Cours - Espaces - Vectoriels, MRDC
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Dans ces notes, on désigne par : • (𝐾 , +, ×) un corps (commutatif) dont on note respectivement 0𝐾 et 1𝐾
les éléments neutres additif et multiplicatif ; • (𝐸, +, ⋅) un (𝐾 , +, ×)‐espace vectoriel dont on note 0𝐸 le vecteur
nul.
Stabilité par combinaison linéaire Soient deux couples (𝑥, 𝑦) ∈ 𝐺 2 et (𝜆, 𝜇) ∈ 𝐾 2 . Il existe un couple
de familles (𝒳, 𝒴 ) = ((𝑥𝑖 )𝑖∈𝐼 , (𝑦𝑖 )𝑖∈𝐼 ) ∈ ℱ 2 telles que (𝑥, 𝑦) = (∑𝑖∈𝐼 𝑥𝑖 , ∑𝑖∈𝐼 𝑦𝑖 ). Notons (𝑆, 𝑇 ) ≔ (supp(𝒳 ),
supp(𝒴 )) et définissons la famille 𝒵 = (𝑧𝑖 )𝑖∈𝐼 ≔ (𝜆 ⋅𝑥𝑖 +𝜇 ⋅𝑦𝑖 )𝑖∈𝐼 ∈ 𝐸 𝐼 ainsi que son support 𝑈 ≔ supp(𝒵) ⊆ 𝐼 .
Pour tout indice 𝑖 ∈ 𝐼 , la partie 𝐹𝑖 est stable par combinaison linéaire, si bien que 𝑧𝑖 ∈ 𝐹𝑖 . On peut écrire :
∀𝑖 ∈ 𝐼 , 𝑖 ∉ 𝑆 ∪ 𝑇 ⇔ (𝑖 ∉ 𝑆 ∧ 𝑖 ∉ 𝑇 )
⇔ 𝑥𝑖 = 0𝐸 = 𝑦𝑖
⇒ 𝑧 𝑖 = 𝜆 ⋅ 0𝐸 + 𝜇 ⋅ 0 𝐸 = 0 𝐸 + 0𝐸 = 0 𝐸
⇒ 𝑖 ∉ 𝑈,
𝑖 ∈ 𝑈 ⇒ 𝑖 ∈ 𝑆 ∪ 𝑇,
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où l’on a bien sûr invoqué la définition de l’opération ensembliste de réunion ∪, les lois de De Morgan du
calcul des propositions, la définition des supports 𝑆, 𝑇 et 𝑈 , l’absorbance à droite du vecteur nul 0𝐸 vis‐à‐vis
de la loi ⋅, la neutralité additive du vecteur nul 0𝐸 ainsi que le principe de contraposition. On déduit que les
parties 𝑈 et 𝑆 ∪ 𝑇 de l’ensemble 𝐼 satisfont à l’inclusion 𝑈 ⊆ 𝑆 ∪ 𝑇 . La réunion des deux ensembles finis 𝑆
et 𝑇 est finie ; sa partie 𝑈 l’est également. On déduit que 𝒵 ∈ ℱ . On calcule par ailleurs, en invoquant les
règles de calcul dans le (𝐾 , +, ×)‐espace vectoriel (𝐸, +, ⋅) :
𝜆 ⋅ 𝑥 + 𝜇 ⋅ 𝑦 = 𝜆 ⋅ ∑ 𝑥𝑖 + 𝜇 ⋅ ∑ 𝑦𝑖 = 𝜆 ⋅ ∑ 𝑥𝑖 + 𝜇 ⋅ ∑ 𝑦𝑖 = ∑ 𝜆 ⋅ 𝑥𝑖 + ∑ 𝜇 ⋅ 𝑦𝑖
𝑖∈𝐼 𝑖∈𝐼 𝑖∈𝑆 ∪𝑇 𝑖∈𝑆 ∪𝑇 𝑖∈𝑆 ∪𝑇 𝑖∈𝑆 ∪𝑇
= ∑ (𝜆 ⋅ 𝑥𝑖 + 𝜇 ⋅ 𝑦𝑖 ) = ∑ 𝑧𝑖 = ∑ 𝑧𝑖 ∈ 𝐺.
𝑖∈𝑆 ∪𝑇 𝑖∈𝑆 ∪𝑇 𝑖∈𝐼
Les éléments considérés étant quelconques, on déduit que la partie 𝐺 est stable par combinaison linéaire.
Inclusion Soit un vecteur 𝑥 ∈ ⋃𝑖∈𝐼 𝐹𝑖 — pourvu que 𝐼 ≠ ∅, sinon ⋃𝑖∈𝐼 𝐹𝑖 = ∅ et il n’y a rien à faire. Il
existe un indice 𝑖 ∈ 𝐼 tel que 𝑥 ∈ 𝐹𝑖 . Définissons la famille 𝒳 = (𝑥𝑗 )𝑗 ∈𝐼 ∈ ∏𝑗 ∈𝐼 𝐹𝑗 par :
𝑥 ∈ 𝐹𝑖 = 𝐹 𝑗 si 𝑗 = 𝑖
∀𝑗 ∈ 𝐼 , 𝑥𝑗 ≔ { .
0𝐸 ∈ 𝐹𝑗 si 𝑗 ≠ 𝑖
Son support 𝑆 ≔ supp(𝒳 ) est : • vide si 𝑥 = 0𝐸 , égal au singelton {𝑖} sinon ; • toujours fini, inclus dans le
singleton {𝑖}. La relation 𝒳 ∈ ℱ est donc vérifiée. L’on calcule :
𝑥 = 𝑥𝑖 = ∑ 𝑥𝑗 = ∑ 𝑥𝑗 ∈ 𝐺.
𝑗 ∈{𝑖} 𝑗 ∈𝐼
∀𝑥 ∈ ∑ 𝐹𝑖 , ∃!(𝑥𝑖 )𝑖∈𝐼 ∈ ℱ : 𝑥 = ∑ 𝑥𝑖 .
𝑖∈𝐼 𝑖∈𝐼
Notation — Avec les mêmes notations, lorsque les sous‐espaces sont en somme directe, on écrit plutôt ⨁𝑖∈𝐼 𝐹𝑖
𝑝
la somme ∑𝑖∈𝐼 𝐹𝑖 . Lorsque 𝐼 = ⟦𝑛, 𝑝⟧, où (𝑛, 𝑝) ∈ ℤ2 et 𝑛 ⩽ 𝑝 + 1, on note ⨁𝑖∈⟦𝑛,𝑝⟧ 𝐹𝑖 ≕ ⨁𝑖=𝑛 𝐹𝑖 = 𝐹𝑛 ⊕ ⋯ ⊕ 𝐹𝑝 .
Proposition 4 — Reprenons les notations. Les sous‐espaces définis par les parties 𝐹𝑖 , pour 𝑖 ∈ 𝐼 , sont en somme
directe si, et seulement si, le vecteur nul 0𝐸 admet la décomposition nulle (0𝐸 )𝑖∈𝐼 ∈ ℱ pour unique décomposition
dans la somme ∑𝑖∈𝐼 𝐹𝑖 :
∀(𝑥𝑖 )𝑖∈𝐼 ∈ ℱ, 0𝐸 = ∑ 𝑥𝑖 ⇔ (𝑥𝑖 )𝑖∈𝐼 = (0𝐸 )𝑖∈𝐼 .
𝑖∈𝐼
Démonstration — Préliminaire Notons que la famille (0𝐸 )𝑖∈𝐼 : • est de support vide donc fini ; • est telle que
la relation 0𝐸 ∈ 𝐹𝑖 est vérifiée pour tout indice 𝑖 ∈ 𝐼 ; • appartient conséquemment à l’ensemble ℱ ; • constitue
une décomposition du vecteur nul 0𝐸 dans la somme ∑𝑖∈𝐼 𝐹𝑖 , l’égalité ∑𝑖∈𝐼 0𝐸 = 0𝐸 étant immédiate. Dès lors,
si le vecteur nul 0𝐸 admet une unique décomposition dans la somme ∑𝑖∈𝐼 𝐹𝑖 , celle‐ci égale nécessairement la
famille nulle (0𝐸 )𝑖∈𝐼 . Les assertions suivantes sont donc équivalentes : • le vecteur nul 0𝐸 admet une unique
décomposition dans la somme ∑𝑖∈𝐹𝑖 ; • le vecteur nul 0𝐸 admet la décomposition nulle (0𝐸 )𝑖∈𝐼 ∈ ℱ pour unique
décomposition dans la somme ∑𝑖∈𝐼 𝐹𝑖 .
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Implication directe Il est immédiat que, si les sous‐espaces définis par les parties 𝐹𝑖 , pour 𝑖 ∈ 𝐼 , sont en
somme directe, alors, en particulier, le vecteur nul 0𝐸 ∈ ∑𝑖∈𝐼 𝐹𝑖 admet une unique décomposition 𝒳 ∈ ℱ , à
savoir la famille nulle (0𝐸 )𝑖∈𝐼 .
Implication réciproque Supposons que la famille nulle (0𝐸 )𝑖∈𝐼 est l’unique décomposition du vecteur nul
0𝐸 dans la somme ∑𝑖∈𝐼 𝐹𝑖 . Considérons un vecteur 𝑥 ∈ ∑𝑖∈𝐼 𝐹𝑖 . Ce vecteur admet une décomposition 𝒳 =
(𝑥𝑖 )𝑖∈𝐼 ∈ ℱ et s’écrit 𝑥 = ∑𝑖∈𝐼 𝑥𝑖 . Considérons‐en une autre décomposition 𝒴 = (𝑦𝑖 )𝑖∈𝐼 ∈ ℱ , telle que 𝑥 = ∑𝑖∈𝐼 𝑦𝑖 .
La famille 𝒵 = (𝑧𝑖 )𝑖∈𝐼 ≔ (𝑦𝑖 − 𝑥𝑖 )𝑖∈𝐼 ∈ ∏𝑖∈𝐼 𝐹𝑖 est bien définie puisque :
∀𝑖 ∈ 𝐼 , 𝑦𝑖 − 𝑥𝑖 = 1𝐾 ⋅ 𝑦𝑖 + (−1𝐾 ) ⋅ 𝑥𝑖 ∈ 𝐹𝑖 .
Notons (𝑆, 𝑇 , 𝑈 ) ≔ (supp(𝒳 ), supp(𝒴 ), supp(𝒵)). On a, par des arguments déjà avancés :
∀𝑖 ∈ 𝐼 , 𝑖 ∉ 𝑆 ∪ 𝑇 ⇔ (𝑖 ∉ 𝑆 ∧ 𝑖 ∉ 𝑇 )
⇔ 𝑥𝑖 = 0𝐸 = 𝑦𝑖
⇒ 𝑧𝑖 = 0𝐸
⇒ 𝑖 ∉ 𝑈,
𝑖 ∈ 𝑈 ⇒ 𝑖 ∈ 𝑆 ∪ 𝑇,
de sorte que 𝑈 ⊆ 𝑆 ∪ 𝑇 . La réunion 𝑆 ∪ 𝑇 des deux ensembles finis 𝑆 et 𝑇 est finie ; sa partie 𝑈 l’est donc
également. On a dès lors 𝒵 ∈ ℱ et l’on peut calculer :
0𝐸 = 𝑥 − 𝑥 = ∑ 𝑦𝑖 − ∑ 𝑥𝑖 = ∑ 𝑦𝑖 − ∑ 𝑥𝑖 = ∑ 𝑦𝑖 + ∑ (−𝑥𝑖 ) = ∑ (𝑦𝑖 − 𝑥𝑖 ) = ∑ 𝑧𝑖 = ∑ 𝑧𝑖 .
𝑖∈𝐼 𝑖∈𝐼 𝑖∈𝑆 ∪𝑇 𝑖∈𝑆 ∪𝑇 𝑖∈𝑆 ∪𝑇 𝑖∈𝑆 ∪𝑇 𝑖∈𝑆 ∪𝑇 𝑖∈𝑆 ∪𝑇 𝑖∈𝐼
La famille 𝒵 constitue finalement une décomposition du vecteur nul 0𝐸 dans la somme ∑𝑖∈𝐼 𝐹𝑖 et, par unicité,
égale la famille nulle (0𝐸 )𝑖∈𝐼 . On conclut que :
∀𝑖 ∈ 𝐼 , 𝑦𝑖 − 𝑥𝑖 = 0𝐸 ∧ 𝑦𝑖 = 𝑥𝑖 , 𝒴 = 𝒳.
D’où, la famille 𝒴 considérée étant à priori quelconque, l’unicité d’une décomposition du vecteur 𝑥. Puisque
ce dernier est lui‐même quelconque, on conclut que les sous‐espaces définis par les parties 𝐹𝑖 , pour 𝑖 ∈ 𝐼 , sont
en somme directe. □
Exemple — On travaille dans le (𝐾 , +, ×)‐espace vectoriel (𝐾 3 , +, ⋅), dont les lois + et ⋅ sont définies coordonnée
par coordonnée. Son vecteur nul est 0𝐾 3 ≔ (0𝐾 , 0𝐾 , 0𝐾 ) et l’on a, pour tous couples (𝑥, 𝑦) = ((𝑥1 , 𝑥2 , 𝑥3 ),
(𝑦1 , 𝑦2 , 𝑦3 )) ∈ (𝐾 3 )2 et (𝜆, 𝜇) ∈ 𝐾 2 :
Stabilité par combinaison linéaire Soient trois couples (𝑢, 𝑢 ′ ) ∈ 𝐹 2 , (𝑣, 𝑣 ′ ) ∈ 𝐺 2 et (𝜆, 𝜆′ ) ∈ 𝐾 2 . Il existe
un quadruplet (𝑥, 𝑥 ′ , 𝑦, 𝑦 ′ ) ∈ 𝐾 4 tel que :
L’on calcule :
𝜆 ⋅ 𝑢 + 𝜆′ ⋅ 𝑢 ′ = 𝜆 ⋅ (𝑥, 𝑥, 0𝐾 ) + 𝜆′ ⋅ (𝑥 ′ , 𝑥 ′ , 0𝐾 ) = (𝜆𝑥 + 𝜆′ 𝑥 ′ , 𝜆𝑥 + 𝜆′ 𝑥 ′ , 𝜆 × 0𝐾 + 𝜆′ × 0𝐾 )
= (𝑥 ″ , 𝑥 ″ , 0𝐾 + 0𝐾 ) = (𝑥 ″ , 𝑥 ″ , 0𝐾 ) ∈ 𝐹,
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𝜆 ⋅ 𝑣 + 𝜆′ ⋅ 𝑣 ′ = 𝜆 ⋅ (0𝐾 , 𝑦, −𝑦) + 𝜆′ ⋅ (0𝐾 , 𝑦 ′ , −𝑦 ′ ) = (𝜆 × 0𝐾 + 𝜆′ × 0𝐾 , 𝜆𝑦 + 𝜆′ 𝑦 ′ , 𝜆 × (−𝑦) + 𝜆′ × (−𝑦 ′ ))
= (0𝐾 + 0𝐾 , 𝜆𝑦 + 𝜆′ 𝑦 ′ , −𝜆𝑦 − 𝜆′ 𝑦 ′ ) = (0𝐾 , 𝑦 ″ , −𝑦 ″ ) ∈ 𝐺,
(𝜆, 𝜆, 0𝐾 ) = (𝜆 × 1𝐾 , 𝜆 × 1𝐾 , 𝜆 × 0𝐾 ) = 𝜆 ⋅ (1𝐾 , 1𝐾 , 0𝐾 ),
(0𝐾 , 𝜆, −𝜆) = (𝜆 × 0𝐾 , 𝜆 × 1𝐾 , 𝜆 × (−1𝐾 )) = 𝜆 ⋅ (0𝐾 , 1𝐾 , −1𝐾 ),
on peut aussi écrire :
𝐹 + 𝐺 = {𝑥 ⋅ (1𝐾 , 1𝐾 , 0𝐾 ) + 𝑦 ⋅ (0𝐾 , 1𝐾 , −1𝐾 ), (𝑥, 𝑦) ∈ 𝐾 2 } = vect(𝐾 3 ,+,⋅) ((1𝐾 , 1𝐾 , 0𝐾 ), (0𝐾 , 1𝐾 , −1𝐾 )).
∀𝑤 = (𝑎, 𝑏, 𝑐) ∈ 𝐾 3 , 𝑤 ∈ 𝐹 + 𝐺 ⇔ (∃(𝑢, 𝑣) ∈ 𝐹 × 𝐺 : 𝑤 = 𝑢 + 𝑣)
⇔ (∃(𝑥, 𝑦) ∈ 𝐾 2 : 𝑤 = (𝑥, 𝑥 + 𝑦, −𝑦))
⇔ (∃(𝑥, 𝑦) ∈ 𝐾 2 : 𝑎 = 𝑥 ∧ 𝑏 = 𝑥 + 𝑦 ∧ 𝑐 = −𝑦)
⇔ (∃(𝑥, 𝑦) ∈ 𝐾 2 : 𝑥 = 𝑎 ∧ 𝑦 = 𝑏 − 𝑥 = 𝑏 − 𝑎 ∧ 𝑐 = −𝑦 = 𝑎 − 𝑏)
⇔ 𝑎 − 𝑏 − 𝑐 = 0𝐾 .
donc, par extensionnalité :
𝐹 + 𝐺 = {(𝑎, 𝑏, 𝑐) ∈ 𝐾 3 | 𝑎 − 𝑏 − 𝑐 = 0𝐾 }.
Somme directe Toute décomposition (𝑢, 𝑣) ∈ 𝐹 × 𝐺 du vecteur nul 0𝐾 3 dans la somme 𝐹 + 𝐺 s’écrit (𝑢, 𝑣) =
((𝑥, 𝑥, 0𝐾 ), (0𝐾 , 𝑦, −𝑦)) pour un certain couple (𝑥, 𝑦) ∈ 𝐾 2 et vérifie les égalités (0𝐾 , 0𝐾 , 0𝐾 ) = 0𝐾 3 = 𝑢 + 𝑣 =
(𝑥, 𝑥 + 𝑦, −𝑦), de sorte que, par identification des coordoonées, 𝑥 = 0𝐾 = 𝑦 donc que 𝑢 = 0𝐾 3 = 𝑣, c’est‐à‐dire
que (𝑢, 𝑣) = (0𝐾 3 , 0𝐾 3 ). Le vecteur nul 0𝐾 3 admet ainsi la décomposition nulle pour unique décomposition
dans la somme 𝐹 + 𝐺 : les sous‐espaces définis par les parties 𝐹 et 𝐺 sont en somme directe.
Proposition 5 — Soient 𝐹 ⊆ 𝐸 et 𝐺 ⊆ 𝐸 deux parties définissant chacune un sous‐espace vectoriel du (𝐾 , +, ×)‐
espace vectoriel (𝐸, +, ⋅). Les sous‐espaces correspondants sont en somme directe si, et seulement si, l’intersection
𝐹 ∩ 𝐺 est triviale, réduite au singleton {0𝐸 }.
Démonstration — Implication directe Supposons les deux sous‐espaces en somme directe. Rappelons que
0𝐸 ∈ 𝐹 et 0𝐸 ∈ 𝐺, de sorte que 0𝐸 ∈ 𝐹 ∩ 𝐺, c’est‐à‐dire que {0𝐸 } ⊆ 𝐹 ∩ 𝐺. Réciproquement, tout vecteur 𝑥 ∈ 𝐹 ∩ 𝐺 :
• est élément des quatre ensembles 𝐹 , 𝐺, 𝐹 ∪ 𝐺 et 𝐹 + 𝐺 ; • vérifie les relations 𝑥 + 0𝐸 = 𝑥 = 0𝐸 + 𝑥 et ((𝑥, 0𝐸 ),
(0𝐸 , 𝑥)) ∈ (𝐹 × 𝐺)2 ; • est donc, par unicité de la décomposition du vecteur 𝑥 dans la somme 𝐹 + 𝐺, tel que (𝑥,
0𝐸 ) = (0𝐸 , 𝑥), c’est‐à‐dire que 𝑥 = 0𝐸 ou encore que 𝑥 ∈ {0𝐸 }. D’où l’inclusion réciproque 𝐹 ∩ 𝐺 ⊆ {0𝐸 } et, par
extensionnalité, l’égalité 𝐹 ∩ 𝐺 = {0𝐸 }.
Implication réciproque Supposons que 𝐹 ∩ 𝐺 = {0𝐸 }. Toute décomposition (𝑢, 𝑣) ∈ 𝐹 × 𝐺 du vecteur nul
0𝐸 dans la somme 𝐹 + 𝐺 : • vérifie l’égalité 𝑢 + 𝑣 = 0𝐸 et les relations 𝐹 ∋ 𝑢 = −𝑣 ∈ 𝐺 ; • est telle que le vecteur
𝑢 = −𝑣 appartient à l’intersection 𝐹 ∩𝐺 = {0𝐸 } et est conséquemment nul ; • est, en définitive, la décomposition
nulle (0𝐸 , 0𝐸 ). On conclut que les sous‐espaces définis par les parties 𝐹 et 𝐺 sont en somme directe. □
Le cas d’un nombre quelconque de sous‐espaces est plus délicat. Il ne suffit pas, en général, que lesdits sous‐
espaces soient deux à deux d’intersection triviale pour que leur somme soit directe, comme le prouve le contre‐
exemple suivant.
Contre‐exemple — Travaillons dans le plan euclidien ℰ2 et considérons l’ensemble 𝒱2 ≔ {⃖⃖⃖⃖⃗ 𝐴𝐵, (𝐴, 𝐵) ∈ ℰ22 }
de ses vecteurs. Le triplet (𝒱2 , +, ⋅), où les lois + : 𝒱22 → 𝒱2 et ⋅ : ℝ × 𝒱2 → 𝒱2 désignent respectivement
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les opérations usuelles d’addition de vecteurs et de multiplication d’un vecteur par un scalaire, constitue un
(ℝ, +, ×)‐espace vectoriel. Munissant le plan ℰ2 d’un repère quelconque (𝑂,⃗𝚤, 𝚥⃗), on peut aussi écrire :
Introduisons les parties suivantes de l’ensemble 𝒱2 , définissant chacune un sous‐espace de l’espace (𝒱2 , +, ⋅) :
Elles sont deux à deux d’intersection réduite au singleton {0⃗} mais la somme 𝐹 + 𝐺 + 𝐻 n’est pas directe ;
en effet, étant donné un couple de scalaires (𝜆, 𝜇) ∈ ℝ2 : • si un vecteur 𝑢⃗ ∈ 𝒱2 peut s’écrire sous la forme
𝜆 ⋅ ⃗𝚤 = 𝑢⃗ = 𝜇 ⋅ 𝚥⃗, c’est nécessairement que 𝜆 = 0 = 𝜇 et que 𝑢⃗ = 0⃗ ; • si un vecteur 𝑢⃗ ∈ 𝒱2 peut s’écrire sous
la forme 𝜆 ⋅ ⃗𝚤 = 𝑢⃗ = 𝜇 ⋅ (⃗𝚤 + 𝚥⃗), c’est nécessairement que 𝜆 = 0 = 𝜇 et que 𝑢⃗ = 0⃗ ; • si un vecteur 𝑢⃗ ∈ 𝒱2 peut
s’écrire sous la forme 𝜆 ⋅ 𝚥⃗ = 𝑢⃗ = 𝜇 ⋅ (⃗𝚤 + 𝚥⃗), c’est nécessairement que 𝜆 = 0 = 𝜇 et que 𝑢⃗ = 0⃗ ; • le vecteur
𝑣⃗ ≔ ⃗𝚤 + 𝚥⃗ est tel que ⃗𝚤 + 𝚥⃗ + 0⃗ = 𝑣⃗ = 0⃗ + 0⃗ + (⃗𝚤 + 𝚥⃗), de sorte que les triplets (⃗𝚤, 𝚥⃗, 0⃗) et (0⃗, 0⃗,⃗𝚤 + 𝚥⃗), distincts et
éléments du produit cartésien 𝐹 × 𝐺 × 𝐻 , constituent deux décompositions différentes du vecteur 𝑣⃗.
Proposition 6 — Soient un nombre 𝑛 ∈ ℕ et un 𝑛‐uplet (𝐹𝑖 )𝑖∈⟦1,𝑛⟧ ∈ (𝔓(𝐸))𝑛 de parties de l’ensemble 𝐸 dé‐
finissant chacune un sous‐espace vectoriel du (𝐾 , +, ×)‐espace vectoriel (𝐸, +, ⋅). On définit les suites de parties
(𝐺𝑘 )𝑘 ∈⟦0,𝑛−1⟧ ∈ (𝔓(𝐸))𝑛 et (𝐻𝑘 )𝑘 ∈⟦1,𝑛⟧ ∈ (𝔓(𝐸))𝑛 par :
𝑘
∀𝑘 ∈ ⟦0, 𝑛 − 1⟧, 𝐺𝑘 ≔ ∑ 𝐹𝑖 , ∀𝑘 ∈ ⟦1, 𝑛⟧, 𝐻𝑘 ≔ ∑ 𝐹𝑖 .
𝑖=1 𝑖∈⟦1,𝑛⟧ {𝑘}
−
Le fait que les sous‐espaces définis par les parties 𝐹𝑖 , pour 𝑖 ∈ 𝐼 , sont en somme directe équivaut à chacune des
conditions ci‐dessous :
−
−
𝑛
(𝑥𝑖 )𝑖∈⟦1,𝑛⟧ ∈ ∏𝑖=1 𝐹𝑖 et que :
𝑛
∑ 𝑥𝑖 = 𝑥𝑘 + ∑ 𝑥𝑖 = −𝑥 + 𝑥 = 0𝐸 .
𝑖=1 𝑖∈⟦1,𝑛⟧ {𝑘}
−
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Prouvons par récurrence descendante forte que :
∀𝑖 ∈ ⟦1, 𝑛⟧, 𝑥𝑖 = 0𝐸 .
𝑛−1
Initialisation Au rang 𝑛, les relations 𝐹𝑛 ∋ 𝑥𝑛 = − ∑𝑖=1 𝑥𝑖 ∈ 𝐺𝑛−1 sont vérifiées, de sorte que le vecteur
𝑥𝑛 appartient à l’intersection 𝐺𝑛−1 ∩ 𝐹𝑛 = {0𝐸 } et égale le vecteur nul 0𝐸 . La récurrence est fondée.
Hérédité Soit un nombre 𝑗 ∈ ⟦2, 𝑛⟧ — pourvu que 𝑛 ⩾ 2, sinon il n’y a rien à faire. Supposons que
𝑛 𝑗 −2
(𝑥𝑖 )𝑖∈⟦𝑗,𝑛⟧ = (0𝐸 )𝑖∈⟦𝑗,𝑛⟧ . On a donc ∑𝑖=𝑗 𝑥𝑖 = 0𝐸 . L’on peut écrire les relations 𝐹𝑗 −1 ∋ 𝑥𝑗 −1 = − ∑𝑖=1 𝑥𝑖 ∈ 𝐺𝑗 −2
et déduire que le vecteur 𝑥𝑗 −1 appartient à l’intersection 𝐺𝑗 −2 ∩ 𝐹𝑗 −1 = {0𝐸 } et est conséquemment nul. D’où
le résultat escompté au rang 𝑗 − 1 et, le nombre 𝑗 étant quelconque, l’hérédité de la récurrence.
Conclusion D’après le principe de récurrence, le résultat est universellement valide et tous les vecteurs
𝑥𝑖 , pour 𝑖 ∈ ⟦1, 𝑛⟧ sont donc nuls dans l’espace (𝐸, +, ⋅).
En particulier, on déduit que 𝑥𝑘 = 0𝐸 , c’est‐à‐dire que 𝑥 = 0𝐸 . Le vecteur 𝑥 étant quelconque, c’est donc que
𝐻𝑘 ∩𝐹𝑘 ⊆ {0𝐸 }. Comme précédemment, l’inclusion réciproque est immédiate et l’on déduit, par extensionnalité,
qu’on a l’égalité 𝐻𝑘 ∩ 𝐹𝑘 = {0𝐸 }. Puisque l’indice considéré est quelconque, cette égalité vaut pour tout nombre
𝑘 ∈ ⟦1, 𝑛⟧.
Troisième implication Supposons, enfin, l’égalité 𝐻𝑘 ∩ 𝐹𝑘 = {0𝐸 } vérifiée pour tout indice 𝑘 ∈ ⟦1, 𝑛⟧.
𝑛 𝑛
Donnons‐nous une décomposition 𝒳 = (𝑥𝑖 )𝑖∈⟦1,𝑛⟧ ∈ ∏𝑖=1 𝐹𝑖 du vecteur nul 0𝐸 dans la somme ∑𝑖=1 𝐹𝑖 . Pour
𝑛
tout indice 𝑘 ∈ ⟦1, 𝑛⟧ : • l’égalité 0𝐸 = ∑𝑖=1 𝑥𝑖 et les relations 𝐹𝑘 ∋ 𝑥𝑘 = − ∑𝑖∈⟦1,𝑛⟧ {𝑘} 𝑥𝑖 ∈ 𝐻𝑘 sont vérifiées ;
−
• le vecteur 𝑥𝑘 appartient conséquemment à l’intersection 𝐻𝑘 ∩ 𝐹𝑘 = {0𝐸 } et égale ainsi le vecteur nul 0𝐸 . C’est
donc que 𝒳 = (0𝐸 )𝑖∈⟦1,𝑛⟧ . La décomposition considérée étant à priori quelconque, on conclut que le vecteur
𝑛
nul 0𝐸 admet la décomposition nulle pour unique décomposition dans la somme ∑𝑖=1 𝐹𝑖 , c’est‐à‐dire que les
sous‐espaces définis par les parties 𝐹𝑖 , pour 𝑖 ∈ ⟦1, 𝑛⟧, sont en somme directe. □
Définition 7 (Sous‐espaces supplémentaires) — Soient 𝐹 ⊆ 𝐸 et 𝐺 ⊆ 𝐸 deux parties définissant chacune un
sous‐espace vectoriel du (𝐾 , +, ×)‐espace vectoriel (𝐸, +, ⋅). On dit que les sous‐espaces correspondants sont
supplémentaires dans l’espace (𝐸, +, ⋅) s’ils sont en somme directe, égale à l’ensemble 𝐸 — ce qu’on résume en
écrivant 𝐹 ⊕ 𝐺 = 𝐸.
Proposition 8 — Conservons les notations de la définition. Les sous‐espaces définis par les parties 𝐹 et 𝐺 sont
supplémentaires dans l’espace (𝐸, +, ⋅) si, et seulement si, tout vecteur 𝑥 ∈ 𝐸 se décompose de manière unique
comme somme d’un vecteur 𝑢 ∈ 𝐹 et d’un vecteur 𝑣 ∈ 𝐺 :
Démonstration — Implication directe Il est immédiat que, si l’égalité 𝐹 ⊕ 𝐺 = 𝐸 est vérifiée, alors tout
vecteur 𝑥 ∈ 𝐹 + 𝐺 = 𝐸 se décompose de façon unique sous la forme 𝑥 = 𝑢 + 𝑣, avec (𝑢, 𝑣) ∈ 𝐹 × 𝐺.
Implication réciproque Supposons que tout vecteur 𝑥 ∈ 𝐸 s’écrive de manière unique sous la forme
𝑥 = 𝑢 + 𝑣 ∈ 𝐹 + 𝐺, où (𝑢, 𝑣) ∈ 𝐹 × 𝐺. D’une part, la double inclusion 𝐸 ⊆ 𝐹 + 𝐺 ⊆ 𝐸 est manifestement vérifiée
et, par extensionnalité, on déduit que 𝐹 + 𝐺 = 𝐸 ; d’autre part, tout vecteur 𝑥 ∈ 𝐸 = 𝐹 + 𝐺 admet une unique
décomposition (𝑢, 𝑣) ∈ 𝐹 × 𝐺 dans la somme 𝐹 + 𝐺, si bien que les sous‐espaces définis par les parties 𝐹 et 𝐺
sont en somme directe. En définitive, lesdits sous‐espaces sont supplémentaires dans l’espace (𝐸, +, ⋅). □
Exemple — Notons 𝑝 ≔ car(𝐾 , +, ×) ∈ {0} ∪ ℙ la caractéristique du corps (𝐾 , +, ×) et considérons un nombre
𝑛
𝑛 ∈ ℕ 𝑝ℕ. Rappelons que l’élément 𝑛𝐾 ≔ ∑𝑖=1 1𝐾 ∈ 𝐾 est non nul donc inversible dans le corps (𝐾 , +, ×). On
−
travaille dans le (𝐾 , +, ×)‐espace vectoriel (𝐾 𝑛 , +, ⋅), où les lois + et ⋅ sont définies coordonnée par coordonnée.
On en définit les parties suivantes :
Le lecteur vérifiera sans difficulté que ces parties définissent des sous‐espaces vectoriels de l’espace (𝐾 𝑛 , +, ⋅).
Étudions la supplémentarité éventuelle de ces sous‐espaces. Fixons un vecteur 𝑥 = (𝑥𝑖 )𝑖∈⟦1,𝑛⟧ ∈ 𝐾 𝑛 et raison‐
nons par analyse‐synthèse.
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Analyse Supposons que le vecteur 𝑥 se décompose sous la forme 𝑥 = 𝑢 + 𝑣, où (𝑢, 𝑣) = ((𝑢𝑖 )𝑖∈⟦1,𝑛⟧ ,
(𝑣𝑖 )𝑖∈⟦1,𝑛⟧ ) ∈ 𝐹 × 𝐺. D’une part, l’égalité (𝑥𝑖 )𝑖∈⟦1,𝑛⟧ = (𝑢𝑖 + 𝑣𝑖 )𝑖∈⟦1,𝑛⟧ est vérifiée ; d’autre part, on peut écrire :
𝑛
∀𝑖 ∈ ⟦1, 𝑛⟧, 𝑢𝑖 = 𝑢1 , ∑ 𝑣𝑖 = 0𝐾 , ∀𝑖 ∈ ⟦1, 𝑛⟧, 𝑥𝑖 = 𝑢𝑖 + 𝑣𝑖 = 𝑢1 + 𝑣𝑖
𝑖=1
et calculer :
𝑛 𝑛 𝑛 𝑛 𝑛 𝑛
∑ 𝑥𝑖 = ∑(𝑢1 + 𝑣𝑖 ) = ∑ 𝑢1 + ∑ 𝑣𝑖 = ∑ 1𝐾 𝑢1 + 0𝐾 = (∑ 1𝐾 )𝑢1 = 𝑛𝐾 𝑢1 ,
𝑖=1 𝑖=1 𝑖=1 𝑖=1 𝑖=1 𝑖=1
𝑛
𝑢1 = 1𝐾 𝑢1 = 𝑛𝐾−1 𝑛𝐾 𝑢1 = 𝑛𝐾−1 ∑ 𝑥𝑖 ≕ 𝑥.̄
𝑖=1
L’élément 𝑥 ̄ est la moyenne arithmétique équipondérée des 𝑛 ∈ ℕ 𝑝ℕ coordonnées de l’uplet 𝑥 dans le corps
−
(𝐾 , +, ×). On déduit que 𝑢 = (𝑥)̄ 𝑖∈⟦1,𝑛⟧ et l’on peut également écrire 𝑣 = 𝑥 − 𝑢 = (𝑥𝑖 − 𝑥)̄ 𝑖∈⟦1,𝑛⟧ . Le couple (𝑢, 𝑣)
est dès lors entièrement et uniquement déterminé.
𝑛
Synthèse Notons encore 𝑥 ̄ ≔ 𝑛𝐾−1 ∑𝑖=1 𝑥𝑖 ∈ 𝐾 et (𝑢, 𝑣) ≔ ((𝑥)̄ 𝑖∈⟦1,𝑛⟧ , (𝑥𝑖 − 𝑥)̄ 𝑖∈⟦1,𝑛⟧ ) ∈ (𝐾 𝑛 )2 . Il est clair que
𝑢 ∈ 𝐹 . En outre :
𝑛 𝑛 𝑛 𝑛 𝑛 𝑛
∑ 𝑥 ̄ = ∑ 1 𝐾 𝑥 ̄ = ( ∑ 1 𝐾 )𝑥 ̄ = −1
𝑛𝐾 𝑥 ̄ = 𝑛𝐾 𝑛𝐾 ∑ 𝑥𝑖 = 1𝐾 ∑ 𝑥𝑖 = ∑ 𝑥𝑖 ,
𝑖=1 𝑖=1 𝑖=1 𝑖=1 𝑖=1 𝑖=1
𝑛 𝑛 𝑛 𝑛 𝑛 𝑛 𝑛
∑(𝑥𝑖 − 𝑥)̄ = ∑ 𝑥𝑖 + ∑(−𝑥)̄ = ∑ 𝑥𝑖 − ∑ 𝑥 ̄ = ∑ 𝑥𝑖 − ∑ 𝑥𝑖 = 0𝐾 ,
𝑖=1 𝑖=1 𝑖=1 𝑖=1 𝑖=1 𝑖=1 𝑖=1
de sorte que 𝑣 ∈ 𝐺. Enfin, il est immédiat que :
𝑢 + 𝑣 = (𝑥)̄ 𝑖∈⟦1,𝑛⟧ + (𝑥𝑖 − 𝑥)̄ 𝑖∈⟦1,𝑛⟧ = (𝑥 ̄ + 𝑥𝑖 − 𝑥)̄ 𝑖∈⟦1,𝑛⟧ = (𝑥𝑖 + 𝑥 ̄ − 𝑥)̄ 𝑖∈⟦1,𝑛⟧ = (𝑥𝑖 + 0𝐾 )𝑖∈⟦1,𝑛⟧ = (𝑥𝑖 )𝑖∈⟦1,𝑛⟧ = 𝑥.
Conclusion Le vecteur 𝑥 admet une unique décomposition comme somme d’un vecteur 𝑢 ∈ 𝐹 et d’un
vecteur 𝑣 ∈ 𝐺. L’élément 𝑥 considéré étant quelconque, on conclut que 𝐹 ⊕ 𝐺 = 𝐾 𝑛 : les sous‐espaces définis
par les parties 𝐹 et 𝐺 sont supplémentaires dans l’espace (𝐾 𝑛 , +, ⋅).
Exemple — On note 𝑝 ≔ car(𝐾 , +, ×) ∈ {0} ∪ ℙ la caractéristique du corps (𝐾 , +, ×) et l’on travaille dans
le (𝐾 , +, ×)‐espace vectoriel (𝐾 𝐾 , +, ⋅) des fonctions de source 𝐾 et de but 𝐾 , où les lois + et ⋅ sont définies
élément par élément à partir des lois + et × de l’ensemble 𝐾 :
𝐾𝐾 × 𝐾𝐾 → 𝐾𝐾 𝐾 × 𝐾𝐾 → 𝐾𝐾
⎛ ⎞ ⎛ ⎞
+: ⎜ 𝐾 →𝐾 ⎟, ⋅: ⎜ 𝐾 →𝐾 ⎟.
⎜(𝑓 , 𝑔) ↦ 𝑓 + 𝑔 : ( )⎟ ⎜(𝜆, 𝑓 ) ↦ 𝜆 ⋅ 𝑓 : ( )⎟
⎝ 𝑥 ↦ 𝑓 (𝑥) + 𝑔(𝑥) ⎠ ⎝ 𝑥 ↦ 𝜆 × 𝑓 (𝑥) ⎠
Le vecteur nul est l’application identiquement nulle 0𝐾 𝐾 : 𝐾 ∋ 𝑥 ↦ 0𝐾 ∈ 𝐾 . On considère les parties suivantes :
constituées respectivement des applications paires, d’une part, et des applications impaires, d’autre part. Il est
aisé de vérifier qu’elles définissent des sous‐espaces vectoriels de l’espace (𝐾 𝐾 , +, ⋅). On distingue deux cas.
Premier cas Supposons que 𝑝 = 2. Les égalités 1𝐾 + 1𝐾 = 0𝐾 et 1𝐾 = −1𝐾 sont vérifiées. Compte tenu de la
neutralité multiplicative de l’élément 1𝐾 et de la règle des signes, on a :
si bien que tout élément du corps (𝐾 , +, ×) égale son opposé. En particulier, toute application 𝑓 ∈ 𝐾 𝐾 vérifie :
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Second cas Supposons désormais que 𝑝 ≠ 2. On a alors 2 ∉ 𝑝ℤ et l’élément 2𝐾 ≔ 1𝐾 + 1𝐾 ∈ 𝐾 est non
nul donc inversible dans le corps (𝐾 , +, ×). Prouvons que 𝐹 ⊕ 𝐺 = 𝐾 𝐾 en raisonnant par analyse‐synthèse.
Considérons une application 𝑓 ∈ 𝐾 𝐾 .
Analyse Supposons qu’il existe un couple (𝑔, ℎ) ∈ 𝐹 × 𝐺 tel que 𝑓 = 𝑔 + ℎ. Tout élément 𝑥 ∈ 𝐾 vérifie :
𝑓 (𝑥) = 𝑔(𝑥) + ℎ(𝑥),
𝑓 (−𝑥) = 𝑔(−𝑥) + ℎ(−𝑥) = 𝑔(𝑥) − ℎ(𝑥),
𝑓 (𝑥) + 𝑓 (−𝑥) = 𝑔(𝑥) + ℎ(𝑥) + 𝑔(𝑥) − ℎ(𝑥) = 2𝐾 𝑔(𝑥),
𝑓 (𝑥) − 𝑓 (−𝑥) = 𝑔(𝑥) + ℎ(𝑥) − 𝑔(𝑥) + ℎ(𝑥) = 2𝐾 ℎ(𝑥),
𝑔(𝑥) = 1𝐾 𝑔(𝑥) = 2−1 −1
𝐾 × 2𝐾 𝑔(𝑥) = 2𝐾 (𝑓 (𝑥) + 𝑓 (−𝑥)),
ℎ(𝑥) = 1𝐾 ℎ(𝑥) = 2−1 −1
𝐾 × 2𝐾 ℎ(𝑥) = 2𝐾 (𝑓 (𝑥) − 𝑓 (−𝑥)).
