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formulation variationnelle des problèmes elliptiques

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Introduction à la modélisation mathématique et à

l’analyse numérique des équations aux dérivées partielles

Chapitre 3 : formulation variationnelle des problèmes elliptiques

Pr. Pascal Frey


Laboratoire Jacques Louis Lions
Institut des sciences du calcul et des données
Sorbonne Université

master MPE, 2020-2021


Plan du chapitre
• Nous abordons l’étude théorique des problèmes elliptiques dans un contexte général.
• Nous nous concentrerons sur une approche, appelée l’approche variationnelle. Il existe néan-
moins d’autres moyens de résoudre des problèmes elliptiques, comme travailler avec des
fonctions de Green.
• L’approche variationnelle est assez simple et bien adaptée à toute une classe de méthodes
d’approximation.
• Nous traiterons successivement des points suivants
1. Problème aux limites modèle
2. Problèmes variationnels abstraits
3. Applications à des problèmes modèles
4. Problèmes du second ordre généraux

Introduction à la modélisation et à l’analyse numérique des EDP M2 Maths Pour l’Entreprise, Sorbonne Université, 2020-2021 2/54
Formulation variationnelle des problèmes elliptiques
1 Problème aux limites modèle

• Le plus simple de tous les modèles est une "légère" généralisation de l’équation de Poisson
avec une condition aux limites de Dirichlet homogène.

• Soit un ouvert Lipschitz Ω de Rd , une fonction c ∈ L∞(Ω) et une autre fonction f ∈ L2(Ω).
On cherche une fonction u : Ω̄ → R telle que
(
−∆u + cu = f dans Ω ,
(1)
u = 0 sur ∂Ω .

• Nous allons transformer le problème des valeurs aux limites (1) en un type de problème
entièrement différent qui se prête à une théorie d’existence et d’unicité, ainsi qu’à la définition
de méthodes d’approximation.

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1. Problème aux limites modèle
• Transformons le problème (1) :

Proposition 1.1 Supposons que u ∈ H 2(Ω) soit solution du problème (1), i.e., de la
première équation. Alors, pour tout v ∈ H01(Ω), on a
Z Z Z
∇u · ∇v dx + cuv dx = f v dx . (2)
Ω Ω Ω

Preuve 1.1 On considère v ∈ H01 (Ω) quelconque, et on multiplie l’équation par v , ce qui donne
−(∆u)v + cuv = f v ,
puis on intègre le résultat sur Ω. En effet, chaque terme est intégrable. Tout d’abord, u ∈ H 2 (Ω)
donc ∆u ∈ L2 (Ω), et v ∈ L2 (Ω) impliquent (∆u)v ∈ L1 (Ω). De plus, c ∈ L∞ (Ω), u ∈ L2 (Ω) et
v ∈ L2 (Ω) impliquent cuv ∈ L1 (Ω). Enfin, f ∈ L2 (Ω) implique f v ∈ L1 (Ω). On obtient ainsi
Z Z Z
− (∆u)v dx + cuv dx = f v dx .
Ω Ω Ω

Nous utilisons maintenant la formule de Green, selon laquelle


Z Z Z
(∆u)v dx = − ∇u · ∇v dx + γ1 (u)γ0 (v ) dΓ
Ω Ω ∂Ω

et nous concluons puisque v ∈ H01 (Ω) est équivalent à γ0 (v ) = 0. 

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1. Problème aux limites modèle
• Concernant la deuxième équation de (1), i.e. la condition aux limites, nous devons l’interpréter
au sens des traces dans le contexte de Sobolev.
• En fait, comme nous l’avons vu dans le chapitre précédent, la manière raisonnable d’imposer
la condition aux limites de Dirichlet est d’exiger que γ0(u) = 0, ou en d’autres termes, que
u ∈ H01(Ω).
• La conjonction de (2) avec l’exigence que u ∈ H01(Ω) est appelée formulation variationnelle
du problème (1).
• Les fonctions v sont appelées fonctions de test.

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1. Problème aux limites modèle
• Réécrivons la formulation variationnelle dans une forme plus abstraite.
• Posons V = H01(Ω), il s’agit d’un espace de Hilbert.
• On introduit la forme bilinéaire sur V × V
Z
a(u, v ) = (∇u · ∇v + cuv ) dx

et une forme linéaire sur V
Z
`(v ) = f v dx .

• La formulation variationnelle s’écrit alors

∀v ∈ V , a(u, v ) = `(v ) , (3)

et nous avons montré qu’une solution du problème aux limites avec la régularité u ∈ H 2(Ω)
est solution du problème variationnel (3).
• Qu’en est-il de la réciproque ? Une solution du problème variationnel est-elle solution du
problème aux limites ?

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1. Problème aux limites modèle
• La réponse est oui. Les deux problèmes sont équivalents.

Proposition 1.2 Supposons que u ∈ H01(Ω) soit solution du problème variationnel (3).
Alors, on a
−∆u + cu = f au sens de D0(Ω) .
En outre, ∆u ∈ L2(Ω) et l’EDP est aussi satisfaite presque partout sur Ω.

Preuve 1.2 Tout d’abord, notons que la formulation variationnelle (2) a du sens pour u ∈ H01 (Ω).
Nous avons D(Ω) ⊂ H01 (Ω), donc nous pouvons prendre v = ϕ ∈ D(Ω) comme fonction de test dans
(3). Examinons chaque terme séparément. Pour le premier terme, nous avons
Z Z d
! d Z 
X X
∇u · ∇ϕ dx = ∂i u∂i ϕ dx = ∂i u∂i ϕ dx
Ω Ω i =1 i =1 Ω
d d
* d +
X X X
= h∂i u, ∂i ϕi = −h∂ii u, ϕi = − ∂ii u, ϕ = −h∆u, ϕ i ,
i =1 i =1 i =1

par définition des dérivés au sens des distributions. De même,


Z Z
cuϕ dx = hcu, ϕi et f ϕ dx = hf , ϕi .
Ω Ω

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1. Problème aux limites modèle
Preuve 1.2 (suite) Donc, on a pour tout ϕ ∈ D(Ω)
h−∆u + cu − f , ϕi = 0
ou
−∆u + cu − f = 0 au sens de D0 (Ω)
et l’EDP est satisfaite au sens des distributions.
La condition aux limites de Dirichlet est également satisfaite par le simple fait que u ∈ H01 (Ω), donc
le problème des valeurs aux limites est résolu.
Pour conclure, nous notons que ∆u = cu − f ∈ L2 (Ω).
Cela implique que la distribution ∆u est une fonction L2 et donc que l’EDP est satisfaite presque
partout dans Ω. 

• Notons que la condition γ0(u) = 0 signifie également en un certain sens que u s’annule
presque partout sur la frontière ∂Ω.
• Les deux problèmes sont équivalents, sauf pour le fait que nous avons supposé u ∈ H 2(Ω)
dans un sens, et récupéré seulement ∆u ∈ L2(Ω) dans l’autre.
• En fait, l’hypothèse u ∈ H 2(Ω) est quelque peu artificielle et introduite uniquement pour
utiliser la formule de Green.

