OpenEye N 37 - Juin-Ao T 2024
OpenEye N 37 - Juin-Ao T 2024
OpenEye N 37 - Juin-Ao T 2024
Juin/Juillet/Août 2024
8 14 26 40
Photo de couverture
Michel STEFANINI
52 66 80 92
26 NU 164 essai
Franck MUSSET Cidalia ALVES
Parce qu’il ne faut jamais s’endormir sur ses lauriers, votre magazine a décidé
d’organiser conjointement deux expositions photographiques sur le thème du
Minotaure pendant les Rencontres d’Arles. La première à la galerie Parade,
7 rue de la Roquette en Arles et la seconde à l’Atelier-galerie Michel Stefanini
en plein centre de Mouriès.
Cette initiative a été rendue possible grâce aux dons des Amis d’OPENEYE
et à nos généreux Sponsors, que nous remercions du fond du cœur.
Dans tous les cas vous serez les bienvenus tout au long de ces deux semaines festives (et n’oubliez pas
d’apporter vos portfolios).
Dear Readers
Because we would never wish to rest on our laurels, your magazine has decided to organise two joint
photographic exhibitions on the theme of the Minotaur during the forthcoming ‘Rencontres d'Arles’
festival. The first exhibition will be held at the Galerie Parade, 7 rue de la Roquette, Arles, and the second at the
Atelier Galerie Michel Stefanini in the centre of nearby Mouriès.
The Galerie Parade from 10 am to 7 pm and the Atelier Galerie from 10.30 am to 12.30 pm, as well as from 4.30
pm to 7 pm.w
This initiative has been made possible thanks to donations from the Friends of OPENEYE and our generous
sponsors, who we thank from the bottom of our hearts.
A magnificent catalogue is being prepared, but sadly there won't be enough copies available for everyone as
we're only printing a limited run of 200. Those lucky enough to obtain a copy will possess not only a collector’s
item but an exclusive work of art.
In any event, you'll be most welcome to visit us during these two festive weeks (and why not bring along your
portfolios).
Pierre EVRARD
Philippe LITZLER Directeur de la Publication
Rédacteur en chef Responsable Publicité
Contact avec les marques
Marcel BOI
Jean-Paul GAVARD-PERRET Maquettiste
Rédacteur Graphiste
PAO
Directeur de la publication
Contact marques-Communication
Pierre EVRARD
Apolline SCHMITT
Jacky MARTIN
Rédacteur évènementiel
Avocate (activité dominante, Rédacteur en chef
droit à l’image et à la Philippe LITZLER
Regard sur le monde propriété intellectuelle)
Rédacteurs
Jean-Paul GAVART-PERRET
Jacky MARTIN
Webmaster
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Laura SAMORI Barry GILBERT-MIGUET
Attachée de rédaction Rédacteur-Traducteur Graphiste, maquettiste, PAO
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Attachée de rédaction
Laura SAMORI
Relations publiques
Lény STORA
Ce magazine est édité par :
Pauline PRZYROWSKI Lény STORA
Instagrameuse Responsable des relations publiques OPENEYE
Le regard d’aujourd’hui
sur la photographie
Pour la première fois cette année, OPENEYE monte sa première exposition pendant les rencontres
d’Arles, du 1er au 13 juillet. Nous y présenterons les travaux de 7 artistes qui ont illustré le thème du
Minotaure.
Pour nous aider à financer ce bel événement, nous avons lancé un crowdfunding sur la plateforme
associative HelloAsso. Vous avez été 84 contributeurs à nous soutenir pour un montant de 7700€.
C'est un formidable résultat qui prouve votre attachement à votre magazine. Sans vous l'exposition
n'aurait pas lieu.
Toute l’équipe de bénévoles vous remercie chaleureusement et espère vous rencontrer lors de ces
journées arlésiennes.
For the first time this year, OPENEYE is staging its first exhibition during the Rencontres d'Arles, from
1 to 13 July.
The entire team of volunteers thanks you warmly and hopes to meet you during these Arlesian days.
Lorenzo VITALI
They have gone
Lorenzo VITALI est né à Milan en 1953, ville où il travaille et habite. Médecin de profession et
photographe, ses œuvres ont été publiées dans de nombreuses revues en Italie et ont remporté de
nombreux prix internationaux.
« « Ce travail est né de mon désir personnel d'explorer la relation émotionnelle-affective qui m'a longtemps
lié au paysage de la Vénétie orientale, plus précisément celui de la basse Piave, caractérisé, entre autres,
par la présence de bâtiments imposants et insolites intégrés avec un naturel inattendu dans le paysage.
