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Consom'acteur

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Consom'acteur, quel est ce concept ?

Conseils et bonnes pratiques

Un consommacteur (ou consom’acteur ou encore consommateur conscient) est une


personne qui utilise son portefeuille à des fins humanistes, écologistes et éthiques. Il
cherche à encourager une économie plus juste et plus durable à travers ses achats.
Réfléchir avant d’acheter, avec une stratégie précise pour influencer les offres des
entreprises, c’est une façon de reprendre le contrôle sur sa consommation tout en
restant aligné avec ses valeurs.

Découvrez comment devenir un consom’acteur sans renoncer à se faire plaisir et


à satisfaire ses besoins.
De la surconsommation insouciante à la nécessaire sobriété

Avec le développement des biens de consommation, notre société a valorisé


l’accumulation matérielle pour stimuler la croissance économique.

La révolution des biens matériels accessibles à tous

La multiplication des offres de biens a mené, peu à peu, à une consommation


excessive, sans questionnements sur les conséquences environnementales et
sociales. Cette insouciance a alimenté des cycles de production et de consommation
non durables et a accéléré des problèmes écologiques comme le réchauffement
climatique, la déforestation, les atteintes à la biodiversité et les inégalités sociales,
notamment dans les pays lointains. Parallèlement, le marketing est devenu de plus
en plus agressif, laissant penser que sans consommer, nous n’étions rien. Ni de
bons parents si nous n’apportions pas une foule de matériel, d’aliments transformés
et de jouets à nos enfants, ni de bons maîtres si nous ne traitions pas nos animaux
de compagnie comme des princes, ni de bons maris, femmes, enfants, oncles,
tantes, si nous ne fournissions pas, à chaque fête, un cadeau matériel à nos
proches. Peu à peu, les occasions se sont multipliées pour accumuler : fête des
mères, des grands-mères, des amoureux, départ à la retraite ou changement
d’entreprise, baby shower, liste de mariage, de naissance, anniversaire de mariage,
promotion professionnelle, rentrée scolaire, Black Friday, Cyber Monday… ont
encouragé les frénésies d’achats, sous couvert de bonnes affaires ou de
témoignages de bienveillance.

Le nécessaire retour vers plus de simplicité

Cette spirale de consommation a entraîné des catastrophes environnementales tels


que l’accroissement exponentiel des déchets et plastiques, mais a également
conduit à une déconnexion vis-à-vis de valeurs fondamentales comme la
simplicité, le contentement ou les connexions humaines authentiques et
désintéressées. La poursuite de biens matériels a parfois masqué un besoin
d’appartenance, de reconnaissance, d’estime et de réalisation de soi que la
consommation est venue combler. Face à ces excès, de nouveaux concepts ont
émergé : la consommation consciente, la sobriété voire le minimalisme, dont
les chefs de file sont Pierre Rabhi (auteur du livre « La sobriété heureuse »), Annie
Léonard (« La planète bazar »), Dominique Loreau (« L’art de la simplicité », « l’art
de l’essentiel ») ou Joshua Fields Millburn et Ryan Nicodemus (auteurs du reportage
« Minimalism » sur Netflix et de livres tels que « Aimer les gens, utiliser les choses
» ).

Tous défendent l’idée d’un indispensable retour à l’essentiel et à la qualité des


relations, aux expériences de vie plutôt qu’aux possessions, ainsi qu’au respect de
notre planète asphyxiée par la surconsommation. Il se met en place un changement
de paradigme, notamment parmi les jeunes générations européennes (mais pas que
!), qui s’interrogent sur nos modes de vie, nos valeurs et l’héritage que nous laissons
aux générations futures. La recherche d’objets plus durables, fabriqués sur la base
de valeurs éthiques et écoresponsables amène à transformer de plus en plus de
« cons-sommateurs » en « consom’acteurs ».
Quels principes guident un consom’acteur ?

Le consom’acteur a compris le principe énoncé par l’humoriste et comédien Coluche


(1944-1986) en avance sur son temps : « quand je pense qu’il suffirait que les gens
n’achètent plus pour que ça ne se vende pas ». Le porte-monnaie est un moyen
de pression parfois plus puissant qu’un bulletin électoral. C’est pourquoi, insatisfaits
par des choix politiques jugés trop timides, les consom’acteurs sélectionnent les
objets qu’ils achètent sur la base de différents critères, car les entreprises
adaptent leurs offres à la demande. En boycottant des produits peu respectueux de
l’environnement et en favorisant des articles éthiques, ils espèrent que, peu à peu,
des changements seront décidés dans les modes de production et de
commercialisation, dans l’utilisation des matières premières et dans les choix de
fabrication.

