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Copie de Nebra

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Le disque céleste de Nebra

Introduction présentation :

L’histoire de la mise au jour du disque de Nebra est assez particulière, en effet il a fallu plusieurs
années avant que les archéologues puissent mettre la main sur cet artefact à la suite de sa
découverte.
Cette dernière a eu lieu en juillet 1999 sur la colline du Mittelberg près d’une petite ville allemande
nommée Nebra-sur-Unstrut, par deux détectoriste ; Henry Westphal et Mario Renner.
Les deux hommes mettent également au jour deux glaives aux pommeaux ornés d’une fine bague
en or et en cuivre ainsi que des bracelets à spirales et haches en bronze. Le lieu d’excavation des
objets est une fosse creusée et renforcée par des pierres.
Après une vente sur le marché noir de Cologne à plus de 30 000 deutschemark soit 16 000 euros.
L’acquéreur de la pièce nettoie le disque à l’aide de paille de fer ce qui va nettement abîmé les
incrustations en or.
Il tente par la suite de revendre l’objet à différents musées sans succès, et finit par trouver un
acheteur en la personne d’un collectionneur pour une somme équivalente à 100 000 euros.
1 an plus tard, le directeur de la collection préhistorique du musée de Berlin va montrer les clichés
qu’il avait reçu du disque par le premier acheteur à Harald Meller à l’époque archéologue d’état de
Saxe-Anhalt.
Meller comprenant tout de suite la valeur d’une telle production va mettre en place un guet-apens
afin de réquisitionner le disque, sa technique, se faire passer pour un acheteur potentiel auprès du
propriétaire.
Digne d’un film la scène se passe dans l’hôtel Hilton de Bâle en Suisse et c’est les polices locale et
allemande qui sont chargées de la sécurité de la mission. Le rendez-vous à lieu dans le restaurant de
l’hôtel, privatisé pour l’occasion et c’est Harald Meller en personne qui se charge de la fausse
transaction.
Le disque est depuis 2004 conservé au musée régional de la Préhistoire de Halle-sur-Saale, en
Allemagne.
10 ans plus tard en juin 2013 il est inscrit au programme « mémoire du monde » de l’UNESCO en
tant que découverte majeure du XXe siècle.
Mais alors pourquoi cet objet est-il considéré comme une découverte importante ? En quoi est-il
unique ? Et que nous révèle-t-il sur le savoir des hommes à l’âge du bronze en Europe central ?
Il sera question tout d’abord de l’objet en lui-même, ses caractéristiques et son origine. Puis dans
une seconde partie de son symbolisme et ce qui fait de cet artefact un disque dit « céleste ».

I-Un objet inédit :

