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COURS_MACROECONOMIE_SI_2021_2022 (2)-1-1

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Université Al Asrya de Nouakchott

Faculté des Sciences Juridiques et Economiques


Département d’Economie

Cours de macroéconomie I

Année universitaire 2021-2022

Professeur : Dr Mohamed Lemine Abdel Hamid


Table des matières
Chapitre I : Introduction à la macroéconomie ...................................................................... 4
I-1 Définitions ........................................................................................................................ 4
I-2 Aperçu historique............................................................................................................ 5
I-3 Concepts de base............................................................................................................ 5
Chapitre II : Description de l’activité économique ............................................................... 9
II.1 Les agents économiques et leurs fonctions ............................................................... 9
II.2 Les opérations économiques ....................................................................................... 9
II.2.1 La production ........................................................................................................... 9
II-2-2 La distribution des revenus ................................................................................. 18
II-2-3 L’utilisation du revenu .......................................................................................... 19
II.3 Le circuit économique ................................................................................................. 20
II.3.1 Circuit économique pour le cas d’une économie fermée sans l’intervention
de l’Etat ............................................................................................................................ 21
II.3.2 Circuit économique pour le cas d’une économie fermée avec l’intervention
de l’Etat ............................................................................................................................ 23
II.3.3 Circuit économique pour le cas d’une économie ouverte................................ 25
Chapitre III : La mesure de l’activité économique .............................................................. 27
III.1 Les agrégats macroéconomiques ............................................................................. 27
III.1.1 La valeur ajoutée .................................................................................................. 27
III.1.2 Le produit intérieur brut (PIB) ............................................................................. 27
III.1.2.1 Définition ............................................................................................................ 27
III.1.2.2 Les approches de calcul du PIB ...................................................................... 27
III.1.2.2.1 L’optique de la production ou de la valeur ajoutée .................................... 27
III.1.2.2.2 L’optique de l’utilisation finale ou de la demande...................................... 28
III.1.2.2.3 L’optique de répartition des revenus ........................................................... 28
III.1.2.3 Le PIB nominal et le PIB réel ............................................................................ 28
III.1.2.4 Les caractéristiques du PIB ............................................................................. 29
III.1.2.5 PIB par habitant ................................................................................................. 30
III.1.3 Le Produit National Brut (PNB) ........................................................................... 30
III.2 Les comptes nationaux .............................................................................................. 31
III.2.1 Le compte de production..................................................................................... 31
III.2.2 Le compte d’exploitation ..................................................................................... 32
III.2.3 Le compte de revenu ............................................................................................ 32
III.2.4 Le compte d’utilisation du revenu ...................................................................... 33
III.2.5 Le compte du capital ............................................................................................ 34

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Macroéconomie I, Dr. Mohamed Lemine Abdel Hamid, 2021-2022
III.2.6 Le compte des relations avec l’extérieur (compte du reste du monde) ........ 34
III.2.7 Le compte financier .............................................................................................. 35
III.2.8 Le compte du patrimoine ..................................................................................... 36
Chapitre IV. Les principales grandeurs économiques ...................................................... 37
IV-1 L’inflation ..................................................................................................................... 37
IV.1.1 Définition ............................................................................................................... 37
IV.1.2 L’inflation et la loi de l’offre et de la demande.................................................. 37
IV.1.3 Les principales causes de l’inflation ................................................................. 38
IV.1.4 La mesure de l’inflation ....................................................................................... 39
IV.2 Le chômage ................................................................................................................. 41
IV.2.1 Définition ............................................................................................................... 41
IV.2.2 L’analyse économique du chômage .................................................................. 41
IV.2.2.1 L’analyse néoclassique du chômage ............................................................. 41
IV.2.2.2 L’analyse Keynésienne du chômage .............................................................. 44
IV.2.3 Les types de chômage ......................................................................................... 45

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Macroéconomie I, Dr. Mohamed Lemine Abdel Hamid, 2021-2022
Chapitre I : Introduction à la macroéconomie

I-1 Définitions

Économie : rassemble les activités humaines tournées vers la production,


l'échange, la distribution et la consommation de biens et services.

Microéconomie : étudie les décisions individuelles des ménages et des


entreprises et leurs interactions dans des marchés.
Macroéconomie : étudie l’économie comme un tout. Elle se préoccupe des
phénomènes qui affectent l’ensemble des ménages et des entreprises. Elle
étudie l’économie dans son ensemble. Son but est d’expliquer comment les
changements économiques affectent tous les consommateurs, toutes les
entreprises et tous les marchés.

Le terme de « macroéconomie » a été inventé par Ragnar Frisch (économiste


Norvégien) en 1933. Il désigne comme objet d'étude les grandeurs et les relations
globales, l'analyse de l'économie considérée comme un tout. La macroéconomie
(production, revenu, consommation, emploi, etc.) se distingue alors à la fois de
la microéconomie, qui étudie le comportement des individus sur les marchés
(comportement du consommateur sur le marché d'un bien, comportement du
producteur sur un marché du travail ou de capitaux), et de la mésoéconomie. Se
situant à un niveau d'analyse intermédiaire entre l'individu et la nation, cette dernière
étudie le comportement des branches d'activité.
Au-delà de l'accord général sur le niveau de l'analyse macroéconomique, des
divergences s'expriment sur la méthode qu'elle requiert. Selon une première
conception, l'opposition entre micro- et macroéconomie serait fallacieuse, car la
microéconomie ne se limite pas à l'analyse de l'équilibre du marché, ou équilibre
partiel, mais a pour ambition d'appréhender l'interdépendance des marchés et de
rendre compte de l'équilibre général, c'est-à-dire de l'équilibre simultané sur tous les
marchés de biens, de travail et de capitaux. La vraie question est alors celle du lien
qui unit ces deux branches de l'analyse économique.
Selon une deuxième conception, la macroéconomie serait une discipline autonome
ayant pour objet le circuit économique et non l'équilibre général. La macroéconomie
intègre d'emblée la monnaie, que la microéconomie exclut ou ne réintroduit qu'après
coup, prend en considération le temps, alors que la microéconomie serait statique,
rend compte du fonctionnement d'une économie concrète, avec ses crises et ses
conflits, alors que la microéconomie ne s'appliquerait qu'à une économie idéale,
constituée d'individus égaux et vivant en parfaite harmonie, ne connaissant les crises
que comme accidents.
La macroéconomie regroupe l’ensemble des analyses et des théories
économiques globales qui s’appliquent à la totalité du système économique.
L’analyse macroéconomique proprement dite s’est formée comme théorie à part
entière sur la base de la théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie
de John Maynard Keynes en 1936.

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Macroéconomie I, Dr. Mohamed Lemine Abdel Hamid, 2021-2022
La démarche de la macroéconomie peut être résumée en quatre étapes :
 La recherche des principaux variables déterminants des
agrégats macroéconomiques.
 L’étude des relations entre les variables : Existe-t-il une relation stable entre la
consommation et le revenu par exemple ?
 L’analyse des causes et des origines des principaux déséquilibres
macroéconomiques : chômage, inflation.
 L’apport des solutions à ces problèmes par la mise en œuvre des politiques
économiques efficaces.

I-2 Aperçu historique

 La crise de 1929 : récession et chômage


Jusqu'à la crise 1929 la théorie dominante était la théorie de l’équilibre de plein
emploi (la théorie classique) :
• Lorsqu’un déséquilibre apparaît sur un marché donné (par exemple le chômage
sur le marché de travail) ses mécanismes sont censés rétablir l’équilibre (à
travers la baisse des salaires).
• Tout déséquilibre éventuel doit se résorber de lui-même par le jeu des prix
flexibles. Le seul type de chômage possible est le chômage volontaire.
La plus grande crise des années trente est venue bouleverser la théorie classique.
Cette dépression fut la plus profonde et la plus longue jamais connu.
Ainsi, aux Etats Unis, le chômage atteint en 1933 plus que ¼ de la population
active. En Allemagne le chômage frappait 40% de la population active en 1932. La
production industrielle mondiale diminue de plus de la moitié entre 1929 et 1932.
Cette situation montre les limites de la théorie classique.
Dans ce contexte Keynes écrivait son livre « La théorie générale de l’emploi, de
l’intérêt et de la monnaie » - Intervention de l’Etat, qui jetait la base de la
macroéconomie.

I-3 Concepts de base

 Les agents économiques


Un agent économique est un acteur indépendant de la vie économique, c'est-à-dire un
centre de décision que l'économiste estime significatif d'isoler pour l'analyse.
1. Les ménages : Chaque individu vivant seul ou chaque groupe d'individus habitant
un même domicile constitue un ménage.

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Macroéconomie I, Dr. Mohamed Lemine Abdel Hamid, 2021-2022
Les ménages ont deux fonctions principales : Du côté de l'offre, ils fournissent des
facteurs de production et du côté de la demande, ils consomment les biens et les
services en vue de satisfaire leurs besoins.
2. Les entreprises : Elles rassemblent les facteurs de production et les utilisent
pour créer des biens ou des services. La fonction principale des entreprises consiste
à produire des biens et des services marchands non financiers.
3. Les administrations : Elles regroupent les administrations publiques centrales
(l’État et les organismes qui lui sont rattachés), les collectivités locales (municipalités),
ainsi que des administrations privées à but non lucratif (syndicats, associations, partis
politiques, organisations non gouvernementales).
4. Les institutions financières : Elles regroupent des institutions telles que les
banques, les assurances, les Institutions de Microfinance. Elles mettent en relation
ceux qui disposent de surplus de ressources monétaires et ceux qui en besoin de
façon à mettre à la disposition de l'économie les dispositions monétaires nécessaires
à son financement.
5. L'extérieur ou le reste du monde : Il regroupe l'ensemble des personnes non
résidentes ayant des relations avec les résidents. Ces relations sont de natures
diverses : commerciales, monétaires ou financières.
Un agent est qualifié de résident s'il exerce son activité depuis au moins un an
sur le territoire national.
 Les opérations économiques
La comptabilité nationale classe et groupe les opérations économiques en fonction de
leur nature économique. Elles distinguent 3 grandes catégories d'opérations :
opérations sur biens et services, opérations de répartition et opérations
financières.
 Les opérations sur biens et services :
o La production : La production est l’activité qui consiste à créer des biens et
des services qui contribuent à satisfaire des besoins
Parmi les produits on distingue les biens qui sont matériels (voiture, tomate) et les
services qui sont immatériels (transport, soins médicaux)

o La consommation : la consommation est un acte de destruction de biens ou


de services. La consommation finale est l’utilisation de biens ou de services à
leur stade final de production en vue de satisfaire directement les besoins des
individus. La consommation intermédiaire est l’utilisation de biens ou services
marchands qui sont détruits dans un processus de production en vue de créer
d’autres biens et services.