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1. Problème aux limites modèle
• Considérons un autre problème elliptique : le problème de Neumann

−∆u + cu = f dans Ω ,

∂u (4)

 = g sur ∂Ω .
∂n
Lorsque g = 0 la condition est une condition de Neumann homogène.
• En termes de modélisation, la condition de Neumann est une condition de flux. Par ex-
emple, dans l’interprétation de l’équilibre thermique, la condition correspond à un flux de
chaleur imposé à travers la frontière, par opposition à la condition de Dirichlet qui impose
une température donnée à la frontière.
• Le cas g = 0 correspond à une isolation thermique parfaite: aucune chaleur ne peut entrer
ou sortir de Ω.

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1. Problème aux limites modèle
• Dérivons la formulation variationnelle de manière informelle.
• Supposons d’abord que u ∈ H 2(Ω), prenons v ∈ H 1(Ω), multiplions, intégrons et utilisons
la formule de Green pour obtenir
Z Z Z
∀v ∈ H 1(Ω) , (∇u · ∇v + cuv ) dx = f v dx + gγ0(v ) dΓ .
Ω Ω ∂Ω
Notons les différents espaces des fonctions test et le terme de frontière supplémentaire dans
le membre de droite.
• L’inverse est plus intéressant. Soit u ∈ H 2(Ω) une solution du problème variationnel. En
prenant d’abord v = ϕ ∈ D(Ω), on obtient

−∆u + cu = f au sens de D0(Ω)

exactement comme dans le cas de Dirichlet.


• Bien sûr, une fonction test avec un support compact ne voit pas ce qui se passe sur la
frontière, et aucune information sur la condition de Neumann n’est récupérée...

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1. Problème aux limites modèle
• Prenons maintenant v quelconque dans H 1(Ω). Par la formule de Green, on a
Z Z Z
∇u · ∇v dx = − (∆u)v dx + γ1(u)γ0(v ) dΓ .
Ω Ω ∂Ω

• Rappelons que la trace normale γ1(u) joue le rôle de la dérivée normale.


• Puisque u est une solution du problème variationnel, il s’ensuit que
Z Z Z Z
(−∆u + cu)v dx + γ1(u)γ0(v ) dΓ = f v dx + gγ0(v ) dΓ .
Ω ∂Ω Ω ∂Ω
R R
• Mais on sait déjà que Ω(−∆u + cu)v dx = Ω f v dx, par conséquent il nous reste
Z Z
γ1(u)γ0(v ) dΓ = gγ0(v ) dΓ ,
∂Ω ∂Ω

pour tout v ∈ H 1(Ω).


• Pour simplifier, nous supposons ici que g ∈ H 1/2(∂Ω), l’image de la trace γ0, et que Ω est
régulier.

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1. Problème aux limites modèle
Pd
• Puisque u ∈ H (Ω), il s’ensuit que γ1(u) = i =1 γ0(∂i u)ni ∈ H 1/2(∂Ω).
2

• Il existe donc v ∈ H 1(Ω) tel que γ0(v ) = γ1(u) − g. Avec ce choix de v , on obtient
Z
(γ1(u) − g)2 dΓ = 0 ,
∂Ω
donc γ1(u) = g, qui est la condition de Neumann.
• Les dernières hypothèses (u ∈ H 2(Ω) et g ∈ H 1/2(∂Ω)) sont faites par souci de simplicité.
• Elles ne sont pas nécessaires pour conclure.

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1. Problème aux limites modèle
• Un autre problème intéressant est le problème de Dirichlet non homogène
(
−∆u + cu = f dans Ω ,
(5)
u = g sur ∂Ω .

avec g ∈ H 3/2(∂Ω).∗
• Ce problème se ramène au problème homogène en considérant une fonction G ∈ H 2(Ω) telle
que γ0(G) = g et en fixant U = u − G.
Alors clairement U ∈ H01(Ω) et −∆U + cU = −∆u + cu + ∆G − cG = f + ∆G − cG.
• Ensuite, nous écrivons simplement la formulation variationnelle du problème homogène pour
U avec le membre droit F = f + ∆G − cG ∈ L2(Ω).
• Notez qu’il est également possible de résoudre le problème sous l’hypothèse plus naturelle
g ∈ H 1/2(∂Ω).


L’espace H 3/2 (∂Ω) est l’espace des traces des fonctions de H 2 (Ω).
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1. Problème aux limites modèle
• Les conditions de Dirichlet et de Neumann peuvent être mélangées ensemble, mais pas au
même endroit sur la frontière, ce qui aboutit au problème dit mixte.
• Plus précisément, soit Γ1 et Γ2 deux sous-ensembles de ∂Ω tels que

Γ1 ∩ Γ2 = ∅ , Γ̄1 ∪ Γ̄2 = ∂Ω .

• Le problème mixte s’écrit





−∆u + cu = f dans Ω ,

u = g1 sur Γ1 ,

(6)

 ∂u
= g2 sur Γ2 .



∂n
• La formulation variationnelle du problème mixte (dans le cas g1 = 0 par souci de brièveté)
consiste à prendre V = {v ∈ H 1(Ω); γ0(v ) = 0 sur Γ1} et
Z Z Z
∀v ∈ V , (∇u · ∇v + cuv ) dx = f v dx + g2γ0(v ) dΓ ,
Ω Ω Γ2

avec u ∈ V .
Notons que le problème mixte se réduit au problème de Neumann lorsque meas(Γ1) 6= 0 et
au problème de Dirichlet lorsque meas(Γ2) 6= 0.

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Formulation variationnelle des problèmes elliptiques
2 Problèmes variationnels abstraits
• Nous décrivons maintenant un cadre abstrait général pour tous les problèmes variationnels.
• Nous avons vu que certains problèmes aux limites peuvent être reformulés sous la forme
suivante.
• Etant donné un espace de Hilbert V (e.g. H01(Ω) ou H 1(Ω)), une forme bilinéaire a sur
V × V et une forme linéaire ` sur V .
• La solution du problème aux limites est solution du problème (3).
• À ce stade, nous avons une vision complètement abstraite du problème aux limites.

Définition 2.1 Un problème variationnel abstrait consiste à trouver u ∈ V telle que

∀v ∈ V , a(u, v ) = `(v ) , (7)

où V est un espace de Hilbert, a est une forme bilinéaire sur V × V et ` est une forme
linéaire sur V .

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2. Problèmes variationnels abstraits
• L’outil de base pour résoudre des problèmes variationnels abstraits est le théorème de Lax-
Milgram.

Théorème 2.1 (Lax – Milgram) Soient V un espace de Hilbert, a une forme bilinéaire
et ` une forme linéaire. Supposons que
(i) La forme bilinéaire a est continue, i.e. il existe une constante M telle que
|a(u, v )| ≤ MkukV kv kV pour tous u, v ∈ V ,
(ii) La forme bilinéaire a est V -elliptique (coercive), i.e. il existe une constante α > 0 telle
que a(v , v ) ≥ αkv k2V pour tout v ∈ V ,
(iii) La forme linéaire ` est continue, i.e. il existe une constante C telle que |`(v )| ≤ Ckv kV
pour tout v ∈ V .
Sous les hypothèses ci-dessus, il existe un unique u ∈ V solution du problème variationnel
abstrait (7).

