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Communication Interculturelle.fascicule 2022-2023

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Département des Sciences de l’Information et de la

Communication

Communication
Interculturelle
Fascicule de cours Licence 1

Ndenguino-Mpira Hermanno & Mendome Ntoma Max


2022-2023
Faculté des Sciences Humaines – Département des Sciences de l’Information et de la Communication

Communication Interculturelle
Année Académique : 2022-2023

Niveau d’études : Licence 1

Volume horaire : 20h

Volume horaire hebdomadaire : 2h

Chargés du cours :

- Dr. Ndenguino-Mpira Hermanno / Tel & WhatsApp: 077 58 12 10

- Dr. Mendome Ntoma Max / Tel & WhatsApp: 074 77 60 85

1. Descriptif du cours

La Communication Interculturelle s’intéresse aux effets des différences


culturelles sur la communication interpersonnelle. Elle présente ainsi les
différences culturelles comme des facteurs de malentendus ou de conflits
interculturels dans un monde de plus en plus marqué aujourd’hui par des
mouvements accélérés de populations vers des régions plus stables ou
attrayantes), ainsi que par des échanges beaucoup plus faciles et
croissants entre individus à travers le globe grâce notamment au
développement des NTICs et du Web. À cet effet, ce cours est à la fois
théorique et pratique à travers lequel le phénomène de la culture est
examiné dans tous ses aspects. Cet examen permettra de mettre en relief
la culture profonde qui comprend les éléments qui entre jeu et peuvent
altérer la communication entre individus de cultures différentes. Les
concepts et théories dans la discipline permettront de comprendre
comment ces éléments de la culture profonde se manifestent à travers
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l’usage du langage. Cet enseignement vise ainsi à pourvoir l’étudiant


d’outils théoriques et d’analyse nécessaires à l’étude et à la
compréhension de la communication entre personnes d’origines
culturelles différentes.

2. Objectifs et résultats visés par le cours

En termes de connaissance

Au sortir du cours, l’étudiant devrait :

 Avoir compris qu’il existe une forte relation entre la culture et la


façon dont une personne utilise le langage pour communiquer

 Avoir acquis des concepts fondamentaux ainsi que des outils


d’analyse des effets de la culture sur la communication entre des
personnes de cultures différentes

 Avoir compris les enjeux de la compétence en communication


interculturelle dans les rapports sociaux et professionnels.

En termes de savoir-faire

Au sortir du cours l’étudiant devrait :

 Avoir développé des aptitudes à percevoir et à identifier les effets


de la culture dans la façon de communiquer d’une personne un d’un
groupe de personnes

 Pouvoir recourir aux concepts et théories en Communication


Interculturelle dans la compréhension ou l’analyse d’interactions
interpersonnelles ou entre groupes de personnes dans un contexte
de diversité culturelle

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 Élaborer ou améliorer des stratégies de communication cohérentes


et efficientes qui tiennent compte des différences culturelles entre
individus.

En termes d’attitude

L’étudiant devrait être de mesure de :

- Être sensible à la dimension culturelle des façons de communiquer


des individus à travers le monde en général, et à travers les groupes
sociaux et les organisations en particulier.

- Développer une attitude critique, mais aussi curieuse envers les


éléments intra/inter culturels qui peuvent être des facteurs de
cohésion ou de désaccords sociaux ou professionnels

- Développer une attitude d’ouverture d’esprit, mais aussi


d’autocritique dans le but d’apprendre et d’améliorer ses échanges
avec des personnes d’origines culturelles différentes de la sienne

 Développer une attitude plus favorable à des rapports avec des


personnes de culture différente de la sienne

3. Méthode d’enseignement

Approche mixte reposant sur :


- Le cours magistral
- Des exposés en groupe
- Des études de cas
- Des lectures préalables
- Des discussions

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- Des exercices.

4. Mode d’évaluation

- Écrit (devoir sur table)

- Oral (exposé de groupe)

5. Contenu du cours

Introduction du cours

I. Comprendre la communication humaine : Comment communique-

t-on ?

II. Comprendre la notion de Culture

III. Qu’est-ce que la Communication interculturelle ?

IV. Langage et Culture

V. Les obstacles à la communication interculturelle

VI. La compétence interculturelle et la compétence en communication

interculturelle

6. Lectures recommandées

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I. Comprendre la communication humaine : Comment

communique-t-on ?

I.1. Qu’est-ce que le langage humain ?

Comprendre les mécanismes de la communication entre les êtres humains

amène à s’intéresser dans un premier temps à la notion de langage :

Qu’est-ce que le langage humain ?

(a) Le langage est avant tout une faculté, une habilité biologique

humaine. En effet, c’est cette propriété essentielle que mettent en avant

les sciences du langage qui le définissent comme la capacité des êtres

humains de communiquer entre eux au moyen de signes1. C’est parce qu’il

permet la communication que l’on dit ainsi du langage qu’il a une fonction

de communication.