(𝐾 ) 0𝐾 si 𝑖 ≠ 𝑗
∀(𝑖, 𝑗) ∈ 𝐼 2 , δ𝑖,𝑗 ≔ { .
1𝐾 si 𝑖 = 𝑗
(Il s’agit en fait de la fonction indicatrice de la diagonale Δ𝐼 2 de l’ensemble 𝐼 2 relativement au corps (𝐾 , +, ×).)
Définition 9 (Famille libre, famille liée, vecteurs linéairement (in)dépendants) — On dit qu’une famille
de vecteurs 𝒳 = (𝑥𝑖 )𝑖∈𝐼 ∈ 𝐸 𝐼 indexée par un ensemble quelconque 𝐼 est libre dans le (𝐾 , +, ×)‐espace vectoriel
(𝐸, +, ⋅) ou encore que les vecteurs la constituant y sont linéairement indépendants si :
∀𝛬 = (𝜆𝑖 )𝑖∈𝐼 ∈ 𝐾 (𝐼 ) , ∑ 𝜆𝑖 ⋅ 𝑥𝑖 = 0𝐸 ⇒ 𝛬 = (0𝐾 )𝑖∈𝐼 ,
⏟⏟⏟⏟⏟⏟⏟⏟⏟⏟⏟⏟⏟
𝑖∈𝐼
⇔ (∀𝑖 ∈ 𝐼 , 𝜆𝑖 = 0𝐾 )
⇔ supp(𝛬) = ∅
c’est‐à‐dire, puisque l’implication réciproque est toujours vérifiée, si la seule combinaison linéaire d’éléments
de la famille 𝒳 qui soit nulle dans l’espace (𝐸, +, ⋅) est la combinaison linéaire triviale dont tous les scalaires
sont nuls dans le corps (𝐾 , +, ×). Dans le cas contraire, on dit que la famille est liée dans l’espace (𝐸, +, ⋅) ou
que ses éléments y sont linéairement dépendants.
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Vocabulaire — Le plus souvent, on parlera de système pour désigner une famille indexée par un ensemble
fini — il s’agira en général d’un uplet.
Proposition 10 — Avec les mêmes notations, la famille 𝒳 = (𝑥𝑖 )𝑖∈𝐼 est libre si, et seulement si :
𝑛
∀𝑛 ∈ ℕ, ∀(𝑖𝑗 )𝑗 ∈⟦1,𝑛⟧ ∈ 𝒜𝑛 (𝐼 ), ∀(𝜆𝑗 )𝑗 ∈⟦1,𝑛⟧ ∈ 𝐾 𝑛, ∑ 𝜆𝑗 ⋅ 𝑥𝑖𝑗 = 0𝐸 ⇒ (∀𝑗 ∈ ⟦1, 𝑛⟧, 𝜆𝑗 = 0𝐾 ).
𝑗 =1
𝑛
(𝐾 ) 0𝐾 si 𝑖 ∉ 𝐽
∀𝑖 ∈ 𝐼 , 𝜇𝑖 ≔ ∑ 𝜆𝑗 δ𝑖𝑗 ,𝑖 = { .
𝑗 =1 𝜆𝑗 si 𝑖 = 𝑖𝑗 pour 𝑗 ∈ ⟦1, 𝑛⟧
Le support 𝑆 ≔ supp(𝛭) de la famille 𝛭 est manifestement inclus dans l’ensemble 𝐽 . D’autre part, l’appli‐
cation 𝑓 : ⟦1, 𝑛⟧ ∋ 𝑗 ↦ 𝑖𝑗 ∈ 𝐽 est : • injective, par définition d’un arrangement ; • surjective, par construction ;
• conséquemment bijective. L’ensemble 𝐽 est donc fini, de cardinal égal au nombre 𝑛. Sa partie 𝑆 est également
finie, de sorte que 𝛭 ∈ 𝐾 (𝐼 ) . Par ailleurs, on calcule :
𝑛 𝑛
∑ 𝜇𝑖 ⋅ 𝑥𝑖 = ∑ 𝜇𝑖 ⋅ 𝑥𝑖 = ∑ 𝜇𝑖𝑗 ⋅ 𝑥𝑖𝑗 = ∑ 𝜆𝑗 ⋅ 𝑥𝑖𝑗 = 0𝐸 ,
𝑖∈𝐼 𝑖∈𝐽 𝑗 =1 𝑗 =1
où l’on a effectué une réindexation à l’aide de la bijection 𝑓 et invoqué la définition de la famille 𝛭. La liberté
de la famille 𝒳 assure que la famille 𝛭 est identiquement nulle, c’est‐à‐dire que l’égalité 𝜇𝑖 = 0𝐾 est vérifiée
pour tout indice 𝑖 ∈ 𝐼 . En particulier :
Puisque l’indice 𝑖 est quelconque, c’est donc que la famille 𝛬 est identiquement nulle et que 𝑆 = ∅. D’où, la
famille de scalaires considérée étant à priori quelconque, la liberté de la famille de vecteurs 𝒳 dans l’espace
(𝐸, +, ⋅). □
Exemple — La famille vide (𝑥𝑖 )𝑖∈∅ = (∅, 𝐸, ∅) ∈ 𝐸 ∅ est libre dans l’espace (𝐸, +, ⋅). En effet, le seul élément de
l’ensemble 𝐾 (∅) = 𝐾 ∅ est la famille de scalaires vide (𝜆𝑖 )𝑖∈∅ = (∅, 𝐾 , ∅), pour laquelle l’implication ∑𝑖∈∅ 𝜆𝑖 ⋅𝑥𝑖 =
0𝐸 ⇒ (∀𝑖 ∈ ∅, 𝜆𝑖 = 0𝐾 ) est vraie, puisque sa prémisse et sa conclusion le sont.
Exemple — Dans le (𝐾 , +, ×)‐espace vectoriel (𝐾 3 , +, ⋅), les trois vecteurs ci‐dessous sont linéairement indé‐
pendants :
𝑥 ≔ (1𝐾 , 1𝐾 , 1𝐾 ), 𝑦 ≔ (1𝐾 , 0𝐾 , −1𝐾 ), 𝑧 ≔ (1𝐾 , 1𝐾 , 0𝐾 )
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car :
∀(𝜆, 𝜇, 𝜈) ∈ 𝐾 3 , 𝜆 ⋅ 𝑥 + 𝜇 ⋅ 𝑦 + 𝜈 ⋅ 𝑧 = 0𝐾 3 ⇔ (𝜆 + 𝜇 + 𝜈, 𝜆 + 𝜈, 𝜆 − 𝜇) = (0𝐾 , 0𝐾 , 0𝐾 )
𝜆 + 𝜇 + 𝜈 = 0𝐾 𝐿1 ← 𝐿1 − 𝐿2
⎧
⇔ 𝜆 + 𝜈 = 0𝐾 𝐿2
⎨
⎩𝜆 − 𝜇 = 0𝐾 𝐿3
𝜇 = 0𝐾
⎧
⇔ 𝜈 = −𝜆
⎨
⎩𝜆 = 𝜇
⇔ (𝜆, 𝜇, 𝜈) = (0𝐾 , 0𝐾 , 0𝐾 ).
Exemple — On fixe un nombre 𝑛 ∈ ℕ et l’on travaille dans le (𝐾 , +, ×)‐espace vectoriel (𝐾 𝑛 , +, ⋅). On y définit
le système de vecteurs 𝒳 = (𝑥𝑖 )𝑖∈⟦1,𝑛⟧ ∈ (𝐾 𝑛 )𝑛 par :
(𝐾 )
∀𝑖 ∈ ⟦1, 𝑛⟧, 𝑥𝑖 ≔ (δ𝑖,𝑗 )𝑗 ∈⟦1,𝑛⟧ ∈ 𝐾 𝑛 .
Ce système est libre dans l’espace (𝐾 𝑛 , +, ⋅). En effet, par définition des opérations dans cet espace, du symbole
de Kronecker et de la notion même de 𝑛‐uplet, on a :
𝑛 𝑛
(𝐾 )
∀(𝜆𝑖 )𝑖∈⟦1,𝑛⟧ ∈ 𝐾 𝑛 , ∑ 𝜆𝑖 ⋅ 𝑥𝑖 = 0𝐾 𝑛 ⇔ (∑ 𝜆𝑖 δ𝑖,𝑗 ) = (0𝐾 )𝑗 ∈⟦1,𝑛⟧
𝑖=1 𝑖=1 𝑗 ∈⟦1,𝑛⟧
⇔ (𝜆𝑗 )𝑗 ∈⟦1,𝑛⟧ = (0𝐾 )𝑗 ∈⟦1,𝑛⟧ .
Exemple — On suppose ici que le corps (𝐾 , +, ×) est le corps des nombres réels. On travaille dans le (ℝ, +, ×)‐
espace vectoriel (ℝℝ , +, ⋅) des fonctions de source ℝ et de but ℝ. On y considère le système (𝑓1 , 𝑓2 , 𝑓3 ) ∈ (ℝℝ )3
défini par :
∀𝑖 ∈ {1, 2, 3}, ∀𝑥 ∈ ℝ, 𝑓𝑖 (𝑥) ≔ sin(𝑥 + 𝑖).
Observons que, pour chaque nombre 𝑥 ∈ ℝ, le nombre 𝑥 + 2 est équidistant des nombres 𝑥 + 1 et 𝑥 + 3 — la
distance en question valant 1 — : c’est la moyenne arithmétique équipondérée des nombres 𝑥 + 1 et 𝑥 + 3,
c’est‐à‐dire le milieu de l’intervalle [𝑥 + 1, 𝑥 + 3] ; les formules de Simpson donnent :
On obtient ainsi une relation de liaison non triviale : les scalaires 1 et −2 cos(1) y intervenant ne sont mani‐
festement pas tous nuls — en fait, aucun n’est nul car, par irrationalité du nombre π, on a 1 ∉ π/2 + πℤ et
cos(1) ≠ 0. Bref, le système (𝑓1 , 𝑓2 , 𝑓3 ) est lié dans l’espace (ℝℝ , +, ⋅).
Exemple — Supposons que le corps (𝐾 , +, ×) est le corps des nombres complexes et travaillons dans le
(ℂ, +, ×)‐espace vectoriel (ℂℝ , +, ⋅) des fonctions de source ℝ et de but ℂ — où, comme d’habitude, les lois
+ et ⋅ sont définies élément par élément. Prouvons la liberté de la famille ℱ = (𝑓𝛼 )𝛼 ∈ℂ ∈ (ℂℝ )ℂ définie par :
Initalisation Au rang 0, l’ensemble ⟦1, 0⟧ est vide et le seul élément des ensembles 𝒜0 (ℂ) et ℂ0 est l’uplet
0
vide (𝛼𝑖 )𝑖∈∅ = ∅ = (𝜆𝑖 )𝑖∈∅ : la somme ∑𝑖=1 𝜆𝑖 ⋅ 𝑓𝛼𝑖 est alors vide donc nulle dans l’espace (ℂℝ , +, ⋅) tandis que
la proposition ∀𝑖 ∈ ∅, 𝜆𝑖 = 0, quantification universelle portant sur l’ensemble vide ∅, est automatiquement
vraie ; l’implication escomptée est bien vérifiée. Au rang 1, le résultat est à nouveau immédiat : étant donnés
1
deux 1‐uplets (𝛼𝑖 )𝑖∈{1} ∈ 𝒜1 (ℂ) et (𝜆𝑖 )𝑖∈{1} ∈ ℂ1 , l’égalité ∑𝑖=1 𝜆𝑖 ⋅ 𝑓𝛼𝑖 = 0ℂℝ se réécrit simplement 𝜆1 ⋅ 𝑓𝛼1 = 0ℂℝ
et entraîne, par évaluation au point 0, que 𝜆1 = 0, c’est‐à‐dire que la proposition ∀𝑖 ∈ {1}, 𝜆𝑖 = 0 est vérifiée.
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Hérédité Soit un nombre 𝑛 ∈ ℕ. Supposons le résultat vrai au rang 𝑛 — pour tous les choix possibles de
𝑛‐arrangements et de 𝑛‐uplets. Considérons, au rang 𝑛 + 1, un (𝑛 + 1)‐arrangement (𝛼𝑖 )𝑖∈⟦1,𝑛+1⟧ ∈ 𝒜𝑛+1 (ℂ)
𝑛+1
ainsi qu’un (𝑛 + 1)‐uplet (𝜆𝑖 )𝑖∈⟦1,𝑛+1⟧ ∈ ℂ𝑛+1 et supposons que ∑𝑖=1 𝜆𝑖 ⋅ 𝑓𝛼𝑖 = 0ℂℝ . En multipliant membre
à membre par la fonction 𝑓−𝛼𝑛+1 et en invoquant les règles de calcul dans l’ensemble ℂℝ — qui découlent de
celles dans l’ensemble ℂ — ainsi que les propriétés de la fonction exponentielle, on obtient :
𝑛+1 𝑛+1
∑ 𝜆𝑖 ⋅ 𝑓𝛼𝑖 × 𝑓−𝛼𝑛+1 ≡ 0 i. e. ∑ 𝜆𝑖 ⋅ 𝑓𝛽𝑖 ≡ 0,
𝑖=1 𝑖=1
où l’on a posé (𝛽𝑖 )𝑖∈⟦1,𝑛+1⟧ ≔ (𝛼𝑖 − 𝛼𝑛+1 )𝑖∈⟦1,𝑛+1⟧ ∈ ℂ𝑛+1 . Observons que :
∀(𝑖, 𝑗) ∈ ⟦1, 𝑛 + 1⟧2 , 𝛽𝑖 = 𝛽𝑗 ⇒ 𝛼𝑖 − 𝛼𝑛+1 = 𝛼𝑗 − 𝛼𝑛+1 ∀𝑖 ∈ ⟦1, 𝑛⟧, 𝛽𝑖 ≠ 𝛽𝑛+1 = 𝛼𝑛+1 − 𝛼𝑛+1 = 0 ;
⇒ 𝛼𝑖 = 𝛼𝑗
⇒ 𝑖 = 𝑗,
en particulier, le 𝑛‐uplet (𝛽𝑖 )𝑖∈⟦1,𝑛⟧ est un 𝑛‐arrangement dont les coordonnées sont toutes non nulles. Rappe‐
lons également que, pour tout nombre 𝛼 ∈ ℂ, la fonction 𝑓𝛼 est dérivable, de fonction dérivée 𝑓𝛼′ égale à la
𝑛+1
fonction 𝛼⋅𝑓𝛼 . La fonction 𝑓𝛽𝑛+1 = 𝑓0 , constante, est de dérivée identiquement nulle. La fonction 𝑓 ≔ ∑𝑖=1 𝜆𝑖 ⋅𝑓𝛽𝑖
est : • identiquement nulle donc dérivable et de fonction dérivée 𝑓 ′ identiquement nulle ; • une combinaison
linéaire de fonctions dérivables, de dérivée égale à la combinaison linéaire correspondante des dérivées. On
peut donc écrire :
𝑛+1 𝑛 𝑛
0ℂℝ = 𝑓′ = ∑ 𝜆𝑖 ⋅ 𝑓𝛽′ = ∑ 𝜆𝑖 ⋅ (𝛽𝑖 ⋅ 𝑓𝛽𝑖 ) = ∑(𝜆𝑖 𝛽𝑖 ) ⋅ 𝑓𝛽𝑖 .
𝑖
𝑖=1 𝑖=1 𝑖=1
L’hypothèse de récurrence et le fait qu’aucun des scalaires 𝛽𝑖 , pour 𝑖 ∈ ⟦1, 𝑛⟧, ne soit nul dans l’ensemble ℂ
permettent successivement d’affirmer que :
∀𝑖 ∈ ⟦1, 𝑛 + 1⟧, 𝜆𝑖 = 0.
D’où, les éléments considérés étant tous quelconques, le résultat au rang 𝑛 + 1. Puisque le nombre 𝑛 est lui‐
même quelconque, on a ainsi établi l’hérédité de la récurrence.
Conclusion Le principe de récurrence assure l’universalité du résultat. In fine, la famille ℱ est libre dans
l’espace (ℂℝ , +, ⋅).
Proposition 11 — Soient 𝐼 un ensemble et 𝒳 = (𝑥𝑖 )𝑖∈𝐼 ∈ 𝐸 𝐼 une famille de vecteurs du (𝐾 , +, ×)‐espace vectoriel
(𝐸, +, ⋅). On a les propriétés suivantes :
(i) s’il existe un indice 𝑖 ∈ 𝐼 tel que 𝑥𝑖 = 0𝐸 , alors la famille 𝒳 est liée dans l’espace (𝐸, +, ⋅) ;
(ii) s’il existe deux indices distincts 𝑖 ∈ 𝐼 et 𝑗 ∈ 𝐼 tels que 𝑥𝑖 = 𝑥𝑗 , alors la famille 𝒳 est liée ;
(iii) plus généralement, la famille 𝒳 est liée si, et seulement si, l’un de ses vecteurs est combinaison linéaire des
autres, c’est‐à‐dire qu’il existe un indice 𝑖 ∈ 𝐼 tel que 𝑥𝑖 ∈ vect(𝐸,+,⋅) ((𝑥𝑗 )𝑗 ∈𝐼 {𝑖} ) ;
−
(iv) si la famille 𝒳 est libre, alors toute sous‐famille 𝒳|𝐽 = (𝑥𝑖 )𝑖∈𝐽 ∈ 𝐸 𝐽 , où 𝐽 ⊆ 𝐼 , est également libre ;
(v) par contraposition, si la famille 𝒳 possède une sous‐famille liée, alors elle est elle‐même liée.
0 si 𝑖≠𝑗
Démonstration — On considère le symbole de Kronecker 𝐼 2 ∋ (𝑖, 𝑗) ↦ δ𝑖,𝑗 = { 1𝐾𝐾 si 𝑖=𝑗 ∈ {0𝐾 , 1𝐾 }.
(i) Supposons qu’il existe un indice 𝑖 ∈ 𝐼 tel que 𝑥𝑖 = 0𝐸 . La famille de scalaires 𝛬 = (𝜆𝑗 )𝑗 ∈𝐼 ≔ (δ𝑖,𝑗 )𝑗 ∈𝐼 est
manifestement de support égal au singleton {𝑖}, évidemment fini et non vide. On calcule :
∑ 𝜆𝑗 ⋅ 𝑥𝑗 = ∑ 𝜆𝑗 ⋅ 𝑥𝑗 = 𝜆𝑖 ⋅ 𝑥𝑖 = 1𝐾 ⋅ 0𝐸 = 0𝐸 .
𝑗 ∈𝐼 𝑗 ∈{𝑖}
On obtient ainsi une relation de liaison non triviale entre les vecteurs de la famille 𝒳 .
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(ii) Supposons qu’il existe un couple d’indices (𝑖, 𝑗) ∈ 𝐼 2 tel que 𝑖 ≠ 𝑗 et 𝑥𝑖 = 𝑥𝑗 ≕ 𝑥. Définissons ici la famille
𝛬 = (𝜆𝑘 )𝑘 ∈𝐼 ≔ (δ𝑖,𝑘 − δ𝑗,𝑘 )𝑘 ∈𝐼 ∈ 𝐾 𝐼 , telle que :
⎧0𝐾 si 𝑘 ∉ {𝑖, 𝑗}
∀𝑘 ∈ 𝐼 , 𝜆𝑘 = 1𝐾 si 𝑘 = 𝑖 .
⎨
⎩−1𝐾 si 𝑘 = 𝑗
Il est immédiat que le support de la famille 𝛬 égale la paire {𝑖, 𝑗} ; on calcule :
∑ 𝜆𝑘 ⋅ 𝑥𝑘 = ∑ 𝜆𝑘 ⋅ 𝑥𝑘 = 1𝐾 ⋅ 𝑥𝑖 + (−1𝐾 ) ⋅ 𝑥𝑗 = 𝑥 − 𝑥 = 0𝐸 .
𝑘 ∈𝐼 𝑘 ∈{𝑖,𝑗}
On obtient à nouveau une relation de liaison non triviale entre les vecteurs de la famille 𝒳 .
(iii) Implication directe Supposons la famille 𝒳 liée. Il existe une famille de scalaires 𝛬 = (𝜆𝑖 )𝑖∈𝐼 ∈ 𝐾 (𝐼 ) :
• vérifiant l’égalité ∑𝑖∈𝐼 𝜆𝑖 ⋅ 𝑥𝑖 = 0𝐸 ; • de support 𝑆 ≔ supp(𝛬) fini et non vide. Fixons un élément 𝑖 ∈ 𝑆
puis posons 𝐽 ≔ 𝐼 {𝑖} et 𝑇 ≔ 𝑆 {𝑖}. La relation 𝜆𝑖 ≠ 0𝐾 est vérifiée et assure que l’élément 𝜆𝑖 est inversible
−
dans le corps (𝐾 , +, ×). En isolant le terme d’indice 𝑖 dans la somme précédente, on calcule :
0𝐸 = ∑ 𝜆𝑗 ⋅ 𝑥𝑗 = ∑ 𝜆𝑗 ⋅ 𝑥𝑗 = 𝜆𝑖 ⋅ 𝑥𝑖 + ∑ 𝜆𝑗 ⋅ 𝑥𝑗 , 𝜆𝑖 ⋅ 𝑥𝑖 = − ∑ 𝜆𝑗 ⋅ 𝑥𝑗 .
𝑗 ∈𝐼 𝑗 ∈𝑆 𝑗 ∈𝑇 𝑗 ∈𝑇
Les règles de calcul dans le (𝐾 , +, ×)‐espace vectoriel (𝐸, +, ⋅) — neutralité à gauche de l’élément 1𝐾 pour
la loi ⋅, compatibilité entre les lois × et ⋅, règle des signes, distributivité à gauche de la loi ⋅ par rapport à la
loi + de l’ensemble 𝐸 — permettent alors d’écrire :
∀𝑗 ∈ 𝐽 , 𝜇𝑗 = 0𝐾 ⇔ −𝜆𝑖−1 𝜆𝑗 = 0𝐾
⇔ 𝜆𝑗 = 0𝐾 ,
de sorte que, par contraposition et extensionnalité :
∑ 𝜇𝑗 ⋅ 𝑥𝑗 = ∑ 𝜇𝑗 ⋅ 𝑥𝑗 = ∑(−𝜆𝑖−1 𝜆𝑗 ) ⋅ 𝑥𝑗 = 𝑥𝑖
𝑗 ∈𝐽 𝑗 ∈𝑇 𝑗 ∈𝑇
et l’on observe que 𝑥𝑖 ∈ vect(𝐸,+,⋅) (𝒳|𝐽 ) : le vecteur 𝑥𝑖 est combinaison linéaire des vecteurs de la famille
restreinte 𝒳|𝐽 = (𝑥𝑗 )𝑗 ∈𝐽 ∈ 𝐸 𝐽 , c’est‐à‐dire combinaison linéaire des autres vecteurs de la famille 𝒳 — dont
les indices diffèrent de l’élément 𝑖.
Implication réciproque Supposons, réciproquement, qu’il existe un indice 𝑖 ∈ 𝐼 vérifiant la relation
𝑥𝑖 ∈ vect(𝐸,+,⋅) (𝒳|𝐽 ), où l’on pose encore 𝐽 ≔ 𝐼 {𝑖}. Il existe ainsi une famille 𝛭 = (𝜇𝑗 )𝑗 ∈𝐽 ∈ 𝐾 (𝐽 ) telle que
−
𝑥𝑖 = ∑𝑗 ∈𝐽 𝜇𝑗 ⋅ 𝑥𝑗 . Notons 𝑇 ≔ supp(𝛭). On a :
0 𝐸 = ∑ 𝜇𝑗 ⋅ 𝑥 𝑗 − 𝑥 𝑖 = ∑ 𝜇𝑗 ⋅ 𝑥 𝑗 − 𝑥 𝑖 .
𝑗 ∈𝐽 𝑗 ∈𝑇
Posons alors 𝜇𝑖 ≔ 0𝐾 ∈ 𝐾 et définissons la famille 𝛬 = (𝜆𝑗 )𝑗 ∈𝐼 ≔ (𝜇𝑗 (1𝐾 − δ𝑖,𝑗 ) − δ𝑖,𝑗 )𝑗 ∈𝐼 ∈ 𝐾 𝐼 , telle que :
𝜇𝑗 si 𝑗 ≠ 𝑖
∀𝑗 ∈ 𝐼 , 𝜆𝑗 = { .
−1𝐾 si 𝑗 = 𝑖
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Puisque 𝜆𝑖 = −1𝐾 ≠ 0𝐾 , il est immédiat que le support 𝑆 ≔ supp(𝛬) de la famille 𝛬 coïncide avec la
réunion 𝑇 ∪ {𝑖}, finie et non vide. On calcule, enfin :
∑ 𝜆𝑗 ⋅ 𝑥𝑗 = ∑ 𝜆𝑗 ⋅ 𝑥𝑗 = ∑ 𝜆𝑗 ⋅ 𝑥𝑗 + 𝜆𝑖 ⋅ 𝑥𝑖 = ∑ 𝜇𝑗 ⋅ 𝑥𝑗 + (−1𝐾 ) ⋅ 𝑥𝑖 = ∑ 𝜇𝑗 ⋅ 𝑥𝑗 − 𝑥𝑖 = 0𝐸 .
𝑗 ∈𝐼 𝑗 ∈𝑆 𝑗 ∈𝑇 𝑗 ∈𝑇 𝑗 ∈𝑇
La famille 𝛬 n’étant pas identiquement nulle, on a dès lors obtenu une relation de liaison non triviale entre
les vecteurs de la famille 𝒳 .
(iv) Supposons la famille 𝒳 libre et considérons‐en une sous‐famille 𝒳|𝐽 = (𝑥𝑖 )𝑖∈𝐽 ∈ 𝐸 𝐽 , où 𝐽 ⊆ 𝐼 . Introduisons
aussi une famille de scalaires 𝛬 = (𝜆𝑖 )𝑖∈𝐽 ∈ 𝐾 (𝐽 ) telle que ∑𝑖∈𝐽 𝜆𝑖 ⋅ 𝑥𝑖 = 0𝐸 et notons‐en 𝑆 ≔ supp(𝛬) ⊆ 𝐽
le support, fini. Prolongeons cette famille en une famille 𝛭 = (𝜇𝑖 )𝑖∈𝐼 ∈ 𝐾 𝐼 définie par :
0𝐾 si 𝑖 ∉ 𝐽
∀𝑖 ∈ 𝐼 , 𝜇𝑖 ≔ { .
𝜆𝑖 si 𝑖 ∈ 𝐽
Son support 𝑇 ≔ supp(𝛭) égale l’ensemble 𝑆, fini, de sorte que 𝛭 ∈ 𝐾 (𝐼 ) . L’on calcule :
0𝐸 = ∑ 𝜆𝑖 ⋅ 𝑥𝑖 = ∑ 𝜆𝑖 ⋅ 𝑥𝑖 = ∑ 𝜇𝑖 ⋅ 𝑥𝑖 = ∑ 𝜇𝑖 ⋅ 𝑥𝑖 .
𝑖∈𝐽 𝑖∈𝑆 𝑖∈𝑇 𝑖∈𝐼
L’hypothèse d’indépendance linéaire des vecteurs 𝑥𝑖 , pour 𝑖 ∈ 𝐼 , dans l’espace (𝐸, +, ⋅) permet d’affirmer
que 𝑇 = ∅ donc que 𝑆 = ∅ : tous les scalaires de la famille 𝛬 sont nuls dans le corps (𝐾 , +, ×). D’où,
la famille considérée étant à priori quelconque, la liberté de la famille de vecteurs 𝒳|𝐽 . Puisque le sous‐
ensemble 𝐽 ⊆ 𝐼 est également quelconque, c’est donc que toute sous‐famille de la famille libre 𝒳 est libre.
(v) Ce point est la contraposée du précédent. □
Proposition 12 — Soient 𝐼 un ensemble et 𝒳 = (𝑥𝑖 )𝑖∈𝐼 ∈ 𝐸 𝐼 une famille de vecteurs libre dans le (𝐾 , +, ×)‐espace
vectoriel (𝐸, +, ⋅). Étant donnés un indice 𝑖 ∉ 𝐼 et un vecteur 𝑥𝑖 ∈ 𝐸, la surfamille (𝑥𝑗 )𝑗 ∈𝐼 ∪{𝑖} ∈ 𝐸 𝐼 ∪{𝑖} demeure libre
si, et seulement si, 𝑥𝑖 ∉ vect(𝐸,+,⋅) (𝒳 ), c’est‐à‐dire si le vecteur 𝑥𝑖 n’est pas combinaison linéaire des vecteurs de la
famille 𝒳 .
Démonstration — Conservons les notations de l’énoncé et posons aussi 𝐽 ≔ 𝐼 ∪ {𝑖} ainsi que 𝒴 ≔ (𝑥𝑗 )𝑗 ∈𝐽 ∈ 𝐸 𝐽 .
Préliminaire Soient une famille 𝛬 = (𝜆𝑗 )𝑗 ∈𝐽 ∈ 𝐾 (𝐽 ) et un vecteur 𝑥 ∈ 𝐸. L’inclusion supp(𝛬|𝐼 ) ⊆ supp(𝛬) est
immédiate. L’ensemble supp(𝛬|𝐼 ), partie de l’ensemble fini supp(𝛬), est lui‐même fini, de sorte que 𝛬|𝐼 ∈ 𝐾 (𝐼 ) .
Des calculs analogues à ceux menés dans la preuve précédente assurent que :
(∑ 𝜆𝑗 ⋅ 𝑥𝑗 + 𝜆𝑖 ⋅ 𝑥 = 0𝐸 ∧ 𝜆𝑖 ≠ 0𝐾 ) ⇒ 𝑥 = ∑(−𝜆𝑖−1 𝜆𝑗 ) ⋅ 𝑥𝑗 ∈ vect(𝐸,+,⋅) (𝒳 )
𝑗 ∈𝐼 𝑗 ∈𝐼
⇒ 𝑥 ∈ vect(𝐸,+,⋅) (𝒳 )..
∑ 𝜆𝑗 ⋅ 𝑥𝑗 + 𝜆𝑖 ⋅ 𝑥 = 0𝐸 ⇒ (𝜆𝑖 ≠ 0𝐾 ⇒ 𝑥 ∈ vect(𝐸,+,⋅) (𝒳 ))
𝑗 ∈𝐼
⇒ (𝑥 ∉ vect(𝐸,+,⋅) (𝒳 ) ⇒ 𝜆𝑖 = 0𝐾 ),
(∑ 𝜆𝑗 ⋅ 𝑥𝑗 + 𝜆𝑖 ⋅ 𝑥 = 0𝐸 ∧ 𝑥 ∉ vect(𝐸,+,⋅) (𝒳 )) ⇒ 𝜆𝑖 = 0𝐾 .
𝑗 ∈𝐼
vecteurs de la famille 𝒴 est combinaison linéaire des autres et de déduire que ladite famille est liée.
Implication réciproque Supposons que 𝑥𝑖 ∉ vect(𝐸,+,⋅) (𝒳 ). Considérons une famille 𝛬 = (𝜆𝑗 )𝑗 ∈𝐽 ∈ 𝐾 (𝐽 ) et
supposons que ∑𝑗 ∈𝐽 𝜆𝑗 ⋅ 𝑥𝑗 = 0𝐸 . Cette égalité se réécrit ∑𝑗 ∈𝐼 𝜆𝑗 ⋅ 𝑥𝑗 + 𝜆𝑖 ⋅ 𝑥𝑖 = 0𝐸 et, puisque 𝑥𝑖 ∉ vect(𝐸,+,⋅) (𝒳 ),
la propriété préliminaire assure que 𝜆𝑖 = 0𝐾 . On déduit alors que ∑𝑗 ∈𝐼 𝜆𝑗 ⋅ 𝑥𝑗 = 0𝐸 et, par liberté de la famille
𝒳 , que 𝛬|𝐼 = (0𝐾 )𝑗 ∈𝐼 . En définitive, c’est donc que 𝛬 = (0𝐾 )𝑗 ∈𝐼 . D’où, la famille considérée étant à priori
quelconque, la liberté de la famille de vecteurs 𝒴 dans l’espace (𝐸, +, ⋅). □
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Définition 13 (Famille génératrice) — On dit qu’une famille de vecteurs 𝒳 = (𝑥𝑖 )𝑖∈𝐼 ∈ 𝐸 𝐼 indexée par un
ensemble quelconque 𝐼 est génératrice de l’espace (𝐸, +, ⋅) ou encore qu’elle engendre cet espace si l’égalité
vect(𝐸,+,⋅) (𝒳 ) = 𝐸 est vérifiée.
Proposition 14 — Avec les mêmes notations, la famille 𝒳 est génératrice si, et seulement si :
Par définition d’un 𝑛‐uplet, des lois + et ⋅ sur l’ensemble 𝐾 𝑛 et du symbole de Kronecker, on a :
𝑛 𝑛 𝑛
(𝐾 ) (𝐾 )
∀𝑢 = (𝑢𝑖 )𝑖∈⟦1,𝑛⟧ ∈ 𝐾 𝑛, 𝑢= (∑ 𝑢𝑗 δ𝑖,𝑗 ) = ∑ 𝑢𝑗 ⋅ (δ𝑖,𝑗 )𝑖∈⟦1,𝑛⟧ = ∑ 𝑢𝑗 ⋅ 𝑥𝑗 ∈ vect(𝐾 𝑛 ,+,⋅) (𝒳 ).
𝑗 =1 𝑖∈⟦1,𝑛⟧ 𝑗 =1 𝑗 =1
0𝐾 si 𝑗 ∉ 𝐼
∀𝑗 ∈ 𝐽 , 𝜇𝑗 ≔ { .
𝜆𝑗 si 𝑗 ∈ 𝐼
𝑥 = ∑ 𝜆𝑖 ⋅ 𝑥𝑖 = ∑ 𝜆𝑖 ⋅ 𝑥𝑖 = ∑ 𝜇𝑗 ⋅ 𝑦𝑗 = ∑ 𝜇𝑗 ⋅ 𝑦𝑗 ∈ 𝐺.
𝑖∈𝐼 𝑖∈𝑆 𝑗 ∈𝑆 𝑗 ∈𝐽
D’où, le vecteur 𝑥 étant quelconque, l’inclusion escomptée. Le caractère générateur de la famille 𝒳 assure
que 𝐸 ⊆ 𝐹 . Par transitivité de la relation d’inclusion ⊆, on conclut que 𝐸 ⊆ 𝐺 donc que la famille 𝒴 demeure
génératrice de l’espace (𝐸, +, ⋅). □
Proposition 16 — Soient un ensemble non vide 𝐼 , un indice 𝑖 ∈ 𝐼 et une famille de vecteurs 𝒳 = (𝑥𝑗 )𝑗 ∈𝐼 ∈ 𝐸 𝐼
engendrant le (𝐾 , +, ×)‐espace vectoriel (𝐸, +, ⋅). On pose 𝐽 ≔ 𝐼 {𝑖} et 𝒴 ≔ 𝒳|𝐽 ∈ 𝐸 𝐽 . La famille 𝒴 demeure
−
deux ensembles finis 𝑇 et {𝑖} : ◦ est finie ; ◦ contient l’ensemble 𝑇 ; ◦ est contenue dans l’ensemble 𝐼 ; ◦ est la
réunion des deux ensembles disjoints 𝑇 {𝑖} et {𝑖}. On peut écrire et calculer :
−
𝑥 = ∑ 𝜇𝑗 ⋅ 𝑥𝑗 = ∑ 𝜇𝑗 ⋅ 𝑥𝑗 + 𝜇𝑖 ⋅ 𝑥𝑖 = ∑ 𝜇𝑗 ⋅ 𝑥𝑗 + 𝜇𝑖 ⋅ ∑ 𝜆𝑗 ⋅ 𝑥𝑗 = ∑ 𝜇𝑗 ⋅ 𝑥𝑗 + 𝜇𝑖 ⋅ ∑ 𝜆𝑗 ⋅ 𝑥𝑗
𝑗 ∈𝑇 ∪{𝑖} 𝑗 ∈𝑇 {𝑖} 𝑗 ∈𝑇 {𝑖} 𝑗 ∈𝐽 𝑗 ∈𝑇 {𝑖} 𝑗 ∈𝑆
−
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= ∑ 𝜇𝑗 ⋅ 𝑥𝑗 + ∑ 𝜇𝑖 ⋅ (𝜆𝑗 ⋅ 𝑥𝑗 ) = ∑ 𝜇𝑗 ⋅ 𝑥𝑗 + ∑(𝜇𝑖 𝜆𝑗 ) ⋅ 𝑥𝑗 .
𝑗 ∈𝑇 {𝑖} 𝑗 ∈𝑆 𝑗 ∈𝑇 {𝑖} 𝑗 ∈𝑆
−
On est naturellement conduit à étudier les trois familles 𝛭|𝐽 ∈ 𝐾 𝐽 , 𝜇𝑖 ⋅𝛬 = (𝜇𝑖 𝜆𝑗 )𝑗 ∈𝐽 ∈ 𝐾 𝐽 et 𝑁 = (𝜈𝑗 )𝑗 ∈𝐽 ≔ 𝑀|𝐽 +
𝜇𝑖 ⋅ 𝛬 = (𝜇𝑗 + 𝜇𝑖 𝜆𝑗 )𝑗 ∈𝐽 ∈ 𝐾 𝐽 . On observe aisément que supp(𝛭|𝐽 ) = 𝑇 ∩ 𝐽 = 𝑇 {𝑖} et que {∅, 𝑆} ∋ supp(𝜇𝑖 ⋅ 𝛬) ⊆ 𝑆,
−
de sorte que (𝛭|𝐽 , 𝜇𝑖 ⋅ 𝛬) ∈ (𝐾 (𝐽 ) )2 . Notons aussi 𝑈 ≔ supp(𝛮 ) ⊆ 𝐽 et 𝑉 ≔ 𝑆 ∪ (𝑇 {𝑖}) ⊆ 𝐽 . On a :
−
∀𝑗 ∈ 𝐽 , 𝑗 ∉ 𝑉 ⇔ (𝑗 ∉ 𝑆 ∧ 𝑗 ∉ 𝑇 {𝑖})
−
⇔ (𝑗 ∉ 𝑆 ∧ 𝑗 ∉ 𝑇 )
⇔ 𝜆𝑗 = 0𝐾 = 𝜇𝑗
⇒ 𝜈 𝑗 = 0 𝐾 + 𝜇𝑖 × 0𝐾 = 0 𝐾
⇒ 𝑗 ∉ 𝑈,
𝑗 ∈ 𝑈 ⇒ 𝑗 ∈ 𝑉,
si bien que 𝑈 ⊆ 𝑉 . La réunion 𝑉 = 𝑆 ∪ (𝑇 {𝑖}) des deux ensembles finis 𝑆 et 𝑇 {𝑖} est finie ; sa partie 𝑈 l’est
−
−
également, si bien que 𝛮 ∈ 𝐾 (𝐽 ) . On poursuit le calcul :
𝑥 = ∑ 𝜇𝑗 ⋅ 𝑥𝑗 + ∑(𝜇𝑖 𝜆𝑗 ) ⋅ 𝑥𝑗 = ∑ 𝜇𝑗 ⋅ 𝑥𝑗 + ∑(𝜇𝑖 𝜆𝑗 ) ⋅ 𝑥𝑗 = ∑(𝜇𝑗 ⋅ 𝑥𝑗 + (𝜇𝑖 𝜆𝑗 ) ⋅ 𝑥𝑗 )
𝑗 ∈𝑇 {𝑖} 𝑗 ∈𝑆 𝑗 ∈𝑉 𝑗 ∈𝑉 𝑗 ∈𝑉
−
= ∑(𝜇𝑗 + 𝜇𝑖 𝜆𝑗 ) ⋅ 𝑥𝑗 = ∑ 𝜈𝑗 ⋅ 𝑥𝑗 = ∑ 𝜈𝑗 ⋅ 𝑥𝑗 ∈ vect(𝐸,+,⋅) (𝒴 ).
𝑗 ∈𝑉 𝑗 ∈𝑉 𝑗 ∈𝐽
Le vecteur 𝑥 étant quelconque, c’est donc que 𝐸 ⊆ vect(𝐸,+,⋅) (𝒴 ) : la famille 𝒴 engendre l’espace (𝐸, +, ⋅). □
Définition 17 (Base) — On dit qu’une famille de vecteurs du (𝐾 , +, ×)‐espace vectoriel (𝐸, +, ⋅) est une base
dudit espace si elle est conjointement libre dans cet espace et génératrice de ce même espace.
Exemple — Soit un nombre 𝑛 ∈ ℕ. On a vu que, dans le (𝐾 , +, ×)‐espace vectoriel (𝐾 𝑛 , +, ⋅), le système de
vecteurs 𝒳 = (𝑥𝑖 )𝑖∈⟦1,𝑛⟧ ∈ (𝐾 𝑛 )𝑛 défini par :
(𝐾 )
∀𝑖 ∈ ⟦1, 𝑛⟧, 𝑥𝑖 ≔ (δ𝑖,𝑗 )𝑗 ∈⟦1,𝑛⟧ ∈ 𝐾 𝑛
est libre et générateur : il s’agit donc d’une base de cet espace. On l’appelle base canonique de l’espace (𝐾 𝑛 , +, ⋅).