 Les opérations de répartition


Les opérations de répartition comprennent l’ensemble des opérations de distribution
ou de redistribution du revenu entre les agents économiques. Ces opérations ne

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Macroéconomie I, Dr. Mohamed Lemine Abdel Hamid, 2021-2022
modifient pas le revenu national ; il s’agit simplement de transferts, d’un agent à un
autre, des revenus préexistants issus de la production, exemple : salaires, impôts, etc.
 Les opérations financières
Les opérations financières portent sur les créances et les dettes des différents agents
économiques. Détenir une créance c’est détenir un droit sur les avoirs d’autres agents
économiques, inversement, une dette est une obligation de livrer à un moment ou un
autre une partie de ses avoirs à d’autres agents économiques, exemple : Paiement,
placement, financement, etc.
 La notion de besoin
Les besoins à satisfaire peuvent être classés en deux catégories fondamentales : les
besoins fondamentaux, de nature principalement physiologique, comme se nourrir, se
vêtir, etc.…, et les besoins qui dépendent de facteurs aussi variés que les usages, les
modes, les styles de vie, etc.
 La notion de bien économique
Les biens susceptibles de satisfaire les besoins sont rarement disponibles à l’état
naturel. Il existe des biens libres/communs (l’air, l’eau), biens privés qui remplissent
deux critères (rivalité et exclusion).
 La notion de la valeur
La valeur d'un bien renvoi à la satisfaction que retire un individu de l'usage de ce bien.
 Le marché
Lieu de rencontre entre l’offre et la demande. Il existe quatre principaux marchés, à
savoir : marché des biens et services, marché du travail, marché des capitaux, marché
des changes.
o Le marché des biens et services
Sur ce marché se déterminent la production nationale, la demande nationale de biens
et services, et le niveau de prix. Les entreprises offrent leur production et les ménages
demandent les biens et services.
o Le marché du travail
Permet de déterminer les salaires, le niveau de l’emploi et le chômage. C’est le plus
important marché des facteurs de production. Les ménages offrent leur force de travail
et les entreprises demandent les travailleurs.

o Le marché des capitaux


Ce marché remplit deux fonctions essentielles. Il permet, en premier lieu, aux agents
ayant des besoins de financement d’obtenir des ressources par l’émission de titres sur
le marché primaire. Il permet en deuxième lieu, aux investisseurs de liquider sur le
marché secondaire les titres qu’ils détiennent. C’est le lieu de mise en œuvre de la
politique monétaire (taux d’intérêt).

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Macroéconomie I, Dr. Mohamed Lemine Abdel Hamid, 2021-2022
Le marché de titres de créance négociables permet aux agents économiques résident
et non-résidents (administrations, établissements de crédit, autres institutions
financières, entreprises, etc.) de placer ou d’emprunter des fonds pour des durées
allant d’un jour à cinq ans. Les titres de créance négociables sont les bons du trésor,
les certificats de dépôts, les billets de trésoreries et les bons à moyen terme
négociables.

o Le marché des changes


Le marché des changes est réservé aux institutions financières, pour l’essentiel des
banques, des investisseurs institutionnels et des institutions financières non bancaires.
La clientèle privée n’intervenant pas directement sur le marché des changes, elle
achète et vend des devises par l’intermédiaire des banques.
Les banques centrales interviennent de manière irrégulière sur le marché des
changes:
- Elles exécutent les ordres de leur clientèle : administrations nationales,
banques centrales étrangères, organismes internationaux ;
- Elles cherchent à influencer l’évolution du taux de change, pour des raisons
de politique économique interne, d’une part, pour faire respecter certains
engagements internationaux, d’autre part.
 Le facteur capital
Signifie l’ensemble des biens d’équipement et des biens intermédiaires existant dans
une économie donnée à un moment donné.
 Capital fixe
L’ensemble des biens d’équipement qui, par définition, servent de façon durable à la
production (bâtiments, machines, etc.).
 Capital circulant
Se réfère, au sens large, aux biens intermédiaires, c’est-à-dire à un ensemble
hétérogène de biens comme les matières premières, l’énergie nécessaire à l’activité
productive, les produits semi-finis qui doivent encore faire l’objet d’une transformation
avant d’être disponibles pour les utilisateurs finaux et les produits finaux en stock.

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Macroéconomie I, Dr. Mohamed Lemine Abdel Hamid, 2021-2022
Chapitre II : Description de l’activité économique

II.1 Les agents économiques et leurs fonctions

La définition des agents économiques a été donnée dans le chapitre précèdent. Nous
récapitulons ci-dessous les agents et leurs rôles au niveau de l’économie :
1. Ménages : Consommation / Travail
2. Entreprises : Production des biens et services
3. Institutions Financières : Financement de l’activité
4. Administrations publiques (Etat) : Régulateur, fournisseur des biens et
services publics (santé, éducation, infrastructures, etc.) et perçoit les impôts. Il
est à noter que les institutions privées à but non lucratif sont assimilées aux
administrations publiques (ONG, société civile, etc.)
5. Reste du monde : Ensemble des agents ne résidant pas sur le territoire
national et possédant des relations en effectuant des opérations avec les
résidents nationaux : relations commerciales, monétaires ou financières.

II.2 Les opérations économiques

II.2.1 La production

La production est l’activité qui consiste à créer des biens et des services qui
contribuent à satisfaire les besoins des agents économiques.
La fonction de production est une fonction bi-factorielle :
Y = F (K, L), avec :
K est le capital ;
L est le travail
a) Le facteur capital
Le capital est composé de deux éléments : le capital fixe et le capital circulant.
o Le stock de capital fixe
Le stock du capital fixe ou formation brute du capital fixe (FBCF) est l’acquisition de
biens durables utilisés pendant au moins un an pour produire d’autres biens et
services. Concrètement, la FBCF comprend essentiellement des achats de biens
d’équipement ou de bâtiments par les entreprises.
La formation brute du capital fixe (FBCF) est appelée également Investissement Brut,
par opposition à la formation nette du capital fixe (FNCF) qui n’intègre pas
l’amortissement (A), soit : FBCF (ou Ib) = FNCF (ou In) + A

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Macroéconomie I, Dr. Mohamed Lemine Abdel Hamid, 2021-2022
Ib : Investissement Brut, In : Investissement Net
Le stock total du capital (STK) est l’addition du stock du capital fixe (SKF) et du
stock du capital circulant (SKC), soit :
STK= SKF+SKC
STK : Stock total du capital
SKF : Stock du capital fixe
SKC : Stock du capital circulant

I = FBCF + dS

dS : variation du stock = St – St-1


En connaissant le stock de capital K, le nombre de personne employées L et le niveau
de la production Y, plusieurs ratios caractéristiques de la structure d’une économie
peuvent être mis en évidence.
o Le coefficient moyen de capital
Le coefficient moyen de capital, noté « v », est le rapport du stock de capital (K) sur la
production réalisée (Y), soit : v = K/Y.
Le rapport inverse, noté « p », mesure la productivité moyenne du capital : p = 1/v =
Y/K.
Une hausse de v (et donc une baisse de p) peut provenir d’une hausse plus rapide de
K que de Y, témoignant ainsi d’un surinvestissement qui produira plus tard ses fruits
en terme de productivité du capital.
Elle peut également résulter d’une baisse de Y et par conséquent d’une récession, à
stock de capital inchangé mais à réduction de son taux d’utilisation.
o La loi de Kaldor
Au XXème siècle, l’économiste postkeynésien d’origine britannique Nicholas Kaldor
développe la théorie économique du carré magique et son propre modèle de
croissance. Selon sa théorie : « Au cours du processus de développement, le
coefficient de capital commence par s’accroître puis, au-delà d’un certain seuil, entame
une décroissance pour se stabiliser ensuite. ».
En mesurant le niveau de développement par la production par tête (rapport de la
production totale), le rapport v épouse la forme indiquée par le graphique ci-dessous.
Dans les pays pauvres (partie gauche du graphique), l’apparition de machines,
d’équipements et d’infrastructures fait monter le rapport, car cette accumulation de
capital a pour objet de favoriser à terme la production. La construction d’une route ou
d’une voie ferrée fait mécaniquement s’accroître le numérateur, mais n’exerce que des
effets mineurs sur le dénominateur. C’est n’est qu’avec la construction ultérieure
d’usines, d’unités de production que ces équipements jouent leur rôle d’externalités
positives, c’est-à-dire d’accompagnement de la croissance.

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Macroéconomie I, Dr. Mohamed Lemine Abdel Hamid, 2021-2022
Si le rapport se stabilise ensuite (partie droite du graphique), c’est en raison d’un effet
dimension. Un pays ayant une production par tête élevée qui procède à un
investissement, soit-il des plus modernes et des plus performants n’enregistre pas une
variation significative de v, car les niveaux atteints par K et par Y neutralisent l’influence
de tout investissement nouveau.

V=K/Y

Loi de Kaldor

Production par tête

o L’intensité capitalistique
L’intensité capitalistique est mesurée par le rapport de K sur L : k = K/L. Ce rapport
sert pour les comparaisons internationales d’une part, intersectorielles d’autre part. En
effet, deux économies peuvent avoir des productions identiques, mais élaborées dans
des conditions différentes. Si l’une utilise beaucoup de technologie et l’autre de travail,
la valeur de k dans la première économie, frottement mécanisée, excède la valeur de
k dans la seconde, peu mécanisée.
o Le coefficient marginal du capital
Le coefficient marginal du capital mesure le degré d’efficacité de l’utilisation du
capital : v’ = dK/dY
La productivité marginale du capital : p’ = dY/dK
La productivité marginale du travail : y’ = dY/dL
Si v’ > v ; dK/dY > K/Y et dK/K > dY/Y ; donc le taux de croissance du stock de
capital est supérieur à celui de la production (cas des pays pauvres).
Si v’ = v ; dK/dY = K/Y et dK/K = dY/Y ; Le stock de capital croit au même rythme
que la production (situation médiane).

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Si v’ < v ; dK/dY < K/Y et dK/K < dY/Y ; Le stock de capital s’accroît moins rapidement
que la production. Cela veut dire que les nouveaux investissements sont plus
productifs (cas des pays développés).
b) Le facteur travail
Le facteur travail désigne l'ensemble des heures de travail effectuées par les
personnes qui travaillent dans les entreprises. Il faut donc multiplier le nombre de
travailleurs par le nombre d'heures réalisées. Les principaux facteurs affectant le
travail sont :
 Population active
L’activité économique n’existe que par l’homme et pour l’homme. C’est lui qui choisit,
qui fabrique, qui met à parfait ses compétences, sa culture pour transformer les
ressources en biens et services nécessaires à la satisfaction des besoins. S’il importe
de connaître la population totale d’une économie, ensemble des individus vivant dans
un espace géographique bien déterminé, c’est la population active qui intéresse
davantage l’économiste.
La population active est la partie de la population qui participe dans l’activité de
production. Elle constitue l’offre globale de travail dans une économie et donc
son potentiel maximal de travailleurs.
Deux sources statistiques essentielles permettant de mesurer la population active ; les
recensements et les enquêtes emplois.
Cette population active varie dans le temps, sous l’effet de phénomènes
démographiques, sociaux, culturels ou réglementaires, la politique d’émigration ou
d’immigration, etc. Chacun de ces facteurs influence la taille de la population active et,
par voie de conséquence, le taux d’activité défini comme le rapport de la population
active sur la population totale.
 Les chômeurs
La population au chômage au sens du Bureau International du Travail (BIT) désigne
toutes les personnes qui, au cours de la période de référence- la semaine de l’enquête
emploi- sont « sans travail », c’est-à-dire dépourvues d’un emploi salarié ou non
salarié, « disponible pour travailler », c’est-à-dire aptes à occuper un emploi si une
opportunité se présente et « à la recherche d’un travail », c’est-à-dire qui ont manifesté
concrètement par leurs actes leur intention de trouver un emploi. Cette population de
chômeurs au sens du BIT est celle utilisée officiellement pour les comparaisons
internationales.
 Le cycle vital
La théorie du cycle de vie est une théorie développée par Franco Modigliani,
économiste américain, pour expliquer comment un agent économique choisit son
niveau de consommation et son niveau d'épargne au cours de sa vie.
L'âge détermine à la fois les revenus de l'individu et son patrimoine. L'enfant est un
important prescripteur qui achète par parents interposés. L'adolescent a des besoins

