Fiche_formation_SENS_MOTS
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Constats et analyse
Au lycée, beaucoup de termes de la vie courante sont utilisés en science mais leur usage se fait alors de
façon beaucoup plus rigoureuse ou précise : il suffit de penser aux termes poids, forces, énergie, puissance, chaleur,
lumière, qui ont des sens variés dans la vie quotidienne mais très précis en physique. Par exemple, un objet dans
le sens commun est quelque chose de manipulable, c’est pourquoi la Terre qui peut être un objet au sens de la
physique ne l’est pas au sens courant. Faire de la physique nécessite souvent de « parler physique » (ou de parler
à la façon du physicien) avec des mots déjà connus dans le langage courant. Comme pour d’autres disciplines,
apprendre de la physique implique donc forcément de se familiariser non seulement avec le vocabulaire
qui lui est spécifique mais aussi avec les usages spécifiques à la discipline de termes utilisés dans la vie
courante.
Ce décalage entre usage courant et usage en physique pouvant être une source importante de difficultés.
L’usage fréquent dans la vie quotidienne de certains termes utilisés en physique est fortement associé
à des raisonnements courants : par exemple l’énergie est quelque chose qui se consomme, qui se produit, dont
on peut manquer ; la force est une propriété d’une personne, d’animaux, d’objets, qui peut s’épuiser ou augmenter….
Le rôle de la langue, des métaphores et des analogies est crucial dans cette interaction entre signification quotidienne
d’un terme et construction d’idées intuitives parfois incorrectes du point de vue scientifique. Cette fiche propose
donc un approfondissement, centré sur le langage, d’un problème plus général : l’articulation entre idées initiales
des élèves qui s’expriment dans la langue de tous les jours et connaissances à apprendre en physique.
Actions proposées
Il est donc indispensable de :
▪ distinguer les différents contextes d’usage et les différents sens selon le contexte ;
▪ éviter l'ambiguïté au sujet du contexte lorsqu'on pose une question à l'élève (en précisant si on attend une
réponse du point de vue de la physique ou du point de vue quotidien) ou assumer l'ambiguïté pour en faire
un sujet de débat dans la classe ;
▪ bien préciser le sens dans lequel on utilise le terme lorsqu'on enseigne (même si petit à petit l’élève
comprend qu’en classe de physique, le terme est utilisé avec la signification de la discipline).
Cet objectif peut aller jusqu’à donner lieu à une activité : par exemple, une activité peut viser à faire la distinction
entre les différents sens du mot fréquence, ou à faire émerger la signification spécifique du mot image en optique
(dans la vie courante, image est souvent associée à photo, elle peut être floue, etc...)..
Quand ? Comment ?
Cette vigilance quant au contexte d’usage doit s’exercer pour l’enseignant lorsqu’il prépare une séance et lorsqu'il
enseigne. Il ne s’agit surtout pas de laisser croire qu'il y a un usage correct et un usage incorrect. L'usage
quotidien n'est pas un mauvais usage, sa fonctionnalité en étant la meilleure preuve (si dans la rue je demande ma
direction, tout le monde me comprend et pourtant le sens du mot n'est pas le sens scientifique). Il convient par
contre d’expliquer à l'élève que, selon le contexte (quotidien ou scientifique), tel usage risque d'être inapproprié.
Ce n’est pas parce qu’un élève a compris la polysémie d’un mot et la manière correcte de l’utiliser en sciences qu’il
va le faire ensuite, surtout si on lui présente une situation décrite avec des mots du quotidien (quand on présente
une situation avec des mots de la physique, le risque de retomber dans le sens quotidien est moins grand)