(b) Le langage peut être aussi considéré comme une activité d’individus

qui se situent dans des contextes sociaux bien déterminés (Maingueneau

1996 :28). C’est dans ce sens que l’on parlera d’activité verbale (à travers

l’usage de la parole ou de l’écriture) ou non verbale (à travers des gestes,

les expressions faciales, des symboles, etc.) Le langage humain est donc

verbal et non verbal. Afin de bien communiquer et de se comprendre, les

individus en interaction doivent utiliser et maitriser le même langage.

1
La notion de Signe est expliquée dans la section I.4

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I.2. Qu’est-ce qu’une langue ?

Les nombreuses approches théoriques en linguistique mettent en

évidence le fait que l’on peut considérer la langue sous plusieurs aspects.

Ce sont ces différents aspects qui rendent complexe la définition de la

langue. Cependant, dans le cadre de notre cours nous allons définir la

langue en la considérant sous trois de ses aspects à savoir : un système de

signes, un produit social, un instrument de communication.

(a) La langue est un système abstrait et mental dont les éléments

qui le composent (sons, mots, etc.) sont reliés et se combinent entre eux

selon un ensemble de règles, de principes, et de contraintes. C’est cet

ensemble de règles et de relations que l’on appelle le système

grammatical d’une langue.

(b) La langue est aussi un produit social, en ce sens qu’elle ne

s’acquiert et ne se parle qu’au sein d’une communauté d’individus vivant

en société. Elle n’appartient donc pas à un seul individu mais à un groupe.

On appelle ainsi communauté linguistique, un ensemble des personnes

qui parlent la même langue. Il faut donc comprendre ici que l’existence

d’une langue (c’est-à-dire son état (son usage et la façon dont elle est

utilisée), son rôle ou son statut, son évolution, et son avenir) est

déterminée par son usage collective dans la société.

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(c)Nous avons défini dans la section précédente le langage comme la

capacité des êtres humains de communiquer entre eux au moyen de

signes. La langue est un aspect, une composante du langage humain. Elle

est donc par analogie un moyen, un instrument de communication entre

les membres d’une communauté linguistique donnée. C’est elle qui

permet aux membres de la communauté de communiquer et de se

comprendre. Et c’est dans ce sens que la linguistique moderne définit la

langue comme un système de signes (vocaux ou transcrits graphiquement)

constituant un instrument de communication spécifique aux êtres

humains.

I.3. Qu’est-ce que la parole ?

Comprendre la parole revient à considérer ses différents aspects : un

médium, un acte, une série de sons formant un ou plusieurs énoncés.

La notion de parole renvoie aux sonorités vocales effectivement émises

par un locuteur. Cela dit, tout comme la langue, la parole est avant tout

une composante du langage humain. En fait, elle sert de médium (de

support) à la langue. En effet, la langue étant abstraite, elle se matérialise

à travers les sons de la parole (ou les formes graphiques de l’écriture qui

est une extension de la parole)2. Plus précisément, c’est dans les sons de

2
Il faut toutefois noter qu’en dehors de la parole, le langage des signes constitue un autre médium de la
langue.

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la parole que l’information linguistique est encodée. C’est dans ce sens

que la linguistique considère la parole comme la réalisation,

l’actualisation, ou la manifestation concrète de la langue. L’usage de la

langue à travers la parole (ou l’écriture) constitue ainsi le langage verbal.

I.4. Les signes langagiers

I.4.1. Le signe linguistique

A l’instar de la linguistique moderne, nous avons défini la langue par le

signe, c’est-à-dire comme un « système de signes ». Cela dit, qu’est-ce

qu’un signe linguistique? Selon F. de Saussure (1964), un signe est un

élément de la langue composé de deux aspects psychiques et

indissociables : un signifiant et un signifié.

- Le signifiant : c’est l’aspect matériel, lié à la forme du signe. Il s’agit

précisément de la représentation mentale d’une suite de sons ou de

lettres.

- Le signifié : C’est l’aspect conceptuel, lié au sens du signe. Il s’agit

de la représentation mentale d’une idée ou d’une chose.

C’est le rapprochement ou l’association de ces deux aspects qui constitue

le signe. C’est ainsi par exemple qu’à la suite de sons ou de lettres se

rapportant au mot « frère », nous associons le sens ou l’idée d’une

personne particulière de sexe mâle (considérée comme) née de même

père et/ou de même mère, ou membre d’une même communauté

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religieuse, etc. Cela dit, le signifié de « frère » peut être associé à un

signifiant différent. Il vous suffit de penser au signifiant de « frère » dans

votre langue maternelle. C’est parce que les signifiants diffèrent selon les

langues, qu’on dit du signe linguistique qu’il est arbitraire.

A travers donc le signe linguistique, la langue constitue une sorte de code

dans lequel les sons sont associés à des significations (encodage), et des

significations sont associées à des sons (décodage). De ce fait, afin de

communiquer et de se comprendre, les membres d’une même

communauté linguistique doivent partager entre eux et reproduire les

mêmes signifiants auxquels ils associent les mêmes signifiés.

I.4.2. Les signes non-linguistiques (ou non verbaux)

En dehors des signes linguistiques, les êtres humains font usage d’un vaste

répertoire de signes variés qui servent à véhiculer (volontairement ou non)

leurs pensées, émotions, idées ou des informations. Il s’agit de signes non

verbaux tels que les gestes, attitudes, expressions faciales, symboles,

images, couleurs, etc.