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Macroéconomie I, Dr. Mohamed Lemine Abdel Hamid, 2021-2022
spécifiques et se montre influençable par les modes et les marques. Au début de sa
vie d'adulte, l'individu a des revenus faibles, inférieurs à sa fonction de consommation,
ce qui implique qu'il doit désépargner. Lors de sa vie active, l'individu peut rembourser
ses dettes et constituer une épargne qui servira à financer la consommation de la
période de vieillesse.
Longtemps on a cru que le troisième âge (retraite) constituait une clientèle peu
accessible à la nouveauté et peu solvable face au marché. On constate maintenant
qu'il s'agit de consommateurs disposant d'un pouvoir d'achat élevé, et dont la grande
disponibilité fait qu'ils ont une grande variété de besoins spécifiques à satisfaire. La
conséquence de cette théorie au niveau macroéconomique est de lisser les
consommations au long de la vie, et de fournir une explication théorique à la stabilité
de la propension moyenne à consommer sur le long terme, ce qui était une faille
importante de la théorie keynésienne. Cette théorie a valu le Prix Nobel à son auteur
en 1985.
 Le plein emploi
Le plein emploi : signifie l’utilisation maximale des facteurs de production
disponible dans une économie. Il désigne la situation où le chômage a pour seule
origine des phénomènes frictionnels. Le taux de chômage correspondant, parfois
qualifié de naturel ou incompressible, a été défini par Friedman comme suit : « A
chaque moment du temps, il existe un niveau de chômage qui a la propriété d’être
compatible avec l’équilibre ». Ainsi, le fonctionnement du marché du travail génère,
par nature, un volant de chômage incompressible que Beveridge (1942) avait fixé à
environ 3 % de la population. L’organisation Internationale du Travail (OIT), considère
la situation de plein emploi lorsque le taux de chômage est inférieur à 5%.

Population totale (PT) = population active (PA) +population inactive (PI)


Taux d’activité = population active (PA) / population totale (PT)
Population active (PA) = personne ayant un emploi (E)+ chômeur (U)
Taux de chômage = Nombre de chômeurs (U) /population active (PA)

c) La fonction de production macroéconomique


La fonction de production exprime la relation qui existe entre la valeur du produit
obtenu (Y) et celle des moyens mis en œuvre, réduits généralement au capital (K) et
au travail (L), soit : Y = F (K, L)
 La fonction de Cobb-Douglas
La fonction de Cobb-Douglas est une fonction largement utilisée en économie pour
représenter le lien qui existe entre intrant et extrant. Cette fonction a été proposée et
testée économétriquement par l'économiste américain Paul Douglas et le
mathématicien américain Charles Cobb en 1928.

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Macroéconomie I, Dr. Mohamed Lemine Abdel Hamid, 2021-2022
La fonction de production macroéconomique Cobb-Douglas s’écrit :

Y = c K αL β

 Y correspond au niveau de production


 K à celui du capital
 L à celui du travail
 c, α et β sont des constantes déterminées par la technologie.

Dans le cadre du modèle de la concurrence pure et parfaite, les coefficients α et β


correspondent à la répartition des revenus entre le travail et le capital. Or les preuves
statistiques de la cohérence de ce modèle, effectuées par Cobb et Douglas, ont aussi
montré que la clé de répartition des revenus entre le travail et le capital est constante
au cours du temps dans les pays développés. Cependant, cette constance, clairement
établie à l'époque, est aujourd'hui remise en cause.

En modélisation économique, on utilise fréquemment la fonction particulière suivante :

Y = c. K α L 1- α
Dans ce cas particulier (où la somme des coefficients est égale à 1), les rendements
d'échelle sont constants (mathématiquement, la fonction est homogène de degré 1),
ce qui signifie que si le niveau des intrants augmente d'un certain pourcentage, celui
des extrants le sera d'autant.

 Les rendements d’échelle


En économie, les rendements décroissants (également appelés rendement marginaux
décroissants) correspondent à la diminution de la production marginale d’un processus
de production lorsque la quantité d’un seul facteur de production augmente, tandis que
les quantités de tous les autres facteurs de production restent constantes. La loi des
rendements décroissants stipule que, dans tous les processus de production, ajouter
plus d’un facteur de production tout en maintenant tous les autres constants produira
à un moment donné des rendements par unité inférieurs. Par exemple, l’utilisation
d’engrais améliore la production agricole dans les fermes, mais à un moment donné,
l’addition d’engrais améliore moins le rendement par unité d’engrais, et des quantités
excessives peuvent même réduire le rendement. Un exemple courant consiste à
ajouter plus de travailleurs à un travail, comme assembler une voiture dans un
atelier. À un moment donné, l’ajout de plus de travailleurs provoque des problèmes
tels que des travailleurs se gênant mutuellement ou se trouvant souvent en attente
d’un accès à une pièce. Dans tous ces processus, la production d’une unité de
production supplémentaire coûtera de plus en plus cher, du fait que les entrées sont
de moins en moins utilisés.
Remarque : En considérant la fonction de production Y= F(L,K). En multipliant par 
le capital et le travail, nous obtenons : F( L, K) = m F(L, K). Si m  1, dans cette
situation, la fonction est homogène de degré 1 et les rendements sont constants. Si
m>1, les rendements sont croissants et si m< 1 les rendements sont décroissants.

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Macroéconomie I, Dr. Mohamed Lemine Abdel Hamid, 2021-2022
 Caractéristiques du processus de production
Sur base de l'hypothèse précédente (fonction homogène au premier ordre), on peut
mettre en évidence quelques caractéristiques du processus de production en ayant
recours aux propriétés mathématiques.

o Les élasticités
En ayant recours aux élasticités de la production par rapport à chacun des facteurs (le
travail L et le capital K) on constate que ces élasticités valent les exposants de ces
facteurs dans la fonction.
Les élasticités mesurent la sensibilité de réaction de la production à des modifications
initiales de ces facteurs. Ce qui nous donne :

o Les productivités marginales


Les productivités marginales de chacun des facteurs sont fonction des proportions des
quantités utilisées de deux facteurs. La productivité marginale de chaque facteur
dépend donc du rapport de son utilisation avec l'autre.

La productivité marginale du capital :

La productivité marginale du travail :

De plus, lorsqu'on augmente l'utilisation d'un facteur, la productivité marginale de ce


dernier diminue, et la productivité marginale de l'autre croît.

Pour démontrer ceci, il suffit de dériver la fonction de production par rapport aux deux
variables :

avec .

o Les productivités moyennes


Tout comme les productivités marginales, les productivités moyennes de chacun des
facteurs sont fonction des proportions des quantités utilisées de deux facteurs.
La productivité moyenne de chaque facteur dépend donc du rapport de son utilisation
avec l'autre.

15
Macroéconomie I, Dr. Mohamed Lemine Abdel Hamid, 2021-2022
 La fonction de production de courte période
En courte période, la fonction de production Y  F(K, L) devient Y  F (K0, L) pour un
stock de capital fixe K0. Dans ce cadre, qui est celui de l’analyse keynésienne, la
fonction de production est mono-factorielle, elle ne dépend que du travail. La loi des
rendements de facteur non proportionnels s’applique. Donc à équipements fixés,
l’augmentation du nombre de travailleurs se traduit dans un premier temps par une
meilleure allocation du travail qui génère une productivité marginale croissante à taux
croissant. Puis au fur et à mesure que l’emploi augmente, la productivité marginale
s’accroît, mais de façon moins que proportionnelle jusqu’à un point seuil au-delà
duquel l’adjonction d’une personne supplémentaire n’exerce que des effets négatifs
sur la production, la productivité marginale devient négative.
d) Le tissu productif
Le système productif représente, au sens large, l'ensemble des activités productives
(qui produisent de la richesse) fonctionnant en système (en interdépendance) à vaste
échelle.
Un système productif peut-être aussi, au sens strict, l’intégration de
différents acteurs autour d’une filière ou de plusieurs filières ayant des liens entre elles
(par exemple systèmes numériques, armement, aérospatiale et aéronautique, ou bien
agriculture, alimentation, pharmacie et cosmétique).

Le système productif se définit comme « l’ensemble des facteurs et des acteurs


concourant à la production, à la circulation et à la consommation de richesses ». Le
concept, élaboré dans les années 1980, s’inscrit dans une démarche systémique qui
associe les caractéristiques d’un modèle productif, d’un modèle spatial et d’un
modèle social : les trois dimensions ne peuvent être dissociées en raison des étroites
interrelations entre les variables et de leur interdépendance mutuelle.

Le tissu productif est donc constitué d’entreprises diverses, situées à des étapes
différentes du processus de production, de l’amont (proximité des matières premières)
à l’aval (proximité des consommateurs et des investisseurs).
A titre d’exemple, l’entreprise A qui appartient au secteur des industries extractives,
vend sa production à l’entreprise B qui transforme les matières premières et qui vend
à son tour sa production à l’entreprise C qui élabore des produits semi-finis vendus à
l’entreprise D qui y apporte des modifications techniques. Les entreprises E et F,
situées en aval, achètent à titre intermédiaire la production de D et vendent
respectivement les biens qu’elles produisent à des consommateurs. Si l’on regroupe
les firmes par branches d’activité, on peut construire une matrice inputs-outputs faisant
apparaître l’ensemble des relations interindustrielles. Il suffit de supposer que chaque
branche d’activité élabore un produit spécifique, de telle sorte qu’il y ait adéquation
entre branches et produit. De même, la branche agriculture fabrique des produits
agricoles, la branche sidérurgie fabrique des produits sidérurgiques, etc.
Si l’économie se compose de n branches (j= 1, 2, 3….) et n produits (i=1,2, 3….), les
éléments xij de la matrice décrivent les achats de consommations intermédiaires de la
branche j (et donc les ventes à titre intermédiaire de la branche i à la branche j). La

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Macroéconomie I, Dr. Mohamed Lemine Abdel Hamid, 2021-2022
sommation en colonne, notée Zj exprime l’ensemble des consommations
intermédiaires de chacune des branches et la sommation en ligne, notée Ui,
l’ensemble des ventes intermédiaires. Par définition, ce qui est acheté Zi est égal à
ce qui est vendu Ui.
 Le tableau Inputs-Outputs
L’analyse entrée-sortie (ou intrant-extrant) est connue internationalement sous le nom
d’analyse input-output. Le modèle a été développé en 1941 par Wassily Leontief,
économiste américano-soviétique, lauréat du prix Nobel d'économie en 1973. Son
modèle d'input-output tient explicitement compte de l'interdépendance générale de
tous les secteurs économiques. En prenant des hypothèses assez fortes, Leontief a
pu obtenir un modèle qui relie les productions intermédiaires et finales des différents
biens.
Une industrie utilise souvent des inputs qui sont produits par d'autres industries. À son
tour, la production de cette industrie peut servir d'input à d'autres branches
économiques.
Le tableau inputs-outputs se présente alors comme suit :

Produits Branche1 2 3 …. ….. N U

Branche1 x11 x12 x13 ….. …… x1n U1

2 x21 x22 x23 ……. ……. X2n U2

3 X31 X32 X33 ……. ……. X3n U3

….. …….. …….. …….. ………. …….. ……… ……..


…….. …….. …….. …….. …….. ……..
…… ……..

