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FACE A LA MONDIALISATION

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FACE A LA MONDIALISATION : L’Algérie a besoin d’un nouveau

management stratégique des institutions et des entreprises

1. –La mondialisation, un processus historique non achevé


Actuellement l’argent, la technologie, les marchandises franchissent les frontières
avec une rapidité et une facilité sans précédent, et ce aidés par la révolution dans les
télécommunications, mettant fin à certains mythes d’économie dite « nationale ».
Comme cela remet en cause certaines catégories comptables qui ont une portée
opératoire de plus en plus limitée comme la production intérieure brute (PIB), le taux
d’épargne, le taux de chômage, la productivité dite nationale comme si c’était un
phénomène qui dépendait de la seule volonté des gouvernants internes. Aussi,
l’Algérie est –elle soumise, face à ses choix d’investissements, aux contraintes
internationales. Comme l’a montré le professeur Robert Reich ex secrétaire d’Etat
américain, ce n’est plus le temps où la richesse d’une Nation s’identifiait aux grandes
firmes des Nations, celles-ci ayant été calquées sur l’organisation militaire et ayant
été décrites dans les mêmes termes : chaîne de commandement –classification des
emplois- portée du contrôle avec leurs chefs- procédures opératoires et standards
pour guider tous les dossiers. Tous les emplois étaient définis à l’avance par des
règles et des responsabilités pré- établis. Comme dans la hiérarchie militaire les
organigrammes déterminaient les hiérarchies internes et une grande importance était
accordée à la permanence du contrôle, la discipline et l’obéissance. Cette rigueur
était indispensable afin de mettre en œuvre les plans avec exactitude pour bénéficier
des économies d’échelle dans la production de masse et pour assurer un contrôle
strict des prix sur le marché. Comme dans le fonctionnement de l’armée, la
planification stratégique demandait une décision sur l’endroit où vous voulez aller, un
suivi par un plan pour mobiliser les ressources et les troupes pour y arriver. La
production était guidée par des objectifs pré- établis et les ventes par des quotas
déterminés à l’avance. Les innovations n’étaient pas introduites par petits progrès,
mais par des sauts technologiques du fait de la rigidité de l’organisation. Au sommet
de vastes bureaucraties occupaient le rectangle de l’organigramme, au milieu des
cadres moyens et en bas les ouvriers. L’enseignement , du primaire au supérieur en
passant par le secondaire, n’était que le reflet de ce processus, les ordres étant
transmis par la hiérarchie, les écoles et universités de grandes tailles pour favoriser
également les économies d’échelle. Actuellement une nouvelle organisation est en
train de s’opérer montrant les limites de l’ancienne organisation avec l’émergence
d’une dynamique nouvelle des secteurs afin de s’adapter à la nouvelle configuration
mondiale.
Nous assistons au passage successif de l’organisation dite tayloriste marquée par
une intégration poussée, à l’organisation divisionnelle, puis matricielle qui sont des
organisations intermédiaires et enfin à l’organisation récente en réseaux où la firme
concentre son management stratégique sur trois segments : la recherche
développement (cœur de la valeur ajoutée), le marketing et la communication et
sous traite l’ensemble des autres composants, avec des organisations de plus en
plus oligopolistiques, quelques firmes contrôlant la production, la finance et la
commercialisation au niveau mondial tissant des réseaux comme une toile
d’araignée. Les firmes ne sont plus nationales, même celles dites petites et
moyennes entreprises reliées par des réseaux de sous traitants aux grandes. Les
firmes prospères sont passées de la production de masse à des productions ciblées
et segmentées. Ainsi, les grandes firmes n’exportent plus seulement leurs produits
mais leur méthode de marketing, leur savoir faire sous formes d’usines, de points de
vente et de publicité. Parallèlement à mesure de l’insertion dans la division
internationale du travail, la manipulation de symboles dans les domaines juridiques
et financiers s’accroît proportionnellement à cette production personnalisée.
Indépendamment du classement officiel de l’emploi, la position compétitive réelle
dans l’économie mondiale dépend de la fonction que l’on exerce. Au fur et à mesure
que les coûts de transport baissent, les produits standards et de l’information qui les
concernent, la marge de profit sur la production se rétrécit en raison de l’absence de
barrières à l’entrée et la production standardisée se dirige inéluctablement là où le
travail est compétitif, moins cher et le plus accessible. Mais fait nouveau, depuis la fin
du XXème siècle, la qualification devient un facteur déterminant. L’éclatement des
vieilles bureaucraties industrielles en réseaux mondiaux leur a fait perdre leur
pouvoir de négociation expliquant également la crise de l’Etat providence (avec le
