CHP 3 Complexes
CHP 3 Complexes
CHP 3 Complexes
Cornou Jean-Louis
9 août 2023
L’idée de nombres « imaginaires » est né comme outil de résolution d’équations algébriques du troi-
sième degré. Ils n’apparaissaient alors que comme intermédiaires de calculs afin de rechercher des
solutions réelles de telles équations. Leur utilisation géométrique arrive bien plus tardivement et leur
utilisation en analyse s’illustrera plus tard dans les séries de Fourier grâce à l’exponentielle complexe.
R
Démonstration. Il existe une construction possible de C avec les outils de première année, bien que peu « natu-
relle ». Nous le détaillerons dans le chapitre sur les corps.
Remarque
Les « règles algébriques usuelles » s’appliquent.
— (−i)2 = (−1)2 i2 = 1 × (−1) = −1.
— ∀z ∈ C, 0 × z = 0, 1 × z = z
— La multiplication est distributive par rapport à l’addition. (2 + 3i)(−1 − i) = −2 − 3i − 2i − 3i2 = 1 − 5i.
— L’addition et la multiplication sont associatives et commutatives.
Définition 1 Pour tout complexe z, il existe un unique couple (a, b) de réels tel que z = a + i b.
∀z ∈ C, ∃!(a, b) ∈ R2 , z = a + ib
Le réel a est appelé partie réelle de z, noté ℜ(z) et le réel b est appelé partie imaginaire de z, noté
ℑ(z).
Démonstration. Le sens direct provient de la bonne définition de la partie réelle et de la partie imaginaire. Récipro-
quement, si les parties réelles et imaginaires sont égales, alors z = ℜ(z) + iℑ(z) = ℜ(z ′ ) + iℑ(z ′ ) = z ′ .
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Définition 2 On dit qu’un complexe z est un imaginaire pur lorsque ℜ(z) = 0, ce qui équivaut à z =
iℑ(z).
Propriété 2
On dit que les applications « partie réelle » et « partie imaginaire » sont R-linéaires.
Démonstration. Soit (z, z ′ ) ∈ C2 , soit Ý ∈ R. Les règles de calcul réel sont prolongées, ainsi
On remarque alors que Ýℜ(z) + ℜ(z ′ ) et Ýℑ(z) + ℑ(z ′ ) sont réels, puisque Ý, ℜ(z), ℜ(z ′ ), ℑ(z)ℑ(z ′ ) sont tous
réels. Cela permet d’identifier
Propriété 3
" Attention
Ecrire z = a + i b ne suffit pas à identifier ℜ(z) avec a, ni ℑ(z) avec b. Il faut vérifier que a et b sont
réels.
On a l’habitude de représenter les complexes dans un plan. Les coordonnées sur un axe horizontal re-
présentent les parties réelles des complexes concernés, tandis que les coordonnées sur un axe vertical
représentent les parties imaginaires des complexes concernés. Pour tout point (a, b) ∈ R2 du plan réel,
on appelle affixe de (a, b) le complexe a + i b. Réciproquement, à tout complexe z, on peut associer le
point du plan P de coordonnées (ℜ(z), ℑ(z)). Cette correspondance nous permettra de faire de la géo-
métrie dans C. Certains auteurs mentionnent « le plan complexe », ce qui peut entraîner des confusions
entre le plan réel R2 et le plan complexe C2 .
1.2 Conjugaison
Définition 3 Pour tout complexe z de partie réelle a et de partie imaginaire b, on note z = a − i b. Ce
complexe est appelé conjugué de z.
Exemple 1 −2 + 3i = −2 − 3i.
Géométriquement, si P = (a, b) est un point d’affixe z = a + i b. Alors le point Q = (a, −b) d’affixe z est
l’image de P par la symétrie orthogonale de droite l’axe des abscisses.
Propriété 4
∀z ∈ C, (z) = z
∀z ∈ C, z + z = 2ℜ(z) ∧ z − z = 2iℑ(z)
Démonstration. Soit z ∈ C. En notant z = ℜ(z)+iℑ(z), il vient ℜ(z) = ℜ(z) et ℑ(z) = −ℑ(z). Ainsi, ℜ(z) = ℜ(z)
et ℑ(z) = −(−ℑ(z)) = ℑ(z). Cela suffit à prouver que z = z. D’autre part, z + z = ℜ(z) + iℑ(z) + ℜ(z) − iℑ(z) =
2ℜ(z). De plus, z − z = ℜ(z) + iℑ(z) − ℜ(z) + iℑ(z) = 2iℑ(z).
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Propriété 5
∀(z1 , z2 ) ∈ C2 , z1 + z2 = z1 + z2
∀(z1 , z2 ) ∈ C2 , z1 z2 = z1 z2
Démonstration. Soit (z1 , z2 ) ∈ C2 . Le premier point découle de la R-linéarité des parties réelle et imaginaire :
Afin d’alléger les écritures, on note a1 = ℜ(z1 ), b1 = ℑ(z1 ), a2 = ℜ(z2 ), b 2 = ℑ(z2 ). Cela entraîne
z1 z2 = (a1 a2 − b 1 b 2 ) + i(a1 b 2 + a2 b 1 )
R
z1 z2 = (a1 a2 − b 1 b 2 ) − i(a1 b2 + a2 b 1 ) = (a1 a2 − (−b 1 )(−b 2 )) − i(a1 (−b 2 ) + a2 (−b 1 )) = (a1 − i b 1 )(a2 − i b2 ) = z1 z2
Remarque
La preuve précédente nécessitait de bien mettre en évidence les parties réelle et imaginaire pour res-
pecter la définition de la conjugaison. Toutefois, maintenant que cette propriété est démontrée, on peut
à présent librement écrire l’implication z = a + bc ⇒ z = a + b c sans hypothèses de réalité sur a, b ou c.
