Cours de Droit Civil Des Personnes_092604
Cours de Droit Civil Des Personnes_092604
Cours de Droit Civil Des Personnes_092604
Dans le langage juridique, le mot ‘’personne’’ désigne tous les êtres qui sont titulaires de droit
et sujets d’obligation, c’est-à-dire qui sont susceptibles d’assumer des obligations. Ce terme
‘’personne’’ est synonyme de sujet de droit. Les personnes sont donc les seuls sujets de droit. Il
existe En Droit deux catégories de personnes. Elles ont en commun la qualité de sujet de droit et
sont les acteurs de la vie juridique ; ce sont les personnes physiques, et les personnes morales.
Les personnes 29
Titre I
Les personnes physiques
La personne physique est saisie par Le Droit dans les différentes étapes de sa vie : ainsi Le
Droit s’occupe de l’existence de la personne physique dès sa naissance (parfois avant même
sa naissance) et ce, jusqu’à sa mort considérée comme la fin de la personnalité juridique
(Chapitre 1er).
Ensuite, Le Droit prévoit des droits subjectifs attachés à la personne (Chapitre 2), en
s’intéressant également à l’individualisation de la personne physique (Chapitre 3). Enfin, il
fixe les règles relatives à sa capacité (Chapitre 4).
Chapitre 1er- Le commencement et l’extinction de la personnalité juridique
Tout être humain a la personnalité juridique ; mais à quel moment commence la personnalité
juridique et quand prend-elle fin?
La personnalité juridique s’acquiert avec la naissance et prend fin avec la mort.
A l’inverse, selon toujours ce principe, l’enfant qui n’est pas encore né n’a pas la personnalité ;
il n’est donc pas apte à être titulaire d’un droit, en particulier succéder.
Ce principe a ainsi pour inconvénient d’exclure de la succession de son père, un enfant que porte
une femme dont le mari décède pendant la période de grossesse ; car cet enfant ne figure pas
parmi ceux qui sont nés au moment du décès du père, c’est-à-dire au moment où on chercheà
savoir qui a la qualité d’héritier du père décédé. En application donc de ce principe, cet enfant
n’étant pas né, n’a pas la personnalité juridique; il ne peut donc bénéficier de la succession de
son défunt père.
Pour remédier à cette injustice, ce principe selon lequel la personnalité commence à la naissance
est frappé d’une exception.
Cette règle exceptionnelle a pour fondement juridique un adage romain qui s’énonce dans les
termes suivants: « Infans conceptus pro nato habetur quoties de commodis ejus agitur »1 ;
ce qui signifie : l’enfant conçu est considéré comme né chaque fois qu’il y va de son intérêt.
L’enfant étant encore dans le ventre de sa mère, il n’est pas né à l’instant où son père vient de
mourir ; néanmoins, on le considère comme né parce qu’à la date du décès de son père, à cette
date où on essaie de déterminer et rassembler les héritiers, son intérêt l’exige.
Il résulte de ces dispositions que celui qui est simplement conçu, étant considéré comme né, est
doté ipso facto de la personnalité depuis le ventre de sa mère.
Ce temps qui court du 300ème au 180ème jour avant la naissance de l’enfant est appelé ‘’la période
légale de conception’’. Autrement dit, ce sont les relations intimes entretenues pendant cette
période, par l’homme avec sa femme, qui ont eu pour résultat la conception de l’enfant. Sile mari
était, pendant cette période, dans l’incapacité d’entretenir de tels rapports, alors il n’est pas le
père de l’enfant.
La date de sa conception va être ainsi placée, située, par les défenseurs de l’intérêt de l’enfant
(en particulier sa mère) entre le 300ème et le 180ème jour qui précède sa naissance, en démontrant
que pendant cette période son père était en relations constantes avec sa mère ; il est donc l’auteur
de la conception.
Ou, à l’inverse, ce sont les adversaires de l’enfant qui, pour le priver par exemple du droit
d’hériter ou de bénéficier d’une donation, vont démontrer que pendant cette période, son
supposé père n’ayant eu aucun contact avec elle, n’a pu entretenir des rapports intimes avec sa
mère ; il n’est donc pas l’auteur de la conception.
Ainsi, pour déterminer la période légale de conception (période pendant laquelle l’enfant est
supposé conçu), le législateur part d’une date de repère : la date de naissance de l’enfant. Il s’agit
donc de compter les jours un à un, en partant du jour de la naissance qui est la date de référence
mais est exclu du décompte, étant observé que selon la loi, les jours pris en compte sont ceux
situés «avant (la date de) la naissance de cet enfant » (article 4.1° de la loi n° 2019- 571 du 26
juin 2019 relative à la filiation).
Il faut d’abord fixer la date qui correspond au 180ème jour avant la naissance, puis ensuite trouver
celle qui correspond au 300ème jour avant la naissance.
Ce sont les rapports sexuels entretenus par les deux époux entre le 4 août 2007 et le 2 décembre
2007 qui ont donné lieu à la conception de cet enfant né le 30 mai 2008.
Le père est décédé le 18 novembre 2007 ; la période légale de conception (réelle) s’étend donc
du 4 août 2007 au 17 novembre 2007.
2- L’intérêt de l’enfant
La personnalité juridique est reconnue à l’enfant conçu chaque fois qu’il sera pour lui question
d’acquérir un droit, un avantage: un legs ou une donation selon la loi. Mais cette règle est
étendue à tous les cas d’acquisition d’un avantage par l’enfant simplement conçu : tel est le cas
de l’indemnité d’une assurance-vie contractée par le père au profit des enfants; ou encore d’une
somme d’argent versée aux enfants d’un travailleur décédé des suites d’un accident de travail.
Ainsi, par fiction juridique, le législateur assimile l’enfant conçu à un enfant déjà né afin de lui
permettre de bénéficier d’un droit.
Il importe de préciser que la règle est inventée par les juristes pour permettre à l’enfant d’acquérir
des droits, donc bénéficier d’avantages matériels ou moraux, et non pour supporter des
obligations ou subir les défaveurs, les inconvénients du Droit.
En revanche, l’enfant qui ne naît pas vivant n’aura jamais eu la personnalité ; il sera dépouillé du
droit qui lui a été préalablement reconnu du fait de sa conception.
Il importe de signaler que selon l’ancienne loi de 1964, aujourd’hui abrogée par la loi de 2019,
l’enfant doit non seulement naître vivant, mais en outre il doit naître viable.
La question se posait alors de savoir ce que signifie naître viable.
Est né viable, l’enfant qui naît avec les organes essentiels à la vie, suffisamment constitués
pour lui permettre de vivre.
Aujourd’hui, l’article 7 de la loi n° 2019-573 du 26 juin 2019 relative aux successions a supprimé
la condition relative à la viabilité ; ce texte précise : « Pour succéder, il faut exister à l’instant de
la succession.
Sont donc incapables de succéder :
1° - Celui qui n’est pas encore conçu ;
2° - L’enfant qui n’est pas né vivant. »
Chapitre II- Les droits de la personne physique
Les droits reconnus à toute personne peuvent être classés en deux catégories :
- Les droits patrimoniaux qui sont des droits évaluables en argent ; ils forment le contenu du
patrimoine et sont à la base du commerce juridique ;
- Les droits extrapatrimoniaux n’ont aucune valeur pécuniaire ; il s’agit des droits familiaux (la
puissance paternelle) des droits de la personnalité (droit à l’intégrité physique, droit au respect de la
vie privée …etc) ; ces droits ne sont pas évaluables en argent et sont incessibles.
A- Les biens
Les biens sont classés par le code civil en biens meubles et immeubles ; aux termes de l’article
516 du code civil, ‘’tous les biens sont meubles ou immeubles’’
1- Les meubles
Les biens sont meubles par leur nature, ou par la détermination de la loi.
2- Les immeubles
On distingue trois sortes d’immeubles : les immeubles par nature ; les immeubles par destination ;
les immeubles par l’objet auquel ils s’appliquent.
Une condition est nécessaire pour qu’il y ait immeubles par destination : il faut qu’il y ait identité
de propriétaire ; autrement dit, le propriétaire de l’immeuble par nature et le propriétaire du bien
appelé à devenir immeuble par destination doivent être une seule et même personne.
a- Le droit de propriété
« La propriété est le droit de jouir et de disposer des choses de la manière la plus absolue, pourvu
qu’on n’en fasse pas un usage prohibé par les lois ou les règlements » (article 544 du code civil).
De cette définition, il résulte que le droit de propriété comporte trois prérogatives, encore appelées
les attributs du droit de propriété. Ce sont : l’usus, le fructus et l’abusus.
- L’usus
C’est le droit d’utiliser la chose à sa convenance, c’est-à-dire le droit de s’en servir ou ne pas s’en
servir.
Exemple : on peut ne pas porter un vêtement, ou laisser une voiture inutilisée dans un garage.
- Le fructus
- L’abusus
C’est le droit de disposer de la chose ; il y a la disposition juridique qui se réalise par l’aliénation du
bien. Exemple : la vente, la donation ; il y a la disposition matérielle qui se réalise par la destruction
; exemple : détruire une maison, brûler un vêtement.
b- Les démembrements du droit de propriété
Les démembrements du droit de propriété sont des droits réels portant sur une chose appartenant à
autrui. Ils ne peuvent donc conférer à leurs titulaires que certains des attributs du droit de propriété
: il s’agit de l’usufruit, l’emphytéose, la servitude.
L’usufruit
C’est le droit de jouir des choses dont une autre personne a la propriété, comme le propriétaire lui-
même, mais à la charge d’en conserver la substance.
L’usufruitier, c’est-à-dire la personne titulaire de l’usufruit, a le droit de jouir (usus et fructus) d’une
chose dont l’abusus appartient à une autre personne appelée nu-propriétaire. Le nu- propriétaire se
trouve donc dépouillé de l’usus et du fructus au profit de l’usufruitier.
L’emphytéose
C’est un droit de jouissance sur un immeuble conféré à une personne pour une période de longue
durée. Le bail emphytéotique consenti pour une durée comprise entre 18 et 99 ans sert
essentiellement à mettre en culture des terres en friche.
La servitude.
C’est une charge imposée à un immeuble pour l’usage et l’utilité d’un autre immeuble appartenant
à un propriétaire différent. L’immeuble grevé de la servitude s’appelle le fonds servant ; et celui qui
en est le bénéficiaire est dit fonds dominant. Exemple le droit de passage créé au profit d’un terrain
enclavé sur le terrain voisin.
Lorsque les droits réels accessoires ont pour objet un immeuble ; ils sont appelés droits réels
accessoires immobiliers.
Comme exemple, il faut citer l’hypothèque. C’est un droit réel portant sur un immeuble affecté à
l’exécution d’une obligation. C’est une sûreté réelle pouvant porter sur un ou plusieurs immeubles
du débiteur. C’est une garantie de crédit très commode, car elle laisse au débiteur la propriété et la
jouissance du bien hypothéqué tout en assurant une protection efficace au créancier.
