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Cours de Droit Civil Des Personnes_092604

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DROIT CIVIL

DROIT DES PERSONNES ET DE LAFAMILLE


Première partie
Les personnes

Dans le langage juridique, le mot ‘’personne’’ désigne tous les êtres qui sont titulaires de droit
et sujets d’obligation, c’est-à-dire qui sont susceptibles d’assumer des obligations. Ce terme
‘’personne’’ est synonyme de sujet de droit. Les personnes sont donc les seuls sujets de droit. Il
existe En Droit deux catégories de personnes. Elles ont en commun la qualité de sujet de droit et
sont les acteurs de la vie juridique ; ce sont les personnes physiques, et les personnes morales.

Les personnes 29
Titre I
Les personnes physiques

La personne physique est saisie par Le Droit dans les différentes étapes de sa vie : ainsi Le
Droit s’occupe de l’existence de la personne physique dès sa naissance (parfois avant même
sa naissance) et ce, jusqu’à sa mort considérée comme la fin de la personnalité juridique
(Chapitre 1er).

Ensuite, Le Droit prévoit des droits subjectifs attachés à la personne (Chapitre 2), en
s’intéressant également à l’individualisation de la personne physique (Chapitre 3). Enfin, il
fixe les règles relatives à sa capacité (Chapitre 4).
Chapitre 1er- Le commencement et l’extinction de la personnalité juridique

Tout être humain a la personnalité juridique ; mais à quel moment commence la personnalité
juridique et quand prend-elle fin?
La personnalité juridique s’acquiert avec la naissance et prend fin avec la mort.

Section 1- Le commencement de la personnalité juridique


Selon le principe, la personnalité juridique commence avec la naissance.
Mais dans certains cas, pour lui reconnaître par anticipation la personnalité juridique, Le Droit
assimile à l’enfant déjà né, un enfant qui est encore dans le ventre de sa mère au moment où un
droit naît à son profit, c’est-à-dire à l’instant où il est pour lui question d’acquérir un droit :
c’est l’exception au principe.

Paragraphe 1er- Le principe : la personnalité commence avec la naissance


La naissance est la condition qui permet à l’enfant d’avoir la personnalité juridique, et d’être
titulaire de droit. Elle est ainsi le point de départ de la personnalité juridique, de la participation
de l’enfant à la vie juridique. Autrement dit, selon ce principe, ce n’est que lorsqu’il est sorti du
ventre de sa mère que l’enfant peut acquérir un droit à savoir : hériter d’un bien en cas de décès
de son père ou sa mère ; recevoir un bien, par exemple une maison, par donation…etc.

A l’inverse, selon toujours ce principe, l’enfant qui n’est pas encore né n’a pas la personnalité ;
il n’est donc pas apte à être titulaire d’un droit, en particulier succéder.

Ce principe a ainsi pour inconvénient d’exclure de la succession de son père, un enfant que porte
une femme dont le mari décède pendant la période de grossesse ; car cet enfant ne figure pas
parmi ceux qui sont nés au moment du décès du père, c’est-à-dire au moment où on chercheà
savoir qui a la qualité d’héritier du père décédé. En application donc de ce principe, cet enfant
n’étant pas né, n’a pas la personnalité juridique; il ne peut donc bénéficier de la succession de
son défunt père.

Pour remédier à cette injustice, ce principe selon lequel la personnalité commence à la naissance
est frappé d’une exception.

Paragraphe 2- L’exception : la reconnaissance de la personnalité à l’enfant simplement conçu


Par exception, on assimile la conception de l’enfant à la naissance de celui-ci ; autrement dit,
on considère la conception de l’enfant comme équivalant à la naissance de celui-ci, lorsque
son intérêt l’exige.

Cette règle exceptionnelle a pour fondement juridique un adage romain qui s’énonce dans les
termes suivants: « Infans conceptus pro nato habetur quoties de commodis ejus agitur »1 ;
ce qui signifie : l’enfant conçu est considéré comme né chaque fois qu’il y va de son intérêt.

L’enfant étant encore dans le ventre de sa mère, il n’est pas né à l’instant où son père vient de
mourir ; néanmoins, on le considère comme né parce qu’à la date du décès de son père, à cette
date où on essaie de déterminer et rassembler les héritiers, son intérêt l’exige.

A- Les fondements textuels de l’exception en Droit ivoirien


Deux textes de loi contiennent les éléments indicateurs de la règle ‘’infans conceptus’’ en droit
ivoirien : il s’agit de la loi relative aux successions et celle relative aux donations entre vifs et
aux testaments.
Selon l’article 7 de la loi n° 2019-573 du 26 juin 2019 relative aux successions: « Pour
succéder, il faut exister à l’instant de la succession.
Sont donc incapables de succéder :
1° - Celui qui n’est pas encore conçu ;
2° - L’enfant qui n’est pas né vivant. »

Il résulte de ces dispositions que celui qui est simplement conçu, étant considéré comme né, est
doté ipso facto de la personnalité depuis le ventre de sa mère.

B- Les conditions d’application de l’exception


Pour être assimilé par anticipation à l’enfant déjà né, l’enfant doit être conçu (1ère condition).
Il faut, ensuite, que soit constaté un intérêt, droit né au profit de l’enfant conçu (2ème condition).
Toutefois, ce droit qui lui sera attribué par anticipation ne peut être effectif que si l’enfant, le
moment venu, naît vivant (3ème condition).

1- L’attribution anticipée de la personnalité juridique est liée à la conception


La loi, principalement dans le cadre de l’attribution de la paternité légitime, indique que si le
mari démontre que pendant une période qui court du 300ème au 180ème jour avant la naissance
de l’enfant, il était dans l’impossibilité physique de cohabiter (autrement dit d’avoir des rapports
intimes) avec sa femme, il peut désavouer l’enfant né de celle-ci (article 4.1° de la loi n° 2019-
571 du 26 juin 2019 relative à la filiation).

Ce temps qui court du 300ème au 180ème jour avant la naissance de l’enfant est appelé ‘’la période
légale de conception’’. Autrement dit, ce sont les relations intimes entretenues pendant cette
période, par l’homme avec sa femme, qui ont eu pour résultat la conception de l’enfant. Sile mari
était, pendant cette période, dans l’incapacité d’entretenir de tels rapports, alors il n’est pas le
père de l’enfant.

La date de sa conception va être ainsi placée, située, par les défenseurs de l’intérêt de l’enfant
(en particulier sa mère) entre le 300ème et le 180ème jour qui précède sa naissance, en démontrant
que pendant cette période son père était en relations constantes avec sa mère ; il est donc l’auteur
de la conception.
Ou, à l’inverse, ce sont les adversaires de l’enfant qui, pour le priver par exemple du droit
d’hériter ou de bénéficier d’une donation, vont démontrer que pendant cette période, son
supposé père n’ayant eu aucun contact avec elle, n’a pu entretenir des rapports intimes avec sa
mère ; il n’est donc pas l’auteur de la conception.

Ainsi, pour déterminer la période légale de conception (période pendant laquelle l’enfant est
supposé conçu), le législateur part d’une date de repère : la date de naissance de l’enfant. Il s’agit
donc de compter les jours un à un, en partant du jour de la naissance qui est la date de référence
mais est exclu du décompte, étant observé que selon la loi, les jours pris en compte sont ceux
situés «avant (la date de) la naissance de cet enfant » (article 4.1° de la loi n° 2019- 571 du 26
juin 2019 relative à la filiation).

Il faut d’abord fixer la date qui correspond au 180ème jour avant la naissance, puis ensuite trouver
celle qui correspond au 300ème jour avant la naissance.

La période légale de conception permet également de déclarer irrecevable l’action en recherche


de paternité hors mariage exercée par la mère contre le père d’un enfant naturel (article 24.1°,
2°, 4° de la loi n° 2019-571 du 26 juin 2019 relative à la filiation).
Exemple : Calculons la période légale de conception d’un enfant né le 30 mai 2008 dont le père
est décédé le 18 novembre 2007.

Ce sont les rapports sexuels entretenus par les deux époux entre le 4 août 2007 et le 2 décembre
2007 qui ont donné lieu à la conception de cet enfant né le 30 mai 2008.

Le père est décédé le 18 novembre 2007 ; la période légale de conception (réelle) s’étend donc
du 4 août 2007 au 17 novembre 2007.

2- L’intérêt de l’enfant
La personnalité juridique est reconnue à l’enfant conçu chaque fois qu’il sera pour lui question
d’acquérir un droit, un avantage: un legs ou une donation selon la loi. Mais cette règle est
étendue à tous les cas d’acquisition d’un avantage par l’enfant simplement conçu : tel est le cas
de l’indemnité d’une assurance-vie contractée par le père au profit des enfants; ou encore d’une
somme d’argent versée aux enfants d’un travailleur décédé des suites d’un accident de travail.
Ainsi, par fiction juridique, le législateur assimile l’enfant conçu à un enfant déjà né afin de lui
permettre de bénéficier d’un droit.
Il importe de préciser que la règle est inventée par les juristes pour permettre à l’enfant d’acquérir
des droits, donc bénéficier d’avantages matériels ou moraux, et non pour supporter des
obligations ou subir les défaveurs, les inconvénients du Droit.

3- L’enfant doit naître vivant


Le droit dont bénéficie l’enfant du seul fait de sa conception ne sera effectif que si, au moment
où la grossesse sera arrivée à maturité (à terme), ce dernier naît vivant. Cette condition signifie
que l’enfant qui naît vivant, verra se confirmer la personnalité juridique à lui accordée par
anticipation à l’instant du décès du père ; il pourra, par voie de conséquence, devenir
effectivement propriétaire du bien objet du partage de la succession, de la donation ou du legs
qui lui a été attribué dès sa conception.

En revanche, l’enfant qui ne naît pas vivant n’aura jamais eu la personnalité ; il sera dépouillé du
droit qui lui a été préalablement reconnu du fait de sa conception.

Mais alors que faut-il entendre par naître vivant?


Est né vivant, l’enfant qui a respiré après l’accouchement. La respiration après l’accouchement
est donc le critère de la vie. L’enfant qui ne respire pas après l’accouchement est un ‘’mort- né’’;
il est mort dans le sein (le ventre) de sa mère avant d’être expulsé ; celui-ci n’étant pas né vivant,
il n’acquiert pas la personnalité juridique.

Il importe de signaler que selon l’ancienne loi de 1964, aujourd’hui abrogée par la loi de 2019,
l’enfant doit non seulement naître vivant, mais en outre il doit naître viable.
La question se posait alors de savoir ce que signifie naître viable.
Est né viable, l’enfant qui naît avec les organes essentiels à la vie, suffisamment constitués
pour lui permettre de vivre.

Aujourd’hui, l’article 7 de la loi n° 2019-573 du 26 juin 2019 relative aux successions a supprimé
la condition relative à la viabilité ; ce texte précise : « Pour succéder, il faut exister à l’instant de
la succession.
Sont donc incapables de succéder :
1° - Celui qui n’est pas encore conçu ;
2° - L’enfant qui n’est pas né vivant. »
Chapitre II- Les droits de la personne physique

Les droits reconnus à toute personne peuvent être classés en deux catégories :
- Les droits patrimoniaux qui sont des droits évaluables en argent ; ils forment le contenu du
patrimoine et sont à la base du commerce juridique ;
- Les droits extrapatrimoniaux n’ont aucune valeur pécuniaire ; il s’agit des droits familiaux (la
puissance paternelle) des droits de la personnalité (droit à l’intégrité physique, droit au respect de la
vie privée …etc) ; ces droits ne sont pas évaluables en argent et sont incessibles.

Section 1- Les droits patrimoniaux


Les droits patrimoniaux se distinguent d’après leur objet :
- les droits réels portent directement sur une chose corporelle ;
- les droits personnels ont pour objet une prestation due par une personne ;
- les droits intellectuels se traduisent par le pouvoir d’agir sur une chose incorporelle.

Paragraphe 1er- Les droits réels


Ce sont les droits qui portent directement sur une chose encore appelée un bien ; il s’agit d’un rapport
juridique immédiat entre une personne et un bien ; ils confèrent à leur titulaire un pouvoir exercé
sur une chose corporelle. Nous allons prendre connaissance des biens, objet de droit réel
(A) ; on verra ensuite les différentes catégories de droits réels (B).

A- Les biens
Les biens sont classés par le code civil en biens meubles et immeubles ; aux termes de l’article
516 du code civil, ‘’tous les biens sont meubles ou immeubles’’

1- Les meubles
Les biens sont meubles par leur nature, ou par la détermination de la loi.

a- Les meubles par nature


En droit, sont des meubles par nature, les choses qui peuvent se déplacer elles-mêmes (exemple les
animaux) ou par l’effet d’une force étrangère ; il s’agit de toutes les choses qui peuvent être
déplacées par l’homme. Sont ainsi des meubles, les véhicules automobiles, les avions, les navires,
les marchandises …etc

b- Les meubles par détermination de la loi


Ce sont des biens incorporels que le droit considère comme des meubles ; ce sont par exemple les
titres de société (actions ou parts sociales) ; la liste n’est pas limitative.

2- Les immeubles
On distingue trois sortes d’immeubles : les immeubles par nature ; les immeubles par destination ;
les immeubles par l’objet auquel ils s’appliquent.

a- Les immeubles par nature


Les immeubles par nature sont :
- le sol, la surface (fonds de terre) et le sous-sol ;
- ce qui est fixé au sol. Entrent dans cette catégorie, les bâtiments, les végétaux, c’est-à-dire les
arbres et les récoltes non coupées.

b- Les immeubles par destination


Ce sont des objets qui, en fait, sont des meubles. Toutefois, la loi les range dans la catégorie des
immeubles parce qu’ils sont l’accessoire d’un immeuble, et ce, en application de la maxime
‘’accessorium sequitur principale’’ ; ce qui signifie ‘’l’accessoire suit le principal’’.

Une condition est nécessaire pour qu’il y ait immeubles par destination : il faut qu’il y ait identité
de propriétaire ; autrement dit, le propriétaire de l’immeuble par nature et le propriétaire du bien
appelé à devenir immeuble par destination doivent être une seule et même personne.

c- Les immeubles par l’objet auquel ils s’appliquent


Ce ne sont pas des choses, mais des droits considérés comme des immeubles parce que leur objet a
un caractère immobilier. Tel est le cas notamment des droits réels immobiliers au rang desquels on
classe l’usufruit, l’hypothèque…etc

B- La classification des droits réels


Il faut ici distinguer les droits réels principaux des droits réels accessoires

1- Les droits réels principaux


Les droits réels principaux sont essentiellement composés du droit de propriété et de ses
démembrements.

a- Le droit de propriété
« La propriété est le droit de jouir et de disposer des choses de la manière la plus absolue, pourvu
qu’on n’en fasse pas un usage prohibé par les lois ou les règlements » (article 544 du code civil).
De cette définition, il résulte que le droit de propriété comporte trois prérogatives, encore appelées
les attributs du droit de propriété. Ce sont : l’usus, le fructus et l’abusus.

- L’usus

C’est le droit d’utiliser la chose à sa convenance, c’est-à-dire le droit de s’en servir ou ne pas s’en
servir.
Exemple : on peut ne pas porter un vêtement, ou laisser une voiture inutilisée dans un garage.

- Le fructus

C’est le droit de percevoir les fruits ou produits de la chose.


Les fruits sont les biens accessoires donnés par une chose de manière périodique, sans en altérer la
substance. Les fruits sont naturels ou civils. Exemple : un manguier donne des fruits naturels ; une
maison mise en location donne des fruits civils que sont les loyers.
Les produits sont fournis par la chose de manière non périodique et ils en altèrent la substance.
Exemple : les pierres extraites d’une carrière ou les arbres coupés dans une forêt en altèrent la
substance.

- L’abusus

C’est le droit de disposer de la chose ; il y a la disposition juridique qui se réalise par l’aliénation du
bien. Exemple : la vente, la donation ; il y a la disposition matérielle qui se réalise par la destruction
; exemple : détruire une maison, brûler un vêtement.
b- Les démembrements du droit de propriété
Les démembrements du droit de propriété sont des droits réels portant sur une chose appartenant à
autrui. Ils ne peuvent donc conférer à leurs titulaires que certains des attributs du droit de propriété
: il s’agit de l’usufruit, l’emphytéose, la servitude.

L’usufruit
C’est le droit de jouir des choses dont une autre personne a la propriété, comme le propriétaire lui-
même, mais à la charge d’en conserver la substance.
L’usufruitier, c’est-à-dire la personne titulaire de l’usufruit, a le droit de jouir (usus et fructus) d’une
chose dont l’abusus appartient à une autre personne appelée nu-propriétaire. Le nu- propriétaire se
trouve donc dépouillé de l’usus et du fructus au profit de l’usufruitier.

L’emphytéose
C’est un droit de jouissance sur un immeuble conféré à une personne pour une période de longue
durée. Le bail emphytéotique consenti pour une durée comprise entre 18 et 99 ans sert
essentiellement à mettre en culture des terres en friche.

La servitude.
C’est une charge imposée à un immeuble pour l’usage et l’utilité d’un autre immeuble appartenant
à un propriétaire différent. L’immeuble grevé de la servitude s’appelle le fonds servant ; et celui qui
en est le bénéficiaire est dit fonds dominant. Exemple le droit de passage créé au profit d’un terrain
enclavé sur le terrain voisin.

2- Les droits réels accessoires


Les droits réels accessoires sont des droits qui sont assortis à un droit de créance pour le renforcer.
Le créancier titulaire d’un droit réel accessoire se trouve dans une situation préférable à celle du
créancier chirographaire, c’est-à-dire le créancier qui n’a pas de garantie.

Lorsque les droits réels accessoires ont pour objet un immeuble ; ils sont appelés droits réels
accessoires immobiliers.

Comme exemple, il faut citer l’hypothèque. C’est un droit réel portant sur un immeuble affecté à
l’exécution d’une obligation. C’est une sûreté réelle pouvant porter sur un ou plusieurs immeubles
du débiteur. C’est une garantie de crédit très commode, car elle laisse au débiteur la propriété et la
jouissance du bien hypothéqué tout en assurant une protection efficace au créancier.
Lorsque les droits réels accessoires portent sur des meubles, ils sont appelés droits réels accessoires
mobiliers ; tel est le cas du gage ou nantissement ; le gage est un contrat par lequel un débiteur
remet un meuble à son créancier pour garantie de sa dette.