L’étude des signes est l’objet de la discipline qu’on appelle sémiotique.

C’est ainsi que selon C.S Peirce (Atkin 2010), et à la différence de

l’approche dyadique signifiant/signifié, la signification du signe (ou

« semiosis ») résulte de la relation triadique, c’est-à-dire de l’association

entre les trois éléments qui le composent, à savoir :

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- Le representamen ou signe : c’est dans une certaine mesure le

signifiant. Il s’agit de l’aspect physique du signe. Ex : la libération

dans les airs d’une colombe blanche

- L’objet ou référant (réel ou imaginaire, conceptuel ou matériel): c’est

l’actualisation de ce que le signe représente, ou ce pour quoi le signe

est utilisé. Ex : la poignée de main ou la signature effective d’un

accord de paix entre des parties en conflit.

- L’interprétant ou sens (mental): pourrait s’apparenter au signifié. Il

s’agit du sens attribué au signe par celui/celle qui l’interprète. Ex :

« à travers la libération de cette colombe blanche nous nous

engageant à promouvoir la paix ».

A partir de la relation entre le representamen et l’objet, C.S Peirce

distingue trois types de signes :

- L’icône : relation de similarité. Ex : les émoticons

- Le symbole : relation par convention. Ex :

- L’indice: relation de cause ou de contigüité. Ex : la fumée est causée

par le feu

I.5. La notion de communication

Il existe de nombreuses définitions du concept de communication. Ces

définitions varient selon l’optique et l’approche théorique dans lesquelles

s’inscrit l’auteur. Au-delà ces divergences, il est tout de même important

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de retenir que la communication est un processus complexe qui met en

jeux de nombreux éléments divers qui déterminent3 la réalisation et la

réussite d’un événement communicationnel. Les éléments constitutifs du

processus de communication englobent :

- Un ou plusieurs émetteurs qui envoient un message. Dans son

action, cet individu est motivé par un/des objectif(s) de

communication déterminé(s)

- Un message qui consiste en une information encodée à travers des

signes linguistiques et/ou non verbaux

- Un canal qui permet le transfert du message vers un destinataire

- Un destinataire qui est l’autre individu à qui le message est destiné

et qui effectue le décodage du message

- L’éventuelle réponse du destinataire qui consiste en tout acte posé

résultant (qui deviendrait ainsi à son tour un émetteur) selon le sens

attribué au message suite à son décodage

- Le feedback, tout élément provenant du destinataire et qui permet

à l’émetteur de déterminer si le sens accordé au message après le

décodage correspond au sens de l’encodage

3
La considération ou la valeur accordée à un ou plusieurs de ces éléments dans la réalisation du processus
varie selon les auteurs et les approches théoriques.

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- Un environnement physique et contextuel dans lequel les acteurs

de l’événement communicationnel se trouvent. Cela pourrait

correspondre à un lieu (une salle de cours, un restaurent, un

commissariat de police), un contexte social ou culturel particulier

(une consultation médicale, un entretien d’embauche, un

anniversaire entre amis)

- Le bruit qui correspond aux différents éléments responsables

d’interférence, distraction ou de perturbation au bon déroulement

de l’événement communicationnel. Le bruit peut être d’ordre

physique (le son strident d’un klaxon durant une conversation

téléphonique), psychologique (le stress durant un exposé de classe),

physiologique (la douleur durant un interrogatoire musclé), ou

sémantique (l’incompétence dans la langue, le jargon utilisé, ou la

non maîtrise des normes culturelles d’usage du langage).

Au regard de tous ces éléments, nous adopterons la perspective selon

laquelle la communication est un processus, une activité sociale mettant

en relation des individus motivés par des enjeux communicationnels et

sociaux et qui, grâce au langage, s’échangent de manière consciente ou

inconsciente des idées ou des pensées. L’évolution, la durée et la qualité

de cette interaction langagière sont largement déterminées par la/les

réponses et le/les feedbacks des acteurs de l’échange.

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Par ailleurs, tout en considérant l’importance de tous les éléments du

processus de communication, notre attention se portera plus sur le rôle

de l’environnement culturel dans la qualité des échanges entre les acteurs

de chaque événement communicationnel.

II. Comprendre la notion de Culture

Le concept de « culture » est très complexe et renvoie à de nombreuses

définitions qui varient selon les perspectives ou les approches théoriques.

Dans le cadre du présent enseignement, nous partageons la perspective

de S. Ting-Toomey (1999 :10) qui définit la culture comme un ensemble

complexe de référence consistant en des modèles de traditions, croyances,

valeurs, normes, symboles et significations qui sont acquis et partagés à

des degrés différents par les membres d’une même communauté.

Il est important d’insister sur le fait que tous les membres d’une même

culture ne la partagent pas de la même manière. D’ailleurs, comme le

soutient M.J. Collier (2003 :418), un individu peut appartenir à plusieurs

types de cultures différentes et/ou subcultures, en ce sens qu’il appartient

à la/les culture(s) dont il se réclame d’appartenir, celle(s) d’où il puise les

symboles, significations et normes qu’il utilise dans sa vie quotidienne. M.J.