Définition 18 (Famille libre maximale) — On dit qu’une famille 𝒳 = (𝑥𝑖 )𝑖∈𝐼 ∈ 𝐸 𝐼 de vecteurs du (𝐾 , +, ×)‐
espace vectoriel (𝐸, +, ⋅) indexée par un ensemble quelconque 𝐼 est libre maximale dans cet espace si : • elle y
est libre ; • toute surfamille stricte 𝒴 = (𝑥𝑗 )𝑗 ∈𝐼 ∪{𝑖} ∈ 𝐸 𝐼 ∪{𝑖} , où 𝑖 ∉ 𝐼 et 𝑥𝑖 ∈ 𝐸 sont quelconques, est liée.
Définition 19 (Famille génératrice minimale) — On dit qu’une famille 𝒳 = (𝑥𝑖 )𝑖∈𝐼 ∈ 𝐸 𝐼 de vecteurs du
(𝐾 , +, ×)‐espace vectoriel (𝐸, +, ⋅) indexée par un ensemble quelconque 𝐼 est génératrice minimale de cet espace
si : • elle en est génératrice ; • pour tout — éventuel — indice 𝑖 ∈ 𝐼 , la sous‐famille stricte 𝒳|𝐼 {𝑖} = (𝑥𝑗 )𝑗 ∈𝐼 {𝑖} ∈
−
Proposition 20 — Soient 𝐼 un ensemble et 𝒳 = (𝑥𝑖 )𝑖∈𝐼 ∈ 𝐸 𝐼 une famille de vecteurs du (𝐾 , +, ×)‐espace vectoriel
(𝐸, +, ⋅) indexée par l’ensemble 𝐼 . Les assertions suivantes sont équivalentes :
(i) la famille 𝒳 est une base de l’espace (𝐸, +, ⋅) ;
(ii) la famille 𝒳 est libre maximale dans l’espace (𝐸, +, ⋅) ;
(iii) la famille 𝒳 est génératrice minimale de l’espace (𝐸, +, ⋅) ;
(iv) tout vecteur 𝑥 ∈ 𝐸 s’exprime de façon unique comme combinaison linéaire des vecteurs de la famille 𝒳 :
∀𝑥 ∈ 𝐸, ∃!(𝜆𝑖 )𝑖∈𝐼 ∈ 𝐾 (𝐼 ) : 𝑥 = ∑ 𝜆𝑖 ⋅ 𝑥𝑖 .
𝑖∈𝐼
Démonstration — Proubons que les trois dernières conditions sont équivalentes à la première.
Première implication : (i) ⇒ (ii) Supposons que la famille 𝒳 est une base. Elle est, en particulier, libre.
Considérons un indice 𝑖 ∉ 𝐼 ainsi qu’un vecteur 𝑥𝑖 ∈ 𝐸. Puisque la famille 𝒳 engendre l’espace (𝐸, +, ⋅), on a
𝑥𝑖 ∈ vect(𝐸,+,⋅) (𝒳 ) et le point (iii) de la proposition 11 assure que la surfamille 𝒴 ≔ (𝑥𝑗 )𝑗 ∈𝐼 ∪{𝑖} ∈ 𝐸 𝐼 ∪{𝑖} est liée
dans l’espace (𝐸, +, ⋅). L’indice et le vecteur considérés étant quelconques, c’est donc que la famille 𝒳 est libre
maximale dans l’espace (𝐸, +, ⋅).
15/54
Deuxième implication : (ii) ⇒ (i) Supposons que la famille 𝒳 est libre maximale. Il s’agit d’en établir le
caractère générateur. Considérons un vecteur quelconque 𝑥 ∈ 𝐸, qu’on écrit plutôt 𝑥 = 𝑥𝑖 pour un certain
indice 𝑖 ∉ 𝐼 . Par hypothèse, la famille (𝑥𝑗 )𝑗 ∈𝐼 ∪{𝑖} ∈ 𝐸 𝐼 ∪{𝑖} est liée dans l’espace (𝐸, +, ⋅). Par contraposition de
la proposition 12, on peut dès lors affirmer que 𝑥𝑖 ∈ vect(𝐸,+,⋅) (𝒳 ). Puisque le vecteur 𝑥 est quelconque, c’est
donc que 𝐸 ⊆ vect(𝐸,+,⋅) (𝒳 ) : la famille 𝒳 engendre effectivement l’espace.
Troisième implication : (i) ⇒ (iii) Supposons que la famille 𝒳 est une base. Elle est, en particulier, gé‐
nératrice. Fixons un indice 𝑖 ∈ 𝐼 — pourvu que 𝐼 ≠ ∅, sinon il n’y a rien à faire — et posons 𝐽 ≔ 𝐼 {𝑖} ainsi
−
que 𝒴 ≔ 𝒳|𝐽 ∈ 𝐸 𝐽 . La famille 𝒳 est libre et, par contraposition du point (iii) de la proposition 11, on déduit
que 𝑥𝑖 ∉ vect(𝐸,+,⋅) (𝒴 ). Le vecteur 𝑥𝑖 n’est pas une combinaison linéaire des vecteurs de la famille 𝒴 et cette
dernière n’engendre donc pas l’espace (𝐸, +, ⋅). L’indice 𝑖 considéré étant quelconque, c’est donc que la famille
𝒳 est génératrice minimale de l’espace (𝐸, +, ⋅).
Quatrième implication : (iii) ⇒ (i) Supposons que la famille 𝒳 est génératrice minimale. Il s’agit de prou‐
ver sa liberté. C’est automatique si 𝐼 = ∅. Si 𝐼 ≠ ∅, alors, par minimalité et contraposition de la proposition 16,
on déduit qu’aucun vecteur de la famille 𝒳 n’est combinaison linéaire des autres, ce qui, par contraposition
du point (iii) de la proposition 11, entraîne effectivement la liberté de la famille 𝒳 .
Cinquième implication : (i) ⇒ (iv) Supposons que la famille 𝒳 est une base et considérons un vecteur
quelconque 𝑥 ∈ 𝐸. Le caractère générateur de la famille 𝒳 assure l’existence d’une famille de scalaires 𝛬 =
(𝜆𝑖 )𝑖∈𝐼 ∈ 𝐾 (𝐼 ) telle que 𝑥 = ∑𝑖∈𝐼 𝜆𝑖 ⋅ 𝑥𝑖 . Considérons une autre famille 𝛭 = (𝜇𝑖 )𝑖∈𝐼 ∈ 𝐾 (𝐼 ) telle que 𝑥 = ∑𝑖∈𝐼 𝜇𝑖 ⋅ 𝑥𝑖 .
Définissons la famille 𝛮 = (𝜈𝑖 )𝑖∈𝐼 ≔ (𝜇𝑖 − 𝜆𝑖 )𝑖∈𝐼 ∈ 𝐾 𝐼 et notons (𝑆, 𝑇 , 𝑈 ) ≔ (supp(𝛬), supp(𝛭), supp(𝛮 )).
Comme d’habitude, l’inclusion 𝑈 ⊆ 𝑆 ∪ 𝑇 et la relation 𝛮 ∈ 𝐾 (𝐼 ) sont vérifiées. En outre, on calcule :
∑ 𝜈𝑖 ⋅ 𝑥𝑖 = ∑ 𝜈𝑖 ⋅ 𝑥𝑖 = ∑ (𝜇𝑖 − 𝜆𝑖 ) ⋅ 𝑥𝑖 = ∑ 𝜇𝑖 ⋅ 𝑥𝑖 − ∑ 𝜆𝑖 ⋅ 𝑥𝑖 = ∑ 𝜇𝑖 ⋅ 𝑥𝑖 − ∑ 𝜆𝑖 ⋅ 𝑥𝑖 = 𝑥 − 𝑥 = 0𝐸
𝑖∈𝐼 𝑖∈𝑆 ∪𝑇 𝑖∈𝑆 ∪𝑇 𝑖∈𝑆 ∪𝑇 𝑖∈𝑆 ∪𝑇 𝑖∈𝐼 𝑖∈𝐼
et, par liberté de la famille 𝒳 , on déduit que 𝑁 = (0𝐾 )𝑖∈𝐼 , c’est‐à‐dire que 𝛭 = 𝛬. D’où, la famille 𝛭 considé‐
rée étant à priori quelconque, l’existence et l’unicité d’une décomposition du vecteur 𝑥 sous la forme d’une
combinaison linéaire des vecteurs de la famille 𝒳 . Puisque le vecteur 𝑥 est lui‐même quelconque, on a établi
le résultat escompté.
Sixième implication : (iv) ⇒ (i) Supposons, pour finir, que tout vecteur 𝑥 ∈ 𝐸 se décompose de façon
unique comme combinaison linéaire des vecteurs 𝑥𝑖 , pour 𝑖 ∈ 𝐼 . L’existence universelle d’une telle décomposi‐
tion traduit précisément le fait que la famille 𝒳 engendre l’espace (𝐸, +, ⋅). Le vecteur nul 0𝐸 admet toujours,
d’autre part, la décomposition 0𝐸 = ∑𝑖∈𝐼 0𝐾 ⋅ 𝑥𝑖 associée à la famille de scalaires 0𝐾 𝐼 = (0𝐾 )𝑖∈𝐼 ∈ 𝐾 (𝐼 ) identi‐
quement nulle et de support vide. Étant donnée une autre famille 𝛬 = (𝜆𝑖 )𝑖∈𝐼 ∈ 𝐾 (𝐼 ) telle que ∑𝑖∈𝐼 𝜆𝑖 ⋅ 𝑥𝑖 = 0𝐸 ,
on a alors, par unicité de la décomposition, 𝛬 = 0𝐾 𝐼 . Cela établit la liberté de la famille 𝒳 . Libre et génératrice,
cette famille constitue effectivement une base de l’espace (𝐸, +, ⋅). □
Notation — De façon théorique et littérale, on note généralement ℬ = (𝑒𝑖 )𝑖∈𝐼 ∈ 𝐸 𝐼 une base — indexée par un
certain ensemble 𝐼 — du (𝐾 , +, ×)‐espace vectoriel (𝐸, +, ⋅) — pourvu qu’il en existe…!
Définition 21 (Coordonnées) — On suppose que le (𝐾 , +, ×)‐espace vectoriel (𝐸, +, ⋅) admet des bases et l’on
note ℬ = (𝑒𝑖 )𝑖∈𝐼 ∈ 𝐸 𝐼 l’une d’elles, indexée par un certain ensemble 𝐼 . L’application suivante, bien définie, est
appelée application des coordonnées dans la base ℬ :
𝐸 → 𝐾 (𝐼 )
𝑓:( (𝐼 ) | 𝑥 = ∑ 𝜆 ⋅ 𝑒 }
).
𝑥 ↦ ⋃ {(𝜆 𝑖 )𝑖∈𝐼 ∈ 𝐾
⏟⏟⏟⏟⏟⏟⏟⏟⏟⏟⏟⏟⏟⏟⏟⏟⏟⏟⏟⏟⏟⏟⏟⏟⏟⏟⏟⏟⏟⏟⏟⏟⏟⏟⏟⏟⏟
𝑖∈𝐼 𝑖 𝑖
singleton
On définit aussi, étant donné un indice quelconque 𝑖 ∈ 𝐼 , la 𝑖‐ième projection 𝜋𝑖 : 𝐾 (𝐼 ) ∋ (𝜆𝑗 )𝑗 ∈𝐼 ↦ 𝜆𝑖 ∈ 𝐾 ainsi
que l’application de la 𝑖‐ième coordonnée dans la base ℬ :
𝐸→𝐾
𝑓𝑖 ≔ 𝜋 𝑖 ∘ 𝑓 : ( ).
𝑥 ↦ 𝜋𝑖 (𝑓 (𝑥)) = ⋃ {𝜆 ∈ 𝐾 | ∃(𝜆𝑗 )𝑗 ∈𝐼 ∈ 𝐾 (𝐼 ) : 𝑥 = ∑𝑗 ∈𝐼 𝜆𝑗 ⋅ 𝑒𝑗 ∧ 𝜆 = 𝜆𝑖 }
⏟⏟⏟⏟⏟⏟⏟⏟⏟⏟⏟⏟⏟⏟⏟⏟⏟⏟⏟⏟⏟⏟⏟⏟⏟⏟⏟⏟⏟⏟⏟⏟⏟⏟⏟⏟⏟⏟⏟⏟⏟⏟⏟⏟⏟⏟⏟⏟⏟⏟⏟⏟⏟⏟⏟⏟⏟⏟⏟
singleton
Pour tout vecteur 𝑥 ∈ 𝐸, la famille 𝑓 (𝑥) = (𝑓𝑖 (𝑥))𝑖∈𝐼 ∈ 𝐾 (𝐼 ) est l’unique famille de scalaires 𝛬 = (𝜆𝑖 )𝑖∈𝐼 ∈ 𝐾 (𝐼 )
telle que 𝑥 = ∑𝑖∈𝐼 𝜆𝑖 ⋅ 𝑒𝑖 : on l’appelle famille des coordonnées du vecteur 𝑥 dans la base ℬ.
16/54
Proposition 22 — Soit un ensemble 𝐼 . La partie 𝐾 (𝐼 ) ⊆ 𝐾 𝐼 définit un sous‐(𝐾 , +, ×)‐espace vectoriel du (𝐾 , +, ×)‐
espace vectoriel (𝐾 𝐼 , +, ⋅), dont les lois + et ⋅ sont définies élément par élément à partir des lois + et × du corps
(𝐾 , +, ×). Notant encore + et ⋅ les lois induites, le triplet (𝐾 (𝐼 ) , +, ⋅) est donc lui‐même un (𝐾 , +, ×)‐espace vectoriel.
Démonstration — Famille nulle Il est immédiat que la famille identiquement nulle 0𝐾 𝐼 = (0𝐾 )𝑖∈𝐼 ∈ 𝐾 𝐼 , de
support vide, vérifie les relations 0𝐾 𝐼 ∈ 𝐾 (𝐼 ) ≠ ∅.
Stabilité par combinaison linéaire Étant donnés deux couples (𝛬, 𝛭) = ((𝜆𝑖 )𝑖∈𝐼 , (𝜇𝑖 )𝑖∈𝐼 ) ∈ (𝐾 (𝐼 ) )2 et
(𝜆, 𝜇) ∈ 𝐾 2 , on a déjà vu que la famille 𝛮 ≔ 𝜆 ⋅ 𝛬 + 𝜇 ⋅ 𝛭 = (𝜆𝜆𝑖 + 𝜇𝜇𝑖 )𝑖∈𝐼 ∈ 𝐾 𝐼 : • vérifie l’inclusion
supp(𝛮 ) ⊆ supp(𝛬) ∪ supp(𝛭) ; • est également à support fini ; • appartient à l’ensemble 𝐾 (𝐼 ) .
Conclusion La partie 𝐾 (𝐼 ) ⊆ 𝐾 𝐼 définit en effet un sous‐espace de l’espace (𝐾 𝐼 , +, ⋅). Munie des lois induites
correspondantes, elle constitue elle‐même un (𝐾 , +, ×)‐espace vectoriel. □
Proposition 23 — Avec les hypothèses et notations de la définition 21, on a les énoncés équivalents suivants :
Démonstration — Fixons deux couples (𝑥, 𝑦) ∈ 𝐸 2 et (𝜆, 𝜇) ∈ 𝐾 2 . Notons 𝛬 = (𝜆𝑖 )𝑖∈𝐼 ≔ 𝑓 (𝑥) = (𝑓𝑖 (𝑥))𝑖∈𝐼 ∈ 𝐾 (𝐼 ) ,
𝛭 = (𝜇𝑖 )𝑖∈𝐼 ≔ 𝑓 (𝑦) = (𝑓𝑖 (𝑦))𝑖∈𝐼 ∈ 𝐾 (𝐼 ) , 𝛮 ≔ 𝜆⋅𝛬+𝜇⋅𝛭 = (𝜆𝜆𝑖 +𝜇𝜇𝑖 )𝑖∈𝐼 = 𝜆⋅𝑓 (𝑥)+𝜇⋅𝑓 (𝑦) = (𝜆𝑓𝑖 (𝑥)+𝜇𝑓𝑖 (𝑦))𝑖∈𝐼 ∈
𝐾 (𝐼 ) et (𝑆, 𝑇 , 𝑈 ) ≔ (supp(𝛬), supp(𝛭), supp(𝛮 )). On a 𝑈 ⊆ 𝑆 ∩ 𝑇 et :
La famille 𝛮 est donc, par unicité, la famille des coordonnées du vecteur 𝜆 ⋅ 𝑥 + 𝜇 ⋅ 𝑦 dans la base ℬ. On peut
écrire :
(𝜆𝑓𝑖 (𝑥) + 𝜇𝑓𝑖 (𝑦))𝑖∈𝐼 = 𝜆 ⋅ 𝑓 (𝑥) + 𝜇 ⋅ 𝑓 (𝑦) = 𝛮 = 𝑓 (𝜆 ⋅ 𝑥 + 𝜇 ⋅ 𝑦) = (𝑓𝑖 (𝜆 ⋅ 𝑥 + 𝜇 ⋅ 𝑦))𝑖∈𝐼
et, équivalemment :
∀𝑖 ∈ 𝐼 , 𝜆𝑓𝑖 (𝑥) + 𝜇𝑓𝑖 (𝑦) = 𝑓𝑖 (𝜆 ⋅ 𝑥 + 𝜇 ⋅ 𝑦).
D’où, les vecteurs et scalaires considérés étant tous quelconques, les formules annoncées. □
ainsi que la partie 𝐴 ⊆ ⟦0, 𝑛⟧ constituée des cardinaux des éléments de l’ensemble ℐ :
17/54
Il est immédiat que 𝐼 ∈ ℐ ≠ ∅ et que 𝑛 ∈ 𝐴 ≠ ∅. La partie 𝐴 admet dès lors un minimum dans l’ensemble
bien ordonné (ℕ, ⩽). Notons‐le 𝑚 ≔ min(𝐴) ∈ 𝐴. Il existe une partie 𝐽 ∈ ℐ telle que 𝑚 = card(𝐽 ). Le
système 𝒴 ≔ 𝒳|𝐽 ∈ 𝐸 𝐽 est générateur de l’espace (𝐸, +, ⋅). Fixons un instant une partie 𝐻 ⊆ 𝐽 et notons
𝑝 ≔ card(𝐻 ) ∈ ⟦0, 𝑚⟧. Observons que le sous‐système 𝒴|𝐻 du système 𝒴 se confond avec le sous‐système
𝒳|𝐻 du système 𝒳 .
Une implication Supposons que le sous‐sytème 𝒴|𝐻 = 𝒳|𝐻 est générateur de l’espace (𝐸, +, ⋅). On peut
alors écrire les relations 𝐻 ∈ ℐ et 𝐴 ∋ 𝑝 ⩾ min(𝐴) = 𝑚. On a donc la double inégalité 𝑚 ⩽ 𝑝 ⩽ 𝑚, c’est‐à‐dire,
par antisymétrie de la relation d’ordre ⩽, l’égalité 𝑝 = 𝑚. Cette égalité signifie que 𝐻 = 𝐽 .
Sa contraposée Si 𝐻 ≠ 𝐽 , c’est‐à‐dire si la partie 𝐻 est un sous‐ensemble strict de l’ensemble 𝐽 , alors le
sous‐sytème 𝒴|𝐻 ne peut engendrer l’espace (𝐸, +, ⋅).
Puisque la partie considérée est quelconque, c’est donc qu’aucun sous‐système strict du système 𝒴 n’est
générateur de l’espace (𝐸, +, ⋅). En définitive, le système 𝒴 est générateur minimal de l’espace (𝐸, +, ⋅), c’est‐
à‐dire qu’il en est une base. □
Le résultat suivant, appelé lemme d’échange de Steinitz, en hommage au mathématicien allemand Ernst
Steinitz (1871‐1928), est fondamental et établit un lien partiel entre familles libres et familles génératrices.
Théorème 26 (Steinitz) — Soient deux ensembles 𝐼 et 𝐽 ainsi que deux familles 𝒳 = (𝑥𝑖 )𝑖∈𝐼 ∈ 𝐸 𝐼 et 𝒴 =
(𝑦𝑗 )𝑗 ∈𝐽 ∈ 𝐸 𝐽 de vecteurs du (𝐾 , +, ×)‐espace vectoriel (𝐸, +, ⋅) respectivement indexées par les ensembles 𝐼 et 𝐽 .
On suppose que : • la famille 𝒳 est libre dans l’espace (𝐸, +, ⋅) ; • l’ensemble 𝐽 est fini ; • le système 𝒴 engendre
l’espace (𝐸, +, ⋅), qui est donc de dimension finie. Alors :
• l’ensemble 𝐼 est fini, de cardinal inférieur ou égal à celui de l’ensemble 𝐽 ;
• il existe une injection 𝑓 : 𝐼 → 𝐽 telle que, notant abusivement 𝑓 −1 : im(𝑓 ) → 𝐼 la bijection réciproque de la
corestriction 𝑓 |im(𝑓 ) de l’application 𝑓 à son ensemble image, le système 𝒵 = (𝑧𝑗 )𝑗 ∈𝐽 ∈ 𝐸 𝐽 défini ci‐après soit
encore générateur de l’espace (𝐸, +, ⋅) :
𝑦𝑗 si 𝑗 ∉ im(𝑓 )
∀𝑗 ∈ 𝐽 , 𝑧𝑗 ≔ { ;
𝑥𝑓 −1 (𝑗) si 𝑗 ∈ im(𝑓 )
• autrement formulé, notant 𝑝 ≔ card(𝐽 ) ∈ ℕ et 𝑛 ≔ card(𝐼 ) ∈ ⟦0, 𝑝⟧ puis considérant une énumération
quelconque (𝑖𝑘 )𝑘 ∈⟦1,𝑛⟧ ∈ 𝒜𝑛 (𝐼 ) des éléments de l’ensemble 𝐼 , il existe un 𝑛‐arrangement (𝑗𝑘 )𝑘 ∈⟦1,𝑛⟧ ∈ 𝒜𝑛 (𝐽 )
d’éléments de l’ensemble 𝐽 tel que le système 𝒵 = (𝑧𝑗 )𝑗 ∈𝐽 ∈ 𝐸 𝐽 suivant demeure générateur de l’espace (𝐸, +, ⋅) :
𝑛 𝑛
(𝐾 ) (𝐾 ) 𝑦𝑗 si 𝑗 ∉ {𝑗𝑘 , 𝑘 ∈ ⟦1, 𝑛⟧}
∀𝑗 ∈ 𝐽 , 𝑧𝑗 ≔ (1𝐾 − ∑ δ𝑗𝑘 ,𝑗 ) ⋅ 𝑦𝑗 + ∑ δ𝑗𝑘 ,𝑗 ⋅ 𝑥𝑖𝑘 = { .
𝑘 =1 𝑘 =1 𝑥𝑖𝑘 si 𝑗 = 𝑗𝑘 pour 𝑘 ∈ ⟦1, 𝑛⟧
En somme : • la famille 𝒳 est un système possédant moins — au sens large — d’éléments ¹ que le système 𝒴 ; • il
est possible de « remplacer » 𝑛 ∈ ⟦0, 𝑝⟧ éléments du système 𝒴 par les 𝑛 éléments du système 𝒳 pour obtenir un
système 𝒵 dont le caractère générateur est préservé.
Démonstration — Soit 𝐻 ∈ 𝔓f (𝐼 ) ≔ {𝐴 ∈ 𝔓(𝐼 ) | card(𝐴) < +∞} une partie finie de l’ensemble 𝐼 . Posons
(𝑛, 𝑝) ≔ (card(𝐻 ), card(𝐽 )) ∈ ℕ2 puis considérons une énumération (𝑖𝑘 )𝑘 ∈⟦1,𝑛⟧ ∈ 𝒜𝑛 (𝐻 ) des éléments de
l’ensemble 𝐻 . Pour tout nombre 𝑘 ∈ ⟦0, 𝑛⟧ et tout 𝑘‐arrangement 𝜑 = (𝑗𝑙 )𝑙 ∈⟦1,𝑘⟧ ∈ 𝒜𝑘 (𝐽 ) de l’ensemble 𝐽 , nous
noterons :
𝑘 𝑘
(𝐾 ) (𝐾 )
𝐼𝑘 = {𝑖𝑙 , 𝑙 ∈ ⟦1, 𝑘⟧} ⊆ 𝐻 ⊆ 𝐼, 𝒵𝜑 = (𝑧𝜑,𝑗 )𝑗 ∈𝐽 ≔ ((1𝐾 − ∑ δ𝑗𝑙 ,𝑗 ) ⋅ 𝑦𝑗 + ∑ δ𝑗𝑙 ,𝑗 ⋅ 𝑥𝑖𝑙 ) ∈ 𝐸𝐽,
𝑙 =1 𝑙 =1 𝑗 ∈𝐽
en observant que :
• les applications ⟦1, 𝑘⟧ ∋ 𝑙 ↦ 𝑖𝑙 ∈ 𝐼𝑘 et 𝜑̃ ≔ 𝜑|im(𝜑) : ⟦1, 𝑘⟧ ∋ 𝑙 ↦ 𝑗𝑙 ∈ im(𝜑) = {𝑗𝑚 , 𝑚 ∈ ⟦1, 𝑘⟧} sont bijectives,
si bien que les ensembles 𝐼𝑘 et {𝑗𝑙 , 𝑙 ∈ ⟦1, 𝑘⟧} sont finis, de même cardinal 𝑘 ;
1. On rappelle qu’on parle abusivement d’« élément » d’une famille pour en désigner en fait une image, c’est‐à‐dire une valeur
atteinte par l’application qu’est ladite famille, et qu’on convient de « dénombrer » tous les éléments d’une telle famille non pas au
travers de l’ensemble de ses éléments, qui n’est autre que l’ensemble image de l’application et ne tient pas compte des répétitions
éventuelles, mais via l’ensemble d’indexation de la famille, c’est‐à‐dire la source de l’application.
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• tout indice 𝑗 ∈ 𝐽 im(𝜑) = 𝐽 {𝑗𝑙 , 𝑙 ∈ ⟦1, 𝑘⟧} est tel que :
−
𝑘 𝑘
(𝐾 ) (𝐾 ) (𝐾 ) (𝐾 )
∀𝑙 ∈ ⟦1, 𝑘⟧, δ𝑗𝑙 ,𝑗 = 0𝐾 ∧ δ𝑗𝑙 ,𝑗 ⋅ 𝑥𝑖𝑙 = 0𝐸 , ∑ δ𝑗𝑙 ,𝑗 = 0𝐾 , ∑ δ𝑗𝑙 ,𝑗 ⋅ 𝑥𝑖𝑙 = 0𝐸 ,
𝑙 =1 𝑙 =1
et :
𝑧𝜑,𝑗 = (1𝐾 − 0𝐾 ) ⋅ 𝑦𝑗 + 0𝐸 = 1𝐾 ⋅ 𝑦𝑗 = 𝑦𝑗 ;
̃
• tout indice 𝑗 ∈ im(𝜑) = {𝑗𝑙 , 𝑙 ∈ ⟦1, 𝑘⟧} s’écrit 𝑗 = 𝜑(𝑚) = 𝑗𝑚 pour un unique nombre 𝑚 ∈ ⟦1, 𝑘⟧ et vérifie :
𝑘 𝑘
(𝐾 ) (𝐾 ) (𝐾 ) (𝐾 ) (𝐾 ) (𝐾 )
∑ δ𝑗𝑙 ,𝑗 = ∑ δ⏟
𝑗𝑙 ,𝑗𝑚 + δ⏟
𝑗𝑚 ,𝑗𝑚 = 1𝐾 , ∑ δ𝑗𝑙 ,𝑗 ⋅ 𝑥𝑖𝑙 = ∑ δ⏟
𝑗𝑙 ,𝑗𝑚 ⋅ 𝑥𝑖𝑙 + δ⏟
𝑗𝑚 ,𝑗𝑚 ⋅ 𝑥𝑖𝑚 = 𝑥𝑖𝑚
𝑙 =1 𝑙 ∈⟦1,𝑘⟧ {𝑚} =0 𝑙 =1 𝑙 ∈⟦1,𝑘⟧ {𝑚} =0
−
−
𝐾 =1𝐾 𝐾 =1𝐾
et :
𝑧𝜑,𝑗 = (1𝐾 − 1𝐾 ) ⋅ 𝑦𝑗𝑚 + 𝑥𝑖𝑚 = 0𝐾 ⋅ 𝑦𝑗𝑚 + 𝑥𝑖𝑚 = 0𝐸 + 𝑥𝑖𝑚 = 𝑥𝑖𝑚 .
Rappelons que toute partie 𝐺 ⊆ 𝐽 est finie et vérifie :
𝑘 ⎧0𝐾 si 𝑖 ∉ 𝐼𝑘 +1
(𝐾 ) (𝐾 )
∀𝑖 ∈ 𝐼 , 𝜇𝑖 ≔ ∑(−𝜆𝑗𝑙 ) × δ𝑖𝑙 ,𝑖 + δ𝑖𝑘+1 ,𝑖 = −𝜆𝑗𝑙 si 𝑖 = 𝑖𝑙 pour 𝑙 ∈ ⟦1, 𝑘⟧ .
𝑙 =1
⎨
⎩1𝐾 si 𝑖 = 𝑖𝑘 +1
Son support 𝑆 ≔ supp(𝛭) vérifie manifestement l’inclusion 𝑆 ⊆ 𝐼𝑘 +1 et est donc fini, de cardinal inférieur ou
égal au nombre card(𝐼𝑘 +1 ) = 𝑘 + 1. Puisque 𝜇𝑖𝑘+1 = 1𝐾 ≠ 0𝐾 , on a 𝛭 ≠ (0𝐾 )𝑖∈𝐼 et, par liberté de la famille 𝒳 ,
on déduit que ∑𝑖∈𝐼 𝜇𝑖 ⋅ 𝑥𝑖 ≠ 0𝐸 . L’on peut écrire et calculer :
𝑘 +1 𝑘 𝑘
0𝐸 ≠ ∑ 𝜇𝑖 ⋅ 𝑥𝑖 = ∑ 𝜇𝑖 ⋅ 𝑥𝑖 = ∑ 𝜇𝑖𝑙 ⋅ 𝑥𝑖𝑙 = ∑(−𝜆𝑗𝑙 ) ⋅ 𝑥𝑖𝑙 + 1𝐾 ⋅ 𝑥𝑖𝑘+1 = − ∑ 𝜆𝑗𝑙 ⋅ 𝑥𝑖𝑙 + 𝑥𝑖𝑘+1 = ∑ 𝜆𝑗 ⋅ 𝑦𝑗 .
𝑖∈𝐼 𝑖∈𝐼𝑘+1 𝑙 =1 𝑙 =1 𝑙 =1 𝑗 ∈𝐽𝑘
On déduit que : • les termes de la somme ∑𝑗 ∈𝐽𝑘 𝜆𝑗 ⋅ 𝑦𝑗 ≠ 0𝐸 ne peuvent tous égaler le vecteur nul 0𝐸 ; • il existe
un indice 𝑗𝑘 +1 ∈ 𝐽𝑘 tel que 𝜆𝑗𝑘+1 ⋅ 𝑦𝑗𝑘+1 ≠ 0𝐸 . En invoquant les relations 𝑗𝑘 +1 ∈ 𝐽𝑘 = 𝐽 𝐽𝑘 ainsi que les propriétés
−
des parties de l’ensemble fini 𝐽 et de la relation d’ordre ⩽ sur l’ensemble ℕ, on peut successivement écrire :
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D’autre part, puisque 𝜆𝑗𝑘+1 ⋅ 𝑦𝑗𝑘+1 ≠ 0𝐸 , on a nécessairement 𝜆𝑗𝑘+1 ≠ 0𝐾 et le scalaire 𝜆𝑗𝑘+1 est donc inversible
dans le corps (𝐾 , +, ×). Définissons le prolongement 𝜓 ≔ (𝑗𝑙 )𝑙 ∈⟦1,𝑘 +1⟧ ∈ 𝐽 𝑘 +1 de l’arrangement 𝜑. Rappelons
et observons que : • les indices 𝑗𝑙 , pour 𝑙 ∈ ⟦1, 𝑘⟧, sont deux à deux distincts ; • l’indice 𝑗𝑘 +1 ∉ 𝐽𝑘 = {𝑗𝑙 , 𝑙 ∈ ⟦1, 𝑘⟧}
est distinct de chacun des indices 𝑗𝑙 , pour 𝑙 ∈ ⟦1, 𝑘⟧ ; • par une disjonction de cas immédiate, les indices 𝑗𝑙 , pour
𝑙 ∈ ⟦1, 𝑘 + 1⟧, demeurent conséquemment deux à deux distincts ; • l’uplet 𝜓 est donc un (𝑘 + 1)‐arrangement
d’éléments de l’ensemble 𝐽 et appartient à l’ensemble 𝒜𝑘 +1 (𝐽 ). Notons 𝐽𝑘 +1 ≔ im(𝜓 ) = {𝑗𝑙 , 𝑙 ∈ ⟦1, 𝑘 + 1⟧} =
{𝑗𝑙 , 𝑙 ∈ ⟦1, 𝑘⟧} ∪ {𝑗𝑘 +1 } = 𝐽𝑘 ∪ {𝑗𝑘 +1 } ⊆ 𝐽 et 𝐽𝑘 +1 ≔ 𝐽 𝐽𝑘 +1 ⊆ 𝐽 . Il est clair que 𝐽𝑘 +1 {𝑗𝑘 +1 } = 𝐽𝑘 ⊆ 𝐽𝑘 +1 et,
−
par passage au complémentaire, que 𝐽𝑘 +1 ⊆ 𝐽𝑘 . De plus : • tout indice 𝑗 ∈ 𝐽𝑘 +1 vérifie les relations 𝑗 ∈ 𝐽𝑘 et
𝑧𝜓 ,𝑗 = 𝑦𝑗 = 𝑧𝜑,𝑗 ; • tout indice 𝑗 ∈ 𝐽𝑘 +1 {𝑗𝑘 +1 } = 𝐽𝑘 s’écrit 𝑗 = 𝑗𝑙 pour un unique nombre 𝑙 ∈ ⟦1, 𝑘⟧ et vérifie
−
les égalités 𝑧𝜓 ,𝑗 = 𝑥𝑖𝑙 = 𝑧𝜑,𝑗 ; • l’indice 𝑗𝑘 +1 ∈ 𝐽𝑘 +1 ∩ 𝐽𝑘 est tel que 𝑧𝜓 ,𝑗𝑘+1 = 𝑥𝑖𝑘+1 tandis que 𝑧𝜑,𝑗𝑘+1 = 𝑦𝑗𝑘+1 . On
remarque ainsi que les systèmes 𝒵𝜓 et 𝒵𝜑 ne diffèrent éventuellement qu’en l’indice 𝑗𝑘 +1 . On calcule :
−
𝜆𝑗𝑘+1 ⋅ 𝑧𝜑,𝑗𝑘+1 = 𝑧𝜓 ,𝑗𝑘+1 − ∑ 𝜆𝑗 ⋅ 𝑧𝜓 ,𝑗 ,
𝑗 ∈𝐽 {𝑗𝑘+1 }
−
−
= 𝜆𝑗−1
𝑘+1
⋅ 𝑧𝜓 ,𝑗𝑘+1 + (−𝜆𝑗−1
𝑘+1
)⋅ ∑ 𝜆𝑗 ⋅ 𝑧𝜓 ,𝑗 = 𝜆𝑗−1
𝑘+1
⋅ 𝑧𝜓 ,𝑗𝑘+1 + ∑ (−𝜆𝑗−1
𝑘+1
) ⋅ (𝜆𝑗 ⋅ 𝑧𝜓 ,𝑗 )
𝑗 ∈𝐽 {𝑗𝑘+1 } 𝑗 ∈𝐽 {𝑗𝑘+1 }
−
−
= 𝜆𝑗−1
𝑘+1
⋅ 𝑧𝜓 ,𝑗𝑘+1 + ∑ (−𝜆𝑗−1 𝜆 ) ⋅ 𝑧𝜓 ,𝑗
𝑘+1 𝑗
= 𝜈𝑗𝑘+1 ⋅ 𝑧𝜓 ,𝑗𝑘+1 + ∑ 𝜈𝑗 ⋅ 𝑧𝜓 ,𝑗 = ∑ 𝜈𝑗 ⋅ 𝑧𝜓 ,𝑗
𝑗 ∈𝐽 {𝑗𝑘+1 } 𝑗 ∈𝐽 {𝑗𝑘+1 } 𝑗 ∈𝐽
−
−𝜆𝑗−1 𝜆
𝑘+1 𝑗
si 𝑗 ≠ 𝑗𝑘 +1
∀𝑗 ∈ 𝐽 , 𝜈𝑗 ≔ {
𝜆𝑗−1
𝑘+1
si 𝑗 = 𝑗𝑘 +1
Enfin, tout vecteur 𝑥 ∈ 𝐸 = vect(𝐸,+,⋅) (𝒵𝜑 ) s’écrit sous la forme 𝑥 = ∑𝑗 ∈𝐽 𝛼𝑗 ⋅ 𝑧𝜑,𝑗 pour un certain système
(𝛼𝑗 )𝑗 ∈𝐽 ∈ 𝐾 𝐽 et l’on calcule :
𝛼𝑗 si 𝑗 ≠ 𝑗𝑘 +1 𝛼𝑗 − 𝛼𝑗𝑘+1 𝜆𝑗−1 𝜆
𝑘+1 𝑗
si 𝑗 ≠ 𝑗𝑘 +1
∀𝑗 ∈ 𝐽 , 𝛽𝑗 ≔ { , ∀𝑗 ∈ 𝐽 , 𝛾𝑗 ≔ 𝛽𝑗 + 𝛼𝑗𝑘+1 𝜈𝑗 = { −1
.
0𝐾 si 𝑗 = 𝑗𝑘 +1 𝛼𝑗𝑘+1 𝜆𝑗𝑘+1 si 𝑗 = 𝑗𝑘 +1
Cela prouve l’inclusion 𝐸 ⊆ vect(𝐸,+,⋅) (𝒵𝜓 ), c’est‐à‐dire le caractère générateur du système 𝒵𝜓 dans l’espace
(𝐸, +, ⋅). En définitive, on a obtenu le résultat souhaité au rang 𝑘 + 1 et, puisque le nombre 𝑘 est quelconque,
établi l’hérédité de la récurrence.
Conclusion D’après le principe de récurrence, le résultat vaut pour tout nombre 𝑘 ∈ ⟦0, 𝑛⟧ donc, en parti‐
culier, pour 𝑘 = 𝑛. On déduit que la partie finie 𝐻 ⊆ 𝐼 est de cardinal inférieur ou égal au nombre 𝑝. Puisque
la partie 𝐻 ∈ 𝔓f (𝐼 ) considérée jusqu’ici est quelconque, c’est donc que l’ensemble {card(𝐻 ), 𝐻 ∈ 𝔓f (𝐼 )} des
cardinaux des parties finies de l’ensemble 𝐼 est majoré par le nombre 𝑝. Une récurrence immédiate prouve que
tout ensemble infini admet des parties finies de cardinal arbitrairement grand. Par contraposition, on déduit
ici que l’ensemble 𝐼 est fini. Tout ce qui précède s’applique alors à la partie 𝐻 = 𝐼 ∈ 𝔓f (𝐼 ) et, notant désormais
𝑛 ≔ card(𝐼 ) ∈ ℕ et considérant une énumération (𝑖𝑘 )𝑘 ∈⟦1,𝑛⟧ ∈ 𝒜𝑛 (𝐼 ) des éléments de l’ensemble 𝐼 , on déduit
20/54
que 𝑛 ⩽ 𝑝 et qu’il existe un 𝑛‐arrangement 𝜑 = (𝑗𝑘 )𝑘 ∈⟦1,𝑛⟧ ∈ 𝒜𝑛 (𝐽 ) tel que 𝐸 = vect(𝐸,+,⋅) (𝒵𝜑 ). Les applica‐
tions 𝑓 : ⟦1, 𝑛⟧ ∋ 𝑘 ↦ 𝑖𝑘 ∈ 𝐼 et 𝑔 : ⟦1, 𝑛⟧ ∋ 𝑘 ↦ 𝑗𝑘 ∈ 𝐽 sont respectivement bijective et injective. La fonction
composée ℎ ≔ 𝑔 ∘ 𝑓 −1 : 𝐼 → 𝐽 est bien définie, injective et telle que im(ℎ) = im(𝑔) = {𝑗𝑘 , 𝑘 ∈ ⟦1, 𝑛⟧} ≕ 𝐽𝑛 .
Sa corestriction ℎ|𝐽𝑛 : • demeure injective ; • est surjective, par construction ; • est conséquemment bijective.
