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Francophone Contemporain (1970-1990), Paris, L'Harmattan,: PARAVY Florence, L'Espace Dans Le Roman Africain 1999, 382 P

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2024 20:06

Études littéraires africaines

PARAVY Florence, L’Espace dans le roman africain


francophone contemporain (1970-1990), Paris, L’Harmattan,
1999, 382 p.
Xavier Garnier

Numéro 10, 2000

URI : https://id.erudit.org/iderudit/1041941ar
DOI : https://doi.org/10.7202/1041941ar

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Éditeur(s)
Association pour l'Étude des Littératures africaines (APELA)

ISSN
0769-4563 (imprimé)
2270-0374 (numérique)

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Citer ce compte rendu


Garnier, X. (2000). Compte rendu de [PARAVY Florence, L’Espace dans le roman
africain francophone contemporain (1970-1990), Paris, L’Harmattan, 1999,
382 p.] Études littéraires africaines, (10), 51–53.
https://doi.org/10.7202/1041941ar

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gines, où ce sont de nouvelles pratiques scientifiques et techniques qui


remplacent les anciennes structures de la pensée. Quant au dernier roman
de Dongala, il parcourt toute la science contemporaine, de l'informatique
à la génétique en passant par la biochimie. La lecture philosophique est
ici claire et pleinement autorisée, mettant l'accent sur le passage "des
figures de la foi aux figures de la connaissance".
Au total, nous avons là un ouvrage fort bien argumenté, fort bien docu-
menté (les références bibliographiques, nombreuses, sont bien utilisées et
la présentation des forgerons ou des griots de Mircea Eliade côtoie har-
monieusement les recherches de Jalles sur les devinettes, par exemple).
Les différents chapitres traitent de questions relatives à des domaines ou
objets divers, mais se rejoignent dans l'idée que l'essentiel est bien le tra-
vail de médiation esthétique entrepris par l'écrivain, passant par un lan-
gage et un imaginaire. Si le romancier congolais a puisé dans l'héritage
mythologique de son groupe, et aussi dans celui de l'humanité, il a dépla-
cé le mythe initial vers autre chose, créant un univers propre, entrelacs
d'éléments mythiques, historiques et fictionnels.
• Marie-Françoise CHITOUR
Université d'Angers

• PARAVY FLORENCE, L'ESPACE DANS LE ROMAN AFRICAIN FRANCOPHONE

CONTEMPORAIN (1970-1990), PARIS, l'HARMATTAN, 1999, 382 P.

Dans une courte introduction extrêmement efficace, Florence Paravy


donne un cadre théorique à son ambitieux projet : si l'espace est selon
Greimas une étendue signifiante, la mise en roman de l'espace doit être
appréhendée comme une représentation doublement signifiante.
L'examen de vingt années de roman africain francophone se fera du point
de vue de ce double niveau de significations, multipliant ainsi les pistes
de lecture au sein d'un corpus déjà foisonnant, pour mieux à terme en
montrer la cohérence ultime.
Une première partie est consacrée à une lecture strictement narratolo-
gique qui étudie, au cours de trois chapitres, la configuration spatiale du
récit, puis les procédés de dramatisation de l'espace et enfin la façon dont
le jeu des voix narratives conditionne les représentations spatiales. Si la
polarisation de l'espace en ville/village reste opérante dans cette période,
le fait marquant est l'émergence d'un espace voué à la mobilité et à la
déambulation permanente. Florence Paravy consacre de ce point de vue
des pages décisives à l'œuvre romanesque de M. M. Diabaté. Autre aspect
important du rapport du récit à l'espace est la question de l'autochtonie
problématique : les personnages entretenant avec leur propre espace un
rapport incertain qui risque de les faire vaciller. Le deuxième chapitre tire
tout le parti de la nécessaire théâtralisation engendré par le récit : on ne
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raconte pas une acrion sans la mettre en scène. Ainsi les conflirs familiaux
ne sauraient être racontés sans passer par une mise en crise de l'espace ;
mieux, les apparitions, les rapprochements, les heurts des corps sont l'oc-
casion d'indications scénographiques dont Florence Paravy monrre à quel
point ils envahissent l'espace romanesque, dans une période où l'effon-
drement des valeurs sociales et politiques condamne la société au simu-
lacre et au faux-semblant. L'examen des voix narratives, dans le troisième
chapitre, explicite le lien attendu entre la narration polyphonique et
l'éclatement kaléidoscopique de l'espace. On notera de ce point de vue
une étude minutieuse du Pleurer-rire.
La deuxième partie envisage la façon dom les données sociales et poli-
tiques configurent l'espace dans les romans de ces deux décennies forte-
ment marquées par les dictatures. En premier lieu (chap. 4), Florence
Paravy procède à une intéressante typologie des romans, en fonction de
leur espace géopolitique de référence: espace national, espace ethnique ou
espace international. Echappent à cette typologie les romans qui
brouillent les pistes référentielles, soit de façon transparente (comme
Diabaté), soit de façon inextricable (Sony Labou Tansi). Le chapitre sui-
vant (chap. 5) rend compte de la façon dont le pouvoir politique investir
l'espace social, le rransformant en zones à conrrôler er allant jusqu'à, dans
le cas des pouvoirs toralitaires, anéanrir rour possibilité d'espace inrime.
La polarisarion de l'espace autour du centre de pouvoir est, sans surprise,
la srrucrure spatiale prédominante de ces romans. Le sixième chapirre est
consacré à l'inventaire des lieux de l'aliénation, du bidonville à la prison,
lieux qui ne sont jamais libremenr choisis et où l'on subir son destin.
L'œuvre d'Ibrahima Ly donne lieu à de remarquables analyses sur l'espa-
ce carcéral comme achèvement du processus rotalitaire. Il faudra sortir de
l'espace social et chercher au fond de la forêt le lieu d'où pourra naîrre une
résistance, note d'espoir sur laquelle s'achève cette partie.
La troisième er dernière partie de l'ouvrage, inrirulée "poétique de l'es-
pace", analyse la façon dont les romans, pris en tant qu'œuvres littéraires,
investissent l'espace. Florence Paravy commence par une étude sur lesta-
tut de la description (chap. 7). Celle-ci, dans la continuité du roman
engagé qui caractérise les années 50-60 est le plus souvent réduite au
minimum, c'est-à-dire à la dénomination. Trait particulièrement frap-
pant, les maisons et les intérieurs sont le point aveugle du roman africain
depuis l'origine. Hypothèse intéressante: la description des réalités locales
serait plus particulièrement empêchée par le recours à une langue allogè-
ne, donc mal adaptée. On pourrait cependant ouvrir le débat en remar-
quant que le roman colonial est, quant à lui, rrès friand de descriptions.
Le corps, la psyché et le langage sont ensuite présentés du point de vue
des métaphores spatiales auxquelles ils donnent lieu (chap. 8) : particu-
lièrement en ce qui concerne le langage, conçu comme un matériau résis-
tant ou malléable, enveloppant ou fuyant, en tout cas toujours concret, la
spécificité du roman africain est mise en avant. S'appuyant sur les travaux
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de G. Bachelard et de G. Durand, Florence Paravy propose, dans les deux