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2. Problèmes variationnels abstraits
• Donnons une preuve de ce résultat important

Preuve 2.1 Commençons par l’unicité. Soit u1 et u2 deux solutions du problème (7). Puisque a est
linéaire par rapport à son premier argument, il s’ensuit que a(u1 − u2 , v ) = 0 pour tout v ∈ V . En
particulier, pour v = u1 − u2 , on obtient
0 = a(u1 − u2 , u1 − u2 ) ≥ αku1 − u2 k2V ,
de telle sorte que ku1 − u2 kV = 0 puisque α > 0.

Nous prouvons ensuite l’existence d’une solution. Notons d’abord que pour tout u ∈ V , l’application
v 7→ a(u, v ) est linéaire (par bilinéarité de a) et continue (par continuité de a). Il existe donc un unique
élément Au de V 0 tel que a(u, v ) = hAu, v iV 0 ,V . De plus, la bilinéarité de a montre que l’application
A : V → V 0 ainsi définie est linéaire. Elle est également continue puisque pour tout v ∈ V avec
kv kV ≤ 1,
|hAu, v iV 0 ,V | = |a(u, v )| ≤ MkukV kv kV ≤ MkukV
tel que
kAukV 0 = sup |hAu, v iV 0 ,V | ≤ MkukV .
kv kV ≤1
On réécrit le problème variationnel comme : trouver u ∈ V telle que
∀v ∈ V , hAu − `, v iV 0 ,V = 0
ou
Au = ` ,
et c’est là que la continuité de ` est utilisée.

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2. Problèmes variationnels abstraits
• Donnons une preuve de ce résultat important

Preuve 2.1 (suite) Ainsi, prouver l’existence équivaut à montrer que l’application A est surjective.
Nous faisons cela en deux étapes indépendantes : nous montrons que im A est fermée d’une part et
qu’elle est dense d’autre part.
Pour la fermeture de l’image, nous utilisons l’hypothèse (ii) de V -ellipticité. Soit `n une suite dans
im A telle que `n → ` dans V 0 . Nous voulons montrer que ` ∈ im A, ce qui impliquera que im A est
fermée. La suite `n est une suite de Cauchy dans V 0 , et pour tout n, il existe un ∈ V tel que Aun = `n .
Par V -ellipticité,
1 1
ku − um k2V ≤ a(un − um , un − um ) = hAun − Aum , un − um iV 0 ,V
α α
1 1
= h`n − `m , un − um iV 0 ,V ≤ k `n − `m kV 0 kun − um kV ,
α α
par définition de la norme duale. Par conséquent, si kun − um kV = 0, tout est bien, sinon on divise par
kun − um kV et dans les deux cas
1
kun − um kV ≤ k`n `m kV 0 ,
α
et ainsi un est une suite de Cauchy dans V . Puisque V est complet, il existe u ∈ V tel que un → u
dans V . Comme A est continue, il s’ensuit que `n = Aun → Au dans V 0 . Donc ` = Au ∈ im A.

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2. Problèmes variationnels abstraits
• Donnons une preuve de ce résultat important

Preuve 2.1 (suite) Pour montrer la densité, nous montrons que (imA)⊥ = {0} (d’après le théorème
1.3 du chapitre 2). On note que (Au|`)V 0 = (σAu|σ`)V = hAu, σ` iV 0 ,V = a(u, σ`), où σ est
l’isomorphisme de Riesz. Soit ` ∈ (im A)⊥ . Pour tout u ∈ V , on a ainsi (u, σ`) = 0.
En particulier, pour u = σ`, on obtient 0 = a(σ`, σ`) ≥ αkσ`k2V par V -ellipticité. Comme α > 0, il
s’ensuit que ` = 0. 

• Dans le cas d’espaces de Hilbert complexes et de problèmes variationnels à valeurs complexes,


le théorème de Lax-Milgram est toujours valable pour une forme bilinéaire ou sesquilinéaire.
• L’hypothèse de V -ellipticité peut même être assouplie pour n’impliquer que la partie réelle de
a, c’est-à-dire <(a(u, u)) ≥ αkuk2 (ou la partie imaginaire), ce qui est plutôt utile puisque
la partie imaginaire peut être assez arbitraire.
• Le théorème de Lax-Milgram donne uniquement des conditions suffisantes d’existence et
unicité de la solution d’un problème variationnel abstrait. En effet, lorsque V est de dimension
finie, la V -ellipticité n’est que le caractère défini positif de l’opérateur A (identifiant V et V 0
sans hésitation).

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2. Problèmes variationnels abstraits
• En remplaçant la V -ellipticité par la condition inf − sup suivante :
a(u, v )
inf sup > 0,
u∈V \{0} v ∈V \{0} kuk V kv k V

combiné avec le requis que si v est tel que a(u, v ) = 0 pour tout u ∈ V , alors v = 0,
on obtient un ensemble de conditions nécessaires et suffisantes. Les deux conditions sont
clairement imposées par la V -ellipticité.
• La forme linéaire dans le membre de droite d’un problème variationnel doit être considérée
comme une donnée. A cet égard, la solution dépend en permanence des données.

Proposition 2.1 L’application V 0 → V , ` 7→ u définie par le théorème de Lax-Milgram


est linéaire et continue.

Preuve 2.2 L’opérateur A est linéaire et inversible, donc A1 l’est aussi. La continuité de A−1 vient du
théorème de Banach. Le résultat est même plus précis puisque αkuk2V ≤ a(u, u) = `(u) ≤ k`kV 0 kukV ,
donc
1
kukV ≤ k`kV 0 ,
α
qui montre que la constante de continuité de A−1 est plus petite que l’inverse de la constante de
V -ellipticité de a. 

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2. Problèmes variationnels abstraits
• Regardons un cas particulier.

Proposition 2.2 Supposons les hypothèses du théorème de Lax-Milgram satisfaites. Sup-


posons en outre que la forme bilinéaire a soit symétrique. Alors la solution u du problème
variationnel (7) est aussi l’unique solution du problème de minimisation :
1
J(u) = inf J(v ) avec J(v ) = a(v , v ) − `(v ) .
v ∈V 2

Preuve 2.3 Soit u la solution de Lax-Milgram. Pour tout v ∈ V , on pose w = v − u et


1 1 1
J(v ) = J(u + w ) = a(u, u) + a(u, w ) + a(w , w ) − `(u) − `(w )
2 2 2
1
= J(u) + a(u, w ) − `(w ) + a(w , w )
2
≥ J(u) ,
puisque a(w , w ) ≥ 0. Donc u minimize J sur V .

Réciproquement, supposons que u minimize J sur V . Alors, pour tout λ > 0 et tout v ∈ V , on a
J(u + λv ) ≥ J(u). En développant le terme de gauche, il vient
1 λ2
a(u, u) + λa(u, v ) + a(v , v ) − `(u) − λ`(v ) ≥ J(u) ,
2 2

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2. Problèmes variationnels abstraits
• Regardons un cas particulier.

