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Abstract
Il sied de noter que la bonne compréhension des canaux de transmission constitue une condition
indispensable à la mise en œuvre d’une politique appropriée, dans la mesure où elle permet de
déterminer l’ampleur et le rythme des mesures de politique monétaire nécessaires au maintien de
la stabilité des prix.
*1 Cell researcher at the LAREA-UYII/SOA. Contact: gastonfils@hotmail.fr . The author, however, remains entirely responsible for errors
and omissions that may remain in the text
INTRODUCTION
D’un point de vue théorique, la politique monétaire de la Banque Centrale semble inspirée par
deux postulats de la théorie monétariste : la stabilité des prix, en vue de garantir une évolution
durable de l’économie le long de son sentier de croissance, d’une part ; la définition de
l’inflation comme un phénomène exclusivement monétaire, d’autre part.
La présente étude a deux articulations, la première se concentre sur la présentation des canaux
de transmission et la seconde section consiste à une évaluation de la pertinence des canaux de
transmission dans la conduite de la politique monétaire.
Nous allons examiner dans cette section comment la politique monétaire influence
l’économie. Le schéma de base : instrument(s) ⟹ objectif(s) intermédiaire(s) / cible(s) ou
pilier(s) ⟹ objectif(s) final(s), ne peut se réaliser sans l’existence de canaux de transmission
représentés par les flèches. Ils constituent des liens spécifiques par lesquels les impulsions de
la politique monétaire se répercutent sur l’activité économique et, plus particulièrement, sur le
niveau des prix. Les canaux de transmission de la politique monétaire sont donc des voies
par lesquelles une décision de politique monétaire, en affectant le comportement des
agents économiques, agit sur la croissance et sur les prix. Ces canaux se sont modifiés avec
la déréglementation-libéralisation financière qui est apparue dans la plupart des pays. Si le
canal par le taux d'intérêt semble maintenant plus direct, l'effet des agrégats monétaires eux-
mêmes sur l'activité s'est sans doute transformé à mesure que leurs définitions évoluaient. Au
canal par les taux d'intérêt, certains auteurs ont proposé d'ajouter un canal par le crédit
bancaire. D’autres analystes privilégient le taux de change et le prix d’actifs comme canaux
de transmission de la politique monétaire.
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3. Les canaux des prix d’autres actifs
a. Le canal du taux de change
b. Le canal du cours des actions
4. Le canal de l’information
Le canal de transmission par le taux d’intérêt renvoie au modèle keynésien traditionnel qui
postule qu’une augmentation de l’offre de monnaie conduit à une baisse de taux d’intérêt, à
une relance de l’investissement. A court terme, la hausse de ce dernier se traduit par un effet
multiplicateur sur la demande des biens et services. Il convient de noter que la politique
monétaire agit sur le taux d’intérêt nominal à court terme alors que le taux d’intérêt pertinent
est en effet le taux d’intérêt réel à long terme anticipé par les emprunteurs, qui représente le
prix de crédit.
Comment les variations de taux d’intérêt ajustent-elles sur le taux réel de long terme ? En
présence de rigidité des prix, une variation du taux nominal entraîne la variation du taux réel
dans le même sens. Toutefois, cet impact dépend des anticipations. En effet, le taux d’intérêt à
long terme s’interprète comme une moyenne des taux d’intérêt futurs de court terme anticipés.
Si la politique monétaire poursuit de façon crédible la stabilité des prix, une augmentation de
l’offre de monnaie ne sera pas interprétée comme un relâchement de la discipline et ne se
traduira pas par une hausse des anticipations inflationnistes, dans ce sens la variation du taux
d’intérêt court occasionnera donc une variation du taux long dans le même sens.
Une variation du taux d’intérêt a diverses conséquences que nous pouvons les regrouper en
trois rubriques, notamment : l’’effet de substitution, l’effet richesse et l’effet revenu.