Ce sont les fermes.
Des vies passées se devinent à l’intérieur et autour de ces monuments d’une réalité paysanne aujourd’hui
disparue. Des dinosaures de pierre marquent le territoire, presque un avertissement pour ne pas oublier
ceux qui se sont réjoui, ont souffert et ont travaillé dur et assidûment ici. J'ai donc créé des images
que l'on pourrait définir comme vivantes, dans lesquelles cependant la patine du temps conserve sa
présence discrète et inimitable. »
Lorenzo VITALI was born in 1953 in Milan, where he still lives and works. A doctor by
profession as well as a keen photographer, his work has been published in numerous Italian
magazines and has been the object of numerous international awards.
“This work stems from my personal desire to explore the emotional/affective relationship that has long
linked me to the landscape of Eastern Veneto, more specifically that of the lower Piave, characterised,
among other things, … by the discreet presence, in the landscape, of unusual imposing buildings,
integrated with unexpected material naturalness in the countryside. They are farmhouses.
What I have tried to tell in this series is a story, one of the many stories hidden in these border areas
between land and water. As an astonished and curious observer, I have tried to give new life to this
apparently ‘forgotten’ landscape, sometimes using my imagination but more often simply trying to grasp
its discreet poetry.
Past lives can be imagined inside and around these monuments to the peasant existence of old. Stone
dinosaurs mark the territory, serving almost as a warning not to forget those who once rejoiced, suffered
and worked hard and industriously here. I therefore created images that could be defined as living, in
which, however, the patina of time maintains its discreet, unmistakable presence.”
Franck MUSSET
Attentes et tentations : Les charmeuses et leur fakir
Il est ici des femmes traversées par l’ondoiement de leur corps aux troublantes transparences, aux
poses soignées et dégagées de l’effet civilisateur du vêtement. MUSSET (au nom idéal...) prouve que
le sexe jamais n'est vraiment apprivoisé. Il est érotisé jusqu’aux lois qui souvent rêvent de le bannir.
L’angélique suggestion d'un sein crée par exemple une apparition presque impalpable et comme au
bord de l’extinction. Au bord aussi d’une renaissance.
Ces corps sont dans la promesse d’éclore. Ils s'offrent et rarement se refusent par discrétions allusives
sans pour autant mettre le moindre bémol sur la tentation de jouer éventuellement d'une fausse naïveté
De la nudité jaillit un véritable « cubisme » car le photographe joue sur un rendu simultané de facettes
intimes et publiques. L'intimité ne se remodèle pas selon nature, mais l'artiste invite selon son regard
à une fouille archéologique symbolique, savante et attachante.
Surgit le regard de l'artiste sur la féminité quasi absolue ouverte à la vraie liberté. Celle qui fonde, qui
brise, qui tend à occuper tout l’espace et faire le vide autour d'elle. À l'inverse de ce regard d’homme,
la femme crée autour d'elle une inflorescence qui la prolonge et l’isole.
La femme peut se voir en saltimbanque. Elle avance nue dans l'imbroglio d’une passementerie
perverse. Elle prend, angélique parfois, les traits d’un archétype obsessionnel. L'amour pour elle n'est
plus une menace assumée mais un jeu de poupée.
Franck MUSSET
Expectations and enticements:
the enchantresses and their fakir
Here are women whose bodies shimmer with disconcerting transparency, meticulously posed and
unconstrained by the supposedly civilising effects of garments. MUSSET (who rather aptly shares
his name with that of a French romantic poet ...) forcefully demonstrates that sexuality can never truly
be tamed. Even the laws that seek to banish it can’t help but inadvertently accentuate its inherent
sensuality. The mere innocent suggestion of a breast, for example, inevitably evokes sensations that
are almost imperceptible, as if originating from the brink of some distant extinction – or, perhaps, from
the very cusp of rebirth.
Indeed, these bodies promise to blossom and bloom. They offer themselves without prurience or the
slightest hint of false modesty. Their nudity evokes a kind of ‘cubism’, as the photographer revels in the
simultaneous rendering of both the public and the intimate. The artist’s eye draws us into a symbolic
‘excavation’ of the latter that proves as erudite as it is highly engaging.
Slowly but surely, the photographer’s vision of almost pure femininity, embracing freedom in its truest
sense, emerges: femininity as embodied by the kind of woman who initiates, who breaks and whose
mere presence creates almost a vacuum around her. Indeed, in stark contrast to the male gaze, women
seem to emit a halo that both enhances and isolates them. They advance naked as if adorned by
a perverse web of finery. To all appearances angelic, they assume the guise of an obsessive arch-
nemesis. For them, love is no longer an implied threat but rather a doll's game – played by a doll who
has no fear of the ephemeral blossoming of morning roses.
