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Execution Force 18

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L’EXECUTION FORCE :

L'exécution forcée constitue un mécanisme fondamental du droit civil, essentiel


pour garantir le respect des obligations contractuelles ainsi que des décisions
judiciaires. Ce processus permet aux créanciers de faire valoir leurs droits même
face à l'opposition d'un débiteur qui refuse de s'exécuter. Au Maroc, ce cadre
procédural est régi par des dispositions légales précises, particulièrement celles
contenues dans le Dahir relatif aux obligations et contrats (D.O.C.) et le Code de
procédure civile.

I. Les conditions de l'exécution forcée

L'engagement d'une procédure d'exécution forcée repose sur plusieurs conditions légales qui doivent
être scrupuleusement respectées afin d'assurer la légitimité de cette démarche. Au cœur de cette
procédure se trouve la nécessité d'un titre exécutoire, qui représente un document officiel attestant
de l'existence d'une créance légitime. Selon l'article 126 du Code de procédure civile, un titre
exécutoire peut se présenter sous différentes formes, notamment sous la forme d'une décision
judiciaire définitive, laquelle doit avoir été rendue par un tribunal compétent et ne plus être
susceptible de recours, ou encore sous la forme d'un acte notarié, tel qu'un contrat authentifié par un
notaire. Ce dernier, en raison de sa nature authentique, bénéficie d'une présomption de véracité et
d'opposabilité, ce qui renforce la sécurité juridique des créances.

Il est impératif que ce titre exécutoire établisse une obligation qui soit à la fois certaine, liquide et
exigible. Par "certaine", on entend que l'obligation doit être clairement définie, tandis que "liquide"
signifie qu'elle doit être quantifiable en valeur ou en termes précis. L'exigibilité, quant à elle, implique
que la créance soit due au moment de l'exécution. Ces exigences visent à protéger les droits des
débiteurs et à prévenir les abus qui pourraient découler d'une exécution forcée non fondée.

Avant de passer à l'exécution forcée proprement dite, la loi impose également qu'un commandement
préalable soit signifié au débiteur. Cette formalité, qui doit être effectuée par un huissier de justice,
revêt une importance capitale, car elle constitue un ultime avertissement donné au débiteur, lui
offrant ainsi une chance de s'exécuter volontairement avant que des mesures coercitives ne soient
mises en œuvre. Les articles 1244 et 255 du D.O.C. stipulent que ce commandement doit être délivré
de manière claire et précise, en indiquant explicitement l'obligation due par le débiteur. Cette
exigence souligne le respect du droit à un procès équitable, garantissant au débiteur l’opportunité de
s’acquitter de sa dette avant l'activation de mesures plus contraignantes.
En outre, le cadre juridique marocain accorde une attention particulière à la protection des débiteurs.
En vertu de l'article 443 du Code de procédure civile, certains biens sont explicitement exclus de la
saisie. Ces biens comprennent les outils nécessaires à l'exercice de leur profession, afin de ne pas
entraver leur capacité à générer des revenus, ainsi qu'une partie de leurs revenus, qui est protégée
pour garantir leur subsistance. Cette protection vise à établir un équilibre entre les droits des
créanciers et la nécessité de préserver la dignité et le minimum vital des débiteurs, reconnaissant
ainsi que l'exécution forcée ne doit pas se faire au détriment des droits fondamentaux des individus.

N.B :

Afin d’illustrer ce qui vient d’être évoqué nous prenons l’exemple fictive suivant :

"Dans un litige commercial opposant une société de services informatiques et un client, la société,
après avoir obtenu un titre exécutoire validé par une décision judiciaire définitive, a respecté les
étapes préalables en signifiant un commandement au débiteur avant de procéder à l'exécution
forcée."

II. Les moyens juridiques de l'exécution forcée :

Une fois que les conditions d'exécution forcée sont remplies, le créancier dispose de plusieurs
moyens pour obtenir satisfaction, lesquels se divisent en deux catégories principales : les moyens
exécutoires et les moyens conservatoires. Les moyens exécutoires permettent au créancier d'obtenir
directement la satisfaction de ses droits, et parmi eux, la saisie mobilière et immobilière se distingue
comme une procédure cruciale. En effet, la saisie mobilière concerne les biens meubles du débiteur,
tels que les meubles, véhicules et équipements, qui peuvent être saisis et vendus aux enchères dans
le but de rembourser la dette. Dans les cas de dettes plus importantes, la saisie immobilière permet
de saisir un bien immobilier, dont la vente se fait généralement par le biais d'enchères publiques,
garantissant ainsi la transparence et le respect des droits des parties impliquées.