L’effet de revenu : toute variation du taux directeur a des répercussions sur les taux
d’intérêt appliqués aux nouveaux placements et emprunts. Cette variation a des
répercussions sur les dépenses de biens de consommation ou d’investissement des
agents. En outre, la conséquence de cette variation sur le revenu des agents dépend de
leurs situations débitrices ou créditrices nettes.
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1.2. Le canal de crédit
Dans le cadre du canal du taux (ou canal monétaire), le rôle des banques se limite à la création
de monnaie. L’offre de monnaie est proportionnelle à la base monétaire. Les variations de
taux entraînent des substitutions au sein des portefeuilles d’actifs (monnaie et titres) détenus
par les agents non financiers. Ainsi, les interventions de politique monétaire modifient les
conditions monétaires et s’observent par l’intermédiaire du passif du bilan des banques.
L’actif du bilan des banques n’intervient pas dans l’analyse. Il n’existe d’ailleurs pas de
différences entre les titres et les crédits pour le financement de l’activité économique.
En revanche, dans le cadre du canal strict du crédit, les banques jouent un rôle déterminant
dans le processus de financement par l’intermédiaire de l’octroi de crédits. Désormais, le
système bancaire n’est plus neutre dans la transmission de la politique monétaire. L’actif et le
passif du bilan des banques doivent être considérés de façon symétrique. En cas de
durcissement de la politique monétaire, les banques vont ajuster leurs conditions débitrices :
augmentation du taux des nouveaux crédits et/ou une diminution des crédits offerts.
Le mécanisme de transmission par le canal de crédit stipule qu’une baisse du taux d’intérêt en
stimulant l’offre de crédit permet de financer plus de projets d’investissement, alors qu’une
hausse donne l’effet contraire. Généralement, on observe que, suite à une hausse du taux
directeur, les banques sont amenées à rationner, presque mécaniquement, les crédits octroyés
à certains types d’agents, en particulier les petites et moyennes entreprises (PME) ainsi que
les ménages, qui sont dépendantes des banques pour leurs financements. Cependant, le
manque d’information sur la qualité des projets d’investissement force les banques à intégrer
le risque de défaut dans le coût du crédit proposé à tous les agents économiques, pénalisant
ceux qui proposent des bons projets, lesquels ont une faible probabilité de faire défaut, c’est-
à-dire une forte probabilité de payer effectivement les intérêts de leurs emprunts et le
principal (Modèle de rationnement de crédit de Stiglitz et Weiss, 1981). Le mécanisme d’anti-
sélection amène les banques à rationner le crédit plutôt que d’augmenter le taux d’intérêt sur
les prêts lorsque le taux directeur augmente. Par conséquent ce canal, pour ces diverses
raisons, provoque des effets différenciés selon les catégories d’agents et son ampleur dépend
également des actifs utilisés pour gager les prêts. La dévalorisation des actifs consécutive à la
hausse de taux d’intérêt renforce le canal de crédit.
Par ailleurs, le modèle de Stiglitz et Weiss permet de comprendre pourquoi dans les pays
africains, les banques détiennent des réserves excédentaires dans un environnement dans
lequel la probabilité de défaut des engagements de prêts est élevée.
Avant de clore ce point, Il faut savoir que la bonne santé des banques est cruciale dans la
transmission de la politique monétaire. En effet, lorsque les bilans bancaires encombrés des
créances douteuses où leurs portefeuilles d’actifs sont dévalorisées, les banques sont moins
disposées à accorder de nouveaux crédits (une autre source de rationnement de crédit).
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1.3. Le canal des prix des autres actifs
L’étude des canaux peut être complétée par d’autres développements sur les prix de différents
actifs (devises et actions) et sur les effets d’annonce. Les monétaristes examinent les
mécanismes de transmission dans lesquels les prix relatifs d’autres actifs et la richesse réelle
transmettent des effets monétaires dans l’économie.