Paragraphe 2- Les droits personnels ou droits de créance


Le droit personnel ou droit de créance est le droit subjectif reconnu à une personne (appelée
créancier) d’exiger d’une autre personne (appelée débiteur) une prestation. Exemple : le droit du
banquier d’exiger du client emprunteur, le remboursement de la dette ou encore le droit du bailleur
(le propriétaire de la maison mise en location) de réclamer au locataire le paiement du loyer. Le lien
juridique qui unit le créancier et le débiteur est appelée obligation
Dans un contrat de vente, par exemple, le vendeur a l’obligation de livrer à l’acheteur le bien vendu
; en retour l’acheteur a l’obligation de payer au vendeur une somme d’argent représentant leprix du
bien.

Paragraphe 3- Les droits intellectuels ou droit de clientèle


Ce sont des droits qui ont une valeur pécuniaire mais que l’on ne peut classer dans les droits réels,
car ils ne portent pas sur une chose corporelle ; on ne peut non plus les ranger dans les droits
personnels, car ils n’ont pas un débiteur déterminé. Ce sont des monopoles d’exploitation ; ils
portent :
- soit sur des choses de l’esprit, d’où l’appellation de droits intellectuels ; exemple : les droits
d’auteur sur les œuvres littéraires et artistiques.
- Soit sur des clientèles, d’où l’appellation de droit de clientèle résultant notamment des brevets
d’invention, des marques de fabrique, des dessins et modèles, d’un nom commercial…etc

Section II- Les droits extrapatrimoniaux


Ce sont des droits qui ne sont pas directement évaluables en argent, parce qu’ils sont intimement
liés à la personnalité de chaque être humain ; c’est pourquoi les droits extra patrimoniaux sont
généralement appelés droits de la personnalité.
Une partie des droits extrapatrimoniaux concerne les rapports entre les citoyens et l’Etat ; on les
appelle les droits de l’homme.
Les autres droits de la personnalité concernent les rapports entre particuliers : ce sont les droits de
la personnalité au sens strict du terme.

Paragraphe 2- Les droits de la personnalité


Le droit accorde à chaque être humain la protection de son intégrité physique et morale.

A- Le droit à l’intégrité physique


Tout individu a droit à la protection de son intégrité physique, c’est-à-dire de son propre corps ; il
a le droit d’exiger qu’aucune atteinte ne soit portée à son corps par un tiers.

En conséquence, les atteintes, les blessures qui y sont portées donnent lieu à l’application de
sanctions.

D’abord ce sont des sanctions pénales qui répriment les atteintes à l’intégrité physique, parce que
ces comportements menacent l’ordre public.
Viennent ensuite des sanctions civiles qui vont se traduire par le versement d’une somme d’argent
appelée ‘’dommages et intérêts’’ à la victime sur le fondement de l’article 1382 du code civil.

Un traitement médical ou chirurgical n’est en principe possible que si l’intéressé y consent.


Mais par exception à ce principe, la loi impose parfois aux individus l’obligation de subir des
atteintes à leur intégrité physique.
Ainsi, les impératifs de santé publique rendent la vaccination obligatoire, et permettent, en cas
d’urgence, une intervention médicale ou chirurgicale sans le consentement de l’intéressé ou de ses
parents.

Il en va de même en matière de sécurité publique où des peines corporelles sont édictées par la
loi ; il s’agit notamment de l’emprisonnement.

B- La protection de l’intégrité morale


Tout individu a droit à l’égard des autres personnes à la protection des aspects non physiques de sa
personnalité ; se trouvent ici visés : le droit à l’image ; le droit au respect de la vie privée, le droità
l’honneur

1- La protection du droit à l’image


Tout individu a droit au respect de sa propre image ; il a donc le droit de s’opposer à ce que des tiers
lui prennent des photos. Ainsi la prise et la publication de l’image d’une personne, de sa
photographie, sont subordonnées au consentement de l’intéressé. En conséquence, dans l’hypothèse
où l’image est prise sans le consentement de l’intéressé, il y a atteinte à son droit à l’image.

Lorsque la prise ou la publication sont faites sans son consentement (ce qui constitue la faute), la
victime peut exiger de l’auteur, la réparation du préjudice par elle subi.

La réparation du préjudice causé se traduit par :


- le paiement à la victime de dommages et intérêts ;
- le retrait du circuit commercial des supports de diffusion (journaux, revues, magazines etc.)
- la destruction des films.

2- Le droit au respect de la vie privée


La vie privée est en général caractérisée par la vie familiale, la vie professionnelle, la vie affective
et sentimentale, l’état de santé, l’état de fortune, la religion…etc.

Chaque individu a droit au respect de sa vie privée ; il a le droit de garder secrète l’intimité de son
existence, de ne pas être livré en pâture à la curiosité des autres personnes.
Toute information de nature à porter atteinte à la vie privée d’un individu requiert le consentement
de ce dernier. A défaut de consentement, l’auteur de la diffusion d’informations sur la vie privée
commet une faute sanctionnée sur le fondement de l’article 1382 du code civil.

3- Le droit à l’honneur
L’honneur est le sentiment que chacun se fait de sa dignité, la considération qu’on a soi-même de
sa personne, et le sentiment de considération que les autres personnes s’en font.
Chacun a le droit d’exiger que les tiers respectent son honneur. L’honneur consiste pour un
individu d’être épargné de tout opprobre sur le terrain de la bonne conscience. C’est l’article 90 de
Les droits de la personne physique 54

la loi n°2017-867 du 27 décembre 2017 portant régime juridique de la presse qui en assure
expressément la protection à travers la répression de la diffamation.

La diffamation est « toute allégation ou imputation d’un fait qui porte atteinte à l’honneur ou à la
considération de la personne ou au corps auquel le fait est imputé » (article 90 alinéa 1er de la loi
portant régime juridique de la presse).

La victime de l’atteinte au droit à l’honneur peut mettre en œuvre la responsabilité de l’auteur sur
le fondement de l’article 1382 du code civil et exiger de lui le versement de dommages et intérêts
à titre de réparation.
Chapitre III- La fin de la personnalité juridique
Deux cas nous intéressent ici : le décès et les situations d’incertitude sur la fin de la personnalité

Section 1- La mort : point d’effacement de la personnalité juridique


La mort, c’est l’arrêt des fonctions vitales de la personne avec présence de corps.

La personnalité juridique supposant la vie cesse avec la mort. Le terme de la personnalité


juridique coïncide exactement avec le terme naturel de la vie humaine.
Mais le droit, tout en privant le défunt de personnalité, admet que sa volonté puisse produire effet
après sa mort ; il accorde une valeur juridique au testament qui, selon nous, et ce,contrairement
à certaines opinions2, ne traduit nullement un prolongement de la personnalité juridique.

Par ailleurs, le cadavre qui n’a pas de personnalité est tout de même une chose digne de respect.
Ainsi une autopsie ne peut être pratiquée sur le corps d’un mort sans l’autorisation de ses parents.

section 2- L’incertitude sur la fin de la personnalité juridique


Certaines situations existent, auxquelles le droit attache des conséquences juridiques ; celles-ci
se traduisent par une incertitude sur la vie d’une personne :
Il s’agit de l’absence et de la disparition.

Paragraphe 1- L’absence

* Définition.
La définition de l’absence est donnée par l’article premier de la Loi n° 2022-885 du 23 novembre 2022 relative
à l'absence et à la disparition. A la lecture de cet article, l’absence peut être définie comme la situation
juridique d’une personne qui a cessé de paraître au lieu de son domicile ou de sa résidence et dont le
manque de nouvelles rend son existence incertaine ». Ainsi, bien que l’article ne le souligne pas
expressément, en considérant la définition de la disparition à laquelle est opposée celle de l’absence, l’on
peut retenir que l’absent est celui qui cesse de donner de ses nouvelles qu’alors qu’aucun événement
particulier ne fait présumer le décès. Pour qu’’il ait absence, il faut que les circonstances qui
précède sa cessation de paraître ne soit de nature à mettre sa vie en danger. En réalité comme le
dit la loi, c’est le fait que l’on ait plus de ses nouvelles qui produit le doute sur son existence, et
la rend incertaine. De ce fait, a priori l’on ne peut le considérer comme décédé. Il est plutôt considéré en
vie jusqu’au jugement déclaratif de son décès.
Le régime juridique de l’absence s’articule autour de 3 grands axes : la présomption
d’absence, la déclaration d’absence et la déclaration judiciaire de décès.

A- La présomption d’absence

Est présumé absente, une personne dont l’on n’a plus de ses nouvelles et à l’égard de qui est
rendu un jugement de présomption d’absence. L’exigence de jugement de présomption d’absence
est une innovation de la loi du 23 novembre 2022 relative à l’absence et à la disparition. En effet,
dans les dispositions des articles 112 à 114 qui régissaient la présomption d’absence, le défaut
de nouvelles suffisait à présumer l’absence. Mais, dorénavant, en plus du défaut de nouvelles, il
importe d’obtenir un jugement présomption d’absence.
Toutefois, une insuffisance demeure : le constat de l’absence de nouvelles. Il est exigé du
ministère public ou de toute personne intéressée de formuler une demande de déclaration
d’absence un an après que l’on ait eu des nouvelles de la personne. Cependant, la loi n’indique
pas la manière suivant laquelle sont constatées les dernières nouvelles. Suffit-il alors à la
personne intéressée d’indiquer au moment de l’introduction de sa requête la date des dernières
nouvelles ? ou est-il nécessaire de faire constater dès les premiers jours que l’on n’a pas des
nouvelles de la personne, à l’effet de donner date certaine du début des dernières nouvelles ?
La réponse à ces questions conduit à la considération des conditions préalables au prononcé
du jugement. En effet, la loi indique qu’une instruction doit être faite et le ministère public doit
être entendu. Cela implique qu’une vérification soit faite. Cette vérification peut aussi bien portée
sur la documentation attestant des dernières nouvelles que sur les simples propos des intéressés.

Au cours de cette période dont la durée mérite d’être connue, des précautions sont prises par la
loi pour protéger les intérêts de l’individu présumé absent.

1- La durée de la période de la présomption d’absence


Selon l’article 2, lorsque la personne a quitté son lieu de vie, et que pendant un an on n’a pas eu
de ses nouvelles, le ministère public ou toute personne intéressée peut
formuler une demande de déclaration d'absence devant le tribunal
compétent. Cela signifie que les personnes qui entendent obtenir la déclaration d’absence du
présumé absent, doivent, avant de saisir le tribunal, observer un délai d’un an au moins, à dater
des dernières nouvelles de celui- ci.

Une fois saisi, le juge qui reçoit la demande de déclaration d’absence rend dès sa saisine
un jugement de présomption d'absence. C’est en ce moment que commence la
présomption d’absence.
La loi ne se prononce pas sur ce qui advient avant ledit jugement. De sorte l’on peut en déduire
que les personnes intéressées sont obligées d’attendre l’expiration du délai d’attente d’un an
avant d’introduire une quelconque demande. Sauf qu’il peut survenir des cas urgents impliquant
les biens du présumé absent dont l’on ne peut se soustraire. Dans les dispositions du code civil
de 1804 relatif à la présomption d’absence, en l’occurrence l’article 112, ces situations étaient
plus ou moins réglées. Au regard de cet article, en cas de nécessité à l’administration des biens
d’une personne présumée absente, le tribunal pouvait statuer en faveur des parties intéressées.
Or, dans l’ancienne réglementation est considérée comme présumée absente, une personne dont
l’on n’a plus des nouvelles et à l’égard de qui l’on n’a pas encore obtenu de jugement déclaratif
d’absence. Il n’y avait pas de jugement qui fait présumer l’absence. Dès lors qu’on n’avait plus
des nouvelles d’une personne, elle était présumée absente, et à l’égard de ses biens le juge
autoriser l’administration de ses biens. L’on peut étendre cet esprit à la période qui précède le
jugement de présomption d’absence, en s’appuyant notamment sur l’alinéa 8 de l’article 4 de la
loi relative à l’absnece et à la disparition. Ainsi, en cas de nécessité dans l’année des dernières
nouvelles, les parties intéressées pourraient obtenir « dans les conditions fixées par
ordonnance du président du tribunal ou du juge par lui délégué »
l’accomplissement des actes conservatoires, d’administration, de
disposition à l’égard des biens d’une personne dont on n’a plus de
nouvelles mais qui n’est pas judiciairement présumé absent.
La période de présomption d’absence commence à courir non plus depuis les dernières nouvelles,
mais depuis le jugement de présomption d’absence. Elle s’étend jusqu’à l’obtention du jugement
déclaratif d’absence. Or, au regard de l’article 3 de la loi précitée, le jugement déclaratif
d’absence a lieu deux ans après la requête en vue d’obtention de la déclaration d’absence. Ainsi,
l’on peut en déduire que la présomption d’absence dure 2 ans.
Une fois obtenue et pendant sa durée, la présomption d’absence emporte
des effets.
2- Effet de la présomption d’absence
Deux effets sont ici prises par la loi

a- Les actes relatif aux biens du présumé absent


Pendant la période de la présomption d’absence, les biens du présumé absent peuvent être
exposés au risque de dispersion, de dilapidation. Aussi, dans les dispositions anciennes, la loi
prévoyait (article 112 du code civil de 1804) qu’en cas de ‘’nécessité de pourvoir à
l’administration de tout ou partie des biens laissés par une personne présumée absente’’, le
tribunal pourra nommer un administrateur judiciaire pour les gérer. Mais, dorénavant, il n’est
laissé au juge de juger de l’opportunité de la désignation de l’administrateur des biens de
l’absent.. dans le jugement de présomption d’absence, il désigne l’administrateur provisoire. Il
lui est accordé la liberté de choix quant à la personne de l’administrateur. Ce peut être le
mandataire laissé par celui dont l’on n’a plus des nouvelles ou tout autre personne.

L’administrateur provisoire peut être choisi par le juge parmi les membres de la famille du
présumé absent, comme il peut s’agir d’une personne étrangère à ladite famille. En toute
hypothèse, ne peut être désignée par le juge en qualité d’administrateur provisoire qu’une
personne de bonne moralité, capable de gérer les biens du présumé absent en bon père de famille.
Dans les dispositions anciennes, au sens de l’article 136 du code civil, lorsqu’une succession (un
héritage) est ouverte, à laquelle le présumé absent doit prendrepart, « elle sera dévolue
exclusivement à ceux avec lesquels il aurait eu le droit de concourir, ou à ceux qui l’auraient
recueillie à son défaut ». Ce qui signifie que les cohéritiers, notamment les frères et sœurs de
l’absent, ont le droit de se partager à eux seuls cet héritage sans ternir compte de l’absent ; quitte
à ce dernier, lors d’un éventuel retour, d’exercer une action en pétition d’hérédité (action en
réclamation de sa part d’héritage) contre les copartageants, pour se voir restituer la part qui lui
revient dans la succession concernée (article 137 du code civil).
Cependant, dans les dispositions actuelles de la loi relative à l’absence et à la disparition, même
si la loi ne dit pas expressément, l’administrateur provisoire reçoit la succession dévolue au
présumé absent. En effet, au regard de l’article 4 il est son représentant. Et peut de ce fait accomplir
des actes de d’administration sur le patrimoine

b- Effets personnels
..
Les effets personnels de la présomption d’absence concernent le mariage du présumé absent et ses enfants. Relativement à ,
le mariage du présumé absent, l’on déduit du moment de la dissolution du mariage indiqué à l’article 6 que, notamment à
partir du jugement déclaratif d’absence, le mariage est maintenant pendant la période de présomption d’absence. Quant au
enfant, il perd la garde de ses enfants mineurs.

B- La déclaration d’absence
1- Les conditions de la déclaration d’absence
Dans les dispositions antérieures, le procureur de la république ou personne intéressée peut
présenter une requête en déclaration d’absence auprès du tribunal de première instance (article
70 de la loi relative à l’état civil). Peuvent être considérées comme personnes intéressées : les
enfants et le conjoint de l’absent, ainsi que ses créanciers ; les derniers cités étant des personnes
vis-à-vis desquelles l’absent est redevable de l’exécution d’une obligation, par exemple, du
paiement d’une somme d’argent.
Les personnes intéressées étaient tenues d’attendre l’écoulement d’un délai de 4 ans pour
présenter leur demande en déclaration d’absence au tribunal qui, à son tour, dispose d’une année
pour effectuer son enquête dont le but est de chercher à savoir si effectivement l’on ne peut
obtenir aucune nouvelle du présumé absent. L’enquête est faite dans l’arrondissement de son
domicile ou de sa résidence.
La procédure a dorénavant changé, le délai d’attente avant l’introduction d’une requête en vue
d’obtenir la déclaration d’absence n’est plus de 4 ans mais plutôt d’un an. A la suite de cette
requête, le juge prononce un jugement de présomption d’absence et ordonne une enquête. La loi
n’indique pas clairement la durée de cette enquête. Mais, au regard de l’article 5 c’est à la fin de
l’enquête, lorsqu’il est constaté la situation d’absence que le juge rend sa décision déclarative
d’absence. Cette décision est rendue 2 ans après la requête de déclaration d’absence.
La période d’absence déclarée dure 7 ans.
Durant cette période des droits subsistent d’autres meurent.

2- Les effets de la décision de déclaration d’absence


En s’appuyant sur le rapport de l’enquête qu’il a ordonnée, le tribunal a le choix entre :

- déclarer que la personne ne peut être considérée comme absente, parce que des éléments de
l’enquête par lui diligentée indiquent qu’on a de ses nouvelles ;

- déclarer que la personne est absente parce que, malgré toutes les recherches effectuées, on n’a
aucune nouvelle d’elle ; dans ce cas, le juge rend une décision de déclaration d’absence encore
appelée jugement déclaratif d’absence.

Dans cette dernière hypothèse, l’individu dont il s’agit est, dorénavant, officiellement absent ; il
n’est plus présumé absent. Le jugement déclaratif d’absence marque ainsi la fin de la période
de présomption d’absence.

– a Les effets du jugement déclaratif sur le mariage de l’absent


Selon la loi n° 2018-862 du 19 novembre 2018, relative à l’état civil (article 70 alinéa7) « le
mariage de l’absent se dissout à compter du jour où le jugement déclaratif d’absence est devenu
définitif ». Ces mêmes dispositions sont reprises par la loi du 23 novembre 2022 relative à
l’absence et à la disparition.

Désormais, le jugement déclaratif d’absence dissout le mariage de l’absent. Ainsi, l’article 103
de la loi relative au mariage mentionne l’absence parmi les causes de dissolution du mariage, au
même titre que le décès, le divorce, le décès judiciairement déclaré en cas de disparition et
l’annulation du mariage.