Propriété 6 Pour tout complexe z, zz est un réel positif, égal à ℜ(z)2 + ℑ(z)2 .
Démonstration.
Cette dernière expression montre que zz est un réel positif comme somme de deux carrés de réels.
" Attention
Écrire z ≥ 0 pour z complexe n’a aucun sens ! L’ensemble C ne possède pas de relation d’ordre qui
prolonge celle des réels.
1.3 Module
R
√
Définition 4 Pour tout complexe z, on définit le module de z, noté |z| via zz.
Remarque
Cette notation est cohérente avec la notation de la valeur absolue pour les réels, puisque pour tout réel
√
x, |x| = x 2 .
Interprétation
√ géométrique : soit P = (a, b) un point du plan réel d’affixe z = a + i b. Alors |z| = OP =
a2 + b 2 est la distance de P au centre O du repère.
Propriété 7 Soit z un complexe, alors |z| = |z|.
R
p √
|z| = z z = zz = |z|
Remarque
Cela est cohérent avec le fait que la symétrie orthogonale d’axe l’axe des abscisses est une isométrie :
elle ne modifie pas les distances.
Propriété 8
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Démonstration. Remarquons que la multiplicativité de la conjugaison entraîne
Comme |z1 z2 | et |z1 ||z2 | sont des réels positifs, cela implique
R Remarque
|z1 z2 | = |z1 ||z2 |
Propriété 9 Soit z un complexe. Alors z est nul si et seulement si |z| est nul. De plus, si z est non nul,
alors
1 z 1 1
= , et =
z |z|2 z |z|
√
Démonstration. Si z est nul, alors z également, ce qui entraîne |z| = 0 = 0. Réciproquement, supposons que |z|
est nul. Cela entraîne notamment
ℜ(z)2 + ℑ(z)2 = 0
Si l’une de ces deux quantités est non nulle (par exemple ℜ(z)), alors ℜ(z)2 > 0 et ℜ(z)2 + ℑ(z)2 > ℑ(z)2 ≥ 0,
ce qui empêche la nullité de |z|2 . Ainsi, ℜ(z) et ℑ(z) sont tous deux nuls, donc z = 0.
Dans le cas z non nul, zz = [z|2 implique z z2 = 1, donc que z est inversible d’inverse 1z = z2 .
|z| |z|
Le passage au module dans cette dernière égalité implique d’après les deux propriétés précédentes
1 1 1 1
= |z| = 2 |z| =
z |z|2 |z| |z|
Exercice 1 Démontrer que pour tout complexe non nul, z, ℜ(1/z) = ℜ(z)/|z|2 et ℑ(1/z) = −ℑ(z)/|z|2 .
Rappelons que l’on dispose de la règle du produit nul dans R à savoir que le produit de deux réels est nul si et
seulement si l’un d’entre eux est nul. Ainsi,
z1 z2 = 0 ⇐⇒ |z1 | = 0 ∨ |z2 | = 0 ⇐⇒ z1 = 0 ∨ z2 = 0
|ℑ(z)| ≤ |z|
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Démonstration. Remarquons que
|ℜ(z)| ≤ |z|
Si z est réel, il y a clairement égalité. Réciproquement, si |ℜ(z)| = |z|, alors ℑ(z)2 = |z|2 − |ℜ(z)|2 = 0, donc
ℑ(z) = 0, donc z est réel. Le restant de la démonstration est laissé à titre d’exercice (refaire la même démarche
ou alors appliquer ce qui précède à i z).
Il y a égalité si et seulement si il existe un réel positif r tel que z1 = rz2 ou z2 = rz1 (on dit que z1 et z2
sont positivement liés).
Démonstration.
|z1 + z2 |2 ≤ |z1 |2 + 2|z1 z2 | + |z2 |2 = |z1 |2 + 2|z1 ||z2 | + |z2 |2 = (|z1 | + |z2 |)2
ℜ(z1 z2 ) = |z1 z2 |
D’après le cas d’égalité de la propriété précédente, on en déduit que z1 z2 est un réel et qu’il est positif. Notons-le
a. Si z2 est nul, on peut écrire z2 = rz1 avec r = 0 qui est bien un réel positif. Sinon, z1 |z2 |2 = az2 , ce qui permet
d’écrire, z1 = a 2 z2 . En choisissant, r = a/|z2 |2 , on dispose bien d’un réel positif tel que z1 = rz2 . Réciproquement,
|z2 |
s’il existe un réel positif r tel que z1 = rz2 (l’autre cas se traite de manière symétrique), alors la positivité de r
entraîne
|z1 + z2 | = |(r + 1)z2 | = |r + 1||z2 | = (r + 1)|z2 | = |r||z2 | + |z2 | = |z1 | + |z2 |
et on a bien égalité.
ce qui entraîne
|z2 | − |z1 | ≤ |z2 − z1 |
On applique à présent l’inégalité triangulaire aux complexes z2 et z1 − z2 , ce qui implique
Ainsi,
|z1 | − |z2 | ≤ |z2 − z1 |
Par conséquent, quel que soit le signe du réel |z1 | − |z2 |, il est en valeur absolue, plus petit que |z2 − z1 |, soit encore
|AC − CB| ≤ AB ≤ AC + CB
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2 Trigonométrie
2.1 Rappels de trigonométrie réelle
Pour tout point P du cercle unité dans le plan R2 , il existe un réel t tel que P = (cos t, sin t). On admet
que cela définit bien deux applications réelles de la variable réelle, le cosinus et le sinus. Toutes les
propriétés suivantes se justifient géométriquement.