Preuve 2.3 (suite) et en divisant par λ


λ
a(u, v ) − `(v ) + a(v , v ) ≥ 0 .
2
Lorsque λ → 0, il vient
a(u, v ) − `(v ) ≥ 0 ,
et en changeant enfin v en −v on obtient
a(u, v ) − `(v ) = 0 ,
pour tout v ∈ V . 

• Prendre λ > 0, diviser par λ et faire tendre λ → 0 est plutôt judicieux et connu sous le
terme d’astuce de Minty (Minty’s trick).

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Formulation variationnelle des problèmes elliptiques
3 Applications à des problèmes modèles
• Appliquons les résultats théoriques à des problèmes concrets.
Soit Ω un ouvert Lipschitz de Rd .

Proposition 3.1 Soit f ∈ L2(Ω), c ∈ L∞(Ω). Supposons que c ≥ 0. Alors le problème


trouver u ∈ V = H01(Ω) telle que
Z Z
∀v ∈ V , (∇u · ∇v + cuv ) dx = f v dx ,
Ω Ω
admet une unique solution.

Preuve 3.1 Nous savons déjà que V est un espace de Hilbert, pour les deux produits scalaires
précédemment définis. De manière évidente
Z
a(u, v ) = (∇u · ∇v + cuv ) dx

définit une forme bilinéaire sur V × V et


Z
`(v ) = f v dx

une forme linéaire sur V . Il s’agit donc d’un problème variationnel abstrait.

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3. Applications à des problèmes modèles
• Appliquons les résultats théoriques à des problèmes concrets.

Preuve 3.1 (suite) Appliquons le théorème de Lax-Milgram et vérifions ses hypothèses. Nous utilisons
la norme de H 1 .
Pour tout (u, v ) ∈ V × V ,
Z
|a(u, v )| = (∇u · ∇v + cuv ) dx
ZΩ
≤ |∇u · ∇v + cuv | dx
ZΩ Z
≤ |∇u · ∇v | dx + |cuv | dx
Ω Ω
≤ k∇ukL2 (Ω) k∇v kL2 (Ω) + kckL∞ (Ω) ku kL2 (Ω) kv kL2 (Ω)
≤ max(1, kckL∞ (Ω) ku kH1 (Ω) kv kH1 (Ω) ) ,
en utilisant l’inégalité de Cauchy-Schwarz (lignes 3 à 5), d’où la continuité de la forme bilinéaire a.

Il reste à montrer la V -ellipticité de a et la continuité de `.

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3. Applications à des problèmes modèles
• Appliquons les résultats théoriques à des problèmes concrets.

Preuve 3.1 (suite) Pour tout v ∈ V on a


Z Z
a(v , v ) = (k∇v k2 + cv 2 ) dx ≥ k∇v k2 dx ≥ αkv k2H1 (Ω)
Ω Ω

avec α = (C 2 + 1)−1/2 > 0 où C est la constante de l’inégalité de Poincaré, et c ≥ 0.

Vérifions la continuité de `. Pour tout v ∈ V ,


Z
| `(v )| = f v dx ≤ kf kL2 (Ω) kv kL2 (Ω) ≤ kf kL2 (Ω) kv kH1 (Ω)

par l’inégalité de Cauchy-Schwarz à nouveau.

Toutes les hypothèses du théorème de Lax-Milgram étant satisfaites, il existe une et une seule solution
u ∈ V du problème variationnel. 

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3. Applications à des problèmes modèles
• Nous venons de résoudre le problème aux limites en dimension quelconque.
• En effet, nous avons déjà vu que toute solution du problème variationnel est une solution de
l’EDP au sens des distributions et au sens de L2.
• La solution u dépend continûment dans H 1 de f dans L2.
• Notons que nous avons également résolu le problème de Dirichlet non homogène.
• Il peut être instructif de refaire la preuve en utilisant la semi-norme H 1 à la place de la norme
complète. Les mêmes ingrédients sont utilisés, mais pas aux mêmes endroits.
• Comme il s’agit d’une forme bilinéaire symétrique, la solution u minimise également la fonc-
tionnelle d’énergie
1
Z Z
J(v ) = (k∇v k2 + cv 2) dx − f v dx
2 Ω Ω
sur V .

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3. Applications à des problèmes modèles
• Considérons à présent le problème de Neumann non homogène (4). Les hypothèses sont
légèrement différentes.

Proposition 3.2 Soient f ∈ L2(Ω), c ∈ L∞(Ω), g ∈ L2(∂Ω). Supposons qu’il existe


une constante c0 > 0 telle que c ≥ c0 presque partout. Alors le problème :
Trouver u ∈ V = H 1(Ω) telle que
Z Z Z
∀v ∈ V , (∇u · ∇v + cuv ) dx = f v dx + gγ0(v ) dΓ ,
Ω Ω ∂Ω
a une et une seule solution.

Preuve 3.2 Nous avons un espace de Hilbert différent (mais connu pour être Hilbert, rien à vérifier
donc), la même forme bilinéaire et une forme linéaire différente
Z Z
`(v ) = f v dx + gγ0 (v ) dΓ .
Ω ∂Ω

Nous avons déjà montré que la forme bilinéaire est continue dans la norme H 1 . La V -ellipticité est
claire puisque, pour tout v ∈ V ,
Z Z Z
a(u, v ) = (k∇v k2 + dv 2 ) dx ≥ k∇v k2 dx + c0 v 2 dx ≥ min(1, c0 )kv k2H1 (Ω) ,
Ω Ω Ω

avec min(1, c0 ) > 0.

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3. Applications à des problèmes modèles
• Considérons à présent le problème de Neumann non homogène (4). Les hypothèses sont
légèrement différentes.

Preuve 3.2 (suite) La continuité de la forme linéaire est également claire


|`(v )| ≥ kf kL2 (Ω) kv kL2 (Ω) + kgkL2 (∂Ω) kγ0 (v )kL2 (∂Ω) ≤ k(f kL2 (Ω) + Cγ0 kgkL2 (∂Ω) ) kv kH1 (Ω)
par l’inégalité de Cauchy-Schwarz, où Cγ0 est la constante de continuité de l’application trace. 

• Le problème mixte (6) est un mélange des problèmes de Dirichlet et de Neumann.

Proposition 3.3 Sous les hypothèses de la proposition 3.2 et soient Γ1 et Γ2 deux sous-
ensembles de ∂Ω tels que Γ1 ∩Γ2 = ∅, Γ̄1 ∪ Γ̄2 = ∂Ω et meas(Γ1) 6= 0. Alors le problème :
Trouver u ∈ V = {v ∈ H 1(Ω); γ0(v ) = 0 on Γ1} telle que
Z Z Z
∀v ∈ V , (∇u · ∇v + cuv ) dx = f v dx + gγ0(v )dΓ ,
Ω Ω Γ2
admet une et une seule solution.

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3. Applications à des problèmes modèles
• Le problème mixte (6) est un mélange des problèmes de Dirichlet et de Neumann.