En conséquence, le conjoint de l’absent peut contracter un nouveau mariage, puisque lepremier


est dissous par le jugement déclaratif d’absence ; car selon la loi, pour pouvoir contracter un
nouveau mariage, il faut que le premier soit préalablement dissous (article 3 de laloi relative au
mariage).

b- Les effets du jugement déclaratif sur les enfants de l’absent


Le cas qui nous intéresse ici est celui de l’absent marié. L’enfant qui naît de sa femme moins de
300 jours après la date de ses dernières nouvelles est présumé être l’enfant de l’absent ; en
revanche pour l’enfant né plus de 300 jours après, l’absent n’en est pas le père (article 3-1° de la
loi relative à la paternité et à la filiation).

c- Les effets du jugement déclaratif d’absence sur les biens de l’absent

Au regard de l’ancienne législation, le jugement déclaratif d’absence envoyait les héritiers


présomptifs en possession provisoire des biens. Autrement dit, le juge décidait de remettre les
biens de l’absent entre les mains de ses héritiers que sont ses enfants, ses parents ou sa femme.

Bénéficiant de l’envoi en possession provisoire, les héritiers présomptifs ne devenaient pas


propriétaires des biens de l’absent. Ils pouvaient seulement administrer ces biens (article 125 du
code civil) ; ils pouvaient donc jouir des biens ainsi que de leurs revenus. Mais ils ne pouvaient
pas disposer de ces biens, autrement dit, ils ne pouvaient pas aliéner ces biens, c’est-à-dire les
vendre ou en faire donation à une tierce personne.

Avant d’en jouir, les héritiers présomptifs devaient procéder à l’inventaire des biens reçus et
donner caution pour la sûreté de leur administration (article 120 du code civil).
Mais dorénavant, l’envoie en possession provisoire n’est plus possible. Car, les biens de l’absent
judiciairement déclarés sont gérés par l’administrateur provisoire. En effet, celui-ci désigné depuis
le jugement déclaratif d’absence demeure en fonction jusqu’au jugement déclaratif de décès. C’est
lui donc qui a la gestion des biens (article 8). Il est vrai que le juge peut changer la personne de
l’administrateur, mais il n’en demeure pas moins que les biens de l’absent demeure sous
administration provisoire.
.
• L’envoi en possession définitive

Traditionnellement, l’envoi en possession provisoire des biens pouvait être suivi de l’envoi en
possession définitive. En effet, s’il s’est écoulé un délai de 30 ans à compter de la date du
jugement déclaratif d’absence ou 100 ans depuis la date de naissance de l’absent, les ayants-droit
pouvaient saisir le tribunal pour l’entendre prononcer l’envoi en possession définitive, et
ordonner, par voie de conséquence, le partage des biens de l’absent (article 129 du code civil).
Les ayants droits envoyés en possession définitive pouvaient aliéner des biens de l’absent.
Dorénavant ce n’est plus le cas. Ils devront attendre le jugement déclaratif de décès de l’absent.

C- La fin de l’absence
La fin de l’absence est marquée, soit par la déclaration de décès, soit par le retour de l’absent.

1- La déclaration de décès de l’absent

Au terme d’un délai de sept ans à compter de la date du jugement déclaratif d’absence, le décès
de l’absent peut être judiciairement déclaré
Le jugement déclaratif de décès valant acte de décès est transcrit dans les registres de l’état civil
du dernier domicile de l’absent en marge de son acte de naissance ou de mariage.
Le décès est supposé survenu le jour du prononcé du jugement déclaratif.

A partir de sa transcription, le jugement déclaratif de décès produit tous les effets du décès :
notamment la succession de l’absent s’ouvre immédiatement à la date du jugement déclaratif de
décès ; si l’absent est marié son mariage est dissous.

2- Le retour de l’absent
Le retour de l’absent qui peut intervenir à n’importe quel moment, emporte, par l’intervention
d’un nouveau jugement l’annulant, donc cessation des effets du jugement déclaratif d’absence
ou du jugement déclaratif de décès

a- Le sort des biens de l’absent suite à son retour


L’absent qui reparaît recouvre ses biens dans l’état où ils se trouvent ; s’ils ont été aliénés, c’est-
à-dire vendus, il en recouvre le prix. Si ses biens ont été vendus et l’argent de la vente utilisé pour
l’achat d’autres biens, il recouvre ces biens achetés (article 12 in fine).

b- Le sort du mariage de l’absent suite à son retour


Nous avons vu que le jugement déclaratif d’absence entraîne la dissolution du mariage de l’absent
; son mariage étant dissous, le conjoint de l’absent peut contracter un nouveau mariage
conformément à l’article 3 de la loi relative au mariage.

Malgré le retour de l’absent, son mariage qui a pris fin avec le jugement déclaratif demeure
dissous.

Par ailleurs, revenu, l’absent peut exercer l’action en désaveu de paternité à l’égard des enfants
nés moins de 300 jours après la date des dernières nouvelles (article 3 de la loi relative à la
filiation interprété a contrario).

Si l’absent revient après le jugement déclaratif de décès, son mariage qui a pris fin avec le
jugement déclaratif demeure dissous. S’il a été procédé à la liquidation des biens, les biens reçus
en partage demeurent propres à chacun d’eux.

3- Le décès de l’absent
Après l’écoulement du délai de 7 depuis la déclaration judiciaire de décès de l’absent, les
personnes peuvent une demande en vue de la déclaration judiciaire de décès. Après enquête,
l’absent peut être déclaré décédé. Ce jugement entrainera l’ouverture de la succession.

Paragraphe 2- La disparition

La disparition est la situation d’une personne qui était dans des circonstances de nature à mettre
sa vie en danger mais dont le corps n’a pu être retrouvé.
Il convient d’abord les conditions, ensuite les effets de la disparition.

A -- Les conditions de la déclaration de décès


La loi précise la qualité des personnes qui peuvent exercer l’action devant le tribunal compétent
aux fins de déclarer le décès, et ce dans un délai d’un an.

1- Les personnes habilitées à intenter l’action en déclaration de décès


Selon la loi, le procureur de la république ou les parties intéressées peuvent présenter une requête
au tribunal pour l’entendre déclarer le décès du disparu.
Peuvent être considérées comme personnes intéressées : les enfants et le conjointdu disparu,
ses créanciers ou toute autre personne ayant intérêt à faire déclarer le décès du disparu.
L’action exercée peut se traduire par une requête individuelle ou collective lorsque plusieurs
personnes ont disparu au cours d’un même événement.

2- Le tribunal compétent pour prononcer le décès du disparu


Plusieurs hypothèses sont prévues par la loi.
* La disparition a eu lieu sur le territoire de la Côte d’Ivoire ; dans ce cas, la requête doit être
présentée au tribunal ou la section de tribunal du lieu où l’événement s’est produit.
* La disparition a eu lieu à l’étranger, la requête doit être présentée au tribunal ou la section de
tribunal du domicile ou de la dernière résidence du disparu.
* La disparition a eu lieu à l’étranger à bord d’un navire ou d’un aéronef. Dans cette hypothèse
la requête doit être présentée au tribunal ou la section de tribunal du lieu du port d’attache de
l’aéronef ou du navire.
* A défaut de tout autre, le tribunal d’Abidjan est compétent.

B- Les effets du jugement déclaratif de décès


la loi prévoit ici non pas une déclaration de disparition, mais un jugement de déclaration de décès
qui vaut acte de décès. Avant de déclarer le décès, le tribunal peut ordonner toute mesure
d’information complémentaire et requérir notamment une enquête administrative sur les
circonstances de la disparition.

Le juge du lieu de la survenance des événements saisi, rend un jugement déclaratif de décès. Le
jugement déclaratif de décès doit préciser la date du décès qui sera fixée en tenant compte des
circonstances de la disparition ; cette date ne doit jamais être indéterminée. Le jugement
déclaratif de décès valant acte de décès est transcrit dans les registres de l’état civil du lieu réel
ou présumé du décès.

A partir de sa transcription, le jugement déclaratif de décès produit tous les effets du décès :
notamment la succession du disparu s’ouvre immédiatement à la date du jugement déclaratif de
décès ; si le disparu est marié son mariage est dissous.

En cas de retour du disparu, le procureur de la république ou toute personne intéressée peut


demander au tribunal de prononcer l’annulation du jugement déclaratif de décès. L’annulation a
pour effet de rétablir la personnalité juridique du disparu. Le mariage du disparu demeure dissous.
Le disparu revenu recouvre ses biens dans l’état où ils se trouvent.

Le commencement et l’extinction de la personnalité juridique 46


Chapitre III- L’individualisation des personnes physiques

Il est nécessaire d’individualiser les personnes physiques. Pour les identifier dans leur famille et
dans la société, on a recours à des signes distinctifs : le nom et ses accessoires permettent
d’identifier une personne et la distinguer des autres ; le domicile permet de la localiser
géographiquement ; les actes de l’état civil contiennent des informations relatives à son état (état
de vivant, de marié ou de célibataire, ou état de mort).

Section 1 - Le nom
Dans sa considération générale, le nom est une appellation qui sert à désigner une personne dans
la vie sociale et juridique envue de l’exercice de ses droits et de l’exécution de ses obligations.
Les règles régissant le nom ont été rendues effectives par la loi n° 64-373 du 7 octobre
1964 relative au nom, modifiée par la loi n° 83-799 du 2 août 1983 et la loi n°64-381 du 7
octobre 1964 relative aux dispositions diverses applicables aux matières régies par la loi
sur le nom. En dehors de l’article 1 de Loi N°64-381 du 7 octobre 1964, relatives
aux dispositions diverses applicables aux matières régies par les lois sur
le nom, les anciennes lois sont désormais abrogées par la Loi n° 2020- 490 du 29 mai
2020 relative au nom. Ainsi, le nom est régi par la Loi n°2020-490 du 29 mai 2020
relative au nom, qui dispose : « toute personne doit avoir un nom et un ou plusieurs prénoms
» (article 1er de la loi relative au nom).

Après avoir étudié les éléments constitutifs du nom, on exposera sa nature juridique et ses
caractères.

Paragraphe 1er- Les éléments constitutifs du nom


Le nom au sens général est composé du nom au sens strict, du ou des prénoms ; à cela s’ajoutent
le surnom et le pseudonyme, considérés comme les accessoires du nom.

A- Le nom
Le nom d’une personne est le nom de la famille à laquelle elle appartient. Il est donc attribué lors
de la naissance en considération de la filiation ; celle-ci étant le lien juridique qui unit une personne
à ses père et mère. Mais il y a des cas où l’attribution du nom relève de l’autorité administrative.

1- L’attribution du nom basée sur la filiation


L’attribution du nom basée sur la filiation est aussi appelée attribution originaire, parce qu’elle se
rapporte à l’origine de la personne. Traditionnellement, le nom porté par un enfant était
nécessairement celui de son père. On parlait alors de nom patronymique. C’est ce qui
prévalait dans les dispositions de la loi de 1964 relative au nom. Mais, dorénavant, le nom
d’une personne ne renvoie plus nécessairement au nom de son père. En effet, il peut être
attribué à l’enfant soit le seul nom de sa mère, soit le nom de son père auquel il est adjoint
celui de sa mère. C’est de ce fait que l’on ne peut plus parler de nom patronymique. L’on peut
se contenter de nom de famille.
Cependant, l’attribution du nom de famille de l’enfant diffère selon que l’enfant se trouve dans la
filiation légitime ou la filiation naturelle.

1.1- La filiation légitime


L’enfant légitime (enfant né dans le mariage) porte le nom de son père ; celui-ci peut demander
que soit ajouté le nom de sa mère (article 2 alinéa1er de la loi relative au nom). Cette disposition
est une conséquence de la présomption de paternité. En effet, selon l’article 2 de la loi relative à
la filiation, ‘’ l’enfant conçu pendant le mariage... a pour père le mari de sa mère’’ ; ce qui est
traduit par la maxime ‘’ Pater is est quem nuptiae demonstrant’’ qui signifie que le mariage (la
nuptialité) démontre la paternité. C’est l’application du principe de l’attribution du nom
patronymique.
Cependant, le nom de la mère peut être attribué. Au regard de l’ancienne loi relative au nom, c’est
à la demande du père que le nom de la mère est ajouté a u nom de celui-là. Dans ce cas,
l’enfant portera un nom double : au nom du père auquel est ajouté le nom de la mère.
Tou t e fo i s , i lfaut noter qu’il est interdit d’ajouter un nom à un nom double et inversement. En
effet, les articles 5 alinéa 1er et 14 de la loi ivoirienne relative au nom diposent
successivement que « Lorsque le père et la mère ou l’un d’entre eux porte un nom double, ils ne
peuvent transmettre que le seul nom du père à leurs enfants nés dans le mariage », « En aucun
cas, il ne peut y avoir adjonction d’un nom à un nom patronymique double et réciproquement. ».

1.2- La filiation naturelle


L’enfant naturel est celui qui naît de parents non mariés ; il peut s’agir d’un enfant naturel simple
ou d’un enfant naturel adultérin

1.2.1- L’enfant naturel simple


L’enfant né hors mariage porte le nom de celui de ses parents à l’égard duquel sa filiation est
établie (article 3 de la loi relative au nom).
Si la filiation est établie simultanément à l’égard des deux parents, l’enfant prend le nom du père
auquel il peut être ajouté le nom de la mère si elle le demande
Si elle est établie en second lieu à l’égard du père, l’enfant porte le nom de la mère auquel est
ajouté le nom du père (article 3 alinéa 3 de la loi relative au nom).
Il importe de préciser que cet ajout du nom du père se fait à la demande de celui-ci et sans le
consentement de la mère. Toutefois, si la mère y consent, l’enfant pourra porter, malgré
l’établissement de la filiation en second lieu à l’égard du père, seulement le nom du père ou le nom
du père auquel est ajouté le nom de la mère. Ainsi, dans ces deux dernières hypothèses, c’est
seulement avec le consentement de la mère que le père peut obtenir satisfaction.

Ce consentement peut être donné soit oralement lors de la déclaration de reconnaissance faite par
le père, ou reçu séparément par un officier de l’état civil ou un notaire qui en dressent acte (article
3 de la loi relative au nom).

1.2.2- L’enfant naturel adultérin


L’enfant adultérin est l’enfant conçu alors que l’un de ses parents au moins se trouvait
dans des liens de mariage avec une personne autre son propre conjoint.
L’enfant naturel adultérin par le père porte en principe le nom du père à condition que celui-ci ait
préalablement informé son épouse du projet de reconnaissance de l’enfant (article 22 de la loi
relative à la filiation).
L’acte de reconnaissance doit, à peine de nullité, contenir la mention de l’information donnée à
l’épouse par acte de commissaire de justice (acte d’huissier).
Est nulle toute reconnaissance d’un enfant adultérin faite par le père sans l’information donnée à
son épouse.

L’enfant naturel adultérin par la mère ne peut être reconnu par l’amant de celle-ci, et porter son
nom, que lorsqu’il a été préalablement désavoué par son père présumé (article 22 alinéa 2 de la
loi relative à la filiation). Si le mari n’opte pas pour le désaveu, l’enfant, en sa qualité d’enfant
légitime, portera son nom en application de l’article 2 de la loi relative au nom.
2- L’attribution du nom par l’autorité administrative
Le nom patronymique s’acquiert par décision administrative s’il s’agit d’un enfant trouvé. En effet,
il arrive que l’enfant n’ait aucun attachement familial connu ; c’est l’enfant né de père et de mère
inconnus. Dans ce cas, le nom de famille de l’enfant est attribué par l’officier de l’état civil à qui
la naissance ou la découverte de l’enfant a été déclarée par l’établissement (par exemple la
pouponnière) qui l’a recueilli.
Toutefois, au regard de l’article 10, l’officier de l’état civil ne peut attribuer de nom que ceux
figurant dans les calendriers, ou ceux consacrés par les usages et la
tradition.
B- Le prénom et les accessoires du nom
1- Le prénom
Le prénom est une appellation qui permet de distinguer l’individu des autres membres de la famille
portant le même nom.
En principe les parents sont libres d’attribuer à leurs enfants le ou les prénoms qu’ils désirent. Mais
la loi pose des limites à cette liberté de choix ; en effet, selon l’article 10 de la loi relativeau
nom « il est interdit aux officiers de l’état civil de donner des noms ou prénoms et de recevoir
des prénoms autres que ceux figurant dans les différents calendriers ou consacrés parles usages
et la tradition ».

2- Les accessoires du nom


2.1- Le surnom et le pseudonyme
Les éléments accessoires sont le surnom et le pseudonyme.

Le surnom est une appellation donnée à une personne par son entourage et sous laquelle elle est bien connue. Dans
les actes officiels une personne ne peut se faire désigner uniquement par son surnom. Toutefois, la loi accorde à

tout agent public ou officier public ou ministériel la possibilité d’ajouter un


surnom ou un pseudonyme, connu de lui. (article 16 de la loi sur le nom).

Le pseudonyme est un nom de fantaisie ou d’emprunt choisi et généralement utilisé par l’intéressé
uniquement pour l’exercice d’une activité. Tel est le cas par exemple d’un pseudonyme employé
dans le cadre d’une activité commerciale ou artistique. Tout comme le surnom il est permis
d’ajouter le pseudonyme aux nom et prénoms réguliers.

2.2- La particule
C’est un mot qui précède certains noms ; il détermine le lien de filiation. La loi ivoirienne ne s’est
pas préoccupée de la particule; mais il faut noter que celle-ci est la composante de certains noms.
On peut citer par exemple, la particule ’’Bi’’ et ‘’Lou’’ chez les Gouros. Ainsi, si la particule a été
oubliée dans le nom déclaré à l’état civil, l’omission doit être réparée par la rectification judiciaire
de l’acte de naissance.

C- Le changement de nom et prénoms


Le principe de l’immutabilité du nom est consacré à l’article 1 de la loi relative au nom. Toutefois,
la loi apporte quelques atténuations à ce principe à travers le changement de nom et de prénoms.
1- Le changement de nom
Les changements de nom sont possibles en cas de changement d’état ou à titre principal

1.1- Le changement de nom résultant d’un changement d’état


Le nom traduit l’appartenance à une famille ; c’est un élément de l’état civil d’une personne ; un
changement intervenu dans l’état peut entrainer un changement de nom. Le changement de nom
peut être le résultat de la modification de la filiation ou de sa destruction. Il peut également résulter
du mariage.

1.1.1- Le changement de nom consécutif à une modification de la filiation


La modification de la filiation peut entraîner un changement de nom.

Tel est le cas lorsque l’enfant est reconnu en second lieu par le père ; il y a ajout du nom du
père à celui de la mère ou remplacement pur et simple du nom de la mère par celui du père.

Le changement de la nature de la filiation entraîne également un changement de nom. Ainsi,


en cas de désaveu, l’enfant ne peut plus porter le nom du père présumé ; il ne peut désormais porter
que le seul nom de sa mère.

L’adoption entraîne aussi l’attribution du nom de l’adoptant à l’adopté dont le nom est modifié.

La destruction de la filiation par l’annulation d’une reconnaissance faite sur la base d’une
fausse déclaration entraîne un changement du nom consécutif à un changement d’état.