surendettement des Etats) et de l’ancien modèle social démocrate qui se trouve
confronté à la dure réalité de la gestion gouvernementale. Ce qui explique que
certains pays du Tiers Monde qui tirent la locomotive de l’économie mondiale, se
spécialisent de plus en plus dans ces segments nouveaux, préfigurant horizon 2020
de profonds bouleversements géostratégiques recomposant le pouvoir économique
mondial avec la percée de la Chine , de l’Inde , du Brésil , de la Russie et de certains
pays émergents expliquant le passage d’ailleurs du G8 au 20 dans les grandes
réunions économiques internationales. La chute des syndicats corporatistes souvent
appendice de pouvoirs bureaucratiques s’accompagne d’un nombre croissant
d’accords collectifs. Les emplois dans la production courante tendent à disparaître
comme les agents de maîtrise et d’encadrement impliquant une mobilité des
travailleurs, la généralisation de l’emploi temporaire, et donc une flexibilité
permanente du marché du travail avec des recyclages permanents étant appelés à
l’avenir à changer plusieurs fois d’emplois dans notre vie. Ainsi, apparaissent en
force d’autres emplois dont la percée des producteurs de symboles dont la valeur
conceptuelle est plus élevée par rapport à la valeur ajoutée tirée des économies
d’échelle classiques, remettant en cause les anciennes théories et politiques
économiques héritées de l’époque de l’ère mécanique calquée sur le modèle de
l’ancien empire soviétique.
A mesure que la firme se transforme en réseau mondial, impossible de distinguer les
individus concernés par leurs activités, qui deviennent un groupe vaste, diffus,
répartis dans le monde. Il s’agira donc pour le Maghreb face à ce monde incertain
d’intégrer la théorie de l’intelligence économique pour maitriser les incertitudes qui
met nettement en relief ces mutations en insistant sur le fait que c’est plutôt l’
intelligence collective (IC) et non individuelle qu’il s’agit de privilégier afin de favoriser
l’émergence et l'interaction positive des différentes parties prenantes composant les
organisations, que ces parties prenantes soient internes (salariés, managers) ou
externes (fournisseurs, clients), du fait que l'économie est de plus en plus ouverte et
que les firmes travaillent avec des parties prenantes éparpillées à travers le monde.
D’où l’importance du management des connaissances (knowledge management ou
KM) qui requiert plus que jamais la maîtrise appropriée de technologies de
l'information et de la communication (TIC). Dans cette perspective dynamique,
d’adaptation à ces mutations, les réponses apportées par les pays développés et
émergents sont caractérisées par le rapprochement au niveau régional entre les
entreprises, les individus et le savoir afin de favoriser les pôles d’activités compétitifs
et dynamiques. Cela a des incidences sur le futur système d’organisation à tous les
niveaux, politique, économique et social, supposant un bon management stratégique
c'est-à-dire la capacité de coopérer, de communiquer des concepts abstraits ,
d’animer des groupes complexes, et de prendre les décisions au bon moment
rapidement afin d’atteindre un Smig dans le consensus entre les différents éléments
composants tant de la société que l’entreprise.
2.-Repenser la mondialisation
L'économie mondiale traverse une très grave crise qui aura des répercussions sur
l'ensemble des pays sans exception car nous sommes à l'ère de la mondialisation du
fait de l'interdépendance des économies et des sociétés, étant dans une maison de
verre avec la révolution dans le domaine des télécommunications. Aucun pays ne
peut y échapper si l'on ne met pas en place de nouveaux mécanismes de régulation
supranationaux afin de réhabiliter la sphère réelle, la monnaie étant un signe au
service de l'économie et non la dominer. Et ce, bien entendu, dans le cadre d'une
économie mondiale concurrentielle tenant compte des avantages comparatifs
mondiaux et devant lier l'efficacité économique avec une profonde justice sociale, les
économistes parleront d'équité. C'est que nous sommes à l'aube d'une nouvelle
transition de la société mondiale avec de profonds bouleversements
géostratégiques, ce qui supposera des ajustements sociaux douloureux et donc une
nouvelle régulation sociale afin d‘éviter les exclusions. Le chacun-pour-soi serait
suicidaire et nous ramènerait aux conséquences néfastes des effets de la crise de
1929, avec des conflits désastreux et la naissance de régimes populistes
dictatoriaux. Pour cela, les politiques et les économistes doivent réhabiliter un facteur
stratégique du développement, la morale, en fait la récompense de l'effort et une
lutte contre la corruption sous ses différentes formes. En effet, l’actuelle crise
financière est une crise de confiance, une crise de régulation mais aussi une crise
morale due à l'opacité des flux financiers. Cette régulation mondiale est rendue
d'autant plus urgente avec cette financiarisation accrue car il s'échange chaque jour
4.000 milliards de dollars de devises sur les marchés des changes, trois fois plus