Preuve 3.3 La seule vraie différence avec la proposition 4.2 est liée à l’espace V , que nous ne savons
pas encore être un espace de Hilbert. Il suffit de montrer que V est un sous-espace fermé de H 1 (Ω).
Soit vn une suite dans V telle que vn → v dans H 1 (Ω). Par continuité de la trace, nous avons
γ0 (vn ) → γ0 (v ) dans L2 (∂Ω). Il existe donc une sous-séquence γ0 (vnp ) qui converge vers γ0 (v )
presque partout sur ∂Ω. Puisque γ0 (vn ) = 0 presque partout sur Γ1 , il s’ensuit que γ0 (v ) = 0 presque
partout sur Γ1 , donc v ∈ V , qui est donc fermé. 

• La proposition 4.3 est également vraie sous l’hypothèse moins exigeante c ≥ 0, en utilisant
un argument différent pour la V -ellipticité.
• Une question naturelle se pose à propos du problème de Neumann pour c = 0 en dimension
un. C’est un problème entièrement différent des précédents. Nous devons d’abord trouver
la formulation variationnelle du problème aux limites et montrer qu’elle est équivalente au
problème aux limites, avant d’appliquer le théorème de Lax-Milgram.

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3. Applications à des problèmes modèles
• Considérons le problème de Neumann, posé dans un ouvert Lipschitz Ω de Rd

−∆u = f dans Ω

∂u (8)

 = g sur ∂Ω .
∂n
• On voit que les choses vont être différentes, puisque nous n’avons pas l’unicité ici. En effet,
si u est une solution, alors u + s est aussi une solution pour toute constante s. De plus,
d’après la formule de Green (Proposition 9.1, Chapitre 2) avec v = 1, il s’ensuit que s’il y a
une solution, alors, nécessairement
Z Z
f dx + g dΓ = 0 . (9)
Ω ∂Ω

• Si les données f et g ne satisfont pas à la condition de compatibilité (9), il n’y a donc pas
de solution.
• Les deux remarques, non unicité et non existence, sont en fait duales l’une de l’autre.

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3. Applications à des problèmes modèles
• Il existe plusieurs façons de contourner les deux problèmes, donc plusieurs formulations vari-
ationnelles. On choisit de fixer
 Z 
V = v ∈ H 1(Ω) ; v dx = 0 . (10)

• Cet espace est bien défini, puisque Ω est borné et nous avons donc H 1(Ω) ⊂ L2(Ω) ⊂ L1(Ω).
• Notons que V est l’orthogonal L2 dans H 1(Ω), qui se trouve également être l’orthogonal
H 1 dans ce cas, l’espace unidimensionnel des fonctions constantes.
• Notons que ces fonctions sont précisément la cause de la non-unicité.

Lemme 3.1 L’espace V est un espace de Hilbert pour le produit scalaire de H 1(Ω).

Preuve 3.4 Il suffit de montrer que V est fermé. Soit vn une suite dans V telle que vn → v dans
H 1 (Ω). Bien entendu, vn → v dans L2 (Ω) et par l’inégalité de Cauchy-Schwarz, vn → v dans L1 (Ω).
Donc Z Z
0= vn dx → v dx ,
Ω Ω
et v ∈ V . 

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3. Applications à des problèmes modèles
R
• On introduit la forme bilinéaire a définie sur V × V par a(u, v ) = Ω ∇u · ∇v dx et la forme
R R
linéaire ` définie sur V par `(v ) = Ω f v dx + ∂Ω gγ0 dΓ.

Proposition 3.4 Supposons que f ∈ L2(Ω) et g ∈ L2(∂Ω) satisfont la condition de


compatibilité (9). Alors, toute solution u ∈ H 2(Ω) du problème de Neumann (8) est
une solution du problème variationnel défini par le triplet (V, a, `). Réciproquement, toute
solution u ∈ H 2(Ω) du problème variationnel est une solution du problème (8).

Preuve 3.5 En multipliant l’EDP par v ∈ V et en utilisant la formule de Green, on voit facilement
que si u ∈ H 2 (Ω) est solution du problème (8), alors on a pour tout v ∈ V , a(u, v ) = `(v ).
A l’inverse, on se donne une fonction u ∈ V ∩ H 2 (Ω) telle que pour tout v ∈ V, a(u, v ) = `(v ). Nous
aimerions procéder comme précédemment et prendre v ∈ D(Ω) pour dériver l’EDP. Cela ne fonctionne
pas ici car D(Ω) 6⊂ V . Pour tout ϕ ∈ D(Ω), on pose
Z
1
ψ =ϕ− ϕ(x) dx ,
meas Ω Ω
de telle sorte que ψ ∈R V et puisse être utilisée comme fonction test. A présent, ϕ et ψ diffèrent d’une
1
constante k = meas Ω Ω ϕ(x) dx, ainsi ∇ψ = ∇ϕ.

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3. Applications à des problèmes modèles
• Solution du problème de Neumann
Preuve 3.5 (suite) On obtient alors
Z Z Z Z
∇u · ∇ϕ dx = ∇u · ∇ψ dx = f ψ dx + gψ dΓ
Ω ZΩ ZΩ ∂Ω

= f (ϕ + k) dx + g(ϕ + k) dΓ
ZΩ Z ∂ Ω Z  Z
= f ϕ dx + k f dx + g dΓ = f ϕ dx ,
Ω Ω ∂Ω Ω

puisque ϕ s’annule sur ∂Ω et f , g satisfont à la condition (9). On peut donc déduire tout de suite que
−∆u = f au sens des distributions, et puisque f ∈ L2 (Ω) au sens de L2 (Ω) également.
Nous choisissons ensuite un v ∈ V quelconque et appliquons à nouveau la formule de Green :
Z Z Z Z
f v dx + gγ0 (v ) dΓ = − (∆u)v dx + γ1 (u)γ0 (v ) dΓ .
Ω ∂Ω Ω ∂Ω

Ainsi, en prenant en compte que −∆u = f , on obtient


Z
(g − γ1 (u))γ0 (v ) dΓ = 0
∂Ω
1/2
pour toutR v ∈ V . Maintenant, il est clair que γ10(V ) = H (∂Ω).R En effet, choisissons un θ ∈ D(Ω)
tel que Ω θ dx = 1. Alors, pour tout w ∈ H (Ω), v = w − ( Ω w dx)θ ∈ V et γ0 (v ) = γ0 (w ).
Par conséquent, il y a suffisamment de fonctions test dans V pour conclure que γ1 (u) = g, puisque
H 1/2 (∂Ω) est dense dans L2 (∂Ω). 

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3. Applications à des problèmes modèles
• Il est possible d’établir une formulation variationnelle du problème de Neumann sans l’hypothèse
artificielle u ∈ H 2(Ω).
• Pour appliquer le théorème de Lax-Milgram, nous avons besoin d’une nouvelle inégalité.