1.1.2- Le changement de nom consécutif au mariage


La loi sur le mariage confère à la femme mariée l’usage du nom du mari (article 55 de la loi
relative au mariage).
Le nom de la femme mariée s’écrit ainsi qu’il suit : « Madame suivi de ses nom et prénoms de
jeune fille, épouse suivi du nom du mari ».

1.2- Le changement de nom à titre principal


Ce changement de nom est indépendant de toute modification dans la situation familiale ; il peut
intervenir suivant deux procédures.

La première concerne le changement de nom par substitution ; il concerne les individus qui,, ne
portaient pas le nom de leur auteur. Ces personnes peuvent demander pour leur compte et celui de leurs
enfants mineurs nés ou à naître, àporter le nom de l’un de leurs ascendants ou de leur auteur. Elles peuvent
donc choisir de porter désormais soit le nom de leur père, soit le nom d’un grand parent, généralement celui de
leur grand-père.

Prévue par l’article 11 de la loi relative au nom, la seconde procédure concerne le relèvement de
nom ; elle permet un changement de nom par adjonction. Celui dont le nom doit être relevé doit
être le dernier représentant d’une famille décédé sans postérité.
Celui qui veut relever le nom doit démontrer qu’il a un auteur commun avec le défunt.

Le relèvement de nom s’obtient par une déclaration faite devant l’officier de l’état civil du lieu de
son domicile dans les 5 ans qui suivent le décès de la personne dont le nom doit être relevé.La
déclaration est, par l’officier de l’état civil, transmise au tribunal pour homologation. Le jugement
d’homologation ordonnera la rectification des actes d’état civil en autorisant le requérant à
adjoindre le nom relevé à son patronyme.

2- Le changement de prénoms
Le prénom qui complète le nom patronymique est lui aussi soumis au principe de l’immutabilité
contenu dans l’article 15 de la loi relative au nom. Le changement de prénom peut intervenir à
la suite d’un changement d’état ; tel est le cas en matière d’adoption.

Par ailleurs, il est possible de changer de prénoms ou d’adjoindre de nouveaux prénoms à ceux
mentionnés sur l’acte de naissance. Mais celui qui sollicite le changement de prénoms doit justifier
d’un intérêt légitime. L’intérêt légitime peut se traduire par le fait que le prénom reçudes parents
est ridicule.

Celui qui désire changer de prénoms doit présenter une requête devant le tribunal ou la section
de tribunal dans le ressort duquel l’acte de naissance a été établi ; le requérant doit préciser les
motifs du changement qui établissent l’existence d’un intérêt légitime.

D- La protection du nom
Aux termes de l’article 17 de la loi relative au nom « le porteur d’un nom ou ses descendants,
même s’ils ne portent pas eux-mêmes ce nom, peuvent s’opposer sans préjudice de dommages et
intérêts, à ce qu’il soit usurpé ou utilisé par un tiers à titre de nom, surnom ou pseudonyme ».

En application de ce texte, une action peut être intentée dans le but de défendre le nom contre toute
usurpation par un tiers. Qui peut intenter cette action ? Contre qui peut-elle être intentée ?

1- Le demandeur à l’action en défense du nom.


Les personnes qui, en qualité de demandeur, peuvent saisir la justice à cette fin sont :
- le porteur du nom lui-même ; en effet, le droit au nom étant un droit de la personnalité, le
titulaire de ce droit est la personne la mieux indiquée pour défendre son nom contre toute
usurpation ;
- les descendants du porteur du nom même s’ils ne portent pas eux-mêmes ce nom ; car le
nom patronymique est un élément d’identification d’une famille ; la défense de ce nom
appartient à tous les membres de cette famille même lorsque ceux-ci ne portent pas ce
patronyme.

2- Le défendeur à l’action en défense du nom.


La personne contre laquelle l’action est intentée est un tiers usurpateur du nom ; le tiers est une
personne extérieure à la famille du porteur du nom.
Le juge, s’il estime que l’action en défense du nom est fondée, rendra une décision interdisant au
tiers usurpateur l’usage du nom patronymique concerné. En plus de cette interdiction, le tribunal
peut condamner le tiers usurpateur au paiement de dommages-intérêts.

Paragraphe 2- Nature juridique et caractères du nom


A- La nature juridique du nom
1- Le droit au nom
Le titulaire du nom a droit à l’usage de son nom; il a le droit de se servir de son nom dans les actes
juridiques et dans la vie sociale. Il peut l’utiliser à des fins commerciales; il a le droit de s’opposer
à l’usurpation de son nom par une tierce personne (article 17 de la loi relative au nom).Toutes ces
prérogatives impliquent l’existence d’un droit au nom dont l’individu a une claire conscience.
Le droit au nom est un droit de famille, car le nom résulte de la filiation. Le nom est donc un aspect
de l’état de famille, un attribut (un droit) de la personnalité.

2- Le nom, institution de police civile


En même temps qu’il est l’objet d’un droit, le nom est une institution de police civile se justifiant
par la nécessité de l’Etat de distinguer les individus dans la société ; c’est une étiquette
administrative. C’est pourquoi chaque personne a l’obligation de porter son nom dans la vie
juridique; tel est le sens de l’article 16 de la loi relative au nom qui fait obligation aux
fonctionnaires et officiers publics ou ministériels de désigner les personnes par leurs noms et
prénoms réguliers, dans les actes, expéditions ou extraits qu’ils rédigent. Par ailleurs, l’usage d’un
faux nom expose son auteur à des sanctions pénales.

B- Les caractères du nom


Le nom est immuable. Le principe d’immutabilité contenu dans l’article 1 de la loi relative au
nom, est atténué, comme on l’a déjà vu, par le changement de nom consécutif à un changement
d’état, ou le changement de nom à titre principal.

Le nom est inaliénable. Cela signifie que le droit au nom étant un droit extrapatrimonial ne peut
être cédé entre vifs, donné ou vendu, ni transmis par testament. Cependant, ce principe souffre
d’une exception. En effet, notre société outrancièrement capitaliste étant dominée par l’argent, a
admis la commercialisation du nom. Le nom sous lequel un individu fait le commerce (nom
commercial) est un élément de son fonds de commerce qui peut être cédé (vendu) en même temps
que ce fonds dont il fait partie. Mais l’utilisation du nom patronymique devenu commercial doit
être exclusivement limitée à l’exploitation du fonds de commerce.

Le nom est imprescriptible c’est-à-dire qu’il ne peut être perdu en raison d’un défaut
d’utilisation. La prescription, c’est la disparition d’un droit qu’on n’a pas exercé pendant une
certaine durée. Les juges français ont décidé qu’un nom de famille peut être réclamé par les
membres de cette famille, malgré le long temps pendant lequel ce nom n’a pas été porté5

Section 2- Le domicile
Le domicile est le siège légal de la personne, le lieu où la loi la localise. Comme le nom, le domicile
sert à individualiser la personne, en déterminant le lieu, où au regard de la loi, elle est censée être
toujours présente.

Le domicile est défini par l’article 1 de la loi relative au domicile qui dispose : « le domicile de
toute personne physique, quant à l’exercice de ses droits civils, est au lieu où il a son principal
établissement » Le domiciledoit être distingué des notions voisines telles que celles de résidence
ou d’habitation.

La résidence et l’habitation correspondent à l’endroit où une personne se trouve effectivement


pendant un certain temps. Ce lieu est qualifié de résidence lorsque la personne y vit de façon
normale. L’habitation désignant le lieu d’un séjour bref et occasionnel.

Paragraphe 1er- La détermination du domicile


Le principe est le libre choix du lieu où tout individu décide de fixer son principal établissement ;
c’est le domicile volontaire. Cependant, il existe des hypothèses dans lesquelles la loi attribue à
l’individu un domicile légal.

A- Le domicile volontaire
1- Les éléments constitutifs du domicile volontaire
Ils sont au nombre de deux : un élément matériel et un élément intentionnel
L’élément matériel se traduit par le fait de s’établir en un endroit.
L’élément intentionnel se manifeste par la volonté de fixer son domicile en cet endroit.
Une difficulté se présente lorsque la personne a plusieurs établissements, ayant plusieurs centres
d’intérêts localisés à des endroits divers. Dans ce cas, il faut avoir recours à l’élément intentionnel
qui va permettre de reconnaître l’un des centres d’activité de l’intéressé comme son principal
établissement. Dans certains cas, les tribunaux font prévaloir le lieu d’exercice de la profession ;
dans d’autres, les intérêts économiques et familiaux déterminent le lieu du principal établissement.

2- Le changement de domicile
Selon l’article 8, le changement de domicile s’opère par le fait d’une habitationréelle dans un autre
lieu joint à l’intention d’y fixer son principal établissement.
Le changement de domicile suppose donc la modification de l’élément matériel et de l’élément
moral.

Pour l’élément matériel, sa modification s’opère par un déplacement du principal établissement ;


à cela il faut joindre la volonté de l’individu de fixer son principal établissement dans le nouvel
endroit.
La preuve de l’intention résulte d’une déclaration expresse, faite tant au maire ou au chef de la
circonscription administrative du lieu que l’on quitte qu’à celui du lieu où l’on a transféré son domicile.
A défaut de déclaration expresse, le lieu d‘installation effective de l‘intéressé est considéré comme son
domicile.
.

B- Le domicile légal
C’est celui que la loi assigne d’office à certaines personnes, soit en raison de leur dépendance vis-
à-vis d’une autre personne, soit en raison de leur profession.

1- Le domicile légal de dépendance


a- Le domicile du mineur non émancipé
Le mineur non émancipé est domicilié chez ses père et mère (article 5) ; il s’agit d’un domicile de
rattachement de l’enfant au domicile de ses parents. En cas de divorce ou de séparation de corps,
le mineur est domicilié chez le parent auquel le tribunal a confié sa garde.
En cas de décès de ses parents, le mineur est domicilié chez son tuteur.

b- Le domicile de la femme mariée


Dans l’ancienne législation, pour la femme mariée il existe un domicile de rattachement qui est
l’expression même du lien conjugal. En effet, selon l’article 108 du code civil, la femme mariée
a pour domicile celui de son mari
Ce texte relatif au choix du domicile de la famille a été modifié par l’article 4 de la loi sur le
domicile et la loi n° 2019-570 du 26 juin 2019 relative au mariage dont l’article 60 nouveau
dispose : « le domicile de la famille est choisi d’un commun accord par les époux.
En cas de désaccord, le domicile de la famille est fixé par le juge en tenant compte de l’intérêt de
la famille ».

c- Les domestiques et gens de maison


Il s’agit des personnes qui travaillent habituellement chez autrui ; selon l’art.7,
« les majeurs qui servent ou travaillent habituellement chez autrui auront le même domicile que
la personne qu’ils servent ou chez laquelle ils travaillent, lorsqu’ils demeureront avec elle dans la
même maison ».
Selon la loi, les gens de maison doivent être déclarés à la caisse nationale de prévoyance sociale
(CNPS) (article 4 du décret n° 96-209 du 7 mars 1996 relatif aux obligations des employeurs).

2- Le domicile légal de fonction


Aux termes de l’article 107 du code civil, l’acceptation de fonctions conférées à vie emportera
translation immédiate du domicile du fonctionnaire dans le lieu où il doit exercer ces fonctions.
Cette disposition est surannée ; car de nos jours, il n’y a pas de fonctionnaires nommés à vie.
Toutefois, cette disposition est applicable aux magistrats ; selon la loi portant statut de la
magistrature, « les magistrats sont astreints à résider au siège de la juridiction à laquelle ils
appartiennent ». La règle est valable pour les huissiers de justice, les notaires, et les commissaires
priseurs. Par contre, pour le citoyen appelé à une fonction temporaire conserve le domicile qu‘il
avait auparavant, s’il n’a pas manifesté d’intention contraire.

Paragraphe 2- Les caractères du domicile


Le domicile est obligatoire, unique et inviolable

A- Le domicile est obligatoire


Le domicile sert à rattacher, juridiquement une personne à un lieu ; il en résulte que toute personne
a en principe un seul domicile qui est son siège légal. Le caractère obligatoire du domicile
s’explique donc par la nécessité d’un rattachement géographique de l’individu. En cas de difficulté
pour trouver un domicile à une personne, on peut admettre qu’elle a conservé son domicile
d’origine, c’est-à-dire celui qu’elle avait à sa naissance.

B- Le domicile est unique


Le principe de l’unicité du domicile est conforme à sa fonction de localisation. Comme exception
à ce principe, l’article 10 consacre la notion de domicile élu ; c’est un domicile théorique choisi
par une personne pour attribuer compétence à un tribunal. On dit quela personne a fait élection
de domicile. L’élection de domicile est ainsi un acte par lequel une personne désigne dans un
contrat un lieu autre que son domicile réel.

C- Le domicile est inviolable


La constitution ivoirienne consacre l’inviolabilité du domicile; et la violation du domicile est
réprimée.

Paragraphe 3- Les fonctions du domicile


Le domicile est un critère qui permet d’attribuer compétence territoriale aux autorités légales.

C’est le critère de détermination de la compétence territoriale des juridictions ; il détermine


également l’officier de l’état civil compétent pour célébrer le mariage.

A- La détermination de la compétence territoriale des juridictions


Le domicile est un critère attributif de compétence territoriale. En effet, le tribunalterritorialement
compétent est celui du domicile réel ou élu du défendeur, et en l’absence de domicile, celui de sa
résidence
En d’autres termes, le défendeur à un procès doit être assigné devant le tribunal du lieu de son
domicile
Dans le même sens, il faut également noter que le paiement d’une créance doit être fait au domicile
du débiteur; autrement dit, le créancier doit lui-même, allerchercher ce qui lui est dû au domicile
du débiteur ; on dit que la dette est quérable et non portable.

B- La détermination de la compétence territoriale de l’officier de l’état civil


Le domicile sert à déterminer la compétence territoriale de l’officier de l’état civil en matière de
mariage. En effet, selon l’article 20 de la loi relative au mariage, « le mariage est célébré
publiquement au siège de la circonscription ou du centre d’état civil du domicile ou de la résidence
de l’un ou l’autre des époux ».

Au-delà de la compétence territoriale, le domicile est également le lieu d’accomplissement de


certains actes ; il en est ainsi en matière de procédure civile où les significations, les sommations
et les commandements de payer doivent être effectués au domicile réel ou élu de l’intéressé.

Section 3- L’état civil


L’état civil, c’est la condition d’une personne au regard du droit civil.

L’état est donc l’ensemble des caractéristiques permanentes de la personne, qui déterminent son
statut juridique dans la société. Sont des éléments constitutifs de l’état des personnes : la vie, la
mort, la situation maritale de l’intéressé (célibataire, marié, divorcé ou veuf).

Les éléments de l’état sont constatés officiellement par des actes appelés actes de l’état civil.

En effet, selon l’article 1er de la loi n° 2018-862 du 19 novembre 2018 relative à l’état civil qui
régit la matière, « les actes de l’état civil sont des écrits par lesquels l’officier de l’état civil
constate d’une manière authentique les principaux événements dont dépend l’état des personnes
»

L’état civil est ainsi un service public administratif qui a pour mission d’enregistrer les différents
événements qui constituent ou modifient l’état des personnes physiques, et de délivrer à cette fin
aux usagers des actes constatant leur état ; ce sont les actes de l’état civil.

La loi n° 2018-862 du 19 novembre 2018 relative à l’état civil contient les règles portant sur :
- l’établissement des actes de l’état civil (paragraphe 1er) ;
- les fonctions des actes de l’état civil (paragraphe 2) ;
- les sanctions des irrégularités dans l’établissement des actes de l’état civil (paragraphe 3).

Paragraphe 1er- L’établissement des actes de l’état civil


Le législateur a édicté des règles de principe pour l’établissement des actes de l’état civil ; mais il
a aussi pris des dispositions pour suppléer le défaut d’acte de l’état civil.

A- Les règles normales d’établissement des actes de l’état civil


Il faut d’abord étudier la qualité des personnes chargées de l’établissement des actes de l’état civil
; ensuite, mettre l’accent sur la déclaration, en tant que règle d’établissement des actes de l’état
civil ; enfin exposer les documents support des actes de l’état civil.

1- Les personnes chargées de l’établissement des actes de l’état civil


Chaque circonscription d’état civil comporte un officier de l’état civil. La circonscription peut, en
raison de l’importance de la population, comporter des bureaux d’état civil ou centres secondaires
tenus par des agents de l’état civil.
Chaque centre de santé peut comporter des bureaux d’état civil.

Des points de collecte d’informations concernant l’état civil sont créés dans les villages, dans les
centres de santé et dans tout autre lieu déterminé par décret (article 3 de la loi n° 2018-862 du 19
novembre 2018 relative à l’état civil).

a- La qualité d’officier de l’état civil


La qualité d’officier de l’état civil est reconnue à des autorités distinctes sur le territoire national
et hors du territoire national ; lesquelles ont les mêmes attributions.

Sur le territoire national, la qualité d’officier de l’état civil est conférée au maire dans la commune
; en dehors de la commune, les fonctions d’officier de l’état civil sont exercées par le sous-préfet
dans les limites du territoire de la sous-préfecture.

Aux termes de l’article 4 de la loi relative à l’état civil), chaque circonscription d’état civil
comporte donc un officier de l’état civil.
Chaque bureau d’état civil comporte un agent de l’état civil.
De même chaque point de collecte comporte un agent de collecte.
Aux uns et aux autres, il peut être adjoint un ou plusieurs suppléants qui exercent leurs
compétences dans les mêmes conditions que les officiers et agents titulaires.

Hors du territoire national, la loi confère la qualité d’officier de l’état civil aux agents
diplomatiques ou consulaires (article 33 de la loi relative à l’état civil ; article 25 de la loi relative
au mariage). Les actes de l’état civil sont ici établis par les consuls et agents diplomatiques
ivoiriens conformément à la loi ivoirienne.

b- Les attributions de l’officier de l’état civil


b1- La réception des déclarations.
Les officiers de l’état civil sont seuls compétents pour recevoir les différentes déclarations
énumérées par la loi et dresser les actes de l’état civil auxquels ils confèrent l’authenticité
(article 7 de la loi relative à l’état civil ; articles 13 et 14 de la loi relative au mariage).

Il s’agit des déclarations de naissance, de décès, de reconnaissance d’enfant naturel, de la double


déclaration des époux en matière de mariage. A cela il faut ajouter l’information de l’épouse
pour la reconnaissance d’un enfant adultérin de son époux.

b2- La délivrance des extraits et copies des actes enregistrés


La loi reconnaît à toute autorité ayant la qualité d’officier de l’état civil, le droit de délivrer des
extraits et des copies des actes de l’état civil enregistrés.
L’extrait se traduit par le prélèvement d’un minimum d’informations contenues dans le registre
de l’état civil
La copie est la reproduction intégrale de l’acte contenu dans le registre de l’état civil. Elle
comporte toutes les mentions en marge et transcriptions qui figurent sur le registre
Ce droit est étendu à tout dépositaire des registres de l’état civil (articles 31 et 52 de la loi
relative à l’état civil).
La tenue et la conservation des registres de l’état civil relève de la compétence de l’officier de
l’état civil (articles 15 à 20 de la loi relative à l’état civil).