Un autre canal de transmission du cours des actions agit par le biais des effets de richesse sur
la consommation. Ce canal a été mis en évidence par F. Modigliani (1971) dans son modèle
MPS. Les actions constituent une composante majeure du patrimoine financier. Ainsi,
l’augmentation de leur cours accroît ce patrimoine, donc les ressources globales des
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consommateurs pendant leur durée de vie s’accroissent, ce qui entraîne une augmentation de
la consommation et donc de la production.
Depuis le début des années 90, les banques centrales prennent en compte un autre canal, celui
de l’information. Elles diffusent des informations que les agents vont ensuite traiter. Dans le
cadre de leurs décisions, les agents y intègrent de nombreuses anticipations sur la
consommation future, les capacités de production futures, les rémunérations futures… Ils vont
faire de la projection à partir d’indicateurs anticipés comme l’évolution du PIB estimé, le taux
d’inflation estimé. Les banques centrales vont utiliser des effets d’annonce. Par cette action, la
banque concernée indique aux agents par avance ses intentions. Il s’agit d’un signal envoyé en
direction des agents financiers, et surtout des agents non financiers. Le message, avant tout
effet quantité et/ou prix, essaye d’influencer le comportement des acteurs économiques. Cette
action permet aussi de rendre plus crédible les actions de la banque centrale ; elle doit
permettre de la renforcer. Il faut noter que la perception des effets d’annonce est complexe.
La première partie de ce travail consistait donc à une présentation des différents canaux de
transmission de la politique monétaire. Au cours de cette partie, nous allons analyser la
pertinence de ces canaux dans la conduite de politique monétaire par la Banque Centrale.
Taylor (1995) propose une excellente vue d’ensemble des récentes études menées sur les
canaux de taux d’intérêt et, selon lui, l’expérience prouve largement que les taux d’intérêt
exercent un effet considérable sur les dépenses de consommation et d’investissement, ce qui
en fait un puissant mécanisme de transmission de la politique monétaire. Sa position est
fortement controversée : de nombreux chercheurs, comme Bernanke et Gertler (1995),
professent une toute autre opinion et affirment que les études empiriques ont eu beaucoup de
mal à déceler une incidence significative des taux d’intérêt par le biais du coût du capital. Ces
experts ne considèrent que l’échec du taux d’intérêt comme mécanisme de transmission de la
politique monétaire à encourager la recherche d’autres mécanismes, notamment le canal du
crédit.
Il existe trois raisons de penser que les canaux de crédit constituent un élément important du
mécanisme de transmission de la politique monétaire.
- En premier lieu, un grand nombre d’indices obtenus sur données individuelles tendent
à prouver que les imperfections des marchés de crédit, du type de celles qui sont
essentielles à l’action des canaux de crédit, affectent effectivement les décisions
d’embauche et de dépenses des entreprises.
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- En deuxième lieu, il semble, comme l’ont montré Gertler et Gilchrist (1994), que les
petites entreprises, davantage susceptibles de subir des restrictions de crédit, soient
plus affectées par un resserrement de la politique monétaire que les grandes
entreprises, qui sont moins exposées à ce risque.
- La troisième raison, et probablement la plus solide, est que la thèse d’asymétrie
d’information expliquant les imperfections des marchés du crédit, qui se situe au cœur
de l’analyse du canal du crédit, est une construction théorique qui s’est avérée
extrêmement utile pour expliquer nombre d’autres phénomènes importants. Elle
explique notamment l’origine de l’existence de nombreuses institutions financières et
la structure de notre système financier.
En outre, l’analyse du canal du crédit présentée ci-dessus fournit une explication cohérente de
l’enchaînement des événements lors d’une crise financière type et des raisons pour lesquelles
les crises financières sont si néfastes pour l’économie. Le meilleur moyen de valider une
théorie consiste à établir son utilité dans un large éventail d’applications. La théorie selon
laquelle les canaux de crédit sont des éléments importants du mécanisme de
transmission de la politique monétaire répond parfaitement à ce critère.
