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Désenchantement

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Introduction

Les Soleils des Indépendances, ce roman peut être classé dans la


rubrique « Roman du désenchantement », selon Jacques Chevrier. Le
terme désenchantement signifie un ensemble de productions littéraires
où s’analysent les grandes désillusions des Africains. Alors fidèles à leur
projet de redonner à l’Afrique sa splendeur culturelle, de corriger les
différentes malversations nées après les indépendances ; les
intellectuels Africains par le moyen de différents genres littéraires ont
dénoncé les maux qui gangrènent la société africaine. Ces maux ont
pour nom tyrannie, la corruption, le népotisme, le vol, le despotisme, le
laxisme.

En réalité les Soleils des Indépendances au-delà des devoirs de Fama,


traduit des mutations sociopolitiques des bouleversements des
structures traditionnelles, des illusions d'un peuple africain qui se sont
effondrées dix ans après les indépendances. Ahmadou Kourouma ne
prétend pas aux témoignages. Cette œuvre romanesque est nourrie
d'une réflexion sociologique. Elle nous rappelle dit Jacques Chevier que
« toute mutation politique s'accompagne inéluctablement d'injustice et
d'échec humain.

I. Auteur

Ahmadou Kourouma est né à Boundiali (cote d'ivoire) en 1927. Il passe


son enfance en Guinée, à Togobala (un des cadres du roman). Il fait ses
premières études dans son village natal, puis à l'école primaire de Binger
ville avant d'être reçu à 20 ans au concours d'entrée à l'école technique
de Bamako. Il passe deux ans. Mais il sera renvoyé de l'école à cause de
ses activités politiques puis enrôlé de force dans l'armée. Après son refus
de participer avec son bataillon à des répressions, il est emprisonné,
dégradé et désigné d'office pour l'Indochine. Trois ans après, on le
retrouve à Paris puis à Lyon où il a repris ses études : il est diplômé de
l'institut des Actuaires en 1959 et se marie en 1960. Soupçonné
d'actions subversibles, il va commencer une série de voyage au
Cameroun, au Togo, en Algérie, en France. Plu tard il reviendra en Cote
d'Ivoire où il est nommé sous directeur d'une banque. Il est mort en
2003 en France. Sa vie littéraire est essentiellement marquée par la
publication de quatre œuvres maitresses: Les Soleils des Indépendances
(1968), Monné outrages et défis (1990), En attendant le vote des bêtes
sauvages (1998), Allah n'est pas obligé (2001). Mais il a aussi écrit une
œuvre théâtrale Tougnantigui (octobre 1976).

II. RESUME DE L'ŒUVRE

Dans ce livre le narrateur raconte l'histoire de Fama Doumbouya :


« véritable prince malinké né dans l'or, le manger, l'honneur et les
femmes; éduqué pour préférer l'or à l'or pour choisir le manger parmi
d'autres et coucher sa favorite parmi cent épouses ». Mais ce prince
légitime du Horodougou se voit déchu avec les indépendances et << se
trouve réduit à travailler dans les obsèques et les funérailles au milieu
des griots à l'affût d'une aumône.» A ce lot de misères, il s'ajoute que sa
femme Salimata est stérile malgré tous les sacrifices et les prières qu'elle
a consenties.

A la mort de son cousin Lacina, alors chef de Togobala, son village natal,
il s'y rend pour les funérailles et héritera de sa quatrième épouse Mariam
qui le suivit à la capitale. A partir de ce moment, la vie lui est rendue
difficile par les querelles incessantes de ses deux épouses (Mariam et
Salimata). Un soir, fatigué des hostilités féminines, il sort en pleine nuit
et est arrêté et fut arrété par des militaires puis fut condamné pour
divers motifs à 2 ans de réclusion criminelle. A sa sortie de prison déçu
et trahi par ses épouses Fama tente de rentrer à Togobala.
Malheureusement, la frontière est fermée. Il tente de forcer le passage
et poursuivi par le garde, il plonge dans le fleuve et sera mortellement
blessé par un crocodile. Il est transporté à l'hôpital et meurt en cour de
route.

III. STRUCTURE DE L'ŒUVRE


1) STRUCTURE DE L'ŒUVRE

L'œuvre est composée de trois parties de longueurs inégales :

a) La première partie

Elle est composée de quatre chapitres ainsi intitulés :

Chapitre 1: « la mollesse et sa déhontée façon de s'asseoir »(page 9-19).


On y présente la mort d'Ibrahima Koné et ses funérailles. Ici apparait le
personnage de Fama vivant de l'argent distribué au cours de ces
cérémonies.
Chapitre 2: « sans la senteur du goyave verte » (page 20-31). Dans ce
passage c'est la figure de Fama qui domine. Il est présenté dans ses
activités quotidiennes avec sa vie de misère.

Chapitre 3: «le cou chargé carcan hérissé de sortilège comme le sont les
piquants acérés, les colliers du chien chasseur, de cynocéphales » (page
32-57). Ici apparait la figure de Salimata. On y présente les épreuves
qu'elle subit, excision, le vide dont elle est victime mais aussi les
aigreurs de son ménage et de sa vie.