2- Les documents supports des actes de l’état civil


Il s’agit des registres de l’état civil et du livret de famille
a- Les registres de l’état civil
Ce sont les principaux documents destinés à recevoir et à conserver les actes de l’état civil
Selon la loi relative à l’état civil (article 15), il doit être tenu, en double exemplaire, quatre
registres distincts :
- les registres de naissance ;
- les registres de décès ;
- les registres pour les déclarations autres que les naissances et les décès
- les registres de mariage.

Ils sont ouverts au 1er janvier et clos le 31 décembre de chaque année.


Les deux exemplaires sont côtés et paraphés par le président du tribunal
Un exemplaire des registres est conservé au chef-lieu de la circonscription d’état civil ; l’autre
est transmis au greffe du tribunal ou de la section du tribunal dans le ressort duquel est située la
circonscription.
Les actes sont inscrits sur les registres, de suite, sans aucun blanc : Les ratures et les renvois sont
approuvés et signés de la même manière que le corps de l’acte.

b- Le livret de famille
Il est délivré aux époux un livret de famille et un certificat de célébration civile (article 24 de la
loi relative au mariage ; 91 de la loi relative à l’état civil). Ces documents sont remis à celui
d’entre eux désigné par les époux.

Le livret porte l’identité des conjoints, la date et le lieu de célébration du mariage. On y inscrit
par la suite :
- les naissances et les décès des enfants nés du mariage et des enfants reconnus par le mari en
application de l’article 22 de la loi relative à la filiation,
- le décès ou le divorce des époux (article 92 de la loi relative à l’état civil).

3- La déclaration, règle d’établissement des actes de l’état civil


La déclaration est le procédé normal d’établissement des actes de l’état civil. La déclaration doit
être reçue par l’officier ou l’agent de l’état civil du lieu où l’événement s’est produit (article 30 de
la loi relative à l’état civil) ; lequel en dresse l’acte qui le constate, appelé ‘’acte de l’état civil’’.
Il s’agit de la déclaration de naissance, de décès, la double déclaration des époux en matière de
mariage, ou encore de reconnaissance d’enfant naturel

a- L’acte de naissance
La déclaration de naissance est faite devant l’officier de l’état civil (article 30 de la loi relative
à l’état civil) par le père, la mère ou un ascendant ou toute personne ayant assisté à la naissance ou
encore la personne chez qui la mère est accouchée (article 43 de la loi relative à l’état civil).

Le délai légal de la déclaration de naissance est de trois mois à compter de la date de


l’accouchement (article 41)
La déclaration de naissance doit être reçue par l’officier ou l’agent de l’état civil du lieu de la
naissance.
En pratique, sont exigés pour la déclaration de naissance, le certificat médical d’accouchement,
les pièces d’identité des parents et du déclarant.

Une fois la déclaration de naissance enregistrée, la rédaction de l’acte de naissance doit être
immédiate et comporter la signature du déclarant et celle de l’officier de l’état civil.
La loi (article 42) indique les mentions devant figurer sur l’acte de naissance :

* l’année, le mois, le jour, l’heure et le lieu de naissance de l’enfant ;


* le sexe de l’enfant ;
* le ou les prénoms qui lui sont donnés ;
* les prénoms, noms, âges, professions et domiciles des père et mère et s’il y a lieu ceux du
déclarant.

b- L’acte de décès
La déclaration de décès est faite devant l’officier de l’état civil (article 30 de la loi relative à l’état
civil) par l’un des parents du défunt ou par toute personne possédant sur son état civil des
renseignements nécessaires à la déclaration.

Les décès doivent être déclarés dans les 15 jours qui suivent la date du décès (article 53 de la loi
relative à l’état civil)
Les déclarations de décès sont reçues et les actes qui les constatent sont dressés par l’officier ou
l’agent de l’état civil du lieu du décès (article 30 de la loi relative à l’état civil). La loi ne
prescrit pas la rédaction immédiate de l’acte de décès.

La loi (article 54) indique les mentions devant figurer sur l’acte de décès:
* l’année, le mois, le jour, l’heure et le lieu du décès ;
* les nom et prénoms, date et lieu de naissance, profession et domicile de la personne décédée.
* les nom et prénoms, professions et domiciles des père et mère du défunt
* les nom et prénoms de l’autre époux si la personne décédée était mariée, veuve ou divorcée
* les nom et prénoms, âge, profession et domicile du déclarant et s’il y a lieu son degré de
parenté avec la personne décédée.

Pour la déclaration de décès sont exigés en pratique, le certificat médical (établi par le médecin)
ou le procès-verbal de la police ou la gendarmerie qui constate le décès, les pièces d’identité du
défunt et du déclarant.

c- L’acte de mariage
L’acte de mariage est établi à la suite de la double déclaration (articles 23 de la loi relative au
mariage, et 71 de la loi relative à l’état civil) faite devant l’officier de l’état civil, par les futurs
époux de se prendre pour mari et femme ; ceux-ci sont assistés de leurs témoins et éventuellement
du père ou de la mère ou du tuteur qui doit consentir au mariage pour les mineurs.

La loi (article 15 de la loi relative au mariage) énumère les pièces requises pour la constitution
du dossier de mariage : il s’agit des extraits d’acte de naissance des futurs époux datant de moins
de trois mois ; la copie des actes accordant des dispenses et toutes autres pièces propres à établir
que les conditions du mariage sont réunies.

L’acte de mariage doit être dressé sur le champ (article 23 alinéa2 de la loi relative au mariage)
.

L’article71 de la loi relative à l’état civil expose le contenu de l’acte de mariage ; celui-ci
énonce :
- le numéro de référence de l’acte ;
- les prénoms, nom, professions, âges, dates et lieux de naissance, domiciles et résidences des
époux ;
- les prénoms noms, professions et domiciles des pères et mères ;
- les consentements ou autorisations donnés en cas de minorité de l’un ou des époux ;
- Les prénoms et nom du précédent conjoint de chacun des époux ;
- la déclaration des contractants de se prendre pour époux et le prononcé de leur union par
l’officier de l’état civil ;
- les prénoms, noms, professions, domiciles des témoins et leur qualité de majeurs ;
- l’option éventuellement faite par les époux en faveur du régime de la séparation des biens.

Il faut souligner qu’à la suite de la célébration du mariage, les nom et prénoms du conjoint sont
mentionnés en marge de l’acte de naissance. Cette mention permet à l’officier de l’état civil invité
à célébrer un mariage de savoir si l’un des futurs époux se trouve déjà dans les liens d’un premier
mariage.

d- L’acte de reconnaissance volontaire d’un enfant naturel


C’est un acte établi par un officier de l’état civil ou un notaire de tout ressort territorial sur la
déclaration du père ou de la mère qui soutient être l’auteur de l’enfant (article 19 de la loi relative
à la filiation).
Il faut signaler que la reconnaissance par le père d’un enfant de plus de 18 ans n’est valable que
du consentement de ce dernier (article 21 alinéa3).

Le contenu de l’acte de reconnaissance n’est pas précisé par la loi ; naturellement, il doit
indiquer :
- l’identité de l’enfant reconnu
- l’identité des père et mère (noms prénoms âge profession, domicile)

- les consentements exigés par la loi, à savoir celui de l’enfant âgé de plus de 21 ans ; celui
de l’épouse pour l’enfant adultérin a patre ; celui de la mère pour la substitution du nom du
père à celui de la mère lorsque le père reconnaît l’enfant en second lieu.

B- La suppléance des actes de l’état civil


Le législateur a prévu des mesures de suppléance dans deux cas : lorsqu’il y a défaut d’acte d’état
civil ; ou en cas de perte ou de destruction des registres.

1- Le défaut d’acte de l’état civil


Aux termes des articles 41 et 53 de la loi n° 2018-862 du 19 novembre 2018 relative à l’état civil,
lorsque l'événement (une naissance ou un décès) n’a pas été déclaré dans le délai légal, l’officier
de l’état civil ne peut le relater sur ses registres qu’en vertu d’un jugement rendu par le tribunal du
lieu où il s’est produit.

Par ailleurs, la loi prévoit que lorsqu’une personne est dans l’impossibilité de se procurer son
acte de naissance, elle peut le suppléer par un acte de notoriété.

a- Le jugement supplétif du défaut d’acte d’état civil


Lorsque la déclaration (de naissance ou de décès) nécessaire à l’établissement de l’acte de l’état
civil n’est pas effectuée dans le délai prescrit par la loi, celle-ci sera déclarée irrecevable par
l’officier de l’état civil, en l’occurrence le maire ou le sous-préfet. Autrement dit, le délai imposé
pour la faire étant arrivé à expiration, la déclaration ne peut plus être faite devant l’officier de l’état
civil qui, naturellement, ne peut donc pas établir l’acte de l’état civil ; il y a donc défaut d’acte de
l’état civil.

En conséquence, la personne intéressée doit introduire une requête auprès du tribunal depremière
instance ou de la section détachée du lieu de survenance de l’événement qu’est la naissance ou le
décès.
Le juge saisi constate d’abord qu’il y a défaut d’acte de l’état civil ; il rend ensuite un jugement
pour suppléer le défaut d’acte de l’état civil ; d’où l’expression ‘’jugement supplétif de défaut
d’acte de naissance ou jugement supplétif de défaut d’acte de décès’’.

Le dispositif du jugement supplétif de défaut d’acte de l’état civil est transmis par le ministère
public à l’officier de l’état civil (le maire ou le sous-préfet) pour être transcrit dans le registre des
actes de l’état civil (articles 83 à 85 de la loi relative à l’état civil).
Il tient lieu d’acte de l’état civil (acte de naissance ou de décès) dont la copie ou l’extrait peut être
délivrée par l’officier de l’état civil. Ainsi, plutôt que de le solliciter auprès du tribunal, l’intéressé
pourra obtenir du maire ou du sous-préfet, un extrait ou une copie du jugement supplétif d’acte de
naissance ou d’acte de décès.

Il faut noter qu’à côté des audiences ordinaires du tribunal destinées à rendre des jugements
supplétifs, des audiences foraines peuvent être organisées à cette même fin. Cette procédure permet
au tribunal de se déplacer et se rapprocher ainsi des justiciables qui, par ce biais, peuvent aisément
obtenir surtout des jugements supplétifs d’acte de naissance, rendus sur le champ parun juge.

b- Les actes de notoriété


Ils sont prévus par les articles 97 à 99 de la loi relative à l’état civil. Ce sont des actes dressés par
le président du tribunal (un magistrat) du lieu de naissance ou du domicile afin d’attester de faits
notoirement connus.

L’acte est dressé sur la base de la déclaration de deux témoins majeurs de l’événement. La loi
donne ainsi la faculté à toute personne se trouvant dans l’impossibilité de se procurer son acte de
naissance, de le suppléer par un acte de notoriété établi par le président du tribunal du lieu de
naissance ou du domicile.

Il en va ainsi pour le mariage ; la loi exige un extrait d’acte de naissance datant de moins de trois
mois. A défaut de pouvoir se procurer son acte de naissance, le futur époux peut obtenir la
délivrance d’un acte de notoriété.
L’acte de notoriété doit énoncer la fin pour laquelle il a été délivré ; il ne peut plus servir à d’autres
fins.

Il ne faut pas confondre l’acte de notoriété avec l’acte notarié. L’acte notarié est un acte
authentique, établi par un notaire pour constater par exemple un contrat de vente d’un immeuble
(une maison, un terrain à bâtir ou une parcelle de forêt).

2- La perte ou la disparition des registres de l’état civil


En cas de perte ou de disparition des registres de l’état civil, les articles 86 à 90 de la loi relative
à l’état civil prévoient les modalités de leur reconstitution.

Deux hypothèses peuvent se présenter : un exemplaire des registres a disparu, ou les deux
exemplaires ont disparu.

Dans la première hypothèse, le procureur de la république, selon les termes de l’article 87,
prescrit au greffier du tribunal ou de la section du tribunal compétent de faire une copie de
l’exemplaire existant sur un nouveau registre côté et paraphé par le président du tribunal.
Après avoir vérifié la fidélité de la copie à l’exemplaire original, le procureur de la république
saisit par requête le tribunal ou la section du tribunal pour lui demander d’ordonner que la copie
servira à remplacer le double manquant.

Dans la deuxième hypothèse, il n’est plus possible de faire des copies. La seule solution consiste
à reconstituer les actes de l’état civil, en vue de leur transcription sur deux registres côtés et
paraphés par le président du tribunal.

Pour ce faire, le procureur de la république (article 88) invite l’officier ou l’agent de l’état civil
de la circonscription ou du centre secondaire à dresser un état année par année des personnes qui
sont nées, mariées ou décédées pendant ce temps.
Après examen de cet état, le procureur de la République requiert le tribunal compétent d’ordonner
une enquête et toutes mesures de publicité jugées opportunes. L’enquête est faite par un juge
commis et un double de l’enquête est déposé au greffe du tribunal et au chef-lieu de la
circonscription ou du centre secondaire d’état civil où toute personne peut en prendre
connaissance.

Une fois l’instruction terminée, le tribunal, sur les conclusions du procureur de la République,
ordonne le rétablissement des actes dont l’existence a été constatée. Un seul jugement contient
les actes d’une année entière pour chaque circonscription ou centre secondaire d’état civilintéressé.
Il est transcrit sur deux registres côtés et paraphés, lesquels sont déposés, l’un au chef- lieu de la
circonscription d’état civil, l’autre au greffe du tribunal ou de la section du tribunal.

Il convient d’ajouter que l’article 90 de la loi relative à l’état civil autorise les personnes
concernées par la destruction des deux exemplaires du registre, à demander, devant le tribunal ou
la section du tribunal territorialement compétent, un jugement supplétif de défaut d’acte d’état
civil.

Ainsi, les personnes intéressées pourront obtenir un jugement supplétif d’acte de naissance, d’acte
de décès ou d’acte de mariage ; car le jugement supplétif d’acte de mariage est

L’individualisation des personnes physiques 77


exceptionnellement prévu pour le seul cas de disparition des deux exemplaires du registre de
mariage (article 74 de la loi relative à l’état civil).

Paragraphe 2- Les fonctions des actes de l’état civil


Les actes de l’état civil sont destinés à identifier la personne ; méritent donc attention leur publicité
et leur force probante

A- La publicité des actes de l’état civil


La communication au public des registres de l’état civil est interdite (article 20 de la loi relative
à l’état civil).
Selon la loi, seuls les magistrats chargés de la tenue des registres et les agents des administrations
publiques peuvent être autorisés à consulter directement les registres de l’état civil.

Les particuliers peuvent toutefois obtenir des renseignements figurant sur le registre en demandant
à l’officier ou l’agent de l’état civil de leur délivrer des extraits ou copies des actes del’état civil.

La copie est la reproduction intégrale de l’acte figurant sur le registre de l’état civil. Elle comporte
donc toutes les mentions en marge et les transcriptions qui figurent sur le registre(article 31 de la
loi relative à l’état civil)..

L’extrait est une reproduction partielle des informations contenues dans le registre de l’état civil.
L’extrait d’acte de naissance, par exemple, doit contenir un minimum d’informations : l’année, le
jour, l’heure et le lieu de naissance, le sexe, les prénoms et le nom de l’enfant tels qu’ils émanent
des énonciations de l’acte de naissance (article 52 de la loi relative à l’état civil).

Les extraits et les copies délivrés par les dépositaires des registres de l’état civil (officiers ou agents
de l’état civil et greffiers) doivent faire mention de la date de leur délivrance et être revêtus de la
signature et du sceau de l’autorité qui les a délivrés (article 31 de la loi relative à l’état civil).

B- La force probante des actes de l’état civil


C’est l’autorité reconnue aux actes de l’état civil en tant qu’instrument de preuve.
Selon l’article 1er de la loi relative à l’état civil, « l’état civil des citoyens est établi et prouvé
que par les actes de l’état civil... »

L’individualisation des personnes physiques 78


Les événements constatés dans les registres de l’état civil sont soit des faits juridiques (naissance,
décès) ou des actes juridiques (mariage, reconnaissance volontaire d’enfants naturels).
Le législateur a donc imposé la preuve par écrit pour les actes et les faits juridiques. L’écrit exigé
est obligatoirement un acte authentique et non un acte sous-seing privé.
L’acte sous-seing privé est un acte écrit et signé par les particuliers sans l’intervention d’un officier
public.

Un acte authentique est un acte établi par un officier public (notaire, officier de l’état civil etc).
Selon l’article 7 de la loi relative à l’état civil, « les officiers de l’état civil sont seuls compétents
pour recevoir les déclarations et dresser les actes de l’état civil auxquels ils confèrent
l’authenticité ».

Les actes de l’état civil sont donc des actes authentiques, lesquels font foi jusqu’à inscription de
faux ; c’est-à-dire que celui qui en conteste la teneur doit démontrer que l’officier de l’état civil a
fait du faux en y insérant des déclarations contraires à la vérité.

Cette force probante est valable aussi bien pour les registres que pour les copies et les extraits. Les
copies et les extraits ont la même force probante que l’original, à condition d’avoir été délivrés par
l’une des autorités dépositaires des registres.

Paragraphe 3- Sanctions des irrégularités dans l’établissement des actes de l’état civil
Les sanctions visent d’abord l’officier de l’état civil qui a établi l’acte irrégulier; ensuite l’acte
lui-même.

A- La responsabilité de l’officier de l’état civil


En vertu de l’article 12 de la loi relative à l’état civil, l’officier de l’état civil, l’agent de l’état civil
et l’agent de collecte sont responsables civilement, disciplinairement et pénalement des fautes et
négligences qu’ils commettent à l’occasion ou dans l’exercice de leurs fonctions.

1- Les sanctions pénales


En cas d’irrégularité commise par lui dans l’établissement ou la délivrance des actes de l’état
civil, des poursuites pénales peuvent être exercées contre l’officier ou l’agent de l’état civil.
L’officier peut être pénalement sanctionné pour avoir commis un faux en écritures publiques en
application des articles 307 à 310 du code pénal.

L’individualisation des personnes physiques 79


Selon l’article 307 du code pénal « Est puni d’un emprisonnement de deux à dix ans et d’une
amende de 200 000 à 2 000 000 de francs, tout agent public qui commet un faux dans un acte
public ou authentique relevant de l’exercice de ses fonctions… »

En particulier lorsqu’il compromet, détruit ou modifie l’état civil d’un enfant de 10 ans ou d’un
enfant plus âgé atteint d’une infirmité, l’officier de l’état civil est puni d’un emprisonnement de
5 à 10 ans (article 451 du code pénal).