Une caractéristique importante des canaux de crédit est l’accent qu’ils mettent sur la manière
dont la politique monétaire affecte l’économie par le biais de prix d’actifs autres que les taux
d’intérêt. En outre, l’analyse des canaux supplémentaires tels que le taux de change, le
coefficient q de Tobin, la richesse et les prix des logements et des terrains explique également
pourquoi les prix d’autres actifs jouent un rôle si important dans le mécanisme de
transmission de la politique monétaire.
2.1. Evaluation empirique des canaux de politique monétaire dans la zone euro
Dans les pays de la zone euro, nous pouvons relever ce qui suit :
Le canal classique du taux d'intérêt agirait différemment entre les pays de la zone euro. La
part des taux fixes dans l'endettement des ménages est en effet très hétérogène entre des pays
comme les Portugal où l'ensemble des crédits hypothécaires sont à taux variable, et des pays
comme les Pays- Bas où 85% des crédits sont à taux fixe
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2.2. Orientation de la Politique Monétaire par les Banques Centrales
Dans une situation où les agents économiques privés sont trop endettés et veulent se
désendetter, la baisse des taux directeurs des Banques Centrales et la hausse de la liquidité
bancaire n’ont pas d’effet sur la distribution de crédit en raison de la faiblesse de la demande
de crédit, même à des taux d’intérêt très faibles
2.2.2. La baisse des taux d’intérêt à court terme et à long terme génère un effet de
revenu favorable sur les agents économiques endettés ;
Il s’agit ici d’accroître le revenu des agents économiques endettés en réduisant les paiements
d’intérêts sur leur dette par la baisse des taux d’intérêt aussi bien à court terme (crédits à taux
variable) qu’à long terme (crédits à taux fixe, obligations). Ce canal s’est révélé efficace
depuis le début de la crise.
Ceci semble être le cas aujourd’hui aux Etats-Unis, pas dans la zone euro (où la bourse reste
faible) et au Royaume-Uni (où l’investissement est faible).
2.2.4. L’effet de taux de change, sans doute recherché mais difficile à obtenir
Les politiques monétaires très expansionnistes mises en place par les Banques Centrales
visent certainement parfois à déprécier le taux de change. Mais ces politiques peuvent être
inefficaces car les taux de change ne réagissent pas seulement aux niveaux des taux d’intérêt
(mais aussi à l’aversion pour le risque, aux perspectives de croissance…) et car elles sont
menées dans tous les pays.
Il s’agit du mécanisme suivant : lorsque la liquidité offerte est abondante et peu chère, les
investisseurs sont incités à emprunter cette liquidité pour acheter des actifs risqués. Il en
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résulte une diminution des primes de risque qui est favorable à la croissance, à
l’investissement, et qui peut aboutir à une baisse de la perception du risque qui va dans le
même sens.
CONCLUSION
L’étude du mécanisme de transmission de la politique monétaire présentée dans ce papier est
d’une grande utilité pour aider les responsables de la politique monétaire à évaluer l’incidence de
leurs actions sur l’économie. Ces informations sont non seulement intéressantes en elles-mêmes
mais, comme nous l’avons vu, elles fournissent aux autorités monétaires d’importants éléments
d’appréciation pour orienter leur politique et éviter au mieux les erreurs passées.
Ainsi, il est pertinemment reconnu que la bonne compréhension des canaux « constitue une
condition indispensable à la mise en œuvre d’une politique appropriée, dans la mesure où elle
permet de déterminer l’ampleur et le rythme des mesures de politique monétaire nécessaires au
maintien de la stabilité des prix ».
Les canaux de transmission pour les politiques monétaires expansionnistes présentent des
caractéristiques suivantes :
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Références Bibliographiques
Bernanke, Ben S., and Mark Gertler, 'Inside the Black Box: The Credit Channel of
Monetary Policy Transmission,' Journal of Economic Perspectives, Fall 1995, n° 9, p. 27-
48.
Ramey, Valerie, “How Important is the Credit Channel for the Transmission of
Monetary Policy?” Carnegie-Rochester Conference Series on Public Policy, December
1993, n° 39, p. 1-45.