Parmi les principes, la durabilité est un point important : le but est de limiter l’impact
environnemental de l’objet acheté et d’encourager la gestion responsable des
ressources. Ainsi, tous les produits jetables, dès lors qu’ils sont remplaçables par
l’équivalent en lavable, sont exclus. De même que les articles remplis à 80 %
d’eau et à 20 % de substances active (gels douches, liquide vaisselle, etc.).

L’éthique est aussi un critère incontournable : au revoir, la fast fashion et ses


vêtements fabriqués au bout du monde par des personnes payées quelques dollars
par mois ! Au revoir aussi tous les produits qui exploitent des enfants, tels que
certains chocolats, cafés ou tabacs. En effet, selon l’ONU, des milliers d’enfants
ne sont pas scolarisés et travaillent dans des champs de tabac, certains sont très
jeunes. Les produits issus du commerce équitable sont privilégiés, car ils
soutiennent des conditions de travail décentes.
Les produits locaux et les circuits courts font aussi partie des choix d’un
consom’acteur. Oubliés certains avocats du Mexique issus d’exploitations
dévastatrices pour l’environnement ! De même pour les fraises en hiver qui
parcourent des milliers de kilomètres avant d’atteindre nos assiettes. Les produits
de saison, cultivés localement, réduisent l’empreinte carbone liée au transport, mais
soutiennent aussi l’économie de notre pays et garantissent un revenu équitable aux
agriculteurs et producteurs de proximité. Cette approche, en harmonie avec les
cycles de la terre, est dans la logique d’un consom’acteur.

Enfin, un consom’acteur cherche à réduire sa dépendance aux objets matériels et


à en minimiser le nombre chez lui. Pour se faire, il réévalue ses réels besoins. Il
participe aussi à éduquer et à partager ses connaissances sur une consommation
plus responsable afin d’inspirer ses contemporains.
Petit pas après petit pas, comment s’affranchir des achats
compulsifs ?

S’affranchir des achats compulsifs nécessite une rééducation progressive de nos


comportements. Cela passe par une réelle introspection, accompagnée de patience
et de persévérance. D’abord, il est indispensable de prendre conscience de nos
habitudes de consommation et des motivations qui nous poussent à acheter. Dans
quel contexte ? Après quel événement ? Pour répondre à quels besoins ?
S’interroger sur nos besoins réels est le point de départ. Se poser la question : « en
ai-je vraiment besoin ? » et, si oui, se demander : « si je ne l’ai pas, par quoi
puis-je le remplacer dans ce que j’ai déjà ? ». Se poser également la question de
l’emplacement, chez soi, où stocker l’objet. En l’absence de réponses précises et
justifiées, l’achat peut certainement être reporté ou annulé. Apprendre à distinguer
le besoin du désir, prendre du recul par rapport aux tendances et aux publicités,
sont aussi des démarches qui peuvent aider à consommer plus responsable.

L’une des astuces contre l’achat compulsif est de rentrer chez soi et attendre au
moins une semaine. Généralement, le désir retombe comme un soufflé. S’il est
toujours présent et fort, reposez-vous les questions du besoin, de l’éventuel objet qui
pourrait faire l’affaire et de l’emplacement.

Désencombrer ses espaces de vie aide aussi à limiter ses achats. Une fois son
intérieur aéré et agréable, il peut s’avérer plus difficile de le désorganiser pour
répondre à quelques désirs éphémères. Cela aide aussi à apprécier ce que l’on
possède déjà. Définir des postes budgétaires et des limites peut aussi nous aider à
limiter nos dépenses compulsives.

Il est enfin possible de remplacer un achat par une location ou un emprunt, ce qui
contribue à limiter la surconsommation tout en répondant à des besoins ponctuels.
Privilégier les moments plutôt que les choses, les échanges plutôt que les
achats, se rappeler que, lorsque nous nous éteindrons, seuls les sentiments et les
souvenirs nous accompagnerons, pas les objets !
Quels sont les obstacles à une consommation plus responsable ?