2- Les sanctions civiles


Les victimes de l’acte d’état civil irrégulier peuvent poursuivre l’officier de l’état civil en justice
sur le fondement de l’article 1382 du code civil. La victime doit alors apporter la preuve :
- d’un préjudice par elle subi du fait des agissements de l’officier de l’état civil ;
- d’une faute à lui reprochable et
- d’un lien de causalité entre la faute et le préjudice.

3- Les sanctions disciplinaires


L’officier de l’état civil est frappé de révocation ou de suspension lorsqu’il commet un faux en
écritures publiques ; ou encore lorsqu’il établit ou délivre un acte de naissance à un individu dont
la déclaration de naissance ne figure pas dans les registres de la commune.

B- Les sanctions relatives à l’acte irrégulier


La sanction peut consister soit à annuler, soit à rectifier l’acte irrégulier

1- L’annulation de l’acte de l’état civil


La nullité est la sanction prononcée par le juge qui consiste en la disparition rétroactive de l’acte
d’état civil irrégulier. Aux termes de l’article 106 de la loi relative à l’état civil, l’annulation des
actes de l’état civil est ordonnée par le tribunal dans le ressort duquel l’acte a été dressé ou transcrit.
La nullité sera prononcée ou que les énonciations sont fausses ou sans objet ou encore pour vice
grave touchant à la substance de l’acte.
La requête en annulation peut être présentée par toute personne intéressée ou par le procureur de
la république.
Le procureur de la république est tenu d’agir d’office quand l’acte dressé est manifestement
contraire à la loi (article 107).
L’individualisation des personnes physiques 80
La reconnaissance de l’enfant adultérin par le père est nulle à défaut d’information préalable de
l’épouse (article 22 de la loi relative à la filiation).

Le juge du fond dispose d’un pouvoir souverain d’appréciation de la gravité de l’irrégularité qui
affecte l’acte.

Si l’irrégularité est substantielle, le juge prononcera la nullité de l’acte. Il en va ainsi d’un acte
établi par une personne qui n’est pas investie des fonctions d’officier de l’état civil.
En revanche, si l’irrégularité est moins grave, le juge peut refuser de prononcer la nullité. Exemple
: une erreur portant sur le nom de l’intéressé.

2- La rectification de l’acte de l’état civil


La rectification consiste à corriger les erreurs ou omissions commises par l’officier de l’état civil
dans la rédaction de l’acte de l’état civil ; elle peut résulter d’une procédure administrative ou
judiciaire.

a- La rectification administrative de l’acte de l’état civil


La rectification administrative peut être faite d’office au moment de la rédaction de l’acte de l’état
civil ; elle porte sur les irrégularités commises avant que l’officier ou l’agent de l’état civil ne signe
l’acte : Exemple : une erreur d’orthographe dans l’inscription du nom ou des prénoms, erreur
portant sur le sexe de l’enfant.

L’officier ou l’agent de l’état civil peut de sa propre autorité procéder à la rectification de


l’acte ; il s’agit de corrections portées en marge ; car des ratures et renvois peuvent être effectuées
dans l’acte en vue de ces corrections, à condition qu’ils soient approuvés et signés de la même
manière que le corps de l’acte (article 17 de la loi relative à l’état civil).

La rectification administrative peut être ordonnée par le procureur de la république. Celui-ci donne
instruction aux dépositaires des registres de procéder à la rectification des erreurs ou omissions
purement matérielles des actes de l’état civil (article 79 de la loi relative à l’état civil)

b- La rectification judiciaire de l’acte de l’état civil


La rectification judiciaire est celle ordonnée par le président du tribunal ou de la section du tribunal
dans le ressort duquel l’acte a été dressé (articles 80 à 82 de la loi relative à l’état civil). La
rectification judiciaire est ouverte lorsque l’erreur ou l’omission est grave.

Elle consiste à ajouter des mentions essentielles que l’acte devrait contenir ; exemple : la date ou
le lieu de naissance ou de décès.

Il en va de même lorsque l’acte contient des mentions inexactes, en l’occurrence un nom mal
orthographié ou orthographié sans la particule. La rectification a pour but de corriger l’inexactitude
constatée sur l’acte de l’état civil.
La rectification judiciaire de l’acte peut être la conséquence d’une action en changement d’état.

L’individualisation des personnes physiques 82


Chapitre IV- Les incapacités

La capacité est l’aptitude qu’a une personne à être sujet de droits et d’obligations ; c’est le fait pour
une personne d’être apte à acquérir des droits, à en jouir et à les exercer.

L’aptitude à être titulaires de droits est appelée la capacité de jouissance.

L’aptitude d’une personne à mettre elle-même en œuvre ses droits et exécuter ses obligations, c’est
la capacité d’exercice.

La négation de la capacité, c’est l’incapacité.

L’incapacité est dite de jouissance lorsque la personne qui en est frappée est inapte à être titulaire
d’un ou plusieurs droits. Exemple : une personne condamnée pour crime ou vol peut être
dépouillée par le juge de son droit de vote ou d’être éligible, ou encore de son droit d’exercer le
commerce.

L’incapacité est dite d’exercice lorsque la personne qui en est frappée est inapte à mettre elle-
même en œuvre (ou exercer) certains droits dont elle demeure titulaire. L’incapacité d’exercice
signifie que la personne concernée est titulaire de droits ; mais la loi met des restrictions à
l’exercice par elle-même desdits droits. Ainsi, un mineur peut être propriétaire ou créancier ; il a,
à cet égard, la capacité de jouissance. Mais il ne peut pas mettre lui-même en œuvre lesprérogatives
afférentes à ces droits ; il faut qu’une autre personne les exerce pour lui. Lui est donc méconnue
la capacité d’exercice.

Vont être successivement étudiées, la situation du mineur, puis celle du majeur incapable.

Section 1- Le mineur
Le statut juridique du mineur est régi par la loi n° 2019-572 du 26 juin 2019 relative à la minorité.
Aux termes de cette loi, « est mineure la personne qui n’a pas encore atteint l’âge de dix-huit
ans accomplis» (article 1er). Le mineur est donc toute personne âgée de moins de 18 ans. La
personne âgée de 18 ans et plus est dite majeure.

La loi a instauré au profit du mineur un régime de protection ; mais certains mineurs peuvent
échapper à ce régime par le biais de l’émancipation.

Sous-section 1- Le mineur non émancipé


Selon la loi le mineur non émancipé est incapable (paragraphe 1er) ; par voie de conséquence,
elle prévoit à son profit un régime de protection (paragraphe 2)

Paragraphe 1er- L’incapacité juridique du mineur non émancipé


A- L’étendue de l’incapacité du mineur non émancipé
Elle se mesure à travers les actes juridiques, les actions en justice et les faits juridiques

1- Les actes juridiques


Aux termes de l’article 32 de la loi relative à la minorité, «le mineur est incapable d’accomplir
seul les actes de la vie civile ». Cela signifie que le mineur ne peut conclure des actes juridiques,
c’est-à-dire des actes (des contrats) résultant d’une manifestation de volonté destinée à produire
des effets de droit.
Les actes juridiques interdits au mineurs sont appelés ‘’actes de disposition’’ ; ce sont ceux qui
grèvent sensiblement le patrimoine du mineur. Exemple : le mineur ne peut pas conclure un contrat
d’achat d’une voiture ou d’une maison, ni un contrat de donation, ni rédiger un testament.

2- Les actions en justice


Aux termes de l’article 33 alinéa 2 de la loi relative à la minorité, « le mineur ne peut agir ou
défendre en personne qu’assisté de son représentant légal dans toutes les instances ayant le même
objet ». Cela signifie que le mineur non émancipé ne peut intenter une action en justice qu’avec
l’aide de son représentant légal qui peut être son père, sa mère ou son tuteur ; en réalité c’est le
représentant légal qui peut ester en justice au nom et pour le compte du mineur.

3- Les faits juridiques


Il s’agit d’événements indépendant de la volonté d’une personne, mais susceptibles de produire
des effets de droit.

Le mineur est-il responsable d’un fait dont il est l’auteur ?

Selon l’article 36 de la loi relative à la minorité, « le mineur engage son patrimoine par ses délits,
ses quasi-délits et son enrichissement sans cause ». Il est ainsi admis que le mineur est
personnellement responsable de ses faits.

Cette responsabilité peut se combiner avec la responsabilité des parents du mineur sur le
fondement de l’article 1384 alinéa 4 du code civil qui dispose : « les père et mère sont
responsables des dommages causés par leur enfant mineur vivant avec eux ».

B- Les exceptions à l’incapacité du mineur 1-


Les actes relatifs à la personne du mineur
Selon la loi (article 33 alinéa 2), «les actes qui intéressent personnellement le mineur âgé de plus
de 16 ans, notamment ceux qui concernent son état ou qui engagent sa personne physique, ne
peuvent être conclus qu’avec son consentement».

Le mineur peut donc accomplir seul certains actes qui le concernent et qui impliquent une
appréciation personnelle. Ces actes excluent la représentation du mineur. Il en est ainsi des actes
ci-après exposés.

a - L’adoption
Le mineur âgé de plus de 16 ans doit consentir personnellement à son adoption (article 6 de la loi
relative à l’adoption).

b - La reconnaissance d’enfant naturel


Le mineur peut reconnaître tout seul son enfant.

c - L’action en recherche de paternité


La mère même mineure peut intenter seule l’action en recherche de paternité (article 26 de la loi
relative à la filiation). La fille, même si elle est mineure, est ainsi autorisée par la loi à poursuivre
devant le tribunal le prétendu père (ou ses héritiers) pour l’amener à reconnaître qu’il est le père
de son enfant.

2- Les actes relatifs au patrimoine du mineur


La validité de ces actes est admise lorsque ceux-ci ne portent pas une atteinte grave au patrimoine
du mineur.

a- Les actes de disposition


Ce sont les actes dont la valeur de l’objet porte une atteinte grave au patrimoine du mineur ;
exemple : acheter une maison, une voiture.

b - Les actes conservatoires


Le mineur est autorisé à accomplir tous les actes conservatoires sur son patrimoine (article 34 de
la loi relative à la minorité)
Ce sont des actes qui ont pour but d’éviter au patrimoine une perte. Exemple : la conclusion
d’un contrat d’assurance pour protéger un immeuble appartenant au mineur.

c- les actes d’administration

Ce sont des actes de gestion courante du patrimoine du mineur ; exemple : le contrat conclu pour
mettre une maison en location ; ou encore le recouvrement d’une créance.
Le mineur non émancipé peut accomplir seul les actes d’administration.

d - Les actes de la vie courante


Le mineur peut conclure des contrats traduisant des actes de la vie courante; il est autorisé à
conclure des contrats de menus achats, exemple : acheter un cahier ou un livre, un téléphone
portable ; contrat de transport qui consiste à emprunter un taxi ’’wôrô-wôrô’’… etc).

d - Le contrat de travail
Lorsque le mineur est âgé de moins de 16 ans, la conclusion et la rupture du contrat de travail se
font par son représentant légal agissant en son nom et pour son compte.
A partir de 16 ans, le mineur conclut et rompt son contrat de travail avec l’assistance de son
représentant légal qui est le père, la mère ou le tuteur (article 35 de la loi relative à la minorité).

C- Les sanctions du non respect des règles relatives à l’incapacité du mineur


1- La nullité de l’acte conclu par le mineur
Selon l’article 37 alinéa3 de la loi relative à la minorité, les actes accomplis par le mineur sont
nuls de plein droit, s’ils sont de ceux que le représentant légal n’aurait pu faire qu’avec une
autorisation.

Il s’agit d’une action en nullité relative qui ne peut être exercée que par la personne intéressée.
Pendant la minorité, cette action appartient au représentant légal ; le mineur devenu majeur pourra
lui-même exercer cette action à condition qu’elle ne soit pas prescrite. Le délai d’exercicede l’action
en nullité est de 5ans ; cette action est donc prescrite lorsqu’elle n’est pas exercée pendant un délai
de 5 ans (l’article 40 de la loi relative à la minorité). Cela signifie que passé undélai de 5 ans, l’action
en nullité ne peut plus être exercée devant le tribunal.

2- La rescision pour lésion


La rescision pour lésion est l’annulation du contrat fondée sur un déséquilibre flagrant entre la
prestation reçue par le mineur et celle acquise à son cocontractant. Selon la loi relative à la
minorité, l’acte accompli par le mineur est rescindable en sa faveur, pour cause de lésion, quelle
qu’en soit l’importance (article 37 alinéa 2 de la loi relative à la minorité).

3- Les effets de la nullité


Si la nullité est prononcée par le tribunal, elle aura pour effet, l’anéantissement rétroactif de l’acte
conclu entre le mineur et son cocontractant. Chacune des parties est alors tenue de restituerà l’autre
la prestation qu’elle a reçue ; exemple : le vendeur restitue le prix de la marchandise à l’acheteur ;
l’acheteur restitue au vendeur le bien acheté.

Toutefois, le législateur apporte une limite à l’obligation de restitution qui pèse sur le mineur ;
car selon l’article 41 de la loi relative à la minorité, « le mineur n’est tenu au remboursement de
ce qui lui a été payé que s’il est prouvé que ce paiement a tourné à son profit ».

Paragraphe 2- La protection du mineur non émancipé


L’article 33 de la loi relative à la minorité énonce que le mineur a nécessairement un représentant
pour tous les actes de la vie civile. Celui-ci est soit un administrateur légal (père ou mère), soit un
tuteur.

A- L’autorité parentale
Initialement nommée « puissance paternelle » par la loi de 1964, »l’autorité parentale est
l’ensemble des droits reconnus aux père et mère sur la personne et les biens de leur enfant mineur
et ayant pour finalité l’intérêt de celui-ci. » (article 3 de la loi relative à la minorité)

1- L’exercice de l’autorité parentale


Aux termes de l’article 5 de la loi relative à la minorité, « l’autorité parentale est exercée en
commun par les père et mère, sauf décision judiciaire contraire » ; mais comment est-elle exercée
?

a- L’exercice de l’autorité parentale sur l’enfant légitime


L’enfant légitime est l’enfant né de parents mariés. Aux termes de l’article 5 de la loi relative à la
minorité, « durant le mariage, l’autorité parentale est exercé en commun par les père et mère,sauf
décision judiciaire contraire.» S’il s’élève un conflit relativement à l’exercice de l’autorité
parentale, le juge statue en considérant l’intérêt de l’enfant ; il est saisi par l’époux le plus diligent
(article 5 alinéa2).

A l’égard des tiers de bonne foi, chacun des époux est réputé agir avec l’accord de l’autre et dans
le seul intérêt de l’enfant, quand il accomplit seul un acte usuel de l’autorité parentale.

En cas de divorce, de séparation de corps ou de résidence séparée, l’autorité parentale est exercée
par celui des père et mère à qui le juge a confié la garde de l’enfant. Néanmoins le parent qui n’en
a pas la garde conserve les droits de visite et de surveillance et le droit de consentir à l’adoption
ou à l’émancipation de l’enfant mineur.

Si la garde a été confiée à une tierce personne, les autres attributs de l’autorité parentale continuent
d’être exercés par les père et mère. Mais le tiers investi de la garde de l’enfant accomplit les actes
usuels relatifs à sa surveillance et à son éducation (article 7).

En cas de décès de celui des père et mère ayant été investi, l’autorité parentale est dévolue de
plein droit à l’autre parent. Toutefois dans l’intérêt exclusif de l’enfant, le juge peut décider, à la
requête de tout intéressé, de confier sa garde à toute autre personne.

b- L’exercice de l’autorité parentale sur l’enfant naturel


L’enfant naturel est celui qui est né de parents non mariés. «L’autorité parentale sur les enfants
nés hors mariage est exercée par celui des père et mère à l’égard duquel la filiation estétablie»
(article 9 alinéa 1er de la loi relative à la minorité).; il est

Lorsque la filiation est établie à l’égard de la mère et du père, l’autorité parentale est exercée par
les deux parents. S’il s’élève un conflit relativement entre les père et mère relativement à
l’exercice de l’autorité parentale, le juge saisi par le parent le plus diligent statue en considérant
l’intérêt de l’enfant.

A l’égard des tiers de bonne foi, chacun des parents est réputé agir avec l’accord de l’autre et dans
le seul intérêt de l’enfant, quand il accomplit seul un acte usuel de l’autorité parentale (article 9
alinéa4 de la loi relative à la minorité).

c - La perte de l’exercice de l’autorité parentale

Incapacité du parent. Le parent qui est hors d’état de manifester sa volonté, en raison de son
incapacité ou de toute autre cause, perd l’exercice de l’autorité parentale.

Délégation volontaire. De même, est provisoirement privé de l’exercice de l’autorité parentale,


celui des parents qui consent à une autre personne physique, une délégation volontaire et
temporaire de ses droits et obligations relativement à la garde du mineur, à son instruction, son
éducation et sa surveillance (article 11 de la loi relative à la minorité).

En cas de décès de l’un des père et mère. Si l’un des père et mère décède ou se trouve hors
d’état de manifester sa volonté, en raison de son incapacité ou de toute autre cause, l’exercice de
l’autorité parentale est dévolu uniquement à l’autre (article 12 de la loi relative à la minorité).

2- Les attributs de l’autorité parentale


Ces attributs exposés dans l’article 4 de la loi relative à la minorité visent d’une part la personne
du mineur, d’autre part ses biens.

a- Les attributs relatifs à la personne du mineur


a1- La garde et la surveillance

La garde.

La garde est un droit en vertu duquel le titulaire de la puissance paternelle fixe la résidence de
l’enfant. Il faut rappeler, à ce sujet, qu’en vertu de l’article 108 du code civil, le mineur non
émancipé est domicilié chez ses père et mère.

Les incapacités 89
Le mineur ne peut quitter le domicile familial sans l’autorisation du titulaire de l’autorité
parentale ; il peut avoir recours à la force publique pour ramener l’enfant au domicile familial.

La surveillance.
Elle comporte le droit de surveiller la correspondance de l’enfant, surveiller ses mœurs et ses
relations avec des tiers ; le titulaire de l’autorité parentale peut interdire à l’enfant des relations
qu’il jugerait dangereuses pour sa vie.

a2- L’éducation et l’entretien de l’enfant

L’éducation.
La loi parle de l’instruction et l’éducation de l’enfant (article 4.1° de la loi relative à la
minorité).
Outre l’instruction, l’éducation de l’enfant comprend le droit de choisir sa religion, et même
d’assurer son éducation politique...etc

L’entretien.
L’obligation d’entretien se traduit par l’obligation de pourvoir à la nourriture, à l’habillement et
aux frais scolaires de l’enfant. Dans le cadre du mariage, la loi prévoit que « les époux contractent
ensemble, par le seul fait du mariage, l’obligation de nourrir, entretenir et éduquer leurs enfants »
(article 47 de la loi relative au mariage).