P=(cos(t),sin(t))
−1 O 1
T = (cos(−t), sin(−t))
R = (cos(t + á), sin(t + á))
−1
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Propriété 15
Afin de généraliser cette propriété à un ensemble de nombres complexes, on propose la définition sui-
vante
Définition 5 Pour tout réel a, on note
Démonstration. Comme le cosinus et le sinus ont été « définis » de manière géométrique, on propose une démons-
tration géométrique de la formule de duplication. Soit U = (cos(u), sin(u)), V = (cos(v), sin(v)) deux points du cercle
⃗ et le vecteur OV
unité. Alors l’angle entre le vecteur OU ⃗ vaut v − u. On a alors le produit scalaire
⃗ · OV
OU ⃗
cos(v − u) = = cos(u) cos(v) + sin(u) sin(v)
OU OV
On en déduit par parité du cosinus et imparité du sinus que cos(v + u) = cos(u) cos(v) − sin(u) sin(v), puis que
sin(u + v) = cos(á/2 − u − v) = cos(á/2 − u) cos(v) + sin(á/2 − u) sin(v) = sin(u) cos(v) + cos(u) sin(v).
Mais alors,
Ce produit égal à 1 montre que exp(i t) est inversible, d’inverse exp(−i t).
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|exp(i t)|2 = exp(i t)exp(i t) = exp(i t) exp(−i t) = exp(i t − i t) = exp(i0) = cos(0) + i sin(0) = 1
Comme le module d’un complexe est un réel positif, on en déduit que
√
|exp(i t)| = 1 = 1.
exp(i t + i2á) = exp(i t) exp(i2á) = exp(i t)(cos(2á) + i sin(2á)) = exp(i t)(1 + i0) = exp(i t)
R
Théorème 5 (admis) Pour tout complexe z de module 1, il existe un réel t tel que z = exp(i t).
Remarque
Il s’agit de la traduction en terme d’affixe complexe de la définition du cosinus et du sinus, dont la
définition est purement géométrique à ce stade de vos connaissances. La surjectivité de l’exponentielle
complexe est en réalité beaucoup plus délicate à démontrer.
1
cos(t) = (exp(i t) + exp(−i t))
2
1
sin(t) = (exp(i t) − exp(−i t))
2i
Démonstration. Soit t un réel, alors
1 1
cos(t) = ℜ(exp(i t)) = exp(i t) + exp(i t) = (exp(i t) + exp(−i t))
2 2
1 1
sin(t) = ℑ(exp(i t)) = exp(i t) − exp(i t) = (exp(i t) − exp(−i t))
2i 2i
Quelques formules :
Propriété 18 (Technique de l’angle moitié) Soit p et q deux réels, alors on a les factorisations
p−q
p+q
e i p + e i q = e i 2 2 cos
2
p−q
p+q
e i p − e i q = e i 2 2i sin
2
En particulier,
q
q
1 + e i q = e i 2 2 cos
2
q
q
1 − e i q = −e i 2 2i sin
2
Démonstration. Soit p et q deux réels. Alors
p−q
e i p + e i q = e i(p+q)/2 e i p e −i(p+q)/2 + e i q e −i(p+q)/2 = e i(p+q)/2 e i(p−q)/2 + e −i(p−q)/2 = e i(p+q)/2 2 cos
2
L’autre formule se démontre de la même manière. On a également la possibilité d’appliquer la formule précédente
aux réels p et q + á, ce qui entraîne
p−q p−q
p+q+á
p+q
e i p + e i(q+á) = e i 2 2 cos − á/2 = e i 2 e iá/2 2 sin .
2 2
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Démonstration. Commençons par le cas où n est un entier positif et démontrons-le par récurrence. Pour tout
entier naturel n, on note P (n) l’assertion : n
∀t ∈ R, e i t = e i nt
Initialisation à n = 1. Soit t un réel, alors
1
e i t = e i t = cos(t) + i sin(t) = cos(1 · t) + i sin(1 · t)
Soit à présent un entier naturel n non nul tel que P (n) est vérifiée. Soit t un réel, alors d’après les règles sur les
puissances et l’hypothèse de récurrence, on a
n+1 n
ei t = e i t e i t = e i t e i nt
Ainsi, l’hérédité est prouvée et l’assertion P (n) est vraie pour tout entier naturel non nul n.
Pour le cas n = 0, il s’agit d’une convention d’écriture. Pour tout complexe z, z 0 = 1, tandis que cos(0) + i sin(0) = 1.
Soit à présent n un entier relatif négatif et t un réel. Rappelons que i t est de module 1, donc non nul. Une
e −n
puissance entière négative d’un tel complexe a donc un sens. Alors e i t = e i n(−t) a pour inverse e i nt . Donc
n
e i t = e i nt .
Ainsi, on a démontré que n
∀n ∈ Z, ∀t ∈ R, e i t = e i nt
Il suffit d’écrire ces complexes sous forme algébrique (parties réelle et imaginaire) pour obtenir le résultat souhaité.
" Attention n
L’écriture e i nt = e i t n’est valable que pour n entier relatif. 11/á = 1, mais e 2iá/á , 1.
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Démonstration. Pour démontrer ces égalités, il suffit de se remémorer les factorisations via l’angle moitié. La
partie réelle de
p−q
p+q
e i p + e i q = e i 2 2 cos
2
entraîne
p+q p−q
cos(p) + cos(q) = 2 cos cos .
2 2
Sa partie imaginaire implique quant à elle
p+q p−q
sin(p) + sin(q) = 2 sin cos .