Théorème 3.1 (inégalité de Poincaré-Wirtinger) Supposons que Ω est connexe. Il


existe une constante C telle que, pour tout v ∈ H 1(Ω)
1
Z
v− v dx ≤ C k∇v kL2(Ω) .
meas Ω Ω 2
L (Ω)

Preuve 3.6 L’inégalité se démontre par contradiction. Supposons qu’il n’existe pas de telle constante
C. Pour tout n ∈ N∗ , on peut alors trouver vN ∈ H 1 (Ω) telle que
Z
1
vn − vn dx > nk∇vn kL2 (Ω) .
meas Ω Ω L2 (Ω)

En particulier, le terme de gauche est strictement positif. On pose


1
R
vn − meas Ω Ω vn dx
wn = 1
R .
vn − meas Ω Ω nv dx L2 (Ω)

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3. Applications à des problèmes modèles
• Inégalité de Poincaré-Wirtinger

Preuve 3.6 (suite) Par construction, on a kwn kL2 (Ω) = 1 et wn appartient à l’orthogonal L2 de
l’espace unidimensionnel des fonctions constantes, qui est fermé dans L2 (Ω). De plus, ∇wn = ∇vn et
nous avons
1
k∇wn kL2 (Ω) < → 0 quand n → +∞ .
n
En particulier, la séquence wn est bornée dans H 1 (Ω). Par le théorème de Rellich, il est relativement
compact dans L2 (Ω). On peut ainsi trouver une sous-séquence wnp et un élément w ∈ L2 (Ω) tels que
wnp → w fortement dans L2 (Ω) lorsque p → +∞.
D’une part on a kw kL2 (Ω) = 1 et w appartient aussi à l’orthogonal L2 de l’espace des fonctions
constantes. D’autre part, ∇wnp → 0 fortement dans L2 (Ω), donc au sens des distributions, de sorte
que ∇w = 0. Comme Ω est connexe, cela implique que w appartient à l’espace des fonctions
constantes.
On voit donc que w appartient à l’intersection d’un sous-espace et de son orthogonal, de sorte que
w = 0. Cela contredit kw kL2 (Ω) = 1. 

• L’inégalité de Poincaré-Wirtinger n’est pas valide pour les ensembles ouverts qui ne sont pas
assez réguliers, contrairement à l’inégalité de Poincaré.

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3. Applications à des problèmes modèles
• On a le résultat suivant

Proposition 3.5 Supposons que Ω est connexe, f ∈ L2(Ω) et g ∈ L2(∂Ω). Alors, le


problème : Trouver u ∈ V , avec V défini par (10), telle que
Z Z Z
∀v ∈ V , ∇u · ∇v dx = f v dx + gγ0(v ) dΓ ,
Ω Ω ∂Ω
admet une et une seule solution.

Preuve 3.7 Nous avons déjà montré que V est un espace de Hilbert pour le produit scalaire H 1 . La
continuité des formes bilinéaires et linéaires
R a également déjà été prouvée. Seule la V -ellipticité reste
à démontrer. Pour tout v ∈ V , on a Ω v dx = 0, donc par l’inégalité de Poincaré-Wirtinger

kv k2H1 (Ω) = kv k2L2 (Ω) + k∇v k2L2 (Ω) ≤ (C 2 + 1)k∇v k2L2 (Ω) .
Ainsi,
a(v , v ) = k∇v k2L2 (Ω) ≥ αkv k2H1 (Ω) ,
1
avec α = C 2 +1 > 0. 

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3. Applications à des problèmes modèles
• Conditions aux limites de Fourier (Robin). Le problème aux limites s’écrit

−∆u + cu = f dans Ω ,

∂u (11)
 bu +
 = g sur ∂Ω ,
∂n
où b et c sont des fonctions données. Lorsque b = 0, on reconnaît le problème de Neumann
(et, en un sens, lorsque b = +∞ le problème de Dirichlet). Dans l’interprétation de la
chaleur, ∂u
∂n représente le flux de chaleur à travers la frontière.
• Supposons que nous modélisons une situation dans laquelle la frontière est en fait une paroi
mince qui isole Ω de l’extérieur où la température est de 0◦. Si g = 0, la condition de
Fourier stipule que ∂u
∂n = −bu, c’est-à-dire que le flux de chaleur passant à travers le mur est
proportionnel à la différence de température entre l’intérieur et l’extérieur.
• Pour que cette interprétation soit physiquement raisonnable, il est clairement nécessaire que
b ≥ 0, i.e. la chaleur circule vers l’intérieur lorsque l’extérieur est plus chaud que l’intérieur
et réciproquement.
• Il faut donc s’attendre à ce que le signe de b joue un rôle.

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3. Applications à des problèmes modèles
• Nous suivons le même schéma que précédemment: trouvons d’abord une formulation vari-
ationnelle pour le problème des valeurs aux limites (11), puis appliquons le théorème de
Lax-Milgram pour prouver l’existence et l’unicité.
• Nous introduisons le triplet
V = H 1(Ω) ,
Z Z
a(u, v ) = (∇u · ∇v + cuv ) dx + bγ0(u)γ0(v ) dΓ ,
ZΩ Z ∂Ω
`(v ) = f v dx + gγ0(v ) dΓ .
Ω ∂Ω

Proposition 3.6 Supposons que f ∈ L2(Ω), g ∈ L2(∂Ω), c ∈ L∞(Ω) et b ∈ L∞(∂Ω).


Alors, toute solution u ∈ H 2(Ω) du problème de Fourier (11) est une solution du problème
variationnel défini par le triplet (V, a, `). Réciproquement, toute solution u ∈ H 2(Ω) du
problème variationnel est une solution du problème (11).

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3. Applications à des problèmes modèles
• Montrons ce résultat.

Preuve 3.8 Comme d’habitude, on multiplie l’EDP par v ∈ V et on utilise la formule de Green,
Z Z Z
(∇u · ∇v + cuv ) dx = f v dx + γ1 (u)γ0 (v ) dΓ
Ω ZΩ Z∂Ω
= f v dx + (g − bγ0 (u))γ0 (v ) dΓ ,
Ω ∂Ω

d’où Z Z Z Z
(∇u · ∇v + cuv ) dx + bγ0 (u)γ0 (v ) dΓ = f v dx + gγ0 (v ) dΓ , (12)
Ω ∂Ω Ω ∂Ω
pour tout v ∈ V .
Réciproquement, donnons-nous une solution u ∈ H 2 (Ω) du problème variationnel (12). En prenant
d’abord v = ϕ ∈ D(Ω), toutes les intégrales de bord disparaissent et on obtient −∆u + cu = f
exactement comme précédemment. En prenant alors v ∈ H 1 (Ω) quelconque, en utilisant la formule
de Green et l’EDP qui vient d’être obtenue, on obtient
Z Z Z
γ1 (u)γ0 (v ) dΓ + bγ0 (u)γ0 (v ) dΓ = gγ0 (v ) dΓ ,
∂Ω ∂Ω Ω

de telle sorte que


Z
(γ1 (u) + bγ0 (u) − g)γ0 (v ) dΓ = 0 ,
∂Ω
1
pour tout v ∈ V = H (Ω), d’où la condition de Fourier. 

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3. Applications à des problèmes modèles
• Donnons un premier résultat d’existence et d’unicité.

Proposition 3.7 Soit f ∈ L2(Ω), g ∈ L2(∂Ω), c ∈ L∞(Ω), et b ∈ L∞(∂Ω). Sup-


min(1,c0 )
posons que c ≥ c0 > 0 pour une constante c0 et que kb−kL∞(∂Ω) < 2 , ou Cγ0
Cγ0
est la constante de continuité de l’opérateur de trace. Alors le problème :
Trouver u ∈ V = H 1(Ω) telle que
Z Z Z Z
∀v ∈ V , (∇u · ∇v + cuv ) dx + bγ0(u)γ0(v ) dΓ = f v dx + gγ0(v ) dΓ ,
Ω ∂Ω Ω ∂Ω
a une et une seule solution.
Ici, b− = − min(0, b) représente la partie négative de b.