Notant abusivement ℎ−1 : 𝐽𝑛 → 𝐼 la bijection réciproque de la fonction ℎ|𝐽𝑛 , on a :
∀𝑘 ∈ ⟦1, 𝑛⟧, ℎ(𝑖𝑘 ) = (𝑔 ∘ 𝑓 −1 )(𝑓 (𝑘)) = (𝑔 ∘ 𝑓 −1 ∘ 𝑓 )(𝑘) = (𝑔 ∘ id⟦1,𝑛⟧ )(𝑘) = 𝑔(𝑘) = 𝑗𝑘 ∧ 𝑖𝑘 = ℎ−1 (𝑗𝑘 )
et : • tout indice 𝑗 ∈ 𝐽 𝐽𝑛 est tel que 𝑧𝜑,𝑗 = 𝑦𝑗 ; • tout indice 𝑗 ∈ 𝐽𝑛 s’écrit 𝑗 = 𝑗𝑘 pour un unique indice 𝑘 ∈ ⟦1, 𝑛⟧
−
et vérifie 𝑧𝜑,𝑗 = 𝑥𝑖𝑘 = 𝑥ℎ−1 (𝑗𝑘 ) = 𝑥ℎ−1 (𝑗) . La preuve est achevée. □
Théorème 27 (Dimension) — On suppose le (𝐾 , +, ×)‐espace vectoriel (𝐸, +, ⋅) de dimension finie. Alors toutes
ses bases sont des systèmes de même cardinal : leurs ensembles d’indexation sont finis et ont même cardinal — tout
comme leurs ensembles images, par équipotence.
Démonstration — Soient ℬ = (𝑒𝑖 )𝑖∈𝐼 ∈ 𝐸 𝐼 et 𝒞 = (𝑓𝑗 )𝑗 ∈𝐽 ∈ 𝐸 𝐽 deux bases de l’espace (𝐸, +, ⋅) respectivement
indexées par des ensembles 𝐼 et 𝐽 . Ledit espace étant de dimension finie, on peut en considérer un système
générateur. Une première application du lemme d’échange de Steinitz garantit que les familles libres ℬ et 𝒞
sont en fait elles aussi des systèmes : leurs ensembles d’indexation respectifs 𝐼 et 𝐽 sont finis. Deux nouvelles
applications du lemme d’échange de Steinitz permettent de déduire que : • le cardinal du système libre ℬ est
inférieur ou égal à celui du système générateur 𝒞 ; • le cardinal du système libre 𝒞 est inférieur ou égal à celui
du système générateur ℬ. Autrement dit, on a la double inégalité card(𝐼 ) ⩽ card(𝐽 ) ⩽ card(𝐼 ), c’est‐à‐dire,
par antisymétrie de la relation d’ordre ⩽ sur l’ensemble ℕ, l’égalité card(𝐼 ) = card(𝐽 ). Notons, enfin, que la
liberté du système ℬ entraîne que ses éléments sont deux à deux distincts. L’application ℬ : 𝐼 ∋ 𝑖 ↦ 𝑒𝑖 ∈ 𝐸 est
donc injective et sa corestriction 𝐼 ∋ 𝑖 ↦ 𝑒𝑖 ∈ im(ℬ) = {𝑒𝑗 , 𝑗 ∈ 𝐼 } ≕ 𝐵 est bijective. L’ensemble 𝐵, équipotent
à l’ensemble fini 𝐼 , est ainsi également fini, de même cardinal. Les bases considérées étant quelconques, le
théorème est entièrement démontré. □
Définition 28 — Si le (𝐾 , +, ×)‐espace vectoriel (𝐸, +, ⋅) est de dimension finie, alors on appelle dimension
de cet espace et l’on note dim(𝐾 ,+,×) (𝐸, +, ⋅) ∈ ℕ ou simplement dim(𝐸, +, ⋅) — voire dim(𝐸), en l’absence
d’ambiguïté vis‐à‐vis du corps de référence ainsi que des lois + et ⋅ — le cardinal, fini, commun à toutes ses
bases. Dans le cas où l’espace est de dimension infinie, on note dim(𝐾 ,+,×) (𝐸, +, ⋅) ≔ +∞ ou dim(𝐸, +, ⋅) ≔ +∞
— voire dim(𝐸) ≔ +∞.
Exemple — Pour tout nombre 𝑛 ∈ ℕ, le (𝐾 , +, ×)‐espace vectoriel (𝐾 𝑛 , +, ⋅) est de dimension finie 𝑛 : sa base
canonique est en effet constituée de 𝑛 vecteurs.
Exemple — Compte tenu de l’exemple précédent appliqué dans le cas où le corps (𝐾 , +, ×) est le corps des
nombres complexes et où 𝑛 = 1, on peut affirmer que dim(ℂ,+,×) (ℂ, +, ×) = 1. Lorsque le triplet (𝐾 , +, ×)
désigne le corps des nombres réels, l’on peut définir sur l’ensemble ℂ la loi de composition externe ⋅ : ℝ × ℂ ∋
(𝜆, 𝑧) ↦ 𝜆 × 𝑧 ∈ ℂ de domaine d’opérateurs ℝ, par restriction de la multiplication ×. Le triplet (ℂ, +, ⋅) — la
loi + désignant toujours l’addition usuelle sur l’ensemble ℂ — constitue un (ℝ, +, ×)‐espace vectoriel dont une
base est, en vertu de l’existence et de l’unicité de l’écriture algébrique de tout nombre complexe, évidemment
donnée par le système (1, i). Dès lors, on a dim(ℝ,+,×) (ℂ, +, ⋅) = 2. Cet exemple illustre le fait que la notion
de dimension n’est pas intrinsèque à l’ensemble sur lequel on travaille mais dépend bien sûr de la structure
d’espace vectoriel dont on l’a muni et du corps de référence.
Remarque — Supposons le (𝐾 , +, ×)‐espace vectoriel (𝐸, +, ⋅) de dimension finie et notons 𝑛 ≔ dim(𝐸, +, ⋅) ∈
ℕ. Il est toujours possible d’en considérer une base indexée par l’intervalle ⟦1, 𝑛⟧ de l’ensemble ordonné
(ℕ, ⩽). En effet, il existe une base ℬ = (𝑒𝑖 )𝑖∈𝐼 ∈ 𝐸 𝐼 indexée par un certain ensemble 𝐼 de cardinal 𝑛 ainsi qu’une
bijection 𝑓 : ⟦1, 𝑛⟧ → 𝐼 et, par réindexation, le système 𝒞 = (𝑢𝑘 )𝑘 ∈⟦1,𝑛⟧ ≔ (𝑒𝑓 (𝑘) )𝑘 ∈⟦1,𝑛⟧ ∈ 𝐸 𝑛 demeure libre et
générateur et constitue donc une base de l’espace (𝐸, +, ⋅) puisque :
𝑛 𝑛
∀𝑥 ∈ 𝐸, (∃(𝜆𝑖 )𝑖∈𝐼 ∈ 𝐾 𝐼 : 𝑥 = ∑ 𝜆𝑖 ⋅ 𝑒𝑖 = ∑ 𝜆𝑓 (𝑘) ⋅ 𝑒𝑓 (𝑘) ) ∧ (∃(𝜇𝑘 )𝑘 ∈⟦1,𝑛⟧ ∈ 𝐾 𝑛 : 𝑥 = ∑ 𝜇𝑘 ⋅ 𝑢𝑘 )
𝑖∈𝐼 𝑘 =1 𝑘 =1
et : 𝑛
∀(𝜇𝑘 )𝑘 ∈⟦1,𝑛⟧ ∈ 𝐾 𝑛 , ∑ 𝜇𝑘 ⋅ 𝑢𝑘 = 0𝐸 ⇒ ∑ 𝜇𝑓 −1 (𝑖) ⋅ 𝑒𝑖 = 0𝐸
𝑘 =1 𝑖∈𝐼
21/54
⇒ (∀𝑖 ∈ 𝐼 , 𝜇𝑓 −1 (𝑖) = 0𝐾 )
⇒ (∀𝑘 ∈ ⟦0, 𝑛⟧, 0𝐾 = 𝜇𝑓 −1 (𝑓 (𝑘)) = 𝜇(𝑓 −1 ∘𝑓 )(𝑘) = 𝜇id⟦1,𝑛⟧ (𝑘) = 𝜇𝑘 ).
Lemme 29 — Le (𝐾 , +, ×)‐espace vectoriel (𝐸, +, ⋅) est de dimension nulle si, et seulement si, il est réduit au
singleton {0𝐸 }, c’est‐à‐dire qu’il possède le vecteur nul pour unique élément.
Démonstration — Implication directe Supposons l’espace (𝐸, +, ⋅) de dimension finie, égale au nombre 0.
Il admet une base ℬ = (𝑒𝑖 )𝑖∈𝐼 ∈ 𝐸 𝐼 indexée par ensemble fini 𝐼 de cardinal égal au nombre dim(𝐸, +, ⋅) = 0, si
bien qu’on a nécessairement 𝐼 = ∅ et ℬ = (𝑒𝑖 )𝑖∈∅ = (∅, 𝐸, ∅) ∈ 𝐸 ∅ . Tout vecteur 𝑥 ∈ 𝐸 = vect(𝐸,+,⋅) (𝒳 ) s’écrit
𝑥 = ∑𝑖∈∅ 𝜆𝑖 ⋅ 𝑒𝑖 = 0𝐸 pour une certain système de scalaires (𝜆𝑖 )𝑖∈∅ ∈ 𝐾 ∅ , nécessairement égal au système vide
(∅, 𝐾 , ∅). D’où l’inclusion 𝐸 ⊆ {0𝐸 }. L’inclusion réciproque étant immédiate, on conclut, par extensionnalité,
que 𝐸 = {0𝐸 }.
Implication réciproque Supposons que 𝐸 = {0𝐸 }. On a déjà vu que la famille vide 𝒳 = (𝑥𝑖 )𝑖∈∅ ∈ 𝐸 ∅
est libre. Elle est ici également génératrice car, comme ci‐dessus, le seul vecteur 0𝐸 de l’espace (𝐸, +, ⋅) égale
effectivement la combinaison linéaire vide ∑𝑖∈∅ 𝜆𝑖 ⋅ 𝑥𝑖 , pour la famille de scalaires vide (𝜆𝑖 )𝑖∈∅ ∈ 𝐾 ∅ . La famille
vide 𝒳 est donc une base de l’espace (𝐸, +, ⋅). Puisque l’ensemble vide ∅ est fini, de cardinal nul, on conclut
que l’espace (𝐸, +, ⋅) est de dimension nulle. □
Proposition 30 — On suppose le (𝐾 , +, ×)‐espace vectoriel (𝐸, +, ⋅) de dimension finie et l’on note 𝑛 ≔ dim(𝐸, +, ⋅)
∈ ℕ. Alors :
(i) toute famille de vecteurs génératrice de l’espace (𝐸, +, ⋅) est de cardinal supérieur ou égal au nombre 𝑛 ;
(ii) aucun système de vecteurs de cardinal strictement inférieur au nombre 𝑛 n’est générateur de l’espace (𝐸, +, ⋅) ;
(iii) toute famille de vecteurs libre dans l’espace (𝐸, +, ⋅) est de cardinal inférieur ou égal au nombre 𝑛 ;
(iv) aucune famille de vecteurs de cardinal strictement supérieur au nombre 𝑛 n’est libre dans l’espace (𝐸, +, ⋅).
Démonstration — Fixons une base quelconque ℬ = (𝑒𝑖 )𝑖∈𝐼 ∈ 𝐸 𝐼 indexée par un ensemble 𝐼 , nécessairement fini
et de cardinal 𝑛. Considérons aussi un ensemble 𝐽 et une famille de vecteurs 𝒳 = (𝑥𝑗 )𝑗 ∈𝐽 ∈ 𝐸 𝐽 .
(i) Supposons la famille 𝒳 génératrice. Si l’ensemble 𝐽 est infini, alors on a bien sûr card(𝐽 ) = +∞ > 𝑛. Dans
le cas où l’ensemble 𝐽 est fini, le lemme d’échange de Steinitz s’applique et assure que le système libre
ℬ est constitué de moins de vecteurs que le système générateur 𝒳 , de sorte qu’on a encore card(𝐽 ) ⩾ 𝑛.
(ii) Par contraposition, si card(𝐽 ) < 𝑛, le système 𝒳 ne peut être générateur.
(iii) Si la famille 𝒳 est libre, le lemme d’échange de Steinitz s’applique encore et garantit que l’ensemble 𝐽
est fini, de cardinal inférieur ou égal à 𝑛.
(iv) Par contraposition, si card(𝐽 ) > 𝑛, la famille 𝒳 est nécessairement liée.
D’où, la famille considérée étant quelconque, les résultats annoncés. □
Proposition 31 — On suppose le (𝐾 , +, ×)‐espace vectoriel (𝐸, +, ⋅) de dimension finie et l’on pose 𝑛 ≔ dim(𝐸, +, ⋅)
∈ ℕ. Pour tout ensemble fini 𝐼 de cardinal 𝑛 et tout système de 𝑛 vecteurs 𝒳 = (𝑥𝑖 )𝑖∈𝐼 ∈ 𝐸 𝐼 , les assertions suivantes
sont équivalentes :
(i) le système 𝒳 est libre dans l’espace (𝐸, +, ⋅) ;
(ii) le système 𝒳 est générateur de l’espace (𝐸, +, ⋅) ;
(iii) le système 𝒳 est une base de l’espace (𝐸, +, ⋅).
Démonstration — Conservons les notations de l’énoncé. Les implications (iii) ⇒ (i) et (iii) ⇒ (ii) sont évidentes.
Implications (i) ⇒ (ii) et (i) ⇒ (iii) Supposons le système 𝒳 libre. La proposition précédente assure que
tout sursystème strict du système 𝒳 , de cardinal strictement supérieur au nombre 𝑛, est lié dans l’espace
(𝐸, +, ⋅). Le système 𝒳 est donc libre maximal : c’est une base.
Implications (ii) ⇒ (i) et (ii) ⇒ (iii) Supposons que le système 𝒳 est générateur. De par la proposition
précédente, aucun sous‐système strict du système 𝒳 , de cardinal strictement inférieur au nombre 𝑛, n’est
générateur. C’est donc que le système 𝒳 est générateur minimal : c’est une base.
Conclusion On déduit que les équivalences (i) ⇔ (ii), (i) ⇔ (iii) et (ii) ⇔ (iii) sont vérifiées. □
Le lemme d’échange de Steinitz, dans le cas particulier des bases, prend la forme suivante.
Théorème 32 (Base incomplète) — On suppose le (𝐾 , +, ×)‐espace vectoriel (𝐸, +, ⋅) de dimension finie et l’on
note 𝑛 ≔ dim(𝐸, +, ⋅) ∈ ℕ. On considère une famille de vecteurs 𝒳 = (𝑥𝑖 )𝑖∈𝐼 ∈ 𝐸 𝐼 indexée par un ensemble 𝐼 et
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libre dans l’espace (𝐸, +, ⋅). Alors l’ensemble 𝐼 est fini, de cardinal 𝑝 ∈ ℕ inférieur ou égal au nombre 𝑛, et il existe
un ensemble fini 𝐽 de cardinal 𝑛, une injection 𝑓 : 𝐼 → 𝐽 et une base 𝒴 = (𝑦𝑗 )𝑗 ∈𝐽 ∈ 𝐸 𝐽 de l’espace (𝐸, +, ⋅) tels que,
notant abusivement 𝑓 −1 : im(𝑓 ) → 𝐼 la bijection réciproque de la corestriction 𝑓 |im(𝑓 ) de l’application 𝑓 à son
ensemble image :
∀𝑖 ∈ 𝐼 , 𝑦𝑓 (𝑖) = 𝑥𝑖 i. e. ∀𝑗 ∈ im(𝑓 ), 𝑦𝑗 = 𝑥𝑓 −1 (𝑗) .
Plus précisément, étant donnée une base quelconque ℬ = (𝑒𝑗 )𝑗 ∈𝐽 ∈ 𝐸 𝐽 de l’espace (𝐸, +, ⋅) indexée par un ensemble
𝐽 de cardinal 𝑛, on peut trouver une injection 𝑓 : 𝐼 → 𝐽 telle que, notant encore 𝑓 −1 : im(𝑓 ) → 𝐼 la bijection
réciproque de l’application 𝑓 |im(𝑓 ) , le système 𝒴 = (𝑦𝑗 )𝑗 ∈𝐽 ∈ 𝐸 𝐽 suivant soit une base de l’espace (𝐸, +, ⋅) :
𝑥 −1 si 𝑗 ∈ im(𝑓 )
∀𝑗 ∈ 𝐽 , 𝑦𝑗 ≔ { 𝑓 (𝑗) .
𝑒𝑗 si 𝑗 ∉ im(𝑓 )
On peut, à réindexation près, « compléter » le système libre 𝒳 en une base à l’aide de vecteurs d’une autre base.
Démonstration — Le lemme d’échange de Steinitz appliqué à la famille libre 𝒳 et au système générateur
ℬ assure que l’ensemble 𝐼 est fini, avec 𝑝 = card(𝐼 ) ⩽ card(𝐽 ) = 𝑛, et qu’il existe une injection 𝑓 : 𝐼 → 𝐽
telle que le système 𝒴 = (𝑦𝑗 )𝑗 ∈𝐽 défini dans l’énoncé demeure générateur de l’espace (𝐸, +, ⋅). On déduit de
la proposition précédente que ce système, générateur et constitué d’autant de vecteurs que la dimension de
l’espace (𝐸, +, ⋅), est en fait une base dudit espace. □
Théorème 33 (Base incomplète, version simplifiée) — On suppose le (𝐾 , +, ×)‐espace vectoriel (𝐸, +, ⋅) de
dimension finie et l’on note 𝑛 ≔ dim(𝐸, +, ⋅) ∈ ℕ. On considère un nombre 𝑝 ∈ ℕ et un système de vecteurs
𝒳 = (𝑥𝑖 )𝑖∈⟦1,𝑝⟧ ∈ 𝐸 𝑝 libre dans l’espace (𝐸, +, ⋅). Alors 𝑝 ⩽ 𝑛 et il existe un prolongement 𝒳̃ = (𝑥𝑖 )𝑖∈⟦1,𝑛⟧
du système 𝒳 qui soit une base de l’espace (𝐸, +, ⋅). Plus précisément, désignant par ℬ = (𝑒𝑖 )𝑖∈⟦1,𝑛⟧ ∈ 𝐸 𝑛 une
base quelconque de l’espace (𝐸, +, ⋅), il existe un (𝑛 − 𝑝)‐arrangement (𝑖𝑙 )𝑙 ∈⟦1,𝑛−𝑝⟧ ∈ 𝒜𝑛−𝑝 (⟦1, 𝑛⟧) d’éléments de
l’intervalle ⟦1, 𝑛⟧ tel que, posant (𝑥𝑘 )𝑘 ∈⟦𝑝+1,𝑛⟧ ≔ (𝑒𝑖𝑘−𝑝 )𝑘 ∈⟦𝑝+1,𝑛⟧ , le système prolongé 𝒳̃ ≔ (𝑥𝑘 )𝑘 ∈⟦1,𝑛⟧ ∈ 𝐸 𝑛 soit
une base de l’espace (𝐸, +, ⋅).
Démonstration — Le théorème précédent assure que 𝑝 ⩽ 𝑛 et qu’il existe une injection 𝑓 : ⟦1, 𝑝⟧ → ⟦1, 𝑛⟧ telle
que, notant 𝑓 ̃ ≔ 𝑓 |im(𝑓 ) ∈ bij(⟦1, 𝑝⟧, im(𝑓 )), le système 𝒴 = (𝑦𝑖 )𝑖∈⟦1,𝑛⟧ ∈ 𝐸 𝑛 suivant soit une base de l’espace
(𝐸, +, ⋅) :
𝑥 −1
̃ si 𝑖 ∈ im(𝑓 )
∀𝑖 ∈ ⟦1, 𝑛⟧, 𝑦𝑖 ≔ { 𝑓 (𝑖) .
𝑒𝑖 si 𝑖 ∉ im(𝑓 )
Notons 𝐴 ≔ im(𝑓 ) ⊆ ⟦1, 𝑛⟧ et 𝐵 ≔ ⟦1, 𝑛⟧ 𝐴 ⊆ ⟦1, 𝑛⟧. L’ensemble 𝐴, équipotent à l’intervalle ⟦1, 𝑝⟧ via la
−
bijection 𝑓 ,̃ est fini et de cardinal égal au nombre 𝑝. Les propriétés des ensembles finis assurent que l’ensemble
𝐵 est fini, de cardinal égal à la différence 𝑛 − 𝑝. Considérons une énumération (𝑖𝑙 )𝑙 ∈⟦1,𝑛−𝑝⟧ ∈ 𝒜𝑛−𝑝 (𝐵) de ses
éléments ; l’application 𝑔 : ⟦1, 𝑛 − 𝑝⟧ ∋ 𝑙 ↦ 𝑖𝑙 ∈ 𝐵 est bijective. Définissons alors le (𝑛 − 𝑝)‐uplet (𝑥𝑘 )𝑘 ∈⟦𝑝+1,𝑛⟧ ≔
(𝑒𝑖𝑘−𝑝 )𝑘 ∈⟦𝑝+1,𝑛⟧ ∈ 𝐸 𝑛−𝑝 et vérifions que le système prolongé 𝒳̃ ≔ (𝑥𝑘 )𝑘 ∈⟦1,𝑛⟧ ∈ 𝐸 𝑛 est encore une base de
l’espace (𝐸, +, ⋅).
Liberté Soit un 𝑛‐uplet de scalaires (𝜆𝑘 )𝑘 ∈⟦1,𝑛⟧ ∈ 𝐾 𝑛 . On calcule, par sommation par paquets et réindexation :
𝑛 𝑝 𝑛 𝑝 𝑛 𝑝 𝑛−𝑝
∑ 𝜆𝑘 ⋅ 𝑥𝑘 = ∑ 𝜆𝑘 ⋅ 𝑥𝑘 + ∑ 𝜆𝑘 ⋅ 𝑥𝑘 = ∑ 𝜆𝑘 ⋅ 𝑥𝑘 + ∑ 𝜆𝑘 ⋅ 𝑒𝑖𝑘−𝑝 = ∑ 𝜆𝑘 ⋅ 𝑥𝑘 + ∑ 𝜆𝑙 +𝑝 ⋅ 𝑒𝑖𝑙
𝑘 =1 𝑘 =1 𝑘 =𝑝+1 𝑘 =1 𝑘 =𝑝+1 𝑘 =1 𝑙 =1
𝑛
= ∑ 𝜆𝑓 −1 ̃ (𝑖) + ∑ 𝜆𝑔 −1 (𝑖)+𝑝 ⋅ 𝑒𝑖 = ∑ 𝜇𝑖 ⋅ 𝑦𝑖 + ∑ 𝜇𝑖 ⋅ 𝑦𝑖 = ∑ 𝜇𝑖 ⋅ 𝑦𝑖 = ∑ 𝜇𝑖 ⋅ 𝑦𝑖 ,
̃ (𝑖) ⋅ 𝑥𝑓 −1
𝑖∈𝐴 𝑖∈𝐵 𝑖∈𝐴 𝑖∈𝐵 𝑖∈𝐴∪𝐵 𝑖=1
où l’on a défini le 𝑛‐uplet de scalaires 𝛭 = (𝜇𝑖 )𝑖∈⟦1,𝑛⟧ ∈ 𝑛
𝐾 par :
𝜆𝑓 −1
̃ (𝑖) si 𝑖 ∈ im(𝑓 ) i. e. 𝑖 ∈ 𝐴
∀𝑖 ∈ ⟦1, 𝑛⟧, 𝜇𝑖 ≔ { .
𝜆𝑔 −1 (𝑖)+𝑝 si 𝑖 ∉ im(𝑓 ) i. e. 𝑖 ∈ 𝐵
𝑛 𝑛
Si la combinaison linéaire ∑𝑘 =1 𝜆𝑘 ⋅ 𝑥𝑘 = ∑𝑖=1 𝜇𝑖 ⋅ 𝑦𝑖 égale le vecteur nul 0𝐸 , alors la liberté du système 𝒴
assure que 𝑀 = (0𝐾 )𝑖∈⟦1,𝑛⟧ , c’est‐à‐dire que :
∀𝑖 ∈ ⟦1, 𝑛⟧ = 𝐴 ∪ 𝐵, 𝜇𝑖 = 0𝐾 , ∀𝑖 ∈ 𝐴, 𝜆𝑓 −1
̃ (𝑖) = 𝜇𝑖 = 0𝐾 , ∀𝑖 ∈ 𝐵, 𝜆𝑔 −1 (𝑖)+𝑝 = 𝜇𝑖 = 0𝐾
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et l’on peut écrire :
∀𝑘 ∈ ⟦1, 𝑝⟧, 𝜆𝑘 = 𝜆id⟦1,𝑝⟧ (𝑘) = 𝜆(𝑓 −1
̃ ∘ 𝑓 )(𝑘)
̃ = 𝜆𝑓 −1 ̃ ) = 𝜇𝑓 (𝑘)
̃ (𝑓 (𝑘) ̃ = 0𝐾 ,
∀𝑘 ∈ ⟦𝑝 + 1, 𝑛⟧, 𝜆𝑘 = 𝜆𝑘 −𝑝+𝑝 = 𝜆id⟦1,𝑛−𝑝⟧ (𝑘 −𝑝)+𝑝 = 𝜆(𝑔 −1 ∘𝑔)(𝑘 −𝑝)+𝑝 = 𝜆𝑔 −1 (𝑔(𝑘 −𝑝)) +𝑝 = 𝜇𝑔(𝑘 −𝑝) = 0𝐾 ,
∀𝑘 ∈ ⟦1, 𝑛⟧, 𝜆𝑘 = 0𝐾 .
L’uplet de scalaires étant quelconque, c’est donc que le système 𝒳̃ est libre.
Caractère générateur Le système 𝒴 étant générateur de l’espace (𝐸, +, ⋅), tout vecteur 𝑥 ∈ 𝐸 s’écrit sous
𝑛
la forme 𝑥 = ∑𝑖=1 𝜆𝑖 ⋅ 𝑦𝑖 , pour un certain 𝑛‐uplet de scalaires (𝜆𝑖 )𝑖∈⟦1,𝑛⟧ ∈ 𝐾 𝑛 , et l’on peut aussi écrire, par
sommation par paquets et réindexation :
𝑛 𝑝 𝑛−𝑝
𝑥 = ∑ 𝜆𝑖 ⋅ 𝑦𝑖 = ∑ 𝜆𝑖 ⋅ 𝑦𝑖 = ∑ 𝜆𝑖 ⋅ 𝑦𝑖 + ∑ 𝜆𝑖 ⋅ 𝑦𝑖 = ∑ 𝜆𝑖 ⋅ 𝑥𝑓 −1
̃ (𝑖) + ∑ 𝜆𝑖 ⋅ 𝑒𝑖 = ∑ 𝜆𝑓 (𝑘)
̃ ⋅ 𝑥𝑘 + ∑ 𝜆𝑖𝑙 ⋅ 𝑒𝑖𝑙
𝑖=1 𝑖∈𝐴∪𝐵 𝑖∈𝐴 𝑖∈𝐵 𝑖∈𝐴 𝑖∈𝐵 𝑘 =1 𝑙 =1
𝑝 𝑛 𝑝 𝑛 𝑛
= ∑ 𝜆𝑓 (𝑘) ⋅ 𝑥𝑘 + ∑ 𝜆𝑖𝑘−𝑝 ⋅ 𝑒𝑖𝑘−𝑝 = ∑ 𝜇𝑘 ⋅ 𝑥𝑘 + ∑ 𝜇𝑘 ⋅ 𝑥𝑘 = ∑ 𝜇𝑘 ⋅ 𝑥𝑘 ∈ vect(𝐸,+,⋅) (𝒳̃ ),
𝑘 =1 𝑘 =𝑝+1 𝑘 =1 𝑘 =𝑝+1 𝑘 =1
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À ce stade, remarquons que, dans tout ce qui précède, le (𝐾 , +, ×)‐espace vectoriel (𝐸, +, ⋅) considéré est quel‐
conque : toutes les définitions et tous les résultats énoncés jusqu’ici sont universels et s’appliquent en fait à un
espace vectoriel quelconque. (On n’a fixé les notations que par commodité rédactionnelle.) Mettons à présent
en relation les notions de dimension et de sous‐espace vectoriel.
Proposition 36 — On suppose le (𝐾 , +, ×)‐espace vectoriel (𝐸, +, ⋅) de dimension finie. Considérons une partie
𝐹 ⊆ 𝐸 définissant un sous‐espace de l’espace (𝐸, +, ⋅) et notons encore abusivement + et ⋅ les lois induites corres‐
pondantes. Alors le (𝐾 , +, ×)‐espace vectoriel (𝐹 , +, ⋅) est de dimension finie et l’on a :
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Remarque — Cette formule est analogue à celle de Poincaré, relative au cardinal de la réunion de deux
ensembles finis ; cependant, elle ne se généralise pas à plus de deux sous‐espaces.
Démonstration — Posons (𝑝, 𝑞) ≔ (dim(𝐹 , +, ⋅), dim(𝐺, +, ⋅)) ∈ ℕ2 ainsi que (𝑚, 𝑀) ≔ (min(𝑝, 𝑞), max(𝑝, 𝑞)) ∈
{(𝑝, 𝑞), (𝑞, 𝑝)}. Observons que 𝑝 + 𝑞 = 𝑚 + 𝑀. Rappelons que la notion de sous‐espace vectoriel est stable par
intersection et que la partie 𝐹 ∩ 𝐺 définit ainsi un sous‐espace de l’espace (𝐸, +, ⋅). D’une part, les inclusions
𝐹 ∩𝐺 ⊆ 𝐹 et 𝐹 ∩𝐺 ⊆ 𝐺 sont vérifiées ; d’autre part, les espaces (𝐹 , +, ⋅) et (𝐺, +, ⋅) sont de dimension finie. La pro‐
position précédente garantit que l’espace (𝐹 ∩ 𝐺, +, ⋅) est également de dimension finie, inférieure ou égale aux
deux nombres 𝑝 et 𝑞 donc à leur minimum 𝑚. Notons 𝑟 ≔ dim(𝐹 ∩ 𝐺, +, ⋅) ∈ ⟦0, 𝑚⟧ et 𝑠 ≔ 𝑝 + 𝑞 − 𝑟 ∈ ⟦𝑀, 𝑝 + 𝑞⟧
puis considérons une base 𝒲 = (𝑤𝑖 )𝑖∈⟦1,𝑟⟧ ∈ (𝐹 ∩𝐺)𝑟 de l’espace (𝐹 ∩𝐺, +, ⋅). Observons que : • le système 𝒲 est
libre dans l’espace (𝐹 ∩ 𝐺, +, ⋅) ; • le système 𝒲|𝐹 est libre dans l’espace (𝐹 , +, ⋅) ; • le système 𝒲|𝐺 est libre dans
l’espace (𝐺, +, ⋅). Le théorème de la base incomplète assure que les systèmes 𝒲|𝐹 et 𝒲|𝐺 peuvent être respecti‐
vement complétés en : • une base 𝒰 = (𝑢𝑖 )𝑖∈⟦1,𝑝⟧ ∈ 𝐹 𝑝 de l’espace (𝐹 , +, ⋅) telle que (𝑢𝑖 )𝑖∈⟦1,𝑟⟧ = (𝑤𝑖 )𝑖∈⟦1,𝑟⟧ ∈ 𝐹 𝑟 ;
• une base 𝒱 = (𝑣𝑖 )𝑖∈⟦1,𝑞⟧ ∈ 𝐺 𝑞 de l’espace (𝐺, +, ⋅) telle que (𝑣𝑖 )𝑖∈⟦1,𝑟⟧ = (𝑤𝑖 )𝑖∈⟦1,𝑟⟧ ∈ 𝐺 𝑟 . Rappelons et remar‐
quons que : • tout ensemble 𝐻 ∈ {𝐹 , 𝐺} vérifie les relations 𝐹 ∩ 𝐺 ⊆ 𝐻 ⊆ 𝐹 ∪ 𝐺 ⊆ vect(𝐸,+,⋅) (𝐹 ∪ 𝐺) = 𝐹 + 𝐺 ;
• tous les vecteurs des familles 𝒲 , 𝒰 et 𝒱 appartiennent à l’ensemble 𝐹 + 𝐺. Définissons alors le système
𝒳 = (𝑥𝑖 )𝑖∈⟦1,𝑠⟧ ∈ (𝐹 + 𝐺)𝑠 suivant :
𝑢𝑖 si 𝑖 ⩽ 𝑝 ⎧𝑤𝑖 si 𝑖 ⩽ 𝑟
∀𝑖 ∈ ⟦1, 𝑠⟧, 𝑥𝑖 ≔ { , ∀𝑖 ∈ ⟦1, 𝑠⟧, 𝑥𝑖 = 𝑢𝑖 si 𝑟 < 𝑖 ⩽ 𝑝 .
𝑣𝑖−(𝑝−𝑟) si 𝑖 > 𝑝 ⎨
⎩𝑣𝑖−𝑝+𝑟 si 𝑖 > 𝑝
𝜇𝑖 si 𝑖 ⩽ 𝑟
∀𝑖 ∈ ⟦1, 𝑞⟧, 𝛼𝑖 ≔ { .
𝜆𝑖+𝑝−𝑟 si 𝑖 > 𝑟
La liberté du système 𝒱 dans l’espace (𝐺, +, ⋅) permet de déduire que (𝛼𝑖 )𝑖∈⟦1,𝑞⟧ = (0𝐾 )𝑖∈⟦1,𝑞⟧ . En particulier, il
vient que (𝜆𝑖+𝑝−𝑟 )𝑖∈⟦𝑟 +1,𝑞⟧ = (0𝐾 )𝑖∈⟦𝑟 +1,𝑞⟧ et, par translation, que 𝛬|⟦𝑝+1,𝑠⟧ = (0𝐾 )𝑖∈⟦𝑝+1,𝑠⟧ . On peut écrire et
calculer : 𝑝 𝑞 𝑞 𝑞
∑ 𝜆𝑖 ⋅ 𝑢𝑖 = ∑ (−𝜆𝑖+𝑝−𝑟 ) ⋅ 𝑣𝑖 = ∑ 0𝐾 ⋅ 𝑣𝑖 = ∑ 0𝐸 = 0𝐸
𝑖=1 𝑖=𝑟 +1 𝑖=𝑟 +1 𝑖=𝑟 +1
puis invoquer à présent la liberté du système 𝒰 dans l’espace (𝐹 , +, ⋅) pour déduire que 𝛬|⟦1,𝑝⟧ = (0𝐾 )𝑖∈⟦1,𝑝⟧ .
En définitive, on conclut que 𝛬 = (0𝐾 )𝑖∈⟦1,𝑠⟧ . L’uplet considéré étant à priori quelconque, c’est donc que le
système 𝒳 est libre dans l’espace (𝐹 + 𝐺, +, ⋅).
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Caractère générateur Soit un vecteur 𝑤 ∈ 𝐹 + 𝐺. Il existe un couple (𝑢, 𝑣) ∈ 𝐹 × 𝐺 tel que 𝑤 = 𝑢 + 𝑣.
Les systèmes 𝒰 et 𝒱 engendrent respectivement les espaces (𝐹 , +, ⋅) et (𝐺, +, ⋅) et il existe donc des uplets de
𝑝 𝑞
scalaires (𝜆𝑖 )𝑖∈⟦1,𝑝⟧ ∈ 𝐾 𝑝 et (𝜇𝑖 )𝑖∈⟦1,𝑞⟧ ∈ 𝐾 𝑞 tels que 𝑢 = ∑𝑖=1 𝜆𝑖 ⋅ 𝑢𝑖 et 𝑣 = ∑𝑖=1 𝜇𝑖 ⋅ 𝑣𝑖 . Calculons alors :
𝑝 𝑝 𝑟 𝑝
𝑢 = ∑ 𝜆𝑖 ⋅ 𝑢𝑖 = ∑ 𝜆𝑖 ⋅ 𝑥𝑖 = ∑ 𝜆𝑖 ⋅ 𝑥𝑖 + ∑ 𝜆𝑖 ⋅ 𝑥𝑖 ,
𝑖=1 𝑖=1 𝑖=1 𝑖=𝑟 +1
𝑞 𝑟 𝑞 𝑟 𝑠 𝑟 𝑠
𝑣 = ∑ 𝜇𝑖 ⋅ 𝑣𝑖 = ∑ 𝜇𝑖 ⋅ 𝑣𝑖 + ∑ 𝜇𝑖 ⋅ 𝑣𝑖 = ∑ 𝜇𝑖 ⋅ 𝑤𝑖 + ∑ 𝜇𝑗 −𝑝+𝑟 ⋅ 𝑣𝑗 −𝑝+𝑟 = ∑ 𝜇𝑖 ⋅ 𝑥𝑖 + ∑ 𝜇𝑖−𝑝+𝑟 ⋅ 𝑥𝑖 ,
𝑖=1 𝑖=1 𝑖=𝑟 +1 𝑖=1 𝑗 =𝑝+1 𝑖=1 𝑖=𝑝+1
𝑟 𝑝 𝑟 𝑠 𝑟 𝑝 𝑠
𝑤 = ∑ 𝜆𝑖 ⋅ 𝑥𝑖 + ∑ 𝜆𝑖 ⋅ 𝑥𝑖 + ∑ 𝜇𝑖 ⋅ 𝑥𝑖 + ∑ 𝜇𝑖−𝑝+𝑟 ⋅ 𝑥𝑖 = ∑(𝜆𝑖 + 𝜇𝑖 ) ⋅ 𝑥𝑖 + ∑ 𝜆𝑖 ⋅ 𝑥𝑖 + ∑ 𝜇𝑖−𝑝+𝑟 ⋅ 𝑥𝑖
𝑖=1 𝑖=𝑟 +1 𝑖=1 𝑖=𝑝+1 𝑖=1 𝑖=𝑟 +1 𝑖=𝑝+1
𝑟 𝑝 𝑠 𝑠
= ∑ 𝛼𝑖 ⋅ 𝑥𝑖 + ∑ 𝛼𝑖 ⋅ 𝑥𝑖 + ∑ 𝛼𝑖 ⋅ 𝑥𝑖 = ∑ 𝛼𝑖 ⋅ 𝑥𝑖 ∈ vect(𝐹 +𝐺,+,⋅) (𝒳 ),
𝑖=1 𝑖=𝑟 +1 𝑖=𝑝+1 𝑖=1
⎧𝜆𝑖 + 𝜇𝑖 si 𝑖 ⩽ 𝑟
∀𝑖 ∈ ⟦1, 𝑠⟧, 𝛼𝑖 ≔ 𝜆𝑖 si 𝑟 < 𝑖 ⩽ 𝑝 .
⎨
⎩𝜇𝑖−𝑝+𝑟 si 𝑖 > 𝑝
D’où, le vecteur considéré étant quelconque, l’inclusion 𝐹 + 𝐺 ⊆ vect(𝐹 +𝐺,+,⋅) (𝒳 ) : le système 𝒳 engendre
l’espace (𝐹 + 𝐺, +, ⋅).
Conclusion Libre et générateur, le système 𝒳 est une base de l’espace (𝐹 + 𝐺, +, ⋅). D’une part, cet espace
est de dimension finie ; d’autre part, sa dimension égale le cardinal 𝑠 = 𝑝 + 𝑞 − 𝑟 de sa base 𝒳 :
Démonstration — Compte tenu de la proposition précédente, les trois dernières propositions consituant les
équivalences ci‐dessus sont manifestement équivalentes. Prouvons que :
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Implication directe Supposons que 𝐹 ⊕ 𝐺 = 𝐸. D’une part, les sous‐espaces définis par les parties 𝐹 et 𝐺
sont en somme directe et la proposition précédente assure que :
D’autre part, les espaces (𝐸, +, ⋅) et (𝐹 + 𝐺, +, ⋅) se confondent et ont même dimension. On peut donc écrire :
Implication réciproque Supposons que dim(𝐹 ∩ 𝐺, +, ⋅) = 0 et que dim(𝐹 , +, ⋅) + dim(𝐺, +, ⋅) = dim(𝐸, +, ⋅).
La première égalité assure que les sous‐espaces définis par les parties 𝐹 et 𝐺 sont en somme directe. En
combinant les deux égalités et la formule de Grassmann, on peut aussi écrire :
Le sous‐espace (𝐹 + 𝐺, +, ⋅) de l’espace de dimension finie (𝐸, +, ⋅) a même dimension que celui‐ci et lui est
donc en fait égal. On conclut que 𝐹 ⊕ 𝐺 = 𝐸. □
Corollaire 41 — On suppose le (𝐾 , +, ×)‐espace vectoriel (𝐸, +, ⋅) de dimension finie et l’on pose 𝑛 ≔ dim(𝐸, +, ⋅)
∈ ℕ. On considère une partie 𝐹 ⊆ 𝐸 définissant un sous‐espace de l’espace (𝐸, +, ⋅). On note encore + et ⋅ les
lois induites correspondantes et l’on pose 𝑝 ≔ dim(𝐹 , +, ⋅) ∈ ⟦0, 𝑛⟧. Tout sous‐espace supplémentaire de l’espace
(𝐹 , +, ⋅) dans l’espace (𝐸, +, ⋅) est de dimension 𝑛 − 𝑝.
Démonstration — Soit une partie 𝐺 ⊆ 𝐸 définissant un sous‐espace de l’espace (𝐸, +, ⋅) et telle que 𝐹 ⊕ 𝐺 = 𝐸.
Notons encore + et ⋅ les lois induites sur la partie 𝐺. La proposition précédente assure que :
Le théorème de la base incomplète assure que, en dimension finie, tout sous‐espace admet des supplémentaires.
Proposition 42 — On suppose le (𝐾 , +, ×)‐espace vectoriel (𝐸, +, ⋅) de dimension finie. Tout sous‐espace de l’espace
(𝐸, +, ⋅) admet — au moins — un sous‐espace supplémentaire dans l’espace (𝐸, +, ⋅).