2 2
On procède de manière similaire pour les deux dernières égalité. La partie réelle de
p−q
p+q
e i p − e i q = e i 2 2i sin
2
fournit
p+q p−q
cos(p) − cos(q) = −2 sin sin .
2 2
La partie imaginaire entraîne
R
p+q p−q
sin(p) − sin(q) = 2 cos sin
2 2
Remarque
Il faut absolument retenir les formules de factorisations dans les cas particulier p = 0 :
R
1 + cos(q) = 2 cos2 (q/2), 1 − cos(q) = 2 sin2 (q/2)
Remarque
L’étude analytique (continuité, dérivabilité, variations) des lignes trigonométriques sera effectuée lors
du chapitre 5 - fonctions usuelles.
Exemple 4 Un complexe non nul est réel si et seulement si il possède un argument nul ou égal à á. Un
complexe non nul est imaginaire pur si et seulement si il possède un argument égal à á/2 ou −á/2.
Notation
On rencontre parfois la notation arg(z) pour désigner un argument de z choisi dans l’intervalle ] − á, á]
dans plusieurs ouvrages (ou chez les physiciens). Celle-ci est à manier avec beaucoup de précaution !
En particuler, on prêtera attention à ne les manipuler qu’avec des congruences et non des égalités pour
éviter toute erreur. J’accepte l’écriture arg(z) ≡ á/3[2á] par exemple.
Propriété 21 Soit z1 , z2 deux complexes non nuls. Alors pour tout argument t1 de z1 , tout argument t2
de z2 , t1 + t2 est un argument de z1 z2 .
Démonstration. Tout d’abord, z1 z2 est un complexe non nul, puisque |z1 z2 | = |z1 ||z2 | est non nul comme produit
de deux réels non nuls. Ainsi, parler d’arguments de z1 + z2 a un sens. De plus, l’équation fonctionnelle satisfaite
par l’exponentielle complexe assure que
Propriété 22 Soit z un complexe non nul, alors pour tout argument t de z, −t est un argument de 1/z.
Démonstration.
1 1 1 1
= = exp(−i t)
z |z| exp(i t) z
et |1/z| est un réel positif.
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Propriété 23 Soit z1 et z2 deux complexes non nuls. Alors pour tout argument t1 de z1 , pour tout
argument t2 de z2 , t1 − t2 est un argument de z1 /z2 .
Démonstration. On a
z1 |z1 |e i t1 |z1 | i(t1 −t2 )
= = e
z2 |z2 |e i t2 |z2 |
et |z1 |/|z2 | est un réel positif.
Propriété 24 Soit z un complexe non nul, t un argument de z et a un réel strictement positif. Alors
— t est un argument de az
— t + á est un argument de −az.
— −t est un argument de z.
Démonstration. Le complexe az s’écrit a|z|ze i t avec a|z| un réel positif. Donc t est un argument de az. Le complexe
−az s’écrit ae iá |z|e i t = a|z|e i(t+á) avec a|z| un réel positif. Donc t +á est un argument de −az. Le complexe z vérifie
" Attention
Ecrire un complexe sous la forme z = ae i t avec a et t réels ne suffit pas à établir que t est un argument
de z. Il faut vérifier la non nullité et le signe de a.
Théorème 7 Soit z un complexe non nul et t un argument de z. Alors l’ensemble des arguments de z
est
{t + 2ká|k ∈ Z}
exp(i t + i2ká) = exp(i t) exp(i2ká) = exp(i t) exp(2iá)k = exp(i t)1k = exp(i t)1 = exp(i t),
ce qui démontre que t + 2ká est un argument de z. Réciproquement, soit t ′ un argument de z. Alors |z| exp(i t) =
|z| exp(i t ′ ), ce qui implique puisque |z| est non nul que cos(t) + i sin(t) = cos(t ′ ) + i sin(t ′ ). Alors cos(t) = cos(t ′ ) et
sin(t) = sin(t ′ ), donc t et t ′ sont congrus modulo 2á, i.e il existe un entier relatif k tel que t = t ′ + 2ká.
Propriété 25 Soit a, b, deux réels. Alors il existe un réel positif A et un réel ï tel que
Démonstration. Dans le cas où a et b sont tous deux nuls, il suffit de choisir A = 0 et ï = 0. Sinon, on note z = a+ib.
Ce complexe est non nul, on peut donc le mettre sous forme trigonométrique z = |z|e i u avec |z| > 0 et u ∈ R. Soit
t ∈ R. D’une part,
e i t z = |z|e i(t−u)
D’autre part,
e i t z = (cos(t) + i sin(t))(a − i b) = a cos(t) + b sin(t) + i(a sin(t) − b cos(t))
La partie réelle de complexe donne alors l’égalité
R
On choisit alors A = |z| et ï = u.
Remarque
On peut mémoriser avec les précautions d’usage sur les arguments
Comment déterminer un argument d’un complexe non nul à partir de son écriture algébrique ? La ré-
ponse passe entre autres par la fonction arctangente, la réciproque de la fonction tangente restreinte
à l’intervalle ] − á/2, á/2[. La fonction arctangente sera étudiée au chapitre 5 avec les autres fonctions
circulaires réciproques. En attendant, quelques rappels géométriques sur la fonction tangente.
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2.4 La fonction tangente
Propriété 26 Soit x un réel. Alors
á á
cos(x) = 0 ⇐⇒ ∃k ∈ Z, x = + ká ⇐⇒ x ≡ [á]
2 2
Lorsque cela est satisfait, on dit que x est congru à á/2 modulo á.
