technique NSM par rapport au collage sur la surface
extérieure. Ce modèle ne prend pas en compte les propriétés du matériau de scellement. Parce
qu'il propose que le matériau de scellement est suffisamment rigide et le plan de rupture par
décollement va se propager dans le béton d’enrobage plutôt que dans le matériau de
scellement. Il devrait être noté que cela n'a été vérifié que pour les matériaux de scellement
polymères, et pas pour les matériaux de scellement à base de ciment ou de coulis. Un autre
modèle a été également développé par (Seracino, Jones, et al. 2007) et conçu afin d’inclure le
cas d’une longueur de scellement inférieure à celle critique et ainsi pour représenter la
contrainte faible d’adhérence. Ce modèle détermine la charge de décollement à laquelle la
ruine se produit par une fissure intermédiaire. Le modèle a été basé sur des résultats
expérimentaux qui sont obtenus des essais de push-pull et en utilisant uniquement des bandes
composites insérées avec la technique NSM. L'équation (I - 2) propose que la résistance du
béton et les dimensions des bandes composites insérées par NSM jouent un rôle dominant
dans ce mode de ruine.

𝑃𝐼𝐶 = 𝛼𝛽0.85√𝑓𝑐′ 𝑑𝑝1.36 𝑏𝑝0.21 < 𝑓𝑢𝑙𝑡 𝑑𝑝 𝑏𝑝 (I − 2)

Avec : α = 0.19 pour la moyenne et 0.16 pour la valeur caractéristique,

β = 1.0 pour L ≥ 200 mm et β/200 pour L < 200 mm,


dp est la dimension de tissu composite parallèle à la surface du béton (mm),
bp est la dimension de tissu composite perpendiculaire à la surface du béton
(mm),

Propagation de fissure à l’interface Fissure intermédiaire

Poutre en BA

Tissus composites

Fissure à l’interface

Figure I-19 : Schéma montrant la fissure intermédiaire (CI) induite par un mécanisme de
décollement de matériaux composites collés sur la surface extérieure (Seracino, Saifulnaz,
et al. 2007).

58
Chapitre I

Surface du béton
Ap Ap
tb
df
Lper Lper
bf tb
Plan de rupture d’une
bande collée sur la df
surface extérieure
Plan de rupture d’une bande
insérée avec NSM
Le rapport de longueur est égal au rapport de la
profondeur du plan de rupture df à la largeur du
plan de rupture bf. Les bandes collées sur la bf
surface extérieure ont une petite valeur du
rapport de longueur et les bandes qui sont
insérées avec NSM ont un rapport plus élevé
(Seracino, Saifulnaz, et al. 2007)
Figure I-20 : Paramètres et dimensions utilisées dans les modèles de (Seracino, Saifulnaz, et
al. 2007) pour des bandes rectangulaires collées.

I.5.7.2. Délamination de l’interface à l’extrémité de renforcement (Plate-End)

Un modèle analytique sur l’adhérence de la technique NSM a été développé par Hassan
et al. (2003), basé sur la combinaison de cisaillement et de flexion. Ce modèle a été présenté
par Malek et al. (1998) pour les tissus composites collés sur la surface extérieure. Le
modèle d’Hassan et al. (2003) suppose qu’un décollement est dû aux contraintes élevées de
cisaillement à l’extrémité de renforcement par les matériaux composites avec la technique
NSM. De plus, il considère que la ruine ne s’est pas produite par des fissures
intermédiaires de flexion ou par des fissures de cisaillement-flexion. Le modèle donne
une contrainte de cisaillement pour une certaine charge, qui doit ensuite être comparée à une
contrainte maximale admissible de cisaillement qui doit encore être précisément déterminée
pour le système NSM. Les contraintes d’adhérence obtenues expérimentalement variaient
entre 3.5 MPa et 20.7 MPa pour des barres composites (FRP) insérées avec le système NSM
(T. Hassan et al. 2003; De Lorenzis et al. 2004).
L'application pratique de ce modèle est limitée aussi, car il a été calibré seulement pour
certaines conditions des essais. Trois formes de ce modèle sont présentées ci-dessous,
chacune pour un cas de chargement différents.
 Pour une condition d'appui simple et un chargement à mi-portée :
𝑡𝑓 𝑛𝑓 𝑃𝑙0 𝑦𝑒𝑓𝑓 𝑛𝑃𝑦𝑒𝑓𝑓
𝜏= ( 𝜔𝑒 −𝜔𝜒 + ) (I − 3)
2 2𝐼𝑒𝑓𝑓 2𝐼𝑒𝑓𝑓

Avec : τ est la contrainte au cisaillement (MPa),


tf est l’épaisseur de la bande composite (mm),
nf = Ef/Ec est le rapport modulaire,
P est la charge ponctuelle appliquée (N),
lo est la longueur non-collée de la bande composite (mm),

59
Chapitre I

yeff est la distance de la bande composite à l'axe neutre (mm),


Ieff est le moment d'inertie de la section transversale (mm4),
2𝐺𝑎
𝜔=√
𝑡𝑎 𝑡𝑓 𝐸𝑓

ta est l’épaisseur de la couche du matériau de scellement (mm),


Ga est le module de cisaillement du matériau de scellement (MPa),
χ est la coordonnée longitudinale à partir de l’extrémité de la bande composite,
 Pour une condition d'appui simple et un chargement uniformément distribué :
𝑡𝑓
𝜏= (𝑎𝜒 + 𝑏 + 𝑐𝜔𝑒 −𝜔𝜒 ) (I − 4)
2
Avec :
𝑞𝑛𝑦𝑒𝑓𝑓 𝑞𝑛𝑦𝑒𝑓𝑓 ′ 𝑞𝑛𝑦𝑒𝑓𝑓 𝑞𝑛𝑦𝑒𝑓𝑓 𝑙0 ′
𝑎=− , 𝑏= (𝐿 − 2𝑙0 ), 𝑐= + (𝐿 − 𝑙0 )
2𝐼𝑒𝑓𝑓 2𝐼𝑒𝑓𝑓 𝜔 2 𝐼𝑒𝑓𝑓 2𝐼𝑒𝑓𝑓

q est la charge uniforme appliquée,


L’est la mi-portée de la poutre,
 Pour une condition d'appui simple et un chargement de flexion 4-points :
𝑡𝑓 𝑛𝑓 𝑃𝑦𝑒𝑓𝑓 𝑛𝑃𝑦𝑒𝑓𝑓 𝑙0 −𝜔𝜒
𝜏= ( + 𝜔𝑒 ) (I − 5)
2 𝐼𝑒𝑓𝑓 𝐼𝑒𝑓𝑓

La limite de rupture pour les trois derniers formes est basé sur les propriétés du béton en
tant que :
𝑓′𝑐 𝑓𝑐𝑡
𝜏𝑚𝑎𝑥 = (I − 6)
𝑓′𝑐 + 𝑓𝑐𝑡
Avec : f’c est la résistance maximale en compression du béton à 28 jours (MPa),
fct est la résistance maximale à la traction du béton à 28 jours (MPa),

I.5.7.3. Délamination du béton d’enrobage à l’extrémité de renforcement (Peeling-


off)

Un modèle analytique a été élaboré par Al-Mahmoud et al. (2010) afin d’estimer le
moment ultime d’une poutre dont la ruine est due à la délamination du béton
d’enrobage à l’extrémité de renforcement. Ce modèle basé à méthode de calcul qui
s’inspire fortement du concept proposé par AFGC (2003) initialement développé pour
les tissus collés. Le critère développé nécessite de connaître l’espacement entre les deux
dernières fissures à l’extrémité des joncs de carbone (points E et W, Figure I-21). La
zone de béton sous les aciers situés entre ces dernières fissures peut être modélisée
comme une poutre cantilever qui se déforme sous l’action des joncs tendus au niveau de
contrainte variant de σf à 0, qui génèrent un moment fléchissant Mw sur la surface de

60
Chapitre I

béton au niveau des aciers. Al-Mahmoud et al. (2010) suppose un comportement


élastique pour tous les matériaux, la contrainte à la traction au point W (point critique)
peut être calculé par :
𝑀𝑊 𝑙
𝜎𝑊 = (I − 7)
𝐼𝑊 2
Où Iw est le moment d’inertie de la section, égal à :
𝑏𝑙 3
𝐼𝑊 = (I − 8)
12
Et MW est le moment de la poutre cantilever, donné par :
MW = σf Af db (I − 9)
6𝐴𝑓 𝑑𝑝
𝜎𝑊 = 𝜎 (I − 10)
𝑏𝑙 2 𝑓
Avec :
𝑑𝑓 − 𝑦𝑐
𝜎𝑓 = 𝑛𝑓 𝑀𝐸 (I − 11)
𝐼𝑐
Avec :
Af est la section des joncs de carbone (mm²),
b est la largeur de la poutre (mm),
l est la distance entre les deux dernières fissures (soit la hauteur de la section de poutre
cantilever) (mm),
db est l’épaisseur de la couche de béton située entre le centre de gravité des joncs de
carbone et les aciers (soit la longueur de la poutre cantilever) (mm),
yc est la position de l’axe neutre après la fissuration (mm),
Ic est l’inertie de la section fissurée (mm4),
df est la distance entre le centre de gravité des joncs de carbone et la fibre supérieure
(mm),
ME est le moment de flexion de la poutre atteint en E à la ruine (kN.m), (Voir Figure I-21).
6𝑛𝑓 𝐴𝑓 𝑑𝑝 𝑑𝑓 − 𝑦𝑐
𝜎𝑊 = 𝜎𝑐𝑡 = 𝑀𝐸 (I − 12)
𝑏𝑙 2 𝐼𝑐
Al-Mahmoud et al. (2010) propose que au moment de la ruine par la délamination, la
contrainte à la traction au point W devrait atteindre sa valeur maximale, c'est-à-dire la
résistance maximale du béton à la traction fct:
𝜎𝑊 = 𝜎𝑐𝑡 = 𝑓𝑐𝑡

61
Chapitre I

Figure I-21 : Répartition des contraintes dans le béton et les joncs de carbone entre les
deux dernières fissures à l’extrémité des joncs de carbone.
Selon Al-Mahmoud et al. (2010), les résultats expérimentaux montrent que la
contrainte σw calculée est systématiquement supérieure à la résistance à la traction du
béton fct. Le modèle analytique sous-estime donc sensiblement la capacité portante des
poutres. Les prédictions sont donc conservatives. Pour vérifier si ce modèle analytique
simplifié n’était pas trop éloigné des phénomènes réels, un calcul par Élément Fini du
morceau de poutre cantilever situé entre les deux dernières fissures et sous les
armatures avait été mis en œuvre. Dans ce calcul, ils utilisent une formulation massive
trois dimensions avec des lois de comportement élastique pour chaque matériau. Les
prédictions du calcul Élément Fini (E.F.) étaient plus précises que celle du modèle
analytique. La différence majeure entre le résultat des deux calculs est la répartition des

62
Chapitre I

contraintes sur la hauteur l de la mini-poutre cantilever. En effet, le modèle analytique


suppose un diagramme des déformations parfaitement linéaire sur la hauteur de poutre
conformément à la théorie de la Résistance Des Matériaux. La Figure I-22 montre une
distribution des contraintes différente pour le calcul E.F. qui conduit notamment à une
valeur de σw sensiblement plus faible et donc à des résultats plus proches de
l’expérimentation.

σE Analytique
Compression Élément Fini
σf
σW
Tension
l

Figure I-22 : Comparaison entre le diagramme des contraintes du modèle analytique et du


modèle E.F. sur la hauteur de la mini-poutre cantilever.

I.5.7.4. Calcul du moment ultime et de la contrainte maximale appliquée sur les


joncs de carbone dont la ruine est due au pull-out de joncs de carbone

Un modèle élaboré à l’origine à partir des études réalisées sur les joncs composites
en pleine masse de béton par Cosenza et al. (1997) et généralisé sur la technique de NSM
par Al-Mahmoud et al. (2012), offre ainsi une bonne estimation du moment de flexion
ultime.
Le critère développé par Al-Mahmoud et al. (2012) nécessite de connaître la distance
entre la dernière fissure qui traverse la résine du renforcement près de l’appui, et
l’extrémité des joncs de carbone. Ils ont considéré que
 La longueur qui ancre l’extrémité des joncs de carbone commence depuis cette
fissure car seule la partie du renforcement situé au-delà de cette fissure contribue à
résister à l’effort d’arrachement appliqué sur les joncs de carbone.
 La distance d’ancrage restante forme un morceau de renforcement bien isolé par
rapport au reste du renforcement. Les fissures qui ne traversent pas la résine et qui
sont normalement moins ouvertes ne sont pas considérées comme dernière fissure.
 La ruine des poutres intervient juste au moment où l’une des extrémités des joncs de
carbone commence à glisser car il a observé, lors des essais, que la ruine des poutres
était brusque et simultanée avec l’éclatement du béton d’enrobage dès que l’une des
extrémités des joncs de carbone commence à glisser. Ce critère conduira à des
calculs qui ne considèrent que la partie ascendante de la courbe -glissement,
autrement dit, la partie de la courbe -glissement représentant le frottement ne sera
pas intégrée dans notre calcul car celle-ci ne contribue pas à résister à l’effort
d’arrachement puisque la ruine intervient avant cette phase.
Al-Mahmoud et al. (2012) ont donné la contrainte maximale σmax applicable sur les
joncs de carbone résultant de son adhérence avec la résine pour s=sm par l’équation (I-
13).

63
Chapitre I

∑τu sm
σmax = √2Ef < σfu max (I − 13)
Af (1 + α)

Avec : Ef est le module d'élasticité de jonc de carbone (MPa),


∑ est le périmètre du jonc de carbone (mm),
Af est la surface de la section des joncs de carbone à la quelle s’applique l’effort à la
traction (mm²),
τu est la contrainte tangentielle moyenne ultime (au pic) (MPa),
sm est le glissement correspondant à τu (MPa),
α est un paramètre de précision influençant la forme de la courbe τ-glissement dans la
branche ascendante et obtenu en égalisant l’air sous la branche ascendante de la courbe
expérimentale à la valeur τu sm/ (1+α) (Figure I-23).

τu

Énergie consommée

Sm S

Figure I-23 : courbe contrainte d’adhérence (τ)-glissement (s) pour un jonc de carbone lors
de l’essai d’arrachement direct.
Si σmax calculée par l’équation (I-13) est inférieure à la résistance maximale à la
traction du jonc de carbone (σfu max), la rupture du jonc de carbone ne se produit pas
avant la rupture de la liaison jonc de carbone-résine. Autrement dit, la résistance
maximale à la traction ne peut pas être atteinte. A cette contrainte σmax correspond une
longueur dite longueur effective Leffect, telle qu’au-delà de cette longueur, il n’est pas utile
d’augmenter la longueur d’ancrage. Ce cas correspond à une valeur faible de l’énergie
consommée.
Si σmax est égale ou supérieure à la résistance maximale à la traction du jonc de
carbone σfu_max, la capacité maximale à la traction du jonc de carbone est atteinte. Ce cas
correspond à une valeur très importante de l’énergie consommée.
Afin de calculer le moment de flexion ultime avant la ruine par le pull-out des joncs de
carbone, il faut calculer la longueur effective Leffect correspondant à σmax pour la poutre
renforcée par des joncs de carbone en utilisant l’équation (I-14), selon Al-Mahmoud et al.
(2012):

64
Chapitre I

σmax Af 1 + α
Leffect = (I − 14)
∑τu 1 − α
Si Leffect ≤ Lanc (la distance entre la dernière fissure et l’extrémité des joncs de
carbone), dans ce cas (Figure I-24A), le moment à la ruine MR qui correspond à une
contrainte σmax dans une section où se situe la dernière fissure MDF est le moment
agissant au niveau de la dernière fissure calculé par l’équation (I - 15) :
σmax Ic
MDF = (I − 15)
nf (df + yc )
MR est déduit de MDF à l’aide du diagramme du moment fléchissant.
Si Leffect > Lanc (Figure I-24B), dans ce cas-ci, la contrainte σLanc est atteinte avant la
rupture de la liaison joncs de carbone-résine et donc reste inférieure à la contrainte σmax
calculée par l’équation (I-13). Dans ce cas, la contrainte σLanc correspondant à une longueur
Lanc est calculée par :
𝐿𝑎𝑛𝑐 ∑𝜏𝑢 1 − 𝛼
𝜎𝐿𝑎𝑛𝑐 = (I − 16)
𝐸𝑓 𝐴𝑓 1 + 𝛼

Le moment correspondant à la position de la dernière fissure MDF est calculé par :


σLanc Ic
MDF = (I − 17)
nf (df + yc )
MR est donc déduit de MDF de la même façon que dans le cas A.
Les valeurs des paramètres inconnus ont calibré par meilleur ajustement des
résultats expérimentaux obtenus pour de trois éprouvettes réalisées du béton (BO30)
avec un jonc clouté type 2 (Figure I-12) de 12 mm inséré dans une engravure carrée de
25x25 mm et scellé dans la résine pour les τu; sm, et α sont 12.3/0.4 MPa, 0.16/0.05 et
0.74/0.04 mm respectivement.

Figure I-24 : Longueur d’ancrage formée par la dernière fissure et la répartition de la


contrainte d’adhérence sur cette longueur pour les cas A et B.

65
Chapitre I

I.6. LONGUEUR D'ANCRAGE

La longueur d'ancrage (dite aussi de scellement) est une longueur à laquelle la barre
composite peut transférer les contraintes tangentielles d’adhérence pour résister une
contrainte axiale à la traction égale à sa résistance maximale à la traction ou bien on
peut dire qu’elle est la longueur de la barre qui peut développer sa pleine capacité avant
la rupture d’ancrage. La conception d'ancrage de renforcement en matériaux composites
(FRP) avec la technique NSM est différente de celle des barres d'acier, car en plus des
paramètres communs qui influencent le comportement d’adhérence telle que la surface
des barres et la résistance du béton, il y a d'autres facteurs qui affectent le
comportement d’adhérence entre les barres composites et le béton. Par exemple,
module d'élasticité transversale, les propriétés mécaniques et géométriques des barres
composites et en plus les caractéristiques de matériau de scellement sont autant des
paramètres supplémentaires.
Le comportement d'ancrage des barres composites semble être différent d'une
technique de renforcement à l'autre. Dans le cas du collage sur la surface extérieure de
renforcement, il existe une longueur effective de scellement, au-delà de laquelle
l’augmentation de la longueur de de scellement n’a pas d’influence sur la résistance
maximale (Neubauer et al. 1999; De Lorenzis et al. 2001; Lu et al. 2005; Ueda et al.
2005). En outre, il existe aussi une longueur effective de scellement pour les barres
insérées par le système NSM, pour laquelle la longueur minimale de scellement doit
transférer les contraintes tangentielles maximales.
La contrainte normale maximale dans les barres composites qui peut être transféré
entre les barres insérées avec la technique NSM et le béton d’enrobage avec une longueur
effective de scellement (De Lorenzis & Nanni 2002) est donnée par :

𝛴
𝜎𝑚𝑎𝑥 = √2𝐸 𝐺 (I − 18)
𝐴 𝑓

Avec :

𝐺𝑓 = ∫ 𝜏(𝑠)𝑑𝑠 (I − 19)
0

Où Gf, est la zone située sous la courbe τ-glissement, est l'énergie de rupture du joint collé,
Σ est le périmètre sur lequel la contrainte d’adhérence agit, A est la section transversale sur
laquelle la contrainte à la traction est agit, et E est le module d'élasticité du matériau sur
lequel la contrainte à la traction est appliquée.
De Lorenzis et al. (2002) ont trouvé que généralement, la pleine capacité de
renforcement en matériaux composites peut être atteinte, et la valeur correspondante de la
longueur de scellement est appelée la longueur effective ou bien de développement si la
contrainte normale maximale dans les barres composites σmax (calculé par l'équation. I-18)
est égale ou supérieure à la résistance à la traction de la barre composite, et en
particulier dans la courbe τ-glissement avec des valeurs infinies de l'énergie de rupture.
Lorsque la contrainte σmax est inférieure à la résistance à la traction de la barre
composite, sa capacité portante ne peut pas être atteinte, quelque soit la longueur de
scellement est-elle et il existe une longueur effective de scellement au-delà de laquelle la
augmentation dans la longueur de scellement n'a pas d'effet.

66
Chapitre I

Cosenza et al. (2002) ont examiné les formules disponibles pour évaluer la longueur
effective de scellement dans plusieurs normes, telles que celles trouvées dans les normes de
conception du Japon Society of Civil Engineers (JSCE, 1997) et le guide de la conception de
structures en béton armé en utilisant des barres composites (ACI, 2003). Cosenza et al.
(2002) ont conclu que toutes les formules existantes dans ces documents semblent être peu
convenables pour les barres composites (FRP) puisqu’elles ont été dérivées sous l'hypothèse
d'une relation linéaire entre la résistance d’adhérence et la racine carrée de la résistance en
compression du béton, et en supposant une distribution uniforme de la contrainte d’adhérence
le long de la longueur d’ancrage.
L’ACI 440 (2008) donne la longueur de scellement du renforcement inséré par le
système NSM par :
𝑑𝑓
𝑓 𝑝𝑜𝑢𝑟 𝑙𝑒𝑠 𝑏𝑎𝑟𝑟𝑒𝑠 𝑟𝑜𝑛𝑑𝑒𝑠 (𝐽𝑜𝑛𝑐𝑠)
4𝜏𝑏 𝑓𝑑
𝑙𝑑𝑓 = (I − 20)
𝑎𝑏 𝑏𝑏
𝑓𝑓𝑑 𝑝𝑜𝑢𝑟 𝑙𝑒𝑠 𝑏𝑎𝑟𝑟𝑒𝑠 𝑟𝑒𝑔𝑡𝑎𝑛𝑔𝑙𝑎𝑖𝑟𝑒𝑠
{ 2(𝑎𝑏 + 𝑏𝑏 )𝜏𝑏
Avec : df est le diamètre de barre composite (FRP) (mm),
ftf est la résistance de conception du renforcement (FRP) (MPa),
τb est la contrainte tangentielle moyenne pour les barres composites (FRP) insérées
par NSM, ACI 440.2R (2008) recommande l'utilisation de 6.9 MPa pour τb (MPa),
ab, bb sont les dimensions de la section transversale des barres composites (FRP)
rectangulaire (mm).

I.7. CONCLUSION

Dans les dernières années, comme la technique de renforcement par insertion des barres
composites (FRP) dans le béton d’enrobage des éléments structuraux a bien émergé,
beaucoup de recherches ont été réalisées pour caractériser le comportement d’adhérence entre
les barres composites (FRP) insérées avec la technique NSM et le béton d’enrobage où le
comportement d’adhérence a été notablement différent de celui observé pour le cas
d’adhérence entre les barres en acier et le béton. Une revue complète extraite de la littérature
sur le comportement d’adhérence des armatures insérées avec la technique NSM a été
présentée, y compris les études expérimentales, les modes de ruine, la
modélisation d’adhérence et les écarts des résultats expérimentaux obtenus.

67
II. Chapitre II

Réparation d’une poutre en béton


armé endommagée par corrosion
avec la technique NSM
Chapitre II

II.1. INTRODUCTION

La corrosion de l'acier d’armature est un problème majeur dans les infrastructures en béton
armé. Les coûts supplémentaires causés par ce mécanisme de détérioration s'élèvent à
plusieurs dizaines de milliards d'euros par an. La corrosion d'acier dans le béton armé conduit
à plusieurs défauts majeurs. Tout d'abord, une réduction de la section transversale de l'acier
d’armature et de la ductilité conduit à une rupture précoce de la barre (Almusallam 2001;
Andrade et al. 1990). Deuxièmement, l'expansion des produits de corrosion conduit à une
fissuration du béton d’enrobage et à une détérioration d’adhérence acier-béton, affectant la
rigidité en flexion des éléments en béton armé.
Des études réalisées à travers le monde montrent que la corrosion de l’armature est
responsable de la dégradation de 75% des ouvrages en béton armé et absorbe la plus
grande partie des ressources financières destinées aux activités d'entretien et de
renouvellement des ouvrages de génie civil; ceci est la preuve que ce phénomène doit
être pris très au sérieux. Du fait que de nombreux ouvrages en béton armé dégradés par
corrosion de l’armature exigent de nouvelles interventions peu de temps seulement
après qu'ils ont été réparés pour la même raison, a attiré notre attention et nous a
amené à penser que la corrosion qui fait tant de mal à nos ouvrages en béton armé n'est
pas traitée avec tout le sérieux qui doit lui être dû. Cela peut provoquer du fait que
beaucoup d'ingénieurs et de techniciens, ne procèdent pas au préalable à des
investigations sérieuses pour évaluer l'ampleur des dégâts dans la structure avant
d'engager des travaux de réparation, soit par leur méconnaissance du phénomène de la
corrosion et de la démarche à suivre pour résoudre les problèmes de corrosion, soit
alors qu'ils ne se fient uniquement qu'à l'apparition des dégradations visuelles sur
l'ouvrage telles que : les tâches de rouille, les infiltrations d'eau, l'éclatement du béton,
les fissures. Les conséquences qui en découlent sont : la non-détection des dégradations
cachées qui vont se propager avec le temps, le risque de baser les travaux sur un concept
erroné, la mauvaise évaluation du coût des réparations.
Il existe actuellement plusieurs méthodes de protection ou de réparation des
éléments en béton armé endommagés par corrosion. Celles-ci agissent directement au
niveau de l'acier (revêtements organiques ou métalliques des armatures, inhibiteurs de
corrosion, protection cathodique à courant imposé) ou au niveau du béton, soit en
empêchant la pénétration d'éléments agressifs (revêtement du béton par des peintures
spéciales), soit par ajout de matières (béton projeté, armatures collées).
Depuis les années 1980 - 1990, des techniques de renforcement à l'aide des matériaux
composites collés sur la surface extérieure ont été développés. En général, les matériaux
composites ont de meilleures propriétés mécaniques, physiques et chimiques que l'acier. Les
applications des matériaux composites pour la réparation ou le renforcement des structures en
béton armé ont augmenté rapidement dans le monde entier (U. Meier et al. 1992; Steiner
1996; Nanni 1997; Katsumata et al. 2001; Grace et al. 2003; Al-Mahmoud et al. 2009).
L'utilisation des matériaux composites pour renforcer et/ou réparer les infrastructures
endommagées par corrosion des aciers est très récente. Des études sont disponibles dans la
littérature à ce sujet (Sherwood et al. 1999; Soudki et al. 2000; Kreit et al. 2010). La
plupart de ces études ont adapté une technique du collage des tissus composites sur la
surface extérieure afin de réparer les éléments endommagés par corrosion. Cependant,

70
Chapitre II

l'utilisation des matériaux composites collés sur la surface extérieure peut être difficile dans
certains cas. Premièrement, toutes les applications des matériaux composites stratifiés sur la
surface extérieure nécessitent une préparation, par exemple remplissage des fissures
longitudinales dues à la corrosion en utilisant une colle époxy. Deuxièmement, l’application
des matériaux composites stratifiés collés sur la surface extérieure peut être impossible ou
difficile à réaliser pour certaines structures, par exemple la partie d’une poutre console dont la
surface peut être soumise à des contraintes spécifiques (haute température), sous-
dimensionnement des aciers tendus dans les dalles en console et les structures endommagées
où il n'est pas possible de coller des matériaux composites stratifiés sur la surface extérieure
à cause d'un risque de délamination. L’utilisation des barres composites insérées avec la
technique NSM afin de réparer ou renforcer des structures en béton armé est en train
d'émerger comme une nouvelle technologie pour augmenter la résistance au cisaillement ou
en flexion des éléments endommagés. L’utilisation de la technologie de NSM avec les
matériaux composites (FRP) pourrait être particulièrement intéressante pour réparer en
flexion des zones soumises aux dommages mécaniques ou aux attaques de l'environnement.
Le système NSM par rapport à la technique du collage des tissus composites sur la surface
extérieure, a un certain nombre d'avantages (Voir § I.3.2).
Certaines études sur la technologie de réparation par système NSM en utilisant les
matériaux composites (FRP) sont déjà disponibles, y compris le renforcement au cisaillement
et en flexion (De Lorenzis et al. 2000; T. Hassan et al. 2003; T. Hassan et al. 2004; Yost et
al. 2007), en comprenant les paramètres suivants : la longueur d’ancrage, l‘adhérence et
les modes de ruine (Al-Mahmoud et al. 2006; Cruz et al. 2004; De Lorenzis et al. 2004; De
Lorenzis & Nanni 2002).

II.2. REVUE DE LA LITTERATURE SUR LA REPARATION DES ELEMENTS EN


BETON ARME ENDOMMAGES PAR CORROSION EN UTILISANT LES MATERIAUX
COMPOSITES

Les réparations des éléments en béton armé sont appliquées lorsque ce matériau est
visiblement dégradé. Les normes Européennes EN 1504 définissent les méthodes de
réparations du béton. Les réhabilitations d’un élément en béton armé concernent un
matériau qui semble sain, mais dans lequel les aciers sont corrodés. Différentes
méthodes de réparations peuvent être associées sur le même ouvrage à traiter. D’une
façon générale, les phases d’une réparation d’armatures dégradées par corrosion,
dépendent de la forme de dégradation observée.
Parmi les techniques de réparation des structures en béton armé endommagées par
corrosion trouvées dans la littérature ainsi que dans la pratique, la technologie du collage
des tissus composites sur la surface extérieure est étudié dans l'état de l'art de la technique la
réparation (ACI 440.2R 2008; Bakis et al. 2002; Balaguru et al. 2009; Taljsten 2002). C'est
principalement parce que les matériaux composites ont des avantages supérieurs par rapport
aux méthodes classiques. Les travaux sur la réparation des structures en béton armé
endommagées par corrosion avec des tissus collés sur la surface extérieure ont souvent
exclus les procédures de patch de réparation qui consiste à enlever le béton endommagé et
ensuite à appliquer un mortier de réparation approprié, (Al-Saidy et al. 2010; Badawi et al.
2005; El Maaddawy et al. 2005; Gadve et al. 2009; Soudki et al. 2000). En termes de la
capacité portante, Badawi & Soudki (2005), El Maaddawy & Soudki (2005a), Soudki &
Sherwood (2000b), et Al-Saidy et al. (2010) ont montré que la réparation des structures en

71
Chapitre II

béton armé endommagées par corrosion en utilisant les matériaux composites sans patch est
capable d'améliorer la capacité portante initiale de ces structures. Avec l’augmentation de la
capacité portante après la réparation par matériaux composites, la charge de service de la
structure réparée est généralement augmentée (Balaguru et al. 2009; Taljsten 2002).
Plusieurs études expérimentales sont présentées ci-après sur l'utilisation des
matériaux composites afin de réparer des éléments en béton armé endommagés par
corrosion.

II.2.1. Soudki, (2006)

Soudki (2006) ont réalisé un programme expérimental de plusieurs phrases à


l'Université de Waterloo pour étudier la viabilité de l'utilisation des matériaux
composites (FRP) collés sur la surface extérieure afin de réparation des poutres en
béton armé endommagées par corrosion. Plusieurs poutres en béton armé avec des
niveaux variables de chlorure de 0 à 3% ont été construites. Les aciers tendus des
éprouvettes ont été soumis à une corrosion accélérée au moyen d'un courant imposé
(140 mA/cm²) jusqu'à la perte de masse de 5, 10 et 15%. Après la phase de corrosion,
des poutres ont été réparées par collage des tissus composites de carbone sur la surface
extérieure. Les éprouvettes ont été testées en flexion de quatre points. Les résultats des
essais ont montré que les tissus composites (FRP) collés sur la surface extérieure ont
limité avec succès la fissuration due à la corrosion et l’éclatement dû à l’expansion des
produits de corrosion. Toutes les poutres corrodées et réparées ont montré une rigidité
accrue et une augmentation du moment de plastification (21%) et de la capacité
portante (28%) par rapport aux poutres corrodées non-réparées. Les effets de la
corrosion sur le comportement en flexion des poutres réparées ont été :
 Le moment de plastification des poutres corrodées et réparées a été réduit de
1% et 3% pour 5.5% et 10.5% de perte de masse, respectivement, par rapport à la
poutre témoins (non-corrodée renforcée).
 La capacité portante a été réduite de 2.1% et 4.2% pour 5.5% et 10.5% de perte
de masse, respectivement, par rapport à la poutre témoins.
D’après Soudki (2006), la technique de réparation avec des tissus composites de
carbone (CFRP) a été capable de restaurer la capacité portante des poutres
endommagées par corrosion jusqu’à une perte de masse des aciers tendus de 15%.

II.2.2. Bonacci et Maalej (2000)

Bonacci & Maalej (2000) ont réalisé un programme expérimental afin d’évaluer d’une
manière réaliste l'utilisation des matériaux composites (FRP) pour réparer en flexion des
éléments de béton armé endommagés par corrosion. Le programme expérimental comprenait
sept poutres en béton armé de 270 × 400 mm de section transversale et de 4350 mm de
longueur. Quatre des sept poutres ont été renforcées par technique du collage des tissus
composites de carbone (CFRP) sur la surface extérieure. Les paramètres variables
considérés incluaient l’état d’endommagement (endommagé versus non-endommagé) et l’état
de chargement lors de réparation (sous charge maintenue versus sans charge).

72
Chapitre II

L’endommagement a été réalisé sur quatre poutres en béton armé en utilisant une
technique de corrosion accélérée développée à l'Université de Toronto. Les résultats
expérimentaux ont montré que la technique de collage sur la surface extérieure a
augmenté la capacité portante des poutres réparées de 10% à 35% et réduite la flèche
ultime de 10 à 32% par rapport à la poutre témoin. Les résultats ont également
montré que l'utilisation des tissus composites de carbone (CFRP) pour la réparation
des poutres en béton armé corrodées est une technique efficace qui peut maintenir l’état
structural et améliorer son comportement.

II.2.3. Lee et al (2000)

Lee et al. (2000) ont réalisé un programme expérimental pour étudier l’efficacité de
la réparation des colonnes en béton armé à grande échelle endommagées par la
corrosion en utilisant des tissus de carbone collés sur la surface extérieure. Les colonnes
ont été soumises à un système d’accélération de la corrosion avant la réparation. La
corrosion accélérée a été réalisé par l’addition de chlorure de sodium dans l’eau de
gâchage, l’application d’un courant à la cage d’acier d’armature, et la soumission des
éprouvettes à un cycle d’humidification et de séchage. Les résultats expérimentaux ont
montré que les réparations par la technique du collage des tissus composites sur la
surface extérieure ont amélioré la résistance des éléments réparés de manière
significative et ont retardé le taux de corrosion après réparation. De plus, la sujette
d’une colonne réparée à une corrosion intensive après la réparation n’a causé aucune
perte de capacité portante ou de rigidité, et n’a résulté qu’en une faible réduction de la
ductilité de l’élément réparé.

II.2.4. El Maaddawy et Soudki (2005)

El Maaddawy et al. (2005) ont étudié la faisabilité et la viabilité de l'utilisation la


technique du collage sur la surface extérieure des tissus de carbone afin de prolonger la durée
de vie des poutres en béton armé endommagées par la corrosion. Des poutres de dimensions
152 × 254 × 3200 mm ont été soumises à différents niveaux de corrosion jusqu'à une perte de
masse de 31% en utilisant un courant imposé de150 µA/cm² pour accélérer la corrosion.
Toutes les poutres ont été testées jusqu’à la ruine en flexion 4-points. El Maaddawy et al.
(2005) ont trouvé que la corrosion de l'acier d’armature réduit fortement la capacité portante
de poutres en béton armé. De plus, la réparation par la technique du collage des tissus de
carbone sur la surface extérieure a augmenté la capacité portante des poutres corrodées
jusqu’à des niveaux supérieurs que celle d’une poutre témoin (non-corrodée non-réparée), et
pour tous les niveaux de corrosion étudiés. Par exemple : la capacité portante d'une poutre
corrodée avec une perte de masse de 31% et puis réparée était de 73% plus élevée que celle
d'une poutre similaire corrodée non-réparée et de 31% plus élevée que celle de la poutre
témoin, mais il y avait une réduction significative de la flèche ultime d’environ 46% inférieur
à celle d’une poutre corrodée non-réparée.

II.2.5. Kutarba et al. (2007)

Kutarba et al. (2007) ont réalisé un programme expérimental afin d’évaluer la réparation
des poutres en béton armé endommagées par la corrosion en utilisant un patch de réparation
(rapiéçage) et la technique du collage des tissus composites de carbone sur la surface
extérieure (CFRP). Les poutres en béton armé de dimensions de 205 × 300 × 2920 mm, ont

73
Chapitre II

d'abord été soumises à une charge de flexion suffisante (largeur des fissures minimum de 0.33
mm à mi-portée) afin d’avoir des poutres pré-fissurées. La solution saline de 5% en poids de
NaCl est ensuite a été continuellement coulé sur les surfaces latérales et en bas de la poutre
dans la zone fissurée avec des cycles d’une semaine de humidification-séchage. Un potentiel
électrique de 5 volts a été également imposé pour accélérer la corrosion. Le processus de la
corrosion a été achevé après 28 semaines d'exposition et ces poutres ont abouti à un
endommagement sévère dans le béton d’enrobage. Le béton endommagé a été alors enlevé
autour des aciers tendus corrodés qui ont été ensuite nettoyés. Un patch de réparation
« Patching material » en béton ordinaire a été utilisé pour restaurer chaque poutre à ses
dimensions d'origine. Le renforcement par les matériaux composites (CFRP) des poutres
réparées a été appliqué à certaines poutres afin de compléter le processus de réhabilitation. La
moitié des éprouvettes a été testée jusqu’à la ruine par un chargement en flexion de 4 points
pour évaluer la capacité portante des poutres réparées et renforcées. Kutarba et al. (2007) ont
trouvé les résultats suivants :
 Les poutres réparées en utilisant un patch de réparation (Patching material) ont perdu
8% de sa capacité portante par rapport à la poutre témoin.
 La poutre renforcée par les matériaux composites sans patch de réparation a perdu de
9% de sa capacité portante par rapport à celle réparée par patch et renforcée ensuite par les
matériaux composites.
 Les poutres réparées par patch (Patching material) et ensuite renforcées par les
matériaux composites (CFRP) ont une augmentation de la capacité portante par rapport à celle
témoin entre 14% et 47% selon le type de renforcement appliqué.
 La corrosion a provoqué une perte de rigidité des éprouvettes, celle qui peut être
compensée par la technique du collage de tissus de carbone à la surface extérieure.
 Le collage sur la surface extérieure des tissus de carbone a diminué les taux de
corrosion après le stage de la réparation en réduisant au minimum la diffusion des ions
chlorures dans le béton fissuré.

II.2.6. Parish (2009)

Une étude expérimentale a été réalisée par Parish (2009) afin de déterminer l'efficacité de
la réparation des poutres corrodées avec la technique du collage des tissus de carbone (CFRP)
sur la surface extérieure à court et à long terme. Cette étude en deux parties se composait de
35 poutres en béton armé à grande échelle. La 1ère partie se composait de 14 poutres de
dimensions 150 × 200 × 2750 mm et la 2ème partie se composait de 21 poutres de dimensions
150 × 200 × 2000 mm. Les poutres ont été coulées en utilisant un béton contaminé au
chlorure (5% de NaCl en poids de ciment), d’une résistance du béton en compression faible
(f’c28 = 16.5 - 24 MPa), et très poreux. Ces poutres étaient vieillies par l’imposition d’un
courant électrique d’une densité de 178 et 316 mA/cm² pour le 1er et le 2ème type des poutres
respectivement), la perte de section d’acier était entre 5.6% et 15.6% pour les poutres de 1ère
partie et 22.5% pour les poutres de 2ème partie.
Dans la 1ère partie, deux méthodes de réparation ont été comparées, l’injection de
fissures à l’époxy et le remplacement complet du béton d’enrobage endommagé en
utilisant un patch de réparation en béton modifié avec des polymères et ensuite les
poutres sont renforcées par collage des tissus de carbone sur la surface extérieure. La
durabilité à long terme a été étudiée aussi en provoquant une corrosion supplémentaire
après la réparation. Dans la 2ème partie expérimentale, les poutres endommagées ont été
réparées par un patch en béton modifié avec des polymères, ensuite ces poutres

74
Chapitre II

réparées sont renforcées par la technique du collage de tissus de carbone sur la surface
extérieure et avec trois systèmes d'ancrage. Le premier schéma ne comptait que de
renforcement en flexion sans ancrage, le deuxième schéma se composait seulement de
deux ancrages placés sur chaque poutre, et le troisième schéma se composait de huit
ancrages espacés uniformément le long de chaque poutre. Dans la 1ère partie, il a été
trouvé que toutes les poutres ont retrouvé une nouvelle détérioration et une réduction de la
capacité portante à la corrosion supplémentaire après le renforcement, par contre la
réparation par un patch en béton modifié avec des polymères et avec des inhibiteurs de
corrosion était la méthode la plus durable. Dans la 2ème partie, il n'y avait pas de
différence significative de la capacité portante, la déformation, ou la rigidité entre les
trois systèmes d'ancrage. Les systèmes d'ancrage ne semblent pas aboutir à des
différences dans le comportement global et il a conclu que plus d'ancrage transversal en
forme de U offrirait une réparation à long terme plus sécurisée

II.2.7. Malumbela et al. (2011)

Malumbela et al. (2011) ont effectué un programme expérimental afin d’évaluer


l'efficacité de l’utilisation d’un patch de réparation et de la technique de collage de tissus de
carbone sur la surface extérieure pour restaurer la capacité portante de poutres en béton
armé (153 × 254 × 3000 mm) qui ont été corrodées et réparées sous de charges maintenues
(8% et 12% de la charge ultime d’une poutre témoin non-corrodée). La corrosion de l'acier a
été induite en utilisant deux procédures séquentielles de la corrosion, premièrement une
corrosion accélérée en impliquant un courant anodique (200 µA/cm²) suivie d’une
corrosion naturelle. Ils ont été trouvés que :

 Le collage des tissus de carbone sur la surface de béton fissurée due à la


corrosion peut réduire l’ouverture des fissures de corrosion si les tissus
composites sont collés directement sur les fissures de corrosion et en direction
de leur propagation.
 Le renforcement avec la technique du collage des tissus de carbone sur la surface
extérieure sans l’application d’un patch de réparation a augmenté la capacité
portante des poutres endommagées, mais réduit la durabilité en termes
d'ouverture des fissures. Par contre, l’application d’un patch de réparation
seulement ne peut pas prolonger la durée de vie de poutres endommagées par la
corrosion, mais seulement la maintenir.
 Pour des niveaux élevés de corrosion, les fissures dues à la corrosion dans la
poutre peuvent provoquer un éclatement du béton d’enrobage, en se produisant
une ruine précoce par décollement des tissus composites.
 Afin de restaurer entièrement les propriétés d'un élément en béton armé
endommagée par la corrosion en termes d’ouverture de fissures et de capacité
portante, le béton endommagé devrait être remplacé par un patch de
réparation et la perte de section de l'acier d’armature devrait être compensée par
un renforcement de matériaux composites.