Lorsque les droits réels accessoires portent sur des meubles, ils sont appelés droits réels accessoires
mobiliers ; tel est le cas du gage ou nantissement ; le gage est un contrat par lequel un débiteur
remet un meuble à son créancier pour garantie de sa dette.
En conséquence, les atteintes, les blessures qui y sont portées donnent lieu à l’application de
sanctions.
D’abord ce sont des sanctions pénales qui répriment les atteintes à l’intégrité physique, parce que
ces comportements menacent l’ordre public.
Viennent ensuite des sanctions civiles qui vont se traduire par le versement d’une somme d’argent
appelée ‘’dommages et intérêts’’ à la victime sur le fondement de l’article 1382 du code civil.
Il en va de même en matière de sécurité publique où des peines corporelles sont édictées par la
loi ; il s’agit notamment de l’emprisonnement.
Lorsque la prise ou la publication sont faites sans son consentement (ce qui constitue la faute), la
victime peut exiger de l’auteur, la réparation du préjudice par elle subi.
Chaque individu a droit au respect de sa vie privée ; il a le droit de garder secrète l’intimité de son
existence, de ne pas être livré en pâture à la curiosité des autres personnes.
Toute information de nature à porter atteinte à la vie privée d’un individu requiert le consentement
de ce dernier. A défaut de consentement, l’auteur de la diffusion d’informations sur la vie privée
commet une faute sanctionnée sur le fondement de l’article 1382 du code civil.
3- Le droit à l’honneur
L’honneur est le sentiment que chacun se fait de sa dignité, la considération qu’on a soi-même de
sa personne, et le sentiment de considération que les autres personnes s’en font.
Chacun a le droit d’exiger que les tiers respectent son honneur. L’honneur consiste pour un
individu d’être épargné de tout opprobre sur le terrain de la bonne conscience. C’est l’article 90 de
Les droits de la personne physique 54
la loi n°2017-867 du 27 décembre 2017 portant régime juridique de la presse qui en assure
expressément la protection à travers la répression de la diffamation.
La diffamation est « toute allégation ou imputation d’un fait qui porte atteinte à l’honneur ou à la
considération de la personne ou au corps auquel le fait est imputé » (article 90 alinéa 1er de la loi
portant régime juridique de la presse).
La victime de l’atteinte au droit à l’honneur peut mettre en œuvre la responsabilité de l’auteur sur
le fondement de l’article 1382 du code civil et exiger de lui le versement de dommages et intérêts
à titre de réparation.
Chapitre III- La fin de la personnalité juridique
Deux cas nous intéressent ici : le décès et les situations d’incertitude sur la fin de la personnalité
Par ailleurs, le cadavre qui n’a pas de personnalité est tout de même une chose digne de respect.
Ainsi une autopsie ne peut être pratiquée sur le corps d’un mort sans l’autorisation de ses parents.
Paragraphe 1- L’absence
* Définition.
La définition de l’absence est donnée par l’article premier de la Loi n° 2022-885 du 23 novembre 2022 relative
à l'absence et à la disparition. A la lecture de cet article, l’absence peut être définie comme la situation
juridique d’une personne qui a cessé de paraître au lieu de son domicile ou de sa résidence et dont le
manque de nouvelles rend son existence incertaine ». Ainsi, bien que l’article ne le souligne pas
expressément, en considérant la définition de la disparition à laquelle est opposée celle de l’absence, l’on
peut retenir que l’absent est celui qui cesse de donner de ses nouvelles qu’alors qu’aucun événement
particulier ne fait présumer le décès. Pour qu’’il ait absence, il faut que les circonstances qui
précède sa cessation de paraître ne soit de nature à mettre sa vie en danger. En réalité comme le
dit la loi, c’est le fait que l’on ait plus de ses nouvelles qui produit le doute sur son existence, et
la rend incertaine. De ce fait, a priori l’on ne peut le considérer comme décédé. Il est plutôt considéré en
vie jusqu’au jugement déclaratif de son décès.
Le régime juridique de l’absence s’articule autour de 3 grands axes : la présomption
d’absence, la déclaration d’absence et la déclaration judiciaire de décès.
A- La présomption d’absence
Est présumé absente, une personne dont l’on n’a plus de ses nouvelles et à l’égard de qui est
rendu un jugement de présomption d’absence. L’exigence de jugement de présomption d’absence
est une innovation de la loi du 23 novembre 2022 relative à l’absence et à la disparition. En effet,
dans les dispositions des articles 112 à 114 qui régissaient la présomption d’absence, le défaut
de nouvelles suffisait à présumer l’absence. Mais, dorénavant, en plus du défaut de nouvelles, il
importe d’obtenir un jugement présomption d’absence.
Toutefois, une insuffisance demeure : le constat de l’absence de nouvelles. Il est exigé du
ministère public ou de toute personne intéressée de formuler une demande de déclaration
d’absence un an après que l’on ait eu des nouvelles de la personne. Cependant, la loi n’indique
pas la manière suivant laquelle sont constatées les dernières nouvelles. Suffit-il alors à la
personne intéressée d’indiquer au moment de l’introduction de sa requête la date des dernières
nouvelles ? ou est-il nécessaire de faire constater dès les premiers jours que l’on n’a pas des
nouvelles de la personne, à l’effet de donner date certaine du début des dernières nouvelles ?
La réponse à ces questions conduit à la considération des conditions préalables au prononcé
du jugement. En effet, la loi indique qu’une instruction doit être faite et le ministère public doit
être entendu. Cela implique qu’une vérification soit faite. Cette vérification peut aussi bien portée
sur la documentation attestant des dernières nouvelles que sur les simples propos des intéressés.
Au cours de cette période dont la durée mérite d’être connue, des précautions sont prises par la
loi pour protéger les intérêts de l’individu présumé absent.
Une fois saisi, le juge qui reçoit la demande de déclaration d’absence rend dès sa saisine
un jugement de présomption d'absence. C’est en ce moment que commence la
présomption d’absence.
La loi ne se prononce pas sur ce qui advient avant ledit jugement. De sorte l’on peut en déduire
que les personnes intéressées sont obligées d’attendre l’expiration du délai d’attente d’un an
avant d’introduire une quelconque demande. Sauf qu’il peut survenir des cas urgents impliquant
les biens du présumé absent dont l’on ne peut se soustraire. Dans les dispositions du code civil
de 1804 relatif à la présomption d’absence, en l’occurrence l’article 112, ces situations étaient
plus ou moins réglées. Au regard de cet article, en cas de nécessité à l’administration des biens
d’une personne présumée absente, le tribunal pouvait statuer en faveur des parties intéressées.
Or, dans l’ancienne réglementation est considérée comme présumée absente, une personne dont
l’on n’a plus des nouvelles et à l’égard de qui l’on n’a pas encore obtenu de jugement déclaratif
d’absence. Il n’y avait pas de jugement qui fait présumer l’absence. Dès lors qu’on n’avait plus
des nouvelles d’une personne, elle était présumée absente, et à l’égard de ses biens le juge
autoriser l’administration de ses biens. L’on peut étendre cet esprit à la période qui précède le
jugement de présomption d’absence, en s’appuyant notamment sur l’alinéa 8 de l’article 4 de la
loi relative à l’absnece et à la disparition. Ainsi, en cas de nécessité dans l’année des dernières
nouvelles, les parties intéressées pourraient obtenir « dans les conditions fixées par
ordonnance du président du tribunal ou du juge par lui délégué »
l’accomplissement des actes conservatoires, d’administration, de
disposition à l’égard des biens d’une personne dont on n’a plus de
nouvelles mais qui n’est pas judiciairement présumé absent.
La période de présomption d’absence commence à courir non plus depuis les dernières nouvelles,
mais depuis le jugement de présomption d’absence. Elle s’étend jusqu’à l’obtention du jugement
déclaratif d’absence. Or, au regard de l’article 3 de la loi précitée, le jugement déclaratif
d’absence a lieu deux ans après la requête en vue d’obtention de la déclaration d’absence. Ainsi,
l’on peut en déduire que la présomption d’absence dure 2 ans.
Une fois obtenue et pendant sa durée, la présomption d’absence emporte
des effets.
2- Effet de la présomption d’absence
Deux effets sont ici prises par la loi
L’administrateur provisoire peut être choisi par le juge parmi les membres de la famille du
présumé absent, comme il peut s’agir d’une personne étrangère à ladite famille. En toute
hypothèse, ne peut être désignée par le juge en qualité d’administrateur provisoire qu’une
personne de bonne moralité, capable de gérer les biens du présumé absent en bon père de famille.
Dans les dispositions anciennes, au sens de l’article 136 du code civil, lorsqu’une succession (un
héritage) est ouverte, à laquelle le présumé absent doit prendrepart, « elle sera dévolue
exclusivement à ceux avec lesquels il aurait eu le droit de concourir, ou à ceux qui l’auraient
recueillie à son défaut ». Ce qui signifie que les cohéritiers, notamment les frères et sœurs de
l’absent, ont le droit de se partager à eux seuls cet héritage sans ternir compte de l’absent ; quitte
à ce dernier, lors d’un éventuel retour, d’exercer une action en pétition d’hérédité (action en
réclamation de sa part d’héritage) contre les copartageants, pour se voir restituer la part qui lui
revient dans la succession concernée (article 137 du code civil).
Cependant, dans les dispositions actuelles de la loi relative à l’absence et à la disparition, même
si la loi ne dit pas expressément, l’administrateur provisoire reçoit la succession dévolue au
présumé absent. En effet, au regard de l’article 4 il est son représentant. Et peut de ce fait accomplir
des actes de d’administration sur le patrimoine
b- Effets personnels
..
Les effets personnels de la présomption d’absence concernent le mariage du présumé absent et ses enfants. Relativement à ,
le mariage du présumé absent, l’on déduit du moment de la dissolution du mariage indiqué à l’article 6 que, notamment à
partir du jugement déclaratif d’absence, le mariage est maintenant pendant la période de présomption d’absence. Quant au
enfant, il perd la garde de ses enfants mineurs.
B- La déclaration d’absence
1- Les conditions de la déclaration d’absence
Dans les dispositions antérieures, le procureur de la république ou personne intéressée peut
présenter une requête en déclaration d’absence auprès du tribunal de première instance (article
70 de la loi relative à l’état civil). Peuvent être considérées comme personnes intéressées : les
enfants et le conjoint de l’absent, ainsi que ses créanciers ; les derniers cités étant des personnes
vis-à-vis desquelles l’absent est redevable de l’exécution d’une obligation, par exemple, du
paiement d’une somme d’argent.
Les personnes intéressées étaient tenues d’attendre l’écoulement d’un délai de 4 ans pour
présenter leur demande en déclaration d’absence au tribunal qui, à son tour, dispose d’une année
pour effectuer son enquête dont le but est de chercher à savoir si effectivement l’on ne peut
obtenir aucune nouvelle du présumé absent. L’enquête est faite dans l’arrondissement de son
domicile ou de sa résidence.