Fatma ALMOSA
La spécialiste du Noir et Blanc
Fatma AlMosa est une photographe émiratie d'Abu Dhabi, aux Émirats Arabes Unis, spécialisée dans
la photographie artistique, principalement dans la photographie de rue. Elle est titulaire d'un master en
arts de la communication, spécialisée dans la communication touristique et culturelle.
Le pouvoir de la photographie en noir et blanc ajoute une dimension intemporelle aux images, élimine
toute distraction de couleur.
Fatma a été sélectionnée par Leica Camera pour représenter le lancement du M11 Monochrom dans le
monde entier et présenter son projet d'œuvres d'art en noir et blanc au niveau international en avril 2023.
Toutes les images présentées ici ont été prises dans la péninsule arabique et témoignent également
de la proximité de l'artiste avec la population locale.
Fatma was selected by Leica Camera to represent the launch of the M11 Monochrom worldwide and
showcasing her black and white artworks project on an international level in April 2023.
All the images presented here were taken in the Arabian Peninsula, and also show the artist's closeness
to the local people.
..
Xavier V.
Chambre Six
La photographie de Xavier, alias « Chambre Six », autodidacte, s’intéresse à capturer l’instant présent
avant qu’il ne se dissolve.
Son œuvre est axée sur le travail de mémoire, d’introspection. Plutôt que d’être descriptive, elle cherche
à créer une ambiance, à susciter une émotion. La narration est au centre de son travail qu’il qualifie de
photographie d’auteur.
Il travaille principalement en noir & blanc et adopte généralement le format carré.
Il aborde avec uniformité des sujets aussi variés que les autoportraits, les lieux, les paysages ou les
objets en gardant la même ligne éditoriale.
« L’outil photographique n’est pour moi qu’un moyen et non une finalité, utilisant indifféremment le film
moyen format, le cyanotype, l’instantané ou le numérique.
Mes photographes de référence incluent des auteurs aussi diversifiés que Sarah Moon, Bill Brandt, Irving
Penn, Dieter Appelt, Antoine d’Agata ou Joel Peter Witkin qui me passionnent par leur onirisme et leur
intimité. »
Room Six
Xavier, aka "Chambre Six" (Room 6), is a self-taught photographer constantly striving to capture the
present instant before it fades away.
His work focuses on memory and introspection. Rather than being merely descriptive, he seeks to
create an atmosphere and to arouse an emotion. Narrative is central to his work, which he describes
as ‘auteur’ (author) photography.
He works mainly in black and white and generally adopts a square format to
address a varied range of subjects, from self-portraits to landscapes via spaces and landscapes, with
a common editorial approach.
"For me, photography is a means to an end, not an end in itself, and I am equally at home with medium-
format film, cyanotypes, snapshots and digital photography.
My references include photographers as diverse as Sarah Moon, Bill Brandt, Irving Penn, Dieter Appelt,
Antoine d'Agata and Joel Peter Witkin, who all fascinate me with the dreamlike quality and intimacy of
their work.”
« À cacher »
Mais en fait n’est il pas plutôt un révélateur pointant du doigt une douleur qui autrement n’aurait pas été
perçue.
Le sujet ne s’en sert il pas pour afficher sa souffrance ?
« À guérir »
Mais sa présence même n’agit elle pas comme un catalyseur pour se complaire dans la maladie et la
pitié tant espérée ?
Bandages
What are bandages used for ?
“To protect”
But who, and from what?
The wound from external damage?
Or, on the contrary, the external world from the sight of unpleasantness?
“To hide”
But isn't this counterproductive, merely serving to draw attention to pain that otherwise may not have
even been noticed?
Conversely, indeed, perhaps the subject uses it to actually exhibit his or her suffering?
“To heal”
But doesn't the very presence of a bandage act as a catalyst for indulging in the infirmity and basking in
the consequent pity?
The skin and the strips of material are one and the same..
Nicole GRANGIER
Peau d’arbre, peau d’homme
Nicole GRANGIER est une ancienne professeure d’art plastique, mais ses pérégrinations et son
engagement pour la cause des femmes l’ont conduite aussi bien en Iran où elle a rencontré des
habitantes de Téhéran dans leur intimité, qui bravaient l’ordre islamique pour continuer à survivre,
qu'en Inde où elle s’est intéressée à la cause des femmes Dalits, intouchables ignominieusement
refoulées.