N xn1 xn2 xn3 …….. ……… Xnn Un

Z Z1 Z2 Z3 ……… ………. Zn

VA VA1 VA2 VA3 ………. ……… VAn

X X1 X2 X3 ……. …….. Xn

Nous prenons un exemple très simple pour illustrer comment on construit le tableau
d'input-output. Ainsi, on considère une économie composée de deux branches
économiques : l'agriculture et l'industrie. Le secteur agricole produit 100 millions de
boisseaux de blé dont 25 pour lui-même, 20 pour le secteur industriel et 55 pour la
consommation des ménages. Le secteur industriel produit 50 millions de mètres carrés
de drap dont 6 pour lui-même, 14 pour le secteur agricole et 30 pour la consommation
des ménages. Ces différentes valeurs peuvent être mises sous forme de tableau,
appelé tableau input-output :

Branches Agriculture Industries Consommation Total


finale

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Macroéconomie I, Dr. Mohamed Lemine Abdel Hamid, 2021-2022
Agriculture 25 20 55 100

Industrie 14 6 30 50

Total 39 26 85 150

Les lignes du tableau indiquent la répartition de la production entre les différents


secteurs et les colonnes donnent les inputs des secteurs.
 Les coefficients techniques de production
L’analyse de la structure productive peut être approfondie en examinant les liaisons
techniques qui unissent les branches d’activité. Ainsi, On définit un coefficient
technique de production, noté aij, comme les achats en produits i que doit
nécessairement effectuer la branche j pour obtenir sa production totale Xj, soit :
aij = Xij/ Xj
La valeur du coefficient technique aij mesure le degré de dépendance entre la branche
j (qui achète) et la branche i (qui vend).
Une branche est qualifiée de motrice lorsque son coefficient technique global est
élevé. Tel est le cas des branches situées en aval du processus de production qui, par
nature, sont très dépendantes des autres pour leur approvisionnement en
consommations intermédiaires. Une branche d’amont, qui vend la quasi-totalité de sa
production à titre intermédiaire, est plus autonome ; elle n’a pas besoin, pour
fonctionner, de recouvrir aux autres branches, elle est peu motrice.
En étudiant la matrice des coefficients techniques d’une économie, on peut ainsi
classer les branches en fonction de leur degré de motricité.
o Une relance de l’activité économique est envisagée par l’Etat, son choix doit se
porter sur une branche motrice, c’est-à-dire sur une branche d’aval.
o Relancer les industries extractives ne sert rigoureusement à rien si les autres
branches n’ont pas l’intention d’acheter de matières premières.
o Par contre, la relance du bâtiment et des travaux publics est plus efficaces- on
connaît le vieil adage « quand le bâtiment va, tout va », car cette branche a besoin,
pour fonctionner, de faire appel aux autres. Une hausse de son activité, par
contaminations successives, entraîne la relance des autres branches de
l’économie.

II-2-2 La distribution des revenus

En contrepartie de l’effort accompli au cours du processus productif, des revenus sont


versés pour rémunérer les facteurs de production qui y ont contribué. Ces revenus,
qualifiés de primaires, sont directement liés à l’activité de production. Comme le
soulignait J-.B.Say (1803) : « la production est créatrice de revenus ». Ces revenus
primaires sont par conséquent la contrepartie directe de la production. Ils lui sont
intimement liés et leur affectation entre travail et capital obéit à des règles précises. Si
comme toujours le cas, cette distribution est considérée comme inéquitable,
l’intervention de l’Etat apparaît nécessaire pour procéder à une distribution secondaire

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Macroéconomie I, Dr. Mohamed Lemine Abdel Hamid, 2021-2022
ou redistribution en fonction des critères qui peuvent varier d’une école de pensée à
l’autre. Pour assumer cette mission, l’Etat effectue des prélèvements qui peuvent
intervenir directement au niveau de la production ou indirectement via un système de
taxation des revenus primaires. Ces revenus collectés viennent ensuite répondre aux
objectifs de répartition par le biais du versement de prestations sociales et plus
généralement de revenus de redistribution.
 La répartition fonctionnelle des revenus
La répartition fonctionnelle du revenu correspond aux montants de revenu versés à
divers individus ou ménages. Un même individu peut recevoir un revenu provenant de
plus d’un facteur de production ou d’une source. Un individu peut obtenir un revenu en
offrant son travail, en louant ses biens (terrain ou bâtiment) et en détenant des actions
de sociétés ou des obligations d’État.
La relation macroéconomique entre production et répartition primaire s’apprécie à
partir d’une fonction de profit. En désignant par L le travail, par K le capital, par w le
taux de salaire (rémunération du travail) et par r le taux d’intérêt (rémunération du
capital), le profit macroéconomique  est donné par :   F(L, K)  rK  wL. Le profit
est maximum quand ses dérivées partielles premières sont nulles et secondes
négatives.
d/dL = F’L (k, L) – w = 0 et d/dk = F’K (k, L) – r = 0 ;
avec :
d2/dL2 < 0 et d2/dK2 < 0
Les facteurs de production sont rémunérés à leur cout marginal :
W (taux de salaire) = dY/dL et r (taux de profit) = dY/dK
Ce qui implique que les facteurs sont rémunérés à leur productivité marginale. Si la
fonction de production macroéconomique est homogène de degré 1, on a la liaison
suivante :

Y = F(L, K) = LF’L + K F’k(L, K) d'où : Y = wL + rK

En substituant les prix des facteurs aux productivités marginales, on constate que la
rémunération totale des facteurs absorbe l’intégralité de la production créée. Une fois
le travail w.L et le capital r.K rémunérés, la production est totalement épuisée. On parle
de règle d’épuisement des facteurs. La somme de la masse salariale W=w.L et de la
masse des revenus du capital R=r.K correspond exactement à la production, d’où la
relation : Y=R+W.

II-2-3 L’utilisation du revenu

Les revenus ainsi distribués sont ensuite utilisés par les agents pour financer leur
consommation et l’excédent est destiné à l’épargne. La consommation est avant
tout l’acte par lequel les agents économiques détruisent les biens qu’ils ont
contribué à produire.

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Macroéconomie I, Dr. Mohamed Lemine Abdel Hamid, 2021-2022
La consommation est un indicateur important de l’activité économique d’une
nation. Si nous rapportons la consommation à la population totale, on obtient le
niveau de vie. Cet indicateur mesurable sert à apprécier les écarts entre pays.

Niveau de vie= Valeur monétaire de consommation / Population totale

 La lois d’Engel
Il s’agit d’une loi empirique avancée en 1857 par le statisticien allemand Ernst
Engel (1821- 1896). D'après cette loi, la part du revenu allouée
aux dépenses alimentaires (ou coefficient d'Engel) est d'autant plus faible que le
revenu est élevé. Même si la proportion d'une catégorie de biens est réputée
décroissante dans un budget de consommation donné, cela n'empêche pas que si
le revenu augmente, la dépense allouée à l'alimentation, exprimée en valeur
absolue, augmente, celle des dépenses d’habillement et de logement reste stable
et celle des autres dépenses – santé, transports, loisirs s’accroît.

L’élasticité –revenu de la consommation er/c est le rapport du taux de variation de


la consommation au taux de variation du revenu ;

er/c = dC/C
dR/R
o Pour les biens alimentaires : er/c < 1 c.-à-d. dC/C < dR/R ; Lorsque le
revenu s’accroît, les dépenses correspondantes s’accroissent moins
rapidement. Ces biens sont qualifiées de biens inferieurs
o Pour l’habillement et le logement : er/c = 1 c.-à-d. dC/C = dR/R ; Ces
dépenses progressent au même rythme que le revenu. Ces biens sont
qualifiées de biens normaux
o Pour les autres biens de consommation : er/c > 1 c.-à-d. dC/C > dR/R ; Ces
dépenses s’accroissent plus vite que le revenu. Ces biens sont qualifiées
de biens supérieurs
o Il existe une catégorie des biens dits de Gifen qualifiées de biens très
inférieurs, pour lesquels la consommation décroît et même disparaît avec
l’augmentation du revenu.
La loi d’Engel est appliquée en cas d’accroissement du revenu. Dans le cas
contraire (diminution du revenu) on parle de l’effet de cliquet qui stipule que la
consommation ne se réduit pas dans les mêmes proportions que le revenu en
raison notamment des habitudes de consommation.

II.3 Le circuit économique

Le circuit économique est un modèle réel qui traduit les relations entre les agents
économiques effectuant des opérations sur les différents marchés. Il s’agit d’un
modèle visuel qui reflète les flux réalisés entre les agents économiques. Il existe
deux types de flux. Les flux réels sont relatifs aux flux des biens et des services,
au travail offert ou au capital acquis. Ces flux sont représentés par un trait continu
(dans les graphiques ci-dessous). Les flux monétaires traduisent les flux des

20
Macroéconomie I, Dr. Mohamed Lemine Abdel Hamid, 2021-2022
rémunérations ou des sommes d’argent versées en contrepartie d’un travail offert
ou de l’acquisition d’un bien ou d’un service.

II.3.1 Circuit économique pour le cas d’une économie fermée sans l’intervention
de l’Etat

Il s’agit d’une relation simplifiée illustrant les transactions effectuées entre les
entreprises et les ménages. Deux flux distingués :

- Les flux réels des biens et des services montrent que les produits circulent
en allant des entreprises (producteurs) vers les ménages (consommateurs)
afin que ces derniers satisfassent leurs besoins. De même, les ménages
représentent les facteurs de production dont les entreprises ont besoin pour
assurer leurs activités. Les flux réels des facteurs de production (travail)
partent des ménages pour aller vers les entreprises.
- Les flux monétaires montrent la monnaie échangée en contrepartie d’un
bien acheté ou d’un travail fourni. En échangeant les biens et les services,
les ménages payent de l’argent. Ces sommes d’argent représentent les
recettes fournies par les ménages aux entreprises. Ces dernières
constituent aussi des sources de revenus pour les ménages qui fournissent
les facteurs de production.

Dans ce cas deux cas peuvent se présenter. Prenons le premier cas où les ménages
consomment la totalité de leur revenu. Le circuit économique met en valeur la
production et le revenu. On note que la consommation des ménages est égale à la
production des entreprises (C = Y).

Pour le revenu, les recettes réalisées par les entreprises sont égales aux revenus
reçus par les ménages :

Pour les entreprises, le revenu tiré en vendant la production (Y) offerte sur les
marchés sera orienté vers le paiement des salaires des ménages, le règlement des
intérêts des emprunts et les charges fixes liées à la production. La valeur de la
production (vendue) permet donc la rémunération des facteurs de production.

Dans une économie fermée le revenu national et le produit intérieur sont


identiques. Les revenus réels ne sont réalisés qu’à travers l’activité de production.
De même, le revenu national réalisé peut être distribué suivant des opérations de
21
Macroéconomie I, Dr. Mohamed Lemine Abdel Hamid, 2021-2022
répartitions et peut aussi subir des opérations financières. Le diagramme des flux
s’illustre comme suit :

Salaires versés
Marché du travail

Entreprises
Ménages

Biens et services offerts Biens et services vendus

Marché des biens et services

Flux physique
Flux monétaire
Dans ce cas, les ménages n’épargnent pas une partie de leur revenu. Tout le revenu
réalisé est consacré à la consommation. Il s’agit donc d’une économie composée de
deux agents (ménages et entreprises) et deux marchés (marché des biens et services
et marché du travail).