La procédure a dorénavant changé, le délai d’attente avant l’introduction d’une requête en vue
d’obtenir la déclaration d’absence n’est plus de 4 ans mais plutôt d’un an. A la suite de cette
requête, le juge prononce un jugement de présomption d’absence et ordonne une enquête. La loi
n’indique pas clairement la durée de cette enquête. Mais, au regard de l’article 5 c’est à la fin de
l’enquête, lorsqu’il est constaté la situation d’absence que le juge rend sa décision déclarative
d’absence. Cette décision est rendue 2 ans après la requête de déclaration d’absence.
La période d’absence déclarée dure 7 ans.
Durant cette période des droits subsistent d’autres meurent.
- déclarer que la personne ne peut être considérée comme absente, parce que des éléments de
l’enquête par lui diligentée indiquent qu’on a de ses nouvelles ;
- déclarer que la personne est absente parce que, malgré toutes les recherches effectuées, on n’a
aucune nouvelle d’elle ; dans ce cas, le juge rend une décision de déclaration d’absence encore
appelée jugement déclaratif d’absence.
Dans cette dernière hypothèse, l’individu dont il s’agit est, dorénavant, officiellement absent ; il
n’est plus présumé absent. Le jugement déclaratif d’absence marque ainsi la fin de la période
de présomption d’absence.
Désormais, le jugement déclaratif d’absence dissout le mariage de l’absent. Ainsi, l’article 103
de la loi relative au mariage mentionne l’absence parmi les causes de dissolution du mariage, au
même titre que le décès, le divorce, le décès judiciairement déclaré en cas de disparition et
l’annulation du mariage.
Avant d’en jouir, les héritiers présomptifs devaient procéder à l’inventaire des biens reçus et
donner caution pour la sûreté de leur administration (article 120 du code civil).
Mais dorénavant, l’envoie en possession provisoire n’est plus possible. Car, les biens de l’absent
judiciairement déclarés sont gérés par l’administrateur provisoire. En effet, celui-ci désigné depuis
le jugement déclaratif d’absence demeure en fonction jusqu’au jugement déclaratif de décès. C’est
lui donc qui a la gestion des biens (article 8). Il est vrai que le juge peut changer la personne de
l’administrateur, mais il n’en demeure pas moins que les biens de l’absent demeure sous
administration provisoire.
.
• L’envoi en possession définitive
Traditionnellement, l’envoi en possession provisoire des biens pouvait être suivi de l’envoi en
possession définitive. En effet, s’il s’est écoulé un délai de 30 ans à compter de la date du
jugement déclaratif d’absence ou 100 ans depuis la date de naissance de l’absent, les ayants-droit
pouvaient saisir le tribunal pour l’entendre prononcer l’envoi en possession définitive, et
ordonner, par voie de conséquence, le partage des biens de l’absent (article 129 du code civil).
Les ayants droits envoyés en possession définitive pouvaient aliéner des biens de l’absent.
Dorénavant ce n’est plus le cas. Ils devront attendre le jugement déclaratif de décès de l’absent.
C- La fin de l’absence
La fin de l’absence est marquée, soit par la déclaration de décès, soit par le retour de l’absent.
Au terme d’un délai de sept ans à compter de la date du jugement déclaratif d’absence, le décès
de l’absent peut être judiciairement déclaré
Le jugement déclaratif de décès valant acte de décès est transcrit dans les registres de l’état civil
du dernier domicile de l’absent en marge de son acte de naissance ou de mariage.
Le décès est supposé survenu le jour du prononcé du jugement déclaratif.
A partir de sa transcription, le jugement déclaratif de décès produit tous les effets du décès :
notamment la succession de l’absent s’ouvre immédiatement à la date du jugement déclaratif de
décès ; si l’absent est marié son mariage est dissous.
2- Le retour de l’absent
Le retour de l’absent qui peut intervenir à n’importe quel moment, emporte, par l’intervention
d’un nouveau jugement l’annulant, donc cessation des effets du jugement déclaratif d’absence
ou du jugement déclaratif de décès
Malgré le retour de l’absent, son mariage qui a pris fin avec le jugement déclaratif demeure
dissous.
Par ailleurs, revenu, l’absent peut exercer l’action en désaveu de paternité à l’égard des enfants
nés moins de 300 jours après la date des dernières nouvelles (article 3 de la loi relative à la
filiation interprété a contrario).
Si l’absent revient après le jugement déclaratif de décès, son mariage qui a pris fin avec le
jugement déclaratif demeure dissous. S’il a été procédé à la liquidation des biens, les biens reçus
en partage demeurent propres à chacun d’eux.
3- Le décès de l’absent
Après l’écoulement du délai de 7 depuis la déclaration judiciaire de décès de l’absent, les
personnes peuvent une demande en vue de la déclaration judiciaire de décès. Après enquête,
l’absent peut être déclaré décédé. Ce jugement entrainera l’ouverture de la succession.
Paragraphe 2- La disparition
La disparition est la situation d’une personne qui était dans des circonstances de nature à mettre
sa vie en danger mais dont le corps n’a pu être retrouvé.
Il convient d’abord les conditions, ensuite les effets de la disparition.
Le juge du lieu de la survenance des événements saisi, rend un jugement déclaratif de décès. Le
jugement déclaratif de décès doit préciser la date du décès qui sera fixée en tenant compte des
circonstances de la disparition ; cette date ne doit jamais être indéterminée. Le jugement
déclaratif de décès valant acte de décès est transcrit dans les registres de l’état civil du lieu réel
ou présumé du décès.
A partir de sa transcription, le jugement déclaratif de décès produit tous les effets du décès :
notamment la succession du disparu s’ouvre immédiatement à la date du jugement déclaratif de
décès ; si le disparu est marié son mariage est dissous.
Il est nécessaire d’individualiser les personnes physiques. Pour les identifier dans leur famille et
dans la société, on a recours à des signes distinctifs : le nom et ses accessoires permettent
d’identifier une personne et la distinguer des autres ; le domicile permet de la localiser
géographiquement ; les actes de l’état civil contiennent des informations relatives à son état (état
de vivant, de marié ou de célibataire, ou état de mort).
Section 1 - Le nom
Dans sa considération générale, le nom est une appellation qui sert à désigner une personne dans
la vie sociale et juridique envue de l’exercice de ses droits et de l’exécution de ses obligations.
Les règles régissant le nom ont été rendues effectives par la loi n° 64-373 du 7 octobre
1964 relative au nom, modifiée par la loi n° 83-799 du 2 août 1983 et la loi n°64-381 du 7
octobre 1964 relative aux dispositions diverses applicables aux matières régies par la loi
sur le nom. En dehors de l’article 1 de Loi N°64-381 du 7 octobre 1964, relatives
aux dispositions diverses applicables aux matières régies par les lois sur
le nom, les anciennes lois sont désormais abrogées par la Loi n° 2020- 490 du 29 mai
2020 relative au nom. Ainsi, le nom est régi par la Loi n°2020-490 du 29 mai 2020
relative au nom, qui dispose : « toute personne doit avoir un nom et un ou plusieurs prénoms
» (article 1er de la loi relative au nom).
Après avoir étudié les éléments constitutifs du nom, on exposera sa nature juridique et ses
caractères.
A- Le nom
Le nom d’une personne est le nom de la famille à laquelle elle appartient. Il est donc attribué lors
de la naissance en considération de la filiation ; celle-ci étant le lien juridique qui unit une personne
à ses père et mère. Mais il y a des cas où l’attribution du nom relève de l’autorité administrative.
Ce consentement peut être donné soit oralement lors de la déclaration de reconnaissance faite par
le père, ou reçu séparément par un officier de l’état civil ou un notaire qui en dressent acte (article
3 de la loi relative au nom).
L’enfant naturel adultérin par la mère ne peut être reconnu par l’amant de celle-ci, et porter son
nom, que lorsqu’il a été préalablement désavoué par son père présumé (article 22 alinéa 2 de la
loi relative à la filiation). Si le mari n’opte pas pour le désaveu, l’enfant, en sa qualité d’enfant
légitime, portera son nom en application de l’article 2 de la loi relative au nom.
2- L’attribution du nom par l’autorité administrative
Le nom patronymique s’acquiert par décision administrative s’il s’agit d’un enfant trouvé. En effet,
il arrive que l’enfant n’ait aucun attachement familial connu ; c’est l’enfant né de père et de mère
inconnus. Dans ce cas, le nom de famille de l’enfant est attribué par l’officier de l’état civil à qui
la naissance ou la découverte de l’enfant a été déclarée par l’établissement (par exemple la
pouponnière) qui l’a recueilli.
Toutefois, au regard de l’article 10, l’officier de l’état civil ne peut attribuer de nom que ceux
figurant dans les calendriers, ou ceux consacrés par les usages et la
tradition.
B- Le prénom et les accessoires du nom
1- Le prénom
Le prénom est une appellation qui permet de distinguer l’individu des autres membres de la famille
portant le même nom.
En principe les parents sont libres d’attribuer à leurs enfants le ou les prénoms qu’ils désirent. Mais
la loi pose des limites à cette liberté de choix ; en effet, selon l’article 10 de la loi relativeau
nom « il est interdit aux officiers de l’état civil de donner des noms ou prénoms et de recevoir
des prénoms autres que ceux figurant dans les différents calendriers ou consacrés parles usages
et la tradition ».
Le surnom est une appellation donnée à une personne par son entourage et sous laquelle elle est bien connue. Dans
les actes officiels une personne ne peut se faire désigner uniquement par son surnom. Toutefois, la loi accorde à
Le pseudonyme est un nom de fantaisie ou d’emprunt choisi et généralement utilisé par l’intéressé
uniquement pour l’exercice d’une activité. Tel est le cas par exemple d’un pseudonyme employé
dans le cadre d’une activité commerciale ou artistique. Tout comme le surnom il est permis
d’ajouter le pseudonyme aux nom et prénoms réguliers.
2.2- La particule
C’est un mot qui précède certains noms ; il détermine le lien de filiation. La loi ivoirienne ne s’est
pas préoccupée de la particule; mais il faut noter que celle-ci est la composante de certains noms.
On peut citer par exemple, la particule ’’Bi’’ et ‘’Lou’’ chez les Gouros. Ainsi, si la particule a été
oubliée dans le nom déclaré à l’état civil, l’omission doit être réparée par la rectification judiciaire
de l’acte de naissance.
Tel est le cas lorsque l’enfant est reconnu en second lieu par le père ; il y a ajout du nom du
père à celui de la mère ou remplacement pur et simple du nom de la mère par celui du père.
L’adoption entraîne aussi l’attribution du nom de l’adoptant à l’adopté dont le nom est modifié.
La destruction de la filiation par l’annulation d’une reconnaissance faite sur la base d’une
fausse déclaration entraîne un changement du nom consécutif à un changement d’état.