Démonstration — Notons 𝑛 ≔ dim(𝐸, +, ⋅) ∈ ℕ. Considérons une partie 𝐹 ⊆ 𝐸 définissant un sous‐espace de
l’espace (𝐸, +, ⋅). On note encore + et ⋅ les lois induites sur la partie 𝐹 . Le sous‐espace (𝐹 , +, ⋅) est de dimension
finie, inférieure ou égale au nombre 𝑛. Notons 𝑝 ≔ dim(𝐹 , +, ⋅) ∈ ⟦0, 𝑛⟧ sa dimension et considérons‐en une
base ℬ = (𝑒𝑖 )𝑖∈⟦1,𝑝⟧ ∈ 𝐹 𝑝 . Le système ℬ est libre dans l’espace (𝐹 , +, ⋅) ; le système coprolongé ℬ|𝐸 est libre dans
l’espace (𝐸, +, ⋅). D’après le théorème de la base incomplète, il existe un prolongement ℬ ̃ = (𝑒𝑖 )𝑖∈⟦1,𝑛⟧ ∈ 𝐸 𝑛
du système ℬ|𝐸 constituant une base de l’espace (𝐸, +, ⋅). Posons alors 𝒞 ≔ (𝑒𝑖 )𝑖∈⟦𝑝+1,𝑛⟧ ∈ 𝐸 𝑛−𝑝 ainsi que
𝐺 ≔ vect(𝐸,+,⋅) (𝒞 ) ⊆ 𝐸 ; à nouveau, on note encore + et ⋅ les lois induites sur la partie 𝐺. Prouvons que les
sous‐espaces définis par les parties 𝐹 et 𝐺 sont supplémentaires dans l’espace (𝐸, +, ⋅).
Somme Pour tout vecteur 𝑥 ∈ 𝐸 = vect(𝐸,+,⋅) (ℬ), ̃ il existe un 𝑛‐uplet de scalaires (𝜆𝑖 )𝑖∈⟦1,𝑛⟧ ∈ 𝐾 𝑛 tel que
𝑛 𝑝 𝑛
𝑥 = ∑𝑖=1 𝜆𝑖 ⋅ 𝑒𝑖 et, posant (𝑢, 𝑣) ≔ (∑𝑖=1 𝜆𝑖 ⋅ 𝑒𝑖 , ∑𝑖=𝑝+1 𝜆𝑖 ⋅ 𝑒𝑖 ) ∈ vect(𝐹 ,+,⋅) (ℬ) × vect(𝐸,+,⋅) (𝒞 ) = 𝐹 × 𝐺, on
observe 𝑥 = 𝑢 + 𝑣 ∈ 𝐹 + 𝐺. C’est donc que 𝐸 ⊆ 𝐹 + 𝐺 et, puisque l’inclusion réciproque est évidente, que
𝐸 = 𝐹 + 𝐺, par extensionnalité.
Somme directe Considérons un vecteur 𝑥 ∈ 𝐹 ∩ 𝐺 = vect(𝐹 ,+,⋅) (ℬ) ∩ vect(𝐸,+,⋅) (𝒞 ). Il existe un couple
𝑝 𝑛
((𝜆𝑖 )𝑖∈⟦1,𝑝⟧ , (𝜇𝑖 )𝑖∈⟦𝑝+1,𝑛⟧ ) ∈ 𝐾 𝑝 × 𝐾 𝑛−𝑝 tel que ∑𝑖=1 𝜆𝑖 ⋅ 𝑒𝑖 = 𝑥 = ∑𝑖=𝑝+1 𝜇𝑖 ⋅ 𝑒𝑖 . On peut écrire :
𝑝 𝑛 𝑝 𝑛 𝑝 𝑛 𝑛
0𝐸 = ∑ 𝜆𝑖 ⋅ 𝑒𝑖 − ∑ 𝜇𝑖 ⋅ 𝑒𝑖 = ∑ 𝜆𝑖 ⋅ 𝑒𝑖 + ∑ (−𝜇𝑖 ) ⋅ 𝑒𝑖 = ∑ 𝜈𝑖 ⋅ 𝑒𝑖 + ∑ 𝜈𝑖 ⋅ 𝑒𝑖 = ∑ 𝜈𝑖 ⋅ 𝑒𝑖 ,
𝑖=1 𝑖=𝑝+1 𝑖=1 𝑖=𝑝+1 𝑖=1 𝑖=𝑝+1 𝑖=1
𝜆𝑖 si 𝑖 ⩽ 𝑝
∀𝑖 ∈ ⟦1, 𝑛⟧, 𝜈𝑖 ≔ { .
−𝜇𝑖 si 𝑖 > 𝑝
La liberté de la base ℬ ̃ de l’espace (𝐸, +, ⋅) assure alors que (𝜈𝑖 )𝑖∈⟦1,𝑛⟧ = (0𝐾 )𝑖∈⟦1,𝑛⟧ et entraîne que 𝑥 = 0𝐸 .
D’où, le vecteur considéré étant quelconque, l’inclusion 𝐹 ∩ 𝐺 ⊆ {0𝐸 }. L’inclusion réciproque est immédiate et
l’on a donc, par extensionnalité, égalité.
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Conclusion On a prouvé que 𝐸 = 𝐹 ⊕ 𝐺 : les sous‐espaces (𝐹 , +, ⋅) et (𝐺, +, ⋅) sont supplémentaires dans
l’espace (𝐸, +, ⋅).
Variante Le système 𝒞 : • est libre dans l’espace (𝐸, +, ⋅), en tant que sous‐système de la base — libre —
ℬ ̃ ; • vérifie l’égalité 𝐺 = vect(𝐸,+,⋅) (𝒞 ), de sorte que im(𝒞 ) ⊆ 𝐺. On peut alors affirmer que le système
corestreint 𝒞|𝐺 = (𝑒𝑖 )𝑖∈⟦𝑝+1,𝑛⟧ ∈ 𝐺 𝑛−𝑝 : • est bien défini ; • est libre dans l’espace (𝐺, +, ⋅) ; • vérifie les égalités
𝐺 = vect(𝐸,+,⋅) (𝒞 ) = vect(𝐺,+,⋅) (𝒞|𝐺 ) et engendre donc l’espace (𝐺, +, ⋅) ; • constitue une base de l’espace
(𝐺, +, ⋅). On déduit que dim(𝐺, +, ⋅) = 𝑛 − 𝑝 et l’on calcule :
l’inégalité étant une égalité si, et seulement si, dim(𝐹1 ∩ 𝐹2 , +, ⋅) = 0, ce qui signifie que 𝐹1 ∩ 𝐹2 = {0𝐸 } ou encore
que les sous‐espaces (𝐹1 , +, ⋅) et (𝐹2 , +, ⋅) sont en somme directe. La récurrence est fondée.
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Hérédité Soit un nombre 𝑘 ∈ ⟦0, 𝑛 − 1⟧ — à supposer que 𝑛 ⩾ 1. Supposons le résultat vérifié au rang 𝑘.
𝑙
Posons (𝐺𝑙 )𝑙 ∈⟦0,𝑘 +1⟧ ≔ (∑𝑖=1 𝐹𝑖 )𝑙 ∈⟦0,𝑘 +1⟧ ∈ (𝔓(𝐸))𝑘 +2 . Observons que :
𝐺𝑘 +1 = {∑𝑘𝑖=1
+1
𝑥𝑖 , (𝑥𝑖 )𝑖∈⟦1,𝑘 +1⟧ ∈ ∏𝑘𝑖=1
+1
𝐹𝑖 } = {∑𝑘𝑖=1 𝑥𝑖 + 𝑥𝑘 +1 , ((𝑥𝑖 )𝑖∈⟦1,𝑘⟧ , 𝑥𝑘 +1 ) ∈ (∏𝑘𝑖=1 𝐹𝑖 ) × 𝐹𝑘 +1 }
= {𝑦𝑘 + 𝑥𝑘 +1 , (𝑦𝑘 , 𝑥𝑘 +1 ) ∈ 𝐺𝑘 × 𝐹𝑘 +1 } = 𝐺𝑘 + 𝐹𝑘 +1 .
Par hypothèse, le sous‐espace (𝐹𝑘 +1 , +, ⋅) est de dimension finie. Par hypothèse de récurrence, le sous‐espace
(𝐺𝑘 , +, ⋅) l’est aussi. Les sous‐espaces (𝐺𝑘 ∩ 𝐹𝑘 +1 , +, ⋅) et (𝐺𝑘 + 𝐹𝑘 +1 , +, ⋅) = (𝐺𝑘 +1 , +, ⋅) le sont alors égale‐
ment. De plus, la formule de Grassmann ainsi que l’inégalité de l’hyptohèse de récurrence assurent, comme
précédemment, que :
et la caractérisation susmentionnée assure que cela équivaut au fait que les 𝑘 + 1 sous‐espaces (𝐹𝑖 , +, ⋅), pour
𝑖 ∈ ⟦1, 𝑘 + 1⟧, sont en somme directe. On a finalement obtenu toutes les propriétés escomptées au rang 𝑘 + 1
et, puisque le nombre 𝑘 est quelconque, établi l’hérédité de la récurrence.
Conclusion D’après le principe de récurrence, le résultat vaut pour tout nombre 𝑘 ∈ ⟦0, 𝑛⟧ donc, en parti‐
culier, pour le nombre 𝑘 = 𝑛. □
Définition 44 — Soit une partie 𝐹 ⊆ 𝐸 définissant un sous‐espace du (𝐾 , +, ×)‐espace vectoriel (𝐸, +, ⋅). On
appelle codimension du sous‐espace (𝐹 , +, ⋅) dans l’espace (𝐸, +, ⋅) et l’on note codim(𝐾 ,+,× ;𝐸,+,⋅) (𝐹 , +, ⋅) ou
codim(𝐸,+,⋅) (𝐹 , +, ⋅) — voire codim𝐸 (𝐹 ), en l’absence d’ambiguïté vis‐à‐vis du corps de référence ainsi que des
lois + et ⋅ — la dimension, finie ou infinie, de l’espace vectoriel quotient (𝐸/+ 𝐹 , +, ⋅) de l’espace (𝐸, +, ⋅) par son
sous‐espace défini par la partie 𝐹 :
Proposition 45 — On suppose le (𝐾 , +, ×)‐espace vectoriel (𝐸, +, ⋅) de dimension finie et l’on considère une partie
𝐹 ⊆ 𝐸 en définissant un sous‐espace. Alors la codimension du sous‐espace (𝐹 , +, ⋅) dans l’espace (𝐸, +, ⋅) est finie
et :
codim(𝐸,+,⋅) (𝐹 , +, ⋅) = dim(𝐸, +, ⋅) − dim(𝐹 , +, ⋅).
Démonstration — Notons 𝑛 ≔ dim(𝐸, +, ⋅) ∈ ℕ. L’espace (𝐹 , +, ⋅), sous‐espace de l’espace de dimension finie
(𝐸, +, ⋅), est lui‐même de dimension finie, moindre. Notons 𝑝 ≔ dim(𝐹 , +, ⋅) ∈ ⟦0, 𝑛⟧ et considérons une base
ℬ = (𝑒𝑖 )𝑖∈⟦1,𝑝⟧ ∈ 𝐹 𝑝 de l’espace (𝐹 , +, ⋅). Le système ℬ|𝐸 = (𝑒𝑖 )𝑖∈⟦1,𝑝⟧ ∈ 𝐸 𝑝 demeure libre dans l’espace (𝐸, +, ⋅)
et le théorème de la base incomplète assure qu’on peut le compléter en une base ℬ ̃ = (𝑒𝑖 )𝑖∈⟦1,𝑛⟧ ∈ 𝐸 𝑛 de
l’espace (𝐸, +, ⋅). Prouvons alors que le système 𝒞 = (𝐶𝑖 )𝑖∈⟦𝑝+1,𝑛⟧ ≔ (𝑒𝑖 + 𝐹 )𝑖∈⟦𝑝+1,𝑛⟧ ∈ (𝐸/+ 𝐹 )𝑛−𝑝 est une base
de l’espace quotient (𝐸/+ 𝐹 , +, ⋅). Rappelons que le vecteur nul de ce dernier est la classe 0𝐸/+ 𝐹 = 0𝐸 + 𝐹 = 𝐹 .
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𝑛
Liberté Soit (𝜆𝑖 )𝑖∈⟦𝑝+1,𝑛⟧ ∈ 𝐾 𝑛−𝑝 un système de scalaires tel que ∑𝑖=𝑝+1 𝜆𝑖 ⋅ 𝐶𝑖 = 0𝐸/+ 𝐹 . On peut écrire, en
invoquant la définition des lois de l’espace quotient (𝐸/+ 𝐹 , +, ⋅) :
𝑛 𝑛 𝑛 𝑛
0𝐸 + 𝐹 = 𝐹 = 0𝐸/+ 𝐹 = ∑ 𝜆𝑖 ⋅ 𝐶𝑖 = ∑ 𝜆𝑖 ⋅ (𝑒𝑖 + 𝐹 ) = ∑ ((𝜆 ⋅ 𝑒𝑖 ) + 𝐹 ) = ( ∑ 𝜆𝑖 ⋅ 𝑒𝑖 ) + 𝐹
𝑖=𝑝+1 𝑖=𝑝+1 𝑖=𝑝+1 𝑖=𝑝+1
et déduire que :
𝑛 𝑛
∑ 𝜆𝑖 ⋅ 𝑒𝑖 − 0𝐸 ∈ 𝐹 i. e. ∑ 𝜆𝑖 ⋅ 𝑒𝑖 ∈ 𝐹.
𝑖=𝑝+1 𝑖=𝑝+1
𝑛 𝑛 𝑝
Le vecteur ∑𝑖=𝑝+1 𝜆𝑖 ⋅ 𝑒𝑖 se décompose dans la base ℬ de l’espace (𝐹 , +, ⋅) et s’écrit ∑𝑖=𝑝+1 𝜆𝑖 ⋅ 𝑒𝑖 = ∑𝑖=1 𝜆𝑖 ⋅ 𝑒𝑖
pour un unique 𝑝‐uplet de scalaires (𝜆𝑖 )𝑖∈⟦1,𝑝⟧ ∈ 𝐾 𝑝 . On calcule :
𝑝 𝑛 𝑝 𝑛 𝑝 𝑛 𝑛
0𝐸 = − ∑ 𝜆𝑖 ⋅ 𝑒𝑖 + ∑ 𝜆𝑖 ⋅ 𝑒𝑖 = ∑(−𝜆𝑖 ) ⋅ 𝑒𝑖 + ∑ 𝜆𝑖 ⋅ 𝑒𝑖 = ∑ 𝜇𝑖 ⋅ 𝑒𝑖 + ∑ 𝜇𝑖 ⋅ 𝑒𝑖 = ∑ 𝜇𝑖 ⋅ 𝑒𝑖
𝑖=1 𝑖=𝑝+1 𝑖=1 𝑖=𝑝+1 𝑖=1 𝑖=𝑝+1 𝑖=1
−𝜆𝑖 si 𝑖 ⩽ 𝑝
∀𝑖 ∈ ⟦1, 𝑛⟧, 𝜇𝑖 ≔ { .
𝜆𝑖 si 𝑖 > 𝑝
D’où, l’uplet de scalaires considéré étant à priori quelconque, la liberté du système 𝒞 dans l’espace (𝐸/+ 𝐹 , +, ⋅).
Caractère générateur Soit une classe 𝐶 ∈ 𝐸/+ 𝐹 . Il existe, par définition, un vecteur 𝑥 ∈ 𝐸 tel que 𝐶 = 𝑥 + 𝐹 .
𝑛
Ce vecteur se décompose dans la base ℬ ̃ de l’espace (𝐸, +, ⋅) et s’écrit 𝑥 = ∑𝑖=1 𝜆𝑖 ⋅ 𝑒𝑖 pour un unique 𝑛‐uplet
𝑛
de scalaires (𝜆𝑖 )𝑖∈⟦1,𝑛⟧ ∈ 𝐾 . On a :
𝑛 𝑛 𝑛 𝑝
𝑥 − ∑ 𝜆𝑖 ⋅ 𝑒𝑖 = ∑ 𝜆𝑖 ⋅ 𝑒𝑖 − ∑ 𝜆𝑖 ⋅ 𝑒𝑖 = ∑ 𝜆𝑖 ⋅ 𝑒𝑖 ∈ 𝐹
𝑖=𝑝+1 𝑖=1 𝑖=𝑝+1 𝑖=1
et :
𝑛 𝑛 𝑛 𝑛
𝐶 = 𝑥 + 𝐹 = ( ∑ 𝜆𝑖 ⋅ 𝑒𝑖 ) + 𝐹 = ∑ ((𝜆𝑖 ⋅ 𝑒𝑖 ) + 𝐹 ) = ∑ 𝜆𝑖 ⋅ (𝑒𝑖 + 𝐹 ) = ∑ 𝜆𝑖 ⋅ 𝐶𝑖 ∈ vect(𝐸/+ 𝐹 ,+,⋅) (𝒞 ).
𝑖=𝑝+1 𝑖=𝑝+1 𝑖=𝑝+1 𝑖=𝑝+1
Puisque la classe 𝐶 est quelconque, on a ainsi établi l’inclusion 𝐸/+ 𝐹 ⊆ vect(𝐸/+ 𝐹 ,+,⋅) (𝒞 ) : le système 𝒞 engendre
l’espace (𝐸/+ 𝐹 , +, ⋅).
Conclusion Le système 𝒞 , libre et générateur, est une base de l’espace (𝐸/+ 𝐹 , +, ⋅). Ce dernier est donc de
dimension finie, égale au cardinal 𝑛 − 𝑝 de sa base 𝒞 . On peut écrire :
rg(𝐸,+,⋅) (𝒳 ) ≔ dim(vect(𝐸,+,⋅) (𝒳 ), +, ⋅) ∈ ℕ.
Proposition 47 — Soit une famille de vecteurs 𝒳 = (𝑥𝑖 )𝑖∈𝐼 ∈ 𝐸 𝐼 indexée par un certain ensemble 𝐼 .
(i) Si le (𝐾 , +, ×)‐espace vectoriel (𝐸, +, ⋅) est de dimension finie, alors la famille 𝒳 y est de rang fini et :
avec égalité si, et seulement si, la famille 𝒳 engendre l’espace (𝐸, +, ⋅).
31/54
(ii) Si la famille 𝒳 est de rang infini dans l’espace (𝐸, +, ⋅), alors ledit espace est de dimension infinie.
(iii) Si l’ensemble 𝐼 est fini, alors le système 𝒳 est de rang fini dans l’espace (𝐸, +, ⋅) et :
rg(𝐸,+,⋅) (𝒳 ) ⩽ card(𝐼 ),
avec égalité si, et seulement si, le système 𝒳 est libre dans l’espace (𝐸, +, ⋅).
(iv) Si l’espace (𝐸, +, ⋅) est de dimension finie et l’ensemble 𝐼 est fini, alors la famille 𝒳 est de rang fini dans l’espace
(𝐸, +, ⋅) et :
rg(𝐸,+,⋅) (𝒳 ) ⩽ min(dim(𝐸, +, ⋅), card(𝐼 )).
Démonstration — Notons 𝐹 ≔ vect(𝐸,+,⋅) (𝒳 ) ⊆ 𝐸 et 𝑟 ≔ rg(𝐸,+,⋅) (𝒳 ) = dim(𝐹 , +, ⋅) ∈ ℕ.
(i) Si l’espace (𝐸, +, ⋅) est de dimension finie, notée 𝑛 ≔ dim(𝐸, +, ⋅) ∈ ℕ, alors son sous‐espace (𝐹 , +, ⋅) l’est
également et les relations suivantes sont vérifiées :
𝑟 = dim(𝐹 , +, ⋅) ⩽ dim(𝐸, +, ⋅) = 𝑛, 𝑟 = 𝑛 ⇔ dim(𝐹 , +, ⋅) = dim(𝐸, +, ⋅)
⇔𝐹 =𝐸
⇔ vect(𝐸,+,⋅) (𝒳 ) = 𝐸,
l’égalité vect(𝐸,+,⋅) (𝒳 ) = 𝐸 traduisant le caractère générateur de la famille 𝒳 dans l’espace (𝐸, +, ⋅).
(ii) Ce point se déduit immédiatement du précédent, par contraposition.
(iii) Supposons l’ensemble 𝐼 fini et notons 𝑝 ≔ card(𝐼 ) ∈ ℕ. Le système corestreint 𝒳|𝐹 est bien défini et
vérifie les égalités vect(𝐹 ,+,⋅) (𝒳|𝐹 ) = vect(𝐸,+,⋅) (𝒳 ) = 𝐹 : il engendre l’espace (𝐹 , +, ⋅), qui est donc de
dimension finie. Ladite dimension : • égale, par définition, le rang 𝑟 de la famille 𝒳 dans l’espace (𝐸, +, ⋅) ;
• est inférieure ou égale au cardinal 𝑝 du système générateur 𝒳|𝐹 . D’où l’inégalité 𝑟 ⩽ 𝑝. Prouvons que
l’égalité a lieu si, et seulement si, le système 𝒳 est libre dans l’espace (𝐸, +, ⋅).
Implication directe Supposons que 𝑟 = 𝑝. On a donc card(𝐼 ) = dim(𝐹 , +, ⋅) et le système générateur 𝒳|𝐹
de l’espace (𝐹 , +, ⋅) est automatiquement libre dans cet espace, en vertu de la proposition 31. Le système
𝒳 est alors libre dans l’espace (𝐸, +, ⋅).
Implication réciproque Supposons le système 𝒳 libre. Le système corestreint 𝒳|𝐹 est alors libre dans
l’espace (𝐹 , +, ⋅) et, puisqu’il est aussi générateur de cet espace, il en constitue une base. C’est donc que
dim(𝐹 , +, ⋅) = card(𝐼 ), ce qui s’écrit encore 𝑟 = 𝑝.
(iv) Supposons l’espace (𝐸, +, ⋅) de dimension finie et l’ensemble 𝐼 fini. Notons (𝑛, 𝑝) ≔ (dim(𝐸, +, ⋅), card(𝐼 )) ∈
ℕ2 . Ce qui précède assure que le rang rg(𝐸,+,⋅) (𝒳 ) de la famille 𝒳 dans l’espace (𝐸, +, ⋅) est fini, inférieur
ou égal à chacun des deux nombres 𝑛 et 𝑝 donc à leur minimum min(𝑛, 𝑝). □
Définissons un certain nombre d’opérations élémentaires sur les éléments d’une famille de vecteurs.
Définition 48 (Opération élémentaire sur une famille de vecteurs) — Soit 𝐼 un ensemble quelconque.
Considérons le symbole de Kronecker 𝐼 2 ∋ (𝑖, 𝑗) ↦ δ𝑖,𝑗 ∈ {0𝐾 , 1𝐾 } relatif à l’ensemble 𝐼 et au corps (𝐾 , +, ×).
On définit quatre types d’opérations élémentaires s’appliquant à des éléments de l’ensemble 𝐸 𝐼 :
• si card(𝐼 ) ⩾ 2, on appelle opération élémentaire de transvection associée à un couple (𝑖, 𝑗) ∈ 𝒜2 (𝐼 ) et à un
scalaire 𝛼 ∈ 𝐾 l’application 𝑡𝑖,𝑗,𝛼 : 𝐸 𝐼 → 𝐸 𝐼 définie par :
𝐼 →𝐸
⎛ ⎞
𝐼 ⎜
∀𝒳 = (𝑥𝑘 )𝑘 ∈𝐼 ∈ 𝐸 , 𝑡𝑖,𝑗,𝛼 (𝒳 ) ≔ (𝑥𝑘 + 𝛼δ𝑖,𝑘 ⋅ 𝑥𝑗 )𝑘 ∈𝐼 : 𝑥 si 𝑘 ≠ 𝑖 ⎟ ;
⎜𝑘 ↦ { 𝑘 ⎟
⎝ 𝑥𝑖 + 𝛼 ⋅ 𝑥𝑗 si 𝑘 = 𝑖 ⎠
si card(𝐼 ) ∈ {0, 1}, on convient que la seule opération élémentaire de transvection est l’identité id𝐸 𝐼 ;
• si card(𝐼 ) ⩾ 1, on appelle opération élémentaire de dilatation associée à un indice 𝑖 ∈ 𝐼 et à un scalaire non
nul 𝛽 ∈ 𝐾 ∗ l’application 𝑑𝑖,𝛽 : 𝐸 𝐼 → 𝐸 𝐼 définie par :
𝐼 →𝐸
⎛ ⎞
𝐼
∀𝒳 = (𝑥𝑗 )𝑗 ∈𝐼 ∈ 𝐸 , 𝑑𝑖,𝛽 (𝒳 ) ≔ ((1𝐾 − δ𝑖,𝑗 + 𝛽δ𝑖,𝑗 ) ⋅ 𝑥𝑗 )𝑗 ∈𝐼 : ⎜ 𝑥 si 𝑗 ≠ 𝑖 ⎟ ;
⎜𝑗 ↦ { 𝑗 ⎟
⎝ 𝛽 ⋅ 𝑥𝑖 si 𝑗 = 𝑖 ⎠
si card(𝐼 ) = 0 — c’est‐à‐dire si 𝐼 = ∅ —, on convient que la seule opération élémentaire de dilatation est
l’identité id𝐸 𝐼 = id𝐸 ∅ = id{(∅,𝐸,∅)} ;
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• on appelle opération élémentaire de réindexation associée à un ensemble 𝐽 équipotent à l’ensemble 𝐼 et à
une bijection 𝑓 : 𝐼 → 𝐽 l’application 𝑟𝑓 : 𝐸 𝐼 → 𝐸 𝐽 définie par :
Démonstration — Identité Soit un ensemble 𝐼 . On calcule, pour toute famille 𝒳 = (𝑥𝑖 )𝑖∈𝐼 ∈ 𝐸 𝐼 :
𝑟id𝐼 (𝒳 ) = (𝑥id−1 (𝑖) )𝑖∈𝐼 = (𝑥id𝐼 (𝑖) )𝑖∈𝐼 = (𝑥𝑖 )𝑖∈𝐼 = 𝒳 = id𝐸 𝐼 (𝒳 ).
𝐼
Les applications 𝑟id𝐼 et id𝐸 𝐼 , dont les sources et buts égalent tous l’ensemble 𝐸 𝐼 , coïncident sur cet ensemble et
sont égales.
Compatibilité Soient trois ensembles 𝐼 , 𝐽 et 𝐻 ainsi qu’un couple de bijections (𝑓 , 𝑔) ∈ bij(𝐼 , 𝐽 ) × bij(𝐽 , 𝐻 )
— à supposer que les ensembles 𝐼 , 𝐽 et 𝐻 soient équipotents. Observons que : • la composée 𝑔 ∘ 𝑓 : 𝐼 → 𝐻 des
bijections 𝑓 : 𝐼 → 𝐽 et 𝑔 : 𝐽 → 𝐻 est bien définie et bijective, de bijection réciproque (𝑔 ∘ 𝑓 )−1 : 𝐻 → 𝐼 égale
à la composée 𝑓 −1 ∘ 𝑔 −1 des bijections réciproques 𝑔 −1 : 𝐻 → 𝐽 et 𝑓 −1 : 𝐽 → 𝐼 des applications 𝑔 et 𝑓 ; • l’on
peut considérer l’application 𝑟𝑔 ∘𝑓 : 𝐸 𝐼 → 𝐸 𝐻 ; • la composée 𝑟𝑔 ∘ 𝑟𝑓 : 𝐸 𝐼 → 𝐸 𝐻 des applications 𝑟𝑓 : 𝐸 𝐼 → 𝐸 𝐽 et
𝑟𝑔 : 𝐸 𝐽 → 𝐸 𝐻 est bien définie. Toute famille 𝒳 = (𝑥𝑖 )𝑖∈𝐼 ∈ 𝐸 𝐼 satisfait aux égalités suivantes :
Les applications 𝑟𝑔 ∘ 𝑟𝑓 et 𝑟𝑔 ∘𝑓 , de même source 𝐸 𝐼 et de même but 𝐸 𝐻 , coïncident sur l’ensemble 𝐸 𝐼 et sont donc
égales.
Bijectivité Soient deux ensembles 𝐼 et 𝐽 ainsi qu’une bijection 𝑓 ∈ bij(𝐼 , 𝐽 ) — pourvu que les ensembles 𝐼
et 𝐽 soient équipotents. Compte tenu de ce qui précède, on peut écrire :
𝑟𝑓 −1 ∘ 𝑟𝑓 = 𝑟𝑓 −1 ∘𝑓 = 𝑟id𝐼 = id𝐸 𝐼 , 𝑟𝑓 ∘ 𝑟𝑓 −1 = 𝑟𝑓 ∘𝑓 −1 = 𝑟id𝐽 = id𝐸 𝐽
et déduire que les applications 𝑟𝑓 et 𝑟𝑓 −1 sont bijectives et réciproques l’une de l’autre :
𝑟𝑓 ∈ bij(𝐸 𝐼 , 𝐸 𝐽 ), 𝑟𝑓−1 = 𝑟𝑓 −1 . □
Proposition 50 — Soit un ensemble 𝐼 .
(i) Soit un couple d’indices (𝑖, 𝑗) ∈ 𝒜2 (𝐼 ) — pourvu que card(𝐼 ) ⩾ 2. L’application 𝐾 ∋ 𝛼 ↦ 𝑡𝑖,𝑗,𝛼 ∈ 𝔖(𝐸 𝐼 ) est bien
définie et constitue un homomorphisme de groupes du groupe additif (𝐾 , +) du corps (𝐾 , +, ×) vers le groupe
symétrique (𝔖(𝐸 𝐼 ), ∘) de l’ensemble 𝐸 𝐼 :
𝑡𝑖,𝑗,0𝐾 = id𝐸 𝐼 , ∀(𝛼, 𝛽) ∈ 𝐾 2 , 𝑡𝑖,𝑗,𝛼 ∘ 𝑡𝑖,𝑗,𝛽 = 𝑡𝑖,𝑗,𝛼 +𝛽 , −1 = 𝑡
∀𝛼 ∈ 𝐾 , 𝑡𝑖,𝑗,𝛼 ∈ 𝔖(𝐸 𝐼 ) ∧ 𝑡𝑖,𝑗,𝛼 𝑖,𝑗,−𝛼 .
(ii) Soit un indice 𝑖 ∈ 𝐼 — pourvu que 𝐼 ≠ ∅. L’application 𝐾 ∗ ∋ 𝛽 ↦ 𝑑𝑖,𝛽 ∈ 𝔖(𝐸 𝐼 ) est bien définie et constitue
un homomorphisme de groupes du groupe multiplicatif (𝐾 ∗ , ×) du corps (𝐾 , +, ×) vers le groupe symétrique
(𝔖(𝐸 𝐼 ), ∘) de l’ensemble 𝐸 𝐼 :
𝑑𝑖,1𝐾 = id𝐸 𝐼 , ∀(𝛽, 𝛾 ) ∈ (𝐾 ∗ )2 , 𝑑𝑖,𝛽 ∘ 𝑑𝑖,𝛾 = 𝑑𝑖,𝛽 ×𝛾 , −1 = 𝑑 −1 .
∀𝛽 ∈ 𝐾 ∗ , 𝑑𝑖,𝛽 ∈ 𝔖(𝐸 𝐼 ) ∧ 𝑑𝑖,𝛽 𝑖,𝛽
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(iii) L’application 𝔖(𝐼 ) ∋ 𝜎 ↦ 𝑝𝜎 ∈ 𝔖(𝐸 𝐼 ) est bien définie et constitue un homomorphisme de groupes du groupe
symétrique (𝔖(𝐼 ), ∘) de l’ensemble 𝐼 vers le groupe symétrique (𝔖(𝐸 𝐼 ), ∘) de l’ensemble 𝐸 𝐼 :
2
𝑝id𝐼 = id𝐸 𝐼 , ∀(𝜎 , 𝜏 ) ∈ (𝔖(𝐼 )) , 𝑝𝜎 ∘ 𝑝𝜏 = 𝑝𝜎 ∘𝜏 , ∀𝜎 ∈ 𝔖(𝐼 ), 𝑝𝜎 ∈ 𝔖(𝐸 𝐼 ) ∧ 𝑝𝜎−1 = 𝑝𝜎 −1 .
Les applications 𝑡𝑖,𝑗,0𝐾 et id𝐸 𝐼 , de sources et buts égalant tous l’ensemble 𝐸 𝐼 , coïncident sur cet ensemble et
sont donc égales.
Homomorphisme Soit un couple (𝛼, 𝛽) ∈ 𝐾 2 . Toute famille 𝒳 = (𝑥𝑘 )𝑘 ∈𝐼 ∈ 𝐸 𝐼 vérifie :
(𝑡𝑖,𝑗,𝛼 ∘ 𝑡𝑖,𝑗,𝛽 )(𝒳 ) = 𝑡𝑖,𝑗,𝛼 (𝑡𝑖,𝑗,𝛽 (𝒳 )) = 𝑡𝑖,𝑗,𝛼 ((𝑥𝑘 + 𝛽δ𝑖,𝑘 ⋅ 𝑥𝑗 )𝑘 ∈𝐼 ) = ((𝑥𝑘 + 𝛽δ𝑖,𝑘 ⋅ 𝑥𝑗 ) + 𝛼δ𝑖,𝑘 ⋅ (𝑥𝑗 + 𝛽δ⏟
𝑖,𝑗 ⋅ 𝑥𝑗 ))𝑘 ∈𝐼
= (𝑥𝑘 + 𝛽δ𝑖,𝑘 ⋅ 𝑥𝑗 + 𝛼δ𝑖,𝑘 ⋅ 𝑥𝑗 )𝑘 ∈𝐼 = (𝑥𝑘 + (𝛼 + 𝛽)δ𝑖,𝑘 ⋅ 𝑥𝑗 )𝑘 ∈𝐼 = 𝑡𝑖,𝑗,𝛼 +𝛽 (𝒳 ) =0𝐾
𝑡𝑖,𝑗,−𝛼 ∘ 𝑡𝑖,𝑗,𝛼 = 𝑡𝑖,𝑗,−𝛼 +𝛼 = 𝑡𝑖,𝑗,0𝐾 = id𝐸 𝐼 = 𝑡𝑖,𝑗,0𝐾 = 𝑡𝑖,𝑗,𝛼 +(−𝛼) = 𝑡𝑖,𝑗,𝛼 ∘ 𝑡𝑖,𝑗,−𝛼 .
On déduit que les applications 𝑡𝑖,𝑗,𝛼 et 𝑡𝑖,𝑗,−𝛼 sont bijectives et réciproques l’une de l’autre :
𝑡𝑖,𝑗,𝛼 ∈ 𝔖(𝐸 𝐼 ), −1 = 𝑡
𝑡𝑖,𝑗,𝛼 𝑖,𝑗,−𝛼 .
02 = 0𝐾 = δ𝑖,𝑗 si 𝑗 ≠ 𝑖
δ2𝑖,𝑗 = { 𝐾 , δ2𝑖,𝑗 = δ𝑖,𝑗
12𝐾 = 1𝐾 = δ𝑖,𝑗 si 𝑗 = 𝑖
et
(1𝐾 − δ𝑖,𝑗 + 𝛽δ𝑖,𝑗 )(1𝐾 − δ𝑖,𝑗 + 𝛾 δ𝑖,𝑗 ) = 1𝐾 − δ𝑖,𝑗 + 𝛾 δ𝑖,𝑗 − δ𝑖,𝑗 + δ2𝑖,𝑗 − 𝛾 δ2𝑖,𝑗 + 𝛽δ𝑖,𝑗 − 𝛽δ2𝑖,𝑗 + 𝛽𝛾 δ2𝑖,𝑗
= 1𝐾 − δ𝑖,𝑗 + 𝛽𝛾 δ𝑖,𝑗 .
Toute famille 𝒳 = (𝑥𝑗 )𝑗 ∈𝐼 ∈ 𝐸 𝐼 vérifie :
et déduire que les applications 𝑑𝑖,𝛽 et 𝑑𝑖,𝛽 −1 sont bijectives et réciproques l’une de l’autre :
𝑑𝑖,𝛽 ∈ 𝔖(𝐸 𝐼 ), −1 = 𝑑 −1 .
𝑑𝑖,𝛽 𝑖,𝛽
34/54
(iii) En appliquant les résultats de la proposition précédente, on peut écrire :
2
𝑝id𝐼 = 𝑟id𝐼 = id𝐸 𝐼 , ∀(𝜎 , 𝜏 ) ∈ (𝔖(𝐼 )) , 𝑝𝜎 ∘ 𝑝𝜏 = 𝑟𝜎 ∘ 𝑟𝜏 = 𝑟𝜎 ∘𝜏 = 𝑝𝜎 ∘𝜏
et :
∀𝜎 ∈ 𝔖(𝐼 ), 𝑝𝜎 = 𝑟𝜎 ∈ bij(𝐸 𝐼 , 𝐸 𝐼 ) = 𝔖(𝐸 𝐼 ) ∧ 𝑝𝜎−1 = 𝑟𝜎−1 = 𝑟𝜎 −1 = 𝑝𝜎 −1 . □
Proposition 51 — Soit une famille de vecteurs 𝒳 = (𝑥𝑖 )𝑖∈𝐼 ∈ 𝐸 𝐼 indexée par un certain ensemble 𝐼 . On a :
En particulier, le rang — fini ou infini — de la famille 𝒳 dans l’espace (𝐸, +, ⋅) est préservé par application d’une
opération élémentaire de transvection, dilatation, réindexation ou permutation.
Démonstration — Notons 𝐹 ≔ vect(𝐸,+,⋅) (𝒳 ) ⊆ 𝐸 et 𝑟 ≔ rg(𝐸,+,⋅) (𝒳 ) = dim(𝐹 , +, ⋅) ∈ ℕ.
Transvection Considérons un couple d’indices (𝑖, 𝑗) ∈ 𝒜2 (𝐼 ) — pourvu que card(𝐼 ) ⩾ 2 —, ainsi qu’un
scalaire 𝛼 ∈ 𝐾 . Posons 𝒴 = (𝑦𝑘 )𝑘 ∈𝐼 ≔ 𝑡𝑖,𝑗,𝛼 (𝒳 ) ∈ 𝐸 𝐼 , 𝐺 ≔ vect(𝐸,+,⋅) (𝒴 ) ⊆ 𝐸 et 𝑠 ≔ rg(𝐸,+,⋅) (𝒴 ) = dim(𝐺, +, ⋅)
∈ ℕ. Démontrons que 𝐺 = 𝐹 .
Inclusion directe Soit un vecteur 𝑥 ∈ 𝐺. Il existe une famille de scalaires 𝛬 = (𝜆𝑘 )𝑘 ∈𝐼 ∈ 𝐾 (𝐼 ) telle que
𝑥 = ∑𝑘 ∈𝐼 𝜆𝑘 ⋅ 𝑦𝑘 . Notons 𝑆 ≔ supp(𝛬). La réunion 𝑆 ∪ {𝑖, 𝑗} ⊆ 𝐼 des deux ensembles finis 𝑆 et {𝑖, 𝑗} est finie.
On a :
𝑥 = ∑ 𝜆𝑘 ⋅ 𝑦𝑘 = ∑ 𝜆𝑘 ⋅ 𝑦𝑘 = ∑ 𝜆𝑘 ⋅ 𝑦𝑘 + 𝜆𝑖 ⋅ 𝑦𝑖 + 𝜆𝑗 ⋅ 𝑦𝑗
𝑘 ∈𝐼 𝑘 ∈𝑆 ∪{𝑖,𝑗} 𝑘 ∈𝑆 {𝑖,𝑗}
−
= ∑ 𝜆𝑘 ⋅ 𝑥𝑘 + 𝜆𝑖 ⋅ (𝑥𝑖 + 𝛼 ⋅ 𝑥𝑗 ) + 𝜆𝑗 ⋅ 𝑥𝑗 = ∑ 𝜆𝑘 ⋅ 𝑥𝑘 + 𝜆𝑖 ⋅ 𝑥𝑖 + (𝜆𝑖 𝛼 + 𝜆𝑗 ) ⋅ 𝑥𝑗 .
𝑘 ∈𝑆 {𝑖,𝑗} 𝑘 ∈𝑆 {𝑖,𝑗}
−
𝜆𝑘 si 𝑘 ≠ 𝑗
∀𝑘 ∈ 𝐼 , 𝜇𝑘 ≔ 𝜆𝑖 𝛼δ𝑗,𝑘 + 𝜆𝑘 = { .
𝜆𝑖 𝛼 + 𝜆𝑗 si 𝑘 = 𝑗
Il est immédiat que son support 𝑇 ≔ supp(𝛭) vérifie les inclusions 𝑇 ⊆ 𝑆 ∪ {𝑗} ⊆ 𝑆 ∪ {𝑖, 𝑗} et est fini, de sorte
que 𝛭 ∈ 𝐾 (𝐼 ) . De plus :
𝑥= ∑ 𝜇𝑘 ⋅ 𝑥 𝑘 + 𝜇 𝑖 ⋅ 𝑥 𝑖 + 𝜇 𝑗 ⋅ 𝑥 𝑗 = ∑ 𝜇𝑘 ⋅ 𝑥𝑘 = ∑ 𝜇𝑘 ⋅ 𝑥𝑘 ∈ 𝐹.
𝑘 ∈𝑆 {𝑖,𝑗} 𝑘 ∈𝑆 ∪{𝑖,𝑗} 𝑘 ∈𝐼
−
𝑥 = ∑ 𝜆𝑗 ⋅ 𝑦𝑗 = ∑ 𝜆𝑗 ⋅ 𝑦𝑗 = ∑ 𝜆𝑗 ⋅ 𝑦𝑗 + 𝜆𝑖 ⋅ 𝑦𝑖 = ∑ 𝜆𝑗 ⋅ 𝑥𝑗 + 𝜆𝑖 ⋅ (𝛽 ⋅ 𝑥𝑖 ) = ∑ 𝜆𝑗 ⋅ 𝑥𝑗 + 𝜆𝑖 𝛽 ⋅ 𝑥𝑖 .