qu'il y a une décennie, selon l'enquête triennale publiée fin août 2010 par la Banque
des règlements internationaux. Les acteurs non bancaires font désormais la moitié
des transactions.
Aussi, l'émergence d'une économie et d'une société mondialisées et la fin de la
guerre froide depuis la désintégration de l'empire soviétique, remettent en cause la
capacité des États- nations à faire face à ces bouleversements. Les gouvernements
à travers les États-Nations - et la crise actuelle en est la démonstration, sont
désormais dans l'impossibilité de remplir leurs missions du fait de la complexification
des sociétés modernes, de l'apparition de sous-systèmes fragmentés, de l'incertitude
liée à l'avenir et de la crise de la représentation politique, d'où l'exigence de s'intégrer
davantage dans un ensemble plus vaste pour pouvoir répondre aux nouvelles
préoccupations planétaires. Se pose donc cette question : les institutions
internationales telles que le FMI ou la Banque Mondiale, les organisations
multilatérales telles que l'OCDE et les organisations à vocation universelle comme
les Nations Unies et ses organes subsidiaires (UNESCO, FAO,...) peuvent-elles
servir de régulation mondiale? En l'absence d'institutions internationales réformées
tenant compte des nouvelles mutations mondiales et notamment des pays
émergents, capables de prendre le relais de la souveraineté étatique défaillante, le
risque est que le seul régulateur social demeure les forces du marché à l'origine
d'ailleurs la crise mondiale actuelle. Or, il y a lieu de tenir compte de la nouvelle
reconfiguration géo stratégique mondiale horizon 2015/2020, avec un "reformatage"
qui modifiera certainement le peloton de tête du développement économique, tout
comme le modèle de comportement dans la sphère économique avec le défi
environnementale et les modes de fonctionnement des marchés économiques. Nous
assistons à l'entrée du dollar australien, le won coréen, la lire turque, la roupie
indienne, ces monnaies qui progressent, au détriment du billet vert et l'introduction
du yuan chinois sur ce marché dans un proche avenir devrait entrainer de profonds
bouleversements. Aussi, l'objectif stratégique est de repenser tout le système des
relations économiques internationales et notamment le système financier mondial
issu de Breeton Woods en 1945 en intégrant le défi écologique, car en ce début du
21ème siècle, des disparités de niveau de vie criardes font de notre planète un
monde particulièrement cruel et dangereusement déséquilibré. L'abondance et
l'opulence y côtoient d'une manière absolument insupportable la pauvreté et le
dénuement dont d'ailleurs la mauvaise gouvernance des dirigeants du Sud est en
grande partie responsable. Sur les sept milliards d'habitants que compte la planète,
un cinquième - dont 44% en Asie du Sud à moins d'un (01) dollar par jour de revenu.
Quand on sait que, dans les 25 prochaines années, la population mondiale
augmentera de deux milliards d'individus, étant actuellement à 7 - dont 1,94 milliard
pour les seuls pays en voie de développement - on peut imaginer aisément le
désastre qui menace cette partie de l'humanité si rien de décisif n'est entrepris.
Face à la mondialisation irréversible, l’Algérie a besoin d’un nouveau management
stratégique des institutions et des entreprises, une cohérence et une visibilité dans la
démarche de la réforme globale. Le replâtrage par la distribution passive de la rente
pour calmer temporairement le front social par des actions conjoncturelles
désordonnées sans aucune vision stratégique ne fera que l’isoler de ces nouvelles
mutations avec des incidences désastreuses tant sur le plan politique
qu’économique. Nous avons besoin de véritables managers tant au niveau des
institutions que des entreprises. Nos responsables mues par l’unique dépense
monétaire sans se soucier des coûts, ont besoin d’une véritable mutation culturelle,
vivant sur les illusions du passé, déconnectés des réalités mondiales alors que nous
visons à l’ère d’une révolution dans le domaine des télécommunications, où le
monde est devenu une maison en verre. Force est de reconnaître que les résultats
malgré des dépenses monétaires colossales depuis l’indépendance politique est de
loin, très loin, de ses potentialités et elles sont énormes. Après 50 années
d’indépendance politique, l’ Algérie est une économie rentière exportant 98%
d’hydrocarbures et important plus de 70% des besoins des ménages et des
entreprises dont le taux d’intégration ne dépasse pas 15%, les réserves de change
étant une richesse virtuelle, ne provenant pas du travail mais de la rente, qu’il s ‘agit
de transformer en investissement productif. En fait, l’objectif est de réhabiliter
l’entreprise, le savoir , d’asseoir un Etat de Droit et la démocratie tenant compte de
notre anthropologie culturelle, condition sine qua non d’une production et exportation
hors hydrocarbures dans le cadre des valeurs internationales.

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