Le disque mesure 32 cm de diamètre, il a une circonférence d’1m et pèse à peu près 2 kilos.
Son épaisseur varie de 4,5 mm à 1,5 mm entre l’intérieur et l’extérieur.
A l’origine la couleur du disque était probablement d’un noir chatoyant qui a laissé place à un vert
foncé lié à la corrosion du fer.
Sa base est faite en cuivre recouverte d’une patine et les petits éléments sont en or. Il y a 50
grammes d’or en tout sur le disque, pour 2 kilos de bronze.
On trouve 32 points dorés situées à une certaine distance les uns des autres, excepté un amas de 7
qui sont très rapprochées entres elles nous verrons plus tard pourquoi.
Également présent sur le disque : un croissant ainsi qu’un cercle et un arc rainuré.
De chaque côté sont disposés des arcs dorés mesurant chacun 27 cm, l’un d’eux a disparu et il ne
reste que son emplacement.
On peut observer 39 trous répartis de façon égale sur tout le tour du disque, chacun mesurant
environ 3 mm de diamètre.
Les experts ont datés l’artefact au carbone 14 entre 1600 et 1560 av. n. è. Soit au début du Bronze
moyen.
Quant à la provenance des matériaux Les analyses par fluorescence au rayon X, qui est une
méthode permettant de détecter tous les différents composants d’un alliage afin de déterminer
l’origine des matériaux, ont laissé paraitre que le cuivre vient de la ville de Bischofshofen en
Autriche et l’or de la rivière Carnon au sud-ouest de l’Angleterre. Pour ce qui est de l’étain, il
proviendrait des Cornouailles également dans le sud-ouest de l’Angleterre.
Les analyses ont permis de montrer que le bronze présent sur le disque est assez doux c’est-à-dire
avec une composition très légère en étain, moins de 2,5 %.
Ce qui est important de comprendre c’est que l’apparence actuelle du disque céleste est le résultat
d’une transformation multiple, qui a probablement pris environ 150 à 200 ans. Jusqu’à présent, nous
pouvons distinguer cinq phases. La première phase s’effectue dans la deuxième moitié du XVIIIe
siècle av. n. e. à ce moment-là le disque est forgé puis décoré des 32 étoiles ainsi que du croissant et
du cercle.
Puis vient la deuxième phase durant la première moitié du 17e siècle av. n. e. où deux arches sont
attachées au bord du disque. Deux étoiles ont été retirées lors de cette manœuvre il reste encore les
traces sous l’arche. Au milieu du XVIIe siècle av. n. e. s’opère la troisième phase où apparait un
autre ornement différent des autres c’est l’arc rainuré. Durant la fin de ce siècle le disque rentre
dans sa quatrième phase où il se voit perforé sur ses côtés. A ce stade les chercheurs s’accordent à
dire que le disque à changer d’utilité en effet les perforations ne prennent pas compte des ornements
dorés surement dû à une volonté d’en faire un étendard par la fixation du disque à un support en
matière organique néanmoins il n’a pas été possible de déceler de restes de fixation. Ce type
d’étendard est fréquent à l’époque avec par exemple l’étendard solaire de JUTLAND au Danemark
que vous retrouvez juste ici. La phase finale à lieu vers 1600 av. n. e. au moment de son dépôt, les
experts pensent que l’une des deux arches a été séparée à ce moment et que le supposé support
aurait également été soustrait.
Ces différentes évolutions permettent de mettre en lumière l’importance que le disque a pu avoir
durant l’âge du bronze ce qui expliquerait également son emplacement de dépôt assez particulier.
Le Mittelberg se trouve en effet au cœur de la forêt de Ziegelroda qui est, avec environ 800 tumulus
l’un des paysages funéraires les plus denses d’Europe. Par exemple le trésor en or de Dieskau est un
des cas rares pour l’Europe centrale avec presque 2 kilos d’or découverts à quelques kilomètre de
Nebra datant aux alentours de 1765 à 1625 avant notre ère. Il y a aussi la tombe princière de
Leubingen doté d’un riche mobilier funéraire avec des outils, des armes et une parure en or. Cette
région n’était surement pas boisée à l’époque et aucunes traces d’établissement humain à l’âge du
bronze n’a été découverte sur le Mittelberg. Les archéologues supposent donc un emplacement de
lieu sacré hors de la vie quotidienne. Ce qui accentue encore le caractère unique du disque. Il faut
bien comprendre qu’aucun autre objet ne peut permettre une comparaison avec le disque de Nebra.
L’objet est si unique qu’aucune typologie pour le situer culturellement et temporellement n’est
possible. Ce qui est étonnant aussi c’est la technique employée pour la réalisation du disque. Le
savoir-faire ayant permis cela est inconnue pour l’Europe centrale à l’âge du bronze on nomme cette
technique le « damasquinage » venant de l’espace méditerranéen oriental, le mot damas faisant
référence à la capitale de la Syrie. C’est une technique de décoration qui consiste à enchâsser un fil
de cuivre, d'or ou d'argent sur une surface métallique afin de créer différents motifs décoratifs.