Mais ce qui anime Nicole, c’est la poésie. Dans le texte, puisqu’elle écrit des poèmes, et aussi dans la
photo. Ses images étonnantes d’écorces nous dévoilent les traces gravées par la vie dans les arbres.
Ces griffures semblent très épidermiques tant l’arbre est proche de nous.Nicole GRANGIER met avec
bonheur le doigt dessus.
Her travels, coupled with a strong commitment to the rights of women, have taken her to Iran - where
she established a close connection with women of Tehran who dare defy the Islamic order - and to
India, where she took a particular interest in the cause of Dalit women, who, as untouchables, are
ignominiously shunned.
Primarily, what drives Nicole is poetry – both literally, as she herself writes poems, and figuratively
through her photography. Her remarkable images of bark highlight the traces of life etched in trees –
traces that are vividly reminiscent of those wrinkles and scars that give character to human skin. In this
way, Nicole GRANGIER subtly brings home the inter-relationships that intimately connect us with all
nature.
Gilles GALOYER
HONEY
Maxence commence sa deuxième vie à la tombée du jour, lorsqu’il endosse les personnalités de ses
personnages extravagants instinctivement créés par sa passion de drag-queen.
Biographie : Photographe indépendant depuis 37 ans, exerçant à Grenoble, je ne supporte pas d’être
rangé dans une case. Je me nourris de la diversité des sujets, passe du studio au reportage ou à l’IA,
de la nature morte au personnage. C’est une façon de régénérer mon inspiration et de m’assurer une
pratique photographique renouvelée qui s’inscrit dans la durée.
Artistic Objective
Maxence begins his second life at dusk, when he assumes the personalities of the extravagant
characters he instinctively creates in pursuance of his passion for drag.
Our meeting led to the project, inspired by the pride flag, featured here:
For each colour, Honey designed a costume and make-up.
For each character, I created an appropriate staging and atmosphere.
In this way, we have joined together our respective energies to affirm that life is a celebration, an
antidote to the growing anxieties of our times.
Bionote : As a freelance photographer based in the French city of Grenoble for 37 years, I can't abide
being pigeon-holed. I thrive on the diversity of subjects, and gravitate freely from a studio context
to reportage, via still life or character studies as well as work using AI. It's a way of refreshing my
inspiration, and of ensuring that my photographic approach continues to evolve sustainably over time.
Maryna BRODOVSKA
Je plaisante donc je suis
Née en 1988 à Mykolaiv (Ukraine), Maryna BRODOVSKA vit et travaille à Kyiv. Elle est titulaire d’une
maîtrise en gestion des arts de l’université Dragomanov, membre active de The Ukrainian Woman
Photographers Organization (Association des femmes photographes ukrainiennes), et tutrice au sein
de l’école d’art MYPH. Elle concentre sa pratique autour du collage et de la photographie.
Nous avons fait sa connaissance au Centquatre en avril dernier. Elle y exposait dans le cadre du
festival Circulation(s) de la jeune photographie européenne.
Pendant les premiers jours de la guerre en Ukraine, la jeune artiste a dû faire le choix de se cacher, à
l’abri des bombes et des combats de rue, dans la peur et l’ignorance de ce qui allait suivre. Pour éviter
la mort, elle s’est réfugiée au plus proche d’elle, silencieusement, pendant trois jours. Elle partage avec
nous son expérience surréaliste à travers ses textes et collages.
« Cela m’a aidé à voir la beauté de chaque seconde de la vie .Cela m’a donné l’espoir de traverser cette
période difficile. J’apprendrai à vivre, à aimer et à rire à nouveau, en regardant droit dans l’abîme de la
mort, sans crainte. » – MB
I joke, therefore I am
Born in 1988 in Mykolaiv (Ukraine), Maryna BRODOVSKA currently lives and works in Kiev. She holds
an MA in Management of the Arts from Dragomanov University and is an active member of The Ukrai-
nian Woman Photographers Organisation, as well as a tutor at the MYPH school of art and conceptual
photography. Her work focuses on collage and photography.
We met her at Le Centquatre cultural centre in Paris last April, where she was exhibiting in the context
of the Circulation(s) festival of young European photography.
At the outset of the war in Ukraine - faced with fear and uncertainty as to the country’s fate - the young
artist had little choice but to rapidly find shelter from the bombs and street fighting. To avoid being killed
in the onslaught, she was forced to hide for three long days. She now shares this surreal experience
with us through extracts from her diary record and accompanying collages.