II.2.8. Al-Saidy et al. (2011)

Al-Saidy et al. (2011) ont réalisé un programme expérimental sur de poutres en béton
armé d’une section transversale 100 × 150 mm et de 2 700 mm de longueur et exposées à une
corrosion accélérée. La perte de section transversale de l'acier tendu due à la corrosion a varié

75
Chapitre II

de 5% à 15%. La moitié des poutres endommagées ont été réparées par la technique du
collage des tissus de carbone (CFRP) sur la surface tendue extérieure pour récupérer la perte
de la capacité portante due à la corrosion. L'autre moitié des poutres a été nettoyé en enlevant
le béton éclaté et en nettoyant soigneusement les aciers rouillés. Un patch de réparation en
béton a été coulé pour remplacer le béton enlevé. Ensuite, des tissus de carbone (CFRP)
étaient collés sur le patch de réparation.
Al-Saidy et al. (2011) ont conclu que :

 La réparation des poutres endommagées par la corrosion avec des tissus de


carbone (CFRP) collés sur la surface extérieure est efficace et toutes les poutres
corrodées et réparées ont montré une capacité portante plus élevée que celle des
poutres endommagées non-réparées.
 L’application d’un patch de réparation avant le renforcement par collage des
tissus de carbone sur la surface extérieure est plus efficace pour le mécanisme de
transfert de charge entre les matériaux composites et le béton que le collage du
renforcement de façon directe sur la surface extérieure du béton dégradé dans la
poutre corrodée.
 Les poutres réparées avec des tissus de carbone CFRP sans remplacer le béton
dégradé ont montré une perte de la capacité portante en moyenne de 13% par
rapport à celles réparées en remplaçant le béton dégradé et ont besoin d’un
ancrage transversal en forme de U des tissus composites (CFRP) pour améliorer
la performance structurelle.
 La flèche ultime à mi-portée des poutres réparées par collage sur la surface
extérieure des tissus de carbone (CFRP) était inférieure à celle ultime des poutres
non-réparées (Al-Saidy et al. 2010).
En conclusion, les essais expérimentaux qui sont effectués sur des poutres endommagées
par la corrosion et réparées avec le système du collage sur la surface extérieure ont montré
une rigidité et une capacité portante plus importantes que celles des poutres corrodées non-
réparées. Ils ont également été montrés que la technique de réparation par le collage des tissus
composite sur la surface extérieure réduit les taux de corrosion dans l’acier d’armature en
réduisant au minimum la diffusion des chlorures dans le béton. Cependant, jusqu’à présent
très peu de littérature est disponible sur la réparation des éléments en béton armé
endommagés par la corrosion et puis réparés en utilisant des barres composites insérées avec
la technique NSM.

II.3. CONTEXTE EXPERIMENTAL

Un programme à long terme expérimental a été lancé au L.M.D.C. de Toulouse (François


et al. 1994) en 1984. L'objectif était d'étudier l'évolution du processus de corrosion d’acier
d’armature dans le béton armé, ceci en se rapprochant au maximum des conditions réelles de
fonctionnement de la structure. Pour cela, des poutres de dimensions représentatives des
éléments de béton armé mis en œuvre dans la construction ont été conservées dans une
ambiance saline. Celle-ci est générée par un brouillard dont le taux de salinité est équivalent à
celui de l'eau de mer. De plus, durant toute la durée de leur conservation en brouillard salin,
les poutres (section 150 × 280 mm et longueur 3 000 mm) ont été maintenues sous différents
niveaux de chargement en flexion 3 points, permettant ainsi de reconstituer un réseau fissuré
correspondant à celui des structures réelles. Ces poutres, initialement au nombre de 68, sont
séparées en deux groupes distincts qui se différencient par leurs cages d'armatures. La Figure

76
Chapitre II

II-1 donne le plan de ferraillage de poutre de type B, car l'étude réalisée dans ce travail n'a
porté que sur les poutres en béton armé de type B.

I
HA6 /220 2 HA6

2 HA12

3 000

I 2 HA6

10
14 cadres
HA6

280
10
2 HA12
150
Section I-I
Figure II-1 : Plan de ferraillage des poutres de type B (toutes les dimensions en mm).
Le premier groupe comprend les poutres de type A : Ces poutres étaient conformes à la
réglementation française en vigueur au moment de la fabrication (B.A.E.L. 83) vis à vis des
états limites de service en fissuration très préjudiciable. Les principaux critères étaient : Φ
armatures ≥ 8 mm, enrobage ≥ 4 cm, contrainte de l'acier < min 0.5fe ou 110η (fe étant la
limite élastique de l'acier et η le coefficient d'adhérence). L'enrobage requis (4 cm) était la
valeur maximale imposable par le règlement français.
Le second groupe comprend les poutres de type B : Ces poutres étaient conformes à la
réglementation française vis à vis des états limites de service en fissuration non préjudiciable.
Les principaux critères étaient : Φ armatures ≥ 6 mm et enrobage ≥ 1 cm. L'enrobage requis (1
cm) était la valeur minimale imposable par le règlement français.
L'étude entreprise se plaçait donc volontairement aux deux bornes des prescriptions
réglementaires concernant les problèmes de durabilité liés à la corrosion d’acier
d’armature. Les poutres de béton armé sont maintenues sous chargement en flexion 3-
points, en associant une poutre de type A à une poutre de type B (Figure II-2). La poutre
de type A se retrouve ainsi "à l'envers" par rapport à une utilisation normale. La surface
par laquelle est mis en place le béton (surface supérieure) correspond à la fibre la plus
tendue pour les poutres A et à la fibre la plus comprimée pour les poutres B.
Deux intensités de chargement ont été appliquées :
 la sollicitation 1 correspond pour les poutres de type A à la charge de service
déterminée par un dimensionnement aux ELS fissuration très préjudiciable, soit en
même temps pour les poutres de type B, à la charge de service déterminée par un

77
Chapitre II

dimensionnement aux ELU. On obtient Mser1 = 13.5 kN.m (type B1 et A1). Elle est égale à
50% de la charge de rupture à 28 jours pour les poutres B1.
 la sollicitation 2 correspond pour les poutres de type A à la charge de service
déterminée par un dimensionnement aux ELU. On peut alors caractériser cette charge
pour les poutres de type B comme imposant aux aciers tendus une contrainte normale
double de celle autorisée aux ELS fissuration très préjudiciable. On obtient M ser2 =21.2
kN.m (type B2 et A2). Elle est égale à 80% de la charge de rupture à 28 jours pour les
poutres B2.
Le dispositif de mise en charge est constitué de deux tiges Φ 16 mm en Fe40 et de
deux profilés UAP 80 renforcés en Fe24 (Figure II-2). Chaque système est instrumenté à
l'aide de quatre jauges extenso-métriques, l'ensemble constitue ainsi un capteur de force
permettant de charger les poutres de béton armé mais aussi de contrôler et de réajuster
la charge appliquée au cours du temps.

Figure II-2 : Dispositif de mise en charge.


L'étude des poutres corrodées a été réalisée en comparaison avec le comportement
mécanique de poutres témoins. La seule différence entre les deux ensembles de corps
d'épreuve réside en leur mode de conservation depuis 1984.
Les poutres corrodées ont été exposées pendant 19 ans à une ambiance saline. Le
brouillard salin est généré par quatre pulvérisateurs en Plexiglas (Figure II-3) alimentés
en air comprimé à 0.1 MPa et en eau salée à 35 g de NaCl par litre, cette concentration en
sel étant équivalente en masse à celle de l'eau de mer. La surface supérieure
correspondant à la face de coulage, c'est la zone de béton comprimé qui est la plus
exposée à la pulvérisation.
Historique des pulvérisations depuis 1984 :
 de 0 à 6 ans : pulvérisation continue, la température étant quasi constante et égale à
celle du laboratoire (≈ 20°C),
 de 6 à 9 ans : pulvérisation par cycles (1 semaine de pulvérisation et 1 semaine de
séchage), la température étant quasi constante et égale à celle du laboratoire (≈ 20°C,
HR ≈ 50%),
 de 9 à 19 ans : pulvérisation par cycles (1 semaine de pulvérisation et 1 semaine de
séchage), les poutres ayant été déménagées dans une enceinte située à l'extérieur du
laboratoire, la température de conservation est variable et correspond à celle du
climat Toulousain.
 De 19 à 23 ans : cycles ont été arrêtés, les poutres étaient encore stockées dans le
local confiné et exposés à la température extérieure.

78
Chapitre II

Figure II-3 : Schéma de la première enceinte de conservation en ambiance saline.


Les poutres témoins ont été conservées dans une enceinte confinée, à la
température du laboratoire (T≈20°C) des cycles d'humidification ont été réalisés.
Historiques des cycles d’humidification :
 de 0 à 6 ans : cycles de 15 jours de séchage et 7 jours d'humidification à 100%
d'humidité relative, ceci afin de pouvoir réaliser des mesures de potentiel,
 de 6 à 23 ans : arrêt des cycles d'humidification, l'humidité relative est alors égale à
celle du laboratoire.
Bien que ce soit une version d’accélération du processus réel, la corrosion obtenue était
beaucoup plus proche de celle observée dans des conditions naturelles, en ce qui concerne la
distribution de corrosion, le type de corrosion et les oxydes produits, que ceux résultant de
l'utilisation d'un courant imposé ou un mélange de CaCl2 dans le béton.
À différentes étapes, des études expérimentales ont été réalisées sur des poutres afin
d'évaluer le développement de corrosion sous contrainte, en mesurant la teneur en chlorure et
d'analyser la variation du comportement mécanique (Hamdan 1993; François et al. 1994;
Castel et al. 2000a; Castel et al. 2000b; Vidal et al. 2007; R. Zhang et al. 2009).
Le programme expérimental rapporté dans ce chapitre a étudié quatre poutres de
type B, deux poutres corrodées et deux poutres témoins. Parmi les deux poutres
corrodées, une a été conservée sous une charge correspondant à la sollicitation 1. Elle
sera notée par la suite B1CL1. L’autre a été conservée sous une charge correspondant à

79
Chapitre II

la sollicitation 2. Elle sera notée par la suite B2CL1. Enfin, les poutres témoins utilisées
correspondent à une B1 et une B2. Elles seront notées B1T et B2T.

II.4. PROPRIETES DES MATERIAUX

II.4.1. Béton

La composition du béton est donnée dans le Tableau II-1. Les granulats utilisés
provenaient de la chaîne des Pyrénées et étaient constitués de gneiss, de schistes, de
granites et de calcite. La mise en place du béton dans le coffrage s'est effectuée par
vibration à l'aiguille vibrante. Des essais à la traction par fendage et de compression sur
les éprouvettes de contrôle, âgées de 28 jours, ont fourni les résultats suivants :
 La résistance à la traction par fendage à 28 jours est ft28 = 4.7 MPa,
 La moyenne de la contrainte de rupture en compression à 28 jours, calculée sur 3
essais, est 45.4 MPa avec un écart type 2.4 MPa. Où la contrainte caractéristique : f’c28 =
45.4 - 1.28 × 2.4 = 42.3 MPa qui a été la valeur utilisée pour la mise en œuvre des calculs
réglementaires de béton armé. Le module élastique du béton est d'environ 32 000 MPa.
Le rapport eau/ciment est de 0.5 mais la teneur en eau a été ajusté, c'est à dire à 0.49 ou
0.48 pour obtenir une maniabilité constante de 7 cm dans l’essai d'affaissement. Les
résistances du béton en compression et à la traction ont été mesurées en 1998 et 2007
(valeurs moyennes sur trois carottes cylindriques) se sont significativement améliorée par
rapport à la performance à 28 jours. Pour mesurer les caractéristiques du béton en 2007,
trois carottes cylindriques de 70 × 140 mm, ont été forées à partir de chaque poutre et ont
été testées en compression et à la traction (voir la
Figure II-4 et Tableau II-2).

Figure II-4 : Dispositif d’essais de fendage sur des éprouvettes de la poutre témoin B2T.

II.4.2. Acier d'armature

Les armatures sont constituées d'aciers naturellement mi-durs de type Fe40 de


limite élastique théorique de 400 MPa. La réalisation des cages des armatures a été
confiée à la société de préfabrication SODAFER, afin notamment d'augmenter la
crédibilité des corps d'épreuve vis-à-vis des éléments utilisés dans le bâtiment.

80
Chapitre II

Deux échantillons de l’acier d’armature de 700 mm de longueur et de 12 mm de


diamètre qui sont retirées après avoir cassé les poutres, ont été testées à la traction pure
pour déterminer la limite d'élasticité, la résistance ultime, le module élastique, et la rigidité
de post-plastification. Le Tableau II-3 donne les valeurs moyennes pour les échantillons qui
ont été testés. Une relation typique de contrainte-déformation pour l'acier d'armature est
illustrée à la Figure II-3.

Composition du béton

Granulats roulés silico-calcaires (5/15mm) 1093 kg/m3

Sable (0/5mm) 734 kg/m3

Ciment CPA 55R (1984) 358 kg/m3

Eau 179 kg/m3

Composition chimique du ciment

% SiO2 Al2O3 Fe2O3 CaO MgO SO3 Na2O


Poids 21.4 6.0 2.3 63.0 1.4 3.0 0.5
Tableau II-1 : Composition du béton et composition chimique du ciment.
Après 23 ans Après 14 ans
Mechanical characteristics Après 28 Kreit et al. 2010 Castel et al. 2000a
jours
B2CL1 B2T B1T B1CL1

Résistances en compression (MPa) 45 52.7 51.2 65.3 63.4

Résistance à la traction (MPa) 4.7 4.4 5.1 6.8 6.5

Module élastique (MPa) 32 000 36 930 35 850 36 300 35 000

Tableau II-2: Caractéristiques mécaniques du béton.


Module Post-
Limite Résistance Déformatio Déformatio
Acier d'élasticit plastificatio
élastique ultime n plastique n ultime
d’armature é n
(MPa) (MPa) (%) (%)
(MPa) (MPa)
No. 1 565 641 209 309 2 300 0.28 3.4
Acier de la poutre

No. 2 571 630 209 345 1 460 0.27 3.4


corrodée

No. 3 576 621 209 375 1 400 0.27 3.5

Moyenne 570 631 209 342 1 850 0.275 3.45


Acier de la
600 641 212 794 4 300 0.28 3.4
poutre témoin
Tableau II-3 : Caractéristiques mécaniques des barres d’armature d’acier.

II.4.3. Jonc de carbone

Les joncs de carbone ont été fabriqués en France par la société « Soficar », voir
l’Annexe 1. Al-Mahmoud et al. (2007) a testé à la traction simple trois joncs de carbone
lisse de 100 cm de longueur et de 12 mm de diamètre. Le jonc de carbone a été ancré à
ces deux extrémités dans des cylindres en acier rempli préalablement de résine époxy.

81
Chapitre II

Les essais ont consisté à enregistrer la charge à la traction appliquée aux extrémités du
jonc et les déformations mesurées par l’intermédiaire de deux jauges extenso-métriques
de 30 mm de longueur collées symétriquement sur chaque côté de jonc. Ainsi, la valeur
de déformation utilisée pour calculer le module d’élasticité correspond à la valeur
moyenne. La Figure I-5 montre le mode de rupture du jonc de carbone soumis à la
traction directe. La rupture des trois éprouvettes était brutale. Elle a commencé par la
désolidarisation des fibres et a fini par la rupture du jonc (Figure I-9). Les joncs se sont
coupés longitudinalement en différents morceaux.

Figure II-5 : Mode de rupture à la traction des joncs de carbone par Al-Mahmoud et
al. (2007).
Comme représenté sur la Figure II-6, la courbe de contrainte-déformation des joncs
de carbone est linéaire jusqu'au point de rupture. Cette courbe ne montre pas de palier
de plastification comme celui observé pour les barres d’acier. Le Tableau II-4 récapitule
la moyenne de la contrainte maximale à la traction directe et le module d'élasticité
obtenus par Al-Mahmoud et al. (2007) et les caractéristiques mécaniques du jonc de
carbone fournies par la société Soficar. Nous notons que le module d'élasticité des joncs
de carbone est inférieur à celui de l'acier (d’environ 30%) et que la charge maximale est
d’environ quatre fois celle de l'acier.
Les joncs de carbones initialement lisses présentaient une mauvaise adhérence avec
le béton ou le mortier de scellement, ceci du fait de la très faible rugosité des fibres de
carbone constituant la surface extérieure. Plusieurs méthodes avaient été testées afin
d’améliorer la surface des joncs de carbone (Al-Mahmoud et al. 2007) : cloutage par
collage de sable de différentes granulométries, usinage extérieur sur le jonc de carbone.
La meilleure adhérence avec les matériaux cimentaires avait été obtenue pour la
configuration en utilisant le sable de granulométrie intermédiaire (0.2/0.3 mm). Ce type
de cloutage consiste dans un premier temps à appliquer une couche mince de résine
époxy Eponal 380 (Voir l’Annexe 2) sur la surface de jonc de carbone puis, de répandre
une couche de grains de sable sur le jonc, d’après Al-Mahmoud et al. (2007), ce type de
jonc clouté présente une contrainte ultime d’adhérence environ 50% plus élevée que
celle mesurée sur la barre d’acier HA.
Résistance ultime Module d'élasticité
Jonc de carbone
MPa MPa

82
Chapitre II

Essai par fabricant 2 300 150 000

Essai au LMDC par Al-Mahmoud 2007 1 875 145 900


Tableau II-4 : Caractéristiques mécaniques de jonc de carbone.
2500
Résistance à la traction (MPa)

2000
Acier de la poutre témoin
1500 Acier de la poutre corrodée
CFRP essai par Fabricant
CFRP essai au LMDC
1000

500

0
0,0%
2,0% 3,0% 1,0% 4,0% 5,0%
Déforamation
Figure II-6 : Courbes contrainte-déformation à la traction typique des aciers d’armature et
de jonc de carbone.

II.4.4. Matériau de scellement

La résine utilisée pour le scellement de jonc est une résine époxyde sans solvant à
deux composants (Eponal 336, voir l’Annexe 3). D’après Al-Mahmoud et al. (2007), la
résine époxyde a montré une meilleure performance que le mortier quel que soit la
configuration de l’essai (arrachement direct et tirant). La préparation de la résine
époxyde consiste à ajouter le durcisseur à la résine et mélanger soigneusement pendant
2 à 3 min jusqu’à obtenir l’uniformité de la teinte avec un agitateur à hélice, à vitesse de
rotation lente (300 t/min maximum) pour éviter l’inclusion de bulles d’air. Les mélanges
sont immédiatement utilisés après leur préparation. Les caractéristiques de la résine
après 7 jours de durcissement à 20°C sont présentées au Tableau II-5.
Dureté Shore D 24 heures 80
Dureté 2 jours 82
7 jours 83
Résistance à la rupture 29.5 ± 1.0 MPa
Traction (1 mm/min) Allongement à la rupture 0.65% ± 0.10%
Module E (0.2%) 4940 ± 170 MPa
Résistance en compression 83.0 ± 1.6 MPa
Compression (1
Compression en% 4.3% ± 0.3%
mm/min)
Module E (0.2%) 4200 ± 150 MPa
Résistance à la flèche 48 ± 4 MPa
Flexion (2 mm/min) Flèche maxi 2.5 ± 0.1 mm
Module E 5050 ± 450 MPa
Tableau II-5 : Caractéristiques mécaniques de la résine Eponal 380 après durcissement 7
jours à 20°C (par la société Bostik).

83
Chapitre II

II.5. CARACTERISATION DE LA PERFORMANCE MECANIQUE RESIDUELLE DES


POUTRES CORRODEES (B2CL1 & B1CL1)

II.5.1. Carte de fissuration

Les poutres corrodées présentent une importante fissuration longitudinale résultant de la


corrosion des aciers tendus ou comprimés (fissuration secondaire). Cependant, elles possèdent
des faciès de corrosion tout à fait différents. En effet, les poutres B1CL1 et B2CL1 présentent
une fissuration longitudinale plus développée le long des armatures tendues et moins
développée dans la zone comprimée.
L’élaboration de la carte de fissuration est réalisée en relevant la position précise des
fissures de flexion et des fissures longitudinales dues à la corrosion. Les ouvertures des
fissures provoquées par l’expansion des produits de corrosion sont ensuite mesurées à l’aide
d’une binoculaire avec une précision de l’ordre de 0.02 mm. N’étant pas engendrées par la
corrosion de l’acier d’armature, les ouvertures des fissures transversales de flexion ne sont pas
reportées sur la carte.
Les cartes de fissuration de chaque surface des poutres corrodées B2CL1 et B1CL1 sont
présentées dans les Figures II-7 et II-8 respectivement après 14 ans d'exposition. Les
Figures II-9 et II-10 présentent les cartes de fissuration de la poutre B2CL1 dans ce cas,
après 19 et 23 années respectivement dans un environnement salin.
Pour B1CL1 à 14 ans (Figure II-7), seulement quatre fissures de corrosion réparties
aléatoirement le long de renforcement ont été localisées dans la zone de compression. Leurs
largeurs sont inférieures à 0.5 mm. Au contraire, les fissures de corrosion dans la zone tendue
étaient plus concentrées dans la partie centrale. Elles sont surtout localisées à mi-portée de la
surface arrière, la largeur de fissures avait atteint 1.4 mm. Pour la poutre B2CL1 à 14 ans
(Figure II-8), même si elle est également plus corrodée dans la zone tendue avec une largeur
des fissures de corrosion maximale atteignant 2 mm, la plus large fissure n'était pas dans la
zone de moment de flexion maximal comme la poutre B1CL1. Dans la zone de compression,
toutes les fissures ont une ouverture inférieure à 0.4 mm et réparties aléatoirement comme la
poutre B1CL1. Il devrait être noté que les distributions de fissuration autour des deux aciers
tendus dans la même poutre sont clairement différentes même si elles ont été exposées aux
mêmes conditions.
Après 19 ans d’exposition pour la poutre B2CL1, la propagation de la corrosion a été
importante pour les aciers tendus et comprimés (Figure II-9). Des fissures de corrosion sont
apparues sur toutes les surfaces de la poutre. Plus de fissures ont été observées dans la zone
tendue que dans la zone comprimée. Sur la surface tendue, les fissures de corrosion se sont
élargies et reliées entre elles et la largeur de fissure maximale était de 3 mm à la mi-portée.
Dans la zone comprimée, deux larges fissures de 1 mm ont été localisées à la mi-portée et sur
un côté de la poutre (R. Zhang et al. 2009).
La poutre B2CL1 à 23 ans (Figure II-10), les fissures dans la zone de comprimée étaient
plus longues et plus larges avec une largeur maximale des fissures atteignant 2.8 mm. La zone
tendue est également plus corrodée avec des fissures de corrosion dépassant 3 mm
d’ouverture à mi-portée.

84
Chapitre II

Figure II-7 : Carte de fissuration de la poutre B1CL1 (ouverture des fissures en mm) après
14 ans (Vidal et al. 2007).

Figure II-8 : Carte de fissuration de la poutre B2CL1 (ouverture des fissures en mm) après
14 ans (Vidal et al. 2007).

Figure II-9 : Carte de fissuration de la poutre B2CL1 avec les ouvertures des fissures de
corrosion en mm après 19 ans (R. Zhang et al. 2009).

85
Chapitre II

Figure II-10 : Carte de fissuration de la poutre B2CL1 avec les ouvertures des fissures de
corrosion en mm après 23 ans (R. Zhang et al. 2009).

II.5.2. Comportement en service

Le comportement en service a été évalué en termes de rigidité (kN/mm). La rigidité a


été mesurée pour la poutre B2CL1 après 14 ans, 19 ans, et 23 ans (Figure II-11). Au
cours de la première étape de la phase de propagation de la corrosion (R. Zhang et al.
2009), ce qui correspondait à la corrosion localisée (principalement caractérisé par
macro-cellules), la réduction de la rigidité est principalement due à la perte d’adhérence
acier-béton induite par la propagation des fissures de corrosion le long de l’acier
d’armature tendue.
Dans une deuxième étape de la phase de propagation de la corrosion liée au
développement des fissures de corrosion le long des armatures tendues (Figure II-7), la
corrosion se généralise. A ce stade, la perte d’adhérence acier-béton est presque
complète, et donc l’incrément de réduction de la rigidité est dû à la perte uniforme de la
section d'acier. En termes d’État Limite de Service (ELS), la flèche était toujours
inférieure à la valeur limité qui est indiquée dans la norme (EC2), qui est égale à 1/250
de la portée pour les poutres (Figure II-11).

II.6. CAPACITE PORTANTE

La Figure II-12 montre le chargement ultime de poutres corrodées B1CL1 & B2CL1 après
14 et 23 ans respectivement en comparaison avec la capacité ultime de poutres témoins (B1T
& B2T). La ruine de la poutre témoin a toujours lieu par la rupture de l'acier tendu, puis
l'écrasement du béton comprimé, c’est le même mode de ruine pour les poutres corrodées
avec une rupture des aciers tendus.
Dans le cas de la poutre B2CL1, le moment de plastification de la poutre corrodée et
supposée non-réparée peut être calculé a postériori à l'aide de la section transversale

86
Chapitre II

résiduelle d'acier tendu au point de rupture et mesurées en utilisant le calcul classique de


béton armé et est indiqué dans la Figure II-13.
Les résultats expérimentaux obtenus pour la poutre B1CL1 valident cette approche. La
Figure II-13 montre une réduction du moment de plastification de 19% pour la poutre B1CL1
résultant de 19% de perte de la section transversale d’acier tendue due à la corrosion, donc
une poutre virtuelle B1CL1 avec une perte de 36% dans la section transversale de l'acier
tendue (c’est-à-dire la perte de masse de l’acier tendue dans la poutre B2CL1 ) conduirait à
une réduction de moment de plastification de 36%. La valeur obtenue est en accord avec
les calculs du moment de plastification pour la poutre virtuelle B2CL1 non-réparée
(Figure II-13).
Malgré les importantes fissures dues à la corrosion et l’éclatement de béton dans la zone
tendue, la capacité ultime de la poutre B2CL1 était toujours plus élevée que le moment de
service selon le dimensionnement à l’état limite ultime (ELU) (Figure II-12).
20
Initiation Propagation
Corrosion localisée Corrosion généralisée

16

Poutre Témoin B1T B2T


Fissuration due à la corrosion
Raideur (kN/mm)

12
Effet de la perte
d'adhérence
B2CL1 acier-béton
8
Pas d'adhérence
à mi-portée

4 Inertie fissurée
Etat Limite de Service
Acier en haut Acier en bas (tendue) (ELS)
0
0 2 4 6 8 10 12 14 16 18 20 22 24 26
Temps (Ans)

En ce qui concerne le critère de rigidité, à la section fissurée et à la perte d’adhérence dans


la zone centrale où le plus grand moment de flexion a été appliquée - t1, t2 sont les temps
de la première fissuration du béton par corrosion pour les barres d’armature en haut et à
la traction.
Figure II-11 : Variation de la rigidité en fonction du temps pour les poutres de type B.

87
Chapitre II

60 Initiation Propagation
Corrosion localisée Corrosion généralisée
50
Moment ultime (kN.m)

Fissuration due à la corrosion


40 B1T
Poutre Témoin B2T
Réduction de la
30 section des barres
B1CL1 d'acier
20 Moment de service selon l'Etat Limite B2CL1
Ultime (ELU)
10
Acier en haut Acier en bas (tendue)
0
0 2 4 6 8 10 12 14 16 18 20 22 24 26
Temps (Ans)
Figure II-12 : Variation de la capacité ultime en fonction du temps pour les poutres de type
B, B1CL1 et B1T ont été testés jusqu'à la rupture après 14 ans (Castel et al. 2000a; Castel et
al. 2000b).
40
B1T avec 0%
B2CL1 Non-Reparée
30 "Virtuel"
Moment (kN.m)

21.6 kN.m
B1CL1 avec 19%
20
B1CL1 avec 36%
20.3 kN.m
10

0
0% 5% 10% 15% 20% 25% 30% 35% 40%
Réduction de la section d'acier à mi-portée
Figure II-13 : Moment de plastification des poutres B1T, B1CL1 en fonction de la réduction
de la section des aciers à l'endroit de la rupture des barres tendues.

II.7. CARACTERISATION DE LA PERFORMANCE MECANIQUE RESIDUELLE DES


POUTRES TEMOINS (B2T & B1T)

La rigidité a été mesurée après 17 ans pour la poutre B1T et après 23 ans pour la poutre
B2T. Les résultats sont présentés dans la Figure II-11. Dans le cas virtuel de la poutre B2T,
non-réparée, sa capacité portante a été estimée à partir du moment de plastification obtenu lors
de l'essai de flexion après la réparation (Figure II-12).

88
Chapitre II

En comparant les rigidités des poutres B2T et B2CL1, une réduction dans la rigidité due à
la corrosion a été environ 23%, 45% et 47% après 14, 19, et 23 ans respectivement (Figure
II-11). Ainsi, la flèche de la poutre B2CL1 était presque la même après 19 ans et 23 ans en
dépit d'une augmentation significative de la corrosion de l'acier ce qui conduit à une grande
réduction de la capacité ultime pendant la même période. Comme l’adhérence acier-béton
était déjà perdue après 19 ans d'exposition, l'augmentation de flèche a été très faible entre 19
et 23 ans et est due à la perte uniforme de la section d'acier tendu.

II.8. ÉVOLUTION DE LA PERTE DE SECTION DES ACIERS D’ARMATURE


TENDUES DES POUTRES CORRODEES

II.8.1. Mesure des pertes de section d’armatures dues à la corrosion

Nous avons choisi de caractériser l’état de corrosion par le paramètre de perte de


section locale due à la corrosion à l’aide de R. Zhang en 2008. Cette réduction de section
a été déduite des mesures de pertes de masse le long de chaque armature de la poutre.
Nous avons, dans un premier temps, désossé la poutre et pu ainsi récupérer
l’ensemble de la cage d’armature. Pour chaque type d’armature, une zone non-corrodée
a permis de calculer la masse d’acier de référence par unité de longueur. Les différentes
zones corrodées d’armatures ont ensuite été découpées. Lorsqu’il s’agissait d’une piqûre
de corrosion, le tronçon était sectionné au ras de celle-ci de manière à déterminer la
perte de masse locale. Dans le cas d’une zone corrodée uniforme, la longueur du tronçon
était plus importante, et on définissait une valeur moyenne de la perte de masse. Avant
de mesurer les pertes de masses de chaque tronçon, nous les avons nettoyés de leurs
produits de corrosion à l’aide d’une solution de Clarke (ANSI/ASTM G1-72). Cette
solution est composée de 20 g de trioxyde d’antimoine (Sb2O3) et de 50 g de chlorure
d’étain (SnCl2) dissous dans un litre d’acide chlorhydrique (HCl). Les échantillons sont
maintenus dans la solution durant environ 30 mn, puis sont brossés afin d’évacuer les
restes d’oxydes.
Le tronçon corrodé considéré est ensuite mesuré et pesé afin de déterminer sa masse
résiduelle. On calcule dès lors la perte de section d’armature locale As grâce à la
relation suivante :
𝑚 − 𝑚′
∆𝐴𝑠 = 𝐴𝑠 ( ) (𝐼𝐼 − 1)
𝑚
Avec :
As est la section d’armature initiale non-corrodée en (mm²),
As est la perte de section en (mm²),
m' est la masse résiduelle du tronçon par unité de longueur en (g/ml),
m est la masse référence de l’armature non-corrodée par unité de longueur en
(g/ml).

89
Chapitre II

II.8.2. Distribution de la corrosion le long des armatures tendues

La Figure II-14 illustre la distribution de la perte de section due à la corrosion le long des
deux armatures tendues de la poutre B1CL1. La perte moyenne maximale de section pour les
deux armatures tendues était d'environ 19% (en pourcentage du total de la section initiale 226
mm2) à la mi-portée, ce qui correspond à la zone maximale de moment de flexion. Dans la
zone centrale, une corrosion généralisée pouvait être plus ou moins observée le long des
fissures de corrosion, tandis que plusieurs piqures de corrosion isolées et localisées ont été
détectées sur la surface extérieure de la zone centrale. Autour de ces piqûres provoquant des
fissures de corrosion inférieures à 0.5 mm, aucune corrosion générale évidente n'a été trouvée.
Contrairement aux barres d’armature tendue, la corrosion sur les barres d’armature
comprimée est distribuée de façon aléatoire correspondant à l’emplacement des fissures de
corrosion sur la surface (comme indiqué dans la Figure II-15). Les fissures de corrosion
d’une largeur de 0.5 mm à une extrémité de la poutre correspondent à la perte maximale de
section (18 mm2) d’armature. Une autre fissure de 0.2 mm située sur la surface postérieure
dans la partie centrale, correspond à une corrosion d'environ 15 mm2. Sur d'autres parties
aucune fissure de corrosion n’est observée, mais de nombreuses petites piqûres ont été
trouvées sur l'acier.
Les distributions de corrosion des armatures tendues et comprimées de la poutre
B2CL1 sont présentées dans les figures II-16 et II-17 respectivement. En comparant avec
la poutre B1CL1, la corrosion des barres d'armature tendue est distribué plus largement
(Figure II-16) et une corrosion généralisée a été observée clairement. Sur la barre
d’armature tendue postérieure, la perte maximale locale (piqûre) de la section est
d'environ 46 mm2 situé à 20 cm loin de la mi-portée, et la corrosion généralisée
maximale est de 40 mm2, ce qui correspond à la fissure longitudinale avec une largeur
cumulée de 4.2 mm. La perte moyenne maximale de section pour les deux armatures
tendues était d'environ 36% (en pourcentage du total de la section initiale 226 mm2) à
20 cm à mi-portée, presque où le moment de flexion était le maximum.
En conséquence, une réduction d’environ 36% de la capacité portante de la poutre B2CL1
pourrait être attendue par rapport à la poutre B1T. En effet, selon des études précédentes
(Castel et al. 2000a; Castel et al. 2000b), la perte de la capacité portante est équivalente à la
réduction de la section d'acier si elle est située dans la zone de moment de flexion maximal.
Sur les barres d’armature comprimée de la poutre B2CL1 (Figure II-17), la distribution
de la corrosion est comparable à la poutre B1CL1 mais avec des pertes de section et des
largeurs des fissures de corrosion plus importantes. Sur la zone non-fissurée, plusieurs
piqûres et un peu de la corrosion généralisée ont été trouvés. Il est intéressant de
constater que les aciers d’armature tendue aux alentours des cadres sont moins
corrodés que les parties adjacentes sur la même barre d'armature (Figure II-17).

90
Chapitre II

50
Armature antérieure
45
Armature postérieure
Perte de section d'acier (%)

40 La perte moyenne
maximale de section
35 des aciers tencus
30 20%

25
20
15
10
5
0
0 25 50 75 100 125 150 175 200 225 250 275 300
Localisation le long de la poutre (cm)

Figure II-14 : Distribution de la corrosion le long des armatures tendues de B1CL1 après
14 ans.
65
60 Armature antérieure
55 Armature postérieure
Perte de section d'acier (%)

50
45
40
35
30
25
20
15
10
5
0
0 25 50 75 100 125 150 175 200 225 250 275 300
Localisation le long de la poutre (cm)

Figure II-15 : Distribution de la corrosion le long des armatures comprimées de B1CL1


après 14 ans.

91
Chapitre II

50
45
La perte moyenne
maximale de section
Perte de section d'acier (%)

40
des aciers tencus 36%
35
30
25
20
15
10
5
0
0 25 50 75 100 125 150 175 200 225 250 275 300
Armature anterieure Armature posterieure
Localisation le long de la poutre (cm)

Figure II-16 : Distribution de la corrosion le long des armatures tendues de B2CL1 après
23 ans.
100
90 Armature anterieure
Perte de section d'acier (%)

Armature posterieure
80
70
60
50
40
30
20
10
0
0 25 50 75 100 125 150 175 200 225 250 275 300
Localisation le long de la poutre (cm)

Figure II-17 : Distribution de la corrosion le long des armatures comprimées de B2CL1


après 23 ans.

92
Chapitre II

II.9. TECHNIQUE DE REPARATION DES POUTRES B2CL1 & B2T

Les poutres ont été engravées longitudinalement au milieu de la surface inférieure.


L’engravure a été crée au moyen d’une rainureuse spéciale avec une lame diamant de 4
mm d’épaisseur, (Voir l’Annexe 4). Les poutres ont été entaillées sur sa partie tendue,
deux fois pour réaliser une engravure de 15 mm de largeur (environ deux fois le
diamètre du jonc) (Al-Mahmoud et al. 2006) et de 10 mm de profondeur (seulement 10
mm de béton d’enrobage pour les poutres de type B) afin d’utiliser un jonc de 6 mm de
diamètre (Figure II-18a). Le relief de béton restant a été enlevé avec un marteau et un
burin, ce qui rend rugueuse la surface inférieure de l’engravure (Figure II-18b).
L’engravure a été nettoyée par un jet d’air comprimé à haute pression afin d’enlever les
débris et les particules fines pour assurer une bonne liaison entre le matériau de
scellement (résine époxy Eponal 336) et l’ancien béton. L’engravure a été remplie à
moitié de matériau de scellement et le jonc de carbone a été alors placé au milieu et
légèrement tassé ce qui permet au matériau de scellement de couler autour du jonc de
carbone. Du matériau de scellement a été ajouté pour remplir totalement l’engravure et
la surface a été nivelée (Figure II-18c). Les poutres ont été laissées pendant une semaine
pour assurer la résistance du matériau de scellement.
La Figure II-18 montre le béton endommagé d’une section transversale de la poutre
corrodée B2CL1 due à l'expansion des produits de corrosion. La corrosion est principalement
caractérisée par la fissuration du béton qui s'est propagée le long des barres d'armature
longitudinale. Le béton situé à chaque coin de la section transversale a été souvent
complètement fendu ou, au moins, endommagé fortement. En revanche, le béton situé loin des
aciers d'armature n'a pas été significativement affectés par la corrosion des aciers (Figure
II-19).
Par conséquent, en supposant que le béton était encore de bonne qualité, le jonc de
carbone a été placé au milieu de la section transversale sur la surface tendue, comme le
montre la Figure I-23. La longueur totale du jonc de carbone était de 2 700 mm, ce qui
signifie que la réparation a été arrêtée juste avant les appuis.
Pratiquement, il peut être impossible d'accéder à la partie située au-dessus des
appuis. Afin de comparer l'efficacité de la technique NSM avec ou sans la corrosion, la
poutre témoin B2T, non-corrodée, a été renforcé en utilisant exactement la même
procédure que celle adoptée pour la poutre B2CL1. Enfin, la poutre initiale B1T a été une
poutre non-corrodée et non-renforcée.

93
Chapitre II

Entaille formée
Relief de
par la rainureuse
béton
Endommagement de la
10 mm poutre corrodée B2CL1
due à la corrosion
Béton
15 mm
a) Entaillé le béton par la
rainureuse

La racine
de relief

b) Enlèvement du relief de
béton

Résine
Époxy
Jonc de carbone (Φ = 6
mm)
c) Insertion du jonc de carbone
dans l’engravure

Figure II-18 : Installation du jonc de carbone avec la technique NSM sur la surface tendue
de la poutre.

400 I I II
2HA6 150
HA6/220
10

Jonc de
28

Jonc de carbone de Φ6 B2CL1 carbone de


2HA12
6 mm
0
10

Surface tendue
150 I I 2 700 II 150
Endommagement de
cm
béton dû à la corrosion
Section II-II

94
Chapitre II

Photo de la poutre corrodée et


Section transversale II-II à mi-
réparée à la section
portée
transversale I-I

Piqûre
Aciers tendus et Aciers tendus
corrodés
Jonc de carbone
Jonc de carbone

Fissures et Fissures et éclatement de


éclatement de béton béton dû à la corrosion
dû à la corrosion

Figure II-19 : Position du jonc de carbone sur la surface tendue de la poutre B2CL1 (toutes
les dimensions en mm).

II.10. CONFIGURATION D’ESSAIS EN FLEXION

Les quatre poutres ont été testées jusqu'à la ruine sous une charge monotone croissante en
flexion 3-points par un banc de flexion avec une capacité de 200 kN.
Le déplacement vertical de chaque poutre a été mesuré à mi-portée par un capteur LVDT
de capacité 100 mm (Capteur de Déplacement Linéaire) et avec une incertitude de 1% pour un
déplacement de 1 mm, et enregistré en fonction de l’évolution de l’intensité de la charge
appliquée.

II.11. RESULTATS EXPERIMENTAUX

II.11.1. Moment de plastification et Résistance ultime

La Figure II-20 présente la flèche à mi-portée versus le moment de flexion pour toutes les
poutres. Les quatre poutres étaient pré-fissurées en raison de leur vieillissement sous charge
maintenue depuis 1984. Les moments de plastification des aciers tendus ont été de 25.7
kN.m, 24.5 kN.m, 35.5 et 31.7 kN.m pour la poutre corrodée non-réparée B1CL1, la poutre
corrodée réparée B2CL1 et la poutre témoin non-corrodée renforcée B2T et la poutre témoin
non-corrodée non-renforcée B1T respectivement. Le moment ultime était de 29.7 kN.m pour
la poutre B1CL1, de 37 kN.m pour la poutre B2CL1, de 48 kN.m pour la poutre B2T et de 35
kN.m pour la poutre B1T.

II.11.2. Modes de ruine

Les modes de ruine observés sur la poutre réparée ou renforcée par un jonc de carbone
inséré avec la technique NSM étaient différents de ceux observés dans les poutres en béton

95
Chapitre II

armé non-renforcée « l’écrasement du béton comprimé, la rupture des armatures tendues »,


tels que le mode de ruine de la poutre témoin B1T, qui a eu lieu par écrasement du béton
comprimé après la plastification des aciers tendus. D'autre part, la ruine de la poutre corrodée
B1CL1 eu lieu par la rupture des aciers tendus au niveau de piqûres de corrosion après la
plastification des aciers tendus (Figure II-22).
La ruine de la poutre corrodée réparée B2CL1 a été principalement due à la séparation
(délamination) du béton d’enrobage dans la zone tendue au niveau de l’insertion du jonc de
carbone avec la technique NSM, qui a commencé à partir d’une fissure principale en flexion
dans la zone centrale et s’est propagé vers l’appui. Le plan de rupture dans le béton
d’enrobage est présenté sur la Figure II-23.
Aucun glissement n'a été observé entre le jonc de carbone et la résine, ce mode de ruine a
été observé expérimentalement par Soliman et al. (2010). Dans le cas de la poutre témoin
(non-corrodée et renforcée) B2T, la ruine s'est produite par décollement à l'interface entre le
jonc de carbone et la résine (pull-out du jonc de carbone), suivie d’un écrasement du béton
comprimé (Figure II-24). Ce mode de ruine a été observé par Al-Mahmoud et al. (2012).

50
σfu=1966 MPa

ΔM= 12 kN.m
40 σfu-C=1986 MPa
C
B
Moment de flexion (KN.m)

30 ΔM= 12 kN.m
σfy-A=470 MPa Moment de plastification de la poutre corrodée non
A réparée B2CL1 (21.6 kN.m)
20 Moment de plastification de la poutre corrodée non
réparée B1CL1 avec 36% (20.3 kN.m)
B1T
10 B2T
B2CL1
B1CL1
O
0
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90
Flèche à mi-portée (mm)

Figure II 19a : Courbes “moment –flèche” pour toutes les poutres étudiées.

96
Chapitre II

50
Augmentation de la
Perte de la capacité capacité portante de
portante de 23% 40% due au
40
C due à la corrosion renforcement par
Augmentation de NSM
B Capacité Portante
Moment de flexion (KN.m)

30 (8%)

A
20
La perte de ductilité de 60%
B1T La perte de ductilité de 65% due à la corrosion
10 B2T
La perte de La perte de ductilité de
B2CL1
ductilité de 40% due au renforcement
B1CL1 30% due à la de la poutre témoin
O corrosion
0
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90
Flèche à mi-portée (mm)

Figure II-20b : Courbes “moment –flèche” pour toutes les poutres étudiées – comparaison
les capacités portantes et les ductilités.