Collier (2003) identifie ainsi six différents types de culture auxquels un

individu peut appartenir et qui sont basés sur les critères suivants : la

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nationalité et l’ethnie ; le sexe et le genre ; la profession ; la zone

géographique ; organisation ; l’aptitude et le handicap physique. C’est

dans les cultures nationales et ethniques que les membres sont unis par

une même histoire, un même héritage et une même origine d’où

proviennent les traditions, les rituels, les codes du langage, et les normes.

Du fait donc de la possibilité de coexistence de plusieurs cultures chez un

individu ou au sein d’un groupe d’individus, il faut considérer la culture

comme hétérogène, dynamique et dont les limites peuvent être

contestées.

Par ailleurs, le fait de revendiquer ou de contester une identité culturelle,

de comparer ou d’opposer sa culture à une autre indique qu’il existe un

aspect affectif rattaché au concept de culture. C’est cet aspect qui est à

l’origine d’attitudes visant souvent à considérer sa culture comme

supérieure à d’autres ou comme système de référence de valeurs, normes,

et de pratiques.

Il existe des similarités, mais en même temps des différences entre les

cultures. En effet, dans toutes les cultures on retrouve parfois les mêmes

pratiques sociales (par exemple, les danses, les mariages, les repas en

famille, etc.) et tous les êtres humains aspirent à satisfaire des mêmes

besoins (par exemple, aimer et être aimé, être respecté, faire du bien, etc.)

A côté de ces similarités, il existe toutefois des différences entre les

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cultures. Ces différences reposent sur des particularités dans la nature et

la conception des éléments de leurs cultures de surface et de leurs cultures

profondes. C’est ainsi par exemple que de nombreuses études ont mis en

évidence des différences de valeurs culturelles comme éléments de

dissemblance entre les cultures. C’est le cas par exemple du

sociopsychologue G. Hofstede (1990) dont la théorie propose de

distinguer les cultures nationales sur la base de quatre dimensions

culturelles qui consistent en des valeurs culturelles, convictions profondes

et principes moraux. Il s’agit de :

1- Le degré de distance hiérarchique : selon le degré d’importance

accordé à la différence hiérarchique entre les individus

2- Le degré d’acceptation de l’incertitude : attitude (d’acceptation ou

d’évitement) face à l’incertitude

3- Le degré d’individualisme ou collectivisme : selon le degré

d’importance qu’on accorde au groupe sur l’individu

4- Le degré de masculinité ou de féminité : selon qu’on accorde les

mêmes droits ou pouvoirs aux hommes et aux femmes

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III. Qu’est-ce que la communication interculturelle ?

En tant qu’activité sociale, la communication interculturelle est un

processus qui inclue, entre autres éléments du processus de

communication :

1- Deux individus ou groupes différents d’individus

2- Ces individus ou groupes différents d’individus appartiennent à des

cultures différentes

3- Ces individus ou groupes différents d’individus sont en interaction

langagière au cours de laquelle ils essaient non seulement de

communiquer, mais aussi de se faire comprendre.

En clair, l’aspect fondamental de la communication interculturelle réside

dans le fait que les acteurs du processus de communication

n’appartiennent pas à la même culture. C’est durant ce genre d’interaction

que l’autre individu impliqué dans l’échange –si ce n’est pas soi-même –

nous apparait comme un « étranger » culturel, c’est-à-dire quelqu’un dont

les normes et les valeurs culturelles (entre autres) qui transparaissent à

travers son attitude et son langage sont différents de moi et des autres

membres de mon groupe culturel.

Il est important de préciser ici que la conception de la culture adoptée

dans le présent cours repose sur la proposition de S. Ting-Toomey (1999)

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de se représenter la culture sous la forme d’un iceberg, et telle qu’illustrée

par le schéma ci-dessous.

Cette métaphore de l’iceberg permet de distinguer et de mettre en relief

les aspects physiques ou matériels de la culture (c’est-à-dire ceux qui sont

directement perceptibles de l’extérieur) des aspects non visibles et qui

relèvent de la cognition des individus. En communication interculturelle,

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nous nous intéressons aux éléments de la culture profonde, plus

précisément, à l’influence de la culture profonde sur la communication et

sur la communication interculturelle. Ce sont en effet ces éléments

invisibles, cachés, de la culture qui très souvent sont à l’origine

d’incompréhension, de choc culturel4, et parfois de représentations telles

que les stéréotypes ou les préjugés.

Il est aussi important de mentionner ici que la communication

interculturelle est aussi un champ de recherche au sein de plusieurs

disciplines telles que la linguistique, l’anthropologie, la psychologie, la

communication, etc. Dans ce champ, et de façon générale, les axes de

réflexions incluent :

- L’influence de la culture sur la façon de communiquer des/entre

groupes culturels

- La communication en contexte culturel

- Attitudes et émotions dans un contexte de cultures différentes

Cet aspect disciplinaire de la communication interculturelle ne sera pas

développé dans le cadre de ce cours.