Si nous prenons l’autre cas où les ménages consacrent une partie de leur revenu à
l’épargne. La part épargnée par les ménages peut être consacrée au placement dans
une banque. Aussi, avec le montant à épargner, les ménages peuvent acheter des
titres sur le marché financier. Nous supposons que les investissements effectués par
les entreprises seront financés par la part de l’épargne des ménages. Dans ce cas le
circuit économique peut être illustré comme suit :

22
Macroéconomie I, Dr. Mohamed Lemine Abdel Hamid, 2021-2022
Marché du travail

Achat des valeurs mobilières Epargne


Marché des capitaux
Entreprises
Ménages

Intérêts et dividendes

Marché des biens et services

Flux physique
Flux monétaire

Dans ce cas, la production sera consacrée à la consommation et à l’investissement :


Y = C + I. Cette illustration est relative à l’optique de production.

Le revenu (noté Y) de sa part sera consacrée à la consommation et à l’épargne (notée


S). Cette illustration est relative à l’optique de revenu : Y = C + S.

A travers les deux illustrations, nous pouvons écrire : Y = C + I = C + S, ce qui permet


de déduire que I = S : l’investissement est relatif à l’épargne des ménages. Il s’agit
donc d’une épargne privée.

II.3.2 Circuit économique pour le cas d’une économie fermée avec l’intervention
de l’Etat

L’intervention de l’Etat dans l’activité économique s’effectue suivant deux dimensions


exprimées par deux variables : les impôts et les taxes collectés par l’Etat et les
dépenses des administrations publiques (voir la figure ci-dessous). L’Etat enlève une
partie du revenu des ménages sous forme de taxes et d’impôts notée T. De même,
l’Etat effectue des transferts aux ménages d’un montant noté Tr. Le montant net des
prélèvements effectués par l’Etat est noté : T-Tr. Ce montant sera déduit du revenu
des ménages.

23
Macroéconomie I, Dr. Mohamed Lemine Abdel Hamid, 2021-2022
L’Etat de sa part effectue des dépenses publiques relatives à des achats des biens et
des services. L’Etat de même effectue des activités d’investissement et accorde aux
ménages des indemnités sans recevoir une contrepartie. On parle par exemple des
indemnités de chômage. On note les dépenses publiques par G.

Dans ce cas, la production notée Y permet de satisfaire, la demande de


consommation (C), d’investissement (I) et celle publique (G). Les ménages et l’Etat
reçoivent un revenu. Une partie du revenu des ménages sera consacré à des
dépenses de consommation et l’autre partie sera consacrée à l’épargne. Le revenu
réalisé par l’Etat est constitué par les taxes et les impôts collectés (T) déduits du
montant des transferts versés par l’Etat (Tr). On peut donc noter :

Y = C + I + G = C + S + (T – Tr), on note que l’épargne (S) = l’Investissement (I).


Donc : I = Y – C – G

Si on ajoute à cette expression les variables suivantes :

I = Y – C – G + (T – Tr) – (T-Tr)

On peut écrire :

I = Y – C – G + T – Tr– T + Tr

On aura donc :

I = (Y – C – T + Tr) + (T – Tr – G)

Epargne privée + Epargne publique


Dans ce cas, Y – C – G est relative à l’épargne intérieure.

Il en résulte que l’activité d’investissement est financée par l’épargne nationale qui est
formée par deux composantes essentielles : l’épargne privée et l’épargne publique.
Le diagramme des flux économiques dans le cas d’une économie fermée avec
intervention de l’Etat peut s’illustrer comme suit :

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Macroéconomie I, Dr. Mohamed Lemine Abdel Hamid, 2021-2022
Marché du travail

Marché des capitaux


Entreprises
Ménages

Marché des biens et services

Impôts directs et cotisations sociales


Impôts indirects
Etat

Transferts et prestations sociales


Flux physique
Flux monétaire

II.3.3 Circuit économique pour le cas d’une économie ouverte

Dans le cas où l’économie nationale est ouverte à l’extérieur, on doit prendre en


considération les flux des exportations et des importations. On peut donc noter :

Y+M=C+I+G+X

Donc Y = C + I + G + (X – M)

Le solde de la balance commerciale est représenté par l’expression (X – M). Ce solde


est noté par l’expression SBC. Chaque pays dispose de ressources notées par la
somme Y + M et d’emplois, qu’on peut donc définir par la somme : C + I + G + X.
Notons que la comptabilité nationale se base sur l’égalité entre les ressources
et les Emplois.

25
Macroéconomie I, Dr. Mohamed Lemine Abdel Hamid, 2021-2022
En cas de l’ouverture d’une économie à l’échelle internationale, on peut avoir une
inégalité entre le produit intérieur et le revenu disponible.

Cette inégalité peut être expliquée par la partie du revenu versée vers l’extérieur (sous
formes de salaires pour les immigrés et pour les entreprises internationales
étrangères afin d’assurer la répartition du profit vers les pays d’origine, et d’aides sous
forme de montants versés vers les organisations internationales étrangères).

En contrepartie, chaque pays peut recevoir des transferts auprès de l’extérieur ajoutés
au revenu national. Il s’agit des transferts extérieurs nets TEN. On note donc :
Revenu national = Y + TEN
Comme on a déjà défini l’épargne intérieure par l’expression suivante :
I = Sint = Y – C – G où l’investissement dans ce cas est relatif à l’épargne intérieure.
D’après cette expression, la différence entre le revenu et l’ensemble des
consommations des ménages et des dépenses publiques constitue l’épargne
intérieure. En remplaçant Y par R le revenu, on peut écrire :
Sint = R – C – G = Y + TEN – C – G

Donc Y = Sint – TEN + C + G or Y = C + I + G + (X – M)

Donc Sint – TEN + C + G = C + I + G + (X – M)

Donc Sint – I = G + TEN + (X – M)

Sint – I = SBC + TEN

Donc I = Sint – (SBC + TEN). (SBC + TEN) est appelé Apports extérieurs nets (AEN)
Deux cas peuvent se présenter au niveau d’une économie :

 Dans le cas où le terme (Sint – I) est supérieur à 0, cela veut dire que
l’épargne intérieure dépasse l’investissement. On parle donc d’une capacité
de financement.
 Dans le cas où le terme (Sint – I) est inférieur à 0, c’est-à-dire que
l’investissement dépasse l’épargne. On parle d’un besoin de financement.

26
Macroéconomie I, Dr. Mohamed Lemine Abdel Hamid, 2021-2022
Chapitre III : La mesure de l’activité économique

III.1 Les agrégats macroéconomiques

Au sein de l’économie, l’activité économique peut être mesurée à travers des


grandeurs synthétiques appelées les agrégats. Les résultats des activités
économiques peuvent être donc comparés à travers ces grandeurs tout en tenant
compte de deux facteurs temporel et spatial.
Il s’agit tout simplement des grandeurs de référence pour les comparaisons dans le
temps (année) et dans l’espace (entre les pays).
Les principaux agrégats macroéconomiques sont :

III.1.1 La valeur ajoutée

Il s’agit de la différence entre le chiffre d’affaires réalisé par les entreprises et la somme
des consommations intermédiaires effectuées. La valeur ajoutée (VA) = chiffre
d’affaires (CA) – consommation intermédiaire (CI) VA = CA – CI

III.1.2 Le produit intérieur brut (PIB)

III.1.2.1 Définition

Le PIB est la valeur des biens et services produits dans une économie au cours d’une
période donnée (une année). Il peut être mesuré selon trois optiques différentes mais
complémentaires, celles de la production, du revenu et la dépense. Il comprend une
composante marchande et une seconde qui ne l’est pas. Son évaluation peut se faire
à prix courants ou à prix constants.

III.1.2.2 Les approches de calcul du PIB

Le produit intérieur brut est un agrégat économique qu’on peut le présenter et le définir
suivant trois optiques spécifiques : l’approche de production, l’approche de revenu et
l’approche de la dépense. Il est à noter que les trois approches donnent le même
résultat.

III.1.2.2.1 L’optique de la production ou de la valeur ajoutée

Suivant cette optique, le produit intérieur brut est défini par l’ensemble des valeurs
ajoutées réalisées dans une économie par la somme des valeurs ajoutées brutes des
différents secteurs institutionnels ou des différentes branches d'activité, augmentée
des impôts moins les subventions sur les produits (lesquels ne sont pas affectés aux
secteurs et aux branches d'activité). Donc le produit intérieur brut est défini par
l’ensemble des valeurs ajoutées réalisées par les agents économiques. Il est calculé
généralement au prix du marché.

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Macroéconomie I, Dr. Mohamed Lemine Abdel Hamid, 2021-2022
PIB = Total des valeurs ajoutées + Impôts sur les produits – Subventions sur les
produits.

On peut également calculer le PIB « au coût des facteurs ». Dans ce cas on ne tient
pas compte des impôts indirects ou des subventions d'exploitation.

III.1.2.2.2 L’optique de l’utilisation finale ou de la demande

On définit la demande des agents économiques qui résident dans le territoire national
pour satisfaire des besoins de consommation (pour les ménages) ou des besoins
d’investissement effectués par les entreprises. La demande de même, peut provenir
des agents économiques qui résident à l’étranger et peut aussi correspondre aux
exportations. Selon cette approche le PIB est calculé comme suit :

PIB = Consommation finale + Investissement + Exportations – Importations.


Et donc :
PIB = Consommation finale des ménages + Dépenses publiques + FBCF +
Variation du stock + Exportations – Importations.

III.1.2.2.3 L’optique de répartition des revenus

Pour produire, chaque entreprise utilise des facteurs de production, le capital et le


travail. Cette production nécessite après son achèvement des revenus distribués vers
tous les agents qui ont contribué à la création de richesse en mettant en œuvre les
facteurs de production nécessaires. La redistribution des richesses créées s’effectue
à travers des revenus primaires versés aux acteurs économiques au sein d’une
entreprise comme les salaires, l’excèdent brut d’exploitation, les charges fixes, les
impôts indirects nets des subventions.

PIB = Revenus des salariés + Excèdent brut d’exploitation + Impôts Indirects


Nets des Subventions (IINS).

III.1.2.3 Le PIB nominal et le PIB réel

Le PIB réel et le PIB nominal sont des calculs très importants pour comprendre la force
de l'économie d'un pays. Le PIB nominal mesure la valeur du total des biens et
services produits dans une économie en termes monétaires courants, tandis que le
PIB réel mesure la valeur des biens et services après élimination de tous les effets
inflationnistes.

• Le PIB nominal ne prend pas en compte les variations de prix (dues à l'inflation / à
la déflation) et est calculé aux prix du marché en vigueur.

• Le PIB réel, en revanche, prend en compte les effets de l’inflation et de la déflation


et montre la valeur réelle du total des biens produits.

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Macroéconomie I, Dr. Mohamed Lemine Abdel Hamid, 2021-2022
Une grande différence entre le PIB réel et nominal d’un pays signifie une déflation
substantielle (si le nominal est inférieur) ou une inflation (si le réel est inférieur) dans
une économie par rapport à l’année de base considérée.
 Le PIB nominal
La valeur de tous les biens et les services qu’une économie donnée peut produire
durant l’année en cours permet de mesurer le produit intérieur brut nominal. On
l’appelle aussi le PIB au prix courant dans la mesure où il tient compte du niveau
général des prix atteint à chaque période. Le PIB nominal est évalué à prix courants,
cela veut dire pour une année donnée on considère les prix de la même année.
Ainsi pour l’année 2020, par exemple : PIB nominal 2020 = Q2020 *P2020
 Le PIB réel
Le calcul du produit intérieur brut réel s’effectue en se basant sur une année de base
choisie. On l’appelle aussi le PIB au prix constant dans la mesure où on maintient les
prix constants durant la période de calcul. Cette évaluation élimine la hausse des prix
(inflation) entre deux périodes et mesure (l’enrichissement) effectif ou réel du pays. La
valeur du PIB réel varie seulement avec la variation des quantités. L’effet de la
variation des prix n’est pas tenue compte. On peut donc conclure que le PIB au prix
constant représente un bon moyen de mesure de l’activité économique.
Par exemple : PIB réel 2020 au P2010 = Q2020 * Prix 2010. Dans ce cas l’année 2010
est l’année de base.
 Le déflateur du PIB
Le déflateur du PIB est un indicateur de l’évolution du niveau général des prix au
niveau d’une économie au cours de deux périodes considérées. Il est calculé par la
formule suivante :

Déflateur du PIB = PIB nominal x 100


PIB réel

N.B : Pour l’année de base le PIB nominal (aux prix courant) est égal au PIB réel (au
prix constant).