"It helped me see the beauty in every second of life and gave me the hope needed to get through this
troubled period. I will learn to live, love and laugh again, from looking straight into the abyss of death,
without fear." – MB
Je n’étais pas prête pour la guerre. Je n’avais pas de valise d’urgence et aucune économie. Il faisait
sombre dans la cour mais la plupart des fenêtres des immeubles étaient allumées. Les voitures de
mes voisins étaient alignées, l’une derrière l’autre. Je me souviens des bruits de roues des valises, des
figures d’enfants endormis qui tiraient leurs lapins en peluche et tenaient dans leurs bras leurs petits
chiens ou leurs petits chats effrayés.
L’air était immobile et tout cela me semblait un rêve dont je devais me réveiller
At 5:23 in the morning, my friend called me and said that the war had started. I remember her voice,
she talked quickly. She said that I needed to take my staff, find shelter, and don't forget the documents.
My hand, which was holding the phone, became wet. I felt a sharp pain in my chest. The air in the room
suddenly ran out. I opened the window and in a second or two I heard air raid sirens. ….
I was not ready for the war. I didn't have an emergency suitcase packed and I didn't have any savings.
It was dark in the yard, but in most windows of the high-rise buildings the lights were switched on.
My neighbours’ cars were lined up one by one. I remember the sounds of wheels on the suitcases. I
remember figures of sleepy children dragging their plush bunnies and puppies and frightened cats in
their parents' cars.
And the air did not move, and it seemed that it was all a surreal dream, from which I must immediately
wake up.
La mort ne semble jamais avoir été aussi proche de moi. Et je n’ai jamais autant voulu vivre.
Oh, j’aurais aimé pouvoir voir l’expression de ton visage et les yeux de ta mère quand je lui ai écrit ce
message « tout va bien, ne t’inquiète pas, je suis à la morgue ». En fait y aller était la meilleure décision
à prendre. Le sous-sol de la morgue est devenu pour moi à ce moment l’endroit le plus sûr du monde.
Je ne savais pas me comporter correctement pendant la guerre, la seule chose dont je me souvenais
était de me tenir à l’écart des personnes et des fenêtres suspectes.
I called my friend Olya, she might have a plan for what to do in case of war. She said that we could be
together, and we need to find a safe place as soon as possible. The most reliable shelter we knew was
the place where Olena Oleksandrivna, her mother, works. It was the basement of the hospital morgue.
The hospital will definitely not be shelled, we thought … .
Death seems to have never been so close to me. And I have never wanted to live here as much as I did. …
Oh, I wish I could see the expression on your face now! And my mother's eyes, when I wrote her a
message saying "everything is fine, I'm in the morgue. Do not worry". Actually, going there was my best
decision.
I didn't know how to behave properly during war, the only thing I remembered was to stay away from
suspicious people and windows. The basement of the morgue became the safest place on earth for me.
Hier encore j’avais fêté l’anniversaire d’un ami dans un café de Kiev puis préparé un gâteau et je m’étais
endormie dans mon pyjama préféré dans mon appartement. Maintenant je suis ici et je déambule dans
les couloirs de l’hôpital. Bizarrement je n’ai pas peur mais dehors des coups de feu se font entendre et
des combats de rue résonnent au loin
« - Tu crois qu’ils viendront ici ? bien sûr que non, c’est une morgue. Personne ne vient ici de son plein gré !
Les filles, n’ayez pas peur. Au cas où, j’ai des couteaux pour nous défendre. Et puis, si vous avez peur, allez
dans la chambre froide, elle est équipée d’une serrure à code. Personne ne l’ouvrira, c’est sûr »
It's quiet here. Wi-Fi works perfectly, and there are ‘barberry’ candies and cookies in the crystal can-
dy box. … On the first night, none of us slept. … Sometimes we sat in the basement, sometimes we
went up to the head doctor's office, where non-stop television shows were broadcasting about where
Russian rockets had hit and how many days we had until "complete russification", according to the
‘experts’. …
Just yesterday, I celebrated a friend's birthday in one of Kyiv’s cafes, then baked a cake and fell asleep
in my favourite pyjamas in my apartment. … Strangely enough, I am not scared here at all. Because
all the worst things happen outside the window.
Combien d’heures se sont écoulées depuis la fin de ma vie normale ? Est-ce que j’existe encore ? et
si mon corps se repose ici dans cette chambre froide, mon âme n’erre-t-elle pas dans l’hôpital ?
Médecins, robes blanches, visages calmes, conversations téléphoniques que tout le monde entend,
blagues, rires…et je ris aussi, comme si c’était la première fois de ma vie.