La première concerne le changement de nom par substitution ; il concerne les individus qui,, ne
portaient pas le nom de leur auteur. Ces personnes peuvent demander pour leur compte et celui de leurs
enfants mineurs nés ou à naître, àporter le nom de l’un de leurs ascendants ou de leur auteur. Elles peuvent
donc choisir de porter désormais soit le nom de leur père, soit le nom d’un grand parent, généralement celui de
leur grand-père.
Prévue par l’article 11 de la loi relative au nom, la seconde procédure concerne le relèvement de
nom ; elle permet un changement de nom par adjonction. Celui dont le nom doit être relevé doit
être le dernier représentant d’une famille décédé sans postérité.
Celui qui veut relever le nom doit démontrer qu’il a un auteur commun avec le défunt.
Le relèvement de nom s’obtient par une déclaration faite devant l’officier de l’état civil du lieu de
son domicile dans les 5 ans qui suivent le décès de la personne dont le nom doit être relevé.La
déclaration est, par l’officier de l’état civil, transmise au tribunal pour homologation. Le jugement
d’homologation ordonnera la rectification des actes d’état civil en autorisant le requérant à
adjoindre le nom relevé à son patronyme.
2- Le changement de prénoms
Le prénom qui complète le nom patronymique est lui aussi soumis au principe de l’immutabilité
contenu dans l’article 15 de la loi relative au nom. Le changement de prénom peut intervenir à
la suite d’un changement d’état ; tel est le cas en matière d’adoption.
Par ailleurs, il est possible de changer de prénoms ou d’adjoindre de nouveaux prénoms à ceux
mentionnés sur l’acte de naissance. Mais celui qui sollicite le changement de prénoms doit justifier
d’un intérêt légitime. L’intérêt légitime peut se traduire par le fait que le prénom reçudes parents
est ridicule.
Celui qui désire changer de prénoms doit présenter une requête devant le tribunal ou la section
de tribunal dans le ressort duquel l’acte de naissance a été établi ; le requérant doit préciser les
motifs du changement qui établissent l’existence d’un intérêt légitime.
D- La protection du nom
Aux termes de l’article 17 de la loi relative au nom « le porteur d’un nom ou ses descendants,
même s’ils ne portent pas eux-mêmes ce nom, peuvent s’opposer sans préjudice de dommages et
intérêts, à ce qu’il soit usurpé ou utilisé par un tiers à titre de nom, surnom ou pseudonyme ».
En application de ce texte, une action peut être intentée dans le but de défendre le nom contre toute
usurpation par un tiers. Qui peut intenter cette action ? Contre qui peut-elle être intentée ?
Le nom est inaliénable. Cela signifie que le droit au nom étant un droit extrapatrimonial ne peut
être cédé entre vifs, donné ou vendu, ni transmis par testament. Cependant, ce principe souffre
d’une exception. En effet, notre société outrancièrement capitaliste étant dominée par l’argent, a
admis la commercialisation du nom. Le nom sous lequel un individu fait le commerce (nom
commercial) est un élément de son fonds de commerce qui peut être cédé (vendu) en même temps
que ce fonds dont il fait partie. Mais l’utilisation du nom patronymique devenu commercial doit
être exclusivement limitée à l’exploitation du fonds de commerce.
Le nom est imprescriptible c’est-à-dire qu’il ne peut être perdu en raison d’un défaut
d’utilisation. La prescription, c’est la disparition d’un droit qu’on n’a pas exercé pendant une
certaine durée. Les juges français ont décidé qu’un nom de famille peut être réclamé par les
membres de cette famille, malgré le long temps pendant lequel ce nom n’a pas été porté5
Section 2- Le domicile
Le domicile est le siège légal de la personne, le lieu où la loi la localise. Comme le nom, le domicile
sert à individualiser la personne, en déterminant le lieu, où au regard de la loi, elle est censée être
toujours présente.
Le domicile est défini par l’article 1 de la loi relative au domicile qui dispose : « le domicile de
toute personne physique, quant à l’exercice de ses droits civils, est au lieu où il a son principal
établissement » Le domiciledoit être distingué des notions voisines telles que celles de résidence
ou d’habitation.
A- Le domicile volontaire
1- Les éléments constitutifs du domicile volontaire
Ils sont au nombre de deux : un élément matériel et un élément intentionnel
L’élément matériel se traduit par le fait de s’établir en un endroit.
L’élément intentionnel se manifeste par la volonté de fixer son domicile en cet endroit.
Une difficulté se présente lorsque la personne a plusieurs établissements, ayant plusieurs centres
d’intérêts localisés à des endroits divers. Dans ce cas, il faut avoir recours à l’élément intentionnel
qui va permettre de reconnaître l’un des centres d’activité de l’intéressé comme son principal
établissement. Dans certains cas, les tribunaux font prévaloir le lieu d’exercice de la profession ;
dans d’autres, les intérêts économiques et familiaux déterminent le lieu du principal établissement.
2- Le changement de domicile
Selon l’article 8, le changement de domicile s’opère par le fait d’une habitationréelle dans un autre
lieu joint à l’intention d’y fixer son principal établissement.
Le changement de domicile suppose donc la modification de l’élément matériel et de l’élément
moral.
B- Le domicile légal
C’est celui que la loi assigne d’office à certaines personnes, soit en raison de leur dépendance vis-
à-vis d’une autre personne, soit en raison de leur profession.
L’état est donc l’ensemble des caractéristiques permanentes de la personne, qui déterminent son
statut juridique dans la société. Sont des éléments constitutifs de l’état des personnes : la vie, la
mort, la situation maritale de l’intéressé (célibataire, marié, divorcé ou veuf).
Les éléments de l’état sont constatés officiellement par des actes appelés actes de l’état civil.
En effet, selon l’article 1er de la loi n° 2018-862 du 19 novembre 2018 relative à l’état civil qui
régit la matière, « les actes de l’état civil sont des écrits par lesquels l’officier de l’état civil
constate d’une manière authentique les principaux événements dont dépend l’état des personnes
»
L’état civil est ainsi un service public administratif qui a pour mission d’enregistrer les différents
événements qui constituent ou modifient l’état des personnes physiques, et de délivrer à cette fin
aux usagers des actes constatant leur état ; ce sont les actes de l’état civil.
La loi n° 2018-862 du 19 novembre 2018 relative à l’état civil contient les règles portant sur :
- l’établissement des actes de l’état civil (paragraphe 1er) ;
- les fonctions des actes de l’état civil (paragraphe 2) ;
- les sanctions des irrégularités dans l’établissement des actes de l’état civil (paragraphe 3).
Des points de collecte d’informations concernant l’état civil sont créés dans les villages, dans les
centres de santé et dans tout autre lieu déterminé par décret (article 3 de la loi n° 2018-862 du 19
novembre 2018 relative à l’état civil).
Sur le territoire national, la qualité d’officier de l’état civil est conférée au maire dans la commune
; en dehors de la commune, les fonctions d’officier de l’état civil sont exercées par le sous-préfet
dans les limites du territoire de la sous-préfecture.
Aux termes de l’article 4 de la loi relative à l’état civil), chaque circonscription d’état civil
comporte donc un officier de l’état civil.
Chaque bureau d’état civil comporte un agent de l’état civil.
De même chaque point de collecte comporte un agent de collecte.
Aux uns et aux autres, il peut être adjoint un ou plusieurs suppléants qui exercent leurs
compétences dans les mêmes conditions que les officiers et agents titulaires.
Hors du territoire national, la loi confère la qualité d’officier de l’état civil aux agents
diplomatiques ou consulaires (article 33 de la loi relative à l’état civil ; article 25 de la loi relative
au mariage). Les actes de l’état civil sont ici établis par les consuls et agents diplomatiques
ivoiriens conformément à la loi ivoirienne.
b- Le livret de famille
Il est délivré aux époux un livret de famille et un certificat de célébration civile (article 24 de la
loi relative au mariage ; 91 de la loi relative à l’état civil). Ces documents sont remis à celui
d’entre eux désigné par les époux.
Le livret porte l’identité des conjoints, la date et le lieu de célébration du mariage. On y inscrit
par la suite :
- les naissances et les décès des enfants nés du mariage et des enfants reconnus par le mari en
application de l’article 22 de la loi relative à la filiation,
- le décès ou le divorce des époux (article 92 de la loi relative à l’état civil).
a- L’acte de naissance
La déclaration de naissance est faite devant l’officier de l’état civil (article 30 de la loi relative
à l’état civil) par le père, la mère ou un ascendant ou toute personne ayant assisté à la naissance ou
encore la personne chez qui la mère est accouchée (article 43 de la loi relative à l’état civil).
Une fois la déclaration de naissance enregistrée, la rédaction de l’acte de naissance doit être
immédiate et comporter la signature du déclarant et celle de l’officier de l’état civil.
La loi (article 42) indique les mentions devant figurer sur l’acte de naissance :
b- L’acte de décès
La déclaration de décès est faite devant l’officier de l’état civil (article 30 de la loi relative à l’état
civil) par l’un des parents du défunt ou par toute personne possédant sur son état civil des
renseignements nécessaires à la déclaration.
Les décès doivent être déclarés dans les 15 jours qui suivent la date du décès (article 53 de la loi
relative à l’état civil)
Les déclarations de décès sont reçues et les actes qui les constatent sont dressés par l’officier ou
l’agent de l’état civil du lieu du décès (article 30 de la loi relative à l’état civil). La loi ne
prescrit pas la rédaction immédiate de l’acte de décès.
La loi (article 54) indique les mentions devant figurer sur l’acte de décès:
* l’année, le mois, le jour, l’heure et le lieu du décès ;
* les nom et prénoms, date et lieu de naissance, profession et domicile de la personne décédée.
* les nom et prénoms, professions et domiciles des père et mère du défunt
* les nom et prénoms de l’autre époux si la personne décédée était mariée, veuve ou divorcée
* les nom et prénoms, âge, profession et domicile du déclarant et s’il y a lieu son degré de
parenté avec la personne décédée.
Pour la déclaration de décès sont exigés en pratique, le certificat médical (établi par le médecin)
ou le procès-verbal de la police ou la gendarmerie qui constate le décès, les pièces d’identité du
défunt et du déclarant.
c- L’acte de mariage
L’acte de mariage est établi à la suite de la double déclaration (articles 23 de la loi relative au
mariage, et 71 de la loi relative à l’état civil) faite devant l’officier de l’état civil, par les futurs
époux de se prendre pour mari et femme ; ceux-ci sont assistés de leurs témoins et éventuellement
du père ou de la mère ou du tuteur qui doit consentir au mariage pour les mineurs.
La loi (article 15 de la loi relative au mariage) énumère les pièces requises pour la constitution
du dossier de mariage : il s’agit des extraits d’acte de naissance des futurs époux datant de moins
de trois mois ; la copie des actes accordant des dispenses et toutes autres pièces propres à établir
que les conditions du mariage sont réunies.
L’acte de mariage doit être dressé sur le champ (article 23 alinéa2 de la loi relative au mariage)
.