derniers chapitres de son ouvrage, une série d'analyses sur l'imaginaire de
la matière (terre/eau/feu/air) et de l'espace (orienté/désorienté) à travers
quelques œuvres majeures de ces deux décennies. Notons entre autres une
judicieuse analyse sur l'imaginaire solaire.
La très grande rigueur méthodologique de l'auteure nous permet de
bénéficier d'une bibliographie extrêmement précise sur la question traitée
dans cet ouvrage. Outre ses grandes compétences théoriques, Florence
Paravy propose des aperçus critiques remarquables sur quelques-unes des
grandes œuvres parues dans cette période charnière du roman africain .

• Xavier GARNIER

RWANDA

• MONENEMBO TIERNO, L'AÎNÉ DES ORPHELINS, DIOP BOUBACAR BORIS 1 ,


MURAMBI, LE LIVRE DES OSSEMENTS ET TADJO VÉRONIQUE, L'OMBRE

D'IMANA. VOYAGES JUSQU'AU BOUT DU RWANDA

Depuis 1998, douze artistes (dix écrivains, un cinéaste et un plasticien,


voir bibliographie à la fin) ont été invités en résidence à Kigali, dans le
cadre du projet ''Rwanda : Ecrire par devoir de mémoire·; initié par le fes-
tival annuel Fest'Mrica de Lille. Les rencontres de Kigali et Butare, orga-
nisées du 27 mai au 5 juin 2000 ont clos ce travail collectif en rassem-
blant autour de ces douze créateurs de nombreux écrivains, universitaires,
et témoins du génocide. Elles ont notamment permis d'aborder les pro-
blèmes essentiels qui se posent à l'écrivain face à la monstruosité de ces
événements : en quoi consistent tout d'abord son rôle et sa responsabili-
té vis-à-vis de l'Histoire ? Mais une fois cette responsabilité affirmée, est-
il vraiment possible de dire le génocide, ou même de le concevoir ? Quels
mots peuvent donc rendre compte de cette abomination sans nom ? La
question même de la fiction se pose, en termes de droit moral, comme si
l'invention devenait ici une insulte à la mémoire de tous ceux qui sont
morts. A toutes ces interrogations, trois ouvrages apportent des réponses
certes diverses, mais qui en bien des points témoignent d'une même
réflexion et d'une expérience commune.
Expérience vécue, à la fois individuelle et collective, car il a fallu, pour
écrire, se rendre sur les lieux et découvrir les traces du passé par le regard
et l'écoute. Or d'un texte à l'autre, on retrouve certains éléments obsé-
dants, certains faits privilégiés qui, parce qu'ils semblent apporter une

' Notons que B.B. Diop avait déjà longuement évoqué le génocide rwandais, mais
sous le forme travestie du conte, dans Le cavalier et son ombre (Stock, Paris, 1997).

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