Il fait nuit, nous sommes à nouveau seuls par terre. Nous devons dormir d’une manière ou d’une autre.
La sirène retentit, une fois, deux fois, trois fois. Nous restons au sous-sol pour la nuit
The next day, a normal working day at hospital began. Well, not ‘ordinary’. … We sat in a corridor,
drinking tea, with those cookies from the vase and did not feel the passing of time. How many hours
have passed since my normal life ended? What if I don’t exist anymore? What if my body is lying in the
refrigerator, and only my soul is wandering around the hospital?
Doctors. White robes. Calm faces. Awkward phone conversations. Jokes. … Everyone laughs. And I
laugh too. As if for the first time in my life. …
Une bouteille de champagne, un pot de caviar et des frites dans un récipient en plastique. Nous
sommes assis dans le sous-sol de la morgue et buvons pour la vie. Un médecin qui a aussi passé la
nuit ici fait une plaisanterie drôle
Et puis une autre nuit blanche. Avec des tirs plus forts, des explosions et des combats de rue. La
nuit suivante, nous avons décidé de partir, je ne sais pas où, ni comment, ni pour combien de temps.
Nous sommes arrivés à la frontière en six jours, passant de voiture en voiture, rencontrant des gens
formidables.
Le rêve n’est pas terminé mais je pense que je sais désormais comment continuer à vivre : tant que je
plaisante, j’existe. Eh oui, la morgue m’a appris cela. Alors merci ma chère morgue. Et au revoir ! Non,
à bientôt. Plus tard. Je te le promets
And then another sleepless night. With louder shots, explosions, and street fights. The night after …
we decided to leave. Not knowing where, not knowing for how long, not knowing how. We got to the
border in six days, changing from car to car, staying overnight in a new house each time, meeting
wonderful people. The surreal dream is not over, but I think I now know how to live in it. … As long as
I joke - I exist. And yes, the morgue taught me that.
So, thank you my dear morgue. And goodbye! No, see you. Later. I promise.
David DAUBA
Ma vie sans moi
«Ma vie sans moi propose des photos modernes, colorées, drôles, poétiques qui témoignent de la vie
d’un homme dont le visage n’apparaît jamais. Si certains verront que le modele est toujours le même,
rares sont ceux qui comprendront qu’il s’agit d’autoportraits.
Cette série retrace donc mon quotidien. Celui d’un homme auquel il manque une part essentielle de
lui-même : son visage et la symbolique qui va avec. Le mystère qui découle de ces photos perturbe
la lecture et invite le lecteur à une introspection. C’est elle qui lui permettra d’accéder à la véritable
histoire cachée derrière cette série : l’individu face à un burn-out… Comme une sorte de témoignage.
My life without me
This humorous yet poetic series comprises a collection of modern, colourful photographs showing sce-
nes from the life of a figure whose face is never revealed. While many readers will notice that they all
feature the same model, few will perhaps realise that they are all in fact self portraits.
Indeed, the images retrace the photographer’s daily life - the existence of a man who is apparently
missing an essential part of himself. The heavy symbolism that this missing face evokes adds to the
inherent mystery of the photographs, which both disturb and lull the viewer into a kind of introspection.
Eventually, we begin to sense the true meaning conveyed by the images, namely the plight of an indi-
vidual facing burn-out. In this respect, the series serves as a forceful personal testimony.
Jaroslava ŠNAJBERKOVA
Les coulisses
Jaroslava ŠNAJBERKOVA est une photographe tchèque qui vit et travaille à Berlin. Elle a obtenu
en 2010 un master en photographie à l'école de cinéma et de télévision de l'Académie des arts du
spectacle de Prague.
Après dix ans de collaboration avec le magazine Czech Radio, où elle a réalisé la plupart des couvertures,
elle a obtenu un stage chez Cosmic Models à Londres et s'est intéressée à la photographie de mode
en 2010. Elle y a retrouvé sa passion pour les beaux-arts. Depuis 2021, Jaroslava est doctorante à
l'Université d'Algarve au Portugal, dans le cadre de l'étude Média-Arte Digital.
Présentées dans Schön, voici quelques images de la Semaine de la Mode de New York et de Paris…
et un autre autoportrait.
After working for ten years for the magazine of Czech Radio, for which she shot most of the covers,
she embarked on an internship with Cosmic Models in London and from 2010 onwards became
increasingly interested in fashion photography, as well as rediscovering her passion for fine art.
Since 2021, Jaroslava has been a doctoral student at the University of Algarve in Portugal where she
specialises in Digital Media-Art.
Here are a few of her images from the New York and Paris fashion weeks that featured recently in
Schönmagazine, as well as another of her self-portraits.