III.1.2.4 Les caractéristiques du PIB

Les principales caractéristiques du PIB sont les suivantes:

 Le PIB est un indicateur macroéconomique qui renseigne sur le comportement


de l'économie.

 Il est calculé par des entités gouvernementales : il est normalement régi par les
critères définis par le Fonds monétaire international (FMI).

 Il ne considère que la production légale: cela signifie que le commerce informel,


le marché noir et les entreprises illicites (comme le trafic de drogue ou le trafic
d'armes) ne sont pas évalués, entre autres, car ils ne laissent pas de trace.

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Macroéconomie I, Dr. Mohamed Lemine Abdel Hamid, 2021-2022
 Il ne prend pas en compte la détérioration des ressources, telles que les
machines ou les infrastructures. Par conséquent, il ne fournit pas d'informations
sur les coûts d'investissement et de réinvestissement.

 Il ne considère dans la production nationale que les biens et services qui font
l’objet des transactions sur des marchés réels et de ce fait exclut les biens
environnementaux.

III.1.2.5 PIB par habitant

Le PIB par habitant est le produit intérieur brut par personne. Il résulte de la division
du PIB par le nombre d'habitants d'un pays. Cet indicateur est souvent utilisé pour le
besoin de comparaison internationale (niveau de richesse des pays).

PIB par tête = PIB national


Population nationale

Il est à noter que cette mesure de la richesse est théorique, car pour qu’elle soit réelle,
il faut que la richesse créée soit repartie équitablement entre toute la population, or
ceci n’est pas le cas. En effet, en calculant au prorata le chiffre total du PIB par le
nombre total d'habitants, les inégalités de répartition de la richesse sont ignorées.

Par exemple, en 2020, le PIB de la Mauritanie a atteint le chiffre de 8,2 milliards de


dollars. En divisant ce nombre par le total des habitants, le PIB par habitant est de
1965,4 dollars. En revanche le salaire minimum est de l’ordre de 973 dollars par an,
soit environ la moitié du PIB par habitant. Cet écart important entre le PIB par habitant
et le salaire minimum reflète les inégalités de la répartition de la richesse. Ce constat
n’est pas spécifique à la Mauritanie, il est valable pour la plupart des pays et
particulièrement ceux en voie de développement. Par exemple, si l'on compare le PIB
par habitant du Mexique en 2019 avec le salaire minimum, on remarquera que le
premier atteint le chiffre de 10 275 dollars et le salaire minimum est de 1 634 $ par
année, soit le 1/6eme du PIB.

III.1.3 Le Produit National Brut (PNB)

Le produit national brut est relatif à la somme du produit intérieur brut au prix de marché
et des transferts extérieurs nets.

À la différence du PIB, il inclut les produits nets provenant de l'étranger, c'est-à-dire le


revenu sur les investissements nets réalisés à l'étranger (cet élément étant négatif si
les revenus des investissements de l'étranger sur le territoire national sont supérieurs
aux revenus des investissements du pays à l'étranger). Le terme « national », dans
« produit national brut », reflète ainsi la prise en compte de la valeur ajoutée produite
par les résidents du pays en question (principe de nationalité) mais il n'est
pas intérieur parce qu'une partie de cette valeur ajoutée est produite à l'étranger (le
PIB est basé sur le principe de territorialité).

PNB = PIBPM + TEN (transferts extérieurs nets)

Les transferts nets extérieurs sont relatifs à l’ensemble des revenus des facteurs travail
et capital reçus de l’étranger déduit des revenus des facteurs versés à l’étranger.

30
Macroéconomie I, Dr. Mohamed Lemine Abdel Hamid, 2021-2022
 Le Produit National Net (PNN)

Le produit national net est égal au produit national brut au prix de marché déduit des
amortissements.

PNNPM = PNBPM – Amortissements.

 Le Produit National Net aux coûts de facteurs (PNNCF)

Il s’agit du produit national net déduit des impôts indirects nets de subvention (IINS).
PNNCF = PNNPM – Impôts indirects nets de subvention ; soit donc :

PNNCF = PNNPM – IINS = PNNPM – Impôts indirects + subventions

Le PNNCF est appelé aussi le Revenu National (RN).

Comme PNNCF = RN, on peut donc écrire RN = PNNCF = PNNPM – IINS

En remplaçant PNNPM par son expression PNBPM – Amortissements, on aura :

RN= PNNPM – Amortissements – IINS ;

Sachant que PNB = PIBPM + TEN (transferts extérieurs nets), on peut écrire :

RN = PIBPM + TEN – Amortissements – IINS

III.2 Les comptes nationaux

Les comptes nationaux servent à enregistrer et à résumer les activités économiques


effectuées par les agents économiques. Ces comptes enregistrent, à droite les valeurs
qui augmentent les ressources des agents et à gauche, les emplois qu’ils font de leurs
ressources. Il s’agit des comptes de flux, c’est à dire qu’ils décrivent la variation des
ressources et des emplois durant une période donnée. La comptabilité nationale définit
cinq comptes. Il s'agit de : compte de production, compte d’exploitation, compte de
revenu, compte d’utilisation du revenu et compte de capital. A ceux-ci nous pouvons
ajouter également le compte financier, le compte du patrimoine et le compte des
opérations avec le reste du monde.

III.2.1 Le compte de production

Ce compte décrit la liaison entre la production et la consommation intermédiaire et fait


apparaître la valeur ajoutée (VA) comme solde.
En effet, en produisant des biens et des services, chaque entreprise consomme ou
transforme d’autres produits qui lui sont fournis par d’autres entreprises : c’est la
consommation intermédiaire.
La valeur ajoutée est la différence entre la valeur de tout ce qui est produit par
l’entreprise et la valeur des consommations intermédiaires (CI). Elle est une notion

31
Macroéconomie I, Dr. Mohamed Lemine Abdel Hamid, 2021-2022
importante car elle saisit mieux que la production l’apport des entreprises à l’effort
productif. La structure du compte est la suivante :
Emplois Ressources

Consommations intermédiaires Chiffre d’affaires


Valeur ajoutée

III.2.2 Le compte d’exploitation

Il a pour objet l’enregistrement des opérations de répartitions liées à la production. Il


sert à apprécier d’une façon globale la rentabilité des activités productives. Les
emplois du compte d’exploitation décrivent la répartition de la valeur ajoutée, qui
s’opère à l’occasion du processus de production, entre le facteur travail(rémunération
des salariés), l'État (impôts liés à la production) et le facteur capital(excédent brut
d’exploitation : EBE).L’EBE mesure donc le revenu brut qui reste aux producteurs une
fois payés les consommations intermédiaires, les taxes sur la production et le travail,
Cette première répartition du revenu entre les agents liée à la production est appelée
répartition primaire. La structure du compte d’exploitation se présente comme suit :
Emplois Ressources

Salaires des employés Valeur ajoutée


Impôts indirects Subventions d’exploitation
Excédent Brut d’Exploitation

III.2.3 Le compte de revenu

Au terme de la répartition primarité s’opère une répartition secondaire (ou redistribution


de revenu) entre les agents économiques. Chaque agent doit transférer vers les autres
une partie des revenus qu’il a tirés de la production et inversement, chaque agent
reçoit des autres des revenus s’ajoutant à ceux qu’il a tirés de la production. Le compte
de revenu décrit cette de redistribution de revenu. La différence entre les ressources
et les emplois donne alors le revenu disponible brut de l’agent, c’est â dire ce dont
l’agent peut effectivement disposer librement pour financer des investissements ou la
consommation finale. Les agents pour lesquels le compte de revenu doit être établit
sont les ménages et l’Etat. La structure de ces comptes est la suivante :

32
Macroéconomie I, Dr. Mohamed Lemine Abdel Hamid, 2021-2022
 Compte de revenu des ménages
Emplois Ressources

Impôts directs EBE


Salaires
Transferts Nets de l’extérieur
Revenu Disponible Brut

 Compte de revenu de l’Etat


Emplois Ressources

Subventions Impôts directs et indirects


Transferts Nets de l’extérieur
Revenu Disponible Brut

III.2.4 Le compte d’utilisation du revenu

Ce compte indique la répartition du revenu disponible brut entre la consommation


finale et l’épargne. La consommation finale représente la valeur des biens et services
utilisés pour la satisfaction directe des besoins humains. Ce compte ne concerne que
les ménages, les administrations et les institutions sans but lucratif au service des
ménages. Pour les autres secteurs institutionnels, le revenu disponible est égal à
l’épargne brute. La structure de ce compte est donnée comme suit :
 Compte d’utilisation de revenu des ménages
Emplois Ressources

Consommation finale Revenu Disponible

Epargne Brut

33
Macroéconomie I, Dr. Mohamed Lemine Abdel Hamid, 2021-2022
 Compte d’utilisation de revenu de l’Etat
Emplois Ressources

Consommation finale Revenu Disponible

Epargne Brut

III.2.5 Le compte du capital

Ce compte décrit l’utilisation de l’épargne brute. Il permet de confronter et de comparer


l’investissement et l’épargne des divers agents et de dégager les moyens de
financement. Il va s’avérer que certains dégagent un excèdent : capacité de
financement alors que d’autres vont accuser un déficit : besoin de financement.
Si à l’échelle nationale, il n’y a pas équilibre entre besoin et capacité de financement,
il y a alors un mouvement de capitaux (en cas de besoin le pays doit s’endetter et en
cas d’excédent le pays doit exporter le capital). La structure de ce compte est donnée
comme suit :
Emplois Ressources

FBCF Epargne
Variation des stocks
Capacité de financement (besoin de
financement)

N.B : Si l’épargne est supérieure à l’investissement, on parle d’une Capacité de


financement et si l’investissement est supérieur à l’Epargne on parle d’un Besoin de
financement.

III.2.6 Le compte des relations avec l’extérieur (compte du reste du monde)

Le compte du reste du monde présente les opérations qui se nouent entre les unités
résidentes et non résidentes. Ce n’est pas un secteur institutionnel au même titre que
les autres et les comptes étudiés antérieurement ne sont pas adaptés à ses besoins.
Les opérations sur biens et services regroupent les importations (en ressources) et les
exportations (en emplois). La différence entre les deux constitue le solde extérieur des
biens et services, ou solde de la Balance Commerciale (SBC). Si ce solde est positif,
c’est-à-dire : X-M > 0 ; donc X > M on parle d’Excédent de la Balance Commerciale et
s’il est négatif, c’est-à-dire : X-M < 0 ; donc X < M, il s’agit d’un déficit de la Balance
Commerciale et si ce solde est nul, c’est-à-dire : X-M = 0 ; donc X = M, on parle d’un
équilibre de la Balance Commerciale.