Cette obligation, en principe, prend fin à la majorité ; mais elle peut être prolongée au-delà de la
majorité pour l’enfant qui poursuit ses études ou pour l’enfant handicapé.

b- Les attributs relatifs aux biens du mineur


L’autorité parentale comporte le droit d’administrer les biens du mineur et disposer des revenus
desdits biens (article 4.4° de la loi relative à la minorité). Il s’agit de l’administration légale et
de la jouissance légale

b1- L’administration légale


L’administration légale emporte pour celui des parents qui exerce l’autorité parentale pouvoir
d’administration sur les biens de ses enfants mineurs et disposition de leurs revenus (article 42 de
la loi relative à la minorité).
L’administration légale suppose donc que le mineur dispose de biens personnels. La loi prévoit deux
hypothèses : l’administration légale pure et simple et l’administration légale sous contrôle judiciaire
(article 43 de la loi relative à la minorité)

b11 - L’administration légale pure et simple


L’administration légale est pure et simple lorsqu’elle est exercée conjointement par les père et
mère qui exercent en commun l’autorité parentale.

Les biens objet d’administration légale.

Tous les biens du mineur y compris son salaire, sont soumis à administration légale. Mais certains
biens en sont expressément exclus par l’article 49 de la loi relative à la minorité ; ce texte dispose
que ne sont pas soumis à l’administration légale :

- les biens donnés ou légués au mineur sous la condition qu’ils seront administrés par un tiers,
c’est-à-dire une personne autre que ses père et mère ; ce tiers ,selon la loi auront les pouvoirs qui
lui auront été conférés par la donation ou le testament, à défaut ceux qui lui auront été attribués
par le juge des tutelles.

- les biens échus au mineur par succession dans le cas où les parents auront été écartés de cette
succession pour cause d’indignité encourue de plein droit. Tel est le cas notamment, entre autres
raisons, lorsque les parents du mineur auront été condamnés en tant qu’auteur, ou complice, pour
avoir volontairement donné ou tenté de donner la mort ou porté des coups mortels au défunt dont
ils appelés à prendre l’héritage (article 9 de la loi relative aux successions).

- les biens échus au mineur par succession, dans le cas où les parents auront été écartés de cette
succession pour , lorsque cette indignité, judiciairement prononcée, n’était pas encourue de plein
droit ; ici c’est la décision du juge qui dépouille les parents de l ‘administration légale des biens
du mineur.

Il convient de préciser que dans tous les cas où l’administration légale des biens a été retirée aux
parents du mineur, ces biens sont gérés par un administrateur spécialement désigné par le juge des
tutelles qui fixe ses droits, pouvoirs et obligations (article 49 alinéa3 de la loi relative à la
minorité).

Les pouvoirs de l’administrateur légal

Dans l’administration légale pure et simple, chacun des parents est réputé, à l’égard des tiers, avoir
reçu de l’autre le pouvoir de faire seul les actes pour lesquels un tuteur n’aurait besoin d’aucune
autorisation (article 44 de la loi relative à la minorité)
Dans l’administration légale pure et simple, les père et mère accomplissent ensemble les actes
qu’un tuteur ne pourrait faire qu’avec l’autorisation du conseil de famille ; à défaut d’accord entre
les deux l’acte doit être autorisé par le juge des tutelles.
Même si les deux parents sont d’accord, il leur est interdit les actes suivants :
- Décider la vente de gré à gré ou l’apport en société d’un immeuble ou d’un fonds de
commerce appartenant au mineur ;
- contracter un emprunt au nom du mineur ou renoncer pour lui à un droit.
- Consentir à un partage amiable.

Les deux parents, même d’un commun accord ne peuvent accomplir ces actes qu’avec une
autorisation du juge des tutelles (article 44 alinéa4 de la loi relative à la minorité)

L’administrateur légal représente le mineur dans les actes civil, sauf ceux pour lesquels le mineur
est autorisé à agir lui-même (article 45 alinéa 1er de la loi relative à la minorité); il convient de
rappeler que ces actes pour lesquels le mineur est autorisé à agir lui-même sont, entre autres, la
reconnaissance d’un enfant naturel ou encore l’action en recherche de paternité naturelle exercée
par la fille mineure.

b12 - L’administration légale sous contrôle judiciaire

Elle est prévue dans les cas ci-après exposés.

Le cas de divorce, séparation de corps ou de résidence. Ce cas concerne exclusivement


l’administration légale des biens de l’enfant légitime, enfant né dans le mariage. Lorsqu’il y a
divorce, séparation de corps ou séparation de résidence, les deux parents ne vivant plus sous le
même toit, l’administration légale des biens de l’enfant mineur est confiée par le juge au parent
qui assure sa garde (article 6 alinéa 1er).

En cas de conflit né de l’exercice de l’autorité parentale sur l’enfant légitime (article 5 alinéa
2) ou l’enfant naturel, enfant né hors mariage (article 9 alinéa3). Face à un tel conflit, le juge qui
est saisi par le parent le plus diligent prend une décision relative à la gestion des biens en considération de
l’intérêt de l’enfant.

En cas de décès de celui des père et mère investi de la garde de l’enfant légitime (article8) ou de
l’enfant naturel (article 12), le juge peut décider de confier l’administration légale des biens de
l’enfant à toute autre personne qui en est digne. Il en va de même lorsque le parent qui exerce
l’autorité parentale se trouve hors d’état de manifester sa volonté en raison de son incapacité ou
de toute autre cause ; ou encore lorsqu’il consent une délégation de ses droits issus de l’autorité
parentale.

L’administration légale prend fin par la survenance de la majorité, l’émancipation, ou le décès du


mineur.
.

b2- La jouissance légale


Aux termes de l’article 46 de la loi relative à la minorité, l’administrateur légal perçoit les revenus
des biens de son enfant mineur, sous réserve de satisfaire aux obligations qui luiincombent.
Ce droit reconnu par la loi à l’administrateur légal sur les ‘revenus des biens du mineur est
appelé la jouissance légale. Il a donc le droit de percevoir et de disposer librement des revenus des
biens de l’enfant mineur non émancipé. C’est la contrepartie de la charge qui pèse sur
l’administrateur légal de gérer les biens du mineur.

La jouissance légale porte seulement sur les revenus des biens ; elle ne porte pas sur les biens eux-
mêmes.
Exemple : pour une maison mise en location, la jouissance légale a pour objet les loyers ;
l’administrateur légal a donc le droit de percevoir et disposer des loyers, mais il ne peut pas
disposer de la maison elle-même, notamment la vendre ; il ne pourra le faire qu’avec l’autorisation
du juge des tutelles.

L’administrateur légal qui perçoit les revenus du mineur ne peut en disposer librement qu’après
avoir satisfait aux obligations suivantes :
* une partie des revenus doit être utilisée pour l’entretien, la nourriture, et l’éducation du
mineur, selon sa fortune ;
* l’autre partie doit être utilisée pour le paiement des arrérages ou intérêts des capitaux ;

- d’une façon générale, l’administrateur légal est tenu de faire face à toutes les dépenses
nécessitées par l’entretien et la conservation du patrimoine du mineur.

Après avoir affecté les revenus des biens à toutes ces dépenses, s’il existe un reliquat après
déduction, l’administrateur légal pourra en disposer librement.

Le contrôle de la gestion de l’administrateur légal

La loi indique (article 48) que l’administrateur légal ne peut être astreint, au cours de la minorité
de l’enfant, à justifier de sa gestion, contrairement à ce qui est prévu à l’égard du tuteur ; car selon
l’article 112 de la loi relative à la minorité, le conseil de famille peut, à tout moment, appeler le
tuteur devant lui et l’inviter à justifier de sa gestion.
Mais l’administrateur légal reste comptable, c’est-à-dire qu’il est responsable vis-à-vis du mineur,
quant à la propriété des biens dont il a l’administration, et des revenus dont il n’a pas la libre
disposition. En effet, la loi lui fait obligation de dresser un inventaire des biens, cetinventaire étant
établi en présence du juge des tutelles. De même, il doit rendre compte de sa gestion sous avis
préalable du juge des tutelles, à la fin de l’exercice de ses fonctions (article 48 alinéa4 de la loi
relative à la minorité).
La jouissance légale prend fin sur la base des mêmes causes que l’administration légale.

3- Le contrôle et la déchéance de l’autorité parentale

a- Le contrôle de l’autorité parentale


La loi prévoit les mesures d’assistance éducative ainsi que la délégation des droits de l’autorité
parentale.

a1- L’assistance éducative


Ordonnée par le juge des tutelles, l’assistance éducative, selon la loi, intervient suite au
comportement du mineur lui-même ou des parents.

Concernant les parents, ces mesures sont prises lorsque la santé, la sécurité, la moralité ou
l’éducation de l’enfant sont compromises ou insuffisamment sauvegardées, en raison de
l’immoralité ou de l’incapacité des père et mère ou de la personne investie du droit de garde (article
27 alinéa 1er de la loi relative à la minorité)

Concernant le mineur lui-même, les mesures d’assistance éducative peuvent être prises lorsqu’il
donne, par son inconduite ou son indiscipline, à ses parents ou à la personne investie du droit de
garde, des sujets de mécontentements très graves (article 27 alinéa 2 de la loi relative à la
minorité).

La loi précise que le mineur sous assistance éducative doit, chaque fois que cela est possible, être
maintenu dans son milieu habituel de vie. Seulement, le juge des tutelles est invité, dans ce cas,
à désigner une personne qualifiée ou un service d’assistance sociale ou d’éducation ou un service
de protection judiciaire de l’enfance pour apporter aide et conseil à la famille, afin de suivre le
développement de l’enfant ; la personne ou le service désigné doit périodiquement faire un rapport
au juge sur la charge qu’il lui a confiée.

S’il s’avère nécessaire de retirer l’enfant de son milieu de vie actuel, le juge des tutelles peut
(article 29 de la loi relative à la minorité) décider de confier tout ou partie des droits de l’autorité
parentale à une personne physique ou morale. Le juge peut, dans ce cas, confier ces droits à :
- celui des père et mère qui n’a pas l’exercice du droit de garde ;
- un autre membre de la famille ou à un tiers digne de confiance ;
- un établissement public d’ assistance sociale ou d’éducation, ou un établissement public
relevant du service d’aide à l’enfance, ou un établissement de protection judiciairede
l’enfance, ou un établissement privé habilité.

a2- La délégation des droits de l’autorité parentale


C’est le droit pour le parent qui exerce l’autorité parentale de se dessaisir volontairement et
temporairement, ou d’être dessaisi par le juge des attributs de l’autorité parentale.

La délégation volontaire.
Elle résulte de la volonté même du parent qui exerce l’autorité parentale ; celui-ci peut déléguer
volontairement et temporairement à une personne physique jouissant de ses droits civils, les droits
qu’il détient et les obligations qui lui incombent relativement à la garde, l’instruction, l’éducation
et la surveillance du mineur (article 13 de la loi relative à la minorité).

La délégation volontaire se fait par une déclaration conjointe des parties intéressées, reçue par le
juge des tutelles ; les parties peuvent y indiquer la durée et l’étendue de la délégation qui peutêtre
partielle ou totale. En cas de désaccord entre les parents ayant tous les deux l’exercice de

l’autorité parentale, le juge des tutelles statue, c’est-à-dire qu’il se prononce et prend unedécision.
De même, le juge des tutelles, à la demande des parties intéressées agissant conjointement, peut
décider, dans l’intérêt de l’enfant, de déléguer à la personne tout ou partie des droits qui ne lui
avaient pas été conférés (article 15 de la loi relative à la minorité).

La délégation judiciaire
Elle est ordonnée par voie de justice. C’est une délégation forcée des attributs de l’autorité
parentale. Prévue par l’article 16 de la loi relative à la minorité, elle vise le cas d’un enfant mineur
recueilli par une personne physique ou morale sans l’intervention des père, mère ou tuteur.

La personne ayant recueilli l’enfant doit, dans un délai de 72 heures, en faire la déclaration au juge
des tutelles de la résidence des parents ou du tuteur.
La non déclaration de l’enfant est punie d’un emprisonnement d’un à trois mois et d’une amende
de 100 000 à 500 000 francs, ou de l’une de ces deux peines seulement. S’il s’agit d’une personne
morale, les poursuites sont engagées et la peine prononcée contre le représentant de cette personne
morale habilitée à recevoir l’enfant.

Après réception de la déclaration, le juge la notifie aux parents ou tuteur de l’enfant. Si dans les
3 mois qui suivent la déclaration, personne (père, mère ou tuteur) ne réclame l’enfant, celui qui l’a
recueilli peut demander au juge des tutelles que lui soit confié, dans l’intérêt de l’enfant, l’exercice
de tout ou partie des droits de l’autorité parentale.

Le juge prononce, par voie d’ordonnance, la délégation partielle – il ne confère qu’une partie - des
droits de l’autorité parentale à la personne qui a recueilli l’enfant. Le juge des tutelles ordonne que
les autres droits soient dévolus au service chargé de la protection judiciaire de l’enfance.
La loi indique que le droit de consentir à l’adoption de l’enfant ne peut être délégué.

Judiciaire ou volontaire, la délégation a toujours un caractère provisoire ; les père, mère ou tuteur
peuvent demander au juge des tutelles que le mineur leur soit rendu.

S’il estime que dans l’intérêt de l’enfant, il y a lieu de rejeter la demande, le juge des tutelles peut
accorder au demandeur un droit de visite dont il fixe les modalités. Cette décision du juge peut être
contestée devant la cour d’appel. En cas de rejet de la demande des père, mère ou tuteur de
récupérer l’enfant, une nouvelle demande ne peut être formulée qu’après un délai d’un an à
compter de la date de la décision de rejet.

b- La déchéance de L’autorité parentale


Il faut distinguer la déchéance de plein droit de la déchéance facultative.

La déchéance de plein droit


C’est une sanction qui frappe le parent titulaire de l’autorité parentale, suite à une condamnation
pour infraction pénale (article 21 de la loi relative à la minorité).

Les infractions visées sont :


- le proxénétisme pratiqué par des père et mère à l’égard de leurs enfants ;
- le crime commis par eux sur la personne de leur enfant ou d’un enfant à l’égard duquel ils
sont investis de l’autorité parentale ;
- s’ils ont été complices d’un crime ou délit commis par un ou plusieurs de leurs enfants, ou
d’un enfant à l’égard duquel ils sont investis de l’autorité parentale.

L’obligation de subvenir à l’entretien et à l’éducation de l’enfant reste à la charge du parent


déchu.

La déchéance facultative

Selon l’article 22 de la loi relative à la minorité, la déchéance facultative est prononcée en dehors
de toute condamnation pénale. Elle frappe les personnes exerçant l’autorité parentale qui mettent
en danger le plein épanouissement, la sécurité, la santé ou la moralité de l’enfant, et ce :
- par des mauvais traitements infligés à l’enfant ;
- par une consommation habituelle et excessive de boissons alcooliques, de stupéfiants, ou de
toutes autres substances nocives ;
- par des exemples pernicieux d’ivrognerie habituelle, d’inconduite notoire ou de délinquance ;
- par un défaut de soins ou un manque de direction ;
- par un désintérêt de plus d’un an sans justes motifs.

ayant commis des infractions comme le vagabondage, la séquestration, l’abandon d’enfant ou de


famille, l’excitation habituelle des mineurs à la débauche.

Il faut noter que celui qui est déchu de l’autorité parentale peut obtenir restitution de ses droits,
après réhabilitation. Il peut à cette fin exercer, dans un délai d’un an à compter du jour de la
décision de déchéance, exercer une action en restitution de droits devant le juge des tutelles qui
se prononcera en tenant compte de l’intérêt de l’enfant.

B- La tutelle
Selon l’article 52 de la loi relative à la minorité, « la tutelle est un régime de protection de l’enfant.
Elle est une charge publique et personnelle. Nul ne peut refuser de l’exercer sauf dérogations
prévus aux articles 63 et 64».
La tutelle est un mode de représentation du mineur. La loi détermine les cas d’ouverture de la
tutelle, les organes de la tutelle, le fonctionnement et la fin de la tutelle

1- L’ouverture de la tutelle
La loi relative à la minorité (article 53) précise les cas d’ouverture de la tutelle pour le mineur non
émancipé ; le juge saisi décide d’ouvrir la tutelle lorsqu’il se trouve en face d’un des cas prévus
par la loi.

- La tutelle s’ouvre en cas de décès des père et mère, ou lorsqu’ils sont hors d’état de manifester
leur volonté pour raison d’incapacité, d’absence, d’éloignement ou de toute autre cause.
- Elle s’ouvre également lorsque les deux parents sont tous deux déchus de l’autorité parentale.
- Elle s’ouvre lorsque le survivant est déchu des droits de l’autorité parentale.
- Elle s’ouvre lorsque les parents ont été tous deux condamnés pour abandon de famille dans le
cas où la victime de cet abandon est un de leurs enfants, et ce, même si la déchéance de l’autorité
parentale n’a pas été prononcée.
- Enfin la tutelle s’ouvre lorsque la filiation de l’enfant n’est pas établie à l’égard de ses parents.

2- Les organes de la tutelle


La loi prévoit deux organes : le tuteur et les organes de contrôle

a- Le tuteur
a1- La désignation du tuteur
Il existe trois modes de désignation du tuteur.

La tutelle testamentaire. On parle de tutelle testamentaire lorsque le tuteur a été désigné dans un
testament, ou par une déclaration spéciale soit devant notaire, soit devant le juge des tutelles. en
fait ce tuteur est désigné par le survivant des père et mère s’il a conservé au jour de sa mort
l’exercice de l’administration légale. la puissance paternelle (article 57 de la loi relative à la
minorité).

La tutelle dative : c’est le cas où il n’y a pas de tuteur désigné par le dernier mourant des père et
mère, ou lorsque celui qui a été désigné vient à cesser ses fonctions ; dans ce cas, le tuteur est
désigné par le conseil de famille convoqué par le juge des tutelles (articles 58 et 62 de la loi relative
à la minorité). Le tuteur est alors choisi au sein de la famille ou en dehors de la cellule familiale.

La tutelle déférée à l’Etat : il en est ainsi lorsque la tutelle est vacante ; elle est déférée à l’Etat
qui l’exerce par l’intermédiaire d’un administrateur ; c’est la tutelle d’Etat ou tutelle publique
(article 68 alinéa 2 de la loi relative à la minorité).

a2- Le choix du tuteur


Qui peut être tuteur ?