4
La notion de « choc culturel » renvoie à un sentiment de désorientation associé à un état de stress vécus par
une personne lorsqu’elle est soudainement confrontée à un environnement culturel, une série de
comportements ou d’attitudes qui diffèrent de sa propre culture et qui ne lui sont pas familiers.

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IV. Langage et culture

Tel que le montre le schéma de l’iceberg ci-dessus, le langage fait partie

de la culture. En fait, et comme l’affirmait E. Benveniste (1966 :29), la

culture se manifeste et se transmet à travers le langage. C’est ainsi par

exemple qu’en Français, le respect envers une personne peut se manifester

à travers l’usage du « vous » dans une conversation. Au Gabon, baisser le

regard lors d’un échange verbal avec une personne plus âgée est une

marque de respect.

D’un point de vue anthropologique, Y. Winkin (2008 :99) propose de

concevoir la communication comme « l’ensemble des actes qui, au jour le

jour, mettent en œuvre les ‘’structures’’ qui fondent une société, c’est-à-

dire sa culture ». De ce fait, le langage (en tant qu’instrument de

communication) à travers son usage permet l’actualisation de la culture.

C’est ce rapport entre le langage et la culture que fait ressortir C. Kerbrat-

Orecchioni (1980) à travers son schéma de la communication ci-dessous.

En effet, il ressort clairement que la compétence culturelle joue un rôle

dans l’usage du langage, plus particulièrement à travers la façon d’encoder

et de décoder le message.

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Le rapport entre le langage et la culture est très déterminant en

communication interculturelle. A partir du schéma de la communication

de C. Kerbrat-Orecchioni ci-dessus, l’on peut comprendre que deux

individus qui n’ont pas les mêmes compétences culturelles (c’est-à-dire

chacun étant compétent uniquement dans une culture différente de celle

de l’autre) éprouveront des difficultés à se faire comprendre et à

comprendre l’autre. Les problèmes de compréhension en Communication

interculturelle résultent donc de la différence de compétence culturelle

dans la façon de communiquer. L’on se sent « étranger » dans une culture

lorsqu’on ne sait pas comment se comporter, c’est-à-dire lorsque nous

n’avons pas la compétence culturelle nécessaire à un comportement

acceptable dans cet environnement. Au cours d’une interaction

interculturelle, l’écart de compétence culturelle entre les acteurs de

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l’échange peut perturber ou compromettre la communication. Etre

conscient de cette incompétence est souvent source d’anxiété lors des

rencontres interculturelles.

V. Les obstacles à la communication interculturelle

De nombreuses recherches en communication interculturelle ont mis en

évidences des obstacles ou barrières auxquels sont confrontées des

personnes en situation de communication avec d’autres individus de

culture différente. C’est ainsi que selon L. M. Barna (1997), il existe en

général six barrières à une communication interculturelle réussie, à savoir :

- Problèmes liés à l’usage de langue

- L’anxiété

- Supposer la similitude au lieu de la différence

- L’ethnocentrisme

- Les stéréotypes et préjugés

- La communication non verbale

V.1. Problèmes liés à l’usage de la langue

De manière évidente, la barrière linguistique constitue un obstacle à la

communication interculturelle. Des individus qui ne parlent pas la même

langue éprouveront des difficultés à communiquer et à se faire

comprendre. De même, un individu qui ne parle pas bien une langue

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donnée aura des difficultés à encoder et à décoder les messages dans

cette langue. Notons tout de même que les problèmes d’incompréhension

ne sont pas propres aux différences linguistiques. En effet, deux individus

utilisant parfaitement la même langue peuvent être confrontés à des

problèmes de compréhension au cours d’une interaction.

Par ailleurs, les problèmes liés à la langue lors d’une interaction

interculturelle relèvent souvent de la traduction et peuvent se situer à

plusieurs niveaux qui incluent :

- L’équivalence de vocabulaire : lorsqu’il n’existe pas de mot dans une

langue A qui correspond exactement au sens d’un mot de langue B.

- Les équivalences idiomatiques : les expressions idiomatiques

peuvent être difficiles à comprendre pour des personnes qui ne

maîtrisent pas une langue

- L’équivalence d’expérience : les objets ou expériences qui n’existent

pas dans une culture donnée seront difficile à traduire dans la langue

d’une autre culture. Pensons par exemple au(x) mot(s) qui dans nos

langues gabonaises renvoie(nt) au concept d’euthanasie.

- L’équivalence conceptuelle : lorsque des idées ou des concepts ne

sont pas perçus de la même façon dans différentes cultures.

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V.2. L’anxiété

L’anxiété peut se définir comme un trouble émotionnel, une réaction

psychologique qui se manifeste par un sentiment d’appréhension, de

malaise, de tension face à certaines situations jugées difficiles. Pensez par

exemple à cette sensation de nervosité que vous avez ressentie avant une

épreuve du baccalauréat, un entretien d’embauche, ou lorsqu’un proche

doit être admis de toute urgence à l’hôpital.