Notation
On note Dtan l’ensemble
á
R\ + ká|k ∈ Z
2
C’est l’ensemble de définition de l’application tangente.
sin(x)
tan(x) =
cos(x)
Représentation géométrique via Thalès : Soit t un élément de Dtan , B = (cos(t), 0) et A = (1, 0). Alors les
droites d’équation x = 1 et x = cos(t) sont parallèles, donc le point d’intersection Q entre la droite (OP)
et la droite d’équation x = 1 vérifie QA/PB = OA/OB, soit QA = sin(t)1/ cos(t) = tan(t).
Q=(1, tan(t))
1
P=(cos(t), sin(t))
−1 O B=(cos(t),0) 1 A=(1,0)
−1
tan(−a) = − tan(a)
tan(á + a) = tan(a)
Cette dernière égalité indique que la fonction tangente est á-périodique.
tan(á − a) = − tan(a)
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Pour tout réel b non congru à 0 modulo á/2, on a
1
tan(á/2 − b) =
tan(b)
Démonstration. Seule la dernière égalité mérite quelques détails. Soit b un tel réel, cos(á/2 − b) = sin(b) n’est pas
nul, ce qui implique que tan(b) est non nul et qu’on peut écrire 1/ tan(b). D’autre part,
sin(á/2 − b) cos(b)
tan(á/2 − b) = =
cos(á/2 − b) sin(b)
De plus, cos(b) est non nul puisque b n’est pas congru à á/2 modulo á. On a ainsi
1 1
tan(á/2 − b) = =
sin(b) tan(b)
cos(b)
Valeurs remarquables
Propriété 28
a 0 √á/6 á/4 á/3
√ á/2
tan(a) 0 3/3 1 3 non défini
Propriété 29 (Formule d’addition et de duplication) Pour tous réels a et b tels que a, b et a + b non
congrus à á/2 modulo á, on a
tan(a) + tan(b)
tan(a + b) =
1 − tan(a) tan(b)
Pour tous réels a et b tels que a, b et a − b non congrus à á/2 modulo á, on a
tan(a) − tan(b)
tan(a − b) =
1 + tan(a) tan(b)
En particulier, pour tout réel a tel que a et 2a non congrus à á/2 modulo á, on a
2 tan(a)
tan(2a) =
1 − tan2 (a)
Démonstration. Soit a et b les réels tels qu’indiqués dans l’énoncé. Alors
sin(a + b)
tan(a + b) =
cos(a + b)
sin(a) cos(b) + cos(a) sin(b)
=
cos(a) cos(b) − sin(a) sin(b)
La deuxième égalité s’obtient en appliquant la première aux réels a et −b. Cela est possible puisque b ≡ á/2[á] ⇐⇒
−b ≡ á/2[á]. Le résultat en découle via l’imparité de la fonction tangente.
Propriété 30 (Angle moitié) Soit a un réel non congru à á modulo 2á et t = tan(a/2). Alors
1 − t2
cos(a) =
1 + t2
2t
sin(a) =
1 + t2
13 / 22
Démonstration. On commence par remarquer que
R
ce qui démontre la seconde égalité.
Remarque
Ce résultat verra tout son intérêt lors des recherches de primitives de fonctions trigonométriques, à
l’aide de fractions rationnelles.
3 Équations dans C
3.1 Équations polynomiales
Théorème 8 (D’Alembert-Gauss) Pour tout polynôme P à coefficients complexes, non constant, il existe
un complexe a tel que P(a) = 0.
Démonstration. Admis. On peut s’en sortir avec le théorème des valeurs intermédiaires, les racines n-ièmes de
l’unité et des développements limités.
Propriété 31 Soit É un complexe, alors il existe un complexe Ö tel que Ö2 = É. De plus, tout racine
carrée complexe de É vaut Ö ou −Ö.
Démonstration. Notons É = a + i b l’écriture de É à l’aide de ses parties réelles et imaginaires. Supposons√qu’un tel
complexe Ö existe et notons-le Ö = Ó+iÔ avec Ó = ℜ(Ö) et Ô = ℑ(Ö). En particulier, |Ö|2 = |É|, donc Ó2 +Ô 2 = a2 + b 2 .
D’autre part, ℜ(Ö2 ) = Ó2 − Ô 2 = a. On en déduit que
1 1
p p
Ó2 = a + a2 + b 2 et Ô2 = −a + a2 + b 2
2 2
Par conséquent, r r
1 1
p p
Ó=± 2
a+ a +b 2 et Ô = ± −a + a2 + b 2
2 2
√
Cependant, ℑ(Ö2 ) = 2ÓÔ = b. √ Si b est nul, on est ramené aux racines carrées réelles, i.e si a est positif, Ó = ± a, Ô =
0 et si a est négatif, Ó = 0, Ô = −a. S’il n’est pas nul, alors b/|b| fournit son signe. On n’a alors que deux possibilités
pour (Ó, Ô). r r
1 b 1
p p
Ó= a + a2 + b 2 et Ô = −a + a2 + b 2
2 |b| 2
ou r r
1 b 1
p p
Ó=− a+ a +b 2 2 et Ô = − −a + a2 + b 2
2 |b| 2
Phase de synthèse laissée en exercice.
" Attention
Contrairement au cas réel, on ne peut pas choisir l’une de ces deux racines carrées complexes selon
son signe. Par conséquent, dans le cas complexe, on ne dira jamais « la » racine carrée complexe de É,
mais une racine carrée complexe de É.