L’article71 de la loi relative à l’état civil expose le contenu de l’acte de mariage ; celui-ci
énonce :
- le numéro de référence de l’acte ;
- les prénoms, nom, professions, âges, dates et lieux de naissance, domiciles et résidences des
époux ;
- les prénoms noms, professions et domiciles des pères et mères ;
- les consentements ou autorisations donnés en cas de minorité de l’un ou des époux ;
- Les prénoms et nom du précédent conjoint de chacun des époux ;
- la déclaration des contractants de se prendre pour époux et le prononcé de leur union par
l’officier de l’état civil ;
- les prénoms, noms, professions, domiciles des témoins et leur qualité de majeurs ;
- l’option éventuellement faite par les époux en faveur du régime de la séparation des biens.
Il faut souligner qu’à la suite de la célébration du mariage, les nom et prénoms du conjoint sont
mentionnés en marge de l’acte de naissance. Cette mention permet à l’officier de l’état civil invité
à célébrer un mariage de savoir si l’un des futurs époux se trouve déjà dans les liens d’un premier
mariage.
Le contenu de l’acte de reconnaissance n’est pas précisé par la loi ; naturellement, il doit
indiquer :
- l’identité de l’enfant reconnu
- l’identité des père et mère (noms prénoms âge profession, domicile)
- les consentements exigés par la loi, à savoir celui de l’enfant âgé de plus de 21 ans ; celui
de l’épouse pour l’enfant adultérin a patre ; celui de la mère pour la substitution du nom du
père à celui de la mère lorsque le père reconnaît l’enfant en second lieu.
Par ailleurs, la loi prévoit que lorsqu’une personne est dans l’impossibilité de se procurer son
acte de naissance, elle peut le suppléer par un acte de notoriété.
En conséquence, la personne intéressée doit introduire une requête auprès du tribunal depremière
instance ou de la section détachée du lieu de survenance de l’événement qu’est la naissance ou le
décès.
Le juge saisi constate d’abord qu’il y a défaut d’acte de l’état civil ; il rend ensuite un jugement
pour suppléer le défaut d’acte de l’état civil ; d’où l’expression ‘’jugement supplétif de défaut
d’acte de naissance ou jugement supplétif de défaut d’acte de décès’’.
Le dispositif du jugement supplétif de défaut d’acte de l’état civil est transmis par le ministère
public à l’officier de l’état civil (le maire ou le sous-préfet) pour être transcrit dans le registre des
actes de l’état civil (articles 83 à 85 de la loi relative à l’état civil).
Il tient lieu d’acte de l’état civil (acte de naissance ou de décès) dont la copie ou l’extrait peut être
délivrée par l’officier de l’état civil. Ainsi, plutôt que de le solliciter auprès du tribunal, l’intéressé
pourra obtenir du maire ou du sous-préfet, un extrait ou une copie du jugement supplétif d’acte de
naissance ou d’acte de décès.
Il faut noter qu’à côté des audiences ordinaires du tribunal destinées à rendre des jugements
supplétifs, des audiences foraines peuvent être organisées à cette même fin. Cette procédure permet
au tribunal de se déplacer et se rapprocher ainsi des justiciables qui, par ce biais, peuvent aisément
obtenir surtout des jugements supplétifs d’acte de naissance, rendus sur le champ parun juge.
L’acte est dressé sur la base de la déclaration de deux témoins majeurs de l’événement. La loi
donne ainsi la faculté à toute personne se trouvant dans l’impossibilité de se procurer son acte de
naissance, de le suppléer par un acte de notoriété établi par le président du tribunal du lieu de
naissance ou du domicile.
Il en va ainsi pour le mariage ; la loi exige un extrait d’acte de naissance datant de moins de trois
mois. A défaut de pouvoir se procurer son acte de naissance, le futur époux peut obtenir la
délivrance d’un acte de notoriété.
L’acte de notoriété doit énoncer la fin pour laquelle il a été délivré ; il ne peut plus servir à d’autres
fins.
Il ne faut pas confondre l’acte de notoriété avec l’acte notarié. L’acte notarié est un acte
authentique, établi par un notaire pour constater par exemple un contrat de vente d’un immeuble
(une maison, un terrain à bâtir ou une parcelle de forêt).
Deux hypothèses peuvent se présenter : un exemplaire des registres a disparu, ou les deux
exemplaires ont disparu.
Dans la première hypothèse, le procureur de la république, selon les termes de l’article 87,
prescrit au greffier du tribunal ou de la section du tribunal compétent de faire une copie de
l’exemplaire existant sur un nouveau registre côté et paraphé par le président du tribunal.
Après avoir vérifié la fidélité de la copie à l’exemplaire original, le procureur de la république
saisit par requête le tribunal ou la section du tribunal pour lui demander d’ordonner que la copie
servira à remplacer le double manquant.
Dans la deuxième hypothèse, il n’est plus possible de faire des copies. La seule solution consiste
à reconstituer les actes de l’état civil, en vue de leur transcription sur deux registres côtés et
paraphés par le président du tribunal.
Pour ce faire, le procureur de la république (article 88) invite l’officier ou l’agent de l’état civil
de la circonscription ou du centre secondaire à dresser un état année par année des personnes qui
sont nées, mariées ou décédées pendant ce temps.
Après examen de cet état, le procureur de la République requiert le tribunal compétent d’ordonner
une enquête et toutes mesures de publicité jugées opportunes. L’enquête est faite par un juge
commis et un double de l’enquête est déposé au greffe du tribunal et au chef-lieu de la
circonscription ou du centre secondaire d’état civil où toute personne peut en prendre
connaissance.
Une fois l’instruction terminée, le tribunal, sur les conclusions du procureur de la République,
ordonne le rétablissement des actes dont l’existence a été constatée. Un seul jugement contient
les actes d’une année entière pour chaque circonscription ou centre secondaire d’état civilintéressé.
Il est transcrit sur deux registres côtés et paraphés, lesquels sont déposés, l’un au chef- lieu de la
circonscription d’état civil, l’autre au greffe du tribunal ou de la section du tribunal.
Il convient d’ajouter que l’article 90 de la loi relative à l’état civil autorise les personnes
concernées par la destruction des deux exemplaires du registre, à demander, devant le tribunal ou
la section du tribunal territorialement compétent, un jugement supplétif de défaut d’acte d’état
civil.
Ainsi, les personnes intéressées pourront obtenir un jugement supplétif d’acte de naissance, d’acte
de décès ou d’acte de mariage ; car le jugement supplétif d’acte de mariage est
Les particuliers peuvent toutefois obtenir des renseignements figurant sur le registre en demandant
à l’officier ou l’agent de l’état civil de leur délivrer des extraits ou copies des actes del’état civil.
La copie est la reproduction intégrale de l’acte figurant sur le registre de l’état civil. Elle comporte
donc toutes les mentions en marge et les transcriptions qui figurent sur le registre(article 31 de la
loi relative à l’état civil)..
L’extrait est une reproduction partielle des informations contenues dans le registre de l’état civil.
L’extrait d’acte de naissance, par exemple, doit contenir un minimum d’informations : l’année, le
jour, l’heure et le lieu de naissance, le sexe, les prénoms et le nom de l’enfant tels qu’ils émanent
des énonciations de l’acte de naissance (article 52 de la loi relative à l’état civil).
Les extraits et les copies délivrés par les dépositaires des registres de l’état civil (officiers ou agents
de l’état civil et greffiers) doivent faire mention de la date de leur délivrance et être revêtus de la
signature et du sceau de l’autorité qui les a délivrés (article 31 de la loi relative à l’état civil).
Un acte authentique est un acte établi par un officier public (notaire, officier de l’état civil etc).
Selon l’article 7 de la loi relative à l’état civil, « les officiers de l’état civil sont seuls compétents
pour recevoir les déclarations et dresser les actes de l’état civil auxquels ils confèrent
l’authenticité ».
Les actes de l’état civil sont donc des actes authentiques, lesquels font foi jusqu’à inscription de
faux ; c’est-à-dire que celui qui en conteste la teneur doit démontrer que l’officier de l’état civil a
fait du faux en y insérant des déclarations contraires à la vérité.
Cette force probante est valable aussi bien pour les registres que pour les copies et les extraits. Les
copies et les extraits ont la même force probante que l’original, à condition d’avoir été délivrés par
l’une des autorités dépositaires des registres.
Paragraphe 3- Sanctions des irrégularités dans l’établissement des actes de l’état civil
Les sanctions visent d’abord l’officier de l’état civil qui a établi l’acte irrégulier; ensuite l’acte
lui-même.
En particulier lorsqu’il compromet, détruit ou modifie l’état civil d’un enfant de 10 ans ou d’un
enfant plus âgé atteint d’une infirmité, l’officier de l’état civil est puni d’un emprisonnement de
5 à 10 ans (article 451 du code pénal).
Le juge du fond dispose d’un pouvoir souverain d’appréciation de la gravité de l’irrégularité qui
affecte l’acte.
Si l’irrégularité est substantielle, le juge prononcera la nullité de l’acte. Il en va ainsi d’un acte
établi par une personne qui n’est pas investie des fonctions d’officier de l’état civil.
En revanche, si l’irrégularité est moins grave, le juge peut refuser de prononcer la nullité. Exemple
: une erreur portant sur le nom de l’intéressé.
La rectification administrative peut être ordonnée par le procureur de la république. Celui-ci donne
instruction aux dépositaires des registres de procéder à la rectification des erreurs ou omissions
purement matérielles des actes de l’état civil (article 79 de la loi relative à l’état civil)
Elle consiste à ajouter des mentions essentielles que l’acte devrait contenir ; exemple : la date ou
le lieu de naissance ou de décès.
Il en va de même lorsque l’acte contient des mentions inexactes, en l’occurrence un nom mal
orthographié ou orthographié sans la particule. La rectification a pour but de corriger l’inexactitude
constatée sur l’acte de l’état civil.
La rectification judiciaire de l’acte peut être la conséquence d’une action en changement d’état.
La capacité est l’aptitude qu’a une personne à être sujet de droits et d’obligations ; c’est le fait pour
une personne d’être apte à acquérir des droits, à en jouir et à les exercer.
L’aptitude d’une personne à mettre elle-même en œuvre ses droits et exécuter ses obligations, c’est
la capacité d’exercice.
L’incapacité est dite de jouissance lorsque la personne qui en est frappée est inapte à être titulaire
d’un ou plusieurs droits. Exemple : une personne condamnée pour crime ou vol peut être
dépouillée par le juge de son droit de vote ou d’être éligible, ou encore de son droit d’exercer le
commerce.
L’incapacité est dite d’exercice lorsque la personne qui en est frappée est inapte à mettre elle-
même en œuvre (ou exercer) certains droits dont elle demeure titulaire. L’incapacité d’exercice
signifie que la personne concernée est titulaire de droits ; mais la loi met des restrictions à
l’exercice par elle-même desdits droits. Ainsi, un mineur peut être propriétaire ou créancier ; il a,
à cet égard, la capacité de jouissance. Mais il ne peut pas mettre lui-même en œuvre lesprérogatives
afférentes à ces droits ; il faut qu’une autre personne les exerce pour lui. Lui est donc méconnue
la capacité d’exercice.