En communication interculturelle l’anxiété survient lorsqu’on ne sait pas

comment se comporter de manière acceptable dans une autre culture. Un

niveau élevé d’anxiété affecte l’individu dans la mesure où il se laisse

dominer par ses émotions, c’est-à-dire ses appréhensions. Le fait d’être

tourmenté par ses angoisses altère l’attention de l’individu sur l’activité

communicative. De ce point de vue, un niveau élevé d’anxiété est un

« bruit » qui constitue un obstacle en communication interculturelle.

V.3. Supposer la similitude au lieu de la différence

Selon l’anthropologue W. Goodenough (1957 :167-173) :

« La culture d’une société consiste en tout ce qu’il faut savoir ou croire


pour se conduire d’une manière acceptable pour les membres de cette
société, et ce dans tout rôle qu’ils accepteraient pour chacun des leurs ».

Dès lors, et comme le soutient le sociologue Y. Winkin (2008 :100), la

communication sociale « constitue l’ensemble des codes et règles qui

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rendent possibles et maintiennent dans la régularité et la prévisibilité les

interactions et les relations entre les membres d’une même culture ».

De tout ce qui précède, il faut comprendre que supposer la ressemblance

entre les cultures amène des individus en relation avec ou vivant au sein

d’une autre culture à se comporter selon « ce qu’il faut savoir ou croire »

et selon les « codes et règles » de leurs propres cultures et non de l’autre

culture en présence. Ces individus se comportent donc en toute

inconscience de façon « imprévisible », différente, d’où l’évocation de la

notion d’« étranger ». Sachant que la différence ou l’étrangeté déroute ou

dérange parfois, les comportements « étrangers » peuvent constituer ainsi

un obstacle à la réussite de l’interaction.

Il tout de même important de préciser ici que l’inverse pourrait aussi

constituer un obstacle à la communication interculturelle. En effet,

supposer la différence alors qu’il y a similitude pourrait amener un individu

à ne pas reconnaitre et considérer des comportements importants que les

cultures en présence ont en commun.

V.4. L’ethnocentrisme

Un autre obstacle à la communication interculturelle est l’ethnocentrisme,

qui est la tendance à privilégier les modèles, valeurs, normes, façons de

penser et de croire, etc. de sa culture. Cela se caractérise par une

conception négative des aspects des autres cultures à partir des standards

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de sa propre culture. Etre ethnocentrique revient à considérer sa culture

comme supérieure, préférable aux autres cultures. Cette tendance amène

les individus à parfois considérer les modèles, valeurs, normes, façons de

penser et de croire, etc. des autres comme étranges ou menaçant, et à les

rejeter.

Selon M. Bennet (1993), l’ethnocentrisme comprend trois phase, à savoir :

(1) Le déni : c’est la phase durant laquelle tout individu confronté à

des différences culturelles tend à les éviter ou à dénier toute

existence de différences culturelles. Cette phase peut se produire à

travers l’isolement ou la séparation de l’individu des autres membres

de la société.

(2) La défense : il s’agit d’une stratégie visant à prévenir les effets des

différences culturelles perçue comme menaçantes à l’intégrité des

modèles, valeurs, etc. de sa culture.

(3) La minimisation : dans cette phase, un individu ethnocentrique va

chercher à cacher les différences en mettant en avant les similarités

culturelles ou les caractéristiques universelles des êtres humains.

C’est le cas par exemple lorsqu’on proclame que tous les êtres

humains ont les mêmes droits, sans distinction de race, de sexe, de

religion, ou d’origine. Selon M. Bennet (1993) cependant, l’on tend

toujours à juger le comportement des autres selon notre propre

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vision du monde. De ce fait, l’idée d’une vérité universelle repose

toujours sur nos propres modèles, valeurs, normes, façons de penser

et de croire, etc.

Comme on peut l’imaginer, les attitudes adoptées dans ces trois phases

d’ethnocentrisme peuvent constituer des barrières à la communication

interculturelle.

V.5. Les stéréotypes et les préjugés

Les stéréotypes sont des perceptions, des idées et des convictions

positives ou négatives préconçues que nous avons sur d’autres individus.

Les stéréotypes sont des représentations sociales qui découlent de nos

attitudes, nos opinions et qui sont formées par la culture sur une période

de temps à partir de bribes d’informations stockées dans la mémoire

collective. La formation des stéréotypes correspond à un mécanisme qui

nous permet de donner du sens à l’inconnu, au monde qui nous entoure

en catégorisant et en classant les individus et les situations que nous

rencontrons.

Les stéréotypes affectent notre vision de la réalité sociale et du monde, en

ce sens qu’ils peuvent nous amener à considérer nos idées ou nos

convictions comme irréfutables lorsqu’elles sont en réalité basées des

faibles ou fausses informations. De plus l’usage permanant des

stéréotypes renforce nos convictions et nos opinions, tout en nous

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amenant à généraliser le stéréotype sur tous les membres d’un groupe. Ce

qui donne lieu, par exemple, à des convictions telles que « les arabes sont

des terroristes ». Par ailleurs, interpréter le comportement d’un individu à

partir de stéréotypes renforce les stéréotypes. Ainsi donc, les attitudes

liées aux stéréotypes constituent des obstacles à la communication

interculturelle.