Alain NAHUM
RER Nation
Alain NAHUM est réalisateur et photographe. Il développe ses recherches autour du film, de la
photographie et du dessin. Il a réalisé pour la télévision des séries, des documentaires et des films de
fiction. Pour ses photos, dessins et peintures, il est représenté par la Galerie Marie Vitoux.
Certaines des photographies présentées ici sont exposées d’avril à novembre 2024 à La Fabuloserie,
le musée de l’art hors norme créé par l’architecte Alain BOURBONNAIS (qui a conçu la station Nation
du RER A et son mobilier urbain).
Alain NAHUM is a film-maker and photographer. He has directed series, documentaries and fiction
films for television and his personal research focuses on film, photography and drawing. His photo-
graphs, drawings and paintings are represented by the Marie Vitoux Gallery in Paris.
Some of the photographs presented here will be on display from April to November 2024 at the Fabulo-
serie, the speciality museum devoted to ‘out of the ordinary creations’ founded by the French architect
Alain Bourbonnais (who notably designed the first station, Nation, on the commuter rail and rapid tran-
sit system (RER) serving Paris and its suburbs. Bourbonnais also conceived the station’s distinctive
furniture and fittings.
Tobias ZARIUS
Holi colors
La Holi parfois appelée fête des couleurs ou Phalguna, est une fête hindoue surtout observée dans la
moitié nord de l’Inde, au Deccan et au Népal vers l'équinoxe de printemps1.
Les gens, habillés en blanc, y circulent avec des pigments de couleurs qu'ils se jettent les uns sur
les autres. Ces pigments ont une signification bien précise : le vert pour l'harmonie, l'orange pour
l'optimisme, le bleu pour la vitalité et le rouge pour la joie et l'amour.
Tobias ZARIUS, qui s’est fait une spécialité de photographier les enfants, s’est inspiré de cette coutume
pour réaliser cette très belle série de neuf visuels qu’il a produite pour les dix ans de Milk magazine,
magazine pionnier de la mode enfantine
Holi colours
Holi, sometimes referred to as the Festival of Colours, or Phalguna, is a Hindu festival, celebrating the
arrival of spring. It is observed mainly in the northern part of India as well as in the Deccan region and
Nepal.
The local people, dressed in white, take to the streets and spray each other with vividly coloured pig-
ments. Each colour carries a distinct symbolic signification: green for harmony, orange for optimism,
blue for vitality and red for joy and love.
Tobias Zarius, who specialises in photographing children, was inspired by this colourful tradition to
produce a beautiful series of nine images marking the tenth anniversary of MilK magazine, the leading
contemporary children’s fashion and lifestyle quarterly.
Cidalia ALVES
Atterrar
« Capter l’éphémère, la fragilité de cet instant, de ce paysage, de cette matière ou de cette texture pour
en garder un témoignage et ne jamais le perdre, l’oublier, c’est mon obsession depuis toujours :
le temps, la déchirure, les séparations… »
Depuis des années, le travail artistique de Cidalia ALVES s’articule autour d’un témoignage du temps,
ou plutôt des traces que laisse le temps, celui qui passe et où l’instant est unique.
« Dans cette série, j’explore un voyage émotionnel après la disparition d’un être cher. Devant moi, la ligne
d’horizon paraît confuse, derrière moi les souvenirs s’entremêlent dans un brouillard indescriptible. Je
comprends que le vide est immense, qu’une partie de moi-même devient invisible, qu’elle disparaît.
Les gouttes sont le reflet de toutes les larmes de mon corps et j’essaie de les retenir dans l’image pour
ne jamais oublier. Sur cette piste, je m’accroche aux souvenirs, ferme les yeux et décolle ».
"Capturing the ephemeral, the transient fragility of the present moment, landscape, material or texture
in order to preserve it for posterity - so that it can never be lost or forgotten - has always been an
obsession of mine – evoking notions of time, rupture, separation ...".
For many years, Cidàlia Alves' artistic approach has revolved around exploring time or, more specifically,
the traces left in its wake – those unique moments that mark its passing.
"In this series, I explore the emotional journey that follows the death of a loved one. Before me, the
horizon appears blurred while, behind me, memories merge into an indescribable fog. I realise that the
void is immense, that part of me is becoming invisible, disappearing.
The droplets reflect all the tears in my body, which I try to retain in the image so as never to forget.
On this runway of life, I cling to the memories, close my eyes and take off".