40
B2T renforcée
35
3.5 kN.m
due à la réparation par NSM
30
Moment (kN.m)

B1T non-renforcée
B2CL1 réparée
25 B1CL1
non-renforcée 3.5 kN.m
20
B2CL1 & B1CL1
non réparées
15
0% 5% 10% 15% 20% 25% 30% 35% 40%
Réduction de la section d'acier à mi-portée

Figure II-21 : Effet de la corrosion et de la réparation avec la technique NSM sur le moment
de plastification des poutres étudiées.

97
Chapitre II

Rupture d’armatures tendue

Corrosion des aciers tendus à


mi-portée Ruine de la poutre par la rupture
des aciers tendus à mi-portée

Aciers tendus le long de la poutre corrodée

Figure II-22 : Mode de ruine de la poutre corrodée et non-réparée B1CL1 (Castel et al.
2000a; Castel et al. 2000b).

98
Chapitre II

Fissure
transversale
dans la zone
centrale

Aucun décollement du jonc de


carbone n’a été observé
Séparation du béton
d’enrobage au niveau
d’insertion de jonc de
carbone
I
Debonding of NSM
CFRP rod

Éclatement du
Fissures
béton dû à la
dues à la
corrosion
corrosion

Le plan de rupture a été


Jonc en fibre de Fissures de formé dans le béton
carbone inséré flexion d’enrobage à la profondeur
Aciers tendus
par NSM principales de l’engravure du jonc de
corrodés
carbone

I Section I-I
Figure II-23 : Mode de ruine de la poutre corrodée et réparée B2CL1 avec la technique
NSM.

99
Chapitre II

Écrasement du
béton
comprimé

Décollement de jonc de carbone


(Arrachement) Fissures de flexion

Écrasement du
béton comprimé
Aciers tendus à nus

Fissures de flexion
principales Jonc en fibre de carbone
inséré par NSM

Décollement à l’interface entre le jonc


de carbone et la résine avec la rupture
de la résine époxy

Figure II-24 : Mode de ruine de la poutre témoin et renforcée B2T parla technique NSM.

II.12. DISCUSSION LES RESULTATS

II.12.1. Comportement global

Le comportement de la poutre corrodée et réparée B2CL1 était similaire à celui de la


poutre témoin renforcée B2T. En effet, le comportement global de la poutre B2CL1 peut être
divisé en trois principales phases (Figure II-20). Dans la première phase (du point O au point
A), la courbe de moment-flèche est linéaire, le point A correspond à la plastification des
aciers tendue. Comme les poutres étaient pré-fissurées en raison d'un niveau élevé de la
charge maintenue (Mser2 = 21 kN.m), aucune fissures de flexion supplémentaires ne se sont
produites. Au cours de cette première étape, les aciers tendus et le jonc de carbone inséré avec
la technique NSM supportent l’ensemble des contraintes appliquées. Au cours de la deuxième
étape (du point A au point B), les aciers tendus sont plastifiés et ne participent plus à
reprendre de la charge supplémentaire. Seulement le jonc de carbone permet d’accroitre
le chargement. Le module faible du jonc de carbone conduit à un changement de pente

100
Chapitre II

de la courbe globale. Le point de rupture est le C, dans la troisième phase, la courbe n'est plus
linéaire entre le point B et le C et la pente moyenne de la courbe devient très faible,
probablement en raison du début de la ruine par séparation du béton d’enrobage à la
profondeur de l’engravure du jonc de carbone. Le comportement global de la poutre témoin
non-renforcée B1T correspond à un comportement typique d’une poutre en béton armé pré-
fissurée.

II.12.2. Rigidité des poutres

Une petite augmentation de la rigidité (<10%) est due à la réparation par un jonc de
carbone inséré avec la technique NSM. Ce n’est pas suffisant pour récupérer la rigidité
initiale de la poutre non-corrodée. Néanmoins, la rigidité est toujours au-dessus de la
valeur ELS.
La technique NSM en utilisant un seul jonc de carbone de 6 mm proposée pour la
réparation d’une poutre en béton armé corrodée semble être efficace pour augmenter sa
capacité portante. Cette méthode ne permet pas d'augmenter la rigidité des poutres
corrodées de manière significative, comme le montre la Figure II-20, mais la rigidité à
l’état limite de service (ELS) et selon les normes (EC2), qui est égale à la portée
maximale de la poutre /250 est significativement plus faible que la rigidité minimale
observée sur la poutre corrodée après 23 ans. Comme la rigidité ne diminue pas de
manière significative dans la phase de propagation généralisée (Voir Figure II-11), le
niveau à l’état limite de service (ELS) ne sera pas atteint avant longtemps.

La perte de l’adhérence acier-béton due à la corrosion dans la zone tendue est le


principal facteur qui affecte la rigidité globale des poutres en béton armé à cause de la
diminution de l’effet raidissant du béton tendu. Le renforcement avec la technique NSM
permet de récupérer une partie de l'effet raidissant à la traction grâce à l’adhérence
entre le jonc de carbone inséré avec la technique NSM et le béton. Les résultats
expérimentaux ont montré que l'augmentation de rigidité de la poutre réparée avec la
technique NSM est très faible. Ceci peut s'expliquer soit par la section du jonc de carbone
qui est très petite, soit par le module d'élasticité de matériau de scellement (résine
époxy) entre le jonc de carbone et le béton qui est faible, ce qui conduit à une
augmentation de la longueur de transfert. Ce point devra être vérifié en réalisant des
travaux expérimentaux supplémentaires.

II.12.3. Moment de plastification des aciers tendus

Le moment de flexion qui a conduit à la plastification des aciers tendus pour la poutre
témoin renforcée B2T a été de 10% (3.5 kN.m) supérieure à celui de la poutre témoin non-
renforcée B1T. Le jonc de carbone inséré avec la technique NSM a supporté une partie du
moment de flexion et donc augmenté légèrement le moment de plastification des aciers
tendus. La section transversale du jonc de carbone est faible (de 6 mm), mais sa hauteur
effective est supérieure à celle des aciers tendus, ce qui explique l'influence du jonc de
carbone sur le moment de plastification.
Le moment de plastification de la poutre corrodée et réparée B2CL1 a été de 34%
inférieure à celui de la poutre témoin renforcée B2T (My = 12 kN.m). Cette réduction dans
le cas de la poutre B2CL1 est évidemment due à la perte de section des aciers tendus due à la
corrosion. En outre, cette réduction du moment de plastification a été corrélée avec la perte de

101
Chapitre II

section des aciers mesurés expérimentalement de 36% dans la zone centrale de la poutre
corrodée B2CL1 (Figure II-16)
Enfin, même après la réparation avec un jonc de carbone inséré avec la technique NSM, le
moment de plastification de la poutre corrodée était inférieur à celui de la poutre B1T de 25%
à cause de la perte de section des aciers tendus due à la corrosion. En effet, la section du jonc
de carbone inséré n'était pas suffisante pour compenser totalement la perte de section des
aciers tendus à mi-portée due à la corrosion. Par contre, la comparaison entre les deux poutres
corrodées réparée B2CL1 et la poutre corrodée non-réparée B1CL1 est très compliqué
puisque la perte de section des aciers n’est pas la même, pour cela nous avons estimé la valeur
analytique du moment de plastification d’une poutre corrodée non-réparée avec une perte de
section des aciers de 36% qui correspond à une valeur de 21.6 kN.m. Et donc nous avons
trouvé que l’écart d’augmentation de moment de plastification due à la réparation avec la
technique NSM (de 3.5 kN.m) est le même dans les deux cas poutres témoins et poutres
corrodées avec 36% de perte de section des aciers tendus (Figure II-21).

II.12.4. Capacité portante

La poutre témoin renforcée B2T et la poutre corrodée réparée B2CL1 montrent le


même écart d’augmentation en termes de moment de flexion ultime (Mu = 12 kN.m)
par rapport à celle de moment de plastification en raison d’insertion un jonc de carbone
de 6 mm avec la technique NSM (Figure II-20). Cela signifie que, malgré
l’endommagement de béton dans la zone corrodée (fissures avec ouverture large et
éclatement de béton), la réparation avec la technique NSM a été efficace.

Le moment ultime obtenu pour la poutre B2CL1 est légèrement plus élevée que celui
de la poutre B1T avec une augmentation de 8%. Ce résultat montre l'efficacité de la
technique NSM pour réparer des poutres corrodées et soumises à une flexion, puisque la
capacité portante obtenue est similaire à celle de la poutre témoin non-renforcée malgré
la réduction de 36% de la section transversale des aciers tendus à mi-portée due à la
corrosion.

La Figure II-20 montre que le moment ultime de la poutre renforcée B2T est
d'environ 30% plus que celui de la poutre réparée B2CL1 (Mu = 12 kN.m). Cette
différence dans les moments ultimes est la même que celle obtenue pour les moments
de plastification, qui est due à la perte de section des aciers tendus due à la corrosion. La
Figure II-20 montre que la flèche ultime de la poutre réparée B2CL1 était plus faible de
manière significative que celle de la poutre renforcée B2T d’environ 30%. Ceci peut être
expliqué par la ruine précoce de la poutre réparée B2CL1 due à la séparation de béton
d’enrobage dans la zone tendue au niveau d’insertion du jonc de carbone avec la technique
NSM. En raison de l’éclatement du béton à l'angle de la section transversale due à la
corrosion de l'acier (Figure II-24), la largeur de la surface tendue de béton où le jonc de
carbone a été mis en place, n'est plus égal à 150 mm, comme à la poutre renfoncée B2T,
mais était inférieur à 75 mm. Ceci a réduit considérablement la résistance du béton à la
traction dans cette zone (Figures II-18 et II-19) et donc le moment et la flèche ultime.
C'est pourquoi, aucun écrasement du béton comprimé n’a été observé dans la poutre
corrodée et réparée B2CL1 puisque une ruine précoce s'est produite dans la réparation.

102
Chapitre II

Pour les deux poutres réparées B2CL1 et renforcée B2T, la flèche ultime mesurée
était significativement plus faible d’environ 60% et 43% respectivement par rapport à
celle mesurée de la poutre témoin non-renforcée B1T. Cette réduction de la ductilité de
la poutre témoin renforcée était due à la réparation avec la technique NSM, qui, d'une
part, a augmenté la capacité portante et, d'autre part, limité les déformations des aciers
et du béton, puisque le comportement du jonc de carbone a été élastique linéaire jusqu'à
la rupture (Figure II-6).

Une réduction de la ductilité de la poutre corrodée non-réparée B1CL1 de 65% par


rapport à la poutre témoin non-renforcée B1T est due à la perte de section des aciers
tendus de 19% due à la corrosion. Par contre, cette réduction était de 60% dans le cas de
la poutre corrodée et réparée B2CL1ce qui signifie que la réparation avec la technique
NSM peut réduire la perte de ductilité due à la corrosion.

II.13. ÉTUDES ANALYTIQUES

Dans un premier temps, nous allons réaliser les calculs standards (BAEL) et ceux
correspondant aux recommandations de l’Association Française de Génie Civil pour les
structures renforcées par matériaux composites (AFGC, 2003), le moment de
plastification des aciers tendus et le moment ultime d’une poutre renforcée par
l’insertion des joncs de carbone avec la technique NSM. Cette dernière sera calculée
premièrement en considérant que le mode de ruine est un mode conventionnel par
écrasement du béton comprimé, ce qui permettra de quantifier la perte de résistance
résultant de modes de ruine non conventionnels, et deuxièmement en considérant que le
mode de ruine de la poutre renforcée s’est produite par la rupture à la traction des joncs
de carbone afin d’évaluer l’efficacité de la technique du renforcement par l’insertion
d’un seul jonc de carbone de 6 mm. Dans cette étude, les contraintes et les déformations
dans les joncs de carbone et dans les aciers tendus seraient également calculés.
La deuxième partie s’intéresse au calcul des contraintes et des déformations au
niveau de moment de plastification et ultime d’une poutre renforcée. Un calcul
analytique a été développé par Al-Mahmoud et al. (2012) afin de prédire le moment
ultime d’une poutre dont la ruine est due au pull-out des joncs de carbone après la
plastification des aciers tendus en se basant sur la notion de longueur d’ancrage au-delà
de la dernière fissure, sera également présenté dans cette partie.
Le but est de comparer les différentes prédictions analytiques et les résultats
expérimentaux pour une meilleure compréhension du comportement réel d’une poutre
renforcée. Les moments de flexion, les contraintes et les déformations dans les aciers
tendus et le jonc de carbone sont calculées. Pour ces calculs, en plus des hypothèses
conventionnelles du béton armé, on suppose :
une adhérence parfaite des joncs de carbone avec le matériau de scellement.
une adhérence parfaite du matériau de scellement avec le béton.
Cela veut dire qu’il n’y a aucun glissement relatif des joncs de carbone par rapport au
matériau de scellement ou de ce dernier par rapport au béton.
On suppose également :

103
Chapitre II

un comportement élastique linéaire des joncs de carbone (Figure II-6).


que la réduction de la section du béton causée par l’engravure est négligée.

II.13.1. Calcul de moment de flexion, de déformation, et de contrainte


correspondants au début de plastification de l’acier d’une poutre
réparée par des joncs de carbone

Soit la section rectangulaire (Figure II-25), de largeur b et de hauteur h, comportant des


aciers tendus de section As, des joncs de carbone de section Af et sans acier comprimé, dont
les centres de gravité sont à une distance respective ds et df de la fibre supérieure du béton ;
Dans le cas d’une section fissurée, on considère la section homogénéisée sans tenir compte du
béton tendu (calcul classique de béton armé).
Le calcul du moment de flexion au moment où l’acier commence à se plastifier dans
une poutre renforcée My se fait en considérant que l’acier a atteint sa limite d’élasticité fy
𝑓𝑦 𝐼𝑐
𝜎𝑠 = 𝑓𝑦 𝑑 ′ 𝑜ù 𝑀𝑦 = (II − 2)
𝑛𝑠 (𝑑𝑠 − 𝑦𝑐 )
Où yc est la position de l’axe neutre en section fissurée qui correspond distance entre
la fibre la plus comprimée et le centre de gravité de la section d'acier tendu après la
fissuration du béton.

√(ns As + nf Af )2 + 2b(ns As d + nf Af df ) − (ns As + nf Af )


yc = (II − 3)
b
Es Ef
Avec ns = ; nf =
Ec Ec
Ec, Es, Ef sont les modules d’élasticité du béton, de l’acier et du jonc de carbone
respectivement.
Ic est l’inertie de la section fissurée :
yc3
Ic = ns As (d − yc )2 + nf Af (df − yc )2 + b (II − 4)
3
Les contraintes dans les joncs de carbone σfy et le béton comprimé σcy lorsque My
est atteint sont calculées dans le cas général par :
nf M y
σfy = (df − yc ) (II − 5)
Ic
ns M y
σcy = (h − yc ) (II − 6)
Ic
Où Ic est l’inertie de la section fissurée, peut être calculée en utilisant l'équation
(II −4).
Les déformations dans les joncs de carbone εfy et le béton en fibre la plus comprimée εcy
sont données par :

104
Chapitre II

df − yc
εfy = ε (II − 7)
d − yc sy
yc
εcy = ε (II − 8)
d − yc sy
εcy f’c f’c

Béton Comprimé y 0.8 y

Axe Neutre
h df ds
Béton Tendu
négligé

εsy Fsy=As fy Fsy=As fy


As
εfy
Af A
s A Ffy=Af ff Ffy=Af ff
b c
Distribution des
Section fissurée Contraintes Internes
déformations

Figure II-25 : Diagramme de déformations dans la section fissurée à la plastification des


aciers tendus.

II.13.2. Calculs de moment en flexion, de déformation, et de contrainte


ultime d’une poutre renforcée

La capacité en flexion a été évaluée en utilisant les équations d'équilibre. A la rupture, les
trois efforts normaux Fs, Ff, et F’c s’expriment alors de la manière suivante :

 L’effort dans le béton comprimé est donné par :


F’c = 0.8 yu b f’c (II − 9)
Où f’c est la résistance en compression du béton à 28 jours :
 L’effort dans les aciers tendus est donné par :
Fs = Es As εsu = fy Es (II − 10)
Où fy est la limite d’élasticité de l’acier (dans tous les cas, l’acier est plastifié à la
rupture) ;
εsu est la déformation ultime dans les aciers tendus et donnée par (selon la
compatibilité des déformations):
d − yu
εsu = εcu (II − 11)
yu
 L’effort dans les joncs tendus de carbone est donnée par :
Ff = Ef Af εf (II − 12)
Où εf est la déformation dans les joncs de carbone donnée par :

105
Chapitre II

εc σfu max
εf = (df − yu ) ≤ εfu max = = 1.53% (II − 13)
yu Ef
Où σfu max = 2 300 MPa est la résistance maximale admissible à la traction des joncs de
carbone.
L’équilibre de la section vis à vis de l’effort normal conduit à l’équation suivante :
Fs + Ff = F’c (II − 14)
En substituant les équations des efforts normaux à la rupture dans
l'équation d'équilibre des efforts :
fy As + Ef Af εfu = 0.8 yu b f’c (II − 15)
L’équilibre de la section vis à vis du moment conduit à l’équation suivante :
Mu = fy As (d − 0.4yu ) + Ef εfu Af (df − 0.4yu ) (II − 16)

II.13.2.1. Ruine de la poutre réparée par écrasement du béton comprimé

En supposant que la ruine de la poutre réparée s’est produite par écrasement du béton
comprimé après la plastification des aciers tendus, donc la déformation maximale du béton
comprimé est limitée par εcu max = 3.5‰ (Figure II-26) (comportement ductile supposé de
la poutre), et la déformation maximale dans les joncs de carbone et dans les aciers tendus
sont calculées par :
df − yu
εfu = εcu max (II − 17)
yu
d − yu
εsu = εcu max (II − 18)
yu

En substituant l’équation (II - 17) dans l’équation d’équilibre des efforts (II - 15) :
df − yu
fy As + Ef Af εcu max = 0.8yu bfc′ (II − 19)
yu
Ou
A yu² +B yu +C = 0 (II – 20)
Où :
A = 0.8 b f’c (II – 21)
B = εcu max Ef Af - fyAs (II – 22)
C = - εcu max Ef Af df (II – 23)

−B + √B2 + 4AC
yu = (II − 24)
2A
En substituant les équations (II - 21), (II - 22), et (II - 23) dans (II - 24), la position de
l’axe neutre par rapport à la fibre la plus comprimée du béton (yu) peut être obtenue.

106
Chapitre II

Le moment ultime Mu peut donc être calculé par l'équation (II - 25) :
(df − yu )
Mu = fy As (d − 0.4yu ) + Ef Af εcu max (df − 0.4yu ) (II − 25)
yu

Ce résultat permet de prédire le moment ultime de la poutre réparée par l’insertion


des joncs de carbone dont la ruine est due à l’écrasement du béton comprimé.
εcu max=3.5‰ f’c f’c
Béton Comprimé yu 0.8 yu

Axe Neutre

h df ds Béton Tendu
négligé

εsu Fsu=As fy Fsu=As fy


As
Af A εfu
s A Ffu=Af ffu Ffu=Af ffu
b c
Distribution des
Section fissurée Contraintes Internes
déformations

Figure II-26 : Diagramme de déformations dans la section fissurée à la ruine de poutre par
écrasement du béton comprimé.

II.13.2.2. Ruine due à la rupture à la traction des joncs de carbone

En supposant que la ruine de la poutre réparée s’est produite par la rupture à la traction des
joncs de carbone après la plastification des aciers tendus (comportement ductile), alors la
déformation limite des joncs de carbone est limitée par εfu max = 1.53% (Figure II-27) et
les déformations ultimes dans les aciers tendus et dans le béton comprimé sont calculées
selon la compatibilité des déformations par les équations suivantes:
d − yu
εsu = ε (II − 26)
df − yu fu max
yu
εcu = ε (II − 27)
df − yu fu max

La position de l’axe neutre par rapport à la fibre la plus comprimée du béton peut
être calculée en substituant εfu = εfu max = 1.53% dans l’équation d’équilibre des efforts
normaux (II - 15) :
fy As + Ef Af εfu max
yu = (II − 28)
0.8bfc′

Le moment ultime dû à la rupture à la traction des joncs de carbone après la


plastification des aciers tendus (Mu) peut être calculé par l'équation (II - 29) :

107
Chapitre II

Mu = fy As (d − 0.4yu ) + Ef εfu max Af (df − 0.4yu ) (II − 29)

εcu f’c f’c


Béton Comprimé yu 0.8 yu

Axe Neutre

h df ds Béton Tendu
négligé

εsu Fsu=As fy Fsu=As fy


As
Af A εfu max =1.53%
s A Ffu=Af ffu Ffu=Af ffu
b c
Distribution des
Section fissurée Contraintes Internes
déformations
Figure II-27 : Diagramme de déformations dans la section fissurée à la ruine de poutre par
la rupture à la traction des joncs de carbone.

II.13.3. Calculs des contraintes et des déformations d’une poutre


renforcée par des joncs de carbone au niveau de plastification des
aciers tendus

La contrainte dans les joncs de carbone au niveau de plastification des aciers tendus peut
être calculée par les équations suivantes :
nf My exp
σfy exp = (df − yc ) (II − 30)
Ic
df − yc
εfy exp = ε (II − 31)
d − yc sy
Avec : yc est la position de l’axe neutre par rapport à la fibre la plus comprimée du
béton pour un moment de plastification expérimental (My exp) et peut être calculée par
l’équation (II - 3). εsy est la déformation de l’acier correspondante au début de seuil de
plastification et peut être calculée par εsy = fy/Es

II.13.4. Calculs des contraintes et des déformations d’une poutre


réparée par des joncs de carbone à partir de une valeur du moment
appliqué

Afin de calculer la contrainte dans les joncs de carbone à partir du moment appliqué
pour la poutre renforcée B2T, la rigidité de post-plastification de l’acier a été déterminé
expérimentalement (Figure II-6), donc l’effort dans les aciers tendus n’est pas égal à fyAs.
Fsu = 0.8bfc′ yu exp − σfu exp Af (II − 32)

108
Chapitre II

La contrainte dans les joncs de carbone au moment appliqué de la poutre renforcée peut
être calculée par :
∆Mexp
σfu exp = nf ∗ (d − yu exp ) + σfy exp < 2 300 𝑀𝑃𝑎 (II − 33)
Iu exp f

Où yu exp est la position de l’axe neutre par rapport à la fibre la plus comprimée du
béton pour un moment appliqué (Mu exp) et peut être calculée comme suivante :
Mu exp = Fsu (d − 0.4yu exp ) + σfu exp Af (df − 0.4yu exp ) (II − 34)

Fsu est l’effort dans les aciers tendus dû au moment appliqué dans le stage post-
plastification
Et Iu exp est l’inertie de la section fissurée au moment de la rupture de poutre
renforcée et peut être calculée à partir de l’équation (II - 4) et en supposant que la
module d’élasticité de l’acier dans le stage de post-plastification des aciers tendus est
égale à k = 1.85 GPa :
k 2 2 y3u exp
Iu exp = E As (d − yu exp ) + nf Af (df − yu exp ) + b (II − 35)
c 3

La déformation dans les joncs de carbone peut être calculée en utilisant loi de Hooke,
puisque le comportement des joncs de carbone est linéaire jusqu’à la ruine :
σfu exp
εfu exp = (II − 36)
Ef
Les mêmes calculs sont effectués pour le cas de la poutre corrodée et réparée B2CL1
mais la perte maximale dans la section transversale de l’acier est utilisée « As = 149
mm² ». Pour la poutre témoin non-renforcée B1T, nous ne considérons que « Af = 0 »
pour toutes les équations ci-dessus.

II.13.5. Calcul du moment ultime et de la contrainte maximale d’une


poutre réparée en flexion par les joncs de carbone dont la ruine est due
au pull-out de joncs de carbone

Un modèle élaboré à l’origine à partir des études réalisées sur les joncs composites
en pleine masse de béton par Cosenza et al. (1997) et généralisé sur la technique de NSM
par Al-Mahmoud et al. (2012), offre ainsi une bonne estimation du moment de flexion
ultime.
Le calcul du moment de flexion ultime avant la ruine par le pull-out des joncs de carbone
va passer par les étapes suivantes :
 détermination de la distance Lanc entre la dernière fissure et l’extrémité des joncs de
carbone ;
 calcul de la contrainte maximale σmax applicable sur les joncs de carbone résultant
de son adhérence avec la résine par l’équation (II - 37). Nous aurons une seule
valeur : σmax (1x6) correspondant au cas des poutres renforcées par un jonc de
carbone de 6 mm de diamètre :

109
Chapitre II

∑τu sm
σmax = √2Ef (II − 37)
A(1 + α)

Avec :
Ef est le module d'élasticité de jonc de carbone (MPa).
∑ est le périmètre du jonc de carbone (mm).
A est la surface de la section à la quelle s’applique l’effort à la traction (mm²).
τu est la contrainte tangentielle moyenne ultime (au pic) (MPa).
sm est le glissement correspondant à τu (mm).
α est un paramètre de précision influençant la forme de la courbe t-glissement dans la
branche ascendante et obtenu en égalisant l’air sous la branche ascendante de la courbe
expérimentale à la valeur τu sm/(1+α).
 comparaison entre σmax et σfu max. Dans tous les cas, σmax est inférieure à σfu max, car
la rupture des joncs de carbone n’a jamais été atteinte ;
 calcul des longueurs effectives Leffect(1x6) pour le cas des poutres renforcées par un
jonc de carbone de 6 mm de diamètre par l’équation (II - 38) ;
σmax A 1 + α
Leffect = (II − 38)
∑τu 1 − α
 type de ruine :
Si Leffect ≤ Lanc, (Figure II-28A), dans ce cas, nous passons au calcul du moment à la ruine
MR qui correspond à une contrainte σmax dans une section où se situe la dernière fissure MDF
est le moment agissant au niveau de la dernière fissure calculé par l’équation (II - 39) :
σmax Ic
MDF = (II − 39)
nf (df + yc )
MR est déduit de MDF à l’aide du diagramme du moment fléchissant.
Si Leffect > Lanc (Figure II-28B), dans ce cas-ci, la contrainte σLanc est atteinte avant la
rupture de la liaison joncs de carbone-résine et donc reste inférieure à la contrainte σmax
calculée par l’équation (II-37).
Dans ce cas, la contrainte σLanc correspondant à une longueur Lanc est calculée par :
𝐿𝑎𝑛𝑐 ∑𝜏𝑢 1 − 𝛼
𝜎𝐿𝑎𝑛𝑐 = (II − 40)
𝐸𝑓 𝐴 1 + 𝛼

Nous calculons le moment correspondant à la position de la dernière fissure MDF par :


σLanc Ic
MDF = (II − 41)
nf (df + yc )
MR est donc déduit de MDF de la même façon que dans le cas A.

110
Chapitre II

Nous allons appliquer les étapes précédentes sur les cas des poutres B2CL1 et B2T. Les
valeurs de paramètres τu, sm et α sont 14.3 MPa, 0.14 mm et 0.74 respectivement (Al-
Mahmoud et al. 2012).

Figure II-28 : Longueur d’ancrage formée par la dernière fissure et la répartition de la


contrainte d’adhérence sur cette longueur pour les cas A et B.

II.13.6. Calcul du moment ultime des poutres réparées dont la ruine est
due à la séparation du béton d’enrobage entre deux fissures adjacentes
de flexion

Deux modes de ruine par un décollement ont été observés expérimentalement sur les
poutres renforcées avec la technique NSM. La ruine des poutres renforcées en utilisant des
barres composites sablées due à la rupture de liaison à l’interface barre composite-résine (De
Lorenzis et al. 2000), tandis que celle des poutres renforcées en utilisant des barres
composites déformées, enroulées en spirale ou parfois sablées due à la séparation du béton
d’enrobage (De Lorenzis et al. 2000; Rizkalla et al. 2001; De Lorenzis, Micelli, et al. 2002).
Ce dernier mécanisme de ruine est commun aux poutres renforcées par des plaques en acier
ou en matériaux composites collés sur la surface extérieure (Smith et Teng, 2002). Ce mode
de ruine a été également observée dans le cas des poutres renforcées par le système NSM
(Corden et al. 2008; De Lorenzis 2002; Soliman et al. 2008; Teng et al. 2006).
Un modèle appelé « Concrete Tooth Models », basé sur le concept d'une partie du béton
d’enrobage entre deux fissures adjacentes où ont été développées. Cette partie du béton se
comporte comme une poutre console sous l’action des contraintes de cisaillement horizontales
agissant à l'interface entre le béton et les tissus composites. En particulier, le modèle a été
développé par Raoof et Hassanen, (2000) pour donner des estimations raisonnablement
précises de la résistance de séparation du béton d’enrobage dans le cas de renforcement par
des tissus composites collés sur la surface extérieure. Ensuite, le modèle a été modifié pour le
cas de renforcement avec la technique NSM par De Lorenzis et Nanni, (2003). Ce modèle
suppose que la rupture du béton entre deux fissures adjacentes, intervienne lorsque la

111
Chapitre II

contrainte à la traction au point A (point critique) excède la résistance maximale à la traction


du béton (Figure II-29). Une telle contrainte peut être déterminée comme suit :
L’espacement stabilisé minimal des fissures est calculé par :
𝐴𝑒 𝑓𝑐𝑡
𝑙𝑚𝑖𝑛 = (II − 42)
𝑢𝑠 ∑𝑠 + 𝑢𝑓 ∑𝑓

𝐴𝑒 = ℎ1 𝑏0 (II − 43)
Il est supposé, dans le modèle d’origine, que :

𝑢𝑠 = 0.28 √𝑓𝑐𝑢 (II − 44)

𝑓𝑐𝑡 = 0.36 √𝑓𝑐𝑢 (II − 45)


Avec :
Ae est la surface de la zone tendue du béton (mm²).
b0 est la largeur de la poutre au centre des aciers (mm).
h1 est la hauteur du béton tendu (mm).
fcu est la résistance maximale cubique en compression du béton (MPa).
fct est la résistance maximale à la traction du béton (MPa).
us est la contrainte d’adhérence moyenne entre le béton et les aciers (MPa).
Σs est le périmètre total des barres en acier (mm).
uf est la résistance d’adhérence moyenne entre les barres composites et le matériau
de scellement (mm).
Σf est le périmètre total des barres composites (mm),
L’équation II - 42 est déduite de l'expression classique de l'espacement minimal des
fissures en béton armé, sur la base de l'hypothèse d'une distribution uniforme des contraintes
d'adhérence aux interfaces acier-béton et jonc composite-béton.
L’espacement stabilisé maximal des fissures est le double du minimal :
𝑙𝑚𝑎𝑥 = 2𝑙𝑚𝑖𝑛 (II − 47)
Le modèle suppose que la ruine par la séparation du béton d’enrobage entre deux fissures
adjacentes se produise lorsque la contrainte dépasse la résistance maximale du béton à la
traction au point A (Figure II-29).
𝑀𝐴 𝑙
𝜎𝐴 = (II − 48)
𝐼𝐴 2
Avec :
𝑀𝐴 = 𝜏𝑛𝜋∅𝑓 𝑙ℎ′ (II − 49)

112
Chapitre II

𝑏0 𝑙 3
𝐼𝐴 = (II − 50)
12
Avec :
IA est le moment d'inertie de la partie en béton (N.mm).
MA est le moment à la base de la dent (N.mm).
l est l'espacement des fissures (minimal ou maximal) (mm).
h’ est la distance entre la base de l'armature tendue et le centre des joncs composites
insérés par NSM (mm).
τ est la contrainte de cisaillement à l'interface entre les joncs composites insérés avec
NSM et les matériaux de scellement (MPa).
n est le nombre des joncs composites insérés par NSM.
Φf est le diamètre de jonc composite (mm).
b0 est la largeur de la poutre au centre des aciers (mm).
En substituant (MA) et (IA) dans l'équation (II - 48) et en supposant que au moment de
séparation du béton, la contrainte (σA) atteint (fct). Ainsi, la valeur de (τ) où la séparation
« délamination » du béton d’enrobage entre deux fissures adjacentes s’est produite, est donnée
par :
𝑓𝑐𝑡 𝑙𝑏
𝜏𝑠𝑒𝑝 = (II − 51)
6ℎ′𝑛𝜋∅𝑓

Sur la portée de cisaillement de la poutre, la contrainte de cisaillement (τ) est équilibrée


par la contrainte axiale dans les joncs composites (σf) par l’équation suivante (Tepfers 1973) :
4 2 𝑙 𝑏0 𝐿𝑒𝑓𝑓
𝜎𝑓 𝑠𝑒𝑝 = 𝐿𝑒𝑓𝑓 𝜏𝑠𝑒𝑝 = 𝑓 ≤ 𝜎𝑓𝑢 (II − 52)
∅𝑓 3ℎ′ 𝑛 𝜋 ∅𝑓2 𝑐𝑡

Avec :
b0 = 65 mm (due à la perte de section de béton due à la corrosion),
h’ = 7.5 mm, fct = 4.4 MPa, Af = 28.3 mm² (un jonc de carbone de 6 mm),
As = 1.48 mm² (en raison de la perte de section des aciers tendus de 36% due à la
corrosion),
h1 = 2d’ = 4.4 cm (Raoof et al. 1995).
La valeur de (uf) peut être obtenue expérimentalement en réalisant des essais
d’adhérence avec le même type du jonc de carbone utilisé, de la résistance du béton, du
rapport profondeur d’engravure / diamètre de jonc de carbone et du matériau de
scellement. Les valeurs de uf et us est égale à 14.3 et 9.7 MPa respectivement d'après Al-
Mahmoud et al. (2012). Nous avons calculé la longueur effective (Leffect) pour le cas de la
poutre réparée par un jonc de carbone de 6 mm avec l’équation (II - 38). Leffect(1×6) = 336.75
mm. L’espacement minimal stabilisé des fissures l min = 26.3 mm, selon l'équation (II -

113
Chapitre II

42). La contrainte minimale axiale dans le jonc de carbone (σf sep) dont la ruine est due à la
séparation du béton d’enrobage est égale à 1 992 MPa selon l'équation (II - 52).
Pour calculer le moment ultime de la poutre, nous avons supposé que la ruine s’est
produite pour une résistance maximale du jonc de carbone égale à σf sep = 2 173 MPa < σfu = 2
300 MPa (Ceci et al. 2012).

Fissure i

Fissure j
Mi Vi Vj Mj h1

Point A σfj h' d'


σfi
τ l b0
Barre
composite Matériau de b
scellement

Mi
Mj
a) État d’équilibre
b) Rupture
Figure II-29 : Efforts dans un élément entre deux fissures adjacentes en flexion i,j.

II.14. DIFFERENCE ENTRE LES VALEURS ANALYTIQUES ET RESULTATS


EXPERIMENTAUX

Les valeurs utilisées dans les calculs des moments ultimes des poutres étudiées
B2CL1, B2T, B1CL1, et B1T sont :
b = 150 mm, h = 280 mm, d = 258 mm, Es = 208 000 MPa, k = 1 850 MPa, Ef = 150 000
MPa, σfu = 2 300 MPa, fy = 581.5 MPa, σsu = 655.5 MPa.
Les deux poutres B2CL1 et B2T sont renforcées par un jonc de carbone de 6 mm de
diamètre : Af = 28.3 mm², df = 275 mm.
Le Tableau II-6 récapitule les résultats expérimentaux du moment ultime (Figure
II-30), comparés à ceux analytiques des poutres dont les ruines sont dues :
- à l’écrasement du béton comprimé après la plastification des aciers tendus.
- à la rupture à la traction des joncs de carbone dans le cas des poutres réparées.
- à la séparation du béton d’enrobage entre deux fissures adjacentes dans le cas des
poutres réparées
- au pull-out du jonc de carbone dans le cas des poutres réparées.

114
Chapitre II

B2CL1
Poutre Non- B2CL1 B2T B1T B1CL1 Mode de ruine
réparée

My(exp)
- 24.5 35.0 32.5 25.9 -
(kN.m)
My(cal)
20.4 23.5 33.8 - - -
(kN.m)
Mu(exp)
- 37.0(1) 48.0(2) 35.0(3) 30.1(4) -
(kN.m)
21.3 50.9 56.5 - - Écrasement du béton comprimé
Rupture à la traction du jonc de
- 38.7 50.5 - -
Mu(cal) carbone
(kN.m) 37.2 100
- - - Séparation du béton d’enrobage
b0=6.5 cm b0=15 cm

- 42.1 48.8 - - Pull-out du jonc de carbone


Lang=0.8m Lang=1m
(1) Séparation du béton d’enrobage.
(2) Pull-out du jonc de carbone.
(3) Écrasement du béton comprimé.
(4) Rupture des aciers tendus.
Tableau II-6 : Moments de flexion de la plastification des aciers longitudinales et ultimes
calculés et expérimentaux des poutres.

59
Ruine par écrasement de béton comprimé
57
55 Ruine par séparation de béton d’enrobage
Moment ultime [kN.m]

53
51
49
Ruine par Pull-out du jonc de carbone
47
Ruine expérimentale
45
43
41
39
B2CL1 B2T
37
35
50% 55% 60% 65% 70% 75% 80% 85% 90% 95% 100% 105%
Taux des aciers tendus

Figure II-30 : Moments ultimes analytiques calculés et expérimentaux des poutres étudiées.
Le Tableau II-7 présente les valeurs analytiques des contraintes normales dans les
joncs de carbone à partir des moments expérimentaux des poutres réparées avec la

115
Chapitre II

technique NSM au seuil de plastification des aciers tendus et à la ruine des poutres
réparées.

Poutres B2CL1 B2T

σfy(exp)
470 468
(MPa)
σfu(exp)
1986 1966
(MPa)
Tableau II-7 : Contraintes dans le jonc de carbone dues aux moments expérimentaux des
poutres.
Le Tableau II-7 montre une bonne corrélation entre les valeurs expérimentales et celles
analytiques calculées de moment de plastification pour toutes les poutres étudiées. La valeur
expérimentale du moment ultime de la poutre témoin non-renforcée B1T est aussi bien
corrélée aux calculs conventionnels dans le béton armé.
Les calculs conventionnels dont la ruine est due à l’écrasement du béton comprimé
montrent des valeurs analytiques du moment ultime supérieures que celle expérimentales de
18% et 37% pour les poutres B2T et B2CL1 respectivement. Par contre, le modèle analytique
dont la ruine est due à la rupture du jonc de carbone à la traction montre des valeurs
légèrement supérieures que celles expérimentales de l’ordre de 5.2% et de 4.6% pour les
poutres B2T et B2CL1 respectivement. En outre, le modèle analytique dont la ruine est due au
pull-out du jonc de carbone donne une valeur bien corrélée avec celle expérimentale dans le
cas de la poutre témoin renforcée (1.6%), et une valeur bien supérieure que celle
expérimentale de 14% dans le cas de la poutre corrodée et réparée B2CL1, ce qui explique
pourquoi la ruine de la poutre ne s’est pas produite par Pull-out du jonc de carbone.
Dans le cas de la poutre corrodée réparée B2CL1, nous trouvons que les valeurs
analytiques du moment ultime sont surestimées que celles expérimentales pour les deux
modèles analytiques dont les ruines sont dues à l’écrasement du béton comprimé (37%) et au
pull-out du jonc de carbone (14%). L’explication est liée au mode de ruine réelle de la poutre
réparée qui est intervenue par la séparation de béton d’enrobage due à l’éclatement du béton
d’enrobage due à la corrosion et aucun signe d’écrasement du béton comprimé ou de
glissement du jonc de carbone aux extrémités n’a été observé. Par ailleurs, nous trouvons que
la valeur analytique du moment ultime dont la ruine est due à la rupture du jonc de carbone à
la traction est légèrement supérieure à celle expérimental dans le cas de la poutre corrodée
réparée de 4.6%.
Dans le cas de la poutre témoin renforcée B2T, la valeur analytique du moment ultime
dont la ruine est due à l’écrasement du béton comprimé, est supérieure à celle expérimentale
de 18%. Par contre, la valeur analytique dont la ruine est due au pull-out du jonc du carbone
est bien corrélée avec celle expérimentale (1.6%), l’explication est liée au mode de ruine
réelle de la poutre témoin renfoncée qui s’est produit par pull-out du jonc de carbone suivi de
l’écrasement du béton comprimé qui s’est produit dû à la ruine du renforcement NSM.
Cependant, nous trouvons que le moment ultime expérimental de la poutre témoin renforcée
est légèrement supérieur de 5.2% à la valeur analytique calculée dont la ruine est due à la
rupture du jonc de carbone à la traction.

116
Chapitre II

Par conséquent, en se basant sur l’hypothèse de la rupture du jonc de carbone à la


traction, le moment ultime calculé est très proche, mais supérieur au celui ultime
expérimental, ce qui signifie une bonne optimisation de la section transversale du jonc
de carbone inséré avec la technique NSM.
De plus, nous observons que le moment ultime analytique calculé de la poutre corrodée
réparée B2CL1 dont la ruine s’est produite par la séparation du béton d’enrobage entre deux
fissures adjacentes en flexion (M sep = 37.12 kN.m), est bien corrélé avec celui expérimental
(Mexp = 37 kN.m). Par contre, la valeur analytique du moment ultime de la poutre témoin
renforcée B2T est supérieure à celle expérimentale de manière significative. Ceci est
essentiellement dû à la largeur endommagée du béton d’enrobage dans la zone tendue
de la poutre corrodée réparée B2CL1 au contraire dans le cas de la poutre témoin
renforcée B2T où la largeur est saine.
Pour conclure, les calculs conventionnels des moments ultimes dont la ruine est due
à l’écrasement du béton comprimé, ne sont pas appropriés pour estimer le moment
ultime des poutres renforcées ou réparées, et donnent une surestimation significative
de la capacité portante.

II.15. CONCLUSION

Le programme expérimental effectué dans cette partie nous a permis de conclure que
la technique NSM augmente de manière significative la capacité portante d'une poutre
endommagée due à la corrosion. La poutre corrodée avec une perte de section des aciers
tendus de 36% et puis réparée par un jonc de carbone inséré avec la technique NSM
montre la même capacité portante que celle d’une poutre témoin (non-corrodée) avec
une augmentation de 8%. Toutefois, la possibilité d’insérer des joncs de carbone avec la
technique NSM dépend de la qualité du béton d’enrobage non-endommagé. D’autre part,
la poutre corrodée réparée montre une réduction de la ductilité par rapport aux deux
poutres non-corrodée renforcée et témoin non-renforcée. La réduction de ductilité de la
poutre corrodée réparée par rapport à la poutre témoin (non-corrodée) et renforcée
est due uniquement à la corrosion des aciers tendus. La réduction de ductilité de la
poutre corrodée et réparée par rapport à la poutre témoin non-renforcée est due à
la corrosion des aciers tendus et à la présence du jonc de carbone. Néanmoins,
la réduction de ductilité est du même ordre que celle obtenue entre la
poutre corrodée et la poutre témoin non-renforcée (Castel et al. 2000a; Castel et al.
2000b).
Dans le prochain chapitre, nous allons tenter de simuler expérimentalement les effets
de la corrosion sur la réparation des poutres en béton armé, d’une part, pour retrouver
le même mode de ruine de la poutre corrodée et réparée B2CL1 par la séparation du
béton d’enrobage et, d’autre part, étudier séparément les effets de la corrosion sur la
réparation des poutres avec la technique NSM.