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Propriété 32 Soit P un polynôme à coefficients complexes de degré 2, i.e sous la forme P = aX2 + bX + c
avec a un complexe non nul, b et c deux complexes. Alors en notant É = b 2 − 4ac et Ö une racine carrée
complexe de É, les racines de P sont exactement les
−b + Ö −b − Ö
et
2a 2a
Démonstration. Soit z un complexe alors, comme a est non nul, on a l’équivalence
b 2 b2 b 2 É
P(z) = 0 ⇐⇒ a2 z 2 + baz + ca = 0 ⇐⇒ az + − + ca = 0 ⇐⇒ az + = ⇐⇒ (2az + b)2 = É
2 4 2 4
D’après la propriété précédente, on a alors l’équivalence
−b + Ö −b − Ö
P(z) = 0 ⇐⇒ (2az + b) = Ö ∨ (2az + b) = −Ö ⇐⇒ z = ∨z =
2a 2a
Exemple 5 En particulier, lorsque a est un réel non nul, b et c des réels. Alors É est réel. S’il est positif
ou
√ nul, on retrouve
√ les résultats classiques de lycée. S’il est négatif, alors les racines carrées de É sont
i −É et −i −É. Par conséquent, les racines de P sont
√ √
−b + i −É −b − i −É
et
2a 2a
et elles ont la particularité d’être conjuguées.
Propriété 33 (Relations coefficients-racines) Avec les mêmes notations que précédemment, les ra-
cines z1 et z2 de P vérifient
b c
z1 + z2 = − et z1 z2 =
a a
Démonstration. La somme est directe avec l’expression précédemment trouvée. Le produit vérifie
1 1 1 4ac c
z1 z2 = (−b + Ö)(−b − Ö) = (b 2 − Ö2 ) = (b 2 − É) = =
4a2 4a2 4a2 4a2 a
P
Il existe une autre démonstration à l’aide de la factorisation des polynômes, nous la verrons lors du chapitre 4 sur
les compléments de calcul.
Méthode
Si l’une des deux racines est évidente à la lecture du polynôme, il suffit d’exploiter les relations coefficients-
racines pour déterminer l’autre racine.
Les n éléments de cet ensemble sont appelés les racines n-ièmes de l’unité.
Démonstration. Soit z un complexe tel que z n = 1. Alors |z|n = 1, donc |z| = 1. Il existe alors un réel t tel que
z = exp(i t), mais alors exp(i nt) = 1, donc nt est congru à 0 modulo 2á, i.e il existe un entier relatif k tel que
nt = 2ák. Comme n est non nul, on en déduit que t = 2ák/n et que z = exp(i2ák/n). Par 2á-périodicité, on a alors
z = exp(2iá(k/n − k ′ )) pour tout entier relatif k ′ . On choisit alors k ′ le quotient dans la division euclidienne de k par
n, ce qui donne l’égalité k = nk ′ + r avec r dans [[0, n − 1]], donc nk − k ′ = nr . Avec ce choix, z = exp(2iár/n) avec
r ∈ [[0, n − 1]]. Réciproquement, pour tout k dans [[0, n − 1]],
Enfin, il reste à prouver que nous disposons bien de n éléments distincts. Pour cela, on remarque que pour tous
entiers k, k ′ dans [[0, n − 1]], l’égalité exp(i2ká/n) = exp(2i k ′ á/n) implique d’après la description des arguments de
complexes non nuls que 2ká/n ≡ 2k ′ á/n[2á] donc qu’il existe un entier relatif k ′′ tel que k − k ′ = k ′′ n. Toutefois,
−n < −n + 1 ≤ k − k ′ ≤ n − 1 < n, donc k ′′ = 0 et k = k ′ . Par conséquent, {exp(i2ák/n)|k ∈ [[0, n − 1]]} possède bien n
éléments distincts.
Notation
Pour tout entier naturel non nul, l’ensemble des racines n-ièmes de l’unité est noté Un . L’ensemble des
complexes de module 1 est noté U.
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Exemple 6 Pour n = 4, n o
U4 = e i0 , e iá/4 , e iá/2 , e i3á/2 = {1, i, −1, −i}
Les figures suivantes donnent un exemple de représentation géométrique des racines n-ièmes de l’unité
à l’aide du plan R2 . La première figure correspond au cas n = 9 et la seconde au cas n = 6.
Propriété 34 Soit a un complexe non nul, t un argument de a et n un entier naturel non nul. Alors
Démonstration. Remarquons a = (|a|1/n e i t/n )n . Notons s le complexe non nul |a|1/n e i t/n . Soit z un complexe. Alors
on a l’équivalence
z n = a ⇐⇒ z n = s n ⇐⇒ (z/s)n = 1 ⇐⇒ z/s ∈ Un ⇐⇒ ∃u ∈ Un , z = su
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3.2 Exponentielle complexe - extension
On cherche toujours à prolonger l’équation fonctionnelle satisfaite par l’exponentielle. On propose la
définition suivante
Définition 8 Pour tout complexe z, on définit l’exponentielle de z via
Démonstration. On note ai = ℜ(zi ) et b i = ℑ(zi ) pour tout i dans {1, 2}. Alors, la R linéarité des parties réelle et
imaginaire implique exp(z1 + z2 ) = exp(a1 + a2 ) exp(i(b 1 + b 2 )). On utilise les propriétés de l’exponentielle réelle et
de t 7→ exp(i t) précédemment démontrée. On a alors
R
exp(z1 + z2 ) = exp(a1 ) exp(a2 ) exp(i b1 ) exp(i b2 ) = exp(a1 ) exp(i b1 ) exp(a2 ) exp(i b2 ) = exp(z1 ) exp(z2 )
Remarque
A présent, il n’est plus nécessaire d’isoler parties réelle et imaginaire lors de la manipulation de l’expo-
nentielle d’une somme de complexes.
|exp(z)| = exp(ℜ(z))
arg(exp(z)) ≡ ℑ(z)[2á]
exp(z) = exp(z)
Propriété 36 Soit a un complexe non nul que l’on écrit sous forme trigonométrique |a|e i t avec t un
argument de a. Alors
{z ∈ C| exp(z) = a} = {ln |a| + i(t + 2ká)|k ∈ Z}
Démonstration. Soit z un complexe tel que exp(z) = a. Alors le module de cette égalité implique exp(ℜ(z)) = |a|.