34
Macroéconomie I, Dr. Mohamed Lemine Abdel Hamid, 2021-2022
Les opérations de répartition regroupent les transferts effectués vers l’économie
nationale en provenance du reste du monde et ceux à destination du reste du monde.
Le solde est appelé solde des opérations de répartition ou Transferts Extérieurs Nets
(TEN). Si ce solde est positif, c’est-à-dire : TEN > 0 ; donc les transferts en provenance
de l’extérieur sont supérieurs à ceux effectués vers l’extérieur. Si ce solde est négatif,
cela veut dire que les transferts effectués vers l’extérieur sont supérieurs à ceux en
provenance de l’extérieur, ce qui peut présager d’une situation d’extraversion de
l’économie nationale et si ce solde est nul on parle d’équilibre des transferts extérieurs.

Libellé Valeur

Opérations sur biens et services :


Emploi : exportations
Ressources : importations
Solde extérieur des biens et services (1)
Opérations de répartition :
En provenance du Reste du monde (a)
Dont :
Intérêts
Dividendes
Salaires et traitements bruts
A destination du Reste du monde (b)
Dont :
Intérêts
Revenus distribués des sociétés
Solde des opérations de répartition (a – b ) =(2)
Sole (1+2) : (+) Capacité ou ( - ) besoin de financement de la
nation

III.2.7 Le compte financier

Ce compte présente les opérations financières réalisées par chacun des secteurs
institutionnels, y compris le Reste du monde, au cours d’une période donnée. Ces
opérations permettent de combler le besoin de financement ou utiliser la capacité de
financement dégagé en solde du compte de capital. A titre d’exemple, le compte
financier décrit comment les entreprises comblent leur besoin de financement en

35
Macroéconomie I, Dr. Mohamed Lemine Abdel Hamid, 2021-2022
s’endettant auprès des banques ou en émettant des actions, des obligations, des
billets de trésorerie, etc., qui sont acquis pour l’essentiel par les ménages et les
institutions financières.

III.2.8 Le compte du patrimoine

Ce compte détermine la valeur des actifs détenus et des engagements contractés par
les différents secteurs institutionnels à un moment précis du temps. Il comble une
lacune importante de la comptabilité nationale qui est l’absence de mesure en termes
de stocks. Le compte de patrimoine recense une évaluation de la richesse nationale.
Il distingue les actifs selon qu’ils sont, ou non, financiers. Les comptes non financiers
comprennent les terrains, les logements, les matériels, …etc. Les actifs financiers sont
les dépôts, les actions, les obligations, les crédits, etc. Le solde entre le total des actifs
et le total des dettes (ou passifs) d’un secteur institutionnel constitue la valeur nette
globale de son patrimoine.

36
Macroéconomie I, Dr. Mohamed Lemine Abdel Hamid, 2021-2022
Chapitre IV. Les principales grandeurs économiques

IV-1 L’inflation

IV.1.1 Définition

L’inflation désigne l’accroissement généralisé et durable du niveau général des prix


dans une économie donnée. Le taux de croissance de l’indice du niveau général des
prix (INGP) défini le taux d’inflation.

IV.1.2 L’inflation et la loi de l’offre et de la demande

La loi de l’offre et de la demande (loi offre-demande) est l’un des éléments essentiels
expliquant le fonctionnement d’une économie de marché. Elle indique comment se
concilient, par l’arbitrage pacifique du marché, les intérêts apparemment
contradictoires des offreurs (vendeurs) et des demandeurs (acheteurs).

La loi de l’offre et de la demande nous montre que, sur n’importe quel marché, il existe
toujours un niveau de prix qui supprime la pénurie ou a contrario l’excédent et qui
équilibre la quantité offerte et la quantité demandée. Un tel niveau de prix est qualifié
d’optimal, parce qu’il maximise les avantages et minimise les inconvénients, pour les
vendeurs comme pour les acheteurs. On appelle cela l’équilibre de marché.

Cette loi, qui est l’un des plus anciens mécanismes économiques, ne fonctionne pas
toujours parfaitement, mais les économistes ne l’ont pas remise en cause. Keynes lui-
même, écrivait en 1936 : « Nous considérons que le niveau général des prix et les prix
individuels sont déterminés d’une façon strictement identique, c’est-à-dire qu’ils
dépendent de l’offre et de la demande ».

L’offre d’un bien est la quantité de ce bien qu’une entreprise est disposée à produire.
Cette offre est fonction du prix de ce bien, toutes choses égales par ailleurs. Le
graphique suivant présente la courbe d’offre d’une entreprise. Lorsque le prix d’un bien
est P0 le point d’intersection E0 représente l’équilibre entre l’offre et la demande pour
la quantité Y0 des biens. Le point E0 est un point de la courbe d’offre de l’entreprise. Si, le
prix du produit s’élevait à P1 le producteur en question serait prêt à produire une
quantité Q1 qui augmenterait son chiffre d’affaires ; l’équilibre va donc se déplacer
vers le deuxième point d’intersection E1, qui est un autre point sur la courbe de l’offre
de l’entreprise. La jonction de tous les points tels que E0 et E1 forme la courbe d’offre
(O) de l’entreprise. Pour passer de l’entreprise au niveau macroéconomique, il suffit
de sommer, pour tout prix, la production d’ensemble des firmes –Y est alors le PIB en
volume- et d’élaborer un indice du niveau général des prix P. La courbe d’offre O
devient l’offre globale OG.

37
Macroéconomie I, Dr. Mohamed Lemine Abdel Hamid, 2021-2022
P
o[OG]

[
O Y

La demande d’un bien (on suppose que ce bien est identique à celui qui était offert au
précédent alinéa) est la quantité de ce bien qu’un consommateur est disposé à
acheter. Cette demande est fonction de son prix, toutes choses égales par ailleurs.
Sur le graphique précédente, pour le prix P0, le consommateur désire acquérir la
quantité Y0 Si, pour une raison quelconque, le prix diminue à P2 , le point E2 est situé
sur la courbe de demande du consommateur. En joignant tous les points tels que E0
et E2, on obtient la courbe de demande du bien, La sommation des demandes de
tous les acheteurs de tous les biens produits dans une économie constitue la demande
globale .

IV.1.3 Les principales causes de l’inflation

 L’inflation d’origine monétaire

Les économistes favorables à la théorie quantitative de la monnaie, affirment que la


masse monétaire a un rôle déterminant dans l’inflation en se fondant sur de
nombreuses études empiriques. En effet, lorsque la Banque Centrale décide de mettre
plus de monnaie en circulation à un taux supérieur au taux de la croissance
économique, la valeur de la monnaie chutera. Par conséquence, cette dévaluation
obligera les prix à augmenter car chaque unité de monnaie vaut moins

 L’inflation due à l’endettement élevé

L’endettement élevé peut conduire l’inflation à des niveaux élevés avec le temps. En
effet, lorsque la dette d’un pays augmente, le gouvernement dispose de deux options:
soit augmenter les impôts, soit imprimer plus d’argent pour rembourser la dette. Une
augmentation des taxes pousse les entreprises à augmenter leurs prix pour couvrir
cette augmentation des taxes. Si le gouvernement choisi la deuxième option “imprimer
plus d’argent” cela va entraîner directement une augmentation de la masse monétaire
ce qui va entraîner à son tour une dévaluation de la monnaie et un accroissement des
prix.

38
Macroéconomie I, Dr. Mohamed Lemine Abdel Hamid, 2021-2022
 L’inflation due aux couts de production

Pour le courant Keynésien la hausse des prix a pour origine une pression des coûts
de production (essentiellement les salaires et les profits), d’où la qualification de Cost-
push inflation. Les keynésiens modernes, rejoints par d’autres économistes, estiment
que des chocs sur l’offre, tels que la hausse du prix des matières premières et des
produits pétroliers, sont également facteurs d’inflation, indépendamment des
variations de la demande. L’inflation d’origine salariales part de la constatation que,
dans les économies modernes, les revenus ne sont plus déterminés sur un marché
par la confrontation de l’offre et de la demande. Les revenus du travail sont devenus
des « prix administrés », par ailleurs rigides à la baisse. De ce fait, le taux de salaire
n’augmente (ne diminue) pas seulement lorsque la demande de travail des entreprises
est supérieure (inferieure) à l’offre de travail des salariés. L’action des syndicats et le
recours à la grève sont les causes principales de la rigidité à la baisse du taux de
salaire. Lorsque la hausse des salaires se produit en dehors de toute pénurie de main-
d’œuvre et lorsqu’elle est supérieure à l’accroissement de la productivité du travail (sur
laquelle peuvent d’ailleurs jouer les entreprises), il en résulte une hausse des coûts de
production. Les entreprises ne consentent plus à produire des biens et des services
aux prix antérieurs. Si l’on suppose que la maximisation des profits constitue le mobile
des entreprises, celles-ci accroissent leur prix de vente lorsqu’elles sont confrontées à
une hausse des coûts salariaux.
Certains économistes expliquent l’inflation par les profits en invoquant les méthodes
de fixation des prix adoptées par les entreprises et l’existence dans les économies
modernes de firmes disposent de pouvoirs monopolistiques. Les méthodes de fixation
des prix portent le nom générique de mark-up ou de cost-plus pricing. Les firmes, qui
connaissent leur coût moyen de production, ajoutent à celui-ci une marge de profit qui
est fonction de leur pouvoir de monopole et/ ou du niveau anticipé de leurs
investissements. Les études menées per les keynésiens prouvent que pour une
industrie donnée cette marge est très souvent stable dans le temps. Confrontées à
des demandes salariales et syndicales des hausses de salaires, les entreprises
concèdent ces augmentations sachant que leurs concurrents adopteront le même
comportement. Elles peuvent donc augmenter leurs prix afin de maintenir leur marge
de profit. Les firmes cherchent en effet par ce moyen à accroitre leurs profits et leur
taux d’épargne afin des financer en toute tranquillité leurs projets d’investissement
grâce à un autofinancement le plus élevé possible.

 L’inflation due aux chocs de l’offre

Les chocs de l’offre sont tous les événements économiques qui se traduisent par une
diminution de la production (ou une réduction de son taux de croissance) par rapport
à la demande ce qui engendre une hausse du niveau général des prix. Ceci peut
provenir d’une situation de crise ou une catastrophe naturelle, comme c’était le cas
récemment lors de la crise sanitaire du COVID-19.

IV.1.4 La mesure de l’inflation

Deux optiques sont souvent utilisées pour la détermination du taux d’inflation.

39
Macroéconomie I, Dr. Mohamed Lemine Abdel Hamid, 2021-2022
 L’optique de production

Cette optique se base sur l’indice des prix à la production (IPP). L’indice des prix à la
production permet d’évaluer les fluctuations des prix des différents biens acquis par
les producteurs. Le taux d’inflation est donné donc par l’expression suivante :
Inflation = ( IPPt - 1) x 100 = (IPPt - IPPt-1) * 100
IPPt-1 IPPt-1

Avec IPP = PIB nominal


PIB réel

 L’optique de consommation

Cette optique se base sur l’indice des prix à la consommation (IPC). L’indice des prix
à la consommation (IPC) est une mesure du coût global des biens et services achetés
par un consommateur représentatif. Au niveau de chaque pays, une institution
publique (l’ONS en Mauritanie) calcule, à travers des enquêtes à la consommation et
rend public l’indice des prix à la consommation. Le taux d’inflation est donné par
l’expression suivante :

Inflation = (IPCt – IPCt-1) x 100


IPCt-1
Situation de l’inflation dans le monde, source : FMI 2019

40
Macroéconomie I, Dr. Mohamed Lemine Abdel Hamid, 2021-2022
IV.2 Le chômage

IV.2.1 Définition

Au sein d’une société, le chômage constitue un problème majeur lié directement aux
individus en affectant leurs situations et leur statut. Ces individus sont en train de
chercher activement un emploi et sont considérés comme des chômeurs. L’état de la
santé d’une économie ainsi que l’efficacité des politiques économiques mises en
œuvre sont reflétés par le niveau des taux de chômage et des taux d’inflation atteints.