Preuve 3.9 La continuité de la forme a est vérifiée sauf pour les termes de bord
Z
bγ0 (u)γ0 (v ) dΓ ≥ kbkL∞ (∂Ω) kγ0 (u)kL2 (∂Ω) kγ0 (v )kL2 (∂Ω) ≤ Cγ20 kbkL∞ (∂Ω) kukH1 (Ω) kv kH1 (Ω)
∂Ω

pour tous u et v . La forme linéaire est aussi connue pour être continue. Regardons la V -ellipticité.

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3. Applications à des problèmes modèles
• Donnons un premier résultat d’existence et d’unicité.
Preuve 3.9 (suite) Evidemment, b ≥ −b− , donc
Z Z
(k∇v k2 + cv 2 ) dx + bγ0 (v )2 dΓ ≥ min(1, c0 )kv kH1 (Ω) − kbkL∞ (∂Ω) kγ0 k2L2 (∂Ω)
Ω Ω
≥ min(1, c0 ) − Cγ20 kb− k2L∞ (∂Ω) kv k2H1 (Ω) ,


d’où l’ellipticité. 

• Sous les hypothèses précédentes, nous avons existence et unicité par le théorème de Lax-
Milgram sous réserve que b ne soit pas trop négative, en un certain sens.
• Toutes ces hypothèses ne donnent que des conditions suffisantes. Donnons d’autres hy-
pothèses.

Proposition 3.8 Mêmes hypothèses sauf que nous supposons que c ≥ 0 et que b ≥ µ >
0 pour une constante µ. Alors, le problème de Fourier (11) admet une unique solution.

Preuve 3.10 admise.

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Formulation variationnelle des problèmes elliptiques
4 Problèmes du second ordre généraux
• Jusqu’à présent, l’opérateur différentiel partiel était toujours le Laplacien. Considérons des
opérateurs elliptiques du second ordre plus généraux dans un sous-ensemble ouvert Lipschitz
Ω de Rd .
• Etant donnée une fonction matricielle d × d, A(x) = (aij (x)) avec aij ∈ C 1(Ω). Soit
u ∈ C 2(Ω), alors A∇u est un champ vectoriel de composantes
d
X
(A∇u)i = ai j ∂j u
j=1

dont la divergence est donnée par


 
d
X d
X d
X d
X
div(A∇u) = ∂i (A∇u)i = ai j ∂i j u +  ∂i aij  ∂j u .
i =1 i ,j=1 j=1 i =1
Pd
• La partie principale de cet opérateur i ,j=1 ai j ∂i j est du second ordre.

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4. Problèmes du second ordre généraux
• On considère le problème aux limites


− div(A∇u) + cu = f dans Ω ,

u = h sur Γ0 , (13)


bu + n · A∇u = g sur Γ1 ,

où c, b, f , g et h sont des fonctions données et Γ0, Γ1 est une partition de ∂Ω.


• Quand A = I, on reconnaît − div(A∇u) = −∆u et n · A∇u = ∂u ∂n de sorte que nous
généralisons tous les problèmes modèles vus jusqu’à présent.
• Tout d’abord, nous réduisons l’étude au cas h = 0.

Proposition 4.1 Soit f ∈ L2(Ω), g ∈ L2(Γ1), c ∈ L∞(Ω), et b ∈ L∞(Γ1). Alors,


V = {v ∈ H 1(Ω) ; γ0(v ) = 0 sur Γ1} ,
Z Z
a(u, v ) = (A∇u · ∇v + cuv ) dx + bγ0(u)γ0(v ) dΓ ,
ZΩ Z Γ1
`(v ) = f v dx + gγ0(v ) dΓ ,
Ω Γ1

définit une formulation variationnelle du problème (13), au moins pour des solutions H 2(Ω).

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4. Problèmes du second ordre généraux
• La preuve est classique

Preuve 4.1 Il est facile de vérifier que (A∇u)i ∈ H 1 (Ω) pour tout i . Nous multiplions l’EDP par
v ∈ V et intégrons par parties. Cela donne d’abord
Z d
! Z Z
X
− ∂i (A∇u)i v dx + cuv dx = f v dx ,
Ω i =1 Ω Ω

puis
d
Z X Z d
! Z Z
X 
(A∇u)i ∂i v dx − γ0 (A∇u)i ni γ0 (v ) dΓ + cuv dx = f v dx ,
Ω i =1 Γ1 i =1 Ω Ω

et finalement
Z Z Z Z
(A∇u · ∇v + cuv ) dx + bγ0 (u)γ0 (v ) dΓ = f v dx + gγ0 (v ) dΓ .
Ω Γ1 Ω Γ1

La réciproque est laissée en exercice. 

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4. Problèmes du second ordre généraux
• Donnons un autre résultat.

Proposition 4.2 Soit f ∈ L2(Ω, g ∈ L2(Γ1), c ∈ L∞(Ω), et b ∈ L∞(Γ1). Nous sup-


posons que la matrice A est uniformément elliptique, c’est-à-dure qu’il existe une constante
α > 0 telle que
d
ai j (x)ξi ξj ≥ αkξk2
X

i =1
pour tout x ∈ Ω̄ et tout ξ ∈ Rd . Supposons en outre que c ≥ c0 > 0 pour une certaine
constante c0 et que b ≥ 0. Alors le problème
Trouver u ∈ V = {v ∈ H 1(Ω) ; γ0(v ) = 0 sur Γ1} telle que
Z Z Z Z
∀v ∈ V , (A∇u · ∇v + cuv ) dx + bγ0(u)γ0(v ) dΓ = f v dx + gγ0(v ) dΓ ,
Ω Γ1 Ω Γ1
admet une et une seule solution.

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4. Problèmes du second ordre généraux
• Montrons ce résultat.

Preuve 4.2 Nous savons déjà que V est un espace de Hilbert et que ` est continue. La preuve de
la continuité de la forme bilinéaire, qui résulte de ce que les coefficients de aij (x) de la matrice sont
bornés, est admise. La V -ellipticité est également assez évidente, car
Z Z
a(v , v ) = (A∇v · ∇v + cv 2 ) dx + bγ0 (v ) dΓ
ZΩ Z Γ1

≥ k∇v k2 dx + c0 v 2 dx
Ω Ω
2
≥ min(α, c0 )kv kH1 (Ω) ,
d’où l’existence, l’unicité et la dépendance continue de la solution aux données par le théorème de
Lax-Milgram. 

• Lorsque la matrice A n’est pas symétrique, la forme bilinéaire a ne l’est pas non plus, même
a +a
si la partie principale de l’opérateur est symétrique puisque di,j=1 aij ∂ij = di,j=1 i j 2 ji ∂ij
P P

en raison du fait que ∂i j = ∂ji .