Par ailleurs, le mécanisme de saisie-attribution permet au créancier de prélever directement des


fonds sur les comptes bancaires du débiteur ou sur les sommes dues par des tiers, ce qui se révèle
être une procédure rapide et efficace pour récupérer les créances. D'autre part, la saisie des
rémunérations constitue également un moyen d'exécution, permettant de saisir une partie des
revenus du débiteur, tels que les salaires ou pensions, tout en respectant les quotas légaux afin de ne
pas porter atteinte à son droit à un minimum de ressources.

En outre, les moyens conservatoires jouent un rôle essentiel dans la protection des droits du
créancier lorsque le débiteur pourrait tenter de se rendre insolvable. Parmi ces moyens, la saisie
conservatoire permet de bloquer temporairement les biens du débiteur, évitant ainsi leur aliénation
avant qu'un jugement définitif ne soit rendu. Cette mesure préventive assure que les biens concernés
seront disponibles pour satisfaire la créance une fois que la décision de justice sera prononcée. De
plus, l'hypothèque judiciaire provisoire, qui consiste à inscrire une hypothèque temporaire sur un
bien immobilier appartenant au débiteur, garantit au créancier une certaine priorité en cas de vente,
renforçant ainsi sa position dans le cadre de la procédure d'exécution forcée.

N.B :

Exemple pour décrire la saisie mobilière :

"Dans une affaire fictive, un créancier a eu recours à la saisie mobilière, visant les équipements de
bureau du débiteur, pour récupérer une créance impayée après l'échec des démarches amiables."

III. Les réparations possibles en cas d'inexécution :

Lorsqu'une obligation n'est pas respectée, deux formes de réparation peuvent être envisagées. La
première, la réparation en nature, vise à obtenir l'exécution directe de l'obligation initiale, par
exemple la livraison d'un bien ou l'achèvement de travaux. Cependant, cette forme de réparation est
limitée par la nature même de l'obligation, comme le précise l'article 249 du D.O.C., qui indique que
la réparation en nature n'est pas toujours réalisable, notamment lorsque l'objet de l'obligation est
impossible à atteindre.

Dans les cas où l'exécution en nature s'avère impossible, le créancier peut se tourner vers la
réparation par équivalent, qui consiste à réclamer des dommages-intérêts pour compenser le
préjudice subi. Ces dommages-intérêts peuvent être de nature compensatoire, visant à indemniser
les pertes directes causées par l'inexécution, ou moratoire, ayant pour but de sanctionner le retard
dans l'exécution de l'obligation, conformément aux dispositions de l'article 250 du D.O.C. Ces
mécanismes de réparation garantissent que le créancier ne reste pas sans recours en cas de
défaillance du débiteur, assurant ainsi une certaine équité dans les relations contractuelles.

N .B :

Exemple expliquant l'exécution en nature ou par équivalent :

"Dans le cadre d'une exécution forcée, la réparation par équivalent a permis à une société de
réclamer des dommages-intérêts suite à l'impossibilité pour le débiteur de s'exécuter
volontairement."

IV. Limites et recours en matière d'exécution forcée :


Bien que l'exécution forcée soit un outil puissant pour les créanciers, elle n'est pas exempte de
limites. En effet, le débiteur bénéficie de certains droits, lui permettant de contester l'exécution
forcée en cas d'irrégularité ou d'abus. L'article 437 du Code de procédure civile prévoit explicitement
que le débiteur peut faire valoir ses arguments devant le tribunal, ce qui constitue une garantie
essentielle pour protéger ses droits fondamentaux. De plus, la loi protège certains biens jugés
insaisissables, assurant ainsi la dignité et les besoins essentiels du débiteur afin d'éviter que
l'exécution forcée ne porte atteinte à ses droits les plus élémentaires.

Les juridictions compétentes jouent un rôle central dans la supervision de l'exécution forcée,
intervenant pour autoriser les mesures conservatoires et pour trancher les litiges relatifs à la
procédure d'exécution. Leur intervention est cruciale pour garantir que les procédures sont menées
de manière équitable, permettant ainsi de protéger les droits des deux parties et de s'assurer que les
principes de justice sont respectés tout au long du processus.

N.B :

Exemple fictif de recours du débiteur :

"Dans un exemple hypothétique, le débiteur a contesté la saisie mobilière en invoquant que certains
biens, jugés essentiels à son activité professionnelle, étaient insaisissables conformément à l'article
443 du Code de procédure civile."

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