𝑗 ∈𝐼 𝑗 ∈𝑆 ∪{𝑖} 𝑗 ∈𝑆 {𝑖} 𝑗 ∈𝑆 {𝑖} 𝑗 ∈𝑆 {𝑖}
−
35/54
On définit la famille 𝛭 = (𝜇𝑗 )𝑗 ∈𝐼 ∈ 𝐾 𝐼 par :
𝜆𝑗 si 𝑗 ≠ 𝑖
∀𝑗 ∈ 𝐼 , 𝜇𝑗 ≔ 𝜆𝑗 (1𝐾 − δ𝑖,𝑗 + 𝛽δ𝑖,𝑗 ) = { ;
𝜆𝑖 𝛽 si 𝑗 = 𝑖
−
Le vecteur 𝑥 étant quelconque, on déduit que 𝐺 ⊆ 𝐹 .
Inclusion réciproque Observons que 𝒳 = 𝑑𝑖,𝛽 −1 (𝒴 ) = 𝑑 −1 (𝒴 ). Comme précédemment, les quintuplets
𝑖,𝛽
(𝛽, 𝒳, 𝒴, 𝐹 , 𝐺) et (𝛽 −1 , 𝒴, 𝒳, 𝐺, 𝐹 ) jouent des rôles symétriques et l’on déduit sans calcul supplémentaire
que 𝐹 ⊆ 𝐺.
On a donc l’égalité 𝐺 = 𝐹 , par extensionnalité. Les sous‐espaces (𝐺, +, ⋅) et (𝐹 , +, ⋅) coïncident et l’égalité 𝑠 = 𝑟
est vérifiée.
Réindexation Soient un ensemble 𝐽 et une bijection 𝑓 : 𝐼 → 𝐽 — pourvu que l’ensemble 𝐽 soit équipo‐
tent à l’ensemble 𝐼 . Définissons 𝒴 = (𝑦𝑗 )𝑗 ∈𝐽 ≔ 𝑟𝑓 (𝒳 ) = (𝑥𝑓 −1 (𝑗) )𝑗 ∈𝐽 ∈ 𝐸 𝐽 , 𝐺 ≔ vect(𝐸,+,⋅) (𝒴 ) ⊆ 𝐸 et
𝑠 ≔ rg(𝐸,+,⋅) (𝒴 ) = dim(𝐺, +, ⋅) ∈ ℕ. Établissons l’égalité 𝐺 = 𝐹 .
Inclusion directe Soit un vecteur 𝑥 ∈ 𝐺. Il existe une famille de scalaires 𝛭 = (𝜇𝑗 )𝑗 ∈𝐽 ∈ 𝐾 (𝐽 ) telle
que 𝑥 = ∑𝑗 ∈𝐽 𝜇𝑗 ⋅ 𝑦𝑗 . Notons 𝑇 ≔ supp(𝛭) ⊆ 𝐽 et 𝑆 ≔ 𝑓 −1 [𝑇 ] ⊆ 𝐼 . Il est manifeste que les restrictions‐
corestrictions 𝑓 |𝑇𝑆 : 𝑆 ∋ 𝑖 ↦ 𝑓 (𝑖) ∈ 𝑇 et 𝑓 −1 |𝑆𝑇 : 𝑇 ∋ 𝑗 ↦ 𝑓 −1 (𝑖) ∈ 𝑆 des bijections 𝑓 et 𝑓 −1 sont bien définies
et bijectives. L’ensemble 𝑆, équipotent à l’ensemble fini 𝑇 , est donc lui‐même fini. Définissons la famille
𝛬 = (𝜆𝑖 )𝑖∈𝐼 ≔ (𝜇𝑓 (𝑖) )𝑖∈𝐼 ∈ 𝐾 𝐼 . On a les équivalences suivantes :
∀𝑖 ∈ 𝐼 , 𝑖 ∈ supp(𝛬) ⇔ 𝜆𝑖 ≠ 0𝐾
⇔ 𝜇𝑓 (𝑖) ≠ 0𝐾
⇔ 𝑓 (𝑖) ∈ supp(𝛭) = 𝑇
⇔ 𝑖 ∈ 𝑓 −1 [𝑇 ] = 𝑆.
Par extensionnalité, c’est donc que supp(𝛬) = 𝑆. En particulier, on a 𝛬 ∈ 𝐾 (𝐼 ) . Par réindexation, on calcule :
𝑥 = ∑ 𝜇𝑗 ⋅ 𝑦𝑗 = ∑ 𝜇𝑗 ⋅ 𝑦𝑗 = ∑ 𝜇𝑓 (𝑖) ⋅ 𝑦𝑓 (𝑖) = ∑ 𝜆𝑖 ⋅ 𝑥𝑖 = ∑ 𝜆𝑖 ⋅ 𝑥𝑖 ∈ 𝐹.
𝑗 ∈𝐽 𝑗 ∈𝑇 𝑖∈𝑆 𝑖∈𝑆 𝑖∈𝐼
D’où, le vecteur 𝑥 étant quelconque, l’inclusion 𝐺 ⊆ 𝐹 .
Inclusion réciproque Remarquons que 𝒳 = 𝑟𝑓−1 (𝒴 ) = 𝑟𝑓 −1 (𝒴 ). Les septuplets (𝐼 , 𝐽 , 𝑓 , 𝒳, 𝒴, 𝐹 , 𝐺) et
(𝐽 , 𝐼 , 𝑓 −1 , 𝒴, 𝒳, 𝐺, 𝐹 ) jouent des rôles symétriques. Ce qui précède peut donc être appliqué au second. Il
vient ainsi que 𝐹 ⊆ 𝐺.
On conclut, par extensionnalité, que 𝐺 = 𝐹 . À nouveau, les sous‐espaces (𝐺, +, ⋅) et (𝐹 , +, ⋅) se confondent et
l’égalité 𝑠 = 𝑟 est vérifiée.
Permutation Soit une permutation 𝜎 ∈ 𝔖(𝐼 ). Notons 𝒴 ≔ 𝑝𝜎 (𝒳 ) ∈ 𝐸 𝐼 , 𝐺 ≔ vect(𝐸,+,⋅) (𝒴 ) ⊆ 𝐸 et 𝑠 ≔
rg(𝐸,+,⋅) (𝒴 ) = dim(𝐺, +, ⋅) ∈ ℕ. Le point précédent appliqué à l’ensemble 𝐽 ≔ 𝐼 et à la bijection 𝑓 ≔ 𝜎 ∈
𝔖(𝐼 ) = bij(𝐼 , 𝐼 ) = bij(𝐼 , 𝐽 ) assure, puisque 𝑟𝑓 (𝒳 ) = 𝑝𝜎 (𝒳 ), que 𝐺 = 𝐹 et 𝑠 = 𝑟. □
Introduisons à présent la notion de matrice.
Définition 52 (Tableau, matrice, coefficient, ligne, colonne) — Soit (𝑛, 𝑝) ∈ ℕ2 . On appelle tableau ou,
plus formellement, matrice d’ordre (𝑛, 𝑝) à coefficients dans l’ensemble 𝐾 toute famille 𝐴 = (𝑎𝑖,𝑗 )(𝑖,𝑗)∈⟦1,𝑛⟧×⟦1,𝑝⟧ ∈
𝐾 ⟦1,𝑛⟧×⟦1,𝑝⟧ indexée par le produit cartésien ⟦1, 𝑛⟧ × ⟦1, 𝑝⟧ des intervalles ⟦1, 𝑛⟧ et ⟦1, 𝑝⟧ de l’ensemble ordonné
(ℕ, ⩽) ; on représentera une telle matrice 𝐴 sous la forme, plus commode, suivante ² :
𝑎1,1 𝑎1,𝑝
𝐴=( )
𝑎𝑛,1 𝑎𝑛,𝑝
2. L’univocité de l’écriture n’est garantie que lorsque les valeurs numériques des paramètres 𝑛 et 𝑝 sont explicitement connues et
qu’on ne fait pas usage de points de suspension ; on emploie souvent des lignes pointillées pour indiquer une progression « logique »
ou une constance au sein d’un sous‐bloc du tableau.
36/54
et l’on dira naturellement qu’elle est constituée de 𝑛 lignes et 𝑝 colonnes :
• le 𝑛‐uplet (𝐿𝑖 )𝑖∈⟦1,𝑛⟧ ∈ (𝐾 𝑝 )𝑛 de ses lignes, vues comme des 𝑝‐uplets d’éléments de l’ensemble 𝐾 , c’est‐à‐
dire des vecteurs du (𝐾 , +, ×)‐espace vectoriel (𝐾 𝑝 , +, ⋅), est défini par :
∀𝑖 ∈ ⟦1, 𝑛⟧, 𝐿𝑖 ≔ (𝑎𝑖,𝑗 )𝑗 ∈⟦1,𝑝⟧ ∈ 𝐾 𝑝 ;
• le 𝑝‐uplet (𝐶𝑗 )𝑗 ∈⟦1,𝑝⟧ ∈ (𝐾 𝑛 )𝑝 de ses colonnes, vues comme des 𝑛‐uplets d’éléments de 𝐾 , c’est‐à‐dire des
vecteurs du (𝐾 , +, ×)‐espace vectoriel (𝐾 𝑛 , +, ⋅), est défini par :
∀𝑗 ∈ ⟦1, 𝑝⟧, 𝐶𝑗 ≔ (𝑎𝑖,𝑗 )𝑖∈⟦1,𝑛⟧ ∈ 𝐾 𝑛 ;
• pour tout — éventuel — couple (𝑖, 𝑗) ∈ ⟦1, 𝑛⟧ × ⟦1, 𝑝⟧, l’élément 𝑎𝑖,𝑗 ∈ 𝐾 est appelé coefficient d’indice (𝑖, 𝑗)
de la matrice 𝐴 : il est situé à l’intersection de la 𝑖‐ième ligne et de la 𝑗‐ième colonne ; ce coefficient est dit
diagonal si 𝑖 = 𝑗, non diagonal sinon.
On note ³ 𝐾 𝑛×𝑝 ou ℳ𝑛,𝑝 (𝐾 ) l’ensemble 𝐾 ⟦1,𝑛⟧×⟦1,𝑝⟧ des matrices d’ordre (𝑛, 𝑝) à coefficients dans l’ensemble
𝐾 . Lorsque 𝑛 = 𝑝, on parle de matrice carrée d’ordre 𝑛 à coefficients dans l’ensemble 𝐾 et l’on note ℳ𝑛 (𝐾 ) ≔
2
ℳ𝑛,𝑛 (𝐾 ) = 𝐾 𝑛×𝑛 = 𝐾 ⟦1,𝑛⟧ .
Nous effectuerons aussi sur les lignes et colonnes de matrices à coefficients dans l’ensemble 𝐾 des opérations
élémentaires, décrites dans la définition suivante.
Définition 53 (Opération élémentaire sur une matrice) — Soit (𝑛, 𝑝) ∈ ℕ2 . On note ℕ2 ∋ (𝑖, 𝑗) ↦ δ𝑖,𝑗 ∈
{0𝐾 , 1𝐾 } le symbole de Kronecker relatif à l’ensemble ℕ et au corps (𝐾 , +, ×). On définit trois types d’opéra‐
tions élémentaires sur les lignes de matrices dans l’ensemble 𝐾 𝑛×𝑝 :
• si 𝑛 ⩾ 2, on appelle opération élémentaire de transvection relative aux lignes et associée à un couple d’indices
(𝑖, 𝑗) ∈ 𝒜2 (⟦1, 𝑛⟧) et à un scalaire 𝛼 ∈ 𝐾 l’application 𝑡𝑖,𝑗,𝛼 : 𝐾 𝑛×𝑝 → 𝐾 𝑛×𝑝 définie par :
𝑎1,1 𝑎1,𝑝
⎛ ⎞
∀𝐴 = (𝑎𝑘,𝑙 )(𝑘,𝑙)∈⟦1,𝑛⟧×⟦1,𝑝⟧ ∈ 𝐾 𝑛×𝑝 , ⎜ 𝑎 𝑎𝑖−1,𝑝 ⎟
⎜ 𝑖−1,1 ⎟
𝑡𝑖,𝑗,𝛼 (𝐴) ≔ (𝑎𝑘,𝑙 + 𝛼δ𝑖,𝑘 𝑎𝑗,𝑙 )(𝑘,𝑙)∈⟦1,𝑛⟧×⟦1,𝑝⟧ = ⎜𝑎𝑖,1 + 𝛼𝑎𝑗,1 𝑎𝑖,𝑝 + 𝛼𝑎𝑗,𝑝 ⎟
⟦1, 𝑛⟧ × ⟦1, 𝑝⟧ → 𝐾 ⎜ 𝑎𝑖+1,1 𝑎𝑖+1,𝑝 ⎟
⎛ ⎞ ⎜ ⎟
𝑡𝑖,𝑗,𝛼 (𝐴) : ⎜ 𝑎 si 𝑘 ≠ 𝑖 ⎟ ; ⎝ 𝑎𝑛,1 𝑎𝑛,𝑝 ⎠
⎜(𝑘, 𝑙) ↦ { 𝑘,𝑙 ⎟
⎝ 𝑎𝑖,𝑙 + 𝛼𝑎𝑗,𝑙 si 𝑘 = 𝑖 ⎠
si 𝑛 ∈ {0, 1}, on convient que la seule opération élémentaire de transvection relative aux lignes est l’identité
id𝐾 𝑛×𝑝 ;
• si 𝑛 ⩾ 1, on appelle opération élémentaire de dilatation relative aux lignes et associée à un indice 𝑖 ∈ ⟦1, 𝑛⟧
et à un scalaire non nul 𝛽 ∈ 𝐾 ∗ l’application 𝑑𝑖,𝛽 : 𝐾 𝑛×𝑝 → 𝐾 𝑛×𝑝 définie par :
𝑎 𝑎1,𝑝
⎛ 1,1 ⎞
∀𝐴 = (𝑎𝑘,𝑙 )(𝑘,𝑙)∈⟦1,𝑛⟧×⟦1,𝑝⟧ ∈ 𝐾 𝑛×𝑝 , ⎜𝑎 𝑎𝑖−1,𝑝 ⎟ ⎛ ⟦1, 𝑛⟧ × ⟦1, 𝑝⟧ → 𝐾 ⎞
⎜ 𝑖−1,1 ⎟
𝑑𝑖,𝛽 (𝐴) ≔ ((1𝐾 − δ𝑖,𝑘 + 𝛽δ𝑖,𝑘 )𝑎𝑘,𝑙 )(𝑘,𝑙)∈⟦1,𝑛⟧×⟦1,𝑝⟧ = ⎜ 𝛽𝑎𝑖,1 𝛽𝑎𝑖,𝑝 ⎟ : ⎜ 𝑎𝑘,𝑙 si 𝑘 ≠ 𝑖 ⎟
⎜ (𝑘, 𝑙) ↦ { ⎟
⎜𝑎𝑖+1,1 𝑎𝑖+1,𝑝 ⎟
⎝ 𝛽𝑎𝑖,𝑙 si 𝑘 = 𝑖 ⎠
⎜ ⎟
⎝ 𝑎𝑛,1 𝑎𝑛,𝑝 ⎠
si 𝑛 = 0, on convient que la seule opération élémentaire de dilatation relative aux lignes est l’identité
id𝐾 𝑛×𝑝 = id𝐾 0×𝑝 = id𝐾 ∅ = id{(∅,𝐾 ,∅)} ;
• on appelle opération élémentaire de permutation relative aux lignes et associée à une permutation 𝜎 ∈ 𝔖𝑛
l’application 𝑝𝜎 : 𝐾 𝑛×𝑝 → 𝐾 𝑛×𝑝 définie par :
𝑎𝜎 −1 (1),1 𝑎𝜎 −1 (1),𝑝
𝑛×𝑝
∀𝐴 = (𝑎𝑖,𝑗 )(𝑖,𝑗)∈⟦1,𝑛⟧×⟦1,𝑝⟧ ∈ 𝐾 , 𝑝𝜎 (𝐴) ≔ (𝑎𝜎 −1 (𝑖),𝑗 )(𝑖,𝑗)∈⟦1,𝑛⟧×⟦1,𝑝⟧ = ( ).
𝑎𝜎 −1 (𝑛),1 𝑎𝜎 −1 (𝑛),𝑝
3. Le symbole × sert de délimiteur entre les paramètres 𝑛 et 𝑝, dont l’ordre importe ; l’on n’effectue pas la multiplication des
nombres 𝑛 et 𝑝 dans cette notation.
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On définit, de même, trois types d’opérations élémentaires sur les colonnes de matrices dans l’ensemble 𝐾 𝑛×𝑝 :
• si 𝑝 ⩾ 2, on appelle opération élémentaire de transvection relative aux colonnes et associée à un couple
d’indices (𝑖, 𝑗) ∈ 𝒜2 (⟦1, 𝑝⟧) et à un scalaire 𝛼 ∈ 𝐾 l’application 𝑡 𝑖,𝑗,𝛼 : 𝐾 𝑛×𝑝 → 𝐾 𝑛×𝑝 définie par :
si 𝑝 ∈ {0, 1}, on convient que la seule opération élémentaire de transvection relative aux colonnes est
l’identité id𝐾 𝑛×𝑝 ;
• si 𝑝 ⩾ 1, on appelle opération élémentaire de dilatation relative aux colonnes et associée à un indice 𝑖 ∈ ⟦1, 𝑝⟧
et à un scalaire non nul 𝛽 ∈ 𝐾 ∗ l’application suivante :
si 𝑝 = 0, on convient que la seule opération élémentaire de dilatation relative aux colonnes est l’identité
id𝐾 𝑛×𝑝 = id𝐾 𝑛×0 = id𝐾 ∅ = id{(∅,𝐾 ,∅)}
• on appelle opération élémentaire de permutation relative aux colonnes et associée à une permutation 𝜎 ∈ 𝔖𝑝
l’application 𝑝 𝜎 : 𝐾 𝑛×𝑝 → 𝐾 𝑛×𝑝 définie par :
𝑎1,𝜎 −1 (1) 𝑎1,𝜎 −1 (𝑝)
∀𝐴 = (𝑎𝑖,𝑗 )(𝑖,𝑗)∈⟦1,𝑛⟧×⟦1,𝑝⟧ ∈ 𝐾 𝑛×𝑝 , 𝑝 𝜎 (𝐴) ≔ (𝑎𝑖,𝜎 −1 (𝑗) )(𝑖,𝑗)∈⟦1,𝑛⟧×⟦1,𝑝⟧ = ( ).
𝑎𝑛,𝜎 −1 (1) 𝑎𝑛,𝜎 −1 (𝑝)
Proposition 54 — Conservons les notations de la définition.
(i) Pour tout — éventuel — couple (𝑖, 𝑗) ∈ 𝒜2 (⟦1, 𝑛⟧), l’application 𝐾 ∋ 𝛼 ↦ 𝑡𝑖,𝑗,𝛼 ∈ 𝔖(𝐾 𝑛×𝑝 ) est bien définie et
constitue un homomorphisme de groupes du groupe additif (𝐾 , +) du corps (𝐾 , +, ×) vers le groupe symétrique
(𝔖(𝐾 𝑛×𝑝 ), ∘) de l’ensemble 𝐾 𝑛×𝑝 .
(ii) Pour tout — éventuel — indice 𝑖 ∈ ⟦1, 𝑛⟧, l’application 𝐾 ∗ ∋ 𝛽 ↦ 𝑑𝑖,𝛽 ∈ 𝔖(𝐾 𝑛×𝑝 ) est bien définie et constitue
un homomorphismes de groupes du groupe multiplicatif (𝐾 ∗ , ×) du corps (𝐾 , +, ×) vers le groupe symétrique
(𝔖(𝐾 𝑛×𝑝 ), ∘) de l’ensemble 𝐾 𝑛×𝑝 .
(iii) L’application 𝔖𝑛 ∋ 𝜎 ↦ 𝑝𝜎 ∈ 𝔖(𝐾 𝑛×𝑝 ) est bien définie et constitue un homomorphisme de groupes du groupe
symétrique (𝔖𝑛 , ∘) de degré 𝑛 vers le groupe symétrique (𝔖(𝐾 𝑛×𝑝 ), ∘) de l’ensemble 𝐾 𝑛×𝑝 .
(iv) Pour tout — éventuel — couple (𝑖, 𝑗) ∈ 𝒜2 (⟦1, 𝑝⟧), l’application 𝐾 ∋ 𝛼 ↦ 𝑡 𝑖,𝑗,𝛼 ∈ 𝔖(𝐾 𝑛×𝑝 ) est bien défi‐
nie et constitue un homomorphismes de groupes du groupe additif (𝐾 , +) du corps (𝐾 , +, ×) vers le groupe
symétrique (𝔖(𝐾 𝑛×𝑝 ), ∘) de l’ensemble 𝐾 𝑛×𝑝 .
(v) Pour tout — éventuel — indice 𝑖 ∈ ⟦1, 𝑝⟧, l’application 𝐾 ∗ ∋ 𝛽 ↦ 𝑑 𝑖,𝛽 ∈ 𝔖(𝐾 𝑛×𝑝 ) est bien définie et constitue
un homomorphisme de groupes du groupe multiplicatif (𝐾 ∗ , ×) du corps (𝐾 , +, ×) vers le groupe symétrique
(𝔖(𝐾 𝑛×𝑝 ), ∘) de l’ensemble 𝐾 𝑛×𝑝 .
(vi) L’application 𝔖𝑝 ∋ 𝜎 ↦ 𝑝 𝜎 ∈ 𝔖(𝐾 𝑛×𝑝 ) est bien définie et constitue un homomorphisme de groupes du groupe
symétrique (𝔖𝑝 , ∘) de degré 𝑝 vers le groupe symétrique (𝔖(𝐾 𝑛×𝑝 ), ∘) de l’ensemble 𝐾 𝑛×𝑝 .
Démonstration — La démonstration est tout à fait similaire à celle de la proposition 50. □
Notations — Étant donnés un couple de nombres (𝑛, 𝑝) ∈ ℕ2 , un couple de « lignes » (𝐿, 𝐿′ ) ∈ (𝐾 𝑝 )2 et un
couple de « colonnes » (𝐶, 𝐶 ′ ) ∈ (𝐾 𝑛 )2 , on figurera, à l’image d’une affectation informatique, par les écritures
𝐿 ← 𝐿′ et 𝐶 ← 𝐶 ′ le fait qu’on substitue la ligne 𝐿′ à la ligne 𝐿 et la colonne 𝐶 ′ à la colonne 𝐶 — c’est‐à‐dire
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qu’on remplace respectivement 𝐿 et 𝐶 par 𝐿′ et 𝐶 ′ — ; on écrira aussi 𝐿 ↔ 𝐿′ et 𝐶 ↔ 𝐶 ′ pour indiquer qu’on
transpose/permute/échange les lignes 𝐿 et 𝐿′ , d’une part, et les colonnes 𝐶 et 𝐶 ′ , d’autre part. On sera ainsi
en mesure de coder commodément et simplement les opérations élémentaires que l’on appliquera aux lignes
et colonnes d’une matrice.
Proposition 55 — Soient un couple (𝑛, 𝑝) ∈ ℕ2 et une matrice 𝐴 ∈ 𝐾 𝑛×𝑝 . Notons ℒ ∈ (𝐾 𝑝 )𝑛 le système des
lignes de la matrice 𝐴 et 𝒞 ∈ (𝐾 𝑛 )𝑝 le système de ses colonnes. On ne modifie pas le sous‐espace de l’espace
(𝐾 𝑝 , +, ⋅) engendré par le système ℒ si l’on applique à la matrice 𝐴 une opération élémentaire relative aux lignes.
De même, on ne modifie pas le sous‐espace de l’espace (𝐾 𝑛 , +, ⋅) engendré par le système 𝒞 si l’on applique à la
matrice 𝐴 une opération élémentaire relative aux colonnes. En particulier, dans chaque cas, le rang des systèmes
est préservé. Plus formellement, considérons : • une opération élémentaire 𝑓 relative aux lignes de matrices dans
l’ensemble 𝐾 𝑛×𝑝 ; • une opération élémentaire 𝑔 relative aux colonnes de matrices dans l’ensemble 𝐾 𝑛×𝑝 ; • les
matrices 𝐵 ≔ 𝑓 (𝐴) ∈ 𝐾 𝑛×𝑝 et 𝐶 ≔ 𝑔(𝐴) ∈ 𝐾 𝑛×𝑝 ; • le système ℒ̃ ∈ (𝐾 𝑝 )𝑛 des lignes de la matrice 𝐵 ; • le système
𝒞̃ ∈ (𝐾 𝑛 )𝑝 des colonnes de la matrice 𝐶. les égalités suivantes sont alors vérifiées :
vect(𝐾 𝑝 ,+,⋅) (ℒ̃ ) = vect(𝐾 𝑝 ,+,⋅) (ℒ ), vect(𝐾 𝑛 ,+,⋅) (𝒞̃) = vect(𝐾 𝑛 ,+,⋅) (𝒞 ),
rg(𝐾 𝑝 ,+,⋅) (ℒ̃ ) = rg(𝐾 𝑝 ,+,⋅) (ℒ ), rg(𝐾 𝑛 ,+,⋅) (𝒞̃) = rg(𝐾 𝑛 ,+,⋅) (𝒞 ).
Démonstration — Il suffit de remarquer que : • appliquer à la matrice 𝐴 une opération élémentaire relative
aux lignes revient à appliquer l’opération élémentaire correspondante au système ℒ dans l’espace (𝐾 𝑝 , +, ⋅) ;
• appliquer à la matrice 𝐴 une opération élémentaire relative aux colonnes revient à appliquer l’opération
élémentaire correspondante au système 𝒞 dans l’espace (𝐾 𝑛 , +, ⋅) ; • la proposition 51 s’applique alors dans
chacun de ces espaces et donne le résultat escompté. □
Remarque — Tout système de vecteurs 𝒳 = (𝑥𝑖 )𝑖∈𝐼 ∈ 𝐸 𝐼 indexé par un ensemble fini 𝐼 de cardinal noté 𝑝 ≔
card(𝐼 ) ∈ ℕ peut, via une bijection quelconque 𝑓 : ⟦1, 𝑝⟧ → 𝐼 , être réindexé sous la forme 𝒴 = (𝑦𝑗 )𝑗 ∈⟦1,𝑝⟧ ≔
(𝑥𝑓 (𝑗) )𝑗 ∈⟦1,𝑝⟧ ∈ 𝐸 𝑝 et la proposition 51 assure que les systèmes 𝒳 et 𝒴 : • engendrent le même sous‐espace de
l’espace (𝐸, +, ⋅) ; • ont le même rang dans l’espace (𝐸, +, ⋅). On se concentrera donc désormais uniquement sur
des systèmes indexés par un segment de l’ensemble ordonné (ℕ, ⩽) de la forme ⟦1, 𝑝⟧, où 𝑝 ∈ ℕ.
Définition 56 (Matrice représentative) — Supposons le (𝐾 , +, ×)‐espace vectoriel (𝐸, +, ⋅) de dimension
finie, notée 𝑛 ≔ dim(𝐸, +, ⋅) ∈ ℕ, et rapportons‐le à une base ℬ = (𝑒𝑖 )𝑖∈⟦1,𝑛⟧ ∈ 𝐸 𝑛 . Considérons aussi un
nombre 𝑝 ∈ ℕ et un système 𝒳 = (𝑥𝑗 )𝑗 ∈⟦1,𝑝⟧ ∈ 𝐸 𝑝 de 𝑝 vecteurs de l’espace (𝐸, +, ⋅). Pour tout indice 𝑗 ∈ ⟦1, 𝑝⟧,
on note 𝐶𝑗 = (𝑎𝑖,𝑗 )𝑖∈⟦1,𝑛⟧ ∈ 𝐾 𝑛 le 𝑛‐uplet des coordonnées du vecteur 𝑥𝑗 dans la base ℬ, unique uplet tel que
𝑛
𝑥𝑗 = ∑𝑖=1 𝑎𝑖,𝑗 ⋅ 𝑒𝑖 . On appelle matrice représentative du système 𝒳 dans la base ℬ de l’espace (𝐸, +, ⋅) et l’on
note mat(𝐸,+,⋅, ℬ) (𝒳 ) ou, plus simplement, matℬ (𝒳 ) la matrice (𝑎𝑖,𝑗 )(𝑖,𝑗)∈⟦1,𝑛⟧×⟦1,𝑝⟧ ∈ 𝐾 𝑛×𝑝 , d’ordre (𝑛, 𝑝) et
à coefficients dans l’ensemble 𝐾 , dont les colonnes successives sont données par les vecteurs 𝐶𝑗 ∈ 𝐾 𝑛 , pour
𝑗 ∈ ⟦1, 𝑝⟧.
Remarque — Avec les mêmes notations, on pourra écrire :
𝑥1 𝑥2 𝑥𝑝−1 𝑥𝑝 𝒳 ℬ
𝑎 𝑎1,2 𝑎1,𝑝−1 𝑎1,𝑝 𝑒
⎛ 1,1 ⎞ 1
𝑎
⎜ 2,1 𝑎2,2 𝑎2,𝑝−1 𝑎2,𝑝 ⎟ 𝑒2
matℬ (𝒳 ) = ⎜ ⎟ .
⎜𝑎 𝑎𝑛−1,𝑝 ⎟⎟ 𝑒𝑛−1
⎜ 𝑛−1,1 𝑎𝑛−1,2 𝑎𝑛−1,𝑝−1
⎝ 𝑎𝑛,1 𝑎𝑛,2 𝑎𝑛,𝑝−1 𝑎𝑛,𝑝 ⎠ 𝑒𝑛
Cette matrice « bordée » s’interprète au travers des 𝑝 égalités suivantes — présentées en colonnes — :
𝑥1 = 𝑥2 = 𝑥𝑝−1 = 𝑥𝑝 =
𝑎1,1 ⋅ 𝑒1 𝑎1,2 ⋅ 𝑒1 𝑎1,𝑝−1 ⋅ 𝑒1 𝑎1,𝑝 ⋅ 𝑒1
+ 𝑎2,1 ⋅ 𝑒2 + 𝑎2,2 ⋅ 𝑒2 + 𝑎2,𝑝−1 ⋅ 𝑒2 + 𝑎2,𝑝 ⋅ 𝑒2
⋯
+ ⋮ + ⋮ + ⋮ + ⋮
+ 𝑎𝑛−1,1 ⋅ 𝑒𝑛−1 + 𝑎𝑛−1,2 ⋅ 𝑒𝑛−1 + 𝑎𝑛−1,𝑝−1 ⋅ 𝑒𝑛−1 + 𝑎𝑛−1,𝑝 ⋅ 𝑒𝑛−1
+ 𝑎𝑛,1 ⋅ 𝑒𝑛 , + 𝑎𝑛,2 ⋅ 𝑒𝑛 , + 𝑎𝑛,𝑝−1 ⋅ 𝑒𝑛 , + 𝑎𝑛,𝑝 ⋅ 𝑒𝑛 ,
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dont une écriture plus concise et rigoureuse est bien entendu :
𝑛
∀𝑗 ∈ ⟦1, 𝑝⟧, 𝑥𝑗 = ∑ 𝑎𝑖,𝑗 ⋅ 𝑒𝑖 .
𝑖=1
Il ne s’agit donc que d’un codage de la décomposition de chacun des vecteurs du système 𝒳 dans la base ℬ.
Proposition 57 — Supposons le (𝐾 , +, ×)‐espace vectoriel (𝐸, +, ⋅) de dimension finie, notée 𝑛 ≔ dim(𝐸, +, ⋅) ∈ ℕ,
et rapportons‐le à une base ℬ = (𝑒𝑖 )𝑖∈⟦1,𝑛⟧ ∈ 𝐸 𝑛 . Considérons un nombre 𝑝 ∈ ℕ, un système de vecteurs 𝒳 =
(𝑥𝑗 )𝑗 ∈⟦1,𝑝⟧ ∈ 𝐸 𝑝 ainsi que la matrice représentative 𝐴 = (𝑎𝑖,𝑗 )(𝑖,𝑗)∈⟦1,𝑛⟧×⟦1,𝑝⟧ ≔ matℬ (𝒳 ) ∈ 𝐾 𝑛×𝑝 du système 𝒳
dans la base ℬ de l’espace (𝐸, +, ⋅). Notons, enfin, 𝒞 = (𝐶𝑗 )𝑗 ∈⟦1,𝑝⟧ ∈ (𝐾 𝑛 )𝑝 le système des colonnes de la matrice
𝐴. On a l’égalité rg(𝐸,+,⋅) (𝒳 ) = rg(𝐾 𝑛 ,+,⋅) (𝒞 ).
𝑛
Démonstration — Rappelons que les égalités 𝑥𝑗 = ∑𝑖=1 𝑎𝑖,𝑗 ⋅ 𝑒𝑖 et 𝐶𝑗 = (𝑎𝑖,𝑗 )𝑖∈⟦1,𝑛⟧ sont vérifiées pour tout
nombre 𝑗 ∈ ⟦1, 𝑝⟧. Notons 𝐹 ≔ vect(𝐸,+,⋅) (𝒳 ) ⊆ 𝐸, 𝐺 ≔ vect(𝐾 𝑛 ,+,⋅) (𝒞 ) ⊆ 𝐾 𝑛 , 𝑟 ≔ dim(𝐹 , +, ⋅) = rg(𝐸,+,⋅) (𝒳 ) ∈
⟦0, min(𝑛, 𝑝)⟧ et 𝑠 ≔ dim(𝐺, +, ⋅) = rg(𝐾 𝑛 ,+,⋅) (𝒞 ) ∈ ⟦0, min(𝑛, 𝑝)⟧. Par définition des parties 𝐹 et 𝐺, les systèmes
corestreints 𝒳|𝐹 et 𝒞|𝐺 sont bien définis et générateurs des espaces (𝐹 , +, ⋅) et (𝐺, +, ⋅), respectivement. La pro‐
position 25 assure qu’il existe une partie 𝐽 ⊆ ⟦1, 𝑝⟧, de cardinal nécessairement égal au nombre dim(𝐹 , +, ⋅) = 𝑟,
telle que le sous‐système 𝒳̃ ≔ (𝑥𝑗 )𝑗 ∈𝐽 ∈ 𝐹 𝐽 du système 𝒳|𝐹 constitue une base de l’espace (𝐹 , +, ⋅). Démontrons
alors que le sous‐système 𝒞̃ ≔ (𝐶𝑗 )𝑗 ∈𝐽 ∈ 𝐺 𝐽 du système 𝒞|𝐺 est une base de l’espace (𝐺, +, ⋅).
Caractère libre Soit un système de scalaires 𝛬 = (𝜆𝑗 )𝑗 ∈𝐽 ∈ 𝐾 𝐽 tel que ∑𝑗 ∈𝐽 𝜆𝑗 ⋅ 𝐶𝑗 = 0𝐾 𝑛 . On a :
On calcule alors :
𝑛 𝑛 𝑛 𝑛 𝑛
∑ 𝜆𝑗 ⋅ 𝑥𝑗 = ∑ 𝜆𝑗 ⋅ (∑ 𝑎𝑖,𝑗 ⋅ 𝑒𝑖 ) = ∑ ∑ 𝜆𝑗 𝑎𝑖,𝑗 ⋅ 𝑒𝑖 = ∑ ∑ 𝜆𝑗 𝑎𝑖,𝑗 ⋅ 𝑒𝑖 = ∑(∑ 𝜆𝑗 𝑎𝑖,𝑗 ) ⋅ 𝑒𝑖 = ∑ 0𝐾 ⋅ 𝑒𝑖 = 0𝐸
𝑗 ∈𝐽 𝑗 ∈𝐽 𝑖=1 𝑗 ∈𝐽 𝑖=1 𝑖=1 𝑗 ∈𝐽 𝑖=1 𝑗 ∈𝐽 𝑖=1
et la liberté du système 𝒳̃ dans l’espace (𝐹 , +, ⋅) permet de déduire que 𝛬 = (0𝐾 )𝑗 ∈𝐽 . D’où, le système de
scalaires considéré étant à priori quelconque, la liberté du système 𝒞̃ dans le sous‐espace (𝐺, +, ⋅).
Caractère générateur Soit un 𝑛‐uplet 𝐶 = (𝑎𝑖 )𝑖∈⟦1,𝑛⟧ ∈ 𝐺 = vect(𝐾 𝑛 ,+,⋅) (𝒞 ). Introduisons aussi le vecteur
𝑛 𝑝
𝑥 ≔ ∑𝑖=1 𝑎𝑖 ⋅ 𝑒𝑖 ∈ 𝐸. Il existe un 𝑝‐uplet de scalaires (𝜆𝑗 )𝑗 ∈⟦1,𝑝⟧ ∈ 𝐾 𝑝 tel que 𝐶 = ∑𝑗 =1 𝜆𝑗 ⋅ 𝐶𝑗 . Par identification
des coordonnées, on a :
𝑝
∀𝑖 ∈ ⟦1, 𝑛⟧, 𝑎𝑖 = ∑ 𝜆𝑗 𝑎𝑖,𝑗 .
𝑗 =1
On peut alors écrire et calculer :
𝑛 𝑝 𝑛 𝑝 𝑝 𝑛 𝑝 𝑛 𝑝
𝑥 = ∑(∑ 𝜆𝑗 𝑎𝑖,𝑗 ) ⋅ 𝑒𝑖 = ∑ ∑ 𝜆𝑗 𝑎𝑖,𝑗 ⋅ 𝑒𝑖 = ∑ ∑ 𝜆𝑗 𝑎𝑖,𝑗 ⋅ 𝑒𝑖 = ∑ 𝜆𝑗 ⋅ (∑ 𝑎𝑖,𝑗 ⋅ 𝑒𝑖 ) = ∑ 𝜆𝑗 ⋅ 𝑥𝑗 ∈ vect(𝐸,+,⋅) (𝒳 ) = 𝐹.
𝑖=1 𝑗 =1 𝑖=1 𝑗 =1 𝑗 =1 𝑖=1 𝑗 =1 𝑖=1 𝑖=1
Puisque le système 𝒳̃ engendre l’espace (𝐹 , +, ⋅), on déduit qu’il existe un système de scalaires (𝜇𝑗 )𝑗 ∈𝐽 ∈ 𝐾 𝐽 tel
que 𝑥 = ∑𝑗 ∈𝐽 𝜇𝑗 ⋅ 𝑥𝑗 . De façon analogue à ce qui précède, on a :
𝑛 𝑛 𝑛 𝑛
𝑥 = ∑ 𝜇𝑗 ⋅ 𝑥𝑗 = ∑ 𝜇𝑗 ⋅ (∑ 𝑎𝑖,𝑗 ⋅ 𝑒𝑖 ) = ∑ ∑ 𝜇𝑗 𝑎𝑖,𝑗 ⋅ 𝑒𝑖 = ∑ ∑ 𝜇𝑗 𝑎𝑖,𝑗 ⋅ 𝑒𝑖 = ∑(∑ 𝜇𝑗 𝑎𝑖,𝑗 ) ⋅ 𝑒𝑖 .
𝑗 ∈𝐽 𝑗 ∈𝐽 𝑖=1 𝑗 ∈𝐽 𝑖=1 𝑖=1 𝑗 ∈𝐽 𝑖=1 𝑗 ∈𝐽
Par unicité de la décomposition du vecteur 𝑥 dans la base ℬ, on déduit que :
𝑝
∀𝑖 ∈ ⟦1, 𝑛⟧, ∑ 𝜇𝑗 𝑎𝑖,𝑗 = ∑ 𝜆𝑗 𝑎𝑖,𝑗 = 𝑎𝑖 .
𝑗 ∈𝐽 𝑗 =1
Il vient finalement que :
L’uplet considéré étant quelconque, c’est donc que 𝐺 ⊆ vect(𝐺,+,⋅) (𝒞)̃ : le système 𝒞̃ engendre l’espace (𝐺, +, ⋅).
Conclusion Libre et générateur, le système 𝒞̃ est une base de l’espace (𝐺, +, ⋅). On a donc l’égalité 𝑠 = 𝑟. □
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Proposition 58 — Soient un couple de nombres (𝑛, 𝑝) ∈ ℕ2 et une matrice 𝐴 = (𝑎𝑖,𝑗 )(𝑖,𝑗)∈⟦1,𝑛⟧×⟦1,𝑝⟧ ∈ 𝐾 𝑛×𝑝
d’ordre (𝑛, 𝑝) et à coefficients dans le corps (𝐾 , +, ×). On note ℒ = (𝐿𝑖 )𝑖∈⟦1,𝑛⟧ ∈ (𝐾 𝑝 )𝑛 le système des lignes de la
matrice 𝐴 et 𝒞 = (𝐶𝑗 )𝑗 ∈⟦1,𝑝⟧ ∈ (𝐾 𝑛 )𝑝 celui de ses colonnes. On a l’égalité rg(𝐾 𝑝 ,+,⋅) (ℒ ) = rg(𝐾 𝑛 ,+,⋅) (𝒞 ).