117
III. Chapitre III

Simulation expérimentale des effets


de la corrosion sur la réparation des
poutres avec la technique NSM
Chapitre III

III.1. INTRODUCTION

Une des causes majeures de dégradation des structures en béton armé est la
corrosion. Elle peut se développer suivant deux processus essentiels. Le premier est la
carbonatation du béton, qui est suivie d’une corrosion relativement uniforme et
généralisé. Dans le second cas, une forte concentration de chlorures au niveau de
l’armature d’acier, va générer des piqûres de corrosion sur une petite zone impliquant
une corrosion fortement localisée. Quand la corrosion devient active, les caractéristiques
mécaniques des éléments en béton armé s’en trouvent modifiées. Principalement, la
section d’acier est diminuée avec l’augmentation de la corrosion. L’apparition d’une fine
couche de produits de corrosion (la rouille) va avoir un effet sur le béton d’enrobage. En
effet, la rouille occupera un volume de deux à six fois supérieur à celui du métal sain, ce
qui fissurera le béton d’enrobage et favorisera à nouveau l’acheminement des agents
agressifs jusqu’à l’armature. Cette fissuration longitudinale provoquera la diminution de
l’adhérence entre l’acier et le béton. Après avoir étudié la possibilité de réparer une
poutre en béton armé corrodée naturellement depuis 1984 au Laboratoire des
Matériaux et Durabilité de la Construction (L.M.D.C) par l’insertion un jonc de carbone
avec la technique NSM dans le chapitre II. Nous avons réalisé des simulations
expérimentales en faisant varier les paramètres relatifs aux conséquences de la
corrosion (Perte généralisée de la section d’acier tendu, éclatement de béton d’enrobage
et détérioration de l’adhérence acier-béton), afin d'étudier la performance et le mode de
ruine de poutres en béton armé endommagées et réparées par l’insertion d’un jonc de
carbone avec la technique NSM.

Dans un premier temps, nous avons choisi d’analyser séparément les effets de la
corrosion : la perte de section d’acier tendu et l’éclatement du béton d’enrobage sur le
comportement global de poutres en béton armé réparées. La détérioration d’adhérence
acier-béton a été réalisée à en enlevant le béton d’enrobage autour de l’armature tendue
dans la zone centrale d’une poutre en béton armé. Ce type d’essai correspond à une
annulation de l’adhérence équivalente à un taux de corrosion très élevé. Cependant, les
armatures secondaires ainsi que les cadres ne sont pas concernés par le processus de
perte d’adhérence car ce sont surtout les armatures tendues qui jouent un rôle
important dans le phénomène. La perte de section d’acier tendu a été réalisée par
l’utilisation des barres d’armature avec une section réduite par rapport à la poutre
témoin (non-endommagée), ce type d’essai correspond à une perte de la section d’acier
due à la corrosion généralisée, car il est en effet difficile de réaliser expérimentalement
une corrosion variable en position et en intensité telle que dans la poutre corrodée
B2CL1. L’éclatement du béton d’enrobage a été réalisé en enlevant le béton d’enrobage
le long de la poutre et au-dessous des armatures tendues sur la moitié de la largeur de la
poutre.
Dans un second temps, le comportement mécanique est étudié en analysant la
rigidité et la ductilité de l'ensemble des poutres. De plus, le développement des cartes de
la fissuration et l’ouverture des fissures avant et après réparation, sont discutés. Des
calculs de type réglementaire pour estimer les moments de plastification et ultime des
poutres endommagées réparées et les contraintes ultimes du jonc de carbone en
supposant que la ruine de poutre intervient par pull-out du jonc de carbone, par rupture
du jonc de carbone à la traction et par écrasement de béton comprimé, sont réalisés. Les

120
Chapitre III

valeurs expérimentales des essais en flexion des poutres testées sont comparées avec
celles analytiques.

III.2. ÉTUDE EXPERIMENTALE

III.2.1. Corps d’épreuve

Toutes les poutres réalisées pour faire une simulation de la poutre corrodée B2CL1,
ont une section identique de 150 × 200 mm et une longueur de 2000 mm. Six poutres
sont armées de deux barres d’acier à haute adhérence, trois de ces poutres avec deux
barres de 12 mm de diamètre et les trois autres poutres avec deux barres de 10 mm de
diamètre, Quatorze cadres HA6 espacés de 150 mm ont été utilisés pour le renforcement
à l’effort tranchant. Les détails du ferraillage sont portés sur les Figures III-1, III-2, III-3
et III-4.
Les corps d’épreuve ont été classés de la manière suivante :

 Une poutre témoin avec des armatures de renforcement 2 HA12 (B12-0) (Voir la Figure
III-1),
 Une poutre avec des armatures de renforcement HA12 a été réparée par un jonc de
carbone de 6 mm de diamètre avec la technique NSM (B12-1) (Voir la Figure III-1),
 Une poutre avec des armatures de renforcement 2 HA12 a été endommagée en enlevant
une section de 20 × 33 mm du béton d’enrobage le long de la poutre jusqu’au niveau des
appuis sur chaque coté (Perte de section du béton de 4.5%) afin de simuler l’éclatement du
béton d’enrobage et ensuite a été réparée par un jonc de carbone de 6 mm de diamètre
(B12-1EB) (Voir la Figure III-2).
 Une poutre avec des armatures de renforcement 2 HA10 afin de simuler une perte de la
section d’acier de 30% due à la corrosion généralisée (B10-0) (Voir la Figure III-3),
 Une poutre avec des armatures de renforcement 2 HA10 afin de simuler une perte de la
section d’acier de 30% due à la corrosion généralisée et réparée par un jonc de carbone de
6 mm de diamètre (B10-1) (Voir la Figure III-3),
 Une poutre avec des armatures de renforcement HA10 afin de simuler une perte de la
section d’acier de 30% due à la corrosion généralisée a été endommagée par la
suppression de l’adhérence des armatures en partie centrale sur une longueur de 800 mm
(Perte de section du béton de 8%) et ensuite a été réparée par un jonc de carbone de 6 mm
de diamètre (B10-1PA) (Voir la Figure III-4),

Les deux poutres B12-1EB et B10-1PA ont été fait afin d’avoir le même mode de
ruine de la poutre corrodée B2CL1 qui se produit par la séparation « délamination » du
béton d’enrobage entre deux fissures en flexion.

Les six poutres ont été pré-fissurées par une pré-charge de 30 kN (moment de 13.5
kN.m) avant la réparation et nous avons tracé la carte de fissuration pour chaque poutre,
les deux poutres non-réparées (B12-0 et B10-0) sont déchargées et ensuite rechargées
jusqu’à la ruine de la poutre, les poutres (B12-1, B10-1, B12-1EB et B10-1PA) sont
déchargées et réparées par l’insertion d’un jonc de carbone avec la technique NSM. Les
poutres réparées ont été soumises à un cycle de chargement/déchargement jusqu’au
niveau de 30 kN et ensuite rechargées jusqu’à la ruine. Le Tableau III-1 présente un
résumé des caractéristiques de ces éprouvettes.

121
Chapitre III

Taux d’acier Pré-


Poutre Type de l’endommagement Réparation(1)
tendu chargement(2)
1.28%
B12-0 Non-endommagée Non 30 kN (54%)
2 H12
1.28%
B12-1 Non-endommagée Oui 30 kN (54%)
2 H12
1.38%
B12-1EB Éclatement du béton d’enrobage (4.5%) Oui 30 kN (54%)
2 H12
0.88%
B10-0 Perte généralisée de section d'acier Non 30 kN (68%)
2 H10
0.88%
B10-1 Perte généralisée de section d'acier Oui 30 kN (68%)
2 H10
0.98% Perte de section d'acier + suppression de l’adhérence acier-
B10-1PA béton + perte de section du béton (8%)
Oui 30 kN (68%)
2 H10
(1) Réparation par l’insertion d’un jonc de carbone de 6 mm de diamètre avec la technique NSM.
(2) Pourcentage de la capacité portante des poutres non-réparées.
Tableau III-1 : Description des poutres B.
HA 6mm

20
HA 6mm/150mm 2 HA 6mm

14 Cadres
Ф6mm

200
2 HA 12mm
2 000 HA 12mm

20
Poutres B12
150

Figure III-1 : Caractéristiques géométriques et ferraillage des poutres B12. (Toutes les
dimensions en mm).
HA 6mm
20

HA 6mm/150mm 2 HA 6mm
14 Cadres
Ф6mm

200

2 HA 12mm
33
1 700
20

HA 12mm
2 000
Poutre B12-1EB
150

122
Chapitre III

Béton d’enrobage enlevé


d’une section de 20 × 33
mm le long de la poutre
jusqu’au niveau des appuis
(1 600 mm) sur chaque
côté.

Figure III-2 : Caractéristiques géométriques et ferraillage de la poutre B12-1EB. (Toutes les


dimensions en mm).
HA 6mm

20
HA 6mm/150mm 2 HA 6mm

14 Cadres
Ф6mm

200
2 HA 10mm

20
2 000 HA 10mm
Poutres B10
150

Figure III-3 : Caractéristiques géométriques et ferraillage des poutres B10. (Toutes les
dimensions en mm).

HA 6mm
20

HA 6mm/150mm 2 HA 6mm
14 Cadres
Ф6mm

200

600 600
20

Béton enlevé 2 HA 10mm


150
2 000
Poutre B10-1PA

123
Chapitre III

Béton d’enrobage enlevé autour des aciers


tendus dans la partie centrale de poutre (800
mm)

Figure III-4 : Caractéristiques géométriques et ferraillage de la poutre B10-1PA. (Toutes les


dimensions en mm).

III.2.2. Propriétés des matériaux

III.2.2.1. Béton

Le Béton Ordinaire « BO » est le béton utilisé dans le cadre de notre programme


expérimental. De nombreuses données expérimentales sont disponibles à son sujet, il a
notamment été étudié dans le cadre des thèses de (Zhang, 2008; Al-Mahmoud, 2007).
Les proportions des matériaux utilisées pour fabriquer le béton qui a servi au coulage
des poutres, sont données dans le Tableau III-2. Le ciment Portland est du type CEM I
/52.5 R fourni par le groupe Lafarge. Les granulats proviennent de la région Toulousaine :
un sable (0-4 mm), un gravillon (4-10 mm) siliceux et roulés de Garonne, ainsi qu’un
gravillon (10-14 mm) siliceux du type concassé (Tableau III-2).
Constituants BO40

Granulats roulés silico-calcaires de Garonne 4/10 mm 535.5 kg /m3

Granulats concassé silico-calcaires de Garonne 10/14 mm 535.5 kg /m3

Sable roulé de Garonne 0/4 mm 710 kg /m3

Ciment Portland CEM I 52.5 R 400 kg /m3

Eau totale 190 kg /m3

Rapport E/C 0.475

Tableau III-2 : Compositions du béton des poutres.


Caractéristiques mécaniques du béton

124
Chapitre III

Chaque mesure des caractéristiques mécaniques du béton a donné lieu à trois essais
sur éprouvettes cylindriques 120 × 240 mm âgées à 28 jours conformément à la norme
NFP 186 – 406, conservées dans les mêmes conditions que les poutres, c'est-à-dire, dans
le laboratoire à une température d'environ 20°C et de taux d'humidité relative de 60%.
La rectification des éprouvettes est effectuée à l’aide d’une rectifieuse par disque
diamanté Twin-MATIC pour avoir des sections planes aux éprouvettes.

Figure III-5 : Cage Extensométrique utilisée pour la détermination du module d’élasticité.

La presse utilisée afin de déterminer la résistance mécanique en compression uni-


axiale du béton est d'une capacité maximale de 3 000 kN, asservie en force à pilotage
automatique. La résistance en compression a été évaluée en suivant la norme (AFNOR
2003): les essais ont été réalisés avec une vitesse de chargement de 0.5 MPa/s.

Pour évaluer le module d’élasticité en compression, les essais ont été conduits selon
les (Recommandations RILEM CPC8 1972), applicables à tout type de bétons (légers,
normaux ou lourds). Ces recommandations préconisent d’effectuer dix cycles de charge
et décharge d’une amplitude égale à 1/3 de la charge de rupture et de déterminer le
module à la fin de ces cycles. Dans notre cas, compte tenu de l’absence d’hystérésis, nous
avons effectué le calcul du module lors du cinquième cycle.

Pour mesurer la déformation longitudinale et transversale, on utilise la cage


Extensométrique (Figure III-5), Trois pointeaux de base de mesure de 120 mm sont
attachés sur la surface latérale de l’éprouvette à 120°, les déformations moyennes
(longitudinale et transversale) des éprouvettes servent à calculer le module élastique et
le coefficient Poisson. Le chargement mécanique a été effectué de manière continue avec
une vitesse de 0.5 MPa/s. Le module d’élasticité est calculé sur la dernière montée en
charge à 1/3 de la charge de rupture suivant la formule (Figure III-6) :

Ε = Δε/Δσ = (σa - σb)/(εa, n - εb, n) (III - 1)

Avec : σa est la résistance moyenne égale à 1/3 (MPa),


σb est la contrainte de base = 0.5 MPa,
εa, n est la déformation mesurée pour la contrainte σa pour le cycle n (n = 5),
εb, n est la déformation mesurée pour la contrainte σb pour le cycle n (n = 5).

125
Chapitre III

f MPa
fcc
1/3𝑓𝑐𝑐 − 𝑓𝑏 𝑓0 − 0.5
𝑡= = (𝑆𝑒𝑐)
𝑐 0.5
𝑓𝑐𝑐 − 𝑓𝑏
30 𝑡𝑛 + 1 = = 3𝑡
0.5
30 𝑇 = 2𝑛(90 + 𝑡) + 𝑡𝑛 +1
n : nombre de cycle
Mesure de εa c : taux de chargement
60 30

f0=1/3fcc 60 30

Mesure de εb

fb=0.5
t 90 t 90 t 90 t t 90 t 90 tn+1 Temps (Sec)

T
Figure III-6 : Paramètres de l’essai de détermination du module d’élasticité [RILEM 72].

La résistance à la traction du béton a été déterminée par le fendage à 28 jours dit brésilien
sur des éprouvettes cylindriques de 120 × 240 mm. La mesure de la résistance à la traction
donne la valeur moyenne suivante 3.8 MPa. Cette valeur est proche de la valeur calculée (3.45
MPa) selon la formule du BAEL (ft28 = 0.6 + 0.06.fc28) d’après la valeur de la résistance en
compression de même béton utilisé à 28 jours (Tableau III-3).

Caractéristiques mécaniques du béton « BO40 » à 28 jours

Résistance en compression fc28 (MPa) 47.5

Résistance à la traction ft28 (MPa) 3.8

Module d'élasticité (MPa) 38 000

Tableau III-3 : Propriétés mécaniques et caractéristiques des matériaux.

III.2.2.2. Acier d’armature

Des barres d’armature en acier Fe 500 à haute adhérence « HA » de diamètre 12 mm


ont été utilisées. Pour déterminer les propriétés mécaniques de l'acier d'armature, des
essais à la traction ont été effectués sur deux barres en acier HA et avec un diamètre
nominal de 12 mm et 6 mm et une longueur de 700 mm avec une limite d'élasticité
spécifiée de 500 MPa. Les échantillons présentaient un seuil de plastification avec une
limite d'élasticité expérimentale supérieure de 500 MPa (Voir la Figure IV-1 et §
IV.3.1.1). La déformation a été mesurée à l’aide de deux jauges (CEA-13-125UW-350
Vishay Measurements Group, Inc.) collées au centre d’échantillon.

126
Chapitre III

III.2.2.3. Jonc de carbone

Les caractéristiques du jonc en fibre de carbone sont données par le fabricant


« Soficar » (Voir l’Annexe 1) Transition vitreuse : > 100°C, Contrainte à rupture : 2 300
MPa, Densité : 1.59, Elongation : 2.0%, Module d’élasticité : 150 GPa (Voir § II.4.3).

III.2.2.4. Matériaux de scellement

Les caractéristiques mécaniques des matériaux de scellement (Résine époxy Eponal


380) sont celles énoncées dans la fiche technique du fabriquant (Voir § II.4.4 et l’Annexe
2).

III.2.3. Chargement

Les poutres, isostatiques, reposent sur un appui simple et une rotule. Elles ont été
soumises à un chargement en flexion 3-points comme présenté sur la Figure III-7. La
distance La entre les appuis est de 2.8 m. Le moment de flexion Mz est calculé en fonction
de l’abscisse x pour une charge P appliquée à mi-portée par l’intermédiaire de la formule
suivante :

𝑃 𝐿𝑎
𝑀𝑧(𝑥) = 𝑥 𝑝𝑜𝑢𝑟 0 ≤ 𝑥 ≤
2 2
𝑃 𝐿𝑎
𝑀𝑧(𝑥) = (𝐿𝑎 − 𝑥) 𝑝𝑜𝑢𝑟 ≤ 𝑥 ≤ 𝐿𝑎
2 2

Capteur de Force

LVDT
0.9 m 0.9 m
La=1.8 m
PLa/4
Moment Fléchissant

P/2

Effort Tranchant P/2

Figure III-7 : Configuration de chargement des poutres, diagrammes des efforts internes
dans une poutre sollicitée en flexion 3-points.

127
Chapitre III

III.2.4. Dispositif expérimental

Nous avons effectué la mesure de la flèche au milieu de la poutre à l’aide d’un capteur
de déplacement LVDT fixé à mi-portée (Figure III-7) et un autre capteur a été placé à
l’une des extrémités d’un jonc de carbone des poutres afin de mesurer l’éventuel
glissement du jonc pendant l’application de la charge. L’acquisition des mesures est
automatique. Le bâti de flexion est équipé d’une cellule de charge d’une capacité
maximale de 200 kN.

III.2.5. Pré-chargement des poutres en béton armé

Pendant leur durée de vie, les structures en béton peuvent être soumises à différents types
de chargement et des différentes conditions environnementales. Les fissures produites les
conditions de pré-chargement sont des dommages initiaux qui peuvent affecter le
comportement structurel. Plus précisément, cette pré-fissuration est représentative d’un
événement antérieur ayant déjà sollicité l’ouvrage durant sa construction ou durant son
exploitation, et l'étude de l'effet de la pré-fissuration sur le comportement structurel est
nécessaire pour l'évaluation des structures existantes.

C’est pourquoi, un cycle de chargement/déchargement jusqu’à 13.5 kN.m (54% du


moment ultime théorique de la poutre témoin B12-0) a été appliqué afin de fissurer la poutre.
Pendant l’essai pour chacune des poutres, nous avons mesuré l’ouverture de certaines fissures
en utilisant un Vidéo-microscope pour des paliers de charge de 5 kN.

Toutes les poutres sont pré-chargées ayant la réparation par matériaux composites. Ce
premier chargement a pour objectif de générer des fissures dans la poutre et de simuler ainsi
l’endommagement des poutres existantes. Lorsqu'on insère le jonc de carbone avec la
technique NSM dans la surface tendue de la poutre, on effectue bien une réparation puisque la
poutre est déjà fissurée. L’ouverture des fissures a été mesurée en utilisant un vidéo-
microscope offrant des outils graphiques pour effectuer des mesures géométriques à partir
d’images vidéo à très haute résolution. L’ouverture d’une fissure est la moyenne de 5 mesures
réparties sur une face latérale de chacune des poutres. Ensuite la poutre est déchargée. Nous
avons choisi seulement deux fissures dans la zone centrale de chaque poutre. Les Figures
III-24 & III-26 présente les cartes de fissuration des poutres non-réparées avec la position des
fissures mesurées. Après le déchargement, deux poutres ont été utilisées comme des poutres
en béton armé de référence (B12-0 & B10-0) et elles ont été chargées à nouveau sans
réparation jusqu'à la rupture.

Nous avons choisi deux poutres de type B12 et B10 afin d’effectuer un enlèvement du
béton d’enrobage selon les Figures III-1, III-2 et III-4. Ensuite, les quatre poutres ont été
réparées avec un jonc de carbone inséré avec la technique NSM sur la surface tendue des
poutres. Ces poutres réparées sont chargées en flexion jusqu'à 13.5 kN.m par la même
manière de chargement-déchargement avant la réparation afin de mesurer l’ouverture de deux
fissures indiquées dans chacune des poutres réparées.

III.2.6. Technique de réparation des poutres

Les quatre poutres ont été réparées par la même manière que la poutre B2CL1 dans la
première partie de ce chapitre (Voir § II.9). Le diamètre du jonc de carbone, la position et les
dimensions de l’engravure ont été choisis par la même manière que ceux dans la poutre

128
Chapitre III

corrodée et réparée B2CL1, c’est-à-dire, une seule engravure de profondeur de 10 mm et de


largeur de 15 mm a été réalisée à mi-largeur de la poutre sur la surface tendue, comme le
montre la Figure III-8. La longueur totale du jonc de carbone était de 160 cm, ce qui signifie
que la réparation a été arrêtée juste avant les appuis pour éviter la ruine précoce par
délamination du béton d’enrobage « peeling-off » (Al-Mahmoud et al., 2010).
HA6
HA6/150 2 HA6

20
14 Cadres
Ф6mm

200
Φ6
Jonc de carbone de 1 700 mm de longueur

20
Φ6
2 000
Jonc de carbone
150
Figure III-8 : Installation du jonc de carbone (Toutes les dimensions en mm).

III.3. RESULTATS EXPERIMENTAUX ET DISCUSSIONS

Dans ce paragraphe, nous allons étudier la réponse des poutres en béton armé
fissurées par un pré-chargement de 13.5 kN.m (54% de la capacité portante de la poutre
témoin B12-0) et non-réparées sous chargement monotone, tant du point de vue du
comportement global, de la rigidité des poutres avant et après la réparation au-delà du
seuil de fissuration du béton et du mode de ruine. Cette étude servira de référence pour
étudier la différence avec le comportement global des poutres en béton armé fissurées
par le même niveau de pré-chargement et ensuite réparées en utilisant un jonc de
carbone inséré avec la technique NSM.

III.3.1.1. Courbe moment de flexion-flèche des poutres non-réparées

Lorsqu’une poutre en béton armé pré-chargée après le seuil de fissuration du béton,


est soumise à un moment fléchissant positif croissant (Figure III-9), nous distinguons
trois phases principales :

Dans la première phase (du point O au point P), on peut considérer que le
comportement la poutre est généralement élastique, aucune fissure supplémentaire
n’apparaît. Comme la poutre était fissurée par un pré-chargement de 13.5 kN.m, le moment
de fissuration est de 6.5 kN.m. À partir de point P, La rigidité diminue au fur et à mesure
avec le développement des fissures verticales de flexion au centre de la poutre. Cette
phase s’achève en A, lorsque le moment atteint la valeur pour laquelle les aciers tendus
commencent à se plastifier. Le moment de plastification est de 19 kN.m. Au cours de la
troisième étape (du point A au point B), les barres d’acier sont plastifiées. Elles s’allongent
considérablement sans plus pouvoir s’opposer efficacement à l’ouverture des fissures.
Avec l’augmentation de la charge, des fissures de cisaillement apparaissent plus près des
appuis, et les fissures verticales au milieu de la poutre s’inclinent devenant des fissures
diagonales vers le point de chargement. Le béton comprimé de la section la plus

129
Chapitre III

sollicitée s’en dommage et le raccourcissement du béton continue à augmenter jusqu’à


atteindre sa valeur limite de rupture (valeur conventionnelle = 3.5‰). La poutre
reprend encore le moment fléchissant mais la plastification des aciers conduit à des
déplacements très importants.

III.3.1.2. Courbe moment de flexion-flèche des poutres réparées

Nous rappelons que les poutres réparées sont des poutres en béton armé, fissurées
par un pré-chargement de 13.5 kN.m et ensuite réparées par un seul jonc de carbone
clouté type 2 de 6 mm de diamètre avec la technique NSM. Nous étudions ces poutres
sous chargement monotone.

Lorsqu’une poutre fissurée et réparée par un jonc de carbone inséré dans sa partie
tendue, est soumise au moment fléchissant positif croissant, nous distinguons plusieurs
phases, (Figure III-10) :

25
B10-0 [39 kN]
B12-0 [49 kN]
Moment à mi-portée [kN.m]

20 B
A
15

P Moment de pré-chargement 13.5 kN.m


10

O
0
0 5 10 15 20 25 30 35 40 45
Flèche à mi-portée [mm]

Figure III-9 : Comportement global des poutres non-réparées B12-0 & B10-0.

Phase jusqu’à moment de pré-fissuration (OP) :

Dans cette première phase OA, les poutres sont fissurées et les valeurs de moment
fléchissant sont inférieures à celles du moment de pré-chargement (avant environ 13.5
kN.m) qui n’entraînent pas d’apparaitre des fissures supplémentaires dans le béton
tendu et ainsi les poutres se comportent de manière linéaire.

Phase jusqu’au début de la plastification des aciers tendus (PA) :

Au début de cette phase, le niveau de chargement a dépassé le pré-chargement. Des


fissures supplémentaires apparaissent dans la zone tendue lorsque la valeur de la
résistance à la traction du béton est dépassée. Il s’ensuit une réduction progressive de la

130
Chapitre III

rigidité. Les fissures ne traversent pas le matériau de scellement (ici la résine époxy) en
raison de son faible module d’élasticité. Sous un accroissement de la charge, les fissures
deviennent plus larges et de nouvelles fissures s’initient. La fissuration se développe en
fonction du moment de flexion appliqué et beaucoup de fissures uniformément reparties
de faible ouverture sont observées le long de la poutre. La fissuration due au moment de
flexion se stabilise avant de finir en A, quand la charge atteint la valeur de plastification
de l'acier.

Phase de la reprise du jonc de carbone jusqu’à la ruine (AB) :

Les aciers sont plastifiés et ne participent presque plus à reprendre de la charge


supplémentaire. Seul le jonc de carbone permet d’accroître le chargement. Le module le
plus faible de jonc de carbone conduit à un changement de pente de la courbe globale.
Dans cette phase, la fissuration est contenue par le jonc de carbone qui est encore dans
leur domaine élastique. Cependant, les fissures de flexion commencent à traverser la
résine. De nouvelles fissures d’effort tranchant sont visibles, elles se développent en
fonction de la charge appliquée. La ruine de poutre intervient en B, par l’arrachement
« Pull-out » du jonc de carbone de la résine à cause des fissures longitudinales
développées dans la résine qui conduisent à la perte d'adhérence entre le jonc de carbone et
le matériau de scellement.

Les courbes de la Figure III-11 montrent le comportement global pour toutes les
poutres testées (poutres réparées B12-1, B12-1EB, B10-1 et B10-1PA et poutres non-
réparées B12-0 et B10-0).

III.3.1.3. Influence de la réparation sur la rigidité des poutres

Pour chacune des poutres, fissurées et réparées, la rigidité de flexion (ou la raideur)
a été déterminée expérimentalement au même niveau de pré-chargement (13.5 kN.m)
ce qui représente la pente de la partie linéaire de la courbe charge-flèche. Un exemple de
la détermination expérimentalement de la rigidité est représenté sur la Figure III-13
pour la poutre fissurée B12-1 avant et après la réparation. Les résultats expérimentaux
des rigidités des poutres testées avant et après la réparation, sont présentés dans la
Figure III-12 et le Tableau III-4.
Les résultats montrent une diminution de la rigidité de flexion de 2.6% et 25.3%
dans la phase linéaire avant la plastification des aciers tendus pour les poutres non-
réparées B12-1EB et B10-1PA respectivement par rapport aux poutres B12-0 et B10-0.
Il a été également observé une augmentation de la rigidité de flexion de 5.6%, 7.4% et
7.8% des poutres B12-1EB, B10-1, B12-1 respectivement, due à la réparation par
l’insertion d’un jonc de carbone de 6 mm de diamètre avec la technique NSM. De plus,
cette augmentation de la rigidité de flexion a été plus importante de 19.4% pour la
poutre B10-1PA.
Nous observons que cette réparation avec la technique NSM peut augmenter la
rigidité des poutres non-endommagées de 5 à 8% et jusqu’à 20% pour celles
endommagées par la perte d’adhérence béton-acier. Par contre, pour les poutres
endommagées par l’éclatement de béton d’enrobage (perte de la section transversale du
béton de 4.5%), il n’a pas d’effet significatif sur perte de la rigidité de flexion due à

131
Chapitre III

l’endommagement (2.6%) (Voir la Figure III-12). Alors, la perte d’adhérence peut donc
être compensée par la réparation par le jonc de carbone.

35
Poutre en béton armé B
réparée par un jonc de
30 carbone insérée par la
technique NSM
B12-1
Moment à mi-portée [kN.m]

25
A
20 Poutre en béton
armé non-réparée
B12-0
15
P Moment de Pré-chargement 13.5 kN.m
10

O
0
0 5 10 15 20 25 30 35 40 45
Flèche à mi-portée [mm]

Figure III-10 : Comparaison du comportement global des poutres réparée B12-1 et non-
réparée B10-0.
35

30
Moment à mi-portée [kN.m]

25

20

15 B10-0 [39 kN]


B12-0 [49 kN]
10 B12-1EB [73 kN]
B10-1PA [60 kN]
5 B12-1 [74 kN]
B10-1 [62 kN]
0
0 5 10 15 20 25 30 35 40 45
Flèche à mi-portée [mm]

Figure III-11 : Comportement global des poutres B.

132
Chapitre III

9
Raideur avant le renforcement
8
Raideur après le renforcement
7
6
Raideur (kN/mm)

5
4
3
2
1
0
B12-0 B12-1 B12-1EB B10-0 B10-1 B10-1PA
Poutre

Figure III-12 : Raideur des poutres testées B.


35

30 Flèche résiduelle
due à l'ouverture
25 résiduelle des
Charge en (kN)

20

15

10 Chargement - avant réparation


Dechargement - avant réparation
Rechargement - avant réparation
5 Chargement - après réparation
Raideur avant réparation
Raideur après réparation
0
0 1 2 3 4 5 6
Flèche à mi-portée (mm)

Figure III-13 : Courbe charge-flèche de la poutre B12-1 avant et après la réparation.

III.3.1.4. Comportement de la ductilité

La ductilité est la capacité de l'élément à subir un comportement inélastique et absorber


l'énergie sans risque de ruine précoce. La ductilité est une propriété importante dans le
dimensionnement des structures. Plusieurs formes de ductilité sont disponibles. Il s'agit
notamment des déformations des matériaux, ou de grands déplacements de la structure. Dans
ce programme expérimental, la ductilité en déplacement est étudiée. La ductilité en

133
Chapitre III

déplacement est exprimée par le rapport du déplacement ultime de la structure et le


déplacement à la fin de la phase élastique. Pour les poutres réparées, Thomson H et al.
(2004) ainsi que de nombreux auteurs préfèrent utiliser la notion de ductilité basée sur
l’énergie, ils définissent la ductilité comme étant le rapport entre l'énergie ultime à la
ruine et l'énergie à la limite élastique, sachant que l'énergie est calculée comme la
surface sous la courbe de déplacement.
Le Tableau III-4 montre la ductilité en déplacement des poutres testées. Il a également été
observé que les poutres réparées B12-1 et B10-1 ont montré une réduction de ductilité de
32% par rapport à celles non-réparées B12-0 et B10-0. Il a également été observé que la
poutre endommagée par la perte d’adhérence béton acier et réparée B10-1PA a montré une
ductilité de 14.3% supérieure à celle non-endommagée réparée B10-1. Par contre, la
réduction de la section transversale (4.5%) de la poutre réparée B12-1EB n'est
pas significative sur la ductilité en déplacement (Voir la Figure III-14).
De cette étude, il a également été observé qu'une augmentation du taux d’acier tendu de
0.4% provoque une réduction de la ductilité en déplacement de 12.5%. De plus, l’insertion
d’un jonc de carbone de 1.25‰ sur la surface tendue a diminué la ductilité en déplacement
des poutres réparées de 32%.
Section de béton Taux de l’acier Flèche de Flèche à la
Ductilité en
Poutre considérée (b*d) tendu plastification ruine
déplacement
(mm²) (%) (mm) (mm)
B12-0 17700 1.28 6.8 42.8 6.3
B12-1 17700 1.28 7.75 33.1 4.3
B12-1EB 16380 1.38 7.75 33.0 4.3
B10-0 17850 0.88 5.8 41.5 7.2
B10-1 17850 0.88 7.8 38.2 4.9
B10-1PA 16001 0.98 7.1 39.9 5.6
Tableau III-4 : Ductilité en déplacement des poutres.
8
7
Ductilité en déplacement

6 B10-1PA
5 B12-1EB
4
3
2
Renforcée
1
Non-renforcée
0
0,2 0,4 0,6 0,8 1 1,2 1,4 1,6
Taux de l’acier tendu %
Figure III-14 : Ductilité en déplacement en fonction du taux de l’acier tendu.

134
Chapitre III

III.3.1.5. Moment de plastification - Résistances ultimes - Modes de ruine

Le moment de plastification, ce qui correspond au changement de pente de la courbe,


a notablement augmenté après réparation. Après la phase de plastification des aciers
tendus, les poutres non-réparées ont une courbe de moment de flexion-flèche plate,
tandis que dans les poutres réparées, la plastification des aciers provoque une réduction
de la pente, mais le jonc de carbone inséré par NSM a permis à la poutre de reprendre de
la charge supplémentaire.

Les moments de plastification des poutres non-réparées B12-0 et B10-0 se


produisent à 19.4 et 14.4 kN.m respectivement et pour des flèches correspondantes à
mi-portée à 7.1 et 5.8 mm respectivement. Lorsque ces poutres ont été réparées avec un
jonc de carbone de 6 mm de diamètre, une augmentation de 19.6% et 21.5% dans le
moment de plastification et de 11.3% et 26.8% dans la flèche correspondante à mi-
portée a été observée respectivement.

Le mode de ruine des poutres non-réparées se produisent par écrasement du béton


comprimé après plastification d’acier et les moments ultimes correspondants de 22.1 et
17.6 kN.m pour les poutres B12-0 et B10-0 respectivement (Voir les Figures III-11,
III-17 et III-18).

Les moments ultimes des poutres réparées B12-1 et B10-1 interviennent à 33.3 et
27.9 kN.m respectivement (Voir la Figure III-11), avec une augmentation de 50.7% et
58.5% par rapport à ceux des poutres non-réparées B12-0 et B10-0 respectivement et
avec une augmentation de la capacité portante de 50.7% et 26% respectivement par
rapport à la poutre témoin B12-0 (Figure III-15). La ruine des poutres réparées B12-1 &
B10-1 intervient par l’arrachement « Pull-out » du jonc de carbone de la résine et par
l’éclatement simultané de quelques triangles en béton dans la zone de béton d’enrobage
(Figures III-21 et III-22). La différence des moments de ruine de 25% entre B12-1 et
B10-1 est due à la réduction de la section des aciers tendus de 30.5%.

Les moments de plastification et ultime de la poutre endommagée par enlèvement


une partie du béton d’enrobage et puis réparée B12-1EB est de 23.2
et 32.9 kN.m respectivement et la flèche au niveau de plastification et ultime étaient de
7.7 et 32 mm respectivement (Figure III-11). Lorsque cette poutre endommagée a été
réparée avec un jonc de carbone de 6 mm de diamètre avec la technique NSM, une
augmentation de 19.6% dans le moment de plastification et 48.9% dans le moment
ultime a été observée. Une augmentation de la flèche de 8.5% au niveau de plastification
d'acier et une réduction de la flèche de 25.6% au niveau de la ruine ont été observées
par rapport à la poutre non-réparée B12-0 (Figures III-15 et III-16). En outre, il convient
de noter que le comportement de la poutre réparée et endommagée B12 1EB est très
similaire au comportement de celle réparée non-endommagée B12-1.

Pour la poutre réparée endommagée B10-1PA, les moments de plastification et


ultime étaient de 16,7 et 27 kN.m respectivement et la flèche correspondante à mi-
portée a été de 7.5 mm à la plastification des aciers tendus et de 39.6 mm à la ruine
(Figure III-11). Lorsque cette poutre endommagée a été réparée avec un jonc de carbone
de 6 mm de diamètre avec la technique NSM, une réduction de 18.5% dans le moment de
plastification et de 7.9% dans le moment ultime a été observée par rapport à la poutre
témoin B12-0. De plus, une augmentation dans le moment de plastification et dans la

135
Chapitre III

flèche de 16% et 33.9% respectivement et une réduction dans la flèche de 4.1% à la


ruine n'ont été observées par rapport à la poutre non-réparée B10-0.

Les deux poutres, B12-1EB & B10-1PA, ont le même mode de ruine par
l’arrachement du jonc de carbone de la résine, suivi d’écrasement du béton comprimé.
Ces poutres ont une augmentation de la capacité portante de 49% et 22.5%
respectivement par rapport à la poutre témoin B12-0.

La différence des moments ultimes de 26% et 22.5% pour les deux poutres B10-1 &
B10-1PA respectivement par rapport à la poutre témoin B12-0 est due à la perte
d’adhérence acier-béton et à la perte de section transversale du béton de 8% dans la
zone centrale de la poutre B10-1PA.

Nous observons qu’une perte de section transversale du béton de 4.5% a une


influence négligeable sur la capacité portante de la poutre réparée puisque le taux
d’augmentation du moment ultime de la poutre B12-1 (réparée et non-endommagée)
était de 51%, tandis que cette augmentation était de 49% pour la poutre B12-1EB
(réparée et endommagée par une perte de section transversale du béton de 4.5%). De
plus, une réduction de 44% de la largeur de poutre au niveau du béton d’enrobage (le
cas de la poutre B12-1EB) (Figure III-2) n’a aucune d’influence sur le mode de ruine de
la poutre réparée. Les résultats obtenus expérimentalement pour chaque poutre sont
présentés dans le Tableau III-5 et dans les Figures III-15 et III-16.

Moment de Moment Raideur avant Raideur après


Poutre de ruine
plastification la réparation la réparation Mode de ruine expérimental
(kN.m) (kN.m) (kN/mm) (kN/mm)
B12-0 19 22.1 7.7 - Écrasement du béton comprimé
B12-1 23 33.3 7.8 8.4
B12-1EB 23 32.9 7.5 8.0
Pull-out du jonc de carbone suivi par
B10-0 14.4 17.6 5.5 -
écrasements du béton comprimé
B10-1 16.7 28 5.5 5.9
B10-1PA 18 27 4.1 4.9
Tableau III-5 : Principales caractéristiques du comportement de poutres en flexion –
Détermination expérimentale.

III.3.1.6. Influence de l’endommagement

Dans cette étude, la simulation des endommagements dus à la corrosion ont été
séparément réalisées sur des poutres en béton armé endommagées puis réparées par un
seul jonc de carbone inséré avec la technique NSM. Ceci est dans le but, d’une part, de
retrouver le même mode de ruine par la séparation « délamination » du béton
d’enrobage entre deux fissures adjacents et, d'autre part, de clarifier le rôle de chaque
effet d’endommagement de corrosion qui comprennent la perte de section transversale
des aciers tendus (30.5%), l’enlèvement du béton d’enrobage (4.5%) et la perte
d’adhérence acier-béton (8%) sur les performances structurelles.

Pour le premier cas des simulations, l'effet de la perte de section transversale des
aciers tendus de 30.5% qui simule la corrosion généralisée a été étudié. Nous pouvons
observer que, la réparation de cette poutre par un jonc de carbone de 6 mm de diamètre

136
Chapitre III

avec la technique NSM (qui correspondent le cas de la poutre B10-1), est capable
d'augmenter la capacité portante de 27% par rapport à celle témoin B12-0. En
comparant avec le cas de la réparation de la poutre corrodée B2CL1 et de la poutre
témoin renforcée B2T (Kreit et al., 2010), la réparation a été capable de restaurer
complètement la capacité portante pour une perte de section transversale des aciers
tendus de 36% due à la corrosion localisée (piqûres) à mi-portée. Cette différence du
gain (27%) est peut-être due, d’une part, à la différence des dimensions géométriques
entre les poutres réparées et, d’autre part, à la différence de mode de ruine entre les
deux poutres.

Pour le second cas des simulations, dans la poutre B12-1EB, le mode de ruine est
observé par pull-out du jonc de carbone suivie par écrasement du béton d’enrobage
dont une réduction dans la section transversale du béton de 4.5% n'a pas d'effet
significatif sur la performance structurelle. En revanche, pour le cas de la simulation de
la poutre endommagée et réparée B10-1PA, une réduction d’adhérence béton-acier de
45% dans la partie centrale peut provoquer une diminution de moment de plastification
de 4.6%, de la capacité portante de 3.2% et une augmentation de la flèche ultime à mi-
portée de 2.6% par rapport à la poutre non-endommagée et réparée B10-1. En
comparant avec la poutre témoin B12-0, la réparation avec la technique NSM a
également permis d’ augmenter le moment ultime de 22% (Figures III-15 et III-16).

35 Moment de plastification
30 Moment ultime
25
Moment (kN.m)

20
15
10
5
0
B12-0 B12-1 B12-1EB B10-0 B10-1 B10-1PA
Poutre
Figure III-15 : Moments expérimentaux des poutres.
50
Flèche de plastification
40 Flèche ultime
Flèche (mm)

30

20

10

0
B12-0
B12-1 B12-1EB B10-0 B10-1 B10-1PA
Poutre
Figure III-16 : Flèches expérimentales des poutres.

137
Chapitre III

Écrasement du béton comprimé

Figure III-17 : Mode de ruine de la poutre non-réparée B12-0.

Écrasement du béton comprimé

Aciers tendus plastifiés

Figure III-18 : Mode de ruine de la poutre non-réparée B10-0.

138
Chapitre III

Écrasement de béton comprimé

Pull-out du jonc de carbone

Pull-out du jonc de carbone

Pull-out de jonc de carbone

Dégradation de la résine dans la


Aucune trace de dégradation de la zone centrale de la poutre
résine à l’extrémité gauche de la poutre

Fissures de
flexion

Dégradation de la résine à
l’extrémité droite de la poutre Glissement du jonc de carbone de
1cm à l’extrémité droite de la poutre

Béton d’enrobage enlevé d’une section de Lanc = 260 mm 10 mm


33 × 20 mm

Figure III-19 : Mode de ruine de la Poutre B12-1EB (Pull-out du jonc de carbone avec
écrasement du béton comprimé).

139
Chapitre III

Béton d’enrobage enlevé


avec mise à nu des aciers
tendus dans la partie centrale
de la poutre

Écrasement du béton comprimé

Acier d’armature tendue

Pull-out du jonc de carbone de la résine

Dégradation de la résine dans la zone centrale de la poutre

Aucune trace de dégradation de la


10 mm résine aux extrémités de la poutre

Glissement de jonc de carbone de 10


mm à l’extrémité gauche de la poutre

Figure III-20 : Mode de ruine de la Poutre B10-1PA (Pull-out du jonc de carbone avec
écrasement du béton comprimé).

140
Chapitre III

Pull-out du jonc de
carbone de la résine

- Pull-out du jonc de carbone de la


résine
- Dégradation de la résine

Surface tendue
Partie centrale de la poutre

Figure III-21 : Mode de ruine de la Poutre B10-1 (Pull-out du jonc de carbone).

141
Chapitre III

 Pull-out du jonc de carbone


de la résine
 Dégradation de la résine
 Mise à nu de l’acier tendu

Dégradation de la
résine dans la partie
centrale de la poutre

Aucune trace de dégradation de la Dégradation de la résine à


résine à l’extrémité à gauche l’extrémité à droite
Figure III-22 : Mode de ruine de la poutre B12-1 (Pull-out du jonc de carbone).