TRANSITION
Mais alors que signifient justement ces décors, que représentaient ils pour les hommes de l’âge du
bronze.
Il va donc être question maintenant du symbolisme présents sur le disque.
II- Le symbolisme :

Il est important de savoir pour répondre à la problématique que ce disque est la plus ancienne
représentation astronomique connue pas seulement en Europe mais dans le monde entier. Le fameux
zodiaque de Dendérah daterait de l’époque romaine soit 50 avant notre ère. Il est donc très rare de
trouver des objets où figurent le ciel et les astres.
Bien évidemment il ne s’agit pas ici d’une tentative de reproduction réaliste du ciel. Les
concepteurs ont plutôt voulu faire figurer des parties importantes de ce dernier à leurs yeux.
L’ensemble des points dorées représentent le ciel étoilé.
On trouve un cercle comme je le disais précédemment qui pour certains figure le soleil et pour
d’autre une pleine lune.
Le groupe de sept étoiles rapprochées est assimilé aux pléiades ayant déjà une importance dans les
croyances et les pratiques durant l’âge du bronze.
Dans de nombreuses cultures la visibilité ou non des filles d’Atlas est associée à des règles sur
l’agriculture ainsi que la navigation.
Le poète grec Hésiode au VIIIe s. av. n. è. parle des pléiades dans Les travaux et les jours. Il dit je
cite « Quand les Pléiades, célestes filles d’Atlas, paraîtront sur l’horizon, commencez à moissonner
et quand elles commenceront à disparaître, labourez.» fin de citation
Pour ce qui est des arcs dorés situés sur les côtés du disque ils forment un angle de 82 degrés
correspondant aux directions des points extrêmes des levers et couchers du soleil pour la latitude de
Nebra au solstice d’Hiver et d’Eté.
Sur la partie basse l’arc rainuré est assimilé à une arche, il faut savoir qu’à cette époque dans
l’espace baltique le symbole le plus important est celui du bateau. Que ce soit sur des peintures
rupestres ou bien sur des rasoirs les embarcations sont omniprésentes dans l’imaginaire des artistes.
Il est donc normal de croiser ici une telle allusion au voyage du soleil dans le ciel.
Selon l’astronome Rahlf Hansen du Planétarium de Hambourg une règle d’intercalation est codée
sur le disque à l’aide des étoiles cela servait à harmoniser les années, en effet si un croissant de lune
ressemblant à celui du disque apparaissait au printemps à côté des pléiades un mois bissextile devait
être inséré. Hansen en vient à considérer l’hypothèse d’un transfert de connaissances venu de la
Mésopotamie car la fixation écrite d’une telle règle d’intercalation reposant sur la position de la
lune par rapport aux Pléiades, n’est attestée pour la première fois que dans des textes en écriture
cunéiforme babyloniens de la fin du VIIIe siècle av. notre ère. Ceux-ci se fondent toutefois sur des
observations du ciel ancestrales.
Cela montre que les habitants de la région du Mittelberg possédaient des connaissances
astronomiques avancées et trouvaient nécessaire de les exposer sur un objet afin de faire perdurer
cette connaissance au sein de leur clan. Ce symbolisme est plus qu’il n’y parait il est révélateur
d’une science des astres. Une science qui serait peut être le fruit de voyage en orient ou de contacts
direct avec des voyageurs venu du croissant fertile.
Malgré que sa fonction soit flou ce disque est une synthèse de ce que le ciel avait de plus important
aux yeux des anciens habitants de cette région.

Conclusion :
Pour conclure il est possible de dire que le disque de Nebra est non seulement important à notre
époque pour mettre en lumière les connaissances astronomiques des hommes à l’âge du bronze mais
était également important au moment de sa création. Ayant servi à différentes fins il est le résultat
d’un long travail et fut passé de génération en génération preuve de sa grande valeur. Il est
important de saisir la portée que ce disque a pu avoir sur la vision que nous avons actuellement de
l’âge du bronze. Que ce soit pour la technique de fabrication ainsi que de la précision astronomique
dont les hommes de la région du Mittelberg ont fait preuve. Entre le « damasquinage » venu de
Syrie et les positions des astres connus par les Mésopotamiens tout porte à croire que des contacts
avec les terres du proche orient eurent lieu et que les voyages intercontinentaux étaient déjà effectué
durant l’âge du bronze. Le disque est donc comme l’annonçait l’UNESCO en 2013 une découverte
majeure du XXè siècle. Ce qui lui vaut même depuis 2007 d’avoir un musée spécialement consacré
à sa découverte dans les environs du lieu où il fut mis au jour en 1999.

Merci de votre attention et voici la bibliographie

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