Selon le Bureau international du Travail le chômeur est toute personne qui, au cours
de la période de référence- la semaine de l’enquête emploi- est « sans travail », c’est-
à-dire dépourvue d’un emploi salarié ou non salarié, « disponible pour travailler »,
c’est-à-dire aptes à occuper un emploi si une opportunité se présente et « à la
recherche d’un travail », c’est-à-dire qui a manifesté concrètement son intention de
trouver un emploi. Cette population de chômeurs au sens du BIT est celle reprise pour
les comparaisons internationales.

IV.2.2 L’analyse économique du chômage

L’analyse économique du chômage a beaucoup évolué. La première explication


cohérente est à mettre à l’actif des économistes classiques. Pour eux, le chômage
involontaire est impossible s’il existe une flexibilité des salaires réels. La seconde
explication est due à Keynes, pour qui le chômage est la conséquence d’une
insuffisance de la demande globale.

IV.2.2.1 L’analyse néoclassique du chômage

Selon ce courant, le chômage résulte d’un déséquilibre sur le marché du travail. Il


apparait lorsque l’offre de travail est supérieure à la demande. Les agents
concernés sont les salariés et les firmes. Les premiers sont des offreurs de travail,
les secondes sont des demandeurs de travail.
La courbe individuelle d’offre de travail associe à chaque taux de salaire réel les
quantités de travail exprimées en heurs que le salarié souhaite vendre sur le
marché. Cette courbe repose sur trois hypothèses :

- L’individu peut choisir le nombre d’heures qu’il souhaite consacrer au travail ;


- Le travail est pénible : pour qu’un individu l’accepte, il faut lui verser un salaire;
- Le travailleur n’est pas victime de l’illusion monétaire : ce qui l’intéresse n’est
pas le niveau de son salaire exprimé en monnaie (salaire nominal), mais la
quantité de biens et services qu’il peut acquérir grâce à ce revenu (salaire réel).

41
Macroéconomie I, Dr. Mohamed Lemine Abdel Hamid, 2021-2022
Taux de salaire réel
B

Heures de travail
Courbe d’offre de travail

La courbe d’offre de travail présentée au graphique précédent est croissante de 0


à A, ce qui implique que le salarié accroit son offre de travail avec l’augmentation
du salaire réel horaire. Elle est décroissante de A à B, car la pénibilité associée à
un accroissement de la durée du travail et la fiscalité ont raison de tout
accroissement du salaire réel. La demande de travail associe à chaque niveau du
taux de salaire réel le nombre d’heures de travail que l’entreprise désire acheter
sur le marché. La demande de travail repose sur trois hypothèses :
- L’entrepreneur choisit en toute liberté et à chaque période le volume d’heures
de travail qu’il désire acheter ;
- Le volume des autres facteurs de production et en particulier celui du capital
est fixe ;
- L’entrepreneur prend ses décisions en comparant ce qui lui coûte et ce que lui
rapporte une heure de travail supplémentaire. Le coût est apprécié par le
salaire réel ; ce qu’elle lui rapporte est calculé par l’accroissement de
production que permet cette heure, multiplié par le prix de vente des biens
produits. L’entreprise achète, en d’autres termes, des heures de travail tant que
le salaire réel est inférieur à l’accroissement de production que permet la
dernière heure achetée.

Taux de
salaire
réel

Heures de travail

Courbe de la demande de travail

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Macroéconomie I, Dr. Mohamed Lemine Abdel Hamid, 2021-2022
 L’équilibre sur le marché du travail

Pour obtenir la courbe d’offre agrégée, il faut calculer, pour chaque niveau du taux
de salaire réel, le nombre d’heures de travail que tous les individus souhaitent
vendre sur le marché.
De la même façon, la demande de travail agrégée est obtenue en sommant pour
chaque niveau du taux de salaire réel le nombre d’heures de travail que toutes les
entreprises désirent acheter sur le marché.

Si le marché fonctionne selon une logique de concurrence, l’intersection des courbes


d’offre et de demande détermine simultanément le salaire réel d’équilibre et les
quantités de travail échangées.

Taux de salaire
réel O

D
O
Heures de travail
L’absence de chômage involontaire n’implique pas que tout le monde travaille et
que le taux de chômage est nul. Certains frictions (les agents n’ont pas
immédiatement à leur disposition l’information nécessaire) et les imperfections
structurelles (mobilité professionnelle ou géographique, problème de qualification)
expliquent l’existence d’un chômage naturel. Celui-ci ne peut être supprimé par
une politique conjoncturelle de relance de la demande.
 L’apparition du chômage

Le chômage ne peut apparaitre que si le prix du travail est fixé à un niveau


durablement supérieur au salaire d’équilibre qui résulterait de la confrontation entre
l’offre et la demande de travail.
Taux de salaire réel
O

DD
O

Heures de travail

43
Macroéconomie I, Dr. Mohamed Lemine Abdel Hamid, 2021-2022
Sur le graphique précédent, le salaire d’équilibre est . Si ce niveau est considéré
comme trop faible, le salaire peut être fixé en par les autorités publiques ou
sous la pression syndicale. Cette décision aura des implications sur le marché de
travail. Au prix il apparait un déséquilibre entre l’offre et la demande de travail
en faveur de la première et au détriment de la seconde. Le maintien des salaires
réels au niveau a pour conséquence l’apparition d’un chômage volontaire
représenté per le segment AB.
Le chômage volontaire est celui qui apparait lorsque les salariés ne souhaitent pas
travailler au taux de salaire d’équilibre. Si les salariés acceptaient de travailler à
, le niveau de l’emploi serait et correspond au plein-emploi.

IV.2.2.2 L’analyse Keynésienne du chômage

L’insuffisance de la demande globale effective est à l’origine d’un chômage


involontaire « en ce sens qu’il y a des hommes sans emploi désireux de travailler
pour moins que le salaire réel en vigueur » (Keynes, théorie générale).
 Les hypothèses de l’école du déséquilibre
Ces économistes partent de l’hypothèse que la plupart des marchés
contemporains sont de type monopolistique ou oligopolistique. Le marché du
travail n’échappe pas à cette caractéristique et les salaires sont fondamentalement
rigides.
Le chômage involontaire est un déséquilibre provoqué par des insuffisances
d’information et de coordination. Autant les économistes classiques et
néoclassiques croient à l’existence d’un mécanisme de coordination, sorte de «
main invisible » qui « calcule » les prix d’équilibre, parfaitement flexibles, de tous
les marchés, autant les keynésiens réfutent cette thèse. Pour eux, les prix étant
rigides, les chocs qui frappent l’économie ne se résolvent pas par des hausses ou
des baisses de prix, mais par des variations des quantités, c’est-à-dire, par des
modifications du volume de l’emploi sur le marché du travail.
Pour Keynes, le chômage est un déséquilibre qui affecte le marché des biens et
services et celui du travail. Plus exactement, le chômage est la résultante d’un
excès d’offre sur les deux marchés.
La courbe de Phillips :
Dans un article publié en 1958, Phillips a mis en évidence une relation inverse
entre le taux de chômage et le taux de croissance des salaires nominaux, en
Grande-Bretagne, de 1861 à 1957. Très rapidement, cette relation allait être testée
pour d’autres pays.
La courbe de Phillips, fait apparaitre l’existence d’une relation inverse entre le taux
de croissance des salaires nominaux et le taux de chômage.
Dès 1960, la courbe de Phillips fut transformée pour faire apparaitre une relation
entre le taux d’inflation et le taux de chômage. Il a suffi, pour ce faire, d’intégrer
dans l’analyse les progrès de la productivité. L’analyse de la relation entre

44
Macroéconomie I, Dr. Mohamed Lemine Abdel Hamid, 2021-2022
l’inflation, les salaires et la productivité a permis d’avancer qu’il n’y a pas d’inflation
lorsque la hausse des salaires est égale à l’accroissement de la productivité, ce
qui permet d’écrire :
Inflation = hausse des salaires – Hausse de la productivité
En supposant que la variation du niveau général des prix est égale à celle des
salaires nominaux diminuée des gains de productivité, la courbe de Phillips met en
évidence une relation inverse entre le taux d’inflation et le taux de chômage. Cette
relation implique ‘existence d’une gamme de choix et une possibilité d’arbitrage
(trade-off) entre l’inflation et le chômage. Cette analyse établissait une relation
apparemment stable entre deux variables essentielles de toute politique
économique : l’inflation est la rançon d’une baisse du chômage ; la baisse du taux
d’inflation s’accompagne d’une hausse du chômage. En 1959, Phillips écrivait : «
L’un des principaux problèmes des économies occidentales [….] est de savoir s’il
est possible d’empêcher une hausse continue des prix tout en maintenant des
niveaux élevés de l’activité économique ».
IV.2.3 Les types de chômage

La science économique distingue plusieurs formes et types de chômages. Cette


diversité s'explique par le fait que ces définitions visent à mettre en exergue des
caractéristiques spécifiques et donc peuvent éventuellement se recouvrir :
 Le chômage volontaire provient du refus de travailler résultant d'un niveau
réputé trop bas des salaires ou de conditions de travail jugées non acceptables.
 Le chômage involontaire correspond à la définition entendue par le BIT,
Bureau International du Travail.
 Le chômage frictionnel : chômage lié au délai nécessaire pour trouver un
autre emploi. Ce type de chômage mesure l'imperfection du marché du travail
(absence de transparence ou mauvaise information).
 Le chômage de mobilité : les travailleurs employés sont en permanente
mobilité. À tout moment, des individus quittent leur emploi pour changer
d'entreprise, de région, de salaire, de poste, de conditions de travail. À la
mobilité entre les différents emplois s’ajoutent les périodes de mobilité entre
activité et inactivité.
 Le chômage conjoncturel ou chômage cyclique illustre l'idée que l'emploi est
tributaire du niveau de l'activité économique. Il peut résulter d'un ralentissement
de l’activité ou de l’évolution négative de l’économie qui peuvent présenter un
caractère cyclique.
 Le chômage saisonnier, lié aux variations d’activité au cours de l’année dans
certains secteurs économiques (exemple : le tourisme).
 Le chômage résiduel désigne la partie non conjoncturelle du chômage (soit la
différence entre chômage total et chômage conjoncturel).
 Le chômage structurel est causé par des rigidités aussi bien des salaires que
des qualifications : « Il est dû à l'hétérogénéité du facteur travail et se produit
généralement dans une économie non stationnaire caractérisée par des
changements dans les goûts des consommateurs et/ou des mutations
technologiques ».
 Le chômage apparent ou chômage déguisé désigne des situations de sous-
optimisation de l'emploi, masquant en réalité un chômage potentiel :

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o Situation de sureffectif dans les entreprises ou administrations.
o Salaires plus élevés que la productivité moyenne des travailleurs.
 Le chômage partiel correspond à une réduction de temps de travail entrainant
une réduction de la rémunération.
 Le chômage technique correspond à des arrêts de travail pour des motifs
techniques : difficultés d'approvisionnement, indisponibilité des équipements,
occupation des locaux, intempéries...
 Le chômage technologique correspond à des mutations et/ou pertes d'emploi
occasionnées par le changement des méthodes de production.

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