Donc ℜ(z) = ln(|a|). De plus, d’après la description des arguments d’un complexe non nul, on a ℑ(z) ≡ t[2á], donc
il existe k ∈ Z tel que ℑ(z) = t + 2ká. Ainsi, z = ln(|a|) + i(t + 2ká). Réciproquement, pour tout entier relatif k,
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4 Géométrie dans C
4.1 Transformations du plan
Fixons un repère orthonormé (O,⃗i, ⃗j ) du plan R2 . Rappelons qu’à tout complexe z, on peut associer le
point P(z) du plan R2 de coordonnées (ℜ(z), ℑ(z)). Réciproquement, à tout point P = (a, b) du plan
R2 , on associe le complexe z(P) = a + i b son affixe complexe. De même, à tout vecteur du plan MN,⃗ on
associe son affixe complexe qui n’est autre que z(M)−z(N) avec les notations précédentes. Afin d’alléger
les écritures dans cette partie du cours, on confond un complexe z et le point du plan d’affixe z.
Propriété 37 Soit a, b, c des complexes tels que b , a et c , a. Alors en notant A, B, C les points du plan
correspondants, on a
c−a AC
=
b−a AB
⃗ AC)[2á].
Si l’on note t un argument de (c − a)/(b − a), alors t ≡ (AB, ⃗
p
Démonstration. |c − a| = (xC − xA )2 + (yC − yA )2 = AC. De même pour |b − a| = AB. La multiplicativité du module
fournit la première égalité. D’après la définition de l’exponentielle d’un imaginaire pur, les arguments de c − a sont
congrus à l’angle entre 0P⃗ avec P = (0, 1) et AC.
⃗ Les arguments de l’inverse et exp(i t + i s) fournissent la seconde
égalité.
Propriété 38 Trois points du plan distincts deux à deux A, B, C d’affixes complexes a, b, c sont alignés si
et seulement si les arguments de (c − a)/(b − a) sont congrus à 0 modulo á si et seulement si (c − a)/(b −
a) ∈ R.
Soit A, B, C trois points du plan distincts deux à deux d’affixes complexes a, b, c. Alors les droites (AB) et
(AC) sont orthogonales si et seulement si les arguments des (c − a)/(b − a) sont congrus à á/2 modulo
á si et seulement si (c − a)/(b − a) ∈ iR.
R
Démonstration. Il s’agit de la traduction de l’alignement en termes d’angles congrus à 0 modulo á, et d’orthogo-
nalité en termes d’angles congrus à á/2 modulo á.
Remarque
On peut également traduire ces conditions nécessaires et suffisantes en termes de conjugaison. En
effet, pour tout complexe z, z est réel si et seulement si z = z, et z et imaginaire pur si et seulement si
z = −z. Ainsi, A, B et C sont alignés si et seulement si (c − a)/(b − a) = (c − a)/(b − a). Les droites (AB) et
(AC) sont orthogonales si et seulement si (c − a)/(b − a) = −(c − a)/(b − a)
Définition 9 Soit a un complexe non nul et b un complexe. L’application
Sa,b : C → C, z 7→ az + b
est appelée similitude directe.
Propriété 39 — Dans le cas a = 1, S1,b est une translation de vecteur OB ⃗ avec B le point du plan
d’affixe b. Elle possède un point fixe si et seulement si b = 0, auquel cas c’est l’identité de C.
— Dans le cas a ∈ R\{1}, Sa,b est une homothétie de centre d’affixe b/(1 − a) et de rapport a.
— Dans le cas a ∈ U\{1}, il s’agit d’une rotation de centre d’affixe b/(1 − a) et d’angle congru à tous
les arguments de a modulo 2á.
Démonstration. Soit z un complexe. Alors z = Sa,b (z) ⇐⇒ z = az + b ⇐⇒ (1 − a)z = b. Par conséquent, si a = 1,
Sa,b (z)−z = b. Si b est non nul, l’application Sa,b n’a pas de point fixe. Si b = 0, c’est l’application identité de C. Dans
le cas a différent de 1, z est point fixe si et seulement si z = b/(1− a). Notons é ce complexe, le point correspondant
est le centre Ò de Sa,b . Mais alors pour tout complexe z distinct de é,
Sa,b (z) − c = az + b − ac − b = a(z − c)
ce qui se comprend via la première propriété de cette partie ainsi. Pour tout point M d’affixe z, en notant M′ le point
du plan d’affixe Sa,b (z), puis Ú un argument de a, on a
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Dans la figure suivante, on représente trois points Ò, M, P du plan, ainsi que les images M′ et P′ des
points M et P par l’homothétie de centre Ò et de rapport 2. Notez bien l’alignement des triplets (Ò, M, M′ )
et (Ò, P, P′ ). On peut par exemple retrouver le coefficient b de la similitude directe sous-jacente via
l’affixe de é et l’égalité complexe é = b/(1 − a) qui vaut −b dans le cas a = 2 de cette figure.
La figure suivante reprend le même type de notations avec la rotation de centre Ò, d’angle de rotation
congru à á/4 modulo 2á.
