Francophone Contemporain (1970-1990), Paris, L'Harmattan,: PARAVY Florence, L'Espace Dans Le Roman Africain 1999, 382 P
Francophone Contemporain (1970-1990), Paris, L'Harmattan,: PARAVY Florence, L'Espace Dans Le Roman Africain 1999, 382 P
Francophone Contemporain (1970-1990), Paris, L'Harmattan,: PARAVY Florence, L'Espace Dans Le Roman Africain 1999, 382 P
2024 20:06
URI : https://id.erudit.org/iderudit/1041941ar
DOI : https://doi.org/10.7202/1041941ar
Éditeur(s)
Association pour l'Étude des Littératures africaines (APELA)
ISSN
0769-4563 (imprimé)
2270-0374 (numérique)
Découvrir la revue
Tous droits réservés © Association pour l'Étude des Littératures africaines Ce document est protégé par la loi sur le droit d’auteur. L’utilisation des
(APELA), 2000 services d’Érudit (y compris la reproduction) est assujettie à sa politique
d’utilisation que vous pouvez consulter en ligne.
https://apropos.erudit.org/fr/usagers/politique-dutilisation/
raconte pas une acrion sans la mettre en scène. Ainsi les conflirs familiaux
ne sauraient être racontés sans passer par une mise en crise de l'espace ;
mieux, les apparitions, les rapprochements, les heurts des corps sont l'oc-
casion d'indications scénographiques dont Florence Paravy monrre à quel
point ils envahissent l'espace romanesque, dans une période où l'effon-
drement des valeurs sociales et politiques condamne la société au simu-
lacre et au faux-semblant. L'examen des voix narratives, dans le troisième
chapitre, explicite le lien attendu entre la narration polyphonique et
l'éclatement kaléidoscopique de l'espace. On notera de ce point de vue
une étude minutieuse du Pleurer-rire.
La deuxième partie envisage la façon dom les données sociales et poli-
tiques configurent l'espace dans les romans de ces deux décennies forte-
ment marquées par les dictatures. En premier lieu (chap. 4), Florence
Paravy procède à une intéressante typologie des romans, en fonction de
leur espace géopolitique de référence: espace national, espace ethnique ou
espace international. Echappent à cette typologie les romans qui
brouillent les pistes référentielles, soit de façon transparente (comme
Diabaté), soit de façon inextricable (Sony Labou Tansi). Le chapitre sui-
vant (chap. 5) rend compte de la façon dont le pouvoir politique investir
l'espace social, le rransformant en zones à conrrôler er allant jusqu'à, dans
le cas des pouvoirs toralitaires, anéanrir rour possibilité d'espace inrime.
La polarisarion de l'espace autour du centre de pouvoir est, sans surprise,
la srrucrure spatiale prédominante de ces romans. Le sixième chapirre est
consacré à l'inventaire des lieux de l'aliénation, du bidonville à la prison,
lieux qui ne sont jamais libremenr choisis et où l'on subir son destin.
L'œuvre d'Ibrahima Ly donne lieu à de remarquables analyses sur l'espa-
ce carcéral comme achèvement du processus rotalitaire. Il faudra sortir de
l'espace social et chercher au fond de la forêt le lieu d'où pourra naîrre une
résistance, note d'espoir sur laquelle s'achève cette partie.
La troisième er dernière partie de l'ouvrage, inrirulée "poétique de l'es-
pace", analyse la façon dont les romans, pris en tant qu'œuvres littéraires,
investissent l'espace. Florence Paravy commence par une étude sur lesta-
tut de la description (chap. 7). Celle-ci, dans la continuité du roman
engagé qui caractérise les années 50-60 est le plus souvent réduite au
minimum, c'est-à-dire à la dénomination. Trait particulièrement frap-
pant, les maisons et les intérieurs sont le point aveugle du roman africain
depuis l'origine. Hypothèse intéressante: la description des réalités locales
serait plus particulièrement empêchée par le recours à une langue allogè-
ne, donc mal adaptée. On pourrait cependant ouvrir le débat en remar-
quant que le roman colonial est, quant à lui, rrès friand de descriptions.
Le corps, la psyché et le langage sont ensuite présentés du point de vue
des métaphores spatiales auxquelles ils donnent lieu (chap. 8) : particu-
lièrement en ce qui concerne le langage, conçu comme un matériau résis-
tant ou malléable, enveloppant ou fuyant, en tout cas toujours concret, la
spécificité du roman africain est mise en avant. S'appuyant sur les travaux
COMPTES RENDUS AFRIQUE NOIRE FRANCOPHONE (53
• Xavier GARNIER
RWANDA
' Notons que B.B. Diop avait déjà longuement évoqué le génocide rwandais, mais
sous le forme travestie du conte, dans Le cavalier et son ombre (Stock, Paris, 1997).