Karen SIMON
Visiteurs Mystères
La photo a toujours été une évidence pour moi, depuis mes premières photos de reflets et de fragments
de ville, pour s’ancrer depuis de nombreuses années dans une démarche où la couleur et l’abstraction
prédominent.
Je suis inspirée par les émotions ressenties en admirant les œuvres de peintres tels que Gérard
Schneider, Gerhard Richter, Hans Hartung, ou des photographes comme Saul Leiter, Sarah Moon et
Dolores Marat.
Cette citation d’une amie photographe pourrait être la mienne : « Comme le peintre, face à sa toile,
oublie l’image pour ne plus penser qu’à la peinture, qu’elle soit, d’ailleurs, figurative ou abstraite – j’ai
progressivement oublié le sujet pour ne voir qu’un équilibre de formes et un rapport de couleurs ».
Mysterious Visitors
Ever since my first tentative photos of reflections and urban vignettes, photography has been a vital,
almost instinctive, part of my life. For many years now, colour and abstraction predominate in my work
and characterise my approach.
I'm inspired by the emotions I feel when admiring the works of painters such as Gérard Schneider,
Gerhard Richter and Hans Hartung, or photographers like Saul Leiter, Sarah Moon and Dolores Marat.
This quote from a photographer friend aptly encapsulates my own way of thinking: "Just as a painter
forgets the image in front of the canvas to focus concentration on the painting, be it figurative or abstract, so
I gradually began to disregard the subject and see only the inherent balance of shapes and the relationship
between colours".
En revanche, il est certain que le calotype est « l’instrument suprême du paysage ». Ses qualités
graphiques et sa texture le rendent proche des gravures à l’aquatinte et les peintres de l’École de
Barbizon le reconnaissent comme un moyen de traiter la nature proche de leurs propres recherches.
De l’autre côté de la Manche on trouve également d’excellents praticiens qui sont souvent d’anciens
peintres reconvertis mais que leur formation artistique a rendus sensibles aux problèmes de la
composition de l’image et à la qualité de la lumière.
Certains deviennent de véritables professionnels ayant pignon sur rue, avec studio, laboratoire et
structure commerciale pour vendre leurs images alors que d’autres restent de grands amateurs
pratiquant la photographie par plaisir ou comme activité annexe.
Le docteur Thomas Keith (1827-1895), écossais, photographie Édimbourg avec une grande
sensibilité et de réelles qualités artistiques. Roger Fenton (1819-1869), peintre de formation, fonde
le « Calotype Club » puis la « Photographic Society of London » en 1853. Connu pour ses œuvres
sur l’architecture russe et ses paysages romantiques, il s’illustrera surtout pendant la guerre de
Crimée. Robert Henry Cheney, grand amateur de paysages romantiques qu’il traite avec emphase,
produit beaucoup d’images du Warwickshire dans les années 1850.
ARAKI BY ARAKI
Relié
Nombre de pages : 568
Illustrations couleur : 250
Format : 25 x 34,9 cm
ISBN 3836551128
Prix : 25
Japon
Irena TREVISAN
Une beauté raffinée et discrète enveloppe de son élégance le
pays du Soleil levant, peignant d'une main assurée les traits de
ses longues côtes, de ses volcans aux cimes enneigées, de ses
sources thermales, entre les étendues d'érables rouges et les
tiges de bambou
Relié
Nombre de pages : non communiqué
Illustrations couleur
Format : 32 x 28 cm
ISBN 2719111155
Prix : 41 €
Citoyens modèles
Debi CORNWALL
Relié
Nombre de pages : 216
Illustrations couleur
Format : 23 x 30 cm
ISBN 2386290182
Prix :55 €
LE PORTRAIT au NATUREL
Jérémy GUILLAUME
Voici un guide décomplexant, ultra motivant.
Jean-Jacques Naudet
LA SAISON
Qu’il cache ou montre le corps, qu’il exalte
les formes ou les redessine, qu’il réchauffe,
protège, singularise ou uniformise, qu’il soit
utilitaire ou d’apparat, le vêtement est multiple !
Téléchargez le dépliant,
en cliquant sur l'affiche ci-contre
Avec cette nouvelle saison culturelle thématique qui se déroule depuis le mois de février 2024 et qui se poursuivra
jusqu'au mois de septembre 2025, le Département de l’Isère invite à regarder autrement les vêtements et les
manières de se vêtir en dévoilant ce qu’ils disent de leur époque et de ceux qui les portent.
Au programme et à destination d’un très large public : une série d’expositions, des cartes blanches à des artistes
invités mais aussi des grands rendez-vous et toute une programmation culturelle… cousue main !
https://openeyelemagazine.fr/contact/