Exercice 4 Montrer qu’une similitude directe envoie un cercle sur un cercle et une droite sur une droite.
Ia,b : C → C, z 7→ az + b
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R
est appelée similitude indirecte.
Remarque
On dit que cette transformation est indirecte car elle change les angles en leurs opposés. Par exemple,
on a vu que pour tout complexe non nul z, arg(z) ≡ − arg(z)[2á].
Propriété 40 Pour tout réel b, l’application I1,2i b est la réflexion orthogonale par rapport à la droite
ℑ(z) = b.
Démonstration. Soit z un complexe. Alors I1,b (z) = z ⇐⇒ z + 2i b = z ⇐⇒ b = ℑ(z). Les points fixes de I1,2i b
sont donc la droite horizontale y = b dans le plan R2 . Alors pour tout complexe z, I1,2i b (z) − i b = z + i b = z − i b. En
notant M le point du plan d’affixe z, P son projeté orthogonal sur l’axe y = b, et M′ le point du plan d’affixe I1,2i b (z),
⃗ ′ = ℜ(z) + i b − z − 2i b = −i(b − ℑ(z)). Ainsi,
⃗ = ℜ(z) + i b − z = i(b − ℑ(z)) et PM
on a P = Re(z) + i b, de sorte que PM
⃗ = −PM
PM ⃗ ′ et M est le symétrique orthogonal de M par rapport à la droite d’équation y = b.
′
1 1 1+i 1+i
′
−( ′ + )+1 = 0
z z′ z z′
Après multiplication par z ′ z ′ , on obtient
1 − (z ′ 1 − i + z ′ (1 − i)) + z ′ z ′ = 0
ce qui équivaut à |z ′ −(1−i)| = 1. Ainsi, C ′ est inclus dans le cercle de centre Ò′ = (1, −1) et de rayon 1. On
procède de même pour montrer l’inclusion réciproque ou on remarque que tous les calculs précédents
peuvent être remontés puisque les complexes considérés ne sont jamais nuls. Conclusion, C ′ est le
cercle de centre Ò′ = (1, −1) et de rayon 1.
Exercice 5 Avec les mêmes notations que précédemment, √ montrer que l’image de la droite d’équation
y = x − 1/2 par h est le cercle de centre A et de rayon 2 privé du point (0, 0).
Propriété 41 Soit D une droite de R2 . Alors il existe un complexe Ó non nul et un réel c tel qu’une
équation complexe de D est
zÓ + zÓ = c
Démonstration. Comme D est une droite de R2 , il existe un couple de réels (a, b) non tous nuls et un réel c tels que
(x, y) ∈ D ⇐⇒ ax + by = c
zÓ + zÓ = c
Propriété 42 Soit C un cercle de R2 de centre Ò et de rayon r un réel positif. Alors en notant é l’affixe
de Ò, pour tout complexe z
z ∈ C ⇐⇒ |z − é| = r
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Propriété 43 Soit C un cercle de R2 . Alors une équation complexe de C est de la forme
zz − Óz − Óz + Ô = 0
avec Ó un complexe
p et Ô un réel tel que Ô ≤ |Ó|2 . Dans ce cas, Ó est l’affixe complexe du centre de C et
2
son rayon vaut |Ó| − Ô.
Démonstration. Reprenons les notations de la propriété précédente et soit z un complexe. On a les équivalences
z ∈ C ⇐⇒ |z − é| = r ⇐⇒ |z − é|2 = r 2
|z − é|2 = (z − é)(z − é) = zz − éz − éz + éé
On en déduit que
z ∈ C ⇐⇒ zz − éz − éz + éé − r 2 = 0
On peut alors choisir Ó = é l’affixe du centre de C et Ô = |é|2 − r 2 = |Ó|2 − r 2 qui est bien un réel inférieur ou égal
à |Ó|2 puisque
q r 2 ≥ 0, pour obtenir la forme voulue pour l’équation complexe de C. Le rayon du cercle vérifie bien
alors r = |Ó|2 − Ô.
Exemple 8 (Deuxième étude d’une inversion) Soit D une droite ne passant pas par O, puis h : C\{0} →
C, z 7→ 1/z. Alors l’image de D par h, i.e l’ensemble {h(z)|z ∈ D}, noté h(D), est un cercle privé du point
O. En effet, soit zÓ + zÓ = c une équation complexe de D avec Ó un complexe non nul et c un réel. Alors,
soit z ′ un point de l’image de D par h, i.e il existe un complexe z de D tel que z ′ = h(z) = 1/z. Alors
Ó Ó Óz ′ + Óz ′
c= + =
z′ z′ z′ z′
De plus c n’est pas nul, car D ne contient pas le point O. Par conséquent,
Óz ′ Óz ′
z′ z′ − − =0
c c
On reconnaît alors l’équation complexe d’un cercle de centre d’affixe Ó/c et de rayon |Ó|/|c|. Ainsi, h(D)
est inclus dans le cercle de centre Ó/c et de rayon |Ó|/|c|. Réciproquement, soit z un complexe non nul
dans ce cercle, alors
Óz Óz
zz − − =0
c c
et le même calcul que précédemment, justifié par la non-nullité de z assure que
1 1
Ó+ Ó = c
z z
donc que 1/z appartient à la droite D.
La figure suivante représente l’image de la droite D d’équation réelle x + y = 1 (quelle en serait une
équation √ complexe ?) par l’inversion h. L’image obtenue est le cercle C de centre (1 − i)/2, de rayon
|1 − i|/2 = 2/2 privé du point O. On note par exemple le point commun d’affixe complexe 1 entre D et C.
En un certain sens, on peut dire que le point O est l’image de « l’infini » de la droite D.
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