III.4. COMPARAISON DES VALEURS EXPERIMENTALES ET THEORIQUES

Le Tableau III-7 récapitule les résultats du calcul théorique du moment de


plastification des aciers tendus et du moment de flexion ultime en supposant que le
mode de ruine des poutres réparées intervient par écrasement de béton comprimé, par
la rupture du jonc de carbone et par pull-out du jonc de carbone, en comparaison avec
les résultats expérimentaux des poutres. Le Tableau III-6 récapitule les résultats du
calcul théorique du moment de flexion ultime supposant que le mode de ruine des
poutres réparées intervient par l’arrachement « Pull-out » du jonc de carbone (Voir §
II.13.5), en comparaison avec les résultats expérimentaux des poutres dont la ruine est
due au pull-out des joncs de carbone.

Afin de calculer le moment de ruine dû à l’arrachement « Pull-out » du jonc de


carbone de la résine en utilisant le modèle proposé par Al-Mahmoud et al. (2012), les
valeurs de τu, sm et α sont 14.3 MPa, 0.14 mm et 0.74 respectivement.

Les valeurs utilisées pour le calcul sont :

b = 150 mm, h = 200 mm, ds = 175 mm, Es = 210 000 MPa, As = 226 mm²,

142
Chapitre III

Dans le cas des poutres réparées par un jonc de carbone de 6 mm :

Ef = 150 000 MPa, σfu = 2 300 MPa, Af = 28.3 mm², df =195 mm.

Le Tableau III-7 montre que les valeurs théoriques et expérimentales du moment de


plastification de l’acier sont généralement bien corrélées. Le Tableau III-6 montre que
les moments ultimes calculés par le modèle analytique de pull-out de jonc de carbone
(Al-Mahmoud et al. 2012) sont en bonne corrélation avec les résultats expérimentaux.
En revanche, les valeurs des moments ultimes calculés par le modèle analytique en
supposant la rupture de jonc de carbone à la traction, sont supérieures à ceux
expérimentaux de 18% pour les poutres B12 et sont proches de ceux expérimentaux
(3%) pour les poutres B10. Ensuite, nous observons également que les valeurs des
moments ultimes obtenus en considérant une ruine par écrasement du béton comprimé
sont également proches de ceux expérimentaux (3%) pour les poutres réparées, (Voir le
Tableau III-7). Malgré la ruine précoce des poutres par pull-out du jonc de carbone.

Lanc Leffect Cas État d'acier σmax σf cal M(DF) MR Cal MR Exp
Poutre
mm mm A/B à la DF MPa MPa kN.m kN.m kN.m

B12-1 510 337 A Non-Plastifié 480 470 23 34 33

B12-1EB 530 337 A Non-Plastifié 480 467 22 33 33

B10-1 430 337 A Non-Plastifié 480 1369 16 29 29

B10-1PA 450 337 A Non-Plastifié 480 1369 16 29 28

Tableau III-6 : Moments de flexion ultimes calculés et expérimentaux des poutres dont la
ruine est due au pull-out des joncs de carbone.
Moment de
Moment de Ruine
plastification
kN.m
kN.m
Poutres Cal Mode de ruine expérimental
Cal
Écrasement
Exp Cal Exp Rupture de
de béton
composite
comprimé

B12-0 19 20.6 22.1 21.4 - Écrasement de béton comprimé

B12-1 23 22.9 33.3 34 39 Pull-out de jonc de carbone


B12- Pull-out de jonc de carbone suivi
23 22.9 32.9 34 39
1EB d’Écrasement de béton comprimé
B10-0 14.4 14.5 17.6 15.1 - Écrasement de béton comprimé

B10-1 16.7 16.8 28 30 30.5 Pull-out de jonc de carbone


B10- Pull-out de jonc de carbone suivi
18 16.8 27 30 30.5
1PA d’Écrasement de béton comprimé
Tableau III-7 : Comparaison des résultats expérimentaux et théoriques des moments de
plastification des aciers tendus et des moments ultimes.

143
Chapitre III

III.5. COMPORTEMENT DE LA FISSURATION

La fissuration du béton est un processus hasardeux, hautement variable et influencé


par plusieurs facteurs. Cette fissuration est due au fait que le comportement du béton
est très fragile à la traction. Quelques mégas pascals suffisent pour qu’il se fissure, même
pour le béton à haute performance. Ces niveaux de résistance peuvent être atteints par
les contraintes de retrait et celles des variations thermiques climatiques et donc le béton
peut se fissurer même dans l’absence de charges externes. Dans ce sens, il est utile de
noter que malgré la présence des aciers de renforcement pour reprendre les contraintes
à la traction dans les éléments en béton armé, les fissures ne sont pas éliminées. En effet,
les fissures formées par les charges en flexion sont non seulement inévitables, mais
réellement nécessaires pour que les armatures puissent être utilisées efficacement tel
que montré par la figure ci-dessous.

On peut ainsi classer la fissuration du béton en deux catégories :

 1ère catégorie : les fissures causées par les charges externes appliquées à la structure
telles que celles dues aux charges de flexion ou celles inclinées induites par l’effort
tranchant.
 2ème catégorie : les fissures causées par le retrait et celles causées par les effets
thermiques.

Ainsi, les charges externes conduisent à des fissures en flexion verticales, à des
fissures inclinées d’effort tranchant ou à des fissures d’adhérences le long des barres de
renforcement. Quand la contrainte à la traction dans le béton atteint sa résistance à la
traction, des microfissures se forment. Rapidement, ces microfissures se développent en
macro-fissures qui se propagent dans la section de béton. Après développement complet
de la première fissure dans un élément en béton armé, la contrainte dans le béton de la
zone fissurée se réduit à zéro et est transmise aux aciers ; le schéma ci-dessous illustre
ce principe (Figure III-23).

Dans ce paragraphe, nous allons présenter les résultats du programme expérimental


concernant l’évolution de la fissuration des poutres testées. Les cartes de fissuration des
poutres, l’ouverture des fissures principales en flexion avant et après la réparation, sont
discutés.

III.5.1. Cartes de fissuration au niveau du pré-chargement 13.5 kN.m

Les poutres sont d’abord chargées jusqu’à 13.5 kN.m. Les cartes de fissuration ont
été tracées pour l’ensemble des poutres testées en relevant la position précise des
fissures repérées initialement à l’œil nu. Les cartes de fissuration montrant le réseau de
fissures obtenues à 13.5 kN.m sont présentées sur les Figures III-24, III-25, III-26, III-27,
III-28 et III-29 pour toutes les poutres.

Fissuration au niveau de pré-chargement.

Le Tableau III-8 synthétise les observations concernant le nombre de fissures, la


largeur de la zone fissurée (distance entre les fissures extrêmes les plus éloignées),
l’espacement entre les deux fissures étudiées f1 et f2 et leurs positions, ainsi que la

144
Chapitre III

position et la charge pour lesquels une nouvelle fissure se propage entre celles étudiées
f1 et f2.

Nous observons que pendant la phase de formation de fissures, des fissures se


forment à des positions aléatoires et sont principalement verticales, à partir de la zone
centrale de poutre lorsque la contrainte principale à la traction atteint la résistance du
béton à la traction. En augmentant la charge, les fissures verticales dans la portée de
cisaillement commencent à s'incliner en raison de la combinaison des effets de flexion et
de cisaillement. Nous distinguons deux formes des fissures à ce stage de
chargement/déchargement pour une poutre en béton armé soumise au moment fléchissant
positif croissant :

 Des fissures verticales (perpendiculaires à l’axe de la poutre) qui sont observées au milieu
de la poutre à l'endroit des cadres des efforts tranchants.
 Quelques nouvelles fissures sont verticales et apparaissent à mi-distance entre deux
fissures principales au cours de dernier étape de pré-chargement (25~30 kN).

Compte tenu des taux d’armature tendue et de l’état d’endommagement de certaines


poutres, les fissures principales en flexion détectables à l’œil nu apparaissent pour une
valeur de force comprise entre 9 et 14 kN et les petites fissures secondaires
apparaissent entre les fissures principales pour une valeur entre 25 et 30 kN.

A.N

f1 f2
Espacement des
fissures
Contrainte à la traction
ft longitudinale dans le
béton

fs Contrainte à la traction
longitudinale dans l’acier

Figure III-23 : Distribution des contraintes à la traction entre deux fissures de flexion dans
le béton et l’acier.

Pour le cas de la poutre B10-1PA, la carte de fissuration était différente de manière


significative (Figure III-28). Nous observons que pendant la phase de formation des
fissures, deux fissures principales se forment dans la zone centrale de la poutre pour une
valeur de 14 kN et sont à peu prés verticales. Avec l’augmentation de la charge jusqu’au
niveau de pré-chargement, il n’y a pas d’apparition de nouvelles fissures et mais
élargissement des existantes. Après le déchargement, on note l'existence d'une flèche
résiduelle résultant de l'ouverture résiduelle des fissures. Ce phénomène est dû à l'adhérence

145
Chapitre III

des barres d'acier sur le béton. Nous observons que aucune nouvelle fissure n’apparaît pas
dans le stage de rechargement-déchargement des poutres après la réparation et jusqu’au
niveau de pré-chargement de 13.5 kN.m.

III.5.1.1. Fissuration à la ruine

Dans les poutres fissurées et non-réparées, la ruine a eu lieu par écrasement du béton
comprimé, commençant par de grandes ouvertures des fissures verticales dans la zone centrale
de la poutre et par la progression de ces fissures vers le haut en remontant vers l'axe neutre et
réduisant la zone de compression jusqu'à ce que la déformation du béton en compression
atteint sa valeur ultime (3.5‰) induisant l'écrasement du béton. C'est un comportement
typique d'une section faiblement armée.

Par rapport aux poutres fissurées puis réparées par matériaux composites et avec
l’augmentation de chargement jusqu’à la ruine, nous remarquons que les fissures
verticales formées (perpendiculaires à l’axe de la poutre) qui sont observées dans la zone
centrale de la poutre se développent en largeur et en longueur avec la création de nouvelles
fissures secondaires. Après la plastification de l’acier où le jonc de carbone reprend toute la
charge supplémentaire appliquée. Les fissures de flexion dans le béton traversent la résine de
scellement. Le développement de ces fissures est suivi de l’initiation de fissures
horizontales dans le béton au niveau de la jonction de l’engravure avec les fissures
d’effort tranchant. Peu à peu avec l’augmentation de la charge appliquée, ces fissures
commencent à interagir avec les fissures d’effort tranchant en délimitant des zones
fragiles triangulaires en béton et les fissures en flexion verticales s’inclinent devenant
diagonales dues à l'effet combiné du moment fléchissant et de l'effort tranchant qui se
développent et se propagent vers le point de chargement. Simultanément, des fissures
inclinées à 45° par rapport à l’axe du jonc de carbone dues à la forte traction dans la
résine sont observées (Voir les Figures III-19, III-20, III-21 et III-22).

960
800
f2 f1
25 9 25 9
200

B12-0 25 15 25 15
9 25 9 25

2 000

Figure III-24 : Cartes des fissurations de la poutre B12-0 au niveau de pré-chargement de


13.5 kN.m.
920
765

f1 20 9
B12-1
200

14 f 9 9 1 20
2 9
0
2 4
2 000
Figure III-25 : Cartes des fissurations de la poutre B12-1 au niveau de pré-chargement de
13.5 kN.m.

146
Chapitre III

930
780

f1
200

B10-0 f2
15 11 9 9 9 25 9 11 15 25

2 000
Figure III-26 : Cartes des fissurations de la poutre B10-0 au niveau de pré-chargement de
13.5 kN.m.

890
755
f2 f1
30 9 30 9
200

B12-1EB 9 14
3 14 9 14 3 9
0 0
2 000
Figure III-27 : Cartes des fissurations de la poutre B12-1EB au niveau de pré-chargement
de 13.5 kN.m.

900
1 100
f1 f2
B10-1PA
200

800
2 000
Figure III-28 : Cartes des fissurations de la poutre B10-1PA au niveau de pré-chargement
de 13.5 kN.m.
890
755

B10-1 f2
200

30 14 9 f1 9 9 30 9 14 30
30
2 000

Figure III-29 : Cartes des fissurations de la poutre B10-1 au niveau de pré-chargement de


13.5 kN.m.

III.5.2. Ouverture de fissure de flexion

Afin d’étudier l’ouverture des fissures de flexion dans les poutres testées, ces poutres
sont soumises à un cycle de déchargement/rechargement jusqu’au niveau de 30 kN pour

147
Chapitre III

mesurer l’ouverture de deux fissures principales f1 et f2 (Figures III-24, III-25, III-26,


III-27, III-28 et III-29) à différents paliers de chargement en utilisant un Vidéo-
microscope portable. Le Vidéo-microscope est un microscope optique CONTROLAB dont
l’objectif est équipé d’une caméra. Le logiciel Videomet permet l’acquisition des images
et notamment la mesure des éléments observés après étalonnage. Le grossissement
x100 a été choisi pour déterminer l’ouverture moyenne des fissures. Les photographies
ont été prises, au niveau des aciers tendus à chaque palier de chargement. L’ouverture
de la fissure finale correspond à la valeur moyenne de 5 mesures prises sur une face
latérale au niveau des aciers tendus (Voir les Figures III-30 et III-31). Quatre poutres
B12-1, B12-1EB, B10-1 et B10-1PA sont réparées avec la technique NSM en utilisant un
jonc de carbone de 6 mm de diamètre. Nous avons rechargé par la suite ces poutres
réparées jusqu’à 30 kN en mesurant l’ouverture des fissures f1 et f2 à la même position.
Nous allons étudier l’ouverture de deux fissures de flexion f1 et f2 pour différents niveaux
de chargement, avant et après la réparation avec la technique NSM à la hauteur des barres
d'acier tendu, c'est-à-dire 25 mm. A titre d’illustration, la Figure III-31 présente des
photographies, prises à la hauteur des barres d'acier tendu, montrant l’évolution de la fissure
de flexion f1 de la poutre B12-1 avant et après la réparation en utilisant un jonc de carbone de
6 mm de diamètre inséré avec la technique NSM. Les Figures III-32, III-33, III-34, III-35,
III-36 et III-37 présentent également l’évolution des ouvertures des fissures f1 et f2 en
fonction du moment fléchissant à mi-portée des poutres testées B12-1, B12-1EB, B10-1 et
B10-1PA avant et après la réparation. Les Figures III-40 et III-41 présentent les taux de
réduction d’ouverture des fissures f1 et f2 des poutres du fait de la réparation. Nous rappelons
que le frottement acier-béton empêche la fermeture totale des fissures et se traduit par
l'existence d'une ouverture résiduelle à charge nulle, mais cette ouverture a été réduite
d’environ 5% lors de la réparation avec la technique NSM car les poutres sont retournées pour
placer le jonc de carbone.

III.5.2.1. Comparaison avant et après la réparation pour la poutre B12-1 :

Si l’on compare les ouvertures de fissure à moment égal (Figure III-37) dans le cas de la
poutre B12-1, on constate que le rapport de variation de moment fléchissant à mi-portée en
fonction de l'ouverture des fissures ΔM/ΔW, est augmenté après la réparation de 11% et de
25% pour les fissures f1 et f2 respectivement. De même, la rigidité de la poutre a été
augmentée aussi pendant la phase linéaire du comportement de 8% due à la réparation.
Ainsi, la réduction de l'ouverture moyenne des fissures due à la réparation peut être
considérée en première approximation comme une fonction affine du chargement. Nous
observons que le taux de la réduction d’ouverture des fissures dû à la réparation a été de
13.5% et de 21.1% pour les fissures f1 et f2 respectivement, sans prendre en compte la
réduction de l’ouverture des fissures due au retournement de la poutre au moment de la
réparation (Figures III-40 et III-41).

III.5.2.2. Comparaison avant et après la réparation pour B10-1 :

Nous avons observé l’apparition d’une fissure à mi-distance entre les deux fissures
principales de flexion dans le cas de la poutre B10-1. En général, dès l'apparition de
nouvelles fissures, la répartition des ouvertures de fissure est modifiée mais la somme
reste globalement la même. Par contre, dans ce cas, l’effet de la fissure à mi-distance a
été négligé, car la fissure apparaît plus tardivement à 30 kN et a une ouverture beaucoup
plus faible. De la même manière, le rapport de variation de moment fléchissant à mi-

148
Chapitre III

portée en fonction de l'ouverture de fissure, a augmenté après la réparation de 5% et


14% pour les fissures f1 et f2 respectivement. Nous rappelons que la rigidité de la poutre
a été augmentée de 7.3% due à la réparation. Le taux de la réduction d’ouverture de
fissure dû à la réparation a été de 10.5% et 15.7% pour les fissures f1 et f2
respectivement, sans prendre en compte la réduction de l’ouverture des fissures due au
retournement de la poutre au moment de la réparation (Figures III-40 et III-41).

Figure III-30 : Contrôle de l’ouverture de fissure sur une face au niveau des aciers tendus.
B12-1 5 kN 10 kN 15 kN 20 kN
Avant réparation

2.7 mm
Après réparation

Figure III-31 : Exemple du suivi de l’évolution de la fissure f1 pour la poutre B12-1.


Position des fissures Largeur de la
Distance entre les (mm) Nombre zone
Poutres deux fissures Fissures principales Fissure de fissures fissurée
(mm)
f1 f2 secondaire (mm)
B12-0 160 960 800 882 12 1066
B12-1 155 920 765 - 9 1064
B12-1EB 135 890 755 824 10 1053
B10-0 150 930 780 - 12 1151
B10-1 135 890 755 862 11 1053
B10-1PA 200 900 1100 - 2 158
Tableau III-8 : Détails sur la fissuration des poutres au niveau de pré-chargement.

149
Chapitre III

16
14

Moment en mi-porté (kN.m)


12
y = 0,0434x - 11,485
10 R² = 0,9507
8
6
y = 0,0349x - 15,009
4 R² = 0,9902
2 f1 Avant la Réparation
f1 Après la Réparation
0
0 100 200 300 400 500 600 700 800 900
B10-1PA Largeur de fissure (µm)

Figure III-32 : Évolution de l’ouverture de la fissure f1 en fonction de moment à mi-portée


de la poutre B10-1PA.
14

12 y = 0,0171x - 3,9344
Moment en mi-porté (kN.m)

R² = 0,9936
10

8 y = 0,0171x - 5,4484
R² = 0,9943
6

2 f2 Avant la Réparation
f2 Après la Réparation
0
0 200 400 600 800 1000 1200
B10-1PA Largeur de fissure (µm)

Figure III-33 : Évolution de l’ouverture de la fissure f2 en fonction de moment à mi-portée


de la poutre B10-1PA.
14

12 y = 0,1011x - 2,2467
Moment en mi-porté (kN.m)

R² = 0,9953
10
y = 0,0906x - 2,664
8 R² = 0,9882
6

2 f1 Avant la Réparation
f1 Après la Réparation
0
0 50 100 150 200
B12-1EB Largeur de fissure (µm)

Figure III-34 : Évolution de l’ouverture de la fissure f1 en fonction de moment à mi-portée


de la poutre B12-1EB.

150
Chapitre III

14

12 y = 0,1069x - 3,2146

Moment en mi-porté (kN.m)


R² = 0,9994
10
y = 0,0947x - 3,5182
8
R² = 0,995
6

2 f2 Avant la Réparation
f2 Après la Réparation
0
0 50 100 150 200
B12-1EB Largeur de fissure (µm)

Figure III-35 : Évolution de l’ouverture de la fissure f2 en fonction de moment à mi-portée


de la poutre B12-1EB.
14
y = 0,0714x - 6,274 y = 0,0425x - 5,2312
12 R² = 0,9973 R² = 0,9979
Moment en mi-porté (kN.m)

10 y = 0,0816x - 5,9074
R² = 0,9968
8 y = 0,0405x - 5,8287
R² = 0,9921
6

4 f1 Avant la Réparation
f1 Après la Réparation
2 f2 Avant la Réparation
f2 Après la Réparation
0
0 50 100 150 200 250 300 350 400 450 500
B10-1 Largeur de fissure (µm)

Figure III-36 : Évolution de l’ouverture des fissures f1 et f2 en fonction de moment à mi-


portée de la poutre B10-1.
14
y = 0,103x - 3,4041 y = 0,0847x - 4,2678
12 R² = 0,9966 R² = 0,9989
Moment en mi-porté (kN.m)

10

8 y = 0,1298x - 3,4194 y = 0,076x - 4,5743


R² = 0,999 R² = 0,9991
6

4 f1 Avant la Réparation
f1 Après la Réparation
2 f2 Avant la Réparation
f2 Après la Réparation
0
0 50 100 150 200 250
B12-1 Largeur de fissure (µm)

Figure III-37 : Évolution de l’ouverture des fissures f1 et f2 en fonction de moment à mi-


portée de la poutre B12-1.

151
Chapitre III

16
14 y = 0,1061x - 1,5074
R² = 0,9714

Moment en mi-porté (kN.m)


12
10
8 y = 0,065x - 1,6004
R² = 0,9856
6
4
f1 Avant la Réparation
2
f2 Avant la Réparation
0
0 50 100 150 200 250 300
B12-0 Largeur de fissure (µm)

Figure III-38 : Évolution de l’ouverture des fissures f1 et f2 en fonction de moment à mi-


portée de la poutre B12-0.
14

12 y = 0,0813x - 1,5056
R² = 0,9833
Moment en mi-porté (kN.m)

10

8
y = 0,0565x - 2,5057
6 R² = 0,988
4

2 f1 Avant la Réparation
f2 Avant la Réparation
0
0 50 100 150 200 250 300
B10-0 Largeur de fissure (µm)

Figure III-39 : Évolution de l’ouverture des fissures f1 et f2 en fonction de moment à mi-


portée de la poutre B12-0.
40
Taux de la recduction d'ouverture

En réduisant l'ouverture résiduelle de la fissure


35
Sans réduction de l'ouverture résiduelle de la fissure
30
de la fissure

25
20
15
10
5
0
B12-1 B12-1EB B10-1 B10-1PA
Fissure f1 Poutres

Figure III-40 : Taux de réduction de l’ouverture de la fissure f1 des poutres dû à la


réparation avec la technique NSM.

152
Chapitre III

40

Taux de la recduction d'ouverture


En réduisant l'ouverture résiduelle de la fissure
35
Sans réduction de l'ouverture résiduelle de la fissure
30

de la fissure
25

20

15

10

0
B12-1 B12-1EB B10-1 B10-1PA
Fissure f2 Poutres

Figure III-41 : Taux de réduction de l’ouverture de la fissure f2 des poutres dû à la


réparation avec la technique NSM.

III.5.2.3. Modèles de prévision d’ouverture de la fissure de flexion et de


l’espacement des fissures

En raison de la complexité du phénomène de fissuration, les méthodes actuelles qui


permettent de calculer les ouvertures de fissures sont basées essentiellement sur des
constatations expérimentales. Dans ce sens, les modèles mathématiques les plus
appliqués à travers le monde, ce sont les modèles Américain et Européen, prennent
pratiquement en considération les mêmes paramètres influents de manières plus ou
moins différentes. L’enrobage des aciers à la traction et leur contrainte (ou déformation)
sont les deux paramètres reconnus comme étant les plus influents. La distance entre le
point considéré pour évaluer l’ouverture de la fissure et la barre la plus proche est aussi
importante ; plus la barre est éloignée de la fissure, plus celle-ci est ouverte. Ce
paramètre est considéré différemment d’un règlement à l’autre. La contrainte des aciers
est calculée en se basant sur l’analyse élastique d’une section fissurée. Les fissures de
flexion sont ouvertes au maximum à la surface du béton et se rétrécissent en profondeur
jusqu’à un minimum au niveau de l’interface acier-béton. Ceci justifie l’hypothèse de
non-glissement acier-béton et soutient la relation entre la fissure et la distance de la
barre la plus proche. Cette hypothèse de non glissement se trouve plus confortée par les
aciers à haute adhérence.

Certains codes ont fourni des formules pour calculer l’ouverture des fissures des
éléments en béton armé dans les conditions de service (CEB-FIB, 1990, Eurocode 2,
1992, Eurocode 2, 2004, ACI 318-95, 1996) qui sont basées sur des paramètres
numériques validées par des essais expérimentaux. Les formulations de l’EC2 et du CEB
sont très voisines, l’EC2 donnant des longueurs de glissement de l’ordre de 25%
supérieures dans le cas de la traction pure. Le code modèle CEB-FIB (1990) est depuis
longtemps le document le plus détaillé en termes de prévision d’ouverture de fissure. Il
propose une formulation en fonction des déformations dans les aciers au droit des
fissures.

𝑤𝑘 = 𝑙𝑠,𝑚𝑎𝑥 (𝜀𝑠𝑚 − 𝜀𝑐𝑚 − 𝜀𝑠ℎ ) (III − 2)

153
Chapitre III

Avec :

εsh est la déformation du béton dues au retrait,

εsm et εcm sont les déformations moyennes des aciers tendus et du béton
respectivement, dans la longueur sur laquelle glissement se produit ls,max;

∅𝑠
𝑙𝑠,𝑚𝑎𝑥 = (III − 3)
3.6 𝜇𝑠

Φs est le diamètre de barre d’acier tendu (mm),

μs est le taux effectif de renforcement,

𝐴𝑠
𝜇𝑠 = (III − 4)
𝐴𝑐,𝑒𝑓𝑓

As est la section transversale des aciers tendus (mm²),

Ac,eff est la section effective du béton tendu (mm²),

𝐴𝑐,𝑒𝑓𝑓 = 2.5𝑏(ℎ − 𝑑𝑠 ) (III − 5)

b est la largeur de la poutre dans la zone tendu (mm),

h est la hauteur de la section transversale (mm),

ds est la hauteur utile des aciers tendus (mm),

Afin d’appliquer l'équation de CEB-FIB (1990) à une poutre en béton armé renforcée
par matériau composite, un tronçon du béton tendu de la poutre entre deux fissures de
flexion avec l'armature tendue équivalente est considéré. En supposant que la contrainte
moyenne d'adhérence acier-béton, est égale à 1.8fctm selon CEB-FIB (1990), où fctm est la
résistance moyenne du béton à la traction, et que, la contrainte d'adhérence moyenne
matériau composite-béton est égale à 14.3 MPa pour un jonc de carbone de 6 mm de
diamètre clouté de type 2 inséré avec la technique NSM selon Al-Mahmoud et al., (2007).
Les valeurs des déformations εsm et εcm peut être évaluées en considérant le mécanisme
de transfert de charges dans le tronçon tendu.

Autrement dit, la charge résultante apportée par les barres d'acier et le matériau
composite à la position de la fissure est partiellement transférée à l'intérieur du tronçon
du béton tendu. En considérant l'équilibre des forces à la position de la fissure et à mi-
longueur du tronçon, et en imposant une relation linéaire entre les déformations et les
contraintes dans le béton, l'acier et le matériau composite, les valeurs de déformation à
mi-longueur sont calculées, et εsm et εcm sont considérés comme des déformations
moyennes entre la position de la fissure et la mi-longueur du tronçon.

La version précédente de l'Eurocode 2 (1992), en négligeant la contribution de la


déformation du béton à la traction, a proposé des formules pour calculer la déformation
moyenne en acier, εsm, et l'espacement moyen des fissures, srm, d'un élément tendu en

154
Chapitre III

béton armé, afin d'évaluer la valeur caractéristique de l’ouverture des fissures, wk, selon
la relation suivante:

𝑤𝑘 = 𝛽. 𝜀𝑠𝑚 . 𝑠𝑟𝑚 (III − 6)


𝛷
𝑠𝑟𝑚 = 50 + 0.25𝑘1 𝑘2 (𝑚𝑚) (III − 7)
𝜇𝑠
𝜎𝑐𝑟 2
𝜀𝑠𝑚 = 𝜀𝑠 [1 − 𝛽1 𝛽2 ( ) ] (III − 8)
𝜎𝑠

Avec :

β est un facteur (égale à 1.7) relative à la valeur moyenne du plan à un,

β1 est un facteur qui prend en compte les caractéristiques d’adhérence des barres en
acier (égale à 1 pour des barres à HA et à 0.5 pour barres lisses),

β2 est un facteur qui prend en compte le type de chargement (1 à court terme et à 0.5
pour à long terme de chargement),

σcr est la contrainte à la traction dans la barre d'acier à la charge de fissuration,

σs et εs sont contraintes et déformations dans les barres d'acier à la section fissurée à


la charge de service.

Selon l'Eurocode 2, l’ouverture des fissures est dérivée de la différence des


déformations entre le renforcement et le béton, et de l'espacement des fissures. Dans le
cas de l'Eurocode 2, espacement des fissures est affecté par le comportement
d’adhérence entre le béton et les barres d'armature.

Dans la version publiée de l’Eurocode 2 (2004), la valeur de l’ouverture des fissures


est directement calculée comme suit :

𝑤𝑘 = 𝑠𝑟,𝑚𝑎𝑥 (𝜀𝑠𝑚 − 𝜀𝑐𝑚 ) (III − 9)

Avec :

sr,max espacement maximale des fissures en mm,


𝑠𝑟,𝑚𝑎𝑥 = 3.4𝑑′ + 0.425𝑘1 𝑘2 𝑚𝑚 (III − 10)
𝜇𝑠

k1 est un coefficient d’adhérence (égale à 0.8 pour des barres d'acier à HA et 1.6 pour des
barres d'acier lisses).

k2 est un coefficient qui prend en compte le type de chargement (0.5 pour le chargement
en flexion et 1 pour le chargement à la traction),

εsm est la déformation moyen des armatures, sous la combinaison d’actions considérée,
tenant compte de la contribution du béton tendu,

155
Chapitre III

εcm est la déformation moyen du béton entre les fissures,

Dans le terme de raidissement à la traction (εsm – εcm), la résistance à la traction du béton


et le type de surface des barres d’acier sont négligés en Eurocode 2 (2004). Le terme de
raidissement à la traction εsm – εcm peut être alors calculé l’expression suivante :

𝜎𝑠 𝑓𝑐𝑡𝑚 𝐴𝑐,𝑒𝑓𝑓 𝑓𝑐𝑡𝑚 𝜎𝑠


𝜀𝑠𝑚 − 𝜀𝑐𝑚 = − 𝑘𝑡 [ + ] ≥ 0.6 (III − 11)
𝐸𝑠 𝐸𝑠 𝐴𝑠 𝐸𝑐 𝐸𝑠

Avec :

σs est la contrainte des armatures tendues, calculée en supposant la section fissurée,

kt est un coefficient tenant compte de la durée du chargement : (0.6 pour un chargement de


courte durée, 0.4 pour un chargement de longue durée),

Ac,eff est la section de béton entourant l’armature tendue sur une hauteur hc,ef (

Figure III-42). Et la section est donnée par :

2.5(ℎ − 𝑑𝑠 )
ℎ−𝑦
ℎ𝑐,𝑒𝑓 = 𝑀𝑖𝑛 3 (III − 12)

{ 2
y ε2=0
ds
h A A niveau du centre de gravité des armatures
B la section effective de béton autour des
armatures tendues

hc,ef B ε1

Figure III-42 : Section effective de béton selon EC2.

Pour toutes les formules introduites précédemment, les coefficients ont été définis
sur la base des essais expérimentaux dans des conditions de service, c’est-à-dire dans un
petit domaine de variabilité de contrainte des aciers permettant un état stabilisé de la
carte de fissuration à supposer (commentaire EC2). En effet, aucune des expressions
d’espacement des fissures dans EC2 ne dépend du niveau de contrainte en acier qui est
présenté dans le terme (εsm - εcm) ou εsm. Lorsque les éléments en béton armé sont
renforcés par les matériaux composites, les conditions de service peuvent être
améliorées pour un domaine plus grand de la variabilité de contrainte des aciers. Par
conséquent, étant donné que dans chaque condition de chargement, la contrainte des
aciers varie en fonction de la quantité de renforcement par les matériaux composites,
l'état stable de la fissuration ne peut pas être défini basant seulement sur les valeurs
fixes de contrainte des aciers ; en outre, les facteurs obtenus par des essais
expérimentaux ne peuvent plus être pertinentes. Une formule spécifique pour calculer
l'espacement maximale des fissures des éléments en béton armé renforcés par les

156
Chapitre III

matériaux composites, indépendamment du niveau de contrainte d'acier est proposé


dans FIB Bulletin 14 (2001).

2𝑓𝑐𝑡𝑚 𝐴𝑐,𝑒𝑓𝑓
𝑠𝑟𝑚 = où 𝜏𝑠𝑚 = 1.8𝑓𝑐𝑡𝑚 (III − 13)
𝜏𝑓𝑚 𝑢𝑓 + 𝜏𝑠𝑚 𝑢𝑠
Avec :

fctm est le résistance moyenne à la traction du béton (MPa),

us et uf sont le périmètre de la barre d'acier et du matériau composite (mm),

τsm et τfm sont les contraintes d'adhérence (MPa) le long de l'acier-béton et à


l’interface matériau composite-béton, supposée constante dans srm.

Dans cette section, les ouvertures expérimentales des fissures des poutres réparées
B12-1 et B10-1 sont comparées aux valeurs théoriques calculées par Eurocode 2 (2004).
L'évolution de l’ouverture des fissures, à la fois théorique et expérimentale, est montrée
à un niveau de charge de 25 kN (50% de la charge ultime de la poutre témoin non-
renforcée B12-0).
14
Moment à la fissure (kN.m)

12
y = 0,0883x
10 R² = 0,9863
8
y = 0,0655x - 1,8209
6 R² = 0,983
4
2
0
0 50 100 150 200 250 300 350 400 450 500
Fissure f1 (960 mm) B12-0 Largeur de fissure (µm)
f1 Avant la Réparation (Expérimental) f1 Avant la Réparation (Théorique EC2-04)
Figure III-43 : Valeurs théoriques et expérimentales de l’ouverture de la fissure f1 en
fonction de moment à la position de la fissure de la poutre B12-0.
10
y = 0.2014x
Moment à la fissure (kN.m)

8 R² = 1
y = 0,0921x - 1,6853
R² = 0,9754
6

0
0 50 100 150 200 250 300 350 400 450 500
Fissure f2 (800 mm) B12-0 Largeur de fissure (µm)
f2 Avant la Réparation (Expérimental) f2 Avant la Réparation (Théorique EC2-04)

157
Chapitre III

Figure III-44 : Valeurs théoriques et expérimentales de l’ouverture de la fissure f2 en


fonction de moment à la position de la fissure de la poutre B12-0.

12
y = 0,0771x - 3,8885
y = 0.2014x R² = 0,9989
10 R² = 1
y = 0,09x
R² = 0,9877
Moment à la fissure (kN.m)

y = 0,0693x - 4,1677
6 R² = 0,9991

4 A. Ouverture résiduelle de la fissure due


au pré-chargement de la poutre.
B B. Diminution de l'ouverture résiduelle de
2 fissure due au retournement de la poutre
A
au moment de la réparation
0
0 50 100 150 200 250 300 350 400 450 500
Fissure f1 (920 mm) B12-1 Largeur de fissure (µm)
f1 Avant la Réparation (Expérimental) f1 Après la Réparation (Expérimental)
f1 Avant la Réparation (Théorique EC2-04) f1 Après la Réparation (Théorique EC2-04)

Figure III-45 : Valeurs théoriques et expérimentales de l’ouverture de la fissure f1 en


fonction de moment à la position de la fissure de la poutre B12-1.

12

10 y = 0,0959x - 2,5266
y = 0.1905x
R² = 0,999
R² = 1
Moment à la fissure (kN.m)

8 y = 0,1059x
R² = 1 y = 0,0761x - 2,5153
6 R² = 0,9966

4 A. Ouverture résiduelle de la fissure due


au pré-chargement de la poutre.
B. Diminution de l'ouverture résiduelle de
2 fissure due au retournement de la poutre
B
A au moment de la réparation
0
0 50 100 150 200 250 300 350 400 450 500
Fissure f2 (765 mm) B12-1 Largeur de fissure (µm)
f2 Avant la Réparation (Expérimental) f2 Après la Réparation (Expérimental)
f2Avant la Réparation (Théorique EC2-04) f2 Après la Réparation (Théorique EC2-04)

Figure III-46 : Valeurs théoriques et expérimentales de l’ouverture de la fissure f2 en

158
Chapitre III

fonction de moment à la position de la fissure de la poutre B12-1.


12

Moment à la fissure (kN.m)


10 y = 0,0566x
R² = 0,9865
8
y = 0,0521x - 2,3108
6 R² = 0,988

0
0 50 100 150 200 250 300 350 400 450 500
Fissure f1 (930 mm) B10-0 Largeur de fissure (µm)
f1 Avant la Réparation (Expérimental) f1 Avant la Réparation (Théorique EC2-04)
Figure III-47 : Valeurs théoriques et expérimentales de l’ouverture de la fissure f1 en
fonction de moment à la position de la fissure de la poutre B10-0.
10
y = 0.2014x
Moment à la fissure (kN.m)

8 R² = 1
y = 0,0615x - 1,1376
6 R² = 0,9833

0
0 50 100 150 200 250 300 350 400 450 500
Fissure f2 (780 mm) B10-0 Largeur de fissure (µm)
f2 Avant la Réparation (Expérimental) f2 Avant la Réparation (Théorique EC2-04)
Figure III-48 : Valeurs théoriques et expérimentales de l’ouverture de la fissure f2 en
fonction de moment à la position de la fissure de la poutre B10-0.
12 y = 0.2014x
R² = 1 y = 0,0373x - 4,5918
10
Moment à la fissure (kN.m)

R² = 0,9979
y = 0,0578x
8
R² = 0,9883
y = 0,0356x - 5,1163
6 R² = 0,9921

0
0 50 100 150 200 250 300 350 400 450 500
Fissure f1 (890 mm) B10-1 Largeur de fissure (µm)
f1 Avant la Réparation (Expérimental) f1 Après la Réparation (Expérimental)
f1 Avant la Réparation (Théorique EC2-04) f1 Après la Réparation (Théorique EC2-04)

159
Chapitre III

Figure III-49 : Valeurs théoriques et expérimentales de l’ouverture de la fissure f1 en


fonction de moment à la position de la fissure de la poutre B10-1.
12
Moment à la fissure (kN.m)

10 y = 0,0706x y = 0,0594x - 4,2993


R² = 1 R² = 0,9968
8
y = 0.0609x
6 R² = 1 y = 0,052x - 4,5661
R² = 0,9973
4

0
0 50 100 150 200 250 300 350 400 450 500
Fissure f2 (755 mm) B10-1 Largeur de fissure (µm)
f2 Avant la Réparation (Expérimental) f2 Après la Réparation (Expérimental)
f2 Avant la Réparation (Théorique EC2-04) f2 Après la Réparation (Théorique EC2-04)
Figure III-50 : Valeurs théoriques et expérimentales de l’ouverture de la fissure f2 en
fonction de moment à la position de la fissure de la poutre B10-1.
Distance entre Espacement moyen Espacement
Largeur de la zone
les deux fissures Nombre expérimental des maximal théorique
Poutres fissurée
f1 & f2 de fissures fissures(1) des fissures(2)
(mm)
(mm) (mm) (mm)
B12-0 160 12 1066 88 110.5

B12-1 155 9 1064 118 73

B12-1EB 135 10 1053 105 73

B10-0 150 12 1151 96 133

B10-1 135 11 1053 96 81.5

B10-1PA 200 2 158 79 81.5


(1) largeur de la zone fissurée / nombre totale de fissures.
(2) Selon FIB Bulletin 14 (2001).
Tableau III-9 : Valeurs théoriques et expérimentales d’espacement des fissures.
Nous observons que les valeurs théoriques de l’ouverture des fissures calculées par
l’Eurocode 2 (2004), sont inférieures des valeurs expérimentales mesurées. Ce résultat
est principalement dû au pré-chargement des poutres testées jusqu’à niveau de
chargement de 13.5 kN.m en résultant de l'ouverture résiduelle des fissures et d’une
flèche résiduelle. Ce phénomène est notamment dû à l'adhérence des barres d'acier sur
le béton. Par contre, il faut noter que les valeurs théoriques de l’ouverture des fissures
restent inférieures de celles expérimentales (En déduisant la valeur de l’ouverture
résiduelle de la fissure) d’un pourcentage de 10% et 40% selon la position de la fissure.
De plus, il a été marqué que la contribution de la réparation par un seul jonc de carbone
de 6 mm de diamètre inséré avec la technique NSM, réduit les valeurs théoriques de
l’ouverture de la fissure de 14% par rapport à celles de l’ouverture de la fissure avant la
réparation. Par contre, nous avons trouvé que la réparation peut diminuer les valeurs

160
Chapitre III

expérimentales de l’ouverture des fissures de 0% et 8% selon la position de la fissure.


Cette différence est peut-être due à la faiblesse du module d'élasticité de matériaux de
scellement (Résine).

III.6. CONCLUSION

L’étude du comportement mécanique d’une poutre corrodée réparée avec la


technique NSM a fait apparaître un mode de ruine inédit « Séparation du béton
d’enrobage entre deux fissures adjacentes » par rapport à ce qu’on peut trouver dans la
littérature (De Lorenzis et al. 2003). Pour essayer de comprendre l’origine de ce mode
de ruine, nous avons simulé certaines particularités de l’endommagement de la poutre
en béton armé dû à la corrosion :
- Perte de section d’acier tendu.
- Perte d’adhérence.
- Éclatement du béton d’enrobage.

En particulier, la diminution de la section du béton tendu par l’éclatement du béton


d’enrobage semblait une bonne option pour l’exploitation de la ruine du béton
d’enrobage.
Cependant, la ruine par la séparation du béton d’enrobage entre deux fissures
adjacentes observées pour la poutre corrodée et réparée B2CL1 n’a jamais été atteinte.
La présence des endommagements dans les poutres pré-fissurées puis réparées, a
conduit à une ruine connue pour la technique NSM par Pull-out du jonc de carbone. Le
mode de ruine de la poutre corrodée reste donc en question.
Les réparations classiques par tissus de carbone collés sur la surface extérieure
permettent de réduire les ouvertures de fissures. Selon Ferracuti et Savoia, (2005),
Ils sont démontrés qu'une seule plaque composite de carbone peut être suffisante pour
réduire l'ouverture des fissures dans le béton jusqu'à environ un quart de celle de
l'élément non-renforcé.
Les essais ont permis de mettre en évidence qu’une réparation avec un jonc inséré
avec la technique NSM autorise également une réduction de l’ouverture des fissures qui
est cependant très faible (de l’ordre de 10%).
En général, la présence du jonc de carbone dans la surface tendue augmente la
raideur structurelle de la poutre, limite l’ouverture et la propagation des fissures en
flexion, et diminue notablement les contraintes normales et l’amplitude des contraintes
normales dans les aciers tendus, du fait de la redistribution d’effort entre jonc de
carbone et aciers.