Vont être successivement étudiées, la situation du mineur, puis celle du majeur incapable.
Section 1- Le mineur
Le statut juridique du mineur est régi par la loi n° 2019-572 du 26 juin 2019 relative à la minorité.
Aux termes de cette loi, « est mineure la personne qui n’a pas encore atteint l’âge de dix-huit
ans accomplis» (article 1er). Le mineur est donc toute personne âgée de moins de 18 ans. La
personne âgée de 18 ans et plus est dite majeure.
La loi a instauré au profit du mineur un régime de protection ; mais certains mineurs peuvent
échapper à ce régime par le biais de l’émancipation.
Selon l’article 36 de la loi relative à la minorité, « le mineur engage son patrimoine par ses délits,
ses quasi-délits et son enrichissement sans cause ». Il est ainsi admis que le mineur est
personnellement responsable de ses faits.
Cette responsabilité peut se combiner avec la responsabilité des parents du mineur sur le
fondement de l’article 1384 alinéa 4 du code civil qui dispose : « les père et mère sont
responsables des dommages causés par leur enfant mineur vivant avec eux ».
Le mineur peut donc accomplir seul certains actes qui le concernent et qui impliquent une
appréciation personnelle. Ces actes excluent la représentation du mineur. Il en est ainsi des actes
ci-après exposés.
a - L’adoption
Le mineur âgé de plus de 16 ans doit consentir personnellement à son adoption (article 6 de la loi
relative à l’adoption).
Ce sont des actes de gestion courante du patrimoine du mineur ; exemple : le contrat conclu pour
mettre une maison en location ; ou encore le recouvrement d’une créance.
Le mineur non émancipé peut accomplir seul les actes d’administration.
d - Le contrat de travail
Lorsque le mineur est âgé de moins de 16 ans, la conclusion et la rupture du contrat de travail se
font par son représentant légal agissant en son nom et pour son compte.
A partir de 16 ans, le mineur conclut et rompt son contrat de travail avec l’assistance de son
représentant légal qui est le père, la mère ou le tuteur (article 35 de la loi relative à la minorité).
Il s’agit d’une action en nullité relative qui ne peut être exercée que par la personne intéressée.
Pendant la minorité, cette action appartient au représentant légal ; le mineur devenu majeur pourra
lui-même exercer cette action à condition qu’elle ne soit pas prescrite. Le délai d’exercicede l’action
en nullité est de 5ans ; cette action est donc prescrite lorsqu’elle n’est pas exercée pendant un délai
de 5 ans (l’article 40 de la loi relative à la minorité). Cela signifie que passé undélai de 5 ans, l’action
en nullité ne peut plus être exercée devant le tribunal.
Toutefois, le législateur apporte une limite à l’obligation de restitution qui pèse sur le mineur ;
car selon l’article 41 de la loi relative à la minorité, « le mineur n’est tenu au remboursement de
ce qui lui a été payé que s’il est prouvé que ce paiement a tourné à son profit ».
A- L’autorité parentale
Initialement nommée « puissance paternelle » par la loi de 1964, »l’autorité parentale est
l’ensemble des droits reconnus aux père et mère sur la personne et les biens de leur enfant mineur
et ayant pour finalité l’intérêt de celui-ci. » (article 3 de la loi relative à la minorité)
A l’égard des tiers de bonne foi, chacun des époux est réputé agir avec l’accord de l’autre et dans
le seul intérêt de l’enfant, quand il accomplit seul un acte usuel de l’autorité parentale.
En cas de divorce, de séparation de corps ou de résidence séparée, l’autorité parentale est exercée
par celui des père et mère à qui le juge a confié la garde de l’enfant. Néanmoins le parent qui n’en
a pas la garde conserve les droits de visite et de surveillance et le droit de consentir à l’adoption
ou à l’émancipation de l’enfant mineur.
Si la garde a été confiée à une tierce personne, les autres attributs de l’autorité parentale continuent
d’être exercés par les père et mère. Mais le tiers investi de la garde de l’enfant accomplit les actes
usuels relatifs à sa surveillance et à son éducation (article 7).
En cas de décès de celui des père et mère ayant été investi, l’autorité parentale est dévolue de
plein droit à l’autre parent. Toutefois dans l’intérêt exclusif de l’enfant, le juge peut décider, à la
requête de tout intéressé, de confier sa garde à toute autre personne.
Lorsque la filiation est établie à l’égard de la mère et du père, l’autorité parentale est exercée par
les deux parents. S’il s’élève un conflit relativement entre les père et mère relativement à
l’exercice de l’autorité parentale, le juge saisi par le parent le plus diligent statue en considérant
l’intérêt de l’enfant.
A l’égard des tiers de bonne foi, chacun des parents est réputé agir avec l’accord de l’autre et dans
le seul intérêt de l’enfant, quand il accomplit seul un acte usuel de l’autorité parentale (article 9
alinéa4 de la loi relative à la minorité).
Incapacité du parent. Le parent qui est hors d’état de manifester sa volonté, en raison de son
incapacité ou de toute autre cause, perd l’exercice de l’autorité parentale.
En cas de décès de l’un des père et mère. Si l’un des père et mère décède ou se trouve hors
d’état de manifester sa volonté, en raison de son incapacité ou de toute autre cause, l’exercice de
l’autorité parentale est dévolu uniquement à l’autre (article 12 de la loi relative à la minorité).
La garde.
La garde est un droit en vertu duquel le titulaire de la puissance paternelle fixe la résidence de
l’enfant. Il faut rappeler, à ce sujet, qu’en vertu de l’article 108 du code civil, le mineur non
émancipé est domicilié chez ses père et mère.
Les incapacités 89
Le mineur ne peut quitter le domicile familial sans l’autorisation du titulaire de l’autorité
parentale ; il peut avoir recours à la force publique pour ramener l’enfant au domicile familial.
La surveillance.
Elle comporte le droit de surveiller la correspondance de l’enfant, surveiller ses mœurs et ses
relations avec des tiers ; le titulaire de l’autorité parentale peut interdire à l’enfant des relations
qu’il jugerait dangereuses pour sa vie.
L’éducation.
La loi parle de l’instruction et l’éducation de l’enfant (article 4.1° de la loi relative à la
minorité).
Outre l’instruction, l’éducation de l’enfant comprend le droit de choisir sa religion, et même
d’assurer son éducation politique...etc
L’entretien.
L’obligation d’entretien se traduit par l’obligation de pourvoir à la nourriture, à l’habillement et
aux frais scolaires de l’enfant. Dans le cadre du mariage, la loi prévoit que « les époux contractent
ensemble, par le seul fait du mariage, l’obligation de nourrir, entretenir et éduquer leurs enfants »
(article 47 de la loi relative au mariage).
Cette obligation, en principe, prend fin à la majorité ; mais elle peut être prolongée au-delà de la
majorité pour l’enfant qui poursuit ses études ou pour l’enfant handicapé.
Tous les biens du mineur y compris son salaire, sont soumis à administration légale. Mais certains
biens en sont expressément exclus par l’article 49 de la loi relative à la minorité ; ce texte dispose
que ne sont pas soumis à l’administration légale :
- les biens donnés ou légués au mineur sous la condition qu’ils seront administrés par un tiers,
c’est-à-dire une personne autre que ses père et mère ; ce tiers ,selon la loi auront les pouvoirs qui
lui auront été conférés par la donation ou le testament, à défaut ceux qui lui auront été attribués
par le juge des tutelles.
- les biens échus au mineur par succession dans le cas où les parents auront été écartés de cette
succession pour cause d’indignité encourue de plein droit. Tel est le cas notamment, entre autres
raisons, lorsque les parents du mineur auront été condamnés en tant qu’auteur, ou complice, pour
avoir volontairement donné ou tenté de donner la mort ou porté des coups mortels au défunt dont
ils appelés à prendre l’héritage (article 9 de la loi relative aux successions).
- les biens échus au mineur par succession, dans le cas où les parents auront été écartés de cette
succession pour , lorsque cette indignité, judiciairement prononcée, n’était pas encourue de plein
droit ; ici c’est la décision du juge qui dépouille les parents de l ‘administration légale des biens
du mineur.
Il convient de préciser que dans tous les cas où l’administration légale des biens a été retirée aux
parents du mineur, ces biens sont gérés par un administrateur spécialement désigné par le juge des
tutelles qui fixe ses droits, pouvoirs et obligations (article 49 alinéa3 de la loi relative à la
minorité).
Dans l’administration légale pure et simple, chacun des parents est réputé, à l’égard des tiers, avoir
reçu de l’autre le pouvoir de faire seul les actes pour lesquels un tuteur n’aurait besoin d’aucune
autorisation (article 44 de la loi relative à la minorité)
Dans l’administration légale pure et simple, les père et mère accomplissent ensemble les actes
qu’un tuteur ne pourrait faire qu’avec l’autorisation du conseil de famille ; à défaut d’accord entre
les deux l’acte doit être autorisé par le juge des tutelles.
Même si les deux parents sont d’accord, il leur est interdit les actes suivants :
- Décider la vente de gré à gré ou l’apport en société d’un immeuble ou d’un fonds de
commerce appartenant au mineur ;
- contracter un emprunt au nom du mineur ou renoncer pour lui à un droit.
- Consentir à un partage amiable.
Les deux parents, même d’un commun accord ne peuvent accomplir ces actes qu’avec une
autorisation du juge des tutelles (article 44 alinéa4 de la loi relative à la minorité)
L’administrateur légal représente le mineur dans les actes civil, sauf ceux pour lesquels le mineur
est autorisé à agir lui-même (article 45 alinéa 1er de la loi relative à la minorité); il convient de
rappeler que ces actes pour lesquels le mineur est autorisé à agir lui-même sont, entre autres, la
reconnaissance d’un enfant naturel ou encore l’action en recherche de paternité naturelle exercée
par la fille mineure.
En cas de conflit né de l’exercice de l’autorité parentale sur l’enfant légitime (article 5 alinéa
2) ou l’enfant naturel, enfant né hors mariage (article 9 alinéa3). Face à un tel conflit, le juge qui
est saisi par le parent le plus diligent prend une décision relative à la gestion des biens en considération de
l’intérêt de l’enfant.
En cas de décès de celui des père et mère investi de la garde de l’enfant légitime (article8) ou de
l’enfant naturel (article 12), le juge peut décider de confier l’administration légale des biens de
l’enfant à toute autre personne qui en est digne. Il en va de même lorsque le parent qui exerce
l’autorité parentale se trouve hors d’état de manifester sa volonté en raison de son incapacité ou
de toute autre cause ; ou encore lorsqu’il consent une délégation de ses droits issus de l’autorité
parentale.