Démonstration — Rappelons que :
Observons que le système ℒ est constitué de 𝑛 vecteurs d’un espace de dimension 𝑝 tandis que le système 𝒞
se compose de 𝑝 vecteurs d’un espace de dimension 𝑛 : la proposition 47 assure que leurs rangs sont inférieurs
ou égaux au même nombre 𝑚 ≔ min(𝑛, 𝑝). Posons 𝐹 ≔ vect(𝐾 𝑝 ,+,⋅) (ℒ ) ⊆ 𝐾 𝑝 , 𝐺 ≔ vect(𝐾 𝑛 ,+,⋅) (𝒞 ) ⊆ 𝐾 𝑛 ,
𝑟 ≔ rg(𝐾 𝑝 ,+,⋅) (ℒ ) = dim(𝐹 , +, ⋅) ∈ ⟦0, 𝑚⟧ et 𝑠 ≔ rg(𝐾 𝑛 ,+,⋅) (𝒞 ) = dim(𝐺, +, ⋅) ∈ ⟦0, 𝑚⟧. Démontrons que 𝑟 = 𝑠
par double inégalité. Introduisons les bases canoniques respectives 𝒰 = (𝑢𝑖 )𝑖∈⟦1,𝑛⟧ ∈ (𝐾 𝑛 )𝑛 et 𝒱 = (𝑣𝑗 )𝑗 ∈⟦1,𝑝⟧ ∈
(𝐾 𝑝 )𝑝 des (𝐾 , +, ×)‐espaces vectoriels (𝐾 𝑛 , +, ⋅) et (𝐾 𝑝 , +, ⋅). On a :
𝑝 𝑛
∀𝑖 ∈ ⟦1, 𝑛⟧, 𝐿𝑖 = ∑ 𝑎𝑖,𝑗 ⋅ 𝑣𝑗 , ∀𝑗 ∈ ⟦1, 𝑝⟧, 𝐶𝑗 = ∑ 𝑎𝑖,𝑗 ⋅ 𝑢𝑖 .
𝑗 =1 𝑖=1
Première inégalité : 𝒓 ⩽ 𝒔 Le système corestreint 𝒞|𝐺 est bien défini et générateur de l’espace (𝐺, +, ⋅).
On peut en extraire une base : il existe une partie 𝐽 ⊆ ⟦1, 𝑝⟧, de cardinal nécessairement égal au nombre
dim(𝐺, +, ⋅) = 𝑠, telle que le sous‐sytème 𝒞̃ ≔ (𝐶𝑗 )𝑗 ∈𝐽 ∈ 𝐺 𝐽 du système 𝒞|𝐺 soit une base de l’espace (𝐺, +, ⋅).
Tous les vecteurs colonnes 𝐶𝑘 , pour 𝑘 ∈ 𝐽 ≔ ⟦1, 𝑝⟧ 𝐽 , sont éléments de la partie 𝐺 et s’écrivent donc, de façon
−
unique, comme combinaisons linéaires des éléments de la base 𝒞,̃ c’est‐à‐dire des autres vecteurs colonnes 𝐶𝑗 ,
pour 𝑗 ∈ 𝐽 . Considérons l’unique famille de scalaires (𝜆𝑘,𝑗 )(𝑘,𝑗)∈𝐽 ×𝐽 ∈ 𝐾 𝐽 ×𝐽 telle que :
Par identification des coordonnées dans l’espace (𝐾 𝑛 , +, ⋅), ces égalités se réécrivent comme suit :
Étant donné un indice 𝑖 ∈ ⟦1, 𝑛⟧, les relations ci‐dessus, la commutativité du corps (𝐾 , +, ×), la définition du
vecteur ligne 𝐿𝑖 et le principe de sommation par paquets permettent d’écrire et calculer :
∀𝑗 ∈ 𝐽 , 𝑣𝑗̃ ≔ 𝑣𝑗 + ∑ 𝜆𝑘,𝑗 ⋅ 𝑣𝑘 .
𝑘 ∈𝐽
D’après la proposition 47, le rang du système 𝒱̃ dans l’espace (𝐾 𝑝 , +, ⋅) est inférieur ou égal au nombre
min(𝑝, 𝑠) = 𝑠. Posons alors 𝐹 ̃ ≔ vect(𝐾 𝑝 ,+,⋅) (𝒱̃ ) ⊆ 𝐾 𝑝 et 𝑟 ̃ ≔ rg(𝐾 𝑝 ,+,⋅) (𝒱̃ ) ∈ ⟦0, 𝑠⟧. Tout vecteur 𝐿 ∈ 𝐹
𝑛
s’écrit 𝐿 = ∑𝑖=1 𝜇𝑖 ⋅ 𝐿𝑖 pour un certain 𝑛‐uplet de scalaires (𝜇𝑖 )𝑖∈⟦1,𝑛⟧ ∈ 𝐾 𝑛 et vérifie :
𝑛 𝑛 𝑛 𝑛
𝐿 = ∑ 𝜇𝑖 ⋅ (∑ 𝑎𝑖,𝑗 ⋅ 𝑣𝑗̃ ) = ∑ ∑ 𝜇𝑖 𝑎𝑖,𝑗 ⋅ 𝑣𝑗̃ = ∑ ∑ 𝜇𝑖 𝑎𝑖,𝑗 ⋅ 𝑣𝑗̃ = ∑(∑ 𝜇𝑖 𝑎𝑖,𝑗 ) ⋅ 𝑣𝑗̃ ∈ 𝐹 ̃ .
𝑖=1 𝑗 ∈𝐽 𝑖=1 𝑗 ∈𝐽 𝑗 ∈𝐽 𝑖=1 𝑗 ∈𝐽 𝑖=1
C’est donc que 𝐹 ⊆ 𝐹 ̃ et, en passant aux dimensions, que 𝑟 ⩽ 𝑟.̃ Puisque 𝑟 ̃ ⩽ 𝑠, on déduit, par transitivité de la
relation d’ordre ⩽ sur l’ensemble ℕ, que 𝑟 ⩽ 𝑠.
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Seconde inégalité : 𝒔 ⩽ 𝒓 Elle s’obtient de façon symétrique en permutant les rôles joués par les colonnes
et les lignes de la matrice 𝐴. On se donne une partie 𝐼 ⊆ ⟦1, 𝑛⟧, de cardinal nécessairement égal au nombre
dim(𝐹 , +, ⋅) = 𝑟, telle que le sous‐système ℒ̃ ≔ (𝐿𝑖 )𝑖∈𝐼 ∈ 𝐹 𝐼 du système ℒ|𝐹 soit une base de l’espace (𝐹 , +, ⋅) ;
en considérant des relations de liaison entre les lignes de la matrice 𝐴, on parvient, ici encore, à exhiber un
système 𝒰̃ ∈ (𝐾 𝑛 )𝐼 tel que 𝐺 ⊆ 𝐺̃ ≔ vect(𝐾 𝑛 ,+,⋅) (𝒰̃ ) : on en déduit les inégalités 𝑠 ⩽ 𝑠 ̃ ⩽ 𝑟, où 𝑠 ̃ ≔ rg(𝐾 𝑛 ,+,⋅) (𝒰̃ ).
Conclusion Par antisymétrie de la relation d’ordre ⩽ sur l’ensemble ℕ, on obtient finalement l’égalité
escomptée 𝑟 = 𝑠. Remarquons alors que : • les quatre nombres 𝑟, 𝑟,̃ 𝑠 et 𝑠 ̃ coïncident, par antisymétrie de
la relation d’ordre ⩽ ; • les égalités 𝐹 = 𝐹 ̃ et 𝐺 = 𝐺̃ sont alors vérifiées, en vertu des inclusions 𝐹 ⊆ 𝐹 ̃ et 𝐺 ⊆ 𝐺̃
et de l’égalité des dimensions ; • les systèmes 𝒱̃ |𝐹 et 𝒰̃ |𝐺 constituent des bases respectives des sous‐espaces
(𝐹 , +, ⋅) et (𝐺, +, ⋅), puisqu’ils en sont générateurs et sont constitués du nombre adéquat de vecteurs. □
Définition 59 (Rang d’une matrice) — Soient un couple de nombres (𝑛, 𝑝) ∈ ℕ2 et une matrice 𝐴 ∈ 𝐾 𝑛×𝑝
d’ordre (𝑛, 𝑝) et à coefficients dans le corps (𝐾 , +, ×). On note ℒ = (𝐿𝑖 )𝑖∈⟦1,𝑛⟧ ∈ (𝐾 𝑝 )𝑛 le système des lignes de la
matrice 𝐴 et 𝒞 = (𝐶𝑗 )𝑗 ∈⟦1,𝑝⟧ ∈ (𝐾 𝑛 )𝑝 celui de ses colones. On appelle rang de la matrice 𝐴 relativement au corps
(𝐾 , +, ×) et l’on note rg(𝐾 ,+,×) (𝐴) ou simplement rg(𝐴) le nombre rg(𝐾 𝑝 ,+,⋅) (ℒ ) = rg(𝐾 𝑛 ,+,⋅) (𝒞 ) ∈ ⟦0, min(𝑛, 𝑝)⟧.
Lemme 60 — Soient un nombre 𝑛 ∈ ℕ et un 𝑛‐uplet (𝑥𝑖 )𝑖∈⟦1,𝑛⟧ ∈ 𝐾 𝑛 . On pose 𝐼 ≔ {𝑗 ∈ ⟦0, 𝑛⟧ | (𝑥𝑖 )𝑖∈⟦1,𝑗⟧ =
(0𝐾 )𝑖∈⟦1,𝑗⟧ } ⊆ ⟦0, 𝑛⟧ et 𝐽 ≔ 𝐼 {0} = {𝑗 ∈ ⟦1, 𝑛⟧ | (𝑥𝑖 )𝑖∈⟦1,𝑗⟧ = (0𝐾 )𝑖∈⟦1,𝑗⟧ } ⊆ ⟦1, 𝑛⟧
−
(𝑥𝑖 )𝑖∈⟦1,𝑚⟧ = (0𝐾 )𝑖∈⟦1,𝑚⟧ , ∀𝑗 ∈ ⟦0, 𝑚⟧, ⟦1, 𝑗⟧ ⊆ ⟦1, 𝑚⟧ ∧ (𝑥𝑖 )𝑖∈⟦1,𝑗⟧ = (0𝐾 )𝑖∈⟦1,𝑗⟧ ∧ 𝑗 ∈ 𝐼, ⟦0, 𝑚⟧ ⊆ 𝐼.
On a donc, par extensionnalité, l’égalité 𝐼 = ⟦0, 𝑚⟧. On peut alors, de façon immédiate, écrire les égalités
𝐽 = 𝐼 {0} = ⟦0, 𝑚⟧ {0} = ⟦1, 𝑚⟧ et card(𝐽 ) = card(⟦1, 𝑚⟧) = 𝑚. □
−
𝐾 𝑛 → ⟦0, 𝑛⟧
𝜑𝑛 : ( ).
(𝑥𝑖 )𝑖∈⟦1,𝑛⟧ ↦ max({𝑗 ∈ ⟦0, 𝑛⟧ | (𝑥𝑖 )𝑖∈⟦1,𝑗⟧ = (0𝐾 )𝑖∈⟦1,𝑗⟧ })
Définition 61 (Matrice échelonnée) — Soient un couple de nombres (𝑛, 𝑝) ∈ ℕ2 et une matrice 𝐴 ∈ 𝐾 𝑛×𝑝
d’ordre (𝑛, 𝑝) et à coefficients dans le corps (𝐾 , +, ×). On note ℒ = (𝐿𝑖 )𝑖∈⟦1,𝑛⟧ ∈ (𝐾 𝑝 )𝑛 le système des lignes de
la matrice 𝐴 et 𝒞 = (𝐶𝑗 )𝑗 ∈⟦1,𝑝⟧ ∈ (𝐾 𝑛 )𝑝 celui de ses colonnes. Considérons aussi les uplets 𝑢 = (𝑢𝑖 )𝑖∈⟦1,𝑛⟧ ≔
(𝜑𝑝 (𝐿𝑖 ))𝑖∈⟦1,𝑛⟧ ∈ ⟦0, 𝑝⟧𝑛 et 𝑣 = (𝑣𝑗 )𝑗 ∈⟦1,𝑝⟧ ≔ (𝜑𝑛 (𝐶𝑗 ))𝑗 ∈⟦1,𝑝⟧ ∈ ⟦0, 𝑛⟧𝑝 . On dit que la matrice 𝐴 est :
• échelonnée suivant les lignes ou échelonnée en lignes si :
∃𝑟 ∈ ⟦0, 𝑛⟧ : (∀𝑖 ∈ ⟦1, 𝑟 − 1⟧, 𝑢𝑖 < 𝑢𝑖+1 ) ∧ (∀𝑖 ∈ ⟦1, 𝑟⟧, 𝑢𝑖 < 𝑝) ∧ (∀𝑖 ∈ ⟦𝑟 + 1, 𝑛⟧, 𝑢𝑖 = 𝑝),
ce qui signifie que, ligne après ligne — de haut en bas —, les nombres de zéros initiaux — consécutifs,
depuis la gauche — augmentent strictement jusqu’à valoir constamment le nombre 𝑝, l’une ou l’autre des
conditions pouvant en fait survenir exclusivement ;
• échelonnée suivant les colonnes ou échelonnée en colonnes si :
∃𝑠 ∈ ⟦0, 𝑝⟧ : (∀𝑗 ∈ ⟦1, 𝑠 − 1⟧, 𝑣𝑗 < 𝑣𝑗 +1 ) ∧ (∀𝑗 ∈ ⟦1, 𝑠⟧, 𝑣𝑗 < 𝑛) ∧ (∀𝑗 ∈ ⟦𝑠 + 1, 𝑝⟧, 𝑣𝑗 = 𝑛),
ce qui traduit le fait que, colonne après colonne — de gauche à droite —, les nombres de zéros initiaux
— consécutifs, depuis le haut — augmentent strictement avant de valoir constamment le nombre 𝑛, chacune
de ces conditions pouvant, ici encore, se produire de façon exclusive.
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Exemples — On suppose que le corps (𝐾 , +, ×) est le corps des nombres rationnels. On définit :
−3 1 0 9 −3 1 0 9
𝐴 ≔ ( 0 0 2/7 4) ∈ ℚ3×4 , 𝐵 ≔ ( 0 0 2/7 4) ∈ ℚ3×4 ,
0 0 0 1 0 0 −5 1
0 0 0 0 1 0 0
⎛ ⎞ ⎛ ⎞
1 0 0 0⎟ 0 −1 0
𝐶≔⎜ ∈ ℚ4×4 , 𝐷≔⎜ ⎟ ∈ ℚ4×3 .
⎜2 7/3 0 0⎟ ⎜0 0 0 ⎟
⎝3 −8 0 0⎠ ⎝0 0 0 ⎠
La matrice 𝐴 est échelonnée suivant les lignes mais pas suivant les colonnes. La matrice 𝐵 n’est échelonnée ni
suivant les lignes ni suivant les colonnes. La matrice 𝐶 est échelonnée suivant les colonnes mais pas suivant
les lignes. La matrice 𝐷 est échelonnée suivant les lignes et les colonnes.
Proposition 62 — Conservons les notations de la définition 61. Posons aussi 𝑚 ≔ min(𝑛, 𝑝) ∈ {𝑛, 𝑝} ainsi que :
𝐼 ≔ {𝑘 ∈ ⟦0, 𝑛⟧ | ∀𝑖 ∈ ⟦1, 𝑘⟧, 𝑢𝑖 < 𝑝}, 𝐽 ≔ {𝑙 ∈ ⟦0, 𝑝⟧ | ∀𝑗 ∈ ⟦1, 𝑙⟧, 𝑣𝑗 < 𝑛},
𝐻 ≔ {𝑗 ∈ ⟦0, 𝑚⟧ | ∀𝑖 ∈ ⟦1, 𝑗⟧, 𝑎𝑖,𝑖 ≠ 0𝐾 }, (𝑟, 𝑠, 𝑞) ≔ (max(𝐼 ), max(𝐽 ), max(𝐻 )) ∈ 𝐼 × 𝐽 × 𝐻.
∀𝑖 ∈ ⟦1, 𝑛 − 1⟧, (𝑢𝑖 ⩽ 𝑢𝑖+1 ) ∧ (𝑢𝑖 < 𝑝 ⇒ 𝑢𝑖 < 𝑢𝑖+1 ) ∧ (𝑢𝑖 = 𝑝 ⇒ 𝑢𝑖+1 = 𝑝), ∀𝑖 ∈ ⟦1, 𝑟⟧, 𝑢𝑖 ⩾ 𝑖 − 1 ;
• on a l’égalité rg(𝐴) = 𝑟.
(ii) De même, si la matrice 𝐴 est échelonnée suivant les colonnes, alors :
• le nombre 𝑠 est l’unique élément de l’intervalle ⟦0, 𝑝⟧ satisfaisant aux trois conditions suivantes :
∀𝑗 ∈ ⟦1, 𝑝 − 1⟧, (𝑣𝑗 ⩽ 𝑣𝑗 +1 ) ∧ (𝑣𝑗 < 𝑛 ⇒ 𝑣𝑗 < 𝑣𝑗 +1 ) ∧ (𝑣𝑗 = 𝑛 ⇒ 𝑣𝑗 +1 = 𝑛), ∀𝑗 ∈ ⟦1, 𝑠⟧, 𝑣𝑗 ⩾ 𝑗 − 1 ;
• on a l’égalité rg(𝐴) = 𝑠.
(iii) La matrice 𝐴 est échelonnée suivant les lignes et les colonnes si, et seulement si :
ce qui signifie que : • tous les coefficients non diagonaux de la matrice 𝐴 sont nuls dans le corps (𝐾 , +, ×) ; • la
suite finie (𝑎𝑖,𝑖 )𝑖∈⟦1,𝑚⟧ ∈ 𝐾 𝑚 des coefficients diagonaux successifs de la matrice 𝐴 prend d’abord des valeurs
non nulles puis stationne en l’élément 0𝐾 , l’une de ces deux conditions pouvant survenir exclusivement. Dans
ce cas :
• le nombre 𝑞 est l’unique élément de l’intervalle ⟦0, 𝑚⟧ satisfaisant aux deux conditions suivantes :
• on a l’égalité rg(𝐴) = 𝑞.
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Démonstration — Comme précédemment : • les trois ensembles 𝐼 , 𝐽 et 𝐻 : ◦ possèdent le nombre 0 et sont donc
non vides ; ◦ sont respectivement majorés par les nombres 𝑛, 𝑝 et 𝑚 ; ◦ admettent conséquemment chacun
un maximum dans l’ensemble bien ordonné (ℕ, ⩽) ; • les nombres 𝑟 = max(𝐼 ) ∈ 𝐼 , 𝑠 = max(𝐽 ) ∈ 𝐽 et
𝑞 = max(𝐻 ) ∈ 𝐻 sont bien définis ; • les égalités 𝐼 = ⟦0, 𝑟⟧, 𝐽 = ⟦0, 𝑠⟧ et 𝐻 = ⟦0, 𝑞⟧ sont vérifiées.
(i) Supposons la matrice 𝐴 échelonnée suivant les lignes. Il existe un nombre 𝑡 ∈ ⟦0, 𝑛⟧ tel que la suite finie
𝑢 est : • strictement croissante et à valeurs strictement inférieures au nombre 𝑝 sur l’intervalle ⟦1, 𝑡⟧ ;
• constante, de valeur constante égale au nombre 𝑝, sur l’intervalle ⟦𝑡 + 1, 𝑛⟧.
Maximalité & unicité Il est immédiat que :
Croissance Pour tout — éventuel — indice 𝑖 ∈ ⟦1, 𝑛 − 1⟧ : • ou bien 𝑖 < 𝑟, auquel cas la stricte croissance
de la suite finie 𝑢 sur l’intervalle ⟦1, 𝑟⟧ assure que 𝑢𝑖 < 𝑢𝑖+1 ; • ou bien 𝑖 = 𝑟, auquel cas les relations
𝑢𝑖 = 𝑢𝑟 < 𝑝 = 𝑢𝑟 +1 = 𝑢𝑖+1 sont vérifiées ; • ou bien 𝑖 > 𝑟, auquel cas on a les égalités 𝑢𝑖 = 𝑝 = 𝑢𝑖+1 donc
l’inégalité large 𝑢𝑖 ⩽ 𝑢𝑖+1 ; • l’inégalité 𝑢𝑖 ⩽ 𝑢𝑖+1 est toujours vérifiée. La suite finie 𝑢 est croissante.
Croissance stricte Pour tout — éventuel — indice 𝑖 ∈ ⟦1, 𝑛 − 1⟧, l’inégalité stricte 𝑢𝑖 < 𝑝 entraîne :
• les inégalités 𝑢𝑗 ⩽ 𝑢𝑖 < 𝑝, pour tout indice 𝑗 ∈ ⟦1, 𝑖⟧, par croissance de la suite finie 𝑢 ; • les relations
𝐼 ∋ 𝑖 ⩽ max(𝐼 ) = 𝑟 ; • l’inégalité stricte 𝑢𝑖 < 𝑢𝑖+1 , compte tenu de la discussion menée dans l’étape
précédente.
Constance Pour tout — éventuel — indice 𝑖 ∈ ⟦1, 𝑛 − 1⟧, l’égalité 𝑢𝑖 = 𝑝 garantit : • les relations
𝑝 = 𝑢𝑖 ⩽ 𝑢𝑖+1 ⩽ 𝑝, puisque la suite finie 𝑢 est croissante et à valeurs dans l’intervalle ⟦0, 𝑝⟧ ; • l’éga‐
lité 𝑢𝑖+1 = 𝑝, par antisymétrie de la relation d’ordre ⩽.
Inégalités Pour tout — éventuel — indice 𝑖 ∈ ⟦1, 𝑟⟧ : • les relations 0 < 𝑢𝑘 +1 − 𝑢𝑘 ∈ ⟦0, 𝑝⟧ et 1 ⩽ 𝑢𝑘 +1 − 𝑢𝑘
sont vérifiées pour tout — éventuel — indice 𝑘 ∈ ⟦1, 𝑖 − 1⟧ ; • les inégalités 𝑢1 ⩾ 0, −𝑢1 ⩽ 0 et 𝑢𝑖 < 𝑝 valent
également ; • par addition et télescopage, on peut écrire :
𝑖−1 𝑖−1
𝑖 − 1 = ∑ 1 ⩽ ∑ (𝑢𝑘 +1 − 𝑢𝑘 ) = 𝑢𝑖 − 𝑢1 ⩽ 𝑢𝑖 < 𝑝, 𝑖 ⩽ 𝑝.
𝑘 =1 𝑘 =1
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(𝐾 , +, ×) — il s’agit du premier coefficient non nul de cette ligne. En outre, par stricte croissance de la
suite finie 𝑢 sur l’intervalle ⟦1, 𝑟⟧, tout — éventuel — indice 𝑖 ∈ ⟦𝑘 + 2, 𝑟⟧ vérifie l’inégalité 𝑗 ⩽ 𝑢𝑖 , tant et
si bien que le coefficient 𝑎𝑖,𝑗 de la ligne 𝐿𝑖 fait partie des 𝑢𝑖 zéros initiaux de cette ligne. On peut écrire :
𝑘 𝑘 𝑟 𝑟
∑ 𝜆𝑖 𝑎𝑖,𝑗 = ∑ 0𝐾 𝑎𝑖,𝑗 = 0𝐾 = ∑ 𝜆𝑖 × 0𝐾 = ∑ 𝜆𝑖 𝑎𝑖,𝑗 ,
𝑖=1 𝑖=1 𝑖=𝑘 +2 𝑖=𝑘 +2
𝑟 𝑘 𝑟
0𝐾 = ∑ 𝜆𝑖 𝑎𝑖,𝑗 = ∑ 𝜆𝑖 𝑎𝑖,𝑗 + 𝜆𝑘 +1 𝑎𝑘 +1,𝑗 + ∑ 𝜆𝑖 𝑎𝑖,𝑗 = 𝜆𝑘 +1 𝑎𝑘 +1,𝑗
𝑖=1 𝑖=1 𝑖=𝑘 +2
{𝑖 ∈ ⟦1, 𝑚⟧ | 𝑎𝑖,𝑖 ≠ 0𝐾 } = ⟦1, 𝑡⟧, {𝑖 ∈ ⟦1, 𝑚⟧ | 𝑎𝑖,𝑖 = 0𝐾 } = ⟦𝑡 + 1, 𝑚⟧, 𝐻 = ⟦0, 𝑡⟧, 𝑡 = max(𝐻 ) = 𝑞.
∀𝑖 ∈ ⟦1, 𝑞⟧, (∀𝑗 ∈ ⟦1, 𝑖 − 1⟧, 𝑎𝑖,𝑗 = 0𝐾 ) ∧ 𝑎𝑖,𝑖 ≠ 0𝐾 , ∀𝑖 ∈ ⟦𝑞 + 1, 𝑛⟧, ∀𝑗 ∈ ⟦1, 𝑝⟧, 𝑎𝑖,𝑗 = 0𝐾 ,
∀𝑗 ∈ ⟦1, 𝑞⟧, (∀𝑖 ∈ ⟦1, 𝑗 − 1⟧, 𝑎𝑖,𝑗 = 0𝐾 ) ∧ 𝑎𝑗,𝑗 ≠ 0𝐾 , ∀𝑗 ∈ ⟦𝑞 + 1, 𝑝⟧, ∀𝑖 ∈ ⟦1, 𝑛⟧, 𝑎𝑖,𝑗 = 0𝐾
et :
∀𝑖 ∈ ⟦1, 𝑞⟧, {𝑙 ∈ ⟦0, 𝑝⟧ | (𝑎𝑖,𝑗 )𝑗 ∈⟦1,𝑙⟧ = (0𝐾 )𝑗 ∈⟦1,𝑙⟧ } = ⟦0, 𝑖 − 1⟧ ∧ 𝑢𝑖 = 𝑖 − 1,
∀𝑖 ∈ ⟦𝑞 + 1, 𝑛⟧, {𝑙 ∈ ⟦0, 𝑝⟧ | (𝑎𝑖,𝑗 )𝑗 ∈⟦1,𝑙⟧ = (0𝐾 )𝑗 ∈⟦1,𝑙⟧ } = ⟦0, 𝑝⟧ ∧ 𝑢𝑖 = 𝑝,
∀𝑗 ∈ ⟦1, 𝑞⟧, {𝑘 ∈ ⟦0, 𝑛⟧ | (𝑎𝑖,𝑗 )𝑖∈⟦1,𝑘⟧ = (0𝐾 )𝑖∈⟦1,𝑘⟧ } = ⟦0, 𝑗 − 1⟧ ∧ 𝑣𝑗 = 𝑗 − 1,
∀𝑗 ∈ ⟦𝑞 + 1, 𝑝⟧, {𝑘 ∈ ⟦0, 𝑛⟧ | (𝑎𝑖,𝑗 )𝑖∈⟦1,𝑘⟧ = (0𝐾 )𝑖∈⟦1,𝑘⟧ } = ⟦0, 𝑛⟧ ∧ 𝑣𝑗 = 𝑛.
La suite finie 𝑢 : • croît strictement et est à valeurs strictement inférieures au nombre 𝑝 sur l’intervalle
⟦1, 𝑞⟧ ; • stationne en le nombre 𝑝 sur l’intervalle ⟦𝑞 + 1, 𝑛⟧. La suite finie 𝑣 : • est strictement croissante
et à valeurs strictement inférieures au nombre 𝑛 sur l’intervalle ⟦1, 𝑞⟧ ; • prend constamment la valeur 𝑛
sur l’intervalle ⟦𝑞 + 1, 𝑝⟧. C’est donc que la matrice 𝐴 est effectivement échelonnée suivant les lignes et
les colonnes. Les points (i) et (ii) précédents permettent d’affirmer que les égalités rg(𝐴) = 𝑞 = 𝑟 = 𝑠 sont
vérifiées.
Implication directe Supposons à présent que la matrice 𝐴 est échelonnée suivant les lignes et les
colonnes. Les points (i) et (ii) pourront donc être appliqués. « Partitionnons » la matrice 𝐴 en quatre
« blocs » disjoints, suivant la position relative des indices de ligne et de colonne vis‐à‐vis du nombre
𝑞. Il est immédiat que : • pour tout nombre 𝑘 ∈ {𝑛, 𝑝}, les relations 𝑞 ∈ ⟦0, 𝑚⟧ ⊆ ⟦0, 𝑘⟧ sont vérifiées
et l’intervalle ⟦1, 𝑘⟧ est la réunion des deux intervalles disjoints ⟦1, 𝑞⟧ et ⟦𝑞 + 1, 𝑘⟧ ; • le produit car‐
tésien ⟦1, 𝑛⟧ × ⟦1, 𝑝⟧ est la réunion des quatre sous‐produits cartésiens deux à deux disjoints ⟦1, 𝑞⟧2 ,
⟦1, 𝑞⟧×⟦𝑞+1, 𝑝⟧, ⟦𝑞+1, 𝑛⟧×⟦1, 𝑝⟧ et ⟦𝑞+1, 𝑛⟧×⟦𝑞+1, 𝑝⟧. L’on dira que les quatre sous‐familles (𝑎𝑖,𝑗 )(𝑖,𝑗)∈⟦1,𝑞⟧2 ,
(𝑎𝑖,𝑗 )(𝑖,𝑗)∈⟦1,𝑞⟧×⟦𝑞+1,𝑝⟧ , (𝑎𝑖,𝑗 )(𝑖,𝑗)∈⟦𝑞+1,𝑛⟧×⟦1,𝑞⟧ et (𝑎𝑖,𝑗 )(𝑖,𝑗)∈⟦𝑞+1,𝑛⟧×⟦𝑞+1,𝑝⟧ de la matrice 𝐴 en codent respecti‐
vement : • le bloc supérieur gauche ; • le bloc supérieur droit ; • le bloc inférieur gauche ; • le bloc inférieur
droit. Précisons la structure de chacun de ces quatre blocs.
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Bloc supérieur gauche Observons que, pour tout — éventuel — indice 𝑖 ∈ ⟦1, 𝑞⟧ : • les relations
1 ⩽ 𝑖 ⩽ 𝑞 ⩽ 𝑚, 𝑖 ∈ ⟦0, 𝑞⟧ = 𝐻 et 𝑎𝑗,𝑗 ≠ 0𝐾 sont vérifiées pour tout indice 𝑗 ∈ ⟦1, 𝑖⟧ ; • le 𝑖‐ième
coefficient 𝑎𝑖,𝑖 de la 𝑖‐ième ligne 𝐿𝑖 et de la 𝑖‐ième colonne 𝐶𝑖 est distinct de l’élément 0𝐾 ; • les nombres
de zéros initiaux de cette ligne et de cette colonne sont dès lors nécessairement strictement inférieurs
au nombre 𝑖, c’est‐à‐dire inférieurs ou égaux au nombre 𝑖 − 1 ; • on peut écrire les séries d’inégalités
𝑢𝑖 ⩽ 𝑖 − 1 < 𝑞 ⩽ 𝑚 ⩽ 𝑝 et 𝑣𝑖 ⩽ 𝑖 − 1 < 𝑞 ⩽ 𝑚 ⩽ 𝑛. On a donc :
et l’on déduit que le nombre 𝑞 est : • élément des deux ensembles 𝐼 et 𝐽 ; • inférieur ou égal au nombre
max(𝐼 ) = 𝑟 = rg(𝐴) = 𝑠 = max(𝐽 ). Rappelons par ailleurs que :
ce qui signifie que, pour tout — éventuel — indice 𝑖 ∈ ⟦1, 𝑞⟧, la ligne 𝐿𝑖 et la colonne 𝐶𝑖 sont constituées
de 𝑖 − 1 zéros initiaux, exactement. Cela s’écrit aussi :
Dans tous les cas, l’on peut affirmer que les 𝑞 premiers coefficients de chacune des 𝑛 − 𝑞 dernières
lignes et 𝑝 − 𝑞 dernières colonnes de la matrice 𝐴 égalent tous l’élément 0𝐾 . Les blocs supérieur droit
et inférieur gauche de la matrice 𝐴 ne sont donc constitués que du seul élément 0𝐾 :
Bloc inférieur droit Supposons d’abord que 𝑞 < 𝑚, c’est‐à‐dire que 𝑞 < 𝑛 et 𝑞 < 𝑝. Le point précé‐
dente garantit que les inégalités 𝑢𝑞+1 ⩾ 𝑞 et 𝑣𝑞+1 ⩾ 𝑞 sont vérifiées, c’est‐à‐dire que (𝑎𝑞+1,𝑗 )𝑗 ∈⟦1,𝑞⟧ =
(0𝐾 )𝑗 ∈⟦1,𝑞⟧ et (𝑎𝑖,𝑞+1 )𝑖∈⟦1,𝑞⟧ = (0𝐾 )𝑖∈⟦1,𝑞⟧ . La maximalité du nombre 𝑞 dans l’ensemble 𝐻 assure en outre
que 𝑎𝑞+1,𝑞+1 = 0𝐾 . On déduit que (𝑎𝑞+1,𝑗 )𝑗 ∈⟦1,𝑞+1⟧ = (0𝐾 )𝑗 ∈⟦1,𝑞+1⟧ et (𝑎𝑖,𝑞+1 )𝑖∈⟦1,𝑞+1⟧ = (0𝐾 )𝑖∈⟦1,𝑞+1⟧ ,
c’est‐à‐dire que 𝑢𝑞+1 ⩾ 𝑞 + 1 et 𝑣𝑞+1 ⩾ 𝑞 + 1. On a alors, par croissance des suites finies 𝑢 et 𝑣 :
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𝑢𝑞+1 = 𝑝 et 𝑣𝑞+1 = 𝑛 sont vérifiées. Puisque les suites 𝑢 et 𝑣 stationnent une fois les valeurs 𝑝 et 𝑛
respectivement atteintes, c’est donc que :
∀𝑖 ∈ ⟦𝑞 + 1, 𝑛⟧, 𝑢𝑖 = 𝑝 ∧ 𝐿𝑖 = 0𝐾 𝑝 , ∀𝑗 ∈ ⟦𝑞 + 1, 𝑝⟧, 𝑣𝑗 = 𝑛 ∧ 𝐶𝑗 = 0𝐾 𝑛 ,
soit :
∀(𝑖, 𝑗) ∈ (⟦𝑞 + 1, 𝑛⟧ × ⟦1, 𝑝⟧) ∪ (⟦1, 𝑛⟧ × ⟦𝑞 + 1, 𝑝⟧), 𝑎𝑖,𝑗 = 0𝐾 .
En particulier, on a :
∀(𝑖, 𝑗) ∈ ⟦𝑞 + 1, 𝑛⟧ × ⟦𝑞 + 1, 𝑝⟧, 𝑎𝑖,𝑗 = 0𝐾
et cet énoncé demeure évidemment vérifié si 𝑞 = 𝑚, le produit cartésien ⟦𝑞 + 1, 𝑛⟧ × ⟦𝑞 + 1, 𝑝⟧ étant alors
vide. Dans tous les cas, le bloc inférieur droit de la matrice 𝐴 n’est constitué que du scalaire 0𝐾 .
Nous avons retrouvé intégralement la structure de la matrice 𝐴 : • seuls ses coefficients diagonaux 𝑎𝑖,𝑖 ,
pour 𝑖 ∈ ⟦1, 𝑚⟧, sont non nuls dans le corps (𝐾 , +, ×) ; • tous ses autres coefficients égalent l’élément 0𝐾 .
La condition (†) est effectivement vérifiée. □
Définition 63 (Pivot) — Reprenons les notations de la définition 61 et notons 𝑟 ≔ rg(𝐴) ∈ ⟦0, min(𝑛, 𝑝)⟧.
(i) Supposons la matrice 𝐴 échelonnée suivant les lignes. On appelle suite finie des pivots successifs de la
matrice 𝐴 le 𝑟‐uplet (𝑎𝑖,𝑢𝑖 +1 )𝑖∈⟦1,𝑟⟧ ∈ 𝐾 𝑟 : pour tout — éventuel — indice 𝑖 ∈ ⟦1, 𝑟⟧, le 𝑖‐ième pivot 𝑎𝑖,𝑢𝑖 +1 est
le premier coefficient non nul de la ligne 𝐿𝑖 .
(ii) Supposons la matrice 𝐴 échelonnée suivant les colonnes. On appelle suite finie des pivots successifs de la
matrice 𝐴 le 𝑟‐uplet (𝑎𝑣𝑗 +1,𝑗 )𝑗 ∈⟦1,𝑟⟧ ∈ 𝐾 𝑟 : pour tout — éventuel — indice 𝑗 ∈ ⟦1, 𝑟⟧, le 𝑗‐ième pivot 𝑎𝑣𝑗 +1,𝑗 est
le premier coefficient non nul de la colonne 𝐶𝑗 .
Remarques — (i) La définition précédente est cohérente : dans le cas où la matrice 𝐴 est échelonnée suivant
les lignes et suivant les colonnes, on définit bien, compte tenu de la proposition antérieure, le même 𝑟‐uplet
de pivots, à savoir la suite finie (𝑎𝑖,𝑖 )𝑖∈⟦1,𝑟⟧ des coefficients diagonaux non nuls de la matrice 𝐴.
(ii) Que la matrice 𝐴 soit échelonnée suivant les lignes ou suivant les colonnes, le nombre de ses pivots
— entendu comme le cardinal 𝑟 de l’ensemble d’indexation ⟦1, 𝑟⟧ du 𝑟‐uplet des pivots — égale son rang.
(iii) De façon générale, nous dénombrerons toujours des pivots eu égard à leurs positions dans la matrice 𝐴 et
non à leurs valeurs dans l’ensemble 𝐾 .
Exemples — Dans les exemples suivant la définition 61, les pivots des matrices 𝐴, 𝐶 et 𝐷 sont figurés par un
fond grisé.
Proposition 64 — Conservons les notations de la définition 61 et notons 𝑟 ≔ rg(𝐴) ∈ ⟦0, min(𝑛, 𝑝)⟧. On introduit
les deux suites finies 𝑈 = (𝑈𝑗 )𝑗 ∈⟦1,𝑝⟧ ∈ ⟦0, 𝑟⟧𝑝 et 𝑉 = (𝑉𝑖 )𝑖∈⟦1,𝑛⟧ ∈ ⟦0, 𝑟⟧𝑛 — bien — définies par :
(i) Supposons la matrice 𝐴 échelonnée suivant les lignes. Pour tout — éventuel — indice 𝑗 ∈ ⟦1, 𝑝⟧, le nombre 𝑈𝑗 :
• est égal au nombre de pivots se trouvant parmi les 𝑗 premières colonnes de la matrice 𝐴 et, s’il est non nul, à
l’indice de la ligne possédant le dernier pivot de ces colonnes ; • vérifie l’égalité (𝑎𝑖,𝑗 )𝑖∈⟦𝑈𝑗 +1,𝑛⟧ = (0𝐾 )𝑖∈⟦𝑈𝑗 +1,𝑛⟧ ,
c’est‐à‐dire que tous les coefficients de la 𝑗‐ième colonne 𝐶𝑗 situés strictement sous le dernier pivot des 𝑗 pre‐
mières colonnes sont nuls dans le corps (𝐾 , +, ×). En particulier :
(ii) Supposons la matrice 𝐴 échelonnée suivant les colonnes. Pour tout — éventuel — indice 𝑖 ∈ ⟦1, 𝑛⟧, le nombre 𝑉𝑖 :
• est égal au nombre de pivots se trouvant parmi les 𝑖 premières lignes de 𝐴 et, s’il est non nul, à l’indice de la
colonne possédant le dernier pivot de ces lignes ; • vérifie l’égalité (𝑎𝑖,𝑗 )𝑗 ∈⟦𝑉𝑖 +1,𝑛⟧ = (0𝐾 )𝑗 ∈⟦𝑉𝑖 +1,𝑛⟧ , c’est‐à‐dire
que tous les coefficients de la 𝑖‐ième ligne 𝐿𝑖 situés strictement à droite du dernier pivot des 𝑖 premières lignes
sont nuls dans le corps (𝐾 , +, ×). Notamment :
∀𝑗 ∈ ⟦1, 𝑟⟧, 𝑉𝑣𝑗 +1 = 𝑗 ∧ (𝑎𝑣𝑗 +1,𝑙 )𝑙 ∈⟦𝑗 +1,𝑝⟧ = (0𝐾 )𝑙 ∈⟦𝑗 +1,𝑝⟧ .
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Démonstration — On n’établit que le premier point, le second étant tout à fait analogue. Supposons donc la
matrice 𝐴 échelonnée suivant les lignes. Considérons les deux 𝑝‐uplets (𝐼𝑗 )𝑗 ∈⟦1,𝑝⟧ ∈ (𝔓(⟦0, 𝑟⟧))𝑝 et (𝐼𝑗̃ )𝑗 ∈⟦1,𝑝⟧ ∈
(𝔓(⟦1, 𝑟⟧))𝑝 définis par :
∀𝑗 ∈ ⟦1, 𝑝⟧, 𝐼𝑗 ≔ {𝑘 ∈ ⟦0, 𝑟⟧ | ∀𝑖 ∈ ⟦1, 𝑘⟧, 𝑢𝑖 < 𝑗}, ∀𝑗 ∈ ⟦1, 𝑝⟧, 𝐼𝑗̃ ≔ {𝑖 ∈ ⟦1, 𝑟⟧ | 𝑢𝑖 < 𝑗}.