161
IV. Chapitre IV

Influence des conditions de pré-


chargement sur la réparation des poutres
en béton armé par l’insertion d’un jonc
de carbone avec la technique NSM
Chapitre IV

IV.1. INTRODUCTION

Pour prolonger la durée de vie d'une structure en béton armé, il peut être nécessaire
d'augmenter la capacité portante, ou de réparer d’éventuelles dégradations. Dans la
littérature, il y a de nombreux articles ayant traité le comportement des poutres pré-
fissurées et réparées par des tissus composites collés sur la surface extérieure du béton
sous charge maintenue dans le but d'augmenter ou de récupérer leur capacité portante.
Par contre, les études réalisées sur la réparation des éléments structurels pré-fissurés
sous ou sans charge maintenue avec la technique NSM sont très rares.
En général, les structures nécessitant l'application des matériaux composites en
réparation ou en renforcement, ne sont pas de récentes et par conséquent, ont déjà subi
certain nombre d’endommagements. Ces structures peuvent être endommagées par
surcharges maintenues à long-terme, par charges accidentelles à court-terme comme le
vent, la neige et les tremblements de terre, ou elles ont perdu de la capacité portante en
raison de la dégradation des matériaux par « vieillissement » où les structure ne sont
plus capables de résister aux charges de service. Il est donc important de réaliser des
essais sur des éprouvettes endommagées afin de connaître les effets spécifiques de ces
types d’endommagement sur le comportement de la réparation.
L'utilisation de matériaux composites pour la réparation des infrastructures
endommagées, sous ou sans charge maintenue est très récente. Plusieurs études
expérimentales ont porté sur l'utilisation des tissus en fibre de carbone pour la
réparation de poutres en béton armé endommagées par des charges excessives (Arduini
et al. 1997; Bonacci et al. 2000; Shahawy et al. 2001; Yeong-soo et al. 2003). Quelques
études ont parlé également sur le renforcement des éléments structurels pré-chargés
avec les matériaux composites (Arduini et al. 1997; Norris et al. 1997; Sharif et al. 1994;
Shin et al. 2003). Cependant, aucuns codes ou normes ne prennent en compte l’effet des
niveaux de pré-chargement ou de charge maintenue, car il n'y a pas suffisamment de
données expérimentales pour qualifier cette influence sur le comportement des
éléments structurels en flexion.

IV.2. RESUME DES ETUDES EXISTANTES

Dans la plupart des programmes expérimentaux ayant étudié l’effet du chargement


avant la réparation des éléments en flexion, les réparations ont été effectuées en
utilisant des tissus en fibre de carbone collés sur la surface extérieur du béton et les
éléments renforcés ont été testés en flexion quatre points. Les charges maintenues ont
été appliquées par un vérin à vis tout au long de la procédure d’essai. Le vérin à vis est
conçu avec des écrous de sécurité permettant un maintien mécanique de la charge aux
niveaux souhaités pendant la période de durcissement de la résine époxy. Après que la
résine ait complètement durci, les écrous sont déverrouillés et une charge
supplémentaire est appliquée jusqu'à la ruine.
L'efficacité de réparation des poutres en béton armé endommagées (en prenant
particulièrement en compte le béton fissuré) en utilisant des tissus composites en fibre
de verre et des plaques en acier, a été démontrée respectivement par (Sharif et al. 1994;
Hussain et al. 1995). Les éprouvettes testées ont été pré-chargées à 85% de la résistance

163
Chapitre IV

nominale en flexion et ensuite déchargées avant l'application des tissus composites ou


des plaques en acier. Les résultats expérimentaux ont prouvé l’efficacité des tissus collés
sur la surface extérieur du béton pour réparer les structures endommagées, y compris
en présence de fissures importantes. Cependant, le programme expérimental n’a pas
permis de quantifier la différence de comportement entre les éprouvettes réparées
ayant été pré-fissurées et celles qui sont restées saines.
David et al. (1999) ont étudié l'influence de la pré-fissuration, Ils ont conclu qu'il n’y
a pas d’effet significatif sur la capacité portante des éléments réparés, mais la pré-
fissuration a réduit leur rigidité.
Arduini et al. (1997) ont étudié le comportement de poutres pré-fissurées réparées
avec des tissus en fibre de carbone. Leur programme expérimental comprenait des
poutres en béton armé de longueur courte et moyenne qui ont été pré-chargées avant
l'application des tissus composites. Les résultats ont montré que les éprouvettes pré-
fissurées ont des capacités ultimes et des rigidités inférieures à celles non-fissurées. Une
diminution de la résistance maximale de 8% de l’éprouvette pré-fissurée et réparée a été
constatée par rapport à celle non-fissurée et réparée.
Tan et al. (1999) ont testé 9 poutres en béton armé. Sept niveaux de pré-chargement
(de 10 à 90% de la résistance nominale en flexion de la poutre témoin non-réparée) ont
été appliqués avant la réparation. La poutre non pré-chargé a montré une augmentation
de 80% de la capacité portante, tandis que celles avec un pré-chargement entre 10% et
60% ont montré une augmentation de 60%. Aux niveaux plus élevés de pré-chargement,
l'augmentation de la capacité portante était réduite de façon significative.
Bonacci et al. (2000) ont réalisé des essais sur des poutres pré-fissurées (40% de la
résistance nominale en flexion de la poutre témoin) afin d’étudier l'effet de la charge
maintenue sur la performance d'un élément réparé avec des tissus en fibre de carbone
collés sur la surface extérieure. Les résultats expérimentaux ont montré que la
réparation d’une poutre pré-fissurée après déchargement a augmenté la capacité
portante de 35% par rapport à celle non-réparée tandis que la poutre réparée sous
charge maintenue (40% de la capacité ultime de la poutre témoin) a augmenté
seulement de 28%.
Shahawy et al. (2001) ont réalisé une étude sur huit poutres en T en béton armé. Une
poutre témoin sans réparation et une poutre réparée avec deux couches des tissus de
fibre de carbone ont été testées sous chargement monotone jusqu'à la rupture. Les
autres poutres ont été pré-chargées et ensuite réparées sous différents niveaux de
charge maintenue, 65%, 85% et 117% du moment de plastification des aciers de la
poutre témoin. Les résultats ont démontré l'efficacité de la réparation par collage des
matériaux composites en fibre de carbone sur la surface extérieur du béton lorsque les
poutres sont soumises à des charges de service. Le niveau de pré-chargement avant
l'installation des tissus n'a pas affecté le comportement global des éprouvettes réparées
en flexion par les tissus composites et ancrées aux extrémités par des enveloppes en
matériau composite. Les éprouvettes pré-endommagées puis réparées par les tissus
composites enveloppant complètement les éprouvettes, ont montré une augmentation
du moment de plastification et du moment ultime de 7% et 11% par couche, et une
réduction significative de la flèche ultime.

164
Chapitre IV

Un article publié par Yeong-soo et al. (2003) a discuté de l'effet de la charge


maintenue sur le comportement en flexion des poutres en béton armé réparées. Ils ont
testé six poutres réparées avec des tissus en fibre de carbone collés sur la surface
extérieur du béton et soumises à différents niveaux de charges maintenues au moment
de la réparation (0%, 50% et 70% de la résistance nominale en flexion d’une poutre
non-réparée). Les résultats expérimentaux ont montré que les niveaux de charge
maintenue au moment de la réparation ont une influence sur les flèches des poutres à la
plastification des aciers et à la ruine. Dans ce programme expérimental, la ruine des
poutres réparées s’est produite par la séparation « délamination » du béton d’enrobage
plutôt que par la rupture des tissus composites à la traction. Par conséquent, il était
difficile d’estimer l'effet de la réparation des poutres à différents niveaux de charge
maintenue, sur la capacité portante.
Zhang et al. (2005) ont testé 18 poutres en béton armé (150 × 250 × 2500 mm), dont
16 poutres réparées à différents niveaux de pré-chargement et 2 poutres témoins. Les
paramètres étudiés étaient le taux d'armature tendue dans la section de béton (0.84% "2
HA12" et 1.52% "2 HA16"), le nombre de couches de fibre de carbone et le niveau de
pré-chargement au moment de réparation (0, 30%, 60% et 80% de résistance nominale
en flexion). Les résultats expérimentaux ont montré que le niveau de pré-chargement,
caractérisé particulièrement par la largeur des fissures de flexion au moment de
réparation, a très peu d'influence sur le moment de plastification et la résistance ultime,
les auteurs concluent que le niveau de pré-chargement peut être ignoré lors du calcul de
la résistance ultime. La propagation des fissures a été limitée par les tissus composites.
La rigidité des poutres réparées quelque soit le niveau de pré-chargement (dans la
phase post-fissuration et pré-plastification) est supérieure à celle de la poutre non-
fissurée renforcée.
Wang et al. (2006) ont testé 6 poutres en béton armé (150 × 250 × 2700 mm)
soumises à différents niveaux de charges maintenues (0, 30%, 70% et 88% de la charge
ultime expérimentale d’une poutre témoin), afin d’étudier les effets de la charge initiale
et de l'histoire du chargement sur la résistance maximale des poutres réparées par des
tissus composites en carbone collés sur la surface extérieure du béton. Les résultats
expérimentaux ont montré que la charge initiale est un facteur important qui affecte la
résistance maximale des poutres réparées sous différents niveaux de charge maintenue.
Les poutres réparées aux niveaux les plus importants de charge maintenue ont une
résistance maximale plus faible que celles réparées aux niveaux inférieurs de charge
maintenue. Si la charge initiale maximale est la même, la résistance maximale des
poutres réparées est presque la même quelle que soit l'histoire de chargement avant la
réparation. La rigidité des poutres réparées à différents niveaux de charge maintenue
est plus faible que celle des poutres saines et renforcées de la même manière. La plupart
des études sont réalisées sur des poutres réparées par collage des tissus composites sur
la surface extérieur du béton.
En conclusion, il est clair à partir des études précédentes que la réparation des
poutres pré-fissurées sous charge maintenue a une influence sur la capacité portante,
mais pas de façon significative par rapport au renforcement des poutres saines.
Cependant, il est donc utile de procéder à ce même type d’essais avec la technique NSM
pour étudier l’effet d’endommagement et l’effet de charge maintenue.

165
Chapitre IV

IV.3. ÉTUDE EXPERIMENTALE

IV.3.1. Matériaux

IV.3.1.1. Bétons

Cette étude sur poutres à section rectangulaire s’est basée sur deux formulations de
bétons : Le béton ordinaire BO40 et le béton d'ouvrage d'art BOA50. Les différentes
formulations qui ont servi aux expérimentations sont définies dans le Tableau IV-1. Il
s’agit de formulations déjà utilisées par Vidal (2003); Al-Mahmoud (2007); R. Zhang
(2008) dans le cadre de leurs travaux de thèse. Une partie des poutres BOA50 a été
fabriqué par Vidal (2003) pour la caractérisation de l’effet raidissant du béton « tension
stiffening », les poutres BO40 ont été coulées pour cette étude.

Constituants BO40(1) BOA50(2)


Granulats roulés silico-calcaires de Garonne 4/10 mm 535 kg /m3 532 kg /m3
Granulats concassé silico-calcaires de Garonne 10/14 mm 535 kg /m3 532 kg /m3
Sable roulé de Garonne 710 kg /m3 710 kg /m3
Ciment Portland CEM I 52.5 R 400 kg /m3 425 kg /m3
Eau totale 190 kg /m3 185 kg /m3
Rapport E/C 0.475 0.435
(1) Al-Mahmoud (2007); R. Zhang (2008).
(2) Vidal (2003).
Tableau IV-1 : Composition des différents bétons.

IV.3.1.2. Caractéristiques mécaniques du béton

Pour les éprouvettes fabriquées en béton BO40, chaque mesure des caractéristiques
mécaniques du béton a donné lieu à trois essais sur éprouvettes cylindriques 120 × 240 mm
âgées à 28 jours conformément à la norme NFP 186 – 406, conservées dans les mêmes
conditions que les poutres, c'est-à-dire, dans le laboratoire à une température d'environ 20°C
et de taux d'humidité relative de 60% (Voir § III.2.2.1). Ainsi, les résistances du béton
BOA50 en compression et à la traction ont été mesurées en 2007 (valeurs moyennes sur trois
carottes cylindriques) et se sont significativement améliorées par rapport à la performance à
28 jours en 2000. Pour mesurer les caractéristiques du béton en 2007, trois carottes
cylindriques de 70 × 140 mm, ont été forées à partir de chaque poutre et ont été testées en
compression et à la traction. Lors des essais de compression, les déformations longitudinales
sont mesurées à l'aide des jauges collées sur les génératrices des éprouvettes cylindriques. Le
module d'élasticité est calculé à partir de l'évolution de la contrainte normale en fonction de la
moyenne des déformations sur mesures les trois jauges.
Le Tableau IV-2 présente les valeurs moyennes des caractéristiques mécaniques des
bétons, ayant servi à la fabrication des poutres destinées en flexion 3 et 4 points.

IV.3.1.1. Acier d’armature

Dans le cadre de notre étude, nous nous sommes limités à des sollicitations de flexion
simple. Nous avons donc étudié le comportement à la traction simple d’armatures de

166
Chapitre IV

type Haute Adhérence, noté communément HA, pour deux diamètres différents qui ont
en particulier été utilisé dans le cadre de notre travail expérimental : HA6 pour les
armatures transversales et HA12 pour les armatures longitudinales. L’essai à la traction
simple est mené à vitesse constante et égale à 7 MPa/s. La déformation est déterminée à
partir de la valeur de déplacement mesurée par un capteur de déplacement rapportée à
la base de mesure de 50 cm.
Les caractéristiques mécaniques des armatures d’acier et le jonc de carbone, à savoir
le module d’élasticité, la limite d’élasticité et la valeur de la déformation ultime. Ces
valeurs sont synthétisées dans le Tableau IV-3.

Caractéristiques mécaniques des bétons


Poutres P Y
BOA50 BOA50
Type de béton BO40
à 28 jours 2001 En 2007
Résistance en compression fc (MPa) 47.5 52.0 62.5
Résistance à la traction ft (MPa) 3.8 4.3 6.34
Module d'élasticité (MPa) 37 400 33 300 35 000
Tableau IV-2 : Caractéristiques des bétons destinés aux essais de flexion sur poutres.
Module de Déformation
Limite Résistance Module Déformation
Caractéristiques Post- plastique
élastique ultime d'élasticité ultime
de l’acier plastification maximale
(MPa) (MPa) (MPa) (%)
(MPa) (%)
HAΦ6 640 723 209 500 770 0.31 11.1
HAΦ12 652 682 209 500 510 0.31 6.2
Tableau IV-3 : Caractéristiques principales des armatures utilisées.
Le module d’élasticité est conforme à la valeur préconisée par les règlements de
dimensionnement (200 000 MPa pour l’Eurocode 2 [EN 1992-1-1 2004], 210 000 MPa
pour le [BAEL 1999]). La limite d’élasticité mesurée est sensiblement supérieure à 500
MPa, valeur prise en considération dans ces mêmes codes. Les déformations ultimes
sont fortement influencées par le diamètre de l’armature testée. Cette valeur est
d’autant plus élevée que le diamètre de la barre d’acier est faible. La déformation ultime
varie entre 6.2% et 11.1% (Figure IV-1).
800
700
600
Contrainte (MPa)

500
400
300
200 HA12
100 HA6
0
0% 2% 4% 6% 8% 10% 12% 14% 16%
Déformation
Figure IV-1 : Diagramme du comportement à la traction des armatures utilisées (HA6,
HA12).

167
Chapitre IV

IV.3.1.2. Jonc de carbone

Les caractéristiques de jonc en fibre de carbone sont présentes par le fabricant


«SOFICAR» Transition vitreuse : > 100°C, Contrainte à rupture : 2300 MPa, Densité :
1.59, Élongation : 2.0%, Module d’élasticité : 150 GPa (Voir § II.4.3).

IV.3.1.3. Matériaux de scellement

Les caractéristiques mécaniques des matériaux de scellement (Résine époxy Eponal


380) sont celles énoncées dans la fiche technique du fabriquant (Voir § II.4.4).

IV.3.2. Corps d’épreuve

Tout d’abord, nous avons utilisé deux poutres qui ont été coulées par Vidal (2003),
au LMDC d'une section rectangulaire 150 × 280 mm et de 3000 mm de longueur, avec
une classe de résistance de béton BOA50 (Béton d'Ouvrage d'Art). Le ferraillage
longitudinal est constitué de deux barres d’armature de diamètre 12 mm. La hauteur
utile est de 229 mm. Les cadres utilisés sont des aciers HA de diamètre 8 mm,
Ces poutres étaient destinées à la caractérisation de l’effet raidissant du béton tendu
pour calibrer un modèle de prise en compte l’effet de la corrosion sur la rigidité en
flexion. Les deux poutres sont alors pré-fissurées sous une charge de service de 14 kN.m
en flexion 3 points. Ensuite, nous avons réalisé six poutres d’une section identique de
150 × 280 mm et d’une longueur de 3 000 mm.
Ces poutres sont armées de deux barres d’acier à haute adhérence de 12 mm de
diamètre. Quatorze cadres HA6 espacés de 220 mm ont été utilisés pour l’armature à
l’effort tranchant. Les détails du ferraillage sont portés sur les Figures IV-2 et Erreur !
Source du renvoi introuvable.. Alors les éprouvettes sont marqués comme G (p - s), où
G représente le nom de groupe (Y ou P), p et s représentent les niveaux de pré-
chargement comme que pourcentage du moment de plastification soit de 30 kN.m pour
les poutre de groupe P (0%, 50%, 72%) et de 28kN.m pour les poutres de groupe Y
(105% et 120%) et les niveaux de la charge maintenue au moment de la réparation pour
le groupe P comme pourcentage du moment plastique (30 kN.m) (0%, 50% et 72%).
Les éprouvettes ont été classées en deux groupes principaux :
Le premier groupe Y se compose des deux poutres en béton armé pré-fissurées par
Vidal (2003). Nous avons rechargé ces deux poutres fissurées jusqu’à un pourcentage du
moment expérimental de plastification « 28 kN.m » en flexion trois points. Le premier
niveau de pré-chargement est de 105% soit jusqu’à 30 kN.m et 13 mm de flèche à mi-
portée, cette poutre est appelée alors Y105-0. Le deuxième niveau de pré-chargement
est de 120% soit jusqu’à 34 kN.m et 30 mm de flèche à mi-portée, cette poutre est
appelée Y120-0.
Le but de ce groupe est d’étudier l’efficacité de la réparation avec la technique NSM
des poutres en béton armé endommagées par des charges excessives au-delà du seuil de
plastification des aciers et sans charge maintenue. De plus, des cycles de
charge/décharge ont été appliqués sur ces deux poutres au niveau de charge de 12 kN.m
avant l’endommagement, après l’endommagement et après la réparation afin d’étudier
le comportement en fissuration des poutres.

168
Chapitre IV

La deuxième groupe P se compose de 6 poutres en béton armé fabriquées afin


d’étudier l’effet d’une charge maintenue dans la phase de pré-plastification des aciers
tendus sur le comportement de la réparation avec la technique NSM. Ainsi, une poutre
témoin non-renforcée Pt et une autre renforcée ont été soumises à un chargement
monotone en flexion 4 points jusqu'à la ruine. Des cycles de charge-décharge ont été
appliques à 12, 20 et 32 kN.m. Les 4 autres poutres sont pré-chargées jusqu’à 12 kN.m
en flexion quatre points puis réparées en flexion par un jonc de carbone de 6 mm de
diamètre avec la technique NSM sous différents niveaux de charges maintenues au
moment de réparation (0%, 50% et 72% du moment plastique expérimental de la
poutre témoin non-renforcée Pt « 30 kN.m »). Le Tableau IV-4 présente un résumé des
caractéristiques de ces poutres.

Pré- Charge
Poutre Histoire de chargement
Chargement(1) Maintenue(1)
105% (30 kN.m) 0 → 30 kN.m→ 0 → 30 kN.m → 0 →Réparation
Groupe

Y105-0 0
Flèche 13 mm avec la technique NSM → Ruine
Y

120% (34 kN.m) 0 → 34.4 kN.m→ 0 → 30 kN.m → 0 →


Y120-0 0
Flèche 34 mm Réparation avec la technique NSM → Ruine
Pt 0 0 0 → Ruine
0 → Renforcement avec la technique NSM →
P0-0 0 0
Ruine
Groupe P

0 → 15 kN.m→ 0 → Réparation avec la technique


P50-0 50% (15 kN.m) 0
NSM → Ruine
0 → 15 kN.m→ Charge Maintenue → Réparation
P50-50 50% (15kN.m) 50% (15 kN.m)
avec la technique NSM → 0 → Ruine
0 → 21.6kN.m → 0 → Réparation avec la
P72-0 72% (21.6kN.m) 0
technique NSM → Ruine
0 → 21.6kN.m → Charge Maintenue →
P72-72 72% (21.6kN.m) 72% (21.6kN.m)
Réparation avec la technique NSM → 0 → Ruine
(1) Pourcentage des moments plastiques expérimentaux des aciers tendus.
Tableau IV-4 : Description des poutres Y & P.

IV.3.3. Dispositif de chargement et instrumentation

Les poutres ont été sollicitées en flexion 3 points pour le groupe Y et en flexion 4
points pour le groupe P, la force a été appliquée de manière monotone croissante. Les
essais ont été conduits en mode chargement contrôlé jusqu’à rupture des poutres après
avoir réalisé un cycle de chargement/déchargement/rechargement jusqu’à 12 kN.m afin
d'observer la rigidité de la poutre. Une série de paliers de chargement a été réalisée
chaque 4 kN.m afin de relever le réseau de fissures et mesurer l’ouverture de certaines
fissures. Au cours de cet essai, la flèche à mi-portée a été mesurée à l’aide d’un capteur
de déplacement LVDT de 10 cm de course, positionné sur la fibre inférieure et les
valeurs ont été enregistrées grâce à un système d’acquisition automatique.
Pour le groupe P, huit jauges de déformation ont également été collées sur les barres
d’acier, le jonc de carbone et le béton :
1. Deux jauges collées sur les aciers tendus à mi-portée (Ja1 et Ja2) ;
2. Deux jauges collées sur les aciers tendus à la position d’une force (Ja3 et Ja4) ;
3. Trois jauges collées sur le jonc de carbone à mi-portée (Jfm), au dessous de la
force (Jf2) et entre deux cadres de cisaillement (Jf1) ;
4. Une jauge collée sur la surface du béton comprimée à mi-portée (Jb).

169
Chapitre IV

Le dispositif d’instrumentation est présenté dans la Figure IV-3 pour l’ensemble des
poutres P.

IV.3.3.1. Mise en place des jauges de déformation

Pour suivre l'évolution de la déformation de l'acier et du jonc de carbone en fonction


de la charge appliquée, des jauges de déformation ont été installées sur les barres d’acier
tendues et sur le jonc de carbone. En raison de la symétrie de la poutre étudiée, les
jauges ont été collées seulement à mi-portée et sur une moitié de la poutre.
La surface des barres d’acier a été préparée par le traitement mécanique (en utilisant
une disqueuse pour enlever les reliefs sur la surface des barres d’acier et à la position de
collage de jauge et puis un papier de verre très fin a été utilisé pour avoir une surface
lisse). La nécessité d’avoir une très bonne adhérence entre la jauge de déformation et la
surface lisse d’acier donne lieu à une technique de dégraissage de la barre en acier en
profondeur. Nous avons utilisé successivement un conditionneur, dont l’action assure le
dégraissage en profondeur et un neutraliseur pour éviter l’action du conditionneur sur
la jauge de déformation collée. La surface de la jauge de déformation est ensuite traitée
par un produit qui permet d’accélérer l’action de la colle. Les produits utilisés, marque
"Vishay Micromeasurements", dans la procédure du collage des jauges de déformation
sont donnés par suivant :
1- M- Prep Conditionner A Part Nº MCA- 1 6556 (a water based acidic surface
cleaner).
2- M- Prep Neutralizer 5A Part Nº MN5A- 1 (a water based alkaline surface cleaner).
3- 200 Catalyst- C (Usage bulletin B- 127).
4- M- BOND 200 ADHESIVE
Les jauges collées sont ensuite protégées par des produits spéciaux afin d'éviter leur
endommagement par l'action de l’humidité et les actions mécaniques pendant le coulage
du béton comme par exemple les vibrations. Les mêmes procédures sont suivies pour
coller les jauges sur le jonc de carbone sauf que la surface du jonc de carbone n’a pas
besoin d’une préparation par le traitement mécanique.

170
Chapitre IV

I
HA8 mm/220 2HA 8 mm

3000 2HA 12 mm
HA 6 mm I HA 8 mm 150
Jb

18
37
18

14 Cadres
21 Cadres
280

280
280
Ф8 mm
HA6 mm
37
18

18
HA 12 mm HA 12 mm Jonc de carbone
150 150 inséré par NSM
Section II-II II
Section I-I Section III-III
HA6mm/150 2HA 6 mm

3 000 2HA 12 mm

II
Figure IV-2 : Caractéristiques géométriques et ferraillage des poutres Y & P. (Toutes les
dimensions en mm).

P/2 III P/2


900 1200 900

HA6 mm/150 2HA 6 mm


Jb

Ja3, Ja4 Jf2 Jf1 Ja1, Ja2


Jfm
Jonc de carbone Ja3 Ja1 2HA 12mm
Jf2 Jf1 Jfm
Surface tendue Ja2
Ja4

150 2700 III 150

Figure IV-3 : Instrumentation et dispositif de chargement en flexion 4 points des poutres P.


Les diagrammes du moment de flexion et de l’effort tranchant d’une poutre soumise
en flexion 3 points et 4 points sont représentés sur la Figure IV-4.

171
Chapitre IV

Flexion 3 points
M V
Mmax=PL/4 Vmax=P/2

L/2 L/2 L/2 L/2

Flexion 4 points
M V
Mmax=PL/7 Vmax=P/2

2L/7 3L/7 2L/7 2L/7 3L/7 2L/7

Figure IV-4 : Diagrammes de moment fléchissant M et d’effort tranchant V pour une poutre
soumise en flexion 3 points ou 4 points.

IV.3.4. Procédure d'essais

Les procédures expérimentales consistent en quatre étapes principales :


1. Pré-chargement.
2. Endommagement.
3. Réparation sous/sans charge maintenue.
4. Ruine.

Dans la première étape "Pré-chargement", les poutres Y et P sont chargées jusqu'a


12 kN.m en flexion 3 points et 4 points respectivement, cette valeur permet de fissurer
les poutres, les poutres sont soumises ensuite à un cycle déchargement/chargement
jusqu’à 12 kN.m afin de mesurer la raideur des poutres et l’ouverture de certaines
fissures dans la zone centrale au niveau des aciers tendus au moyen d’un vidéo-
microscope avant l’endommagement. Puis, nous avons déchargé les poutres.
Dans la deuxième étape « Endommagement », les poutres Y105-0 et Y120-0 sont
rechargées au-delà du seuil de plastification des aciers tendus soit à 29.4 kN.m et 34.3
kN.m de chargement qui correspondent à 12.8 mm et 30.5 mm de flèche à mi-portée
respectivement. Ensuite, les deux poutres endommagées sont déchargées puis soumises
à un cycle de chargement/déchargement jusqu'à 12 kN.m afin de mesurer l'ouverture
des fissures visibles f1, f2 et f3 et la raideur des poutres après l'endommagement. Les

172
Chapitre IV

poutres P50 et P72 sont rechargées jusqu’à 15 kN.m et 21.6 kN.m respectivement. A la
fin de cette étape, toutes les poutres sont déchargées.
La troisième étape « Réparation » consiste à réparer les poutres par l’insertion d’un
jonc de carbone de 6 mm avec la technique NSM (Voir § II.9). Deux poutres de type P50
et P72 sont maintenues sous chargement en flexion 4 points jusqu’à 15 kN.m et 21.6
kN.m respectivement pendant la réparation, en les associant avec une poutre annexe
ayant les mêmes dimensions (Figure IV-6). Ces poutres sous charges maintenues qui
sont appelées P50-50 et P72-72, se retrouvent ainsi à l'envers par rapport à une
utilisation normale, d’où la surface supérieure dans laquelle le jonc de carbone sera
inséré correspond à la fibre la plus tendue de ces poutres.
Dans la dernière étape « Ruine », des paliers de chargement ont été réalisés chaque 4
kN.m sur les poutres réparées jusqu'à 12 kN afin de mesurer l'ouverture des fissures f1,
f2 et f3 après la réparation. Ensuite, les poutres ont été soumises à un chargement
continu monotone croissant jusqu'a la ruine.
Les cartes de fissuration ont été tracées pour l’ensemble des poutres testées en
relevant la position précise des fissures repérées initialement à l’œil nu. Elles montrent
le réseau de fissures au niveau des charges excessives pour les poutres Y, de la charge en
service pour les poutres P (12 kN.m) et de la ruine de toutes les poutres, et sont
présentées sur les Figures IV-7, IV-8, IV-9, IV-10, IV-11, IV-12 et IV-13. Et afin d’évoluer
le glissement aux extrémités du jonc de carbone (Figures IV-22 et IV-23), nous avons
fixé des capteurs de déplacement LVDT de 10 cm de course, positionnés aux extrémités
du jonc de carbone et les valeurs de glissement ont été enregistrées pendant le
chargement grâce à un système d’acquisition automatique (Figure IV-24). (Voir §
III.5.1.1).

- Chargement jusqu'a 12 kN.m (choix des fissures et mesure de leur ouverture


chaque 4 kN.m)
- Déchargement

- Rechargement aux niveaux d'endommagement (105% et 120%)


- Déchargement
- Rechargement jusqu'a 12 kN.m afin de mesurer l'ouverture des fissures à chaque
palier de 4 kN.m
- Déchargement

- Réparation par un jonc de carbone de 6 mm par la technique NSM


- Rechargement jusqu'a 12 kN.m afin de mesurer l'ouverture des fissures chaque 4
kN.m
- Déchargement

- Chargement continu monotone jusqu'à la ruine

Figure IV-5 : Procédures d'essais expérimentaux pour les poutres Y.

173
Chapitre IV

Plaque d’épaisseur
20 mm en Fe400
Pont d’Extensométrie
Modèle P3

Poutre réparée sous


Deux tiges Φ20 mm en Fe400 charge maintenue

Deux jauges Poutre assistante


extensométriques

Figure IV-6 : Dispositif de mise de charge maintenue pour les poutres P.

IV.3.1. Technique de réparation des poutres

Les poutres ont été réparées de la même manière que la réparation de la poutre
B2CL1 dans la première partie expérimentale de cette thèse (Voir § II.9). Le diamètre du
jonc de carbone, la position et la section de l’engravure ont été choisis identiques à ceux
de la poutre corrodée et réparée B2CL1, c’est-à-dire, une seule engravure de profondeur
de 10 mm et de largeur de 15 mm a été réalisée à mi-largeur de la poutre sur la surface
tendue. La réparation a été arrêtée juste avant les appuis (la longueur totale du jonc de
carbone était de 270 cm) pour éviter la ruine précoce par délamination du béton
d’enrobage dite « Peeling-off » (Al-Mahmoud 2007).

174
Chapitre IV

1750 mm
1500 mm
1250 mm

30 20 20 20 25
25 25 20 25 25
a 30 kN
f2 f1 f3

Figure IV-7 : Carte de fissuration de la poutre Y105-0 (a) à l’endommagement (29.5 kN.m), (b) à la ruine.
1450 mm
1300 mm
1000 mm

a 20 20 20 25 20 20
30 kN 25 25
f3 30 f2 45
f1

Figure IV-8 : Carte de fissuration de la poutre Y120-0 (a) à l’endommagement (34.3 kN.m), (b) à la ruine.

Figure IV-9: Carte de fissuration de la poutre P0-0 (a) à charge de service (12 kN.m), (b) à la ruine.

175
Chapitre IV

f f f f
4
Figure IV-10 : Carte de fissuration de la2 poutre P50-0
1 (a)3 à charge de service (12 kN.m), (b) à la ruine.

Figure IV-11 : Carte de fissuration de la poutre P50-50 (a) à charge de service (12 kN.m), (b) à la ruine.

Figure IV-12 : Carte de fissuration de la poutre P72-0 (a) à charge de service (12 kN.m), (b) à la ruine.

Figure IV-13 : Carte de fissuration de la poutre P72-72 (a) à charge de service (12 kN.m), (b) à la ruine.

176
Chapitre IV

IV.4. RESULTATS EXPERIMENTAUX ET DISCUSSIONS

Dans ce paragraphe, nous allons étudier, d’une part, la réponse des poutres
endommagées par des charges excessives Y105-0 et Y120-0, puis réparées sans charge
maintenue par un jonc de carbone 6 mm avec la technique NSM. Et d’autre part, la
réponse des poutres de type P pré-fissurées et réparées sous deux niveaux de charge
maintenue (50% et 72% du moment de plastification expérimental de la poutre témoin
non-renforcée Pt), du point de vue du comportement global, de la rigidité des poutres
avant et après la réparation, de la ductilité, du comportement de fissuration et du mode
de ruine. De plus, des calculs théoriques des moments de fissuration, de plastification et
de ruine sont comparés avec les résultats expérimentaux.

IV.4.1. Comportement des poutres endommagées par des charges


excessives au-delà du seuil de plastification puis réparées par matériaux
composites

Dans cette partie, le comportement des poutres pré-fissurées et endommagées puis


réparées par un jonc de carbone de 6 mm avec la technique NSM est étudié à l’aide des
résultats d’essais en flexion trois points. Un chargement monotone croissant est
directement appliqué sur des poutres pré-fissurées par Vidal (2003), avant la réparation
aux deux niveaux d’endommagement (105% et 120%) et après la réparation jusqu’à la
ruine des poutres. Le comportement global des poutres endommagées sans réparation
(aux niveaux des charges excessives 105% et 120%) et avec réparation jusqu’à la ruine
des poutres est représenté par des courbes moments de flexion-flèche à mi-portée sur la
Figure IV-14. Les résultats obtenus à partir des essais expérimentaux pour toutes les
poutres testées sont récapitulés dans le Tableau IV-5. Le Tableau IV-5 donne le moment
de fissuration de béton (Mf), le moment de pré-chargement (Mpre), le moment de
plastification des aciers (My) et le moment de ruine (Mr) avant et après la réparation, le
flèche au niveau de plastification des aciers et ultime (δy, δr) et la rigidité des poutres
avant et après la réparation (R0y, Ry, Rr).
Avant la réparation Après la réparation
Moment Raideur Moment Flèche Raideur Mode de ruine
Poutre (kN.m) (kN/mm) (kN.m) (mm) (kN/mm) expérimental
Mpre My R0y R1y My Mr δy δr R2y Rr

Y105-0 29.4 28 4.48 3.95 35 56 13 52 4.33 0.7


Écrasement du béton
comprimé
Y120-0 34 28 4.41 3.94 36.5 47 14.3 46 3.92 0.5

Tableau IV-5 : Résumé des résultats expérimentaux des essais pour les poutres Y.

IV.4.1.1. Courbe moment de flexion-flèche des poutres endommagées puis réparées.

Les poutres endommagées au-delà du moment de plastification des aciers puis


réparées par un jonc de carbone, et soumises à un moment fléchissant positif croissant,
présentent deux phases principales, (Figures IV-15, IV-16, IV-17 et IV-18) :
Phase jusqu’au début de la plastification des aciers tendus (OA) :

177
Chapitre IV

Au début de cette première phase, les fissures ne traversent pas la résine en raison
de son faible module d’élasticité. Sous un accroissement de la charge, les fissures
deviennent plus larges et de nouvelles fissures s’initient. La fissuration se développe en
fonction du moment de flexion appliqué et beaucoup de fissures uniformément reparties
de faible ouverture sont observées le long de la poutre. La fissuration due au moment de
flexion se stabilise en A, quand la charge atteint la valeur de plastification de l'acier.
Phase de la reprise du jonc de carbone jusqu’à la ruine (AB) :
Les aciers sont plastifiés : et ne participent presque plus à reprendre de la charge
supplémentaire. Seul le jonc de carbone permet d’accroître le chargement. Le module
plus faible de jonc de carbone conduit à un changement de pente de la courbe globale.
Dans cette phase, la fissuration est contenue par le jonc de carbone qui est dans leur
domaine élastique. Les fissures de flexion commencent à traverser la résine. De
nouvelles fissures d’effort tranchant sont visibles, elles se développent en fonction de la
charge appliquée. La ruine de poutre intervient en B, par écrasement du béton
comprimé.
Nous observons que les moments de plastification des aciers tendus sont augmentés
de 25% et 30% par rapport à ceux avant la réparation pour les deux poutres Y105-0 et
Y120-0 respectivement. De plus les déformations correspondantes sont aussi
augmentées de 30% et 43% respectivement. Ceci est dû au phénomène d'écrouissage de
l’acier « durcissement » qui augmente sensiblement la taille du domaine élastique.
La ruine des poutres Y105-0 et Y120-0 intervient à 56 et 47 kN.m respectivement.
Ainsi, une augmentation de niveau de l’endommagement au-delà de seuil de
plastification de 16% provoque une baisse de 16% de la résistance ultime.
60
Moment de plastification calculé B
55 d'une poutre non-endommagée et
50 renforcée
M = 32.3 kN.m
45
40 A M = 34 kN.m
δ = 30.3 mm
35 δresiduel = 18.5 mm
Moment (kN.m)

30
25 M = 29.5 kN.m
δ = 12.9 mm
20 δresiduel = 2.5 mm
15 Y105-0 Non-Réparée [42kN]
10 Y105-0 Endommagée & Réparée [80kN]
Y120-0 Non-Réparée [49kN]
5
O Y120-0 Endommagée Réparée [67kN]
0
0 5 10 20 1525 30 35 40 45 50 55 60
Flèche à mi-portée (mm)
Figure IV-14 : Comportement global des poutres endommagées et réparées Y.

178
Chapitre IV

50
B
45
40 My calculé Augmentation
Augmentation de My
d'une poutre A de moment de
35 non- due à l’écrouissage des aciers tendus plastification
endommagée due à la réparation par NSM des aciers de
30
et renforcée 30% après la
Moment (kN.m)

25 réparation

20
Augmentation
15 de flèche de
plastification
10 des aciers de
43% après la Y120-0 Non-Réparée [49kN]
5
réparation
O Y120-0 Endommagée Réparée [67kN]
0
0 205 25 1030 35 15 40 45 50
Flèche à mi-portée (mm)
Figure IV-15 : Comparaison entre le comportement de la poutre Y120-0 avant et après la
réparation.

60
55 B
50
45
40 My calculé Augmentation
d'une poutre A Augmentation de My de moment de
35 non- due à l’écrouissage des aciers tendus plastification des
Moment (kN.m)

30 endommagée due à la réparation par NSM aciers de 25%


et renforcée après la
25 Augmentation réparation
de flèche de
20 plastification
15 des aciers de
30% après la
10 réparation Y105-0 Non-Réparée [42kN]
5
Y105-0 Endommagée & Réparée [80kN]
O
0
0 20 5
25 30 10 35 15
40 45 50 55 60
Flèche à mi-portée (mm)
Figure IV-16 : Comparaison entre comportement de la poutre Y105-0 avant et après la
réparation.

179
Chapitre IV

40

35

30 M = 34 kN.m
δ = 30.3 mm
25 δresiduel = 17.5 mm
M = 29.5 kN.m
Moment (kN.m)

δ = 12.9 mm
20 δresiduel = 2.5 mm

15

10
Y105-0 Non-Réparée [42kN]
5
Y120-0 Non-Réparée [49kN]
O
0
0 5 10 15 20 25 30 35
Flèche à mi-portée (mm)
Figure IV-17 : Comportement global des poutres endommagées et non réparées Y105-0 et
Y120-0.
60
Y105-0 Réparée [80kN]
55
Y120-0 Réparée [67kN]
50
45
Perte de capacité
40 portante de Y120-0
de 16.3% due à
35
Moment (kN.m)

l'endommagement
30 supplémentaire
25 La réparation a augmenté
20 la rigidité de la poutre la
moins endommagée Y105-0
15 de 10% Perte de allongement
10 ultime de Y120-0 de 15.4%
due à l'endommagement
5 supplémentaire
0
0 5 10 15 20 25 30 35 40 45 50 55 60
Flèche à mi-portée (mm)
Figure IV-18 : Comparaison entre le comportement des poutres Y endommagées puis
réparées.

IV.4.1.2. Influence de la réparation et de l’endommagement sur la rigidité des


poutres

Pour chacune des poutres, endommagées puis réparées, la rigidité de flexion (ou la
raideur) a été déterminée expérimentalement au même niveau de pré-chargement (12
kN.m) avant l’endommagement (R0y) et après l’endommagement (R1y) et après la
réparation (R2y) ce qui représente la pente de la partie linéaire de la courbe charge-
flèche. Les résultats expérimentaux des rigidités des poutres testées sont présentés dans

180
Chapitre IV

la Figure IV-20 et le Tableau IV-5. La Figure IV-19 représente l’évolution de la rigidité de


la poutre la plus endommagée Y120-0.
22
y = 4,4083x + 0,2605 Endommagée Non-Réparée
20 R² = 0,9978 y = 3.9357x - 68.739
18 R² = 0.9952
y = 3,9193x + 0,9439
16 R² = 0,998
14
Charge (kN)

12
10
8
6
Y120-0 Avant Endommagement [20kN]
4
Y120-0 Endommagée Non-Réparée [49kN]
2
Y120-0 Endommagée Réparée [67kN]
0
0 2 4 6 8 10 12 14 16 18 20 22 24
Flèche à mi-portée (mm)
Figure IV-19 : Évolution de la rigidité de la poutre Y120-0.
5
Avant endommagement
Raideur (kN/mm)

4,75 Endommagée & Non-Réparée


4,5 Endommagée & Réparée
4,25
4
3,75
3,5
3,25
3
Y105-0 Y120-0
Figure IV-20 : Raideur des poutres endommagées puis réparées.
Il faut noter que le comportement global d’une poutre en béton armé est linéaire
dans la phase élastique non-fissurée qui se traduit le comportement élastique des
matériaux, lorsque le moment appliqué dépasse la valeur du moment de fissuration, une
diminution significative de la pente de la courbe force - flèche due à l’apparition de la
première fissure de flexion et une diminution progressive de la rigidité au fur et à
mesure de l’apparition de nouvelles fissures.
En décharge, la rigidité est plus grande qu’en charge et il subsiste une flèche
résiduelle à charge nulle qui traduit une irréversibilité liée à la fissuration du béton.
Cette flèche résiduelle est due à l’ouverture résiduelle des fissures (2.5 mm dans le cas
de la poutre Y105-0 et 17.5 mm pour Y120-0). Leur fermeture totale n’est pas possible à
cause du frottement du béton sur les barres d’acier qui, même lisses, ont une adhérence
non négligeable sur le béton. Le chargement des poutres au-delà du seuil de
plastification se produit des déformations plastiques (Permanentes) dans l’acier tendu
et augmente la limite d’élasticité en faisant disparaitre le palier de ductilité et diminue

181
Chapitre IV

l’allongement à la ruine. Si on décharge les poutres, le module d’élasticité de l’acier peut


être considérée comme non-modifié par l’écoulement plastique. Ainsi, on redéfinit un
seuil dit seuil plastique, qui correspond à la limite actuelle d’élasticité, c’est-à-dire la plus
grande valeur de la contrainte dans l’acier tendu atteinte au cours du chargement.
Nous observons une perte en rigidité des poutres endommagées de 11% par rapport
à celle non-endommagées due au sur-chargement des poutres au-delà du seuil de
plastification des aciers. Ensuite la réparation des poutres endommagées par un jonc de
carbone de 6 mm avec la technique NSM a été capable d’augmenter la rigidité de la
poutre Y105-0 de 10% par rapport à celle après l’endommagement et à restauré 9% de
la rigidité perdue de la poutre Y105-0 dû à l’endommagement. Par contre, la réparation
n’a pas d’influence significative sur la rigidité de la poutre la plus endommagée Y120-0
(Figure IV-20).