Les plus gros obstacles résident dans la facilité à acquérir un nouvel objet. Les
sites en ligne, avec une livraison sans cesse plus rapide, parfois en 24 heures, ainsi
que les plateformes et magasins de déstockage, aux prix toujours plus bas, sont des
provocations pour qui a du mal à résister à la tentation. Pourtant, devenir
consom’acteur, c’est réfléchir, même pour un objet d’1 ou 2 euros. C’est aussi peser
le pour et le contre avant d’acheter des articles de seconde main qui, même eux,
peuvent contribuer à un trop plein d’objets, à une consommation excessive malgré
son vernis de consommation responsable. En outre, les produits réellement éthiques
sont souvent plus compliqués à acquérir, avec des délais de livraison plus longs.

Un autre obstacle réside dans l’absence d’informations précises sur la


provenance, le mode de fabrication ou la composition. Si les produits alimentaires
font l’objet d’une obligation de transparence quant aux ingrédients utilisés (limitée
tout de même car on ignore souvent le pays et les conditions de production), ce n’est
pas le cas pour la plupart des objets du quotidien. L’on n’évoquera pas le «
greenwashing » utilisé par certaines marques qui cachent la véritable origine de ses
produits ou laisse croire que vous consommez responsable alors que ce n’est pas le
cas. Il est très difficile de s’informer, cela demande du temps, de la curiosité et de
l’acharnement.

Les sirènes du marketing, qui laissent croire que « consommer rend heureux »,
viennent affaiblir encore les motivations à devenir un véritable consom’acteur. La
pression sociale vient parfois renforcer cette idée que l’accumulation est source de
bonheur. En outre, les objets durables sont parfois moqués ou vus comme moins «
tendance ».

Enfin, une mauvaise habitude est très difficile à combattre. Fast fashion, nourriture
emballée savent séduire le consommateur et il peut être difficile d’y résister.

La consommation responsable n’est pas encore soutenue par les pouvoirs publics et
les règlementations strictes ne sont pas toujours au rendez-vous, ce qui n’aide pas à
se tourner vers des produits respectueux de l’environnement, de l’humain et de
l’éthique.
Quelles stratégies pour accompagner les achats durables ?

La première des stratégies se traduit par l’éducation et la sensibilisation aux


enjeux de la consommation. On a encore tendance à ne pas réfléchir aux modes
de production des objets que l’on achète, ni à leur destination lorsqu’ils deviennent
des déchets. Or comprendre qu’un achat s’intègre dans un large processus qui
connaît un avant et un après, en découvrir le contexte peut aider à prendre
conscience des conséquences de nos actes d’achat. Campagnes d’information,
ateliers, éducation scolaire… tout doit être mis en œuvre pour comprendre que nos
achats ne sont pas anodins et doivent être pensés et repensés.

L’adoption d’une économie circulaire dans les entreprises, où les produits sont
destinés à être durables, réparables, fabriqués dans le respect de ceux qui y
travaillent, avec des matériaux respectueux de la planète ou recyclables, contribue
à réduire les déchets et à promouvoir une consommation écoresponsable. De
même, le développement de plateformes en ligne et d’applications dédiées au
développement durable constitue une réelle aide pour quiconque souhaite devenir
un consom’acteur. Elles offrent des guides, des conseils, parfois même des
évaluations et scores de durabilité selon les produits.

Enfin, les initiatives privées de type Repair cafés, bibliothèques d’outils à


partager, etc. participent à rendre l’accès plus facile aux consom’acteurs.

Le cheminement vers une consommation plus responsable doit être à la fois


individuel et collectif. Il ne peut être efficace que si un nombre important de
personnes font le choix de devenir consom’acteurs. Cela passe par une remise en
cause de nos habitudes, mais aussi des normes de la société de consommation et
de la pression sociale. Cela exige aussi une prise de recul par rapport à notre
image et à notre besoin de reconnaissance. Pour reprendre une citation du film
de 1999 Fight club, de David Fincher, avec Brad Pitt : « Nous achetons des choses
dont nous n’avons pas besoin avec de l’argent que nous n’avons pas pour
impressionner des gens que nous n’aimons pas. »

Réfléchir à sa consommation, faire des choix orientés durabilité et éthique, c’est


une discipline qui demande du temps et de l’entraînement. Cela exige aussi de
dépasser les obstacles et d’avancer en conscience, un petit pas après l’autre.
Par Emma Ménébrode - Publié le 07/03/2024

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