Première étape Comme d’habitude, pour tout — éventuel — indice 𝑗 ∈ ⟦1, 𝑝⟧ : • la partie 𝐼𝑗 ⊆ ⟦0, 𝑟⟧ ⊂ ℕ :
◦ possède l’élément 0 et est non vide ; ◦ est majorée par le nombre 𝑟 ; ◦ admet un maximum dans l’ensemble
bien ordonné (ℕ, ⩽) ; • le nombre 𝑈𝑗 = max(𝐼𝑗 ) ∈ 𝐼𝑗 est bien défini ; • l’égalité 𝐼𝑗 = ⟦0, 𝑈𝑗 ⟧ est vérifiée. Cela
justifie, en particulier, la bonne définition de la suite 𝑈 . Fixons un indice 𝑗 ∈ ⟦1, 𝑝⟧ — pourvu que 𝑝 ⩾ 1. La
croissance de la suite finie 𝑢 permet de calculer :
𝐼𝑗̃ = {𝑖 ∈ ⟦1, 𝑟⟧ | ∀𝑘 ∈ ⟦1, 𝑖⟧, 𝑢𝑘 < 𝑗} = 𝐼𝑗 {0} = ⟦0, 𝑈𝑗 ⟧ {0} = ⟦1, 𝑈𝑗 ⟧, card(𝐼𝑗̃ ) = 𝑈𝑗 .
−
Rappelons que la suite finie 𝑢 : • stationne en le nombre 𝑝 sur l’intervalle ⟦𝑟 + 1, 𝑛⟧ ; • ne prend des valeurs
strictement inférieures au nombre 𝑝 que sur l’intervalle ⟦1, 𝑟⟧. Tout — éventuel — indice 𝑖 ∈ ⟦1, 𝑛⟧ tel que
𝑢𝑖 < 𝑗 : • vérifie les inégalités 𝑢𝑖 < 𝑗 ⩽ 𝑝 ; • appartient donc à l’intervalle ⟦1, 𝑟⟧ ; • est, in fine, élément de
l’ensemble 𝐼𝑗̃ . D’où l’inclusion {𝑖 ∈ ⟦1, 𝑛⟧ | 𝑢𝑖 < 𝑗} ⊆ 𝐼𝑗̃ . L’inclusion réciproque étant immédiate, en vertu de
l’inclusion ⟦1, 𝑟⟧ ⊆ ⟦1, 𝑛⟧, on déduit par extensionnalité que 𝐼𝑗̃ = {𝑖 ∈ ⟦1, 𝑛⟧ | 𝑢𝑖 < 𝑗}. On peut finalement écrire :
les dernières équivalences découlant du principe de contraposition et des propriétés de la relation d’ordre ⩽.
Deuxième étape Les positions des pivots successifs de la matrice 𝐴 sont données par les couples (𝑖, 𝑢𝑖 + 1),
pour 𝑖 ∈ ⟦1, 𝑟⟧. Fixons un indice 𝑗 ∈ ⟦1, 𝑝⟧ — à supposer que 𝑝 ⩾ 1. Les positions des — éventuels — pivots
apparaissant au sein des 𝑗 premières colonnes de la matrice 𝐴 sont codées par les couples (𝑖, 𝑢𝑖 + 1) où 𝑖 ∈ ⟦1, 𝑟⟧
et 𝑢𝑖 + 1 ⩽ 𝑗 ; le nombre de ces pivots égale donc le cardinal de l’ensemble {𝑖 ∈ ⟦1, 𝑟⟧ | 𝑢𝑖 + 1 ⩽ 𝑗}, qui n’est autre
que l’ensemble 𝐼𝑗̃ = ⟦1, 𝑈𝑗 ⟧. On déduit que les pivots dont l’indice de colonne est inférieur ou égal au nombre
𝑗 sont : • les 𝑈𝑗 premiers pivots de la matrice 𝐴 ; • au nombre de 𝑈𝑗 . La numérotation des pivots s’effectuant
via leur indice de ligne, on déduit aussi que le nombre 𝑈𝑗 est, s’il est non nul, l’indice de la ligne possédant le
dernier pivot des 𝑗 premières colonnes.
Troisième étape Par définition de la suite finie 𝑢, tout — éventuel — indice 𝑖 ∈ ⟦1, 𝑛⟧ vérifie les propriétés
équivalentes suivantes :
∀𝑖 ∈ ⟦1, 𝑛⟧, 𝑖 ⩾ 𝑈𝑗 + 1 ⇒ 𝑎𝑖,𝑗 = 0𝐾 , ∀𝑖 ∈ ⟦𝑈𝑗 + 1, 𝑛⟧, 𝑎𝑖,𝑗 = 0𝐾 , (𝑎𝑖,𝑗 )𝑖∈⟦𝑈𝑗 +1,𝑛⟧ = (0𝐾 )𝑖∈⟦𝑈𝑗 +1,𝑛⟧ .
Quatrième étape Considérons un indice 𝑖 ∈ ⟦1, 𝑟⟧ — pourvu que 𝑟 ⩾ 1. L’inégalité stricte 𝑢𝑖 < 𝑝 est vérifiée
et l’on peut poser 𝑗 ≔ 𝑢𝑖 + 1 ∈ ⟦1, 𝑝⟧. Démontrons que 𝐼𝑗̃ = ⟦1, 𝑖⟧. Rappelons que la suite finie 𝑢 est croissante
et même strictement croissante tant qu’elle n’a pas atteint la valeur 𝑝.
Inclusion directe Tout nombre 𝑘 ∈ ⟦1, 𝑖⟧ est tel que 𝑢𝑘 ⩽ 𝑢𝑖 < 𝑗 et appartient donc aussi à l’ensemble 𝐼𝑗̃ .
Inclusion réciproque Puisque 𝑢𝑖 < 𝑝, on a 𝑢𝑖+1 > 𝑢𝑖 , c’est‐à‐dire 𝑢𝑖+1 ⩾ 𝑗. Tout indice 𝑘 ∈ ⟦1, 𝑛⟧ tel
que 𝑘 > 𝑖 satisfait aux inégalités 𝑢𝑘 ⩾ 𝑢𝑖+1 ⩾ 𝑗. Par contraposition, tout indice 𝑘 ∈ ⟦1, 𝑛⟧ tel que 𝑢𝑘 < 𝑗
est nécessairement inférieur ou égal au nombre 𝑖 et élément de l’intervalle ⟦1, 𝑖⟧. Enfin, tout nombre 𝑘 ∈ 𝐼𝑗̃ :
• est un élément de l’intervalle ⟦1, 𝑟⟧ ⊆ ⟦1, 𝑛⟧ tel que 𝑢𝑘 < 𝑗 ; • appartient donc, en vertu de ce qui précède
juste, à l’intervalle ⟦1, 𝑖⟧.
Par extensionnalité, on a donc l’égalité escomptée. L’on peut alors écrire 𝑖 = max(𝐼𝑗̃ ) = 𝑈𝑗 et 𝑈𝑗 + 1 = 𝑖 + 1. La
propriété de l’étape précédente assure finalement que :
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Définition 65 (Matrice échelonnée et réduite, matrice canonique) — Conservons encore les notations
de la définition 61 et notons 𝑟 ≔ rg(𝐴) ∈ ⟦0, min(𝑛, 𝑝)⟧ ainsi que ℕ2 ∋ (𝑖, 𝑗) ↦ δ𝑖,𝑗 ∈ {0𝐾 , 1𝐾 } le symbole de
Kronecker relatif à l’ensemble ℕ et au corps (𝐾 , +, ×). On dit que la matrice 𝐴 est :
• échelonnée et réduite suivant les lignes ou canonique suivant les lignes si elle est échelonnée suivant les
lignes et vérifie :
∀𝑖 ∈ ⟦1, 𝑟⟧, (𝑎𝑘,𝑢𝑖 +1 )𝑘 ∈⟦1,𝑛⟧ = (δ𝑖,𝑘 )𝑘 ∈⟦1,𝑛⟧ ,
égalités signifiant que tous les pivots égalent l’élément 1𝐾 et que, au sein de toute colonne possédant
un pivot, tous les coefficients précédant ledit pivot égalent l’élément 0𝐾 (on sait déjà que c’est le cas des
coefficients lui succédant, en vertu de la proposition précédente) :
• échelonnée et réduite suivant les colonnes ou canonique suivant les colonnes si elle est échelonnée suivant
les colonnes et vérifie :
∀𝑗 ∈ ⟦1, 𝑟⟧, (𝑎𝑣𝑗 +1,𝑙 )𝑙 ∈⟦1,𝑝⟧ = (δ𝑗,𝑙 )𝑙 ∈⟦1,𝑝⟧ ,
égalités signifiant que tous les pivots égalent l’élément 1𝐾 et que, au sein de toute ligne possédant un pivot,
tous les coefficients précédant ledit pivot égalent l’élément 0𝐾 (on sait déjà que c’est le cas des coefficients
lui succédant) :
∀𝑗 ∈ ⟦1, 𝑟⟧, 𝑎𝑣𝑗 +1,𝑗 = 1𝐾 ∧ (𝑎𝑣𝑗 +1,𝑙 )𝑙 ∈⟦1,𝑗 −1⟧ = (0𝐾 )𝑙 ∈⟦1,𝑗 −1⟧ .
Exemples — On suppose que le corps (𝐾 , +, ×) est le corps des nombres rationnels. On définit :
0 0 0 0 1 0 0
1 −1/3 0 0 ⎛ ⎞ ⎛ ⎞
̃ 1 0 0 0⎟ 0 1 0⎟
𝐴 ≔ (0 0 1 0) ∈ ℚ3×4 , 𝐶̃ ≔ ⎜ ∈ ℚ4×4 , 𝐷̃ ≔ ⎜ ∈ ℚ4×3 .
⎜ 0 1 0 0⎟ ⎜0 0 0⎟
0 0 0 1
⎝69/7 −24/7 0 0⎠ ⎝0 0 0⎠
La matrice 𝐴̃ est échelonnée et réduite suivant les lignes. La matrice 𝐶̃ l’est suivant les colonnes. La matrice
𝐷̃ l’est suivant les lignes et les colonnes.
Théorème 66 — Soient un couple de nombres (𝑛, 𝑝) ∈ ℕ2 et une matrice 𝐴 ∈ 𝐾 𝑛×𝑝 d’ordre (𝑛, 𝑝) et à coefficients
dans le corps (𝐾 , +, ×).
(i) Il existe un nombre 𝑘 ∈ ℕ et une application 𝑓 : 𝐾 𝑛×𝑝 → 𝐾 𝑛×𝑝 tels que : • l’application 𝑓 est la composée de 𝑘
opérations élémentaires relatives aux lignes de matrices dans l’ensemble 𝐾 𝑛×𝑝 ; • la matrice 𝐵 ≔ 𝑓 (𝐴) ∈ 𝐾 𝑛×𝑝
est échelonnée et réduite suivant les lignes. Puisqu’une opération élémentaire préserve le rang, l’égalité rg(𝐵) =
rg(𝐴) est nécessairement vérifiée.
(ii) De même, il existe un nombre 𝑙 ∈ ℕ et une application 𝑔 : 𝐾 𝑛×𝑝 → 𝐾 𝑛×𝑝 tels que : • l’application 𝑔 est la
composée de 𝑙 opérations élémentaires relatives aux colonnes de matrices dans l’ensemble 𝐾 𝑛×𝑝 ; • la matrice
𝐶 ≔ 𝑔(𝐴) ∈ 𝐾 𝑛×𝑝 est échelonnée et réduite suivant les colonnes. L’égalité rg(𝐶) = rg(𝐴) est automatiquement
vérifiée.
Démonstration — Nous raisonnons vis‐à‐vis des lignes de la matrice 𝐴, le raisonnement relatif aux colonnes
étant en tout point analogue. Nous noterons ℕ2 ∋ (𝑖, 𝑗) ↦ δ𝑖,𝑗 ∈ {0𝐾 , 1𝐾 } le symbole de Kronecker associé
à l’ensemble ℕ et au corps (𝐾 , +, ×). Prouvons par récurrence que, pour tout nombre 𝑙 ∈ ⟦0, 𝑝⟧, il existe
une application 𝑓 : 𝐾 𝑛×𝑝 → 𝐾 𝑛×𝑝 , composée d’un nombre fini d’opérations élémentaires relatives aux lignes
de matrices dans l’ensemble 𝐾 𝑛×𝑝 , telle que la sous‐matrice 𝑓 (𝐴)|⟦1,𝑛⟧×⟦1,𝑙⟧ = (𝑏𝑖,𝑗 )(𝑖,𝑗)∈⟦1,𝑛⟧×⟦1,𝑙⟧ ∈ 𝐾 𝑛×𝑙 de
la matrice 𝑓 (𝐴) ≕ (𝑏𝑖,𝑗 )(𝑖,𝑗)∈⟦1,𝑛⟧×⟦1,𝑝⟧ ∈ 𝐾 𝑛×𝑝 — constituée uniquement des 𝑙 premières colonnes de cette
dernière — soit échelonnée et réduite suivant les lignes.
Initialisation Le résultat au rang 0 est immédiat ; on peut choisir 𝑓 ≔ id𝐾 𝑛×𝑝 , composée d’aucune opération
élémentaire — ou d’une seule, à savoir elle‐même —, et observer que la sous‐matrice 𝑓 (𝐴)|⟦1,𝑛⟧×⟦1,0⟧ ∈ 𝐾 𝑛×0
de la matrice 𝑓 (𝐴) = 𝐴 est vide et automatiquement échelonnée et réduite suivant les lignes.
Hérédité Soit un nombre 𝑙 ∈ ⟦0, 𝑝 − 1⟧ — pourvu que 𝑝 ⩾ 1, sinon il n’y a rien à faire. Supposons le résultat
vérifié au rang 𝑙. L’on peut considérer un nombre 𝑠 ∈ ℕ et une application 𝑓 : 𝐾 𝑛×𝑝 → 𝐾 𝑛×𝑝 , composée de
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𝑠 opérations élémentaires relatives aux lignes de matrices dans l’ensemble 𝐾 𝑛×𝑝 , telle que la sous‐matrice
𝐵̃ ≔ 𝐵|⟦1,𝑛⟧×⟦1,𝑙⟧ ∈ 𝐾 𝑛×𝑙 de la matrice 𝐵 = (𝑏𝑖,𝑗 )(𝑖,𝑗)∈⟦1,𝑛⟧×⟦1,𝑝⟧ ≔ 𝑓 (𝐴) ∈ 𝐾 𝑛×𝑝 soit échelonnée et réduite.
Introduisons alors également : • le nombre de pivots et le rang 𝑟 ̃ ≔ rg(𝐵)̃ ∈ ⟦0, min(𝑛, 𝑙)⟧ de la matrice 𝐵̃ ; • les
systèmes ℒ = (𝐿𝑖 )𝑖∈⟦1,𝑛⟧ ∈ (𝐾 𝑝 )𝑛 et ℒ̃ = (𝐿̃ 𝑖 )𝑖∈⟦1,𝑛⟧ ∈ (𝐾 𝑙 )𝑛 des lignes des matrices 𝐵 et 𝐵,̃ respectivement ; • la
suite finie 𝑢̃ = (𝑢̃𝑖 )𝑖∈⟦1,𝑛⟧ ≔ (𝜑𝑙 (𝐿̃ 𝑖 ))𝑖∈⟦1,𝑛⟧ ∈ ⟦0, 𝑙⟧𝑛 des nombres de zéros initiaux des lignes successives de la
matrice 𝐵.̃ Les caractères échelonné et réduit de la matrice 𝐵̃ suivant les lignes assurent que :
(∀𝑖 ∈ ⟦1, 𝑟 ̃ − 1⟧, 𝑢̃𝑖 < 𝑢̃𝑖+1 ) ∧ (∀𝑖 ∈ ⟦1, 𝑟⟧,
̃ 𝑢̃𝑖 < 𝑙) ∧
(∀𝑖 ∈ ⟦𝑟 ̃ + 1, 𝑛⟧, 𝑢̃𝑖 = 𝑙) ∧ (∀𝑖 ∈ ⟦1, 𝑟⟧,
̃ (𝑏𝑘, 𝑢̃𝑖 +1 )𝑘 ∈⟦1,𝑛⟧ = (δ𝑖,𝑘 )𝑘 ∈⟦1,𝑛⟧ )
donc que :
• pour chaque — éventuel — indice 𝑖 ∈ ⟦1, 𝑟⟧,̃ les 𝑢̃𝑖 premiers coefficients de la ligne 𝐿̃ 𝑖 égalent l’élément 0𝐾
mais pas son (𝑢̃𝑖 + 1)‐ième coefficient — c’est le 𝑖‐ième pivot de la matrice 𝐵̃ — :
∀𝑖 ∈ ⟦1, 𝑟⟧,
̃ (𝑏𝑖,𝑗 )𝑗 ∈⟦1, 𝑢̃𝑖 ⟧ = (0𝐾 )𝑗 ∈⟦1, 𝑢̃𝑖 ⟧ ∧ 𝑏𝑖, 𝑢̃𝑖 +1 ≠ 0𝐾 ;
• toutes les lignes 𝐿̃ 𝑖 , pour 𝑖 ∈ ⟦𝑟 ̃ + 1, 𝑛⟧, situées strictement sous le dernier pivot de la matrice 𝐵,̃ égalent le
vecteur nul 0𝐾 𝑙 de l’espace (𝐾 𝑙 , +, ⋅) :
∀𝑖 ∈ ⟦𝑟 ̃ + 1, 𝑛⟧, (𝑏𝑖,𝑗 )𝑗 ∈⟦1,𝑙⟧ = (0𝐾 )𝑗 ∈⟦1,𝑙⟧ .
Au rang 𝑙 + 1, on distingue deux cas.
Premier cas Supposons que (𝑏𝑖,𝑙 +1 )𝑖∈⟦𝑟 ̃ +1,𝑛⟧ = (0𝐾 )𝑖∈⟦𝑟 ̃ +1,𝑛⟧ . Considérons : • l’application ℎ ≔ 𝑓 ; • la
sous‐matrice 𝐵̂ ≔ 𝐵|⟦1,𝑛⟧×⟦1,𝑙 +1⟧ ∈ 𝐾 𝑛×(𝑙 +1) de la matrice 𝐵 = 𝑓 (𝐴) = ℎ(𝐴), constituée des 𝑙 + 1 premières
colonnes de cette dernière ; • le système ℒ̂ = (𝐿̂ 𝑖 )𝑖∈⟦1,𝑛⟧ ∈ (𝐾 𝑙 +1 )𝑛 des lignes de la matrice 𝐵̂ ; • le 𝑛‐uplet
𝑢̂ = (𝑢̂𝑖 )𝑖∈⟦1,𝑛⟧ ≔ (𝜑𝑙 +1 (𝐿̂ 𝑖 ))𝑖∈⟦1,𝑛⟧ ∈ ⟦0, 𝑙 + 1⟧𝑛 des nombres de zéros initiaux des lignes successives de la
matrice 𝐵.̂ Tout — éventuel — indice 𝑖 ∈ ⟦1, 𝑛⟧ vérifie l’égalité 𝐿̂ 𝑖 = (𝑏𝑖,𝑗 )𝑗 ∈⟦1,𝑙 +1⟧ et les implications suivantes :
𝑖 ⩽ 𝑟 ̃ ⇒ ((𝑏𝑖,𝑗 )𝑗 ∈⟦1, 𝑢̃𝑖 ⟧ = (0𝐾 )𝑗 ∈⟦1, 𝑢̃𝑖 ⟧ ∧ 𝑏𝑖, 𝑢̃𝑖 +1 ≠ 0𝐾 ∧ 𝑢̂𝑖 = 𝑢̃𝑖 ), 𝑖 ⩾ 𝑟 ̃ + 1 ⇒ (𝐿̂ 𝑖 = (0𝐾 )𝑗 ∈⟦1,𝑙 +1⟧ ∧ 𝑢̂𝑖 = 𝑙 + 1).
Dès lors :
(∀𝑖 ∈ ⟦1, 𝑟 ̃ − 1⟧, 𝑢̂𝑖 = 𝑢̃𝑖 < 𝑢̃𝑖+1 = 𝑢̂𝑖+1 ) ∧ (∀𝑖 ∈ ⟦1, 𝑟⟧,
̃ 𝑢̂𝑖 = 𝑢̃𝑖 < 𝑙 < 𝑙 + 1) ∧ (∀𝑖 ∈ ⟦𝑟 ̃ + 1, 𝑛⟧, 𝑢̂𝑖 = 𝑙 + 1)
donc la matrice 𝐵̂ est échelonnée suivant les lignes et possède les mêmes pivots que la matrice 𝐵,̃ à savoir
̃ De plus, le caractère réduit de la matrice 𝐵̃ se transmet
les coefficients 𝑏𝑖, 𝑢̂𝑖 +1 = 𝑏𝑖, 𝑢̃𝑖 +1 , pour 𝑖 ∈ ⟦1, 𝑟⟧.
automatiquement à la matrice 𝐵̂ puisque les colonnes concernées sont les mêmes, aucun pivot ne se trouvant
dans la dernière colonne de la matrice 𝐵,̂ d’indice 𝑙 + 1. En définitive, la matrice 𝐵̂ est encore échelonnée et
réduite suivant les lignes.
Second cas Étudions à présent l’éventualité où il existe un indice 𝑘 ∈ ⟦𝑟 ̃ + 1, 𝑛⟧ tel que 𝑏𝑘,𝑙 +1 ≠ 0𝐾
— l’ensemble de ces indices est alors une partie non vide de l’ensemble ℕ et l’on peut, par exemple, en
considérer le minimum. Notons que l’inégalité 𝑟 ̃ < 𝑛 est, en particulier, vérifiée. Le coefficient 𝑏𝑘,𝑙 +1 est non
nul donc inversible dans le corps (𝐾 , +, ×). Posons :
−1 ∈ 𝐾 ∗ , id⟦1,𝑛⟧ si 𝑘 = 𝑟 ̃ + 1
𝛽 ≔ 𝑏𝑘,𝑙 ∀𝑖 ∈ ⟦1, 𝑛⟧ {𝑘}, 𝛼𝑖 ≔ −𝑏𝑖,𝑙 +1 ∈ 𝐾, 𝔖𝑛 ∋ 𝜏 ≔ {
−
+1 ( 𝔖𝑛 )
(𝑘, 𝑟 ̃ + 1) si 𝑘 ≠ 𝑟 ̃ + 1
puis, reprenant les notations des opérations élémentaires introduites dans la définition 53 :
○ ○
𝑘 −1 𝑛
𝑔 ≔ 𝑝𝜏 ∘ ( 𝑡𝑖,𝑘,𝛼𝑖 ) ∘ ( 𝑡𝑖,𝑘,𝛼𝑖 ) ∘ 𝑑𝑘,𝛽 , ℎ≔𝑔∘𝑓
𝑖=1 𝑖=𝑘 +1
ainsi que 𝐶 = (𝑐𝑖,𝑗 )(𝑖,𝑗)∈⟦1,𝑛⟧×⟦1,𝑝⟧ ≔ 𝑔(𝐵) = ℎ(𝐴) ∈ 𝐾 𝑛×𝑝 et 𝐶 ̄ ≔ 𝐶|⟦1,𝑛⟧×⟦1,𝑙 +1⟧ ∈ 𝐾 𝑛×(𝑙 +1) . Remarquons
que : • l’application 𝑔 est la composée de — au plus — 1 + (𝑘 − 1) + (𝑛 − 𝑘) + 1 = 𝑛 + 1 opérations élémentaires ;
• l’application ℎ est la composée d’au plus 𝑡 ≔ 𝑠 + 𝑛 + 1 opérations élémentaires. En outre, la matrice 𝐶 est
obtenue à partir de la matrice 𝐵 en effectuant les opérations élémentaires suivantes, dans cet ordre :
• dilatation de la ligne 𝐿𝑘 à l’aide du scalaire 𝛽, de façon à obtenir la ligne normalisée 𝛽 ⋅ 𝐿𝑘 , dont les 𝑙 + 1
premiers coefficients sont :
∀𝑗 ∈ ⟦1, 𝑙⟧, 𝛽𝑏𝑘,𝑗 = 𝛽 × 0𝐾 = 0𝐾 = 𝑏𝑘,𝑗 , −1 𝑏
𝛽𝑏𝑘,𝑙 +1 = 𝑏𝑘,𝑙 +1 𝑘,𝑙 +1 = 1𝐾 ;
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• pour tout — éventuel — indice 𝑖 ∈ ⟦1, 𝑛⟧ {𝑘}, application d’une transvection à la ligne 𝐿𝑖 en faisant usage
−
de la nouvelle ligne 𝛽 ⋅ 𝐿𝑘 et du scalaire 𝛼𝑖 afin d’obtenir la ligne 𝐿𝑖 + 𝛼𝑖 𝛽 ⋅ 𝐿𝑘 , dont voici les 𝑙 + 1 premiers
coefficients :
∀𝑗 ∈ ⟦1, 𝑙⟧, 𝑏𝑖,𝑗 + 𝛼𝑖 𝛽𝑏𝑘,𝑗 = 𝑏𝑖,𝑗 + 𝛼𝑖 × 0𝐾 = 𝑏𝑖,𝑗 , 𝑏𝑖,𝑙 +1 + 𝛼𝑖 𝛽𝑏𝑘,𝑙 +1 = 𝑏𝑖,𝑙 +1 − 𝑏𝑖,𝑙 +1 × 1𝐾 = 0𝐾
(observons que ces 𝑛 − 1 transvections, modifiant chacune indépendamment une ligne différente grâce
à la ligne d’indice 𝑘 qui, elle, demeure inchangée tout du long, commutent deux à deux) ;
• échange, si nécessaire, des — nouvelles — lignes d’indices 𝑘 et 𝑟 ̃ + 1, ce qui n’impacte pas leurs 𝑙 premiers
coefficients, égalant effectivement tous l’élément 0𝐾 puisque (𝑘, 𝑟 ̃ + 1) ∈ ⟦𝑟 ̃ + 1, 𝑛⟧2 .
In fine : • les 𝑙 premières colonnes de la matrice 𝐵 n’ont pas été modifiées et constituent, dans le même
ordre, les 𝑙 premières colonnes de la matrice 𝐶 ; • la (𝑙 + 1)‐ième colonne de la matrice 𝐶 est normalisée ; • en
revanche, on ne peut rien dire de particulier des 𝑝 − 𝑙 − 1 — éventuelles — dernières colonnes de la matrice
𝐶 sinon qu’elles sont, en général, largement modifiées par rapport à celles de la matrice 𝐵. On a :
∀𝑗 ∈ ⟦1, 𝑙⟧, (𝑐𝑖,𝑗 )𝑖∈⟦1,𝑛⟧ = (𝑏𝑖,𝑗 )𝑖∈⟦1,𝑛⟧ , (𝑐𝑖,𝑙 +1 )𝑖∈⟦1,𝑛⟧ = (δ𝑟 ̃ +1,𝑖 )𝑖∈⟦1,𝑛⟧ .
Introduisons : • le système ℒ ̄ = (𝐿̄ 𝑖 )𝑖∈⟦1,𝑛⟧ ∈ (𝐾 𝑙 +1 )𝑛 des lignes de la matrice 𝐶 ̄ ; • la suite finie 𝑢 ̄ = (𝑢𝑖̄ )𝑖∈⟦1,𝑛⟧
≔ (𝜑𝑙 +1 (𝐿̄ 𝑖 ))𝑖∈⟦1,𝑛⟧ ∈ ⟦0, 𝑙 + 1⟧𝑛 des nombres de zéros initiaux des éléments du système ℒ .̄ Tout indice
𝑖 ∈ ⟦1, 𝑛⟧ satisfait à l’égalité 𝐿̄ 𝑖 = (𝑐𝑖,𝑗 )𝑗 ∈⟦1,𝑙 +1⟧ et aux implications suivantes :
𝑖 ⩽ 𝑟 ̃ ⇒ ((𝑐𝑖,𝑗 )𝑗 ∈⟦1, 𝑢̃𝑖 ⟧ = (𝑏𝑖,𝑗 )𝑗 ∈⟦1, 𝑢̃𝑖 ⟧ = (0𝐾 )𝑗 ∈⟦1, 𝑢̃𝑖 ⟧ ∧ 𝑐𝑖, 𝑢̃𝑖 +1 = 𝑏𝑖, 𝑢̃𝑖 +1 ≠ 0𝐾 ∧ 𝑢𝑖̄ = 𝑢̃𝑖 ),
𝑖 = 𝑟 ̃ + 1 ⇒ ((𝑐𝑖,𝑗 )𝑗 ∈⟦1,𝑙⟧ = (𝑏𝑖,𝑗 )𝑗 ∈⟦1,𝑙⟧ = (0𝐾 )𝑗 ∈⟦1,𝑙⟧ ∧ 𝑐𝑖,𝑙 +1 = 1𝐾 ≠ 0𝐾 ∧ 𝑢𝑖̄ = 𝑙),
𝑖 ⩾ 𝑟 ̃ + 2 ⇒ (𝐿̄ 𝑖 = (0𝐾 )𝑗 ∈⟦1,𝑙 +1⟧ ∧ 𝑢𝑖̄ = 𝑙 + 1).
et que :
(∀𝑖 ∈ ⟦1, 𝑟⟧,
̃ 𝑢𝑖̄ < 𝑢𝑖+1
̄ ) ∧ (∀𝑖 ∈ ⟦1, 𝑟 ̃ + 1⟧, 𝑢𝑖̄ < 𝑙 + 1) ∧ (∀𝑖 ∈ ⟦𝑟 ̃ + 2, 𝑛⟧, 𝑢𝑖̄ = 𝑙 + 1).
La matrice 𝐶 ̄ est donc échelonnée suivant les lignes et possède 𝑟 ̄ ≔ 𝑟 ̃ + 1 pivots, à savoir les coefficients
𝑐𝑖, 𝑢𝑖̄ +1 , pour 𝑖 ∈ ⟦1, 𝑟⟧̄ : les 𝑟 ̃ — éventuels — premiers coïncident avec ceux de la matrice 𝐵̃ et le dernier
appartient à la dernière colonne, d’indice 𝑙 + 1. En outre, toutes les colonnes de la matrice 𝐶 ̄ possédant un
pivot sont normalisées : c’est le cas de celles qui apparaissaient déjà dans la matrice — réduite — 𝐵̃ comme
de la dernière, par construction. En bref, la matrice 𝐶 ̄ est échelonnée et réduite suivant les lignes.
Dans tous les cas, on a exhibé une fonction ℎ : 𝐾 𝑛×𝑝 → 𝐾 𝑛×𝑝 , composée d’opérations élémentaires relatives aux
lignes de matrices dans l’ensemble 𝐾 𝑛×𝑝 , telle que la sous‐matrice ℎ(𝐴)|⟦1,𝑛⟧×⟦1,𝑙 +1⟧ ∈ 𝐾 𝑛×(𝑙 +1) est échelonnée
et réduite suivant les lignes. C’est précisément le résultat escompté au rang 𝑙 + 1. D’où, le nombre 𝑙 étant
quelconque, l’hérédité de la récurrence.
Conclusion D’après le principe de récurrence, le résultat vaut pour tout nombre 𝑙 ∈ ⟦0, 𝑝⟧. En particulier,
au rang 𝑙 = 𝑝, on déduit l’existence d’une application 𝑓 : 𝐾 𝑛×𝑝 → 𝐾 𝑛×𝑝 , composée d’opérations élémentaires
relatives aux lignes, telle que la matrice 𝐵 ≔ 𝑓 (𝐴)|⟦1,𝑛⟧×⟦1,𝑝⟧ = 𝑓 (𝐴) ∈ 𝐾 𝑛×𝑝 soit échelonnée et réduite suivant
les lignes. Il a été vu qu’une opération élémentaire sur les lignes préserve le rang du système des lignes donc
le rang de la matrice : une récurrence immédiate portant sur le nombre d’opérations élémentaires appliquées
prouve que le rang de la matrice 𝐴 est encore préservé lorsqu’on lui applique la fonction 𝑓 , c’est‐à‐dire que
rg(𝐵) = rg(𝐴). □
Après tout ce dur labeur, nous voici enfin en mesure d’expliciter la méthode du pivot de Gauss, dite aussi
méthode d’élimination de Gauss‐Jordan, dont l’idée centrale a été mise en œuvre dans la démonstration
précédente. L’algorithme permet d’échelonner et réduire une matrice quelconque suivant les lignes ou les
colonnes et de calculer son rang. Via la notion de matrice représentative, il offre donc aussi la possibilité de
calculer le rang d’un système de vecteurs du (𝐾 , +, ×)‐espace vectoriel (𝐸, +, ⋅) lorsque ce dernier est de di‐
mension finie et rapporté à une base. Une écriture en pseudo‐code est donnée ci‐après.
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Algorithme — Méthode du pivot de Gauss ou d’élimination de Gauss‐Jordan suivant les lignes
−
12 si 𝑎𝑖,𝑙 ≠ 0𝐾 alors
13 pour 𝑗 de 𝑙 à 𝑝 faire ‣ transvection 𝐿𝑖 ← 𝐿𝑖 − 𝑎𝑖,𝑙 ⋅ 𝐿𝑘 , coeff. 1 à 𝑙 − 1 inchangés
14 𝑎𝑖,𝑗 ← 𝑎𝑖,𝑗 − 𝑎𝑖,𝑙 × 𝑎𝑘,𝑗
15 fin pour
16 fin si
17 fin pour
18 si 𝑘 ≠ 𝑟 alors
19 pour 𝑗 de 𝑙 à 𝑝 faire ‣ transposition 𝐿𝑟 ↔ 𝐿𝑘 , coeff. 1 à 𝑙 − 1 nuls
20 𝑎𝑟,𝑗 ↔ 𝑎𝑘,𝑗
21 fin pour
22 fin si
23 interrompre ‣ nouveau pivot trouvé, interruption de la recherche
24 fin si
25 fin pour
26 fin pour
Exemple — Supposons que le corps (𝐾 , +, ×) est le corps des nombres réels et que l’espace vectoriel (𝐸, +, ⋅)
est de dimension 5. Rapportons alors l’espace (𝐸, +, ⋅) à une base ℬ = (𝑒𝑖 )𝑖∈⟦1,5⟧ ∈ 𝐸 5 et considérons le système
de vecteurs 𝒳 = (𝑥𝑖 )𝑖∈⟦1,4⟧ ∈ 𝐸 4 défini par :
𝑥1 ≔ 𝑒1 + 2 ⋅ 𝑒2 + 3 ⋅ 𝑒3 + 4 ⋅ 𝑒4 + 5 ⋅ 𝑒5 , 𝑥2 ≔ 𝑒2 + 𝑒4 ,
𝑥3 ≔ −𝑒1 + 6 ⋅ 𝑒2 + 10 ⋅ 𝑒3 + 8 ⋅ 𝑒4 + 12 ⋅ 𝑒5 , 𝑥4 ≔ −3 ⋅ 𝑒1 + 𝑒2 + 4 ⋅ 𝑒3 − 𝑒4 + 2 ⋅ 𝑒5 .
Écrivons puis échelonnons et réduisons suivant les lignes la matrice 𝐴 ≔ matℬ (𝒳 ) ∈ ℝ5×4 :
1 0 −1 −3 1 0 −1 −3
⎛ ⎞ ⎛ ⎞
⎜2 1 6 1 ⎟ 𝐿2 ← 𝐿2 − 2 ⋅ 𝐿1 ⎜0 1 8 7⎟
𝐴 = ⎜3 0 10 4 ⎟ 𝐿3 ← 𝐿3 − 3 ⋅ 𝐿1 ⎜0 0 13 13 ⎟ 𝐿3 ← 1/13 ⋅ 𝐿3
⎜ ⎟ ⎜ ⎟
⎜4 1 8 −1⎟ 𝐿4 ← 𝐿4 − 4 ⋅ 𝐿1 ⎜0 1 12 11 ⎟ 𝐿4 ← 𝐿4 − 𝐿2
⎝5 0 12 2 ⎠ 𝐿5 ← 𝐿5 − 5 ⋅ 𝐿1 ⎝0 0 17 17 ⎠ 𝐿5 ← 𝐿5 − 17/13 ⋅ 𝐿3
1 0 −1 −3 𝐿1 ← 𝐿 1 + 𝐿3 1 0 0 −2
⎛ ⎞ ⎛ ⎞
⎜0 1 8 7 ⎟ 𝐿2 ← 𝐿2 − 8 ⋅ 𝐿3 ⎜0 1 0 −1⎟
⎜0 0 1 1⎟ ⎜0 0 1 1 ⎟.
⎜ ⎟ ⎜ ⎟
⎜0 0 4 4 ⎟ 𝐿4 ← 𝐿4 − 4 ⋅ 𝐿3 ⎜0 0 0 0⎟
⎝0 0 0 0⎠ ⎝0 0 0 0⎠
On a déterminé trois pivots ; on déduit donc que rg(𝐴) = 3 = rg(𝐸,+,⋅) (𝒳 ).
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Algorithme — Méthode du pivot de Gauss ou d’élimination de Gauss‐Jordan suivant les colonnes
−
12 si 𝑎𝑘,𝑗 ≠ 0𝐾 alors
13 pour 𝑖 de 𝑘 à 𝑛 faire ‣ transvection 𝐶𝑗 ← 𝐶𝑗 − 𝑎𝑘,𝑗 ⋅ 𝐶𝑙 , coeff. 1 à 𝑘 − 1 inchangés
14 𝑎𝑖,𝑗 ← 𝑎𝑖,𝑗 − 𝑎𝑘,𝑗 × 𝑎𝑖,𝑙
15 fin pour
16 fin si
17 fin pour
18 si 𝑙 ≠ 𝑟 alors
19 pour 𝑖 de 𝑘 à 𝑛 faire ‣ transposition 𝐶𝑟 ↔ 𝐶𝑙 , coeff. 1 à 𝑘 − 1 nuls
20 𝑎𝑖,𝑟 ↔ 𝑎𝑖,𝑙
21 fin pour
22 fin si
23 interrompre ‣ nouveau pivot trouvé, interruption de la recherche
24 fin si
25 fin pour
26 fin pour
Exemple — Reprenons l’exemple précédent mais échelonnons et réduisons à présent la matrice 𝐴 suivant les
colonnes :
1 0 −1 −3 1 0 0 0
⎛ ⎞ ⎛ ⎞ 𝐶1 ← 𝐶1 − 2 ⋅ 𝐶2
⎜2 1 6 1⎟ ⎜2 1 8 7 ⎟
𝐴 = ⎜3 0 10 4 ⎟ 𝐵 ≔ ⎜3 0 13 13⎟
⎜ ⎟ 𝐶3 ← 𝐶3 + 𝐶1 ⎜ ⎟ 𝐶3 ← 𝐶3 − 8 ⋅ 𝐶2
⎜4 1 8 −1⎟ 𝐶 ← 𝐶 + 3 ⋅ 𝐶 ⎜4 1 12 11⎟ 𝐶 ← 𝐶 − 7 ⋅ 𝐶
4 4 1 4 4 2
⎝5 0 12 2 ⎠ ⎝5 0 17 17⎠
1 0 0 0 1 0 0 0
⎛ ⎞ 𝐶1 ← 𝐶1 − 3/13 ⋅ 𝐶3 ⎛ ⎞
⎜ 0 1 0 0 ⎟ ⎜ 0 1 0 0⎟
𝐶 ≔ ⎜3 0 13 13⎟ 𝐷≔⎜ 0 0 1 0 ⎟.
⎜ ⎟ 𝐶3 ← 1/13 ⋅ 𝐶3 ⎜ ⎟
⎜ 2 1 4 4 ⎟ 𝐶 ←𝐶 −𝐶 ⎜ 14/13 1 4/13 0 ⎟
4 4 3
⎝5 0 17 17⎠ ⎝14/13 0 17/13 0⎠
On détermine à nouveau trois pivots et retrouve, fort heureusement, les égalités rg(𝐴) = 3 = rg(𝐸,+,⋅) (𝒳 ). On
peut ici déduire davantage d’informations quant au système 𝒳 . Posons 𝐹 ≔ vect(𝐸,+,⋅) (𝒳 ). Compte tenu des
opérations élémentaires effectuées, on observe que, dans la base ℬ :
• la matrice 𝐵 représente le système (𝑥1′ , 𝑥2′ , 𝑥3′ , 𝑥4′ ) ≔ (𝑥1 , 𝑥2 , 𝑥3 + 𝑥1 , 𝑥4 + 3 ⋅ 𝑥1 ) ;
• la matrice 𝐶 représente le système (𝑥1″ , 𝑥2″ , 𝑥3″ , 𝑥4″ ) ≔ (𝑥1′ − 2 ⋅ 𝑥2′ , 𝑥2′ , 𝑥3′ − 8 ⋅ 𝑥2′ , 𝑥4′ − 7 ⋅ 𝑥2′ ) ;
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• la matrice 𝐷 représente le système (𝑥1‴ , 𝑥2‴ , 𝑥3‴ , 𝑥4‴ ) ≔ (𝑥1″ − 3/13 ⋅ 𝑥3″ , 𝑥2″ , 1/13 ⋅ 𝑥3″ , 𝑥4″ − 𝑥3″ ), avec :
D’où une relation de liaison explicite entre les quatre vecteurs du système 𝒳 . Les scalaires de cette combinai‐
son linéaire nulle sont tous non nuls : chaque vecteur du système 𝒳 est ainsi combinaison linéaire des trois
autres. On déduit que, en supprimant n’importe lequel de ces vecteurs du système 𝒳 , on conserve un système
générateur du sous‐espace (𝐹 , +, ⋅) de l’espace (𝐸, +, ⋅) : les systèmes 𝒳 , (𝑥1 , 𝑥2 , 𝑥3 ), (𝑥1 , 𝑥2 , 𝑥4 ), (𝑥1 , 𝑥3 , 𝑥4 ) et
(𝑥2 , 𝑥3 , 𝑥4 ) engendrent tous l’espace (𝐹 , +, ⋅). Ces quatre derniers systèmes sont constitués de trois vecteurs et
engendrent un espace de dimension 3 : ils sont en fait des bases de cet espace.
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