La jouissance légale porte seulement sur les revenus des biens ; elle ne porte pas sur les biens eux-
mêmes.
Exemple : pour une maison mise en location, la jouissance légale a pour objet les loyers ;
l’administrateur légal a donc le droit de percevoir et disposer des loyers, mais il ne peut pas
disposer de la maison elle-même, notamment la vendre ; il ne pourra le faire qu’avec l’autorisation
du juge des tutelles.
L’administrateur légal qui perçoit les revenus du mineur ne peut en disposer librement qu’après
avoir satisfait aux obligations suivantes :
* une partie des revenus doit être utilisée pour l’entretien, la nourriture, et l’éducation du
mineur, selon sa fortune ;
* l’autre partie doit être utilisée pour le paiement des arrérages ou intérêts des capitaux ;
- d’une façon générale, l’administrateur légal est tenu de faire face à toutes les dépenses
nécessitées par l’entretien et la conservation du patrimoine du mineur.
Après avoir affecté les revenus des biens à toutes ces dépenses, s’il existe un reliquat après
déduction, l’administrateur légal pourra en disposer librement.
La loi indique (article 48) que l’administrateur légal ne peut être astreint, au cours de la minorité
de l’enfant, à justifier de sa gestion, contrairement à ce qui est prévu à l’égard du tuteur ; car selon
l’article 112 de la loi relative à la minorité, le conseil de famille peut, à tout moment, appeler le
tuteur devant lui et l’inviter à justifier de sa gestion.
Mais l’administrateur légal reste comptable, c’est-à-dire qu’il est responsable vis-à-vis du mineur,
quant à la propriété des biens dont il a l’administration, et des revenus dont il n’a pas la libre
disposition. En effet, la loi lui fait obligation de dresser un inventaire des biens, cetinventaire étant
établi en présence du juge des tutelles. De même, il doit rendre compte de sa gestion sous avis
préalable du juge des tutelles, à la fin de l’exercice de ses fonctions (article 48 alinéa4 de la loi
relative à la minorité).
La jouissance légale prend fin sur la base des mêmes causes que l’administration légale.
Concernant les parents, ces mesures sont prises lorsque la santé, la sécurité, la moralité ou
l’éducation de l’enfant sont compromises ou insuffisamment sauvegardées, en raison de
l’immoralité ou de l’incapacité des père et mère ou de la personne investie du droit de garde (article
27 alinéa 1er de la loi relative à la minorité)
Concernant le mineur lui-même, les mesures d’assistance éducative peuvent être prises lorsqu’il
donne, par son inconduite ou son indiscipline, à ses parents ou à la personne investie du droit de
garde, des sujets de mécontentements très graves (article 27 alinéa 2 de la loi relative à la
minorité).
La loi précise que le mineur sous assistance éducative doit, chaque fois que cela est possible, être
maintenu dans son milieu habituel de vie. Seulement, le juge des tutelles est invité, dans ce cas,
à désigner une personne qualifiée ou un service d’assistance sociale ou d’éducation ou un service
de protection judiciaire de l’enfance pour apporter aide et conseil à la famille, afin de suivre le
développement de l’enfant ; la personne ou le service désigné doit périodiquement faire un rapport
au juge sur la charge qu’il lui a confiée.
S’il s’avère nécessaire de retirer l’enfant de son milieu de vie actuel, le juge des tutelles peut
(article 29 de la loi relative à la minorité) décider de confier tout ou partie des droits de l’autorité
parentale à une personne physique ou morale. Le juge peut, dans ce cas, confier ces droits à :
- celui des père et mère qui n’a pas l’exercice du droit de garde ;
- un autre membre de la famille ou à un tiers digne de confiance ;
- un établissement public d’ assistance sociale ou d’éducation, ou un établissement public
relevant du service d’aide à l’enfance, ou un établissement de protection judiciairede
l’enfance, ou un établissement privé habilité.
La délégation volontaire.
Elle résulte de la volonté même du parent qui exerce l’autorité parentale ; celui-ci peut déléguer
volontairement et temporairement à une personne physique jouissant de ses droits civils, les droits
qu’il détient et les obligations qui lui incombent relativement à la garde, l’instruction, l’éducation
et la surveillance du mineur (article 13 de la loi relative à la minorité).
La délégation volontaire se fait par une déclaration conjointe des parties intéressées, reçue par le
juge des tutelles ; les parties peuvent y indiquer la durée et l’étendue de la délégation qui peutêtre
partielle ou totale. En cas de désaccord entre les parents ayant tous les deux l’exercice de
l’autorité parentale, le juge des tutelles statue, c’est-à-dire qu’il se prononce et prend unedécision.
De même, le juge des tutelles, à la demande des parties intéressées agissant conjointement, peut
décider, dans l’intérêt de l’enfant, de déléguer à la personne tout ou partie des droits qui ne lui
avaient pas été conférés (article 15 de la loi relative à la minorité).
La délégation judiciaire
Elle est ordonnée par voie de justice. C’est une délégation forcée des attributs de l’autorité
parentale. Prévue par l’article 16 de la loi relative à la minorité, elle vise le cas d’un enfant mineur
recueilli par une personne physique ou morale sans l’intervention des père, mère ou tuteur.
La personne ayant recueilli l’enfant doit, dans un délai de 72 heures, en faire la déclaration au juge
des tutelles de la résidence des parents ou du tuteur.
La non déclaration de l’enfant est punie d’un emprisonnement d’un à trois mois et d’une amende
de 100 000 à 500 000 francs, ou de l’une de ces deux peines seulement. S’il s’agit d’une personne
morale, les poursuites sont engagées et la peine prononcée contre le représentant de cette personne
morale habilitée à recevoir l’enfant.
Après réception de la déclaration, le juge la notifie aux parents ou tuteur de l’enfant. Si dans les
3 mois qui suivent la déclaration, personne (père, mère ou tuteur) ne réclame l’enfant, celui qui l’a
recueilli peut demander au juge des tutelles que lui soit confié, dans l’intérêt de l’enfant, l’exercice
de tout ou partie des droits de l’autorité parentale.
Le juge prononce, par voie d’ordonnance, la délégation partielle – il ne confère qu’une partie - des
droits de l’autorité parentale à la personne qui a recueilli l’enfant. Le juge des tutelles ordonne que
les autres droits soient dévolus au service chargé de la protection judiciaire de l’enfance.
La loi indique que le droit de consentir à l’adoption de l’enfant ne peut être délégué.
Judiciaire ou volontaire, la délégation a toujours un caractère provisoire ; les père, mère ou tuteur
peuvent demander au juge des tutelles que le mineur leur soit rendu.
S’il estime que dans l’intérêt de l’enfant, il y a lieu de rejeter la demande, le juge des tutelles peut
accorder au demandeur un droit de visite dont il fixe les modalités. Cette décision du juge peut être
contestée devant la cour d’appel. En cas de rejet de la demande des père, mère ou tuteur de
récupérer l’enfant, une nouvelle demande ne peut être formulée qu’après un délai d’un an à
compter de la date de la décision de rejet.
La déchéance facultative
Selon l’article 22 de la loi relative à la minorité, la déchéance facultative est prononcée en dehors
de toute condamnation pénale. Elle frappe les personnes exerçant l’autorité parentale qui mettent
en danger le plein épanouissement, la sécurité, la santé ou la moralité de l’enfant, et ce :
- par des mauvais traitements infligés à l’enfant ;
- par une consommation habituelle et excessive de boissons alcooliques, de stupéfiants, ou de
toutes autres substances nocives ;
- par des exemples pernicieux d’ivrognerie habituelle, d’inconduite notoire ou de délinquance ;
- par un défaut de soins ou un manque de direction ;
- par un désintérêt de plus d’un an sans justes motifs.
Il faut noter que celui qui est déchu de l’autorité parentale peut obtenir restitution de ses droits,
après réhabilitation. Il peut à cette fin exercer, dans un délai d’un an à compter du jour de la
décision de déchéance, exercer une action en restitution de droits devant le juge des tutelles qui
se prononcera en tenant compte de l’intérêt de l’enfant.
B- La tutelle
Selon l’article 52 de la loi relative à la minorité, « la tutelle est un régime de protection de l’enfant.
Elle est une charge publique et personnelle. Nul ne peut refuser de l’exercer sauf dérogations
prévus aux articles 63 et 64».
La tutelle est un mode de représentation du mineur. La loi détermine les cas d’ouverture de la
tutelle, les organes de la tutelle, le fonctionnement et la fin de la tutelle
1- L’ouverture de la tutelle
La loi relative à la minorité (article 53) précise les cas d’ouverture de la tutelle pour le mineur non
émancipé ; le juge saisi décide d’ouvrir la tutelle lorsqu’il se trouve en face d’un des cas prévus
par la loi.
- La tutelle s’ouvre en cas de décès des père et mère, ou lorsqu’ils sont hors d’état de manifester
leur volonté pour raison d’incapacité, d’absence, d’éloignement ou de toute autre cause.
- Elle s’ouvre également lorsque les deux parents sont tous deux déchus de l’autorité parentale.
- Elle s’ouvre lorsque le survivant est déchu des droits de l’autorité parentale.
- Elle s’ouvre lorsque les parents ont été tous deux condamnés pour abandon de famille dans le
cas où la victime de cet abandon est un de leurs enfants, et ce, même si la déchéance de l’autorité
parentale n’a pas été prononcée.
- Enfin la tutelle s’ouvre lorsque la filiation de l’enfant n’est pas établie à l’égard de ses parents.
a- Le tuteur
a1- La désignation du tuteur
Il existe trois modes de désignation du tuteur.
La tutelle testamentaire. On parle de tutelle testamentaire lorsque le tuteur a été désigné dans un
testament, ou par une déclaration spéciale soit devant notaire, soit devant le juge des tutelles. en
fait ce tuteur est désigné par le survivant des père et mère s’il a conservé au jour de sa mort
l’exercice de l’administration légale. la puissance paternelle (article 57 de la loi relative à la
minorité).
La tutelle dative : c’est le cas où il n’y a pas de tuteur désigné par le dernier mourant des père et
mère, ou lorsque celui qui a été désigné vient à cesser ses fonctions ; dans ce cas, le tuteur est
désigné par le conseil de famille convoqué par le juge des tutelles (articles 58 et 62 de la loi relative
à la minorité). Le tuteur est alors choisi au sein de la famille ou en dehors de la cellule familiale.
La tutelle déférée à l’Etat : il en est ainsi lorsque la tutelle est vacante ; elle est déférée à l’Etat
qui l’exerce par l’intermédiaire d’un administrateur ; c’est la tutelle d’Etat ou tutelle publique
(article 68 alinéa 2 de la loi relative à la minorité).
La qualité de tuteur est reconnue à toute personne sans distinction de sexe ou de nationalité.
Ne peuvent être investies de la charge tutélaire, les personnes frappées d’incapacité, c’est-à-dire
les mineurs et les majeurs protégés (article 82).