Chapitre 4: « où a-t-on vu Allah s'apitoyer sur un malheur » (page 58-


78). C'est toujours le récit des difficultés de Salimata. Généreuse en
offrande et déçu par une série de vols ou de trahisons (le marabout).

b) La deuxième partie

Elle compte cinq chapitres :

Chapitre 1 : « mis à l'attache par le sexe, la mort s'approchait et gagnait,


heureusement la lune perça et le sauva » (page 81-91) dans ce passage
on présente la mort de Lacina et les préparatifs de Fama pour aller à la
cérémonie funèbre mais aussi les propositions que Salimata fait à son
mari pour rester et assurer la chefferie.

Chapitre 2: « marcher à pas compté dans la nuit du cœur et dans des


yeux » (page 92-104). On y raconte les difficultés du voyage de Fama,
passage monotone, arrogance des douaniers, l'étape pénible de Bindia
mais aussi l'enthousiasme et les émotions des retrouvailles à son arrivée
à Togobala.

Chapitre 3: « les meutes de margouillat et les vautours trouèrent ses


cotés, il survécu grâce au savant Balla » (page 105-119). C'est le récit
des malversations des colons où on retrouve en filigrane le ton de la
dénonciation. On y présente aussi les rituels et les croyances religieuses
Bambara et l'enterrement de Lacina.

Chapitre 4: « les soleils sonnant l'harmattan et Fama avec des nuit


hérissé de punaises et de Mariam furent tous pris au piège, mais la
bâtardise ne gagne pas « (page 120-137). C'est la cérémonie du 40° jour
des funérailles, Fama domine ce chapitre. C'est un prince aimé à
Togobala, un prince à l'écoute de son peuple, un prince qui rend visite
aux malades et fait des prières pour la paix mais voilà commencent les
difficultés financières de Fama.

Chapitre 5: « après les funérailles exaucées, éclata le maléfique voyage »


(page 138-147). Le récit se focalise sur les rites, les mœurs sociales, les
croyances religieuses lors de la cérémonie du 40° jour des funérailles.
Le narrateur y dresse un tableau sombre des conséquences de la
colonisation, de la perte des valeurs morales, de la conjoncture
économique mais aussi du retour de Fama et de Mariam à la capitale
sous un très mauvais présage.

c) La troisième partie

Il y’a deux chapitres dans cette partie :

Chapitre 1: « des choses qui ne peuvent pas être dites ne méritent pas
de noms » (page 151-189). C'est l'arrivée du couple dans la capitale et le
cadre étroit qui les accueille. C'est le récit des querelles et des jalousies
hystériques entre Salimata et Mariam. C'est aussi le récit de l'arrestation
et de la torture de Fama et sa condamnation.

Chapitre 2: « ce furent les oiseaux sauvages qui les premiers


comprirent la portée historique de l'événement « (page 170-196). Dans
ce passage Fama est gracié mais malade déçu, trahi, il tentera de rentrer
à son village natal et sera surpris par la mort.

2) LES THÈMES

Le thème dominant dans cette histoire est la critique des mœurs sociales
et politiques et les bouleversements des structures traditionnelles
imposés par le système colonial. Ainsi beaucoup de thèmes lui sont
tributaires.

• Les valeurs traditionnelles et leur mode de fonctionnement.


• Les bouleversements sociaux et politiques.
Vie et réalités sociales.
• La violence et la torture.
• Les pouvoirs tyranniques.
Mais tous ces thèmes ne sont-ils pas quelque part la lecture d'une vie
caduque et finalement absurde..

3) LES PERSONNAGES
Le héros la figure dominante dans cette histoire est celle de Fama
Doumbouya. Personnage principal du récit, c'est l'image du prince déçu
sujets de multiples tribulations, il tentera une dernière réhabilitation et
meurt désillusionné.

Salimata: elle incarne l'image de la femme traditionnelle travailleuse


dévouée mais malheureuse parce que victime de la tradition et des
croyances, elle préfère la fuite.Mariam: est tout à son opposé, jeune,
belle, pleine de vie, elle trahira son mari.A coté de ses personnages
principaux, on retrouve une pléthore de personnages parmi lesquels
Tchékoura le féticheur, Abdoulaye le marabout, Bakari l'ami infidèle,
Lacina le roi défunt, Balla, Diakité, Ouédrago, Souleymane, Séry,
Diamourou, Tomassi, Matali, etc....

Conclusion

Dans ce roman, nous pensons que Kourouma montre les effets néfastes
de la décolonisation. Mais comme le titre l'indique, l'œuvre est dominée
par les illusions que la population avait avec l'arrivée des
indépendances. En effet, prenant le personnage de Fama, un prince qui
était riche avant cette période d'indépendance et qui était obligé de vivre
dans cette « batarde de bâtardise » (indépendance) avec le commerce
dans des cérémonies, montre que les indépendances n'ont été
qu'illusions. Dans un autre cadre, nous voyons qu'à la fin du roman, il
y'a (et...), ce qui nous fait penser que le romancier avait des projets pour
continuer l'œuvre.

Enfin, Kourouma y évoque aussi les traditions africaines avec un


« français malinké. »

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