Les préjugés sont des attitudes ou des opinions négatives et préconçues

à l’égard d’une autre personne ou d’un autre groupe de personnes du fait

simplement qu’elle appartient à une religion, race, nationalité spécifique

ou à un autre groupe. Comme les stéréotypes, les préjugés sont des

représentations qui assignent aux individus des caractéristiques qui ne

sont fondées sur aucune base irrécusable. Les attitudes liées aux préjugés,

telles que la discrimination raciale ou la xénophobie, entravent la

communication interculturelle.

V.6. La communication non verbale

En ce qui concerne le langage humain, nous avons dit qu’il recouvrait

deux propriétés à savoir le langage verbal (l’usage de la langue et de la

parole ou de l’écrit), et le langage non verbal (l’usage des gestes,

expressions faciales, symboles, etc.) S’agissant du langage non verbal, et

selon l’anthropologue et linguiste D. Hymes (in Y. Winkin 2008 :98) :

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« Dans toute culture ou communauté, le comportement et les objets en


tant que produits (par fabrication et vocation) du comportement sont
sélectivement organisés, utilisés, fréquentés et interprétés pour leur valeur
communicative. Tout comportement et tout objet peuvent être
communicatifs, et l’éventail des possibilités communicatives est bien large
et plus significatif que notre attention courante à la parole ne relève. »

En outre, comme le fait remarquer le sociologue Y. Winkin (2008 :98), « le

répertoire des comportements et des objets à valeur communicative varie

d’une société à l’autre. » Tout comme la signification ou le sens rattaché à

ces signes non verbaux (les comportements et les objets) peuvent varier

d’une culture à une autre. De ce point de vue, l’ignorance du répertoire

des comportements et des objets à valeur communicative d’une culture,

de même que la mauvaise lecture ou interprétation de ces signes non

verbaux peuvent être à l’origine d’incompréhension ou de malentendu.

C’est dans ce sens que la méconnaissance de la communication ou du

langage verbal constitue une barrière à la communication interculturelle.

VI. Compétence interculturelle et compétence en


communication interculturelle

Les termes de « compétence interculturelle » et de « compétence en

communication interculturelle » renvoient tous deux à de nombreuses

définitions. Ces nombreuses définitions ont pour point de départ les

diverses approches qu’adoptent les théoriciens sur la notion de

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« compétence ». Plus précisément, les positions divergent sur la nature de

la compétence, c’est-à-dire selon que la compétence renvoie soit à: une

performance, un ou des savoirs, une aptitude inhérente à un individu, ou

une aptitude acquise par un individu.

Dans le cadre de ce cours, la compétence dans le domaine de la

communication interculturelle est considérée comme une aptitude à faire

quelque chose. Nous considérons cependant que cette compétence est

l’aboutissement d’un processus d’apprentissage qui tient compte aussi de

l’assimilation consciente et/ou inconsciente des savoirs et des aptitudes à

travers les expériences passées d’un individu.

VI.1. La compétence interculturelle

La compétence interculturelle renvoie à l’aptitude d’une personne à se

comporter et à négocier des significations de manière appropriée et

efficiente dans une interaction sociale précise avec des personnes

appartenant à des cultures différentes de la sienne. Cette compétence que

l’individu développe comporte et repose sur trois aspects essentiels que

sont : la conscience, le savoir, les aptitudes, et les attitudes.

(1) La conscience : il s’agit d’un point de départ qui consiste, à partir

d’une analyse de son expérience personnelle et de son

environnement extérieur, à réaliser et à apprécier le fait qu’il existe

plusieurs visions du monde

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(2) Le savoir. Il s’agit d’acquérir des connaissances sur l’autre ou les

autres cultures. Cela implique non seulement une connaissance et

une compréhension générale des pratiques et des caractéristiques

des autres cultures, mais aussi et surtout la connaissance et la

compréhension des différences et des similarités entre sa culture et

les autres cultures.

En termes de savoir, et du point de vue de la communication, des

connaissances linguistiques et des nomes culturelles d’interaction

s’imposent.

(3) Les aptitudes. Elles sont de plusieurs types, parmi lesquelles :

- L’aptitude à gérer le stress (l’anxiété) que provoques parfois les

interactions interculturelles

- L’aptitude à tolérer les faits ou comportements ambigus

- Etre ouvert d’esprit

- Avoir un comportement flexible, c’est-à-dire s’avoir adapter son

comportement et ses aptitudes selon le contexte culturel

- Avoir de la sensibilité interculturelle, c’est-à-dire avoir des

connaissances sur et respecter les normes des autres cultures

- Aptitude à surmonter l’ethnocentrisme

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- Aptitude à développer de l’empathie5, c’est-à-dire être capable

d’expérimenter ou de comprendre certaines situations, certains faits

ou comportements selon une perspective ou une conception

différente de celles de sa culture

- Aptitude à ignorer ou rejeter les stéréotypes et les préjugés culturels

- Aptitudes à communiquer de manière efficiente. Il s’agit de

s’exprimer clairement, Maintenir la face de son interlocuteur,

reconnaitre les messages non verbaux, etc.