Par ailleurs, sont également exclues ou dépouillées de plein droit des charges de la tutelle (article
83). :
- les personnes condamnées pour crime ou délit sur la personne d’un enfant ou condamnées
comme complice d’un crime commis par un enfant ;
- les personnes à qui l’exercice des charges tutélaires a été interdit en application des dispositions
du code pénal ;
- les personnes qui ont été déchues de l’autorité parentale.
Il en va de même des personnes dont l’inconduite notoire, l’improbité, la négligence habituelle
ou l’inaptitude aux affaires est manifeste (article 84 de la loi relative à la minorité).
Peuvent également être exclus ou destitués des charges de la tutelle, les individus qui,
personnellement ou dont les ascendants ou descendants, ont avec le mineur un litige mettant en
cause l’état de celui-ci ou une partie notable de ses biens(article 84 alinéa 2 de la loi relative à
la minorité).
La charge tutélaire est personnelle, elle ne se transmet ni au conjoint, ni aux héritiers du tuteur ;
toutefois les héritiers seront responsables de la gestion du tuteur (article 53 alinéas 1er et 3 de la
loi relative à la minorité).
Le conseil de famille est un organe collégial composé de 4 à 6 membres non compris le juge des
tutelles et le tuteur. Ils sont choisis par le juge des tutelles parmi les parents du mineur ainsi parmi
les alliés de ses père et mère ; le juge des tutelles doit faire diligence pour que chacune des deux
lignes y soit représentée article 71 de la loi relative à la minorité).
Le juge doit vérifier que les personnes appelées à siéger au sein du conseil de famille présentent
certaines aptitudes ; il doit également tenir compte des relations que les père et mère entretiennent
avec leurs différents parents et alliés, mais surtout l’intérêt que ces personnes portent à la personne
du mineur.
Les fonctions de juge des tutelles sont exercées par le juge des enfants. Il a un rôle desurveillance
générale du tuteur à qui il doit donner son autorisation pour l’accomplissement d’un certain nombre
d’actes.
3- Le fonctionnement de la tutelle
La tutelle comporte, pour celui qui l’exerce, les droits et obligations de l’autorité parentale, sauf si
la loi en dispose autrement (article 88 de la loi relative à la minorité). Le tuteur exerce ainsi son
pouvoir sur la personne mais aussi sur les biens du mineur.
a- La personne du mineur
Sur la personne du mineur, le tuteur exerce les droits d’un parent exerçant l’autorité parentale
(article 88 de la loi relative à la minorité) ; cela signifie qu’il représente le mineur au même titre
que les parents. Pèsent donc sur le tuteur les obligations prescrites par l’article 4 de la loi
relative à la minorité ; il s’agit notamment des obligations de garde, de direction, de surveillance,
d’entretien, d’instruction et d’éducation du mineur. Le conseil de famille règle les conditions
générales de l’entretien et de l’éducation de l’enfant en ayant égard à la volonté que les père et
mère avaient pu exprimer à ce sujet.
Le tuteur a l’obligation de faire prendre à l’égard du mineur toute mesure d’assistance éducative.
Il a le droit de consentir à son adoption et à son émancipation.
La loi énumère les actes que le tuteur peut faire seul ensuite ceux qui sont subordonnés à
autorisation du conseil de famille, et enfin ceux qui lui sont interdits.
Le tuteur peut faire seul, comme représentant du mineur tous les actes d’administration. Il peut
ainsi aliéner à titre onéreux (c’est-à-dire il peut vendre) les meubles d’usage courant et les biens
ayant le caractère de fruits (article 93 alinéa3 de la loi relative à la minorité).
Le tuteur peut donner seul quittance des capitaux qu’il reçoit pour le compte du mineur (article 97
alinéa 1er de la loi relative à la minorité). Ces capitaux sont déposés sur un compte ou vert au
trésor public ou dans un établissement bancaire au nom du mineur ; il doit préciser que le
bénéficiaire de ce compte est un mineur.
Ce dépôt des capitaux doit être fait par le tuteur dans un délai d’un moins à compter de la date de
leur réception ; passé le délai d’un mois, le tuteur est tenu personnellement de verser sur le compte
les intérêts que ces capitaux auraient perdus du fait de sa négligence (article 97 alinéa 3 de la loi
relative à la minorité).
b2 - Les actes subordonnés à autorisation du conseil de famille
Est soumise à une autorisation du conseil de famille, la prise en location par le tuteur des biens
du mineur (article 93 alinéa 5 de la loi relative à la minorité).
De même, aux termes des articles 100 et suivants de la loi relative à la minorité, le conseil de
famille doit donner son autorisation en vue de l’emploi ou du remploi des capitaux du mineur.
Le conseil de famille peut autoriser la vente des immeubles et fonds de commerce à l’amiable
soit par adjudication sur la mise à prix qu’il fixe, soit de gré à gré aux prix et stipulations qu’il
détermine (article 101 alinéa 2 de la loi relative à la minorité).
L’apport en société par le tuteur d’un immeuble ou un fonds de commerce appartenant au mineur
est autorisé par le conseil de famille (article 101 alinéa 4 de la loi relative à la minorité).
Dans tous les cas où l’autorisation du conseil de famille est requise pour la validité d’un acte du
tuteur, celle-ci peut être suppléée par celle du juge des tutelles (article 109 alinéa 1er de la loi
relative à la minorité).
Le juge des tutelles peut également, à la requête du tuteur, prendre la place du conseil de famille
pour autoriser une vente de valeurs mobilières appartenant au mineur (article 109 alinéa 2 de la
loi relative à la minorité).
De façon générale, le tuteur est tenu d’administrer les biens du mineur en bon père de famille ;
en conséquence, il répond des dommages qui pourraient résulter d’une mauvaise gestion (article
93 alinéa 4 de la loi relative à la minorité).
Dans les trois mois qui suivent fin de la tutelle, il doit rendre compte de sa gestion au mineur
émancipé ou devenu majeur, aux héritiers du mineur décédé (article 114 de la loi relative à la
minorité)
La tutelle prend fin encas de :
- majorité du mineur ;
- émancipation du mineur ;
- décès du mineur.
Le décès du tuteur, quant à lui, ne met pas fin à la tutelle; il y a changement de tuteur. Il en va de
même lorsque le tuteur est frappé d’une incapacité.
Si l’un des parents est dans l’impossibilité physique ou légale de manifester sa volonté, la
déclaration de l’autre suffit, s’il a lui-même conservé l’exercice de l’autorité parentale.
Le juge des tutelles recueille le consentement du mineur et prononce l’émancipation, si celle-ci
satisfait aux intérêts du mineur et s’il y a de justes motifs (article 120 alinéa4 de la loi relative à
la minorité).
Dans tous les autres cas où le mineur n’est pas placé sous tutelle, le juge des tutelles peut
prononcer l’émancipation s’il y a de justes motifs, et ce, à la requête du mineur lui-même ou de
toute personne intéressée.
En cas de tutelle, le mineur peut être émancipé si le conseil de famille l’estime opportun eu égard
à la personnalité et à l’intérêt du mineur; le conseil de famille peut, à cette fin, être saisi à la
demande du tuteur, d’un de ses membres ou du mineur lui-même (articles 121 et 122 de la loi
relative à la minorité).
Le jugement qui prononce l’émancipation est transmis à l’officier de l’état civil du lieu de
naissance à la diligence du ministère public ou de toute personne intéressée ; l’officier de l’état
civil est tenu de mentionner l’émancipation marge de l’acte de naissance du mineur.
La décision d’émancipation est publiée dans un journal d’annonces légales à la diligence du
greffier en chef (article 123 de la loi relative à la minorité).
.
A- La personne du mineur
L’émancipation met fin à l’exercice de l’autorité parentale. Devenu émancipé, le mineur n’a plus
besoin de protection. Le mineur émancipé peut avoir un domicile différent de celui de ses parents.
Ses père et mère ne sont plus responsables du dommage qu’il pourra causer à autrui ((article 124
de la loi relative à la minorité). Toutefois, le mineur a nécessairement besoin du consentement
de ses parents pour faire l’objet d’une adoption.
Pour l’exercice du commerce, le mineur peut exercer le commerce avec l’autorisation de celui de
ses parents qui exerce l’autorité parentale ou du conseil de famille. Cette autorisation doit être
inscrite au registre du commerce et du crédit mobilier (article 125 de la loi relative à la minorité
).
Titre II
Les personnes morales
La personne morale est l’autre sujet de droit mis sur la scène par le Droit. C’est un être juridique
inventé de toutes pièces par les juristes pour lui conférer la propriété du patrimoine constitué par
l’ensemble des biens collectés par plusieurs personnes physiques. Le statut de la personnemorale
est savamment calqué sur celui .de la personne physique.
Seront succinctement abordés : la classification des personnes morale et le régime juridique des
personnes morales.
Ces groupements dotés de la personnalité juridique et donc reconnus comme des sujets de droit,
peuvent être des sujets de droit public ou des sujets de droit privé.
1- Les associations
Elles sont régies par la loi n° 60-315 du 21 septembre 1960 relative aux associations ; selon
cette loi, « L’association est la convention par laquelle deux ou plusieurs personnes mettent en
commun d’une façon permanente leurs connaissances ou leur activité dans un but autre que lucratif
». (article 1er).
Les associations reconnues d’utilité publique sont des associations déclarées qui ont demandé et
obtenu de l’Etat de Côte d’Ivoire, la reconnaissance d’utilité publique. Elles bénéficient de la
personnalité morale et ont une capacité juridique plus étendue que celle de l’association
simplement déclarée.
Le nom des membres : Les membres d’une société sont appelés des associés ; les membres d’une
association sont appelés des sociétaires.
Le sort des biens lors de la dissolution du groupement. A la dissolution d’une société, les biens
sont partagés entre les associés ; alors qu’à la dissolution d’une association ses biens sont transférés
à une autre association poursuivant le même but.
Comme les personnes physiques naissent, vivent et meurent, les personnes morales se créent,
fonctionnent et disparaissent.
Ensuite, il y a une intervention de l’Etat se traduisant par un agrément, une approbation, une
autorisation administrative ou une reconnaissance d’utilité publique.
Enfin il y a des mesures de publicité, surtout pour les sociétés commerciales qui n’obtiennent
la personnalité morale qu’à la suite de leur immatriculation au registre du commerce et du
crédit mobilier. Il en va de même des associations qui bénéficient de la personnalité morale une
fois déclarées à la préfecture ou autre circonscription administrative.
- Un patrimoine constitué par l’ensemble des biens apportés par les personnes physiques,
membres du groupement, et dont la personne morale est propriétaire. Ce patrimoine est
distinct de celui des membres de la personne morale.
- La capacité juridique qui permet à la personne morale, comme le fait la personne physique,
d’accomplir quotidiennement des actes juridiques.
similaire s’il s’agit d’un groupement à but désintéressé (exemple une association). Ses biens
sont restitués au fondateur ou à ses héritiers s’il s’agit d’une fondation.