IV.4.1.3. Comportement vis-à-vis de la ductilité

La ductilité est la capacité de l'élément à subir un comportement inélastique et d’absorber


l'énergie sans risque de ruine précoce. La ductilité est une propriété importante dans le
dimensionnement des structures. Dans cette partie expérimentale, la ductilité de déplacement
est étudiée. La ductilité de déplacement est exprimée par le rapport du déplacement ultime de
la structure et le déplacement à la fin de la phase élastique.
Le Tableau IV-6 récapitule les valeurs de la ductilité de déplacement des poutres
endommagées Y105-0 et Y120-0. Il est observé que les poutres endommagées puis réparées
Y105-0 ont montré plus de déplacement ou de ductilité à hauteur de 25% par rapport à celle
endommagée puis réparées Y120-0. (Voir le Tableau IV-6).
Flèche à la plastification
Flèche au niveau des aciers tendus Flèche à la
Poutres de charge (mm) ruine Ductilité de
endommagées d’endommagement Avant Après (mm) déplacement
(mm) réparation réparation
δy1 δy2 δr
Y105-0 12.8 10.4 13 52.6 4.0
Y120-0 30.5 10.4 14.3 45.3 3.2
Tableau IV-6 : Flèches et ductilité de déplacement des poutres endommagées puis réparées.

IV.4.1.4. Moment de plastification - Résistance maximale - Modes de ruine.

Les poutres endommagées ont été réparées par un jonc de carbone de 6 mm de


diamètre avec la technique NSM. Nous remarquons que l'acier tendu des poutres s’était
plastifié à 28 kN.m lorsque les charges excessives ont été appliquées de 29.4 et 34.3
kN.m respectivement (Figure IV-14). De nombreuses fissures de flexion se sont formées
dans les zones centrales des poutres dues au pré-chargement (Figures IV-7 et IV-8).
Pour la réparation, les poutres ont été déchargées complètement. Des flèches résiduelles
de 2.5 et 18.5 mm sont relevées pour les poutres Y105-0 et 120-0 respectivement due à
la déformation plastique après chargement.
Après la réparation, les poutres ont été rechargées. La plastification des aciers des
poutres endommagées puis réparées Y105-0 et Y120-0 se produit à 35 et 36.4 kN.m
respectivement et les flèches à mi-portée était de 13 et 14.3 mm respectivement. Une

182
Chapitre IV

augmentation de 25% et 30% du moment de plastification et de 25% et 37.5% de la


flèche à mi-portée a été observée pour les poutres Y105-0 et Y120-0 respectivement. La
ruine des poutres intervient à 56 et 47 kN.m respectivement par écrasement du béton
comprimé (Figures IV-22, IV-23). La différence des moments de ruine de 9 kN.m (soit
16%) est due à la différence de moment d’endommagement (4.9 kN.m) (soit 16.7%).

IV.4.1.5. Comportement de fissuration des poutres

IV.4.1.6. Carte de fissuration

Nous rappelons que les poutres testées ont été pré-fissurées par Vidal (2003), en les
sollicitant en flexion 3-points au moment de service 12 kN.m. Ensuite, elles ont été
conservées au LMDC à température ambiante. Les poutres ont été rechargées en flexion
3-points aux niveaux choisis d’endommagement à 105% et 120% du moment de
plastification expérimental des aciers tendus, la force étant appliquée de manière
monotone croissante. Nous distinguons deux phases de fissuration, la première phase
est le développement des fissures jusqu’à l’endommagement des poutres non-réparées
et, la deuxième phase est la fissuration des poutres endommagées après la réparation
jusqu’à la rupture.
D’abord, au cours du chargement des poutres non-réparées, plusieurs macro-fissures
principales apparaissent au niveau des cadres placés dans la zone centrale de la poutre
car ces sections au droit des armatures transversales représentent des zones de
moindre résistance. Des fissures principales de flexion apparaissent, ou du moins sont
détectables à l’œil nu, pour des valeurs de charge entre 20 et 25 kN. Ensuite,
l’augmentation de la charge appliquée élargit la zone où le moment dépasse la valeur
caractéristique du moment de fissuration et provoque la formation d’autres fissures de
flexion qui apparaissent parfois entre les fissures principales à partir d’une valeur de
charge de 30 kN. Les fissures qui sont apparues verticalement en fibre inférieure
tendent à s’incliner en remontant vers l’axe neutre de la section fissurée sous l’effet du
cisaillement lorsque atteint la charge correspondante aux niveaux d’endommagement
(Figures IV-7a et IV-8a).
Dans la deuxième phase, qui correspond à la fissuration des poutres réparées, l’acier
tendu ayant été plastifié dans les poutres pendant la phase de pré-chargement, ce qui a
conduit à déplacer la limite élastique de l’acier tendu vers le haut par l’effet
d’écrouissage. Pendant le chargement le jonc de carbone résiste presque complètement
à l’accroissement de charge supplémentaire appliquée au-delà de la plastification. Nous
avons remarqué que les fissures verticales formées (perpendiculaires à l’axe de la
poutre) dans la zone centrale des poutres se développent aussi bien en ouverture qu’en
longueur, et se propagent dans la résine. Le développement de ces fissures a été suivi de
l'initiation de fissures horizontales dans le béton dans la zone centrale des poutres au
niveau de la jonction de l’engravure avec les fissures d’effort tranchant. Peu à peu avec
l’augmentation de la charge appliquée, ces fissures commencent à interagir avec les
fissures d’effort tranchant et les fissures de flexion verticales s’inclinent diagonalement
en raison de l'effet combiné du moment fléchissant et de l'effort tranchant et se propagent
vers le point de chargement. Simultanément, des fissures inclinées à 45° par rapport à
l’axe du jonc de carbone dues à la forte traction dans la résine sont observées dans la
zone centrale des poutres.

183
Chapitre IV

Enfin, la rupture des poutres intervient par écrasement du béton comprimé. Par
contre, aucune fissure visible dans la résine n’a été observée près des appuis des
poutres. Nous avons vérifié que le glissement aux extrémités du jonc de carbone est nul
puisque la ruine des poutres n’intervient par le pull-out du jonc de carbone (Figures
IV-22 et IV-23). La Figure IV-24B représente les courbes de déplacement des capteurs
LVDT avec le temps à mi-portée et aux extrémités du jonc de carbone (Voir § III.5.1.1).
Aucun glissement n’a été enregistré aux extrémités du jonc de carbone par les capteurs
de déplacement (Figure IV-24B).

IV.4.1.7. Ouverture des fissures

Nous avons choisi trois fissures principales de flexion (f1, f2 et f3) dans chaque poutre
testée, afin d’étudier l’évolution de l’ouverture des fissures avant et après
l’endommagement et après la réparation. Les positions des fissures choisies sont
présentées dans les Figures IV-7, IV-8. Les évolutions des ouvertures de fissures en
fonction de la charge à la position des fissures sont représentées sur les Figures IV-25,
IV-26, IV-27, IV-28, IV-29 et IV-30.
Les poutres Y ont été soumises à un cycle de déchargement/rechargement jusqu’à 12
kN.m afin de mesurer l’ouverture des trois fissures principales f1, f2 et f3 à différents
paliers de chargement au moyen d’un Vidéo-microscope portable (Voir § III.5.2) pour
chaque phase (avant l’endommagement, après l’endommagement et après la
réparation). Le grossissement x100 a été choisi pour déterminer l’ouverture moyenne
des fissures. Les photographies ont été prises, au niveau des aciers tendus à chaque
palier de chargement. L’ouverture de la fissure finale correspond à la valeur moyenne de
5 mesures prises sur une face latérale au niveau des aciers tendus. Après la réparation
des poutres Y105-0 et Y120-0, elles ont été rechargées par la suite jusqu’à 12 kN.m et
l’ouverture des fissures a été mesurée à la même position (à la hauteur des barres
d'acier tendu) (voir les Figues IV-7 et IV-8).
Il faut noter qu’une fissure dans la zone où l’acier tendu est plastifié complètement,
s’ouvre plus largement que celle où l’acier tendu n'est pas plastifié. La Figure IV-21
représente les taux d’augmentation d’ouverture des fissures après l’endommagement et après
la réparation comparées à celle des poutres avant l’endommagement. Les ouvertures après
l'endommagement des fissures f3 dans la poutre Y105-0 et f1 dans la poutre Y120-0 à
moment égale, sont plus importantes par rapport à celles des fissures f1 dans la poutre Y105-0
et f2 et f3 dans la poutre Y120-0 où les aciers tendus ne sont pas plastifiés. Alors, on constate
une augmentation due à l'endommagement d'ouverture des fissures f1(Y105-0), f2(Y120-0) et
f3(Y120-0) de 27%, 46% et 18% respectivement, et de 180% et 430% pour l’ ouverture des
fissures f3(Y105-0 et f1(Y120-0) respectivement. Ce qui indique que ces dernières fissures
sont dans la zone de plastification de l’acier tendu. La réparation des poutres endommagées
contribue à réduire l'ouverture des fissures d'un pourcentage de 10% à 11%.
L’endommagement au-delà du seuil de plastification est effectivement caractérisé par une
ouverture importante des fissures due à la déformation plastique des aciers, et la réparation
par un seul jonc de carbone conduit à une légère diminution des ouvertures qui correspond à
la légère influence de la rigidité en flexion.

Distance Position des fissures Nombre Largeur de


Poutre
moyenne entre (mm) de la zone

184
Chapitre IV

fissures Fissures principales fissures fissurée


(mm) Fissure (mm)
f1(1) f2(1) f3(1) secondaire

Y105-0 164 1500 1250 1750 1300 11 1800


Y120-0 163 1450 1300 1000 1120 10 1630
(1) La position des fissures est représentée dans les Figures IV-7 et IV-8
Tableau IV-7 : Détails sur la fissuration des poutres Y au niveau de charge en service.
50 46
Endommagée
45
Endommagée & Réparée
40 35
% d'augmentation

35
30 27
25
20 18
16
15
10 8
5
0
f1(Y105-0) f2(Y120-0) f3(Y120-0)
Figure IV-21 : Taux d'augmentation d'ouverture des fissures par rapport à l'ouverture des
fissures avant l'endommagement.

185
Chapitre IV

Écrasement du béton
comprimé

Résine non-fissurée aux


extrémités du jonc de
carbone à la ruine

Figure IV-22 : Mode de ruine de la poutre endommagée et réparée Y105-0.

186
Chapitre IV

Écrasement du béton comprimé

Pas de glissement de jonc de


carbone à la ruine

Figure IV-23 : Mode de ruine de la poutre endommagée et réparée Y120-0.

60
LVDT à l'extrémité du jonc de carbone
50 LVDT à mi-portée
A
Deplacement (mm)

40

30

20

10

-10
0 200 400 600 800 1000 1200
B Temps (seconde)
Figure IV-24 : (A) Dispositif de mesure du glissement à l’extrémité de jonc de carbone dans
la poutre Y120-0, (B) courbes de déplacement au cours du temps à mi-portée et à
l’extrémité du jonc de carbone.

187
Chapitre IV

30
Avant endommagement
y = 0,0724x - 15,639
Endommagée

Moment à la fissure en kN.m


25 R² = 0,9975
Endommagée & Réparée
y = 0,0712x - 11,972
20 R² = 0,9933

15
y = 0,0622x - 14,223
10 R² = 0,9986

0
100 200 300 400 500 600 700
Y105-0- Fissure f1(1500 mm) Largeur de fissure en µm

Figure IV-25 : Évolution d’ouverture de la fissure f1 dans la poutre Y105-0.


25
Avant endommagement y = 0.068x - 8.644
Endommagée R² = 0.9862
Moment à la fissure en kN.m

20 Endommagée & Réparée

15 y = 0,0665x - 8,4442
R² = 0,9874
y = 0,0666x - 8,962
10 R² = 0,9893

0
100 150 200 250 300 350 400 450
Y105-0 - Fissure f2(1250 mm) Largeur de fissure en µm
Figure IV-26 : Évolution d’ouverture de la fissure f2 dans la poutre Y105-0.
25
Avant endommagement
Moment à la fissure en kN.m

Endommagée y = 0.0352x - 29.683


20 Endommagée & Réparée R² = 0.9801

15

10
y = 0,059x - 11,201
R² = 0,9781
y = 0,0303x - 24,34
5 R² = 0,996

0
100 300 500 700 900 1 100 1 300 1 500
Y105-0 - Fissure f3 (1750 mm) Largeur de fissure en µm

Figure IV-27 : Évolution d’ouverture de la fissure f3 dans la poutre Y105-0.

188
Chapitre IV

30
Avant endommagement
Endommagée
Endommagée

Moment à la fissure en kN.m


25 y = 0.0673x - 200.03
Endommagée & Réparée R² = 0.9218
20

15 y = 0,0541x - 13,567
R² = 0,9979
10
Endommagée & Réparée
5 y = 0.0635x - 175.25
R² = 0.9692
0
100 600 1 100 1 600 2 100 2 600 3 100 3 600
Y120-0 - Fissure f1 (1430 mm) Largeur de fissure en µm
Figure IV-28 : Évolution d’ouverture de la fissure f1 dans la poutre Y120-0.
25
Avant endommagement
Moment à la fissure en kN.m

Endommagée
y = 0,0626x - 19,777
20 Endommagée & Réparée
R² = 0,992

15 y = 0,0854x - 20,094
R² = 0,9814

10 y = 0,0629x - 22,138
R² = 0,9982

0
100 200 300 400 500 600 700
Y120-0 - Fissure f2 (1280 mm) Largeur de fissure en µm

Figure IV-29 : Évolution d’ouverture de la fissure f2 dans la poutre Y120-0.


20
Avant endommagement
Moment à la fissure en kN.m

Endommagée y = 0,0643x - 13,973


15 Endommagée & Réparée R² = 0,9938

10

y = 0,0639x - 12,377
R² = 0,9967 y = 0,0621x - 15,046
5 R² = 0,9965

0
100 150 200 250 300 350 400 450 500
Y120-0- Fissure f3 (1000 mm) Largeur de fissure en µm
Figure IV-30 : Évolution d’ouverture de la fissure f3 dans la poutre Y120-0.

189
Chapitre IV

IV.4.1.8. Comparaison des résultats expérimentaux et théoriques

Afin de calculer les moments de ruine des poutres endommagées et réparées, nous
avons besoin de calculer les valeurs des contraintes des aciers tendus aux niveaux des
moments d'endommagement (le moment maximal appliqué avant la réparation) afin de
prendre en compte l'effet d’écrouissage de l’acier (post-plastification) (Tableau IV-8). Le
Tableau IV-8 présente aussi les valeurs théoriques des moments de ruine des poutres
endommagées non-réparées en supposant que le mode de ruine des poutres
endommagées intervient par écrasement de béton comprimé après la plastification des
aciers tendus en prenant en compte l’effet d’écrouissage. Nous observons que la capacité
portante des poutres endommagées avant la réparation a été augmentée en raison de
l’effet d’écrouissage des aciers de 1% et 6% pour les poutres Y105-0 et Y120-0
respectivement, (l’écrouissage augmente légèrement la courbe de résistance).
Limite
Moment de Moment Moment de Contrainte
élastique
Poutres plastification d'endommagement(1) Ruine(2) de l'acier
d'acier
(kN.m) (kN.m) (kN.m) (MPa)
(MPa)
Y105-0 28.5 600 29.5 45.1 620
Y120-0 28.5 600 34.3 47.2 710
(1) Le moment maximal appliqué avant la réparation
(2) Calculé par écrasement du béton comprimé
Tableau IV-8 : Contraintes des aciers tendus aux niveaux d'endommagement dans les
poutres non-réparées.
Afin de calculer le moment de ruine dû à l’écrasement du béton comprimé, nous
avons utilisé les valeurs suivantes dans les calculs :
b = 150 mm, h = 280 mm, ds = 2 800 mm, Es = 210 000 MPa, As = 226 mm², fy(Y105-0) =
620 MPa, fy(Y120-0) = 710 MPa
Ef = 150 000 MPa, εfu = 2 300 MPa, Af = 28.3 mm², df =275 mm.
Le Tableau IV-9 récapitule les résultats du calcul théorique du moment de
plastification des aciers tendus et du moment de flexion ultime en supposant que le
mode de ruine des poutres réparées intervient par écrasement de béton comprimé et
par le Pull-out du jonc de carbone de la résine. Le Tableau IV-9 montre que les valeurs
théoriques et expérimentales du moment de plastification de l’acier sont généralement
bien corrélées avant et après la réparation.
Nous observons que le moment ultime théorique de la poutre endommagée et
réparée Y105-0 par écrasement de béton comprimé (57 kN.m) est très proche de celui
expérimental (56 kN.m) et avec une augmentation de 70% de la capacité portante par
rapport à la valeur théorique de moment ultime de la poutre Y105-0 endommagée et
non-réparée (33 kN.m). De plus, nous constatons que le moment ultime calculé en
supposant la ruine de la poutre par pull-out du jonc de carbone pour une longueur
d’ancrage de 600 mm (61.4 kN.m) est supérieur à celui expérimental de 10% (56 kN.m),
ce qui explique le mode de ruine n’intervient pas par le Pull-out du jonc de carbone.
Par contre, le moment ultime théorique de la poutre endommagée puis réparée
Y120-0 en supposant la ruine par écrasement du béton comprimé (59.8 kN.m), est
supérieur à celui ultime expérimental (47 kN.m) de 27%. Nous avons aussi constaté, lors

190
Chapitre IV

du calcul théorique, le moment ultime expérimentale de la poutre endommagée et


réparée Y120-0 (47 kN.m) est supérieur de la valeur théorique de celle endommagée et
non-réparée de 27% (37 kN.m) en supposant la ruine de la poutre par écrasement de
béton comprimé.
Cette diminution de 27% de la résistance maximale de la poutre Y120-0 par rapport
à celle théorique par écrasement de béton comprimé peut être expliqué par le niveau
élevé de pré-chargement (de 20% au-delà de moment de plastification de la poutre non-
réparée). Ce qui a produit une zone faible du béton comprimé avant la réparation dans la
zone centrale de la poutre, soit par la diminution de la rigidité et de la résistance ainsi
que par l’apparition de déformations permanentes dans le béton et dans les aciers
tendus. C’est pourquoi, une ruine précoce par écrasement du béton comprimé après la
réparation intervient à une valeur inférieure de celle théorique.
Alors, le niveau d’endommagement au-delà de seuil de plastification des aciers avant
la réparation joue un rôle important en diminuant la résistance maximale des poutres
endommagées et réparées et en changeant le mode de ruine par écrasement du béton
comprimé. Ainsi, nous pourrons considérer qu’un endommagement de 20% au-delà de
moment de plastification de l’acier, peut réduire la capacité portante de la poutre de
16.5% par rapport à celle théorique de la poutre non-endommagée et renforcée (Y). Par
contre, un endommagement de 5% au-delà de moment de plastification de l’acier n’a par
d’influence significative sur la capacité portante en comparant avec celle théorique de la
poutre non-endommagée et renforcée (Y).
Nous observons que la contribution du jonc de carbone en augmentation de la
capacité portante des poutres réparées a diminué pour un niveau élevé de
l’endommagement. C’est-à-dire, l’insertion du jonc de carbone avec la technique NSM a
augmenté la capacité portante des poutres endommagées et réparées Y105-0 et Y120-0
de 75% et 46% respectivement en comparant avec la valeur théorique de celle d’une
poutre non-renforcée Y.

Moment de plastification Moment de Ruine


(kN.m) (kN.m)
Avant Après Avant Mode de ruine
Poutre Après réparation
réparation réparation réparation expérimental
Cal (3)
Exp Cal Exp Cal Cal(1) Cal(1) Exp
Pull-out
Y(4)
- 28.6 - 32.4 32 56.3 - -
(Virtuel)

Y105-0 28 28.6 35 33.4 33(2) 56.9(2) 61.4 56


Écrasement de béton
comprimé
Y120-0 28 28.6 36.4 38.3 37(2) 59.8(2) 61.4 47
(1) Écrasement de béton comprimé
(2) Pris en compte l’effet d’écrouissage (fy(Y105-0)=620 MPa, fy(Y120-0)=710 MPa).
(3) Lanc = 600 mm
(4) Poutre témoin virtuel (Y) non-endommagée et non-réparée

Tableau IV-9 : Comparaison des résultats expérimentaux et théoriques des moments de


plastification des aciers tendus et des moments ultimes.

191
Chapitre IV

IV.4.2. Comportement des poutres endommagées par des chargements


dans le domaine élastique puis réparées par composite sous charges
maintenues

Dans cette partie, le comportement global des poutres pré-fissurées et endommagées


puis réparées par un jonc de carbone de 6 mm de diamètre inséré avec la technique NSM
sans et sous charges maintenues sont étudiés à l’aide des résultats d’essais en flexion
quatre points et en comparaison avec le comportement de la poutre témoin non-fissurée
et renforcée de la même manière. Le comportement global des poutres témoins Pt et P0-
0 ont présenté sur les Figures IV-31 et IV-32 respectivement. Le comportement global
des poutres endommagées à deux niveaux de pré-chargements de 50% et de 72% du
moment de plastification expérimental de la poutre témoin non-renforcée Pt puis
réparées sans et sous charge maintenue sont représentés par les courbes moments de
flexion-flèche à mi-portée sur la Figure IV-33 pour les poutres de type P50 et sur la
Figure IV-34 pour les poutres de type P72. Les résultats obtenus à partir des essais
expérimentaux pour toutes les poutres testées de type P sont résumés dans le Tableau
IV-10. Ce tableau donne le moment de fissuration (Mf), le moment de pré-chargement
(Mpre), le moment de plastification d'acier (My) et le moment de ruine (Mr) avant et après
la réparation ainsi que le flèche (δy, δr) et la rigidité des poutres avant et après la
réparation (R0y, R1y, R2y, Rr).

Avant Réparation Après Réparation


Moment Raideur Moment Flèche Raideur
Poutre Mode de ruine expérimental
(kN.m) (kN/mm) (kN.m) (mm) (kN/mm)
Mf Mpre R0y/R1y My Mr δy δr R2y Rr

Pt 7.8 0 7.7 30 32.7 16.5 86 - 0.09 Écrasement du béton comprimé

P0-0 10 0 - 33.9 49.3 18.6 67 8.5 0.8

P50-0 6 15 7.9/6.6 30.2 46.3 12.8 71 7.3 0.76


Pull-out du jonc de carbone suivi
d’écrasement du béton comprimé
P50-50 5.6 15 7.6 29.5 43.3 12.6 75 7.1 0.6

P72-0 5.8 21.6 7.3/6.3 31.2 45.5 15.1 70 6.8 0.8

P72-72 6 21.6 7.6 29.7 43 14.8 75 6.9 0.77 Écrasement du béton comprimé

R0y Rigidité de poutre non-réparée et non- R2y Rigidité de poutre réparée et endommagée en Pré-
endommagée en Pré-plastification de l’acier plastification de l’acier
R1y Rigidité de poutre non-réparée et Rr Rigidité de poutre réparée et endommagée en Post-
endommagée en Pré-plastification de l’acier plastification de l’acier
Tableau IV-10 : Résumé des résultats expérimentaux des essais pour les poutres P.

IV.4.2.1. Courbe moment de flexion-flèche de la poutre témoin non-renforcée Pt.

Lorsqu’une poutre, en béton armé, est soumise au moment fléchissant positif


croissant (Figure IV-31), nous distinguons plusieurs phases :
Phase élastique (OA) :

192
Chapitre IV

Cette phase est telle que les petites valeurs de la charge n’entraînent pas la
fissuration du béton tendu, ainsi le comportement est élastique linéaire. Cette première
étape correspond aux déformations faibles de l’armature qui adhère parfaitement au
béton sur toute sa longueur avant l’apparition des fissures. Cette phase s’achève en A,
lorsque le moment atteint une valeur telle que la résistance à la traction du béton en
partie inférieure est atteinte. Le moment de fissuration est de 7.8 kN.m.
Phase de fissuration du béton jusqu’au début de la plastification des aciers tendus
(AB) :
La fissuration commence dans les sections les plus sollicitées et se développe le long
de la portée de la poutre en fonction du moment de flexion appliqué. La rigidité diminue
au fur et à mesure de l’apparition des fissures. Cette phase s’achève en B, lorsque le
moment atteint la valeur pour la quelle l’acier à la traction commence à se plastifier. Le
moment de plastification est de 30 kN.m.
Phase de la plastification des aciers tendus jusqu’à la ruine (BC) :
Les barres d’acier sont plastifiées. Elles s’allongent considérablement sans plus
pouvoir s’opposer efficacement à l’ouverture des fissures. Avec l’augmentation de la
charge, le béton comprimé de la section la plus sollicitée s’endommage et le
raccourcissement du béton continue à augmenter jusqu’à atteindre sa valeur limite de
rupture (valeur conventionnelle = 3.5‰). La poutre reprend encore le moment
fléchissant mais la plastification des aciers conduit à des déplacements très importants.
C’est la phase BC.

IV.4.2.2. Courbe moment de flexion-flèche de la poutre témoin non-fissurée et


renforcée P0-0.

La courbe de la Figure IV-31 montrent le comportement global des poutres Pt non-


renforcée et P0-0 renforcée. Lorsqu’une poutre, en béton armé, renforcée par de jonc de
carbone sur sa partie tendue, est soumise au moment fléchissant positif croissant, nous
distinguons plusieurs phases, (Al-Mahmoud 2007) :

Phase élastique (OA) :


Cette phase correspond au comportement avant la fissuration de béton. Le
comportement est élastique et linéaire. Dans cette première phase, avant l’apparition
des fissures, le lien entre le jonc de carbone, le matériau de scellement, et le béton ancien
est parfait.
Phase de fissuration du béton jusqu’au début de la plastification des aciers tendus
(AB) :
La fissuration commence dans les sections de béton situées dans la zone de moment
constant. Au début de cette deuxième phase, les fissures ne traversent pas le matériau
de scellement (la résine) en raison de son faible module d’élasticité. Sous un
accroissement de la charge, les fissures deviennent plus larges et de nouvelles fissures
s’initient. La fissuration se développe en fonction du moment de flexion appliqué et
beaucoup de fissures uniformément reparties de faible ouverture sont observées le long

193
Chapitre IV

de la poutre. La fissuration due au moment de flexion se stabilise avant de finir en B,


quand la charge atteint la valeur de plastification de l'acier.
Phase de la reprise du jonc de carbone jusqu’à la ruine (BC) :
Les aciers sont plastifiés et ne participent plus à reprendre de la charge
supplémentaire. Seul le jonc de carbone permet d’accroître le chargement. Le module
plus faible de jonc de carbone conduit à un changement de pente de la courbe globale.
Dans cette phase, la fissuration est contenue par le jonc de carbone qui est encore dans
son domaine élastique. Cependant, les fissures de flexion commencent à traverser la
résine. De nouvelles fissures d’effort tranchant sont visibles, elles se développent en
fonction de la charge appliquée. La ruine de poutre intervient en C, de différentes façons
suivant la longueur de scellement.
35
Pt [82 kN]
C
30 B
Moment à mi-portée (kN.m)

25

20

15

10 A

0
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100
O
Flèche à mi-portée (mm)

Figure IV-31 : Comportement global de la poutre témoin non-renforcée Pt.


55
P0-0 [125kN]
50 C
45
40
Moment à mi-portée (kN.m)

35 B
30
25
20
15
10 A
5
0
O0 10 20 30 40 50 60 70 80
Flèche à mi-portée (mm)

Figure IV-32 : Comportement global de la poutre témoin renforcée P0-0 avec les cycles
chargement /déchargement.

194
Chapitre IV

IV.4.2.3. Courbe moment de flexion-flèche des poutres endommagées puis réparées


sous et sans charge maintenue.

Les courbes dans les Figures IV-33 et IV-34 montrent le comportement global des
poutres endommagées puis réparées sans charge maintenue P50-0 et P72-0 et sous charge
maintenue P50-50 et P72-72. Lorsqu’une poutre, en béton armé, endommagée puis
réparée par un jonc de carbone sur sa partie tendue, est soumise au moment fléchissant
positif croissant, nous distinguons trois phases :
Phase élastique (OA) :
Cette phase correspond au comportement de béton pré-fissuré. Dans le point O, le
béton est pré-fissuré, les fissures principales ont une ouverture résiduelle. Le
comportement est élastique et linéaire jusqu’à le point A le seuil de pré-chargement
(soit de 15 kN.m pour les poutres P50 et de 21.6 kN.m pour les poutres P72). Dans cette
première phase, sous un accroissement de la charge, aucune nouvelle fissure n’apparait,
et les fissures préexistantes deviennent plus larges, le lien entre le jonc de carbone, le
matériau de scellement, et le béton ancien est parfait.
Phase de seuil de pré-fissuration du béton jusqu’au début de la plastification des
aciers tendus (AB) :
Au début de cette deuxième phase, des nouvelles fissures s’initient et les fissures
préexistantes continuer à se développer sous un accroissement de la charge. La
fissuration se développe avec l’accroissement du moment de flexion appliqué et
beaucoup de fissures uniformément reparties de faible ouverture sont observées le long
de la poutre. La fissuration due au moment de flexion se stabilise avant le point B, quand
la charge atteint la valeur de plastification de l'acier.
Phase de la reprise du jonc de carbone jusqu’à la ruine (BC) :
Les aciers sont plastifiés et ne participent plus à reprendre la charge supplémentaire.
Seul le jonc de carbone permet d’accroître le chargement. Le module plus faible de jonc
de carbone conduit à un changement de pente de la courbe globale. Dans cette phase, la
fissuration est contenue par le jonc de carbone qui est encore dans son domaine
élastique. Cependant, les fissures de flexion commencent à traverser la résine. De
nouvelles fissures d’effort tranchant sont visibles, elles se développent en fonction de la
charge appliquée. La ruine de poutre intervient en C, de différentes façons suivant la
longueur de scellement.

195
Chapitre IV

50
P50-0 [115.8 kN] C
45
P50-50 [109.8 kN]
40
Moment à mi-portée (kN.m)

35

30
B
25

20
A Charge Maintenue 15 kN.m (50% My)
15

10

5
O
0
0 10 20 30 40 50 60 70 80
Flèche à mi-portée (mm)

Figure IV-33 : Comportement global des poutres P50-0 & P50-50 (Pré-chargées à 50%).
50
C
45

40
Moment à mi-portée (kN.m)

35
B
30

25
A Charge Maintenue 21.6 kN.m (72% My)
20

15

10
P72-0 [114 kN]
5
P72-72 [108 kN]
O
0
0 10 20 30 40 50 60 70 80
Flèche à mi-portée (mm)

Figure IV-34 : Comportement global des poutres P72-0 & P72-72 (Pré-chargées à 72%).

IV.4.2.4. Moments de plastification, Moments ultimes et Modes de ruine

Le moment de plastification, ce qui correspond au changement de pente de la courbe,


augmente en présence du jonc de carbone. Après la phase de plastification des aciers

196
Chapitre IV

tendus, la poutre non-renforcée a une courbe de moment de flexion-flèche plate, tandis


que dans les poutres réparées, la plastification des aciers provoque une réduction de la
pente, mais le jonc de carbone a permis la poutre de continuer à reprendre la charge
supplémentaire.
Poutres témoins :
Le moment de plastification de la poutre témoin non-renforcée Pt se produit à 30 kN
et la flèche correspondante à mi-portée est de 19 mm. Le moment ultime de la poutre
témoin non-renforcée Pt intervient à 32.7 kN.m, après la plastification des aciers tendus,
et par écrasement du béton comprimé. La flèche ultime correspondante est de 86 mm.
Lorsqu’une poutre a été renforcée par un jonc de carbone de 6 mm de diamètre P0-
0, on note une augmentation de 13% dans le moment de plastification (soit un moment
de 33.9 kN.m). Le moment ultime de la poutre témoin renforcée P0-0 intervient à 49.3
kN.m pour une flèche correspondante de 67 mm, ce qui signifie qu’un seul jonc de
carbone augmente la capacité portante de la poutre témoin de 50.8% et réduit
l'allongement à rupture de 22.3%.
Poutres endommagées et réparées sans charge maintenue P50-0 et P72-0 :
Les moments de plastification des poutres endommagées et réparées sans charge
maintenue P50-0 et P72-0 se produisent à 30.2 et 31.2 kN.m. Les moments ultimes de
ces poutres P50-0 et P72-0 intervient à 46.3 et 45.5 kN.m, respectivement (Voir les
Figures IV-33 et IV-34), avec une augmentation du moment ultime de 41.6% et
39.1% par rapport à celui de la poutre témoin non-renforcée Pt respectivement (Figure
IV-35). Les moments ultimes des poutres P50-0 et P72-0 sont diminués de 6.1% et 7.7%
par rapport à la poutre témoin P0-0 en raison du pré-chargement de 50% et 72%
respectivement. La ruine des poutres P50-0 et P72-0 intervient par l’arrachement « Pull-
out » du jonc de carbone de la résine et suivi d’écrasement du béton comprimé ; nous
observons aussi l’éclatement simultané de quelques triangles en béton dans la zone de
béton d’enrobage (Figure IV-36). Alors, nous observons que le pré-chargement peut
diminuer le moment de plastification et la capacité portante des poutres pré-chargées et
réparées par rapport à la poutre témoin renforcée mais cet effet reste basse (Figures
IV-35 et IV-36).
Poutres endommagées et réparées sous charge maintenue P50-50 et P72-72 :
Les moments de plastification des poutres P50-50 et P72-72 (endommagées puis
réparées sous charges maintenues à 50% et 72% du moment de plastification
expérimental de Pt) étaient de 29.5 et 29.7 kN.m respectivement, avec une diminution
de 13% par rapport à la poutre témoin renforcée P0-0 (Figure IV-35). Les flèches à la
plastification à mi-portée étaient de 12.6 et 14.8 mm respectivement. Les moments
ultimes des poutres étaient de 43.3 et 43 kN.m respectivement. Les flèches
correspondantes à mi-portée ont été de 70 et 75 mm respectivement (Figures IV-33 et
IV-34). La ruine de la poutre P50-50 intervient par l’arrachement du jonc de carbone de
la résine, suivie de l’écrasement du béton comprimé. Par contre, la ruine de la poutre
P72-72 se produit par écrasement du béton comprimé. Cette différence des modes de
ruine entre les deux poutres P50-50 et P72-72 est liée au niveau d’endommagement appliqué
sur chaque poutre au moment de la réparation, même si les capacités ultimes assez proches.

197
Chapitre IV

Alors, la charge maintenue a pour effet de diminuer les moments de plastification et les
capacités portantes des poutres en comparaison avec le témoin renforcé (Figure IV-35). Ainsi,
la ruine des poutres réparées sous charge maintenue peut être affecté par le niveau de la
charge maintenue, c’est-à-dire, au moment de réparation, les déformations du béton comprimé
et des aciers tendus sont plus importantes dans la poutre réparée sous une charge maintenue
que celles de la poutre réparée sans charge maintenue.
Par contre, la déformation du jonc de carbone est inférieure « nulle » dans la poutre
réparée sous une charge maintenue que celles de la poutre réparée sans charge maintenue.
C’est pourquoi, la possibilité de se produire la ruine d’une poutre réparée sous charge
maintenue par écrasement du béton comprimé est plus élevée en augmentant le niveau de la
charge maintenue puisque les contraintes du béton comprimé sont plus élevées. De plus, la
possibilité de se produire la ruine d’une poutre réparée sous charge maintenue par la rupture
ou le pull-out du jonc de carbone est moins.
La Figure IV-37 montre que le niveau de pré-chargement augmente la flèche à la ruine par
rapport à celle de la poutre témoin renforcée. En effet, les poutres réparées sous charge
maintenue P50-50 et P72-72 présentent une flèche à la ruine légèrement supérieure à celle de
la poutre témoin renforcée P0-0 et à celle des poutres réparées sans charge maintenue P50-0 et
P72-0 de 12% et 5.5% respectivement.
60%
My
Taux d'augmentation de moment

50%
MR
40%

30%
% Pt

20%

10%

0%
P0-0 P50-0 P50-50 P72-0 P72-72
-10%
Figure IV-35 : Évolution des moments de plastification et des moments ultimes des poutres
par rapport à la poutre témoin non-renforcée Pt.
14%
My
Taux de diminution de moment

12%
MR
10%
% P0-0

8%

6%

4%

2%

0%
P0-0 P50-0 P50-50 P72-0 P72-72
Figure IV-36 : Évolution des moments de plastification et des moments ultimes des poutres
par rapport à la poutre témoin renforcée P0-0.

198
Chapitre IV

100
90 δy
δR
80
70
60
Flèche (mm)
50
40
30
20
10
0
Pt P0-0 P50-0 P50-50 P72-0 P72-72
Figure IV-37 : Flèches à la plastification des aciers et à la ruine des poutres testées.
Écrasement du béton comprimé

Éclatement localisé du béton d’enrobage

Pull-out de jonc de carbone par la perte de


l’adhérence à l’interface résine / jonc de
carbone

Figure IV-38 : Mode de ruine de la poutre témoin renforcée P0-0.


Écrasement du béton comprimé

Aucune fissure n'apparaît dans le béton Pull-out du jonc de carbone par la Fissuration de béton
d’enrobage autour de la résine à l’extrémité perte de l’adhérence à l’interface d’enrobage autour de la
du jonc de carbone (près de l’appui gauche) résine / jonc de carbone résine de l’engravure
Figure IV-39 : Mode de ruine des poutres réparées P50-0, P50-50 et P72-0.

199
Chapitre IV

Écrasement du béton comprimé

Aucune trace de glissement n'apparaît aux Fissuration de matériau de scellement et dans de


extrémités du jonc de carbone (près des appuis) béton d’enrobage autour de la résine de l’engravure

Figure IV-40 : Mode de ruine de la poutre réparée P72-72.

IV.4.2.5. Glissement de jonc de carbone pendant le chargement

Un capteur de déplacement LVDT a été fixé à l’une des extrémités du jonc de carbone
dans le cas des poutres P50-0, P50-50 et P72-0, afin de mesurer l’éventuel glissement du
jonc pendant l’application de la charge, le capteur n’a pas enregistré de glissement du
jonc par rapport au béton durant l’application de la charge. Par contre, une valeur de
glissement du jonc de carbone entre 2 et 3 mm a été enregistrée au moment de la ruine
des poutres. Dans le cas de la poutre P72-72, aucune valeur de glissement n’est
enregistré ni durant l’application de la charge ni au moment de la ruine de la poutre.
Dans le cas de la poutre P0-0, un capteur de déplacement plus précis a été fixé à l’une
des extrémités de jonc de carbone, le capteur a enregistré des valeurs de glissement du
jonc par rapport au béton durant l’application de la charge de 5 µm au niveau de
fissuration de béton et de 35 µm juste avant la ruine de la poutre par pull-out du jonc de
carbone (Figure IV-38). De plus, en appliquant des cycles de chargement/déchargement
avec un palier de 30 kN dans le domaine de pré-plastification des aciers, nous observons
que le glissement du jonc à l’extrémité est irréversible, car il y avait un glissement
résiduel pour chaque cycle appliqué (Figure IV-39). Cependant, ces glissements
résiduels sont très faibles et ne remettent pas en cause le fonctionnement des poutres
réparées en supposant une adhérence parfaite.

200
Chapitre IV

60

Moment à mi-portée [kN.m]


50

40

30

20

10

0
0,E+00 1,E-02 2,E-02 3,E-02 4,E-02
Glissement [mm]
Figure IV-41 : Glissement à l’extrémité de jonc de carbone en fonction de moment de flexion
de la poutre P0-0.
20
Chargement
18
y = 1.8556x + 0.9682
16 R² = 0.5993
Moment à mi-portée [kN.m]

14

12

10

6 Déchargement
y = 2.1732x - 3.0116
4 R² = 0.6422

2 2e cycle - Chargement
2e cycle - Déchargement
0
-2 -1 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13
P0-0 Glissement [µm]

Figure IV-42 : Glissement à l’extrémité de jonc de carbone en fonction de moment de flexion


au deuxième cycle charge/décharge.

IV.4.2.6. Comportement vis-à-vis de la ductilité

La ductilité est la capacité de l'élément à subir d’un comportement inélastique et


d’absorber l'énergie sans risque de ruine précoce. Dans ce programme expérimental, la
ductilité de déplacement est étudiée. La ductilité de déplacement est exprimée par le rapport
du déplacement ultime de la structure sur le déplacement à la fin de la phase élastique.
La Figure IV-40 montre la ductilité de déplacement des poutres testées P. Il a été observé
que la poutre témoin renforcée P0-0 ont montré moins de ductilité (30.7%) par rapport à
celle de la poutre témoin non-renforcée Pt. Il a également été observé que les poutres

201
Chapitre IV

endommagées puis réparées sous charges maintenues P50-50 et P72-72 ont montré plus
de ductilité de 10.9% par rapport à celle des poutres endommagées puis réparées sans
charges maintenue (P50-0 et P72-0). De plus, nous avons observé que les poutres qui ont
été soumises au pré-chargement le plus important (72%), montrent moins de ductilité de
déplacement que celle des poutres qui ont été soumises au pré-chargement inférieur (50%),
(Voir la Figure IV-40).
De cette étude, il a également été observé que toutes les poutres endommagées puis
réparées sous ou sans charge maintenue P50 et P72 présentent une ductilité plus importante
que celle de la poutre non-endommagée puis renforcée P0-0, soit des augmentations de 54%,
69%, 29%, et 41% respectivement pour P50-0, P50-50, P72-0, et P72-72.
7,00
6,1
6,00 5,5
5,2 5,1
Ductilité de déplacement

5,00 4,6

4,00 3,6

3,00

2,00

1,00

0,00
Pt P0-0 P50-0 P50-50 P72-0 P72-72

Figure IV-43 : Ductilité de déplacement des poutres testées P.