(4) Les attitudes. Elles sont nombreuses, parmi lesquelles :

- L’acceptation des différences culturelles

- Le respect envers l’autre culture, c’est-à-dire le respect des valeurs,


des normes, des croyances, etc.

- La motivation : l’ensemble des besoins, des intentions, des

sentiments et autres facteurs qui vous amène à anticiper ou à vous

engager de manière effective dans une interaction interculturelle.

Rappelons que la compétence interculturelle relève de la cognition et du

comportement des acteurs de la communication interculturelle. Cette

compétence intervient dans les processus d’encodage et de décodage des

messages.

5
L’empathie fait partie de l’ethnorelativisme et s’oppose à l’ethnocentrisme. L’ethnorelativisme est le fait de
concevoir les valeurs, les façons de faire et de penser, les comportements, etc. dans une culture tels qu’ils sont
perçus dans cette culture et non la nôtre.

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VI.2. La compétence en communication interculturelle

Certains auteurs dans le domaine des études interculturelles, ne font pas

de distinction entre les deux termes. C’est ainsi que le terme de

« compétence interculturelle » est parfois utilisé en lieu et place de

« compétence en communication interculturelle ». L’argument qui prévaut

dans ce cas est que les deux termes renvoient à la compétence en

communication dans un contexte interculturel. Cependant d’autres

auteurs, et c’est une tendance aujourd’hui, insistent sur la différence entre

les deux termes, différence qui réside essentiellement au niveau du

contexte culturel et de la compétence linguistique.

De ce point de vue, la compétence interculturelle désigne l’aptitude

d’une personne à communiquer de manière appropriée et efficiente dans

sa langue avec une personne d’un autre pays et d’une autre culture. Ce

serait par exemple le cas dans une interaction en langue fang entre un

fang du Gabon et un fang de la Guinée Equatoriale.

Quant à la compétence en communication interculturelle, elle désigne

l’aptitude d’un individu à communiquer de manière appropriée et

efficiente dans une langue étrangère avec une personne d’un autre pays

et d’une autre culture. Ce serait par exemple le cas dans une interaction

en langue anglaise entre un étudiant gabonais et un touriste américain.

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Il est donc important de retenir que dans le cadre de ce cours, nous nous

intéressons plus à la compétence interculturelle même si, les éléments de

ces deux compétences sont quasiment le mêmes.

VII. Lectures recommandées

Andersen, P.A., M.L. Hecht & M. Smallwood. 2003. Nonverbal


Communication Across Cultures. In W. B. Gudykunst (ed.).
2003. Cross-Cultural and Intercultural Communication: 73-90.
Thousand Oaks: Sage Publications.
Bennet, M.J., 1998. Basic concepts of intercultural communication.
Yarmouth: Intercultural Press.
Bourse, M. & H. Yücel. 2019. La Communication Interculturelle: Mode
d’Emploi. Paris: L’Harmattan.
Collier, M.J. 2003. Understanding Cultural Identities in Intercultural
Communication: a ten steps inventory. In: L.A. Samovar and
R.E. Porter (eds.). 2003. Intercultural communication: A reader,
Tenth Edition. Wadsworth: Thompson: 412-429.
Gudykunst, W.B. 2003. Cross-Cultural and Intercultural Communication.
Thousand Oaks: Sage Publications.
Hall, E.T., 1979. Au-delà de la culture. Paris : Éditions du Seuil.
Hall, E.T., 2014. La dimension cachée. Paris : Points.
Hofstede, G., 1994. Vivre dans un monde multiculturel : comprendre nos
programmations mentales. Les éditions d’organisation.
Jandt, F. E. 2001. Intercultural communication: an introduction (third ed).
Thousand oaks: Sage.
Lustig, M., & J. Koester. 1996. Intercultural competence: interpersonal
communication across cultures, 2nd ed. New York: Harper
Collins.
Marc, E. 2008. Pour une psychologie de la communication. In P. Cabin et
J.F. Dortier. 2008. La communication : Etat des savoirs.
Auxerre : Sciences Humaines Editions : 43-55.

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Morin, E. 2008. L’enjeu humain de la communication. In P. Cabin et J.F.


Dortier. 2008. La communication : Etat des savoirs. Auxerre :
Sciences Humaines Editions : 21-31.
Ruano-Borbalan, J.C., 2002. Valeurs et cultures : Allons- nous devenir
postmodernes ? In N. Journet (dir.). 2002. La culture : de
l’universel au particulier. Paris: Éditions Sciences Humaines :
335-342.
Ting-Toomey, S. 1999. Communicating across cultures. New York,
London: Guilford Press.
Verbunt, G. La société interculturelle. Vivre la diversité humaine. Paris,
Éditions du Seuil
Wierzbicka, A. 1991. Cross-Cultural Pragmatics: The Semantics of Human
Interaction. Berlin, New-York: Mouton de Gruyter.
Winkin, Y. 2008. Vers une anthropologie de la communication. In P. Cabin
et J.F. Dortier. 2008. La communication : Etat des savoirs.
Auxerre : Sciences Humaines Editions : 97-103.
Yaguello, M. 1981. Alice au pays du langage. Paris : Seuil.

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