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4. Problèmes du second ordre généraux
• Quand A est symétrique, la forme a l’est aussi et nous avons un problème de minimisation
équivalent avec
"Z #
1
Z Z Z
J(v ) = (A∇v · ∇v + cv 2) dx + bγ0(v )2 dΓ − f v dx − gγ0(v ) dΓ ,
2 Ω Γ1 Ω Γ1

à minimiser sur V .
• Il est clair que l’on peut réduire la régularité de A à L∞ sans perdre l’existence et l’unicité du
problème variationnel. L’interprétation en termes d’EDP s’arrête à la forme de divergence
− div(A∇u) + cu = f puisque nous ne pouvons pas développer la divergence en utilisant la
formule de Leibniz dans ce cas.
• Un tel manque de régularité des coefficients est utile pour modéliser des milieux hétérogènes.

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4. Problèmes du second ordre généraux
• Considérons le problème de convection-diffusion suivant
(
−∆u + σ · ∇u + cu = f dans Ω ,
(14)
u = 0 sur ∂Ω .

• Nous avons un terme de diffusion −∆u et un terme de transport σ · ∇u dans la même


équation qui se font concurrence.

Proposition 4.3 Supposons f ∈ L2(Ω), σ ∈ C 1(Ω̄; Rd ) et c ∈ L∞(Ω). Alors le triplet


V = H01(Ω) ,
Z  
a(u, v ) = ∇u · ∇v + (σ · ∇u + cu)v dx ,
ZΩ
`(v ) = f v dx ,

définit une formulation variationnelle du problème (14).

Preuve 4.3 admise.

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4. Problèmes du second ordre généraux
• Nous avons le résultat suivant

Proposition 4.4 Supposons f ∈ L2(Ω), σ ∈ C 1(Ω̄; Rd ) et c ∈ L∞(Ω). Supposons


que c − 12 div σ ≥ 0. Alors, le problème : Trouver u ∈ V telle que
Z   Z
∀v ∈ V , ∇u · ∇v + (σ · ∇u + cu)v dx = f v dx ,
Ω Ω
admet une et une seule solution.

• On a donc existence et unicité si c = 0 et div σ = 0.


• Le cas div σ = 0 est intéressant car si σ représente le champ de vitesse d’un fluide tel que
l’air ou l’eau, la condition de divergence nulle est l’expression de l’incompressibilité du fluide.
• Dans les conditions expérimentales habituelles, les deux fluides sont en effet considérés comme
incompressibles.

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4. Problèmes du second ordre généraux
• Terminons par un exemple du quatrième ordre.
• Nous considérons une légère variante du problème des plaques impliquant le bilaplacien avec
des conditions aux limites de Dirichlet homogènes

 ∆ 2 u + cu = f dans Ω ,




u = 0 sur ∂Ω ,

 ∂u
= 0 sur ∂Ω .



∂n
• La dérivation d’une formulation variationnelle est encore une fois assez simple.
• Ici V = H02(Ω), il incorpore les deux conditions aux limites. Supposons que u ∈ H 4(Ω) ∩
H02(Ω). Alors ∆u ∈ H 2(Ω) et nous pouvons utiliser la formule de Green
Z Z
(∆2u)v dx = (∆(∆u))v dx
Ω ZΩ Z
= ∆u∆v dx + (γ0(v )γ1(∆u) − γ1(v )γ0(∆u)) dΓ
ZΩ ∂Ω
= ∆u∆v dx ,

puisque γ0(v ) = γ1(v ) = 0 pour tout v ∈ H02(Ω).

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4. Problèmes du second ordre généraux
• Nous avons donc la formulation variationnelle
Z Z
∀v ∈ V , (∆u∆v + cuv ) dx = f v dx , (15)
Ω Ω
dont on peut facilement vérifier qu’elle donne lieu à une solution du problème aux limites.
• Soit ∇2v la collection de toutes les dérivées partielles du second ordre de v . On pose
2
2 ∂ 2v
X
k∇ v kL2(Ω) =
1≤i ,j≤d
∂xI ∂xj L2(Ω)

et on a

Lemme 4.1 La semi-norme k∇v k2L2(Ω) est une norme sur H02(Ω) qui est équivalente à
la norme de H 2.
Preuve 4.4 admise.

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4. Problèmes du second ordre généraux
• On a le résultat suivant

Proposition 4.5 Soit f ∈ L2(Ω) et c ∈ L∞(Ω). Nous supposons que c ≥ 0. Alors le


problème (15) admet une et une seule solution.
R
Preuve 4.5 Prouvons la V -ellipticité. On a a(v , v ) ≥ Ω (∆v )2 dx. On raisonne par densité. Soit
Pd
ϕ ∈ D(Ω), puisque ∆ϕ = i =1 ∂ii ϕ, on peut écrire
Z Z d
! d 
d
X X X
(∆ϕ)2 dx = ∂ii ϕ  ∂jj ϕ dx = ∂ii ϕ∂jj ϕ dx
Ω Ω i =1 j=1 i,j=1
d Z
X d
X
=− ∂i ϕ∂ijj ϕ dx = ∂ij ϕ∂ij ϕ dx
i,j=1 Ω i,j=1

avec deux intégrations par parties successives, la première par rapport à xi et la seconde par rapport à
xj . Donc, pour tout ϕ ∈ D(Ω), on obtient
Z d Z
X
(∆ϕ)2 dx = (∂ij ϕ)2 dx = k∇2 ϕk2L2 (Ω) .
Ω i,j=1 Ω

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4. Problèmes du second ordre généraux
• Prouvons la V -ellipticité.

Preuve 4.5 (suite) Maintenant, par définition, H02 (Ω) est la fermeture de D(Ω) dans H 2 (Ω), donc
pour tout v ∈ H02 (Ω), il existe une suite ϕn ∈ D(Ω) telle que ϕn → v dans H 2 (Ω). En passant à la
limite, on obtient
Z
(∆v )2 dx = k∇2 v k2L2 (Ω) ,

puisque ∂ij ϕn → ∂ij v dans L2 (Ω), d’où le résultat par le lemme 4.1.

• Ceci est un autre problème symétrique, donc nous avons une formulation de minimisation
d’énergie équivalente avec
1 
Z  Z
J(v ) = 2 2
(∆v ) + cv dx − f v dx ,
2 Ω Ω

à minimiser sur H02(Ω).

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4. Problèmes du second ordre généraux
• Résumons notre démarche
1. établir une formulation variationnelle
les conditions aux limites de Dirichlet (homogènes) sont imposées par l’espace des fonctions de test,
qui est inclus dans H 1 pour les problèmes du second ordre; nous multiplions la PDE par une fonction de
test et utilisons l’intégration par parties ou la formule de Green pour obtenir le problème variationnel.

2. vérifier que la formulation variationnelle donne une solution du problème aux limites
i) obtenir d’abord l’EDP au sens des distributions en utilisant des fonctions de test dans D,
ii) récupérer les conditions aux limites de Neumann ou de Fourier en utilisant l’espace des fonctions
de test.

3. essayer d’appliquer le théorème de Lax-Milgram


en faisant des hypothèse de régularité et de signes sur les données et les coefficients afin d’assurer la
continuité des formes linéaire et bilinéaire ainsi que la V -ellipticité. Ici, nous prouvons l’existence et
l’unicité de la solution au problème variationnel.

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