IV.4.2.7. Déformations des armatures tendues et du jonc de carbone

Les Figures de IV-44 à IV-53 représentent les relations entre le moment de flexion
appliqué et les déformations enregistrées par des jauges de déformation collées sur
l'acier tendu « Gam et Gac », la surface supérieure du béton « Gb » et le jonc de carbone
inséré « Gfm, Gfc1, et Gfc2 ». Les données des jauges qui sont enregistrées avant la
réparation au niveau de pré-chargement, sont identifiées par « 0 », et celles des jauges
qui sont enregistrées après la réparation pendant la phase de chargement jusqu’à la
ruine, sont identifiées par « r ». Les jauges de déformation qui sont collés sur la surface
supérieure du béton à mi-portée, les aciers tendus et le jonc de carbone, sont appliqués
sur toutes les poutres réparées P50 et P72 et la poutre témoin renforcée P0-0. Les
positions des jauges de déformation collées dans les poutres P50, P72, et P0-0 sont
représentées dans la Erreur ! Source du renvoi introuvable.. Il faut noter également
ue toutes les jauges de déformation collées sur béton, acier tendu, et jonc de carbone,
sont situées dans la zone constante de moment fléchissant. Alors, les jauges de
déformation sont soumises au même moment fléchissant « à mi-portée ».
Pour la poutre renforcée P0-0, les déformations de l'acier sont inférieures de
manière significative à celles du jonc de carbone pour charges inférieures de la
fissuration du béton (90%). Au-delà de la phase de fissuration du béton jusqu’à la phase
de plastification des aciers tendus, les déformations de l'acier augmentent plus
rapidement mais elles restent inférieures à celles du jonc de carbone (30%). Dans la
majorité des poutres réparées, la déformation à la ruine du jonc de carbone est très
proche de la valeur de déformation ultime à la traction du jonc de carbone (1.53%), ce

202
Chapitre IV

qui signifie que la réparation par du jonc de carbone est ici optimisée. Il est à noter que,
pour les poutres réparées et en raison de la pré-fissuration du béton avant de réparer, il
n’y a pas de changement dans la pente de la courbe des déformations des aciers dans la
phase pré-plastification de l’acier contrairement dans la poutre témoin renforcée. Les
déformations des aciers tendus restent inférieures de celles du jonc de carbone
d’environ 25%. Ceci est dû d’une part à la faiblesse du module d'élasticité du jonc de
carbone en comparant avec celui des aciers tendus et d’autre part à l’effort appliqué
dans le jonc de carbone qui est plus important que celui dans les aciers tendus (Figures
IV-44 et IV-45).
De plus, dans toutes les poutres réparées, les courbes des déformations du jonc de
carbone ne présentent pas de palier au niveau de fissuration du béton. Ce que signifie
que le jonc de carbone ne repris pas aucune charge supplémentaire au niveau de la
fissuration du béton cas dans cette phase, sous un accroissement de la charge, le lien
entre le jonc de carbone, le matériau de scellement, et le béton ancien est parfait.
Les Figures de IV-44 à IV-53 montrent que, pour toutes les poutres réparées, au seuil
de plastification des aciers tendus, la déformation du jonc de carbone a augmenté plus
rapidement se traduisant par la réduction de la pente de la courbe. Ceci est dû à la
charge supplémentaire appliquée après la plastification de l’acier tendu qui est repris
par le jonc de carbone.
Il est également noter que dans la plupart des poutres réparées, les déformations du jonc
de carbone au niveau des fissures sont supérieures à 55% que celles du jonc de carbone de la
section centrale. Au niveau de plastification des aciers tendus, ces déformations au centre
s’approchent de celles du jonc de carbone au niveau des fissures en raison de l’apparition de
fissures supplémentaires entre les fissures principales, mais les déformations au centre restent
en général inférieures de celles du jonc de carbone au niveau des fissures ceci jusqu’à la ruine.
Dans certaines poutres ces déformations sont quasiment identiques près du niveau de charge
de ruine (P50-0) (Voir la Figure IV-47).
50
45 P0-0
40
Plastification
35
de l'acier
Moment (kN.m)

30 tendu
25
20
15
Gam_r
10 Fissuration
Gac_r
5 Gb_r
0
-4000 -2000 0 2000 4000 6000 8000
Déformation (µm/m)
Figure IV-44 : Courbes moment - déformation dans l’acier tendu et le béton comprimé de la
poutre P0-0.

203
Chapitre IV

50
P0-0
45
40
35
Moment (kN.m)
30
25
20
Taux de réduction de
la déformation est de Gfm
15
55% à 25 kN.m Gfc2
10
Gfc1
5
εfu
0
0 5000 10000 15000 20000
Déformation (µm/m)
Figure IV-45 : Courbes moment - déformation dans le jonc de carbone de la poutre P0-0.
50
45 P50-0
40
35
30
Moment (kN.m)

25 Gam_0
20 Gam_r
15 Gac_0
10 Gac_r
Gb_0
5
Gb_r
0
-4000 -2000 0 2000 4000 6000 8000
Déformation (µm/m)
Figure IV-46: Courbes moment - déformation dans l’acier tendu et le béton comprimé de la
poutre P50-0.
50
45
P50-0
40
35
Moment k(N.m)

30
25
20
Taux de réduction de
la déformation est de
15 Gfm
25% à 25 kN.m
10 Gfc2
Gfc1
5
εfu
0
0 5000 10000 15000 20000
Déformation (µm/m)
Figure IV-47 : Courbes moment - déformation dans le jonc de carbone de la poutre P50-0.

204
Chapitre IV

45
P50-50
40
35
30
Moment (kN.m)
25
Gam_0
20
Gam_r
15 Gac_0
10 Gac_r
5 Gb_0
Gb_r
0
-4000 -2000 0 2000 4000 6000 8000
Déformation (µm/m)
Figure IV-48 : Courbes moment - déformation dans l’acier tendu et le béton comprimé de la
poutre P50-50.
50
45 P50-50
40
35
Moment (kN.m)

30
25
20 Taux de réduction de
la déformation est de
15 Gfm
61% à 25 kN.m
10 Gfc2
Gfc1
5
εfu
0
0 5000 10000 15000 20000
Déformation (µm/m)
Figure IV-49 : Courbes moment - déformation dans le jonc de carbone de la poutre P50-50.
45
P72-0
40
35
30
Moment (kN.m)

25
Gam_0
20 Gam_r
15 Gac_0
10 Gac_r
Gb_0
5
Gb_r
0
-4000 -2000 0 2000 4000 6000 8000
Déformation (µm/m)
Figure IV-50: Courbes moment - déformation dans l’acier tendu et le béton comprimé de la
poutre P72-0.

205
Chapitre IV

50
45 P72-0
40
35
Moment (kN.m)
30
25
20 Gfm
Taux de réduction de
15 Gfc2
la déformation est de
10 56% à 25 kN.m Gfc1
5 εfu
0
0 5000 10000 15000 20000
Déformation (µm/m)
Figure IV-51 : Courbes moment - déformation dans le jonc de carbone de la poutre P72-0.
50
45 P72-72
40
35
30
Moment (kN.m)

25
Gam_0
20 Gam_r
15 Gac_0
10 Gac_r
Gb_0
5
Gb_r
0
-4000 -2000 0 2000 4000 6000 8000
Déformation (µm/m)
Figure IV-52 : Courbes moment - déformation dans l’acier tendu et le béton comprimé de la
poutre P72-72.
50
P72-72
45
40
35
Moment (kN.m)

30
25
20
Taux de réduction de
15 Gfm
la déformation est de
Gfc1
10 53% à 25 kN.m
Gfc2
5
εfu
0
0 5000 10000 15000 20000
Déformation (µm/m)
Figure IV-53 : Courbes moment - déformation dans le jonc de carbone de la poutre P72-72.

206
Chapitre IV

IV.4.2.8. Calcul de moment ultime

Dans cette partie, nous allons calculer les moments ultimes des poutres testées selon
trois modes de ruine (rupture du jonc de carbone, par écrasement du béton comprimé,
et par le pull-out du jonc de carbone), et puis les valeurs théorique vont comparer avec
celles expérimentales. Il faut noter également que nous allons prendre en compte l’effet
de charge maintenue dans les calculs. De plus, nous allons calculer les déformations
dans l’acier tendu et le jonc de carbone à la plastification de l’acier, et dans le béton
comprimé, l’acier tendu et le jonc de carbone à la ruine de la poutre à partir des
moments expérimentaux.
L’hypothèse de compatibilité des déformations dans une section étant retenue pour ce
calcul, l’influence de la charge initiale sur la poutre non renforcée doit donc être prise en
compte. La position de l’axe neutre, les valeurs des déformations dans le béton comprimé et
en fibre tendue dans une poutre fissurées et non renforcée sont déterminées. La déformation
initiale ε0 du jonc de carbone s’écrit :
𝑑𝑓 − 𝑦0
𝜀0 = 𝜀𝑐0 (IV − 1)
𝑦0
Avec df la hauteur utile du jonc de carbone dans la poutre renforcée et y0 la hauteur
de la zone comprimée

εc = εcu=3.5‰ ηf’c
d’ ε's≤ εy
A’s F’s=A’s(ε’s Es)
yf λyf
Béton comprimé
Axe neutre

h df d
Acier tendu
εs ≤ εy Fs=As(εy Es)
As
A
Af ε ε ε
s A 0 f≤ fu Ff=Af (εf Ef)
b c

Distribution de Forces
Section Fissurée Déformations Internes

Figure IV-54 : Analyse de la section en flexion à l’ELU.


Afin de déterminer la position de l’axe neutre yf dans la section fissurée d’une poutre
renforcée par le jonc de carbone, nous allons utiliser la condition d’équilibre des forces
internes dans la section (Figure IV-54) :
0.8𝑏𝑓𝑐′ 𝑦𝑓 + 𝐴′𝑠 𝐸𝑠 𝜀′𝑠 = 𝐴𝑠 𝐸𝑠 𝜀𝑠 + 𝐴𝑓 𝐸𝑓 𝜀𝑓 (IV − 2)
La déformation des armatures comprimées est :
𝑦𝑓 − 𝑑′ 𝑓𝑦
𝜀′𝑠 = 𝜀𝑐𝑢 ≤ (IV − 3)
𝑦𝑓 𝐸𝑠
La déformation des armatures tendues est :

207
Chapitre IV

𝑑 − 𝑦𝑓 𝑓𝑦
𝜀𝑠 = 𝜀𝑐𝑢 ≥ (IV − 4)
𝑦𝑓 𝐸𝑠
La déformation du jonc de carbone est :
𝑑𝑓 − 𝑦𝑓
𝜀𝑓 = 𝜀𝑐𝑢 − 𝜀0 ≤ 𝜀𝑓𝑢 (IV − 5)
𝑦𝑓
Ef, Es et Ec sont respectivement les modules d’Young du jonc de carbone, de l’acier et
du béton,
fy est la limite d’élasticité des armatures.
La hauteur de l’axe neutre yf, dans le cas d’une section rectangulaire renforcée par
joncs composites, peut être calculée par la formule suivante :
𝑦𝑓2 𝜀0
𝑏 + (𝑛𝑠 𝐴𝑠 + (𝑛𝑠 −1)𝐴′𝑠 + 𝑛𝑓 𝐴𝑓 )𝑦𝑓 − 𝑛𝑠 𝐴𝑠 𝑑 − (𝑛𝑠 −1)𝐴′𝑠 𝑑 ′ − 𝑛𝑓 𝐴𝑓 (𝑑𝑓 − 𝑦𝑓 )
2 𝜀𝑐
=0 (IV − 6)
Où ε0 est la déformation initiale dans le jonc de carbone,
εc est la déformation actuelle de fibre le plus comprimé du béton,
nf est le coefficient d’équivalence entre joncs de carbone et béton (FIB bulletin 14,
2001), est donné par nf = Ef/Ec,
ns est le coefficient d’équivalence entre acier et béton, est donné par ns = Es/Ec.
Le moment de ruine est obtenu par :
𝑀𝑅 = 𝐴𝑠 𝑓𝑦 (𝑑 − 0.4𝑦𝑓 ) + 𝐴𝑓 𝐸𝑓 𝜀𝑓 (𝑑𝑓 − 0.4𝑦𝑓 ) + 𝐴′𝑠 𝐸𝑠 𝜀′𝑠 (0.4𝑦𝑓 − 𝑑′) (IV − 7)
Les contraintes dans une section droite d’une poutre renforcée sont calculées en
appliquant la théorie élastique linaire. Sous une sollicitation de flexion M, les calculs sont
réalisés en section fissurée comme suit :
La contrainte dans la fibre de béton le plus comprimé est :
𝑀𝑦𝑓
𝜎𝑐 = (IV − 8)
𝐼
La contrainte dans les armatures tendues est :
𝑀(𝑦𝑓 − 𝑑)
𝜎𝑠 = 𝑛𝑠 (IV − 9)
𝐼
La contrainte dans le jonc de carbone est :
𝑀(𝑦𝑓 − 𝑑𝑓 )
𝜎𝑓 = 𝑛𝑓 (IV − 10)
𝐼
et
𝑑𝑓 − 𝑦𝑓
𝜎𝑓 = 𝐸𝑓 (𝜀𝑐 − 𝜀0 ) (IV − 11)
𝑦𝑓
Le moment d’inertie de la section fissurée et renforcée se calcule par l’équation (IV-
12) :

208
Chapitre IV

𝑏𝑦𝑓3
𝐼= + 𝑛𝑠 𝐴𝑠 (𝑑 − 𝑦𝑓 )2 + 𝑛𝑠 𝐴′𝑠 (𝑑′ − 𝑦𝑓 )2 + 𝑛𝑓 𝐴𝑓 (𝑑𝑓 − 𝑦𝑓 )2 (IV − 12)
3
En utilisant le modèle de calcul à l’ELU de la FIB bulletin 14, (2001), nous allons
estimer la résistance maximale au moment fléchissant d’une poutre renforcée par
matériau composite sans tenir compte des coefficients de sécurité. Les hypothèses
conventionnelles du béton armé dans le BAEL sont également appliquées, avec, par
exemple, le raccourcissement unitaire du béton comprimé limité à 3.5‰. L’allongement
unitaire du jonc de carbone est limité à 1.53%. Pour calculer les moments de ruine des
poutres réparées sous charge maintenue P50-50 et P72-72 par écrasement du béton
comprimé, nous avons besoin des valeurs des déformations dans le jonc de carbone au
niveau des moments d'endommagement (Charges maintenues) afin de prendre en
compte l'effet de la charge maintenue (Tableau IV-11). La hauteur de l’axe neutre sous la
charge maintenue y0 est calculée par la formule de la méthode FIB (6) dans une section
fissurée (Figure IV-54).
Les déformations initiales du béton comprimé, des aciers tendus et du jonc de
carbone ε0 sont ensuite calculées. Les armatures comprimées dans tous les cas ne sont
pas prises en compte. Les paramètres géométriques de la section étudiée sont les
suivants : h = 280 mm et b = 150 mm. La section des armatures tendues est As = 226 mm²
(2 HA12), la section du jonc de carbone en surface tendue est Af = 28.3 mm². Les valeurs
utilisées pour le calcul sont : ds = 2 500 mm, Es = 210 000 MPa, df = 275 mm, Ef = 150 000
MPa, σfu = 2 300 MPa.

Déformation Initiale
Moment de Position Inertie
Charge Béton Aciers Jonc de
plastification d’axe fissurée
Poutre maintenue comprimé tendus carbone
My neutre If
(kN.m) ε0c εs εf
(kN.m) (cm) (cm4)
(‰) (%) (%)
P50-50 30 5.9 6108 15 0.38 0.123 0.143
P72-72 30 5.9 6108 21.6 0.55 0.178 0.206
Tableau IV-11 : Déformations aux niveaux d'endommagement des poutres avant
réparation.
Le Tableau IV-12 récapitule les résultats du calcul théorique du moment de flexion
ultime supposant que le mode de ruine des poutres réparées intervient par
l’arrachement direct « Pull-out » du jonc de carbone (Voir § II.13.5), comparés aux
résultats expérimentaux des poutres dont la ruine est due au pull-out de jonc de
carbone. Le calcul lu moment de ruine par le pull-out du jonc de carbone de la résine a
été effectué en appliquant le modèle proposé par Al-Mahmoud et al. (2012), les valeurs
de τu, sm et α sont 14.3 MPa, 0.14 mm et 0.74 respectivement.
Le Tableau IV-13 récapitule les résultats du calcul théorique du moment de
plastification des aciers tendus et du moment de flexion ultime en supposant que la
ruine des poutres réparées intervient par écrasement de béton comprimé, par la rupture
à la traction du jonc de carbone et par pull-out du jonc de carbone, comparés aux
résultats expérimentaux des poutres réparées.
Le Tableau IV-13 montre que les valeurs théoriques et expérimentales du moment de
plastification de l’acier sont bien corrélées pour les poutres témoins Pt et P0-0. Par
contre, pour les poutres pré-chargées et réparées sans/sous charge maintenue (P50-0,

209
Chapitre IV

P50-50, P72-0 et P72-72), les moments plastiques calculés sont supérieurs de ceux
expérimentaux de 15%, 17.5%, 11%, 17% respectivement. Ce qui signifie que le pré-
chargement des poutres et la charge maintenue peuvent réduire légèrement le moment
de plastification des aciers tendus. A. Zhang et al. (2006) ont trouvé que l’effet de pré-
chargement et de la charge maintenue peut être négligeable sur le moment de
plastification.
En outre, le Tableau IV-13 montre aussi que les moments ultimes calculés par le
modèle analytique de pull-out du jonc de carbone sont corrélés avec ceux
expérimentaux pour les poutres testées P0-0, P50-0, P50-50 et P72-0. Ce qui explique la
ruine expérimentale de ces poutres est intervenue par le pull-out du jonc de carbone.
Par contre, le niveau élevé de charge maintenue (72%) peut changer le mode de ruine de
la poutre réparée puisque les contraintes du béton comprimé au moment de la
réparation sont plus élevées ce qui a tendance à écrasement du béton comprimé dans la
poutre. Nous observons que les valeurs théoriques des moments ultimes en supposant
la ruine à la traction du jonc de carbone sont légèrement supérieures de celles
expérimentales d’environ 4%. Ceci est corrélé avec les valeurs expérimentales des
déformations du jonc de carbone qui proches de la déformation ultime du jonc de
carbone (Figures IV-45, IV-47, IV-49 et IV-51).
Lanc Leffect Cas État d'acier σmax σf cal M(DF)Cal MR Cal MR Exp
Poutre
(mm) (mm) A/B à la DF (MPa) (MPa) (kN.m) (kN.m) (kN.m)
P0-0 650 337 A Non-Plastifié 480 926 34.4 49.1 49.3

P50-0 690 337 A Non-Plastifié 480 983 34.4 46.5 46.3

P50-50 740 337 A Non-Plastifié 480 1054 34.4 43.5 43.3

P72-0 700 337 A Non-Plastifié 480 997 34.4 45.8 45.3


Tableau IV-12 : Moments de flexion ultimes calculés et expérimentaux des poutres dont la
ruine est due au pull-out de jonc de carbone.
Moment de
Moment de Ruine
plastification
(kN.m)
(kN.m) Mode de ruine
Poutre Cal Cal expérimental
Exp Écrasement Cal Rupture
Exp Cal de béton Pull-out du jonc de
comprimé carbone
Écrasement du béton
Pt 30 31.3 32.7 32.6 - -
comprimé
P0-0 33.9 34.7 49.3 54.8 49.1 51.5

P50-0 30.2 34.7 46.3 54.8 46.5 51.5


Pull-out du jonc de
carbone
P50-50 29.5 34.7 43.3 53.8(1) 43.5 49

P72-0 31.2 34.7 45.5 54.8 45.8 51.5


Écrasement du béton
P72-72 29.7 34.7 43.0 53.4(1) - 49
comprimé
(1) En prenant en compte l’effet de charge maintenue

Tableau IV-13 : Comparaison des résultats expérimentaux et théoriques des moments de


plastification des aciers tendus et des moments ultimes.

210
Chapitre IV

Le Tableau IV-14 présente les valeurs théoriques et expérimentales des


déformations du jonc de carbone au moment de plastification et à la ruine. Nous
observons que ces valeurs sont proches au niveau de la ruine, par contre, les valeurs
expérimentales sont supérieures d’environ 25% de celles calculées. D’ailleurs, les
valeurs expérimentales des déformations des aciers tendus au moment de plastification
sont légèrement supérieures de 7% à celles calculées. Il faut noter que les valeurs
expérimentales des déformations des aciers tendus à la ruine des poutres ne sont pas
enregistrées car les jauges de déformation collées sur l’acier tendu ont été abimées à la
ruine.

Seuil de Plastification À la Ruine


My MR Mode de ruine
Poutre εsy (0.29) εfy εs(1) εf
Exp Exp expérimental
(%) (%) (%) (%)
(kN.m) (kN.m)
0.31(1) 0.32 1.4
P0-0 33.9 49.3 3.2
0.35(2) 0.43 1.5
0.25 0.29 1.5
P50-0 30.2 46.3 3.1
0.27 0.38 1.5 Pull-out du jonc
0.24 0.28 1.4 de carbone
P50-50 29.5 43.3 3.0
0.26 0.36 1.4
0.26 0.30 1.4
P72-0 31.2 45.5 3.1
0.28 0.42 1.5
0.24 0.28 1.4 Écrasement du
P72-72 29.7 43.0 3.0
0.22 0.35 1.5 béton comprimé
(1) Théorique (2) Expérimental
Tableau IV-14 : Comparaison des résultats expérimentaux et théoriques des déformations
au niveau de plastification de l’acier et à la ruine de la poutre.

IV.5. CONCLUSION

Dans ce chapitre, nous avons réalisé des essais expérimentaux sur des poutres en béton
armé endommagées à différents niveaux de pré-chargement puis réparées sans ou sous charge
maintenue afin d’étudier les effets de l’endommagement et de la charge maintenue sur le
comportement globale des poutres testées. L’analyse et l’interprétation des résultats
expérimentaux dans ce paragraphe ont abouti aux conclusions suivantes :
 Le niveau de l’endommagement peut réduire la capacité portante des poutres réparées (de
6% et 8% pour des niveaux de l’endommagement de 50% et 72% respectivement) par
rapport à la poutre témoin renforcée, et pour un niveau d’endommagement élevé de 120%
la réparation par un jonc de carbone augmente le moment ultime de 27% au lieu de 60%
par rapport à la poutre endommagée non-renforcée, c'est-à-dire, une réduction de 20% de
la capacité portante due au niveau d’endommagement de 120%. Par contre, le niveau
d’endommagement de 105% a été capable d’éviter la ruine précoce par pull-out du jonc de
carbone. La réparation des poutres sous charge maintenue a une influence non-
significative en diminuant la capacité portante entre 5% et 6% par rapport aux poutres
endommagées réparées sans charge maintenue, ce qui correspond aux résultats
expérimentaux de Wang et al. (2006) et Yeong-soo et al. (2003) pour les poutres
réparées par collages de tissus composites sur la surface extérieure. Wang et al. (2006)
ont trouvé que les poutres réparées aux niveaux supérieurs de charge maintenue ont

211
Chapitre IV

une capacité portante plus faible que celle des poutres réparées aux niveaux
inférieurs de charge maintenue.
 La réparation des poutres endommagée peut contribution à diminuer l’ouverture des
fissures d'un pourcentage entre 10% et 11% pour les fissures où les aciers tendus ne
sont pas encore plastifiés.
 Le mode de ruine des poutres endommagées (par pré-chargements de 50% et 72% de
moment de plastification expérimental des aciers) puis réparées par l’insertion du jonc de
carbone avec la technique NSM a été par l’arrachement « Pull-out » du jonc de carbone
de la résine à cause des fissures longitudinales développées dans la résine qui conduit à
la perte d'adhérence entre le jonc de carbone et le matériau de scellement. Par contre,
le mode de ruine des poutres endommagées au-delà du seuil de plastification de
l’acier (105% et 120% de moment de plastification de l’acier) puis réparées a été par
écrasement du béton comprimé. D’ailleurs, la poutre réparée sous un niveau élevé de
charge maintenue de 72% a été ruiné par écrasement du béton comprimé.

212
Conclusion générale
Conclusion Générale

CONCLUSION GENERALE
Cette thèse a tenté d’apporter des réponses sur les points sombres concernant
l’insertion du jonc de carbone avec la technique NSM pour réparer les structures en
béton armé pré-fissurées et endommagées mécaniquement ou par corrosion des aciers.
Cette technique consiste à insérer des joncs composites par engravure dans la zone
d’enrobage de l’élément à réparer. Cette technique est connue sous le nom NSM pour
Near Surface Mounted reinforcement.
L'efficacité de la technique NSM dans la réhabilitation des structures est fortement
dépendante de la performance d’adhérence entre les joncs de carbone et le béton. De
nombreuses études récentes ont été réalisées pour quantifier d’adhérence sur des
éprouvettes saines en raison de la complexité de ce problème. Par contre, le
comportement des éléments réparés peut être affecté, d’une part, selon les conditions de
pré-chargement, et d’autre part, selon l’endommagement spécifique, qui pourraient être
rencontrés dans les structures existantes. En effet, un endommagement dans le béton ou
dans les armatures peut modifier le comportement global des éléments réparés en
réduisant la capacité portante.
Des essais à grande échelle en flexion ont été réalisés pour étudier le comportement
des poutres en béton armé. D’une part, différents types d’endommagements ont été
considérés tels que la corrosion des aciers et les charges excessives. D’autre part,
différentes conditions de pré-chargement incluant les maintiens du chargement à
l’heure de la mise en œuvre de la réparation ont été étudiées. Pour éclairer les points
évoqués ci-dessus, nous avons effectué un programme expérimental composé de trois
parties :
Dans une première étape, nous avons mené une étude expérimentale sur la possibilité
d'utiliser du jonc de carbone pour réparer une poutre fortement dégradée par corrosion
des armatures due à un vieillissement « naturel » sous charge de service en ambiance saline
pendant 23 ans. La corrosion des aciers s’est traduite par un endommagement important du
béton d’enrobage avec des fissures longitudinales de largeur supérieure à 3 mm et des zones
de délaminage du béton d’enrobage. Cet endommagement est aussi accompagné d’une
diminution de la section des armatures tendues de 36% à mi-portée et donc de la capacité
portante. Un jonc de 6 mm en fibre de carbone a été mis en œuvre dans les zones intactes
du béton d’enrobage avec la technique NSM. Pour étudier l’efficacité de la réparation d’une
poutre corrodée, nous avons renforcé aussi une poutre témoin (B2T) de la même manière
que celle de la poutre corrodée (B2CL1). Les poutres sont soumises à une flexion 3-points.
Nous avons comparé le comportement des poutres [corrodée et réparée (B2CL1) « 23 ans »,
non-corrodée et renforcée (B2T) « 23 ans », non-corrodée et non-renforcée (B1T) « 17 ans »
et corrodée et non-renforcée (B1CL1) « 14 ans »], d’un point de vue global, le mode de ruine,
la rigidité et leur capacité portante.
Nous avons relevé, tout d’abord, un accroissement important de la capacité portante
de la poutre réparée, malgré la corrosion importante, la capacité portante mesurée de la
poutre réparée est légèrement supérieure à celle de la poutre témoin (non-corrodée)
non-renforcée (5%). La technique NSM est donc applicable et efficace pour la réparation
de poutres corrodées. En effet, la possibilité d’insérer des joncs de carbone avec la
technique NSM dépend de la qualité du béton d’enrobage non-endommagé par
la corrosion de l'acier. Ensuite, la poutre corrodée et réparée (B2CL1) montre une
réduction de la ductilité par rapport aux deux poutres témoins [renforcée (B2T) et non-

214
Conclusion Générale

renforcée (B1T)]. La réduction de ductilité de la poutre corrodée réparée en


comparaison avec la poutre non-corrodée et renforcée est due uniquement à la
corrosion de l'acier. Par rapport à la poutre témoin non-renforcée en béton armé, la
réduction de ductilité de la poutre corrodée réparée est due à deux raisons, la première
est l'effet de la corrosion de l'acier, la deuxième est la présence des joncs de carbone.
Le comportement de la poutre témoin renforcée se distingue par son côté fragile qui
s’accompagne d’une ruine soudaine par pull-out du jonc de carbone de la résine suivie
d’éclatement de morceaux de béton dans la zone de béton d’enrobage et d’un écrasement
du béton comprimé. Par contre, la ruine de la poutre corrodée et réparée intervient par
séparation (délamination) du béton d’enrobage dans la zone tendue au niveau à
l’insertion du jonc de carbone, qui a commencé entre deux fissures de flexion dans la
zone centrale et s’est propagé vers l’appui. Dans la dernière étape, nous avons réalisé les
calculs standards (Eurocode 2) des moments de plastification des aciers et de ruine des
poutres réparées par écrasement du béton comprimé. Nous avons calculé aussi les
contraintes dans les aciers et dans le jonc de carbone à la plastification et à la ruine des
poutres réparées à partir des moments expérimentaux. Les différents modes de ruine
observés lors d’essais sur les deux poutres réparées ont été étudiés. Les résultats des
calculs analytiques sont en bonne corrélation avec les résultats expérimentaux du point
de vue du calcul du moment de plastification de l’acier et du moment ultime dont la
ruine est due au pull-out du jonc de carbone pour la poutre témoin renforcée et dont la
ruine est due à la séparation du béton d’enrobage pour la poutre corrodée réparée. Les
modèles classique considérant une rupture par écrasement du béton comprimé ne sont
pas adaptés et surestiment la capacité portante.
Dans une deuxième étape, nous avons réalisé des essais expérimentaux en faisant
varier les paramètres relatifs aux conséquences de la corrosion :
- perte généralisée de la section d’acier tendu,
- éclatement du béton d’enrobage
- détérioration de l’adhérence acier-béton,
D’une part, pour essayer de comprendre l’origine du mode de ruine de la poutre
corrodée et réparée, et d’autre part, afin d'étudier le comportement global, le
comportement à la fissuration, la rigidité, la ductilité, le mode de ruine, et la capacité
portante des poutres testées. Les poutres sont soumises à une flexion 3-points.
Cependant, la ruine par la séparation du béton d’enrobage entre deux fissures
adjacentes observé sur la poutre corrodée et réparée n’a jamais été obtenue. Pour nos
simulations : La ruine a eu lieu par Pull-out du jonc de carbone.
Toutefois, nous avons relevé, tout d’abord, un accroissement important de la capacité
portante des poutres endommagées et réparées dans tous les cas, la capacité portante
mesurée des poutres réparées était supérieure à celle de la poutre témoin (non-
renforcée) :
- La réparation par un jonc de carbone avec la technique NSM de la poutre avec une
perte de section de 30% a augmenté la capacité portante de 27% au-delà de celle
de la poutre témoin (non-renforcée).
- L’éclatement du béton d’enrobage a réalisé en réduisant la section transversale du
béton de 4.5% n'a pas d'effet significatif sur la performance structurelle.

215
Conclusion Générale

- La réparation par un jonc de carbone avec la technique NSM de la poutre avec une
perte de section de 30% et une perte d’adhérence acier-béton de 45% dans la
zone centrale a également augmenté la capacité portante de 22% par rapport à
celle de la poutre témoin (non-renforcée).
Les essais ont permis de mettre en évidence qu’une réparation avec un jonc inséré
avec la technique NSM autorise également une réduction de l’ouverture des fissures qui
est cependant faible (de l’ordre de 10%).
Nous avons trouvé que la présence du jonc de carbone sur la surface tendue
augmente la raideur structurelle de la poutre réparée, limite l’ouverture et la
propagation des fissures de flexion, et diminue notablement les contraintes normales et
l’amplitude des contraintes normales dans les armatures tendues, du fait de la
redistribution d’effort entre jonc de carbone et armatures en acier.
Dans la dernière étape, nous avons réalisé les calculs standards (Eurocode 2) des
moments de plastification des aciers et de ruine par écrasement du béton comprimé des
poutres réparées. En outre, nous avons calculé le moment ultime des poutres à l’aide de
modèles analytiques où les modes de ruine sont considérés, et l’ouverture des fissures
selon l’EC2-2004 pour deux fissures dans chaque poutre réparée. Les résultats
analytiques sont en bonne corrélation avec les résultats expérimentaux du point de vue
du calcul du moment de plastification de l’acier et du moment ultime dont la ruine est
due au pull-out du jonc de carbone pour les poutres réparées. Les résultats d’ouverture
des fissures sont inférieurs à ceux expérimentaux d’environ 10% et 40% selon la
position de la fissure pour les poutres non-endommagées et renforcées.
La troisième partie expérimentale s’est intéressée à l'utilisation des joncs de carbone
pour la réparation des éléments endommagés par une charge excessive, puis réparés
sous ou sans charge maintenue. Cas les structures nécessitant de la réparation par
application de matériaux composites ne sont pas de récentes, et par conséquent, qui ont
déjà subi un certain nombre d’endommagements dus aux contraintes mécaniques
(surcharge maintenue à long-terme, charge accidentelle à court-terme).
Dans cette partie, nous avons réalisé des essais expérimentaux sur huit poutres en
béton armé, deux groupes Y (2 poutres) et P (6 poutres), en faisant varier les
paramètres suivantes :
- Le niveau de pré-chargement : nous avons choisi plusieurs niveaux avant et après
la plastification des aciers
- La mise en œuvre de la réparation sous/sans charge maintenue.
Un niveau d’endommagement est capable de réduire légèrement la capacité portante des
poutres réparées (moins de 8% par rapport à la poutre témoin renforcée). La réparation des
poutres sous charge maintenue a une influence non-significative en diminuant la capacité
portante entre 5% et 6% par rapport aux poutres endommagées réparées sans charge
maintenue, ce qui correspond aux résultats expérimentaux de Wang et al. (2006) et Yeong-
soo et al. (2003) pour les poutres réparées par collages de tissus composites sur la surface
extérieure.
La réparation des poutres endommagée peut contribuer à diminuer l’ouverture des fissures
d’envions 10% pour les fissures dans la zone où les aciers tendus ne sont pas encore
plastifié.

216
Conclusion Générale

La ductilité de déplacement d’une poutre non-endommagée et renforcée est inférieure de


31% à celle de la poutre non-endommagée et non-renforcée. Par contre, les poutres
endommagées puis réparées sous charges maintenues ont montré une ductilité supérieure
(plus de 11% par rapport à celle des poutres endommagées puis réparées sans charges
maintenue). De plus, les poutres qui ont été soumises à un pré-chargement plus élevé,
montrent moins de ductilité de déplacement par rapport à celle des poutres soumises à un
chargement inférieur. La différence majeure entre une poutre pré-chargée et celle non, c'est
que la poutre pré-chargée ont montré une ductilité plus élevée que celle de la poutre saine due
à la fissuration de pré-chargement.
La ruine des poutres pré-chargées puis réparées par l’insertion du jonc de carbone avec la
technique NSM a été par l’arrachement « Pull-out » du jonc de carbone de la résine à
cause des fissures longitudinales développées dans la résine qui conduit à la perte
d'adhérence entre le jonc de carbone et le matériau de scellement en réduisant
légèrement leur capacité portante. Par contre, les poutres endommagées par chargement
excessif puis réparées ont montré un mode de ruine différent (par écrasement du béton
comprimé) mais avec une réduction significative leur capacité portante.

217
Perspectives

PERSPECTIVES
A l'issue de notre travail de recherche et afin de permettre une compréhension plus
approfondie du comportement des poutres endommagées puis réparées, on envisage les
perspectives suivantes :
 Déterminer expérimentalement l’efficacité de la réparation des poutres
endommagées sous charge de fatigue, et le leur comportement sous charge de
fatigue.
 Étudier le comportement sous l'effet d'un effort tranchant cyclique alterné,
dans le but de simuler expérimentalement l'effet d'une action sismique.
 Réaliser une modélisation numérique de type éléments finis.
 Étudier les phénomènes d’adhérence entre barres corrodées et béton, entre
joncs de carbone, scellement et béton dégradé.
 Modéliser le comportement de la liaison acier-béton en fonction du
développement de la corrosion du béton armé dans les éléments endommagés
afin de déterminer leur capacité à être encore en service en toute sécurité. De
plus, cette modélisation fine de leur comportement permettra également de
modéliser le comportement après la réparation.

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Zhang, R., Castel, A., & François, R. 2009. The corrosion pattern of reinforcement and its
influence on serviceability of reinforced concrete members in chloride
environment. Cement and Concrete Research 39(11): p.1077-1086.

229
Annexes
Annexes

ANNEXE 1 - PROFILES PULTRUDES FIBRE DE CARBONE

Description :
Les profilés fibre de carbone Soficar sont obtenus par pultrusion. La pultrusion est un
procédé de fabrication qui permet de produire des quantités importantes à un coût modéré.
Les profilés Soficar sont disponibles sous formes de joncs et plaques fabriqués à partir des
fibres de carbone Torayca®.
Caractéristiques et avantages produit :
• Excellents rapports ténacité et rigidité/poids.
• Excellente résistance en fatigue.
• Stabilité dimensionnelle.
• Disponible en grandes longueurs (bobines ou rouleaux).
• Différentes résistances thermiques disponibles.
• Performances long terme.
Présentation :
 Joncs :
Diamètre de 0.50 mm à 20 mm
 Plaques :
Épaisseur de 1 mm à 20 mm
Largeur de 10 mm à 150 mm
 Fibres :
Torayca® Haute Résistance T700
Torayca® Module Intermédiaire T800
Conditionnement :
Les profilés carbone Soficar sont expédiés sous forme de rouleaux, couronnes, bobines :
 Joncs :
Diamètres jusqu’à 3.75 mm :
• diamètre extérieur : 800 mm
• diamètre intérieur : 400 mm
• largeur : 510 mm
De 3.75 à 10 mm de diamètre :
• diamètre extérieur : 1600 mm
• diamètre intérieur : 1100 mm
• largeur : 1300 mm
 Plaques :
Épaisseurs jusqu’à 2 mm : couronnes (diamètre intérieur 900 mm)
Autres épaisseurs : barres de 12 mètres.
Performances mécaniques :
Toutes les valeurs indiquées ci-dessous s’appuient sur des résultats expérimentaux obtenus
lors de tests réalisés en laboratoire. Ces valeurs représentent des valeurs standards ; ce ne sont
en aucun cas des spécifications minimums. Pour un test ou une information particulière, merci
de contacter notre service technique.

231
Annexes

Bobinage et torsion :
Les profilés carbone Soficar peuvent être enroulés sans tension sans aucun dommage dans
les limites suivantes : Diamètre d’enroulement minimum = 110 fois le diamètre du jonc et 110
fois l’épaisseur de la plaque. Si lors de l’enroulement une tension/charge est appliquée sur le
profilé, un diamètre d’enroulement plus important devra être considéré.
Les profilés carbone Soficar peuvent être torsadés sans tension sans aucun dommage dans
les limites suivantes : Pas de torsion minimum = 200 fois le diamètre du jonc. Si lors de la
torsion une tension/charge est appliquée sur le profilé, un pas de torsion plus important devra
être considéré.
Profilé fibre de carbone UD SOFICAR
Propriétés mécaniques normalisées pour un Tvf à 70% pour l’unidirectionnel

Module à la traction (longitudinal) 160 GPa


Résistance à la traction (longitudinal) (Seulement pour résine Epoxy standard) 3000 MPa
Allongement à rupture (longitudinal) 2.0%
Module de compression 120 Gpa
Résistance en compression 1800 Mpa
Module de cisaillement 3.2 Gpa
Résistance en cisaillement 88 Mpa
Coefficient de dilatation thermique à 0° (longitudinal) 1.26 µm/m
Coefficient de dilatation thermique à 90° (Transverse) 52.3 µm/m
Conductivité thermique à 0° (longitudinal) 4.8 W/m°K
Conductivité thermique à 90° (Transverse) 1.43 W/m°K
Propriétés Physico-chimiques
Tg°C onset (DMA, 1Hz) Epoxy 100°C
Tg°C onset (DMA, 1Hz) Epoxy Haute Résistance Thermique 210°C
Densité 1.59

232
Annexes

ANNEXE 2 - RESINE EPONAL 380 (FICHE TECHNIQUE)

Résine époxy bicomposant sans solvant


Avantage :
• Sans solvant.
• Excellente adhésion sur béton, bande Hypalon et PVC souple (avec primaire
spécifique).
• Résistances mécaniques élevées.
• Mise en œuvre aisée.
• Application possible sur supports humides non ruisselants.
Mise en œuvre
Conditions d'application
Température : + 10°C à + 30°C, Hygrométrie maximale : 80%. La température des
supports doit toujours être supérieure de 3°C à celle du point de rosée.
Préparation des supports
Les bétons neufs et anciens doivent être propres, secs, sains, poreux et suffisamment
résistants (résistances minimales en compression de 25 MPa et à la traction de 1.5 MPa après
28 jours) et sans contrepression hydrostatique. Ils seront débarrassés des parties mal
adhérentes et exempts notamment de laitance, de produits de cure, de salissures et de tous
produits pouvant nuire à l'adhérence (huiles, graisses...). Selon la nature et l'état des supports
leur préparation se fera par grenaillage, rabotage, bouchardage, ponçage, sablage, décapage
hydraulique à haute pression ou décapage chimique, suivi d'un dépoussiérage minutieux. Les
bandes hypalon seront dégraissées à la MEC et le PVC souple sera primarisé avant collage.
Préparation et application des mélanges
Ajouter la totalité du durcisseur à la résine et mélanger environ 2 à 3 min avec un agitateur
électrique ou pneumatique à hélice à faible vitesse de rotation (200 à 300 t/min maximum)
jusqu'à homogénéité de la teinte du mélange. Appliquer à la spatule l'EPONAL 380 sur le
béton puis afficher la bande Hypalon préalablement dégraissé à la MEC ou le PVC souple
primarisé avec le système XPU 18144 R/ 460 B.
Conservation
Conservés dans leurs emballages d'origine, fermés, à l'abri de l'humidité et à une
température comprise entre +5°C et +25°C, la résine et le durcisseur EPONAL 380 peuvent
être stockés pendant 2 an.

ANNEXE 3 - RESINE EPONAL 336 (FICHE TECHNIQUE)

Résine époxy à deux composants sans solvant.


Couleur du mélange
Ambre clair.
Constitution
• partie A : résine époxy
• partie B : durcisseur

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Annexes

Caractéristiques
• viscosité du mélange : 3000 ± 1000 MPa.s.
• densité du mélange : 1.13 ± 0.02.
• durée de vie en pot à 20°C : 45 à 60 minutes.
Mise en œuvre
Préparation du mélange
Pour faciliter le mélange, il est conseillé de stocker les produits dans un local entre
15 et 25°C.
Verser la quantité du durcisseur dans la résine et mélanger soigneusement les deux
produits à l’aide d’un fouet monté sur un malaxeur électrique (vitesse de rotation 150 à
200 trs/mn), jusqu’à obtention d’un mélange homogène et sans marbrure.
Durée du malaxage : 2 à 5 minutes environ. Durée pratique du mélange :
• à 10°C : 2 heures,
• à 20°C : 30 à 40 minutes,
• à 30°C : 15 à 20 minutes.
Application
Sur support béton
La résine EPONAL 336 (résine + durcisseur) s’applique :
• à la spatule crantée n° 3-B2 sur support lisse, consommation environ 400 à
500 g/m²,
• à la spatule crantée n° C1 sur support non lisse, consommation environ 800
g/m²,
Nota : sur support soumis à des remontées d’humidité fréquentes voire continues, le
procédé doit être appliqué en 2 couches de 400 g/m² chacune à l’aide de la spatule
crantée n° 3-B2. La seconde couche est réalisée après polymérisation complète de la
précédente (le lendemain).
Dans ce cas, seule la deuxième couche est sablée.
Sur support carrelage
La résine EPONAL 336 (résine + durcisseur) s’applique au rouleau à raison de 400
g/m²/couche en 2 couches.
Sablage (ou cloutage)
Sur la résine fraîche, répartir uniformément à refus le sable S 409, à raison de 3 à 3.5
kg/m². La surface du sable doit conserver sa couleur d’origine. Ce repère permet
d’ajuster la consommation nécessaire.
Nota : Sur support imperméable, un délai d’attente de 30 à 45 minutes (à 20°C) doit
être respecté avant d’appliquer le sable. Ce délai permet à la résine de prendre de la
viscosité.

234
Annexes

ANNEXE 4 - RAINUREUSE HILTI DC-SE 20

Avec Aspirateur Hilti VC 20-U


Rainurage du béton, de la pierre et d'autres matériaux de construction spécialement
étudiée pour les électriciens.

Caractéristiques de la Rainureuse
Applications
• Rénovation et neuf : passage de gaines électriques et tuyaux d’eau ou de
chauffage
• Insertion de fils de détection au vol ou de guidage en industrie
Performances
• Confort de travail : rainurage sans poussière
• Double interrupteur de sécurité
• Réglages de coupe simples et précis
• Disques à segments dévoyés (segments alternés)
pour plus de rapidité de coupe et plus de durée de
vie
Données techniques
• Puissance absorbée 1950 W
• Vitesse à vide 7500 tours / min
• Diamètre maximum de disque 125 mm
• Profondeur / largeur de coupe maximale 40 / 46 mm
• Câble d’alimentation 5m
• Régulateur de courant de démarrage intégré Oui
• Poids 5.6 kg

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