La qualité de tuteur est reconnue à toute personne sans distinction de sexe ou de nationalité.
Ne peuvent être investies de la charge tutélaire, les personnes frappées d’incapacité, c’est-à-dire
les mineurs et les majeurs protégés (article 82).

Par ailleurs, sont également exclues ou dépouillées de plein droit des charges de la tutelle (article
83). :
- les personnes condamnées pour crime ou délit sur la personne d’un enfant ou condamnées
comme complice d’un crime commis par un enfant ;
- les personnes à qui l’exercice des charges tutélaires a été interdit en application des dispositions
du code pénal ;
- les personnes qui ont été déchues de l’autorité parentale.
Il en va de même des personnes dont l’inconduite notoire, l’improbité, la négligence habituelle
ou l’inaptitude aux affaires est manifeste (article 84 de la loi relative à la minorité).

Peuvent également être exclus ou destitués des charges de la tutelle, les individus qui,
personnellement ou dont les ascendants ou descendants, ont avec le mineur un litige mettant en
cause l’état de celui-ci ou une partie notable de ses biens(article 84 alinéa 2 de la loi relative à
la minorité).

La charge tutélaire est personnelle, elle ne se transmet ni au conjoint, ni aux héritiers du tuteur ;
toutefois les héritiers seront responsables de la gestion du tuteur (article 53 alinéas 1er et 3 de la
loi relative à la minorité).

b- Les organes de contrôle


Les organes de contrôle sont au nombre de deux : le conseil de famille et le juge des tutelles.

Le conseil de famille est un organe collégial composé de 4 à 6 membres non compris le juge des
tutelles et le tuteur. Ils sont choisis par le juge des tutelles parmi les parents du mineur ainsi parmi
les alliés de ses père et mère ; le juge des tutelles doit faire diligence pour que chacune des deux
lignes y soit représentée article 71 de la loi relative à la minorité).
Le juge doit vérifier que les personnes appelées à siéger au sein du conseil de famille présentent
certaines aptitudes ; il doit également tenir compte des relations que les père et mère entretiennent
avec leurs différents parents et alliés, mais surtout l’intérêt que ces personnes portent à la personne
du mineur.

Le juge des tutelles

Les fonctions de juge des tutelles sont exercées par le juge des enfants. Il a un rôle desurveillance
générale du tuteur à qui il doit donner son autorisation pour l’accomplissement d’un certain nombre
d’actes.

3- Le fonctionnement de la tutelle
La tutelle comporte, pour celui qui l’exerce, les droits et obligations de l’autorité parentale, sauf si
la loi en dispose autrement (article 88 de la loi relative à la minorité). Le tuteur exerce ainsi son
pouvoir sur la personne mais aussi sur les biens du mineur.

a- La personne du mineur
Sur la personne du mineur, le tuteur exerce les droits d’un parent exerçant l’autorité parentale
(article 88 de la loi relative à la minorité) ; cela signifie qu’il représente le mineur au même titre
que les parents. Pèsent donc sur le tuteur les obligations prescrites par l’article 4 de la loi
relative à la minorité ; il s’agit notamment des obligations de garde, de direction, de surveillance,
d’entretien, d’instruction et d’éducation du mineur. Le conseil de famille règle les conditions
générales de l’entretien et de l’éducation de l’enfant en ayant égard à la volonté que les père et
mère avaient pu exprimer à ce sujet.
Le tuteur a l’obligation de faire prendre à l’égard du mineur toute mesure d’assistance éducative.
Il a le droit de consentir à son adoption et à son émancipation.

b- Les biens du mineur


Le tuteur assure la gestion des biens au nom et pour le compte du mineur. Le tuteur représente le
mineur dans tous les actes civils à l’exception de ceux pour lesquels la loi et les usages autorise
le mineur à agir lui-même (article 93 alinéa 1er de la loi relative à la minorité).

La loi énumère les actes que le tuteur peut faire seul ensuite ceux qui sont subordonnés à
autorisation du conseil de famille, et enfin ceux qui lui sont interdits.

b1 - Les actes que le tuteur peut faire seul.

Le tuteur peut faire seul, comme représentant du mineur tous les actes d’administration. Il peut
ainsi aliéner à titre onéreux (c’est-à-dire il peut vendre) les meubles d’usage courant et les biens
ayant le caractère de fruits (article 93 alinéa3 de la loi relative à la minorité).

Le tuteur peut donner seul quittance des capitaux qu’il reçoit pour le compte du mineur (article 97
alinéa 1er de la loi relative à la minorité). Ces capitaux sont déposés sur un compte ou vert au
trésor public ou dans un établissement bancaire au nom du mineur ; il doit préciser que le
bénéficiaire de ce compte est un mineur.

Ce dépôt des capitaux doit être fait par le tuteur dans un délai d’un moins à compter de la date de
leur réception ; passé le délai d’un mois, le tuteur est tenu personnellement de verser sur le compte
les intérêts que ces capitaux auraient perdus du fait de sa négligence (article 97 alinéa 3 de la loi
relative à la minorité).
b2 - Les actes subordonnés à autorisation du conseil de famille

Est soumise à une autorisation du conseil de famille, la prise en location par le tuteur des biens
du mineur (article 93 alinéa 5 de la loi relative à la minorité).

De même, aux termes des articles 100 et suivants de la loi relative à la minorité, le conseil de
famille doit donner son autorisation en vue de l’emploi ou du remploi des capitaux du mineur.

Le conseil de famille peut autoriser la vente des immeubles et fonds de commerce à l’amiable
soit par adjudication sur la mise à prix qu’il fixe, soit de gré à gré aux prix et stipulations qu’il
détermine (article 101 alinéa 2 de la loi relative à la minorité).

L’apport en société par le tuteur d’un immeuble ou un fonds de commerce appartenant au mineur
est autorisé par le conseil de famille (article 101 alinéa 4 de la loi relative à la minorité).
Dans tous les cas où l’autorisation du conseil de famille est requise pour la validité d’un acte du
tuteur, celle-ci peut être suppléée par celle du juge des tutelles (article 109 alinéa 1er de la loi
relative à la minorité).
Le juge des tutelles peut également, à la requête du tuteur, prendre la place du conseil de famille
pour autoriser une vente de valeurs mobilières appartenant au mineur (article 109 alinéa 2 de la
loi relative à la minorité).

b3- Les actes interdits au tuteur

Sont interdits au tuteur (article 93 alinéa 5 de la loi relative à la minorité) :


- l’achat des biens du mineur ;
- l’acceptation d’une cession de droit de créance contre le tuteur ;
- la conclusion de contrats de donations au nom du mineur.

De façon générale, le tuteur est tenu d’administrer les biens du mineur en bon père de famille ;
en conséquence, il répond des dommages qui pourraient résulter d’une mauvaise gestion (article
93 alinéa 4 de la loi relative à la minorité).

Dans les trois mois qui suivent fin de la tutelle, il doit rendre compte de sa gestion au mineur
émancipé ou devenu majeur, aux héritiers du mineur décédé (article 114 de la loi relative à la
minorité)
La tutelle prend fin encas de :
- majorité du mineur ;
- émancipation du mineur ;
- décès du mineur.
Le décès du tuteur, quant à lui, ne met pas fin à la tutelle; il y a changement de tuteur. Il en va de
même lorsque le tuteur est frappé d’une incapacité.

Sous-section 2- Le mineur émancipé


« L’émancipation est l’état du mineur qui est affranchi de l’autorité parentale ou de la tutelle. Il
devient capable, d’accomplir tous les actes de la vie civile et de faire le commerce » (article 119
de la loi relative à la minorité). L’émancipation est donc l’acte par lequel le mineur est, par
anticipation, élevé au rang de majeur avec les conséquences y assorties.

Paragraphe 1- La cause de l’émancipation


L’émancipation résulte de la volonté expresse des père et mère ou des parents adoptifs du mineur
(article 120 de la loi relative à la minorité).
Le mineur ne peut faire l’objet d’une émancipation que s’il a atteint l’âge de 16 ans révolus.
L’émancipation s’opère par une déclaration conjointe des parents ou de l’un d’eux en cas de
désaccord. Cette déclaration est reçue par le juge des tutelles; cette déclaration doit être faite
conjointement par les père et mère.

Si l’un des parents est dans l’impossibilité physique ou légale de manifester sa volonté, la
déclaration de l’autre suffit, s’il a lui-même conservé l’exercice de l’autorité parentale.
Le juge des tutelles recueille le consentement du mineur et prononce l’émancipation, si celle-ci
satisfait aux intérêts du mineur et s’il y a de justes motifs (article 120 alinéa4 de la loi relative à
la minorité).

Dans tous les autres cas où le mineur n’est pas placé sous tutelle, le juge des tutelles peut
prononcer l’émancipation s’il y a de justes motifs, et ce, à la requête du mineur lui-même ou de
toute personne intéressée.
En cas de tutelle, le mineur peut être émancipé si le conseil de famille l’estime opportun eu égard
à la personnalité et à l’intérêt du mineur; le conseil de famille peut, à cette fin, être saisi à la
demande du tuteur, d’un de ses membres ou du mineur lui-même (articles 121 et 122 de la loi
relative à la minorité).
Le jugement qui prononce l’émancipation est transmis à l’officier de l’état civil du lieu de
naissance à la diligence du ministère public ou de toute personne intéressée ; l’officier de l’état
civil est tenu de mentionner l’émancipation marge de l’acte de naissance du mineur.
La décision d’émancipation est publiée dans un journal d’annonces légales à la diligence du
greffier en chef (article 123 de la loi relative à la minorité).
.

Paragraphe 2- Les effets de l’émancipation


A l’instar du majeur, le mineur émancipé peut en principe accomplir tous les actes de la vie civile.
Il n’a plus besoin d’assistance ni d’un représentant agissant en son nom et pour son compte.
L’émancipation va ainsi produire ses effets sur la personne et sur les biens du mineur

A- La personne du mineur
L’émancipation met fin à l’exercice de l’autorité parentale. Devenu émancipé, le mineur n’a plus
besoin de protection. Le mineur émancipé peut avoir un domicile différent de celui de ses parents.

Ses père et mère ne sont plus responsables du dommage qu’il pourra causer à autrui ((article 124
de la loi relative à la minorité). Toutefois, le mineur a nécessairement besoin du consentement
de ses parents pour faire l’objet d’une adoption.

Pour l’exercice du commerce, le mineur peut exercer le commerce avec l’autorisation de celui de
ses parents qui exerce l’autorité parentale ou du conseil de famille. Cette autorisation doit être
inscrite au registre du commerce et du crédit mobilier (article 125 de la loi relative à la minorité
).

B- Les biens du mineur émancipé


Le mineur émancipé ayant la pleine capacité gère lui-même ses biens ; il peut en disposer
librement. Il peut ainsi faire tous les actes de la vie civile comme un majeur.
Les incapacités 108
YAPO YAPI André Droit des personnes et de la famille

Titre II
Les personnes morales

La personne morale est l’autre sujet de droit mis sur la scène par le Droit. C’est un être juridique
inventé de toutes pièces par les juristes pour lui conférer la propriété du patrimoine constitué par
l’ensemble des biens collectés par plusieurs personnes physiques. Le statut de la personnemorale
est savamment calqué sur celui .de la personne physique.
Seront succinctement abordés : la classification des personnes morale et le régime juridique des
personnes morales.

Les personnes morales 110


YAPO YAPI André Droit des personnes et de la famille

Chapitre I- La classification des personnes morales

Ces groupements dotés de la personnalité juridique et donc reconnus comme des sujets de droit,
peuvent être des sujets de droit public ou des sujets de droit privé.

Section 1 – Les personnes morales de droit public


Elles correspondent :
- soit à des circonscriptions territoriales ; c’est le cas de l’Etat et des collectivités territoriales
que sont les régions, les départements et les communes ;
- soit à des établissements publics qui sont des services publics autonomes ayant un budget
propre, tels que les universités, les hôpitaux publics …etc
Ces personnes morales de droit public sont chargées de la réalisation de missions d’intérêt
général.

Section 2- Les personnes morales de droit privé


Elles sont les plus nombreuses ; elles sont soumises aux règles de droit privé, et se subdivisent
en deux catégories : il peut s’agir de groupements de personnes ou de masses de biens

Paragraphe 1er- Les groupements de personnes


Ce sont les groupements de personnes physiques ou morales ayant un but lucratif ou non, et un
patrimoine propre distinct de celui de leurs membres.

A- Les groupements à but lucratif


Ce sont les sociétés civiles ou commerciales, dont le but est la recherche et le partage de bénéfices
entre leurs membres appelés associés. La société est instituée par deux ou plusieurs personnes qui
conviennent, par un contrat, d’affecter à une entreprise commune des biens ou leurindustrie en vue
de partager le bénéfice ou de profiter de l’économie qui pourra en résulter6.

Les sociétés jouissent de la personnalité morale à compter de leur immatriculation au registre du


commerce et du crédit mobilier7. Une catégorie particulière de sociétés commerciales est privée
de la personnalité morale ; ce sont les sociétés en participation8.
6 Article 1832 du code civil ; article 4 de l’acte uniforme de l’OHADA relatif aux sociétés commerciales et au
groupement d’intérêt économique.
7 Article 1842 du code civil ; article 98 de l’acte uniforme de l’OHADA relatif aux sociétés commerciales et au

groupement d’intérêt économique.


8 Article 854 de l’acte uniforme de l’OHADA relatif aux sociétés commerciales et au groupement d’intérêt économique.

La classification des personnes morales 111


YAPO YAPI André Droit des personnes et de la famille

B- Les groupements à but non lucratif


Il s’agit de groupements de personnes physiques dont le but est autre que la recherche de profit
Tel est le cas des associations et des syndicats professionnels.

1- Les associations
Elles sont régies par la loi n° 60-315 du 21 septembre 1960 relative aux associations ; selon
cette loi, « L’association est la convention par laquelle deux ou plusieurs personnes mettent en
commun d’une façon permanente leurs connaissances ou leur activité dans un but autre que lucratif
». (article 1er).

a- Les différentes formes d’association


La loi distingue deux formes d’association.

Les associations déclarées à la préfecture ou autre circonscription administrative bénéficient de


la personnalité morale.

Les associations reconnues d’utilité publique sont des associations déclarées qui ont demandé et
obtenu de l’Etat de Côte d’Ivoire, la reconnaissance d’utilité publique. Elles bénéficient de la
personnalité morale et ont une capacité juridique plus étendue que celle de l’association
simplement déclarée.

L’association non déclarée est privée de personnalité morale.

b- La différence entre l’association et la société


L’association se distingue de la société par une série de critères.

Le but : La société a un but lucratif ; l’association a un but non lucratif

Le nom des membres : Les membres d’une société sont appelés des associés ; les membres d’une
association sont appelés des sociétaires.

La déclaration du groupement. Une association est déclarée à la préfecture ou à la


circonscription administrative où se trouve son siège social. Une société est immatriculée au
registre du commerce et du crédit mobilier tenu au greffe du tribunal du lieu où se trouve son siège
social.
La classification des personnes morales 112
YAPO YAPI André Droit des personnes et de la famille

Le sort des biens lors de la dissolution du groupement. A la dissolution d’une société, les biens
sont partagés entre les associés ; alors qu’à la dissolution d’une association ses biens sont transférés
à une autre association poursuivant le même but.

2- Les syndicats professionnels


Les syndicats sont des groupements de personnes physiques, notamment des travailleurs ou des
employeurs, « ayant exclusivement pour objet l’étude et la défense des droits ainsi que des intérêts
matériels et moraux tant collectifs qu’individuels» de leurs membres (article 51.2 de la loi n°
2015-532 du 20 juillet 2015 portant code du travail).
Le syndicat professionnel jouit de la capacité civile ; il acquiert donc la personnalité morale et peut
ester en justice, à compter de la date de dépôt de ses statuts à la mairie ou à la circonscription
administrative du lieu où est établi son siège social (article 52.1 du code du travail).

Paragraphe 2- Les masses de biens : les fondations


La fondation est l’affectation faite à perpétuité, par la volonté d’une personne qui est le fondateur,
d’une masse de biens à une œuvre d’intérêt général. C’est l’affectation des biens à une œuvre
d’intérêt général qui justifie l’octroi de la personnalité morale à la fondation.

La classification des personnes morales 113


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Chapitre II- Le régime juridique des personnes morales

Comme les personnes physiques naissent, vivent et meurent, les personnes morales se créent,
fonctionnent et disparaissent.

Section 1- La constitution de la personne morale


La constitution d’une personne morale est subordonnée à un certain nombre de formalités.
A l’origine de la naissance de la personne morale, il y a d’abord une manifestation de volontés
individuelles, volontés de personnes physiques qui décident de se regrouper. Cette manifestation
de volontés se matérialise par un contrat (les statuts de la société ou de l’association) ou une
souscription ou une déclaration unilatérale accompagnée de formalités. Il peut s’agir d’une
simple déclaration, d’un dépôt de statuts ou d’un enregistrement.

Ensuite, il y a une intervention de l’Etat se traduisant par un agrément, une approbation, une
autorisation administrative ou une reconnaissance d’utilité publique.

Enfin il y a des mesures de publicité, surtout pour les sociétés commerciales qui n’obtiennent
la personnalité morale qu’à la suite de leur immatriculation au registre du commerce et du
crédit mobilier. Il en va de même des associations qui bénéficient de la personnalité morale une
fois déclarées à la préfecture ou autre circonscription administrative.

Section 2- Le fonctionnement de la personne morale


Le statut de la personne morale est calqué par les juristes sur celui de la personne physique. Ainsi
le droit lui reconnaît la capacité juridique, mais aussi des critères d’identification analogues à
ceux de la personne physique.

Paragraphe 1er- L’individualisation de la personne morale


Le Droit reconnaît à la personne morale les attributs de la personne physique ; ainsi, comme la
personne physique, la personne morale a :
- une dénomination sociale ; c’est le nom de la personne morale ;
- un siège social ; c’est le domicile de la personne morale ;
- une nationalité qui permet de savoir la loi qui lui est applicable ; cette nationalité est
déterminée par le lieu où est fixé le siège social de la personne morale.

Le régime juridique des personnes morales 114


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- Un patrimoine constitué par l’ensemble des biens apportés par les personnes physiques,
membres du groupement, et dont la personne morale est propriétaire. Ce patrimoine est
distinct de celui des membres de la personne morale.
- La capacité juridique qui permet à la personne morale, comme le fait la personne physique,
d’accomplir quotidiennement des actes juridiques.

Paragraphe 2- La capacité juridique de la personne morale


La capacité juridique permet à la personne morale d’accomplir des actes juridiques, comme le
font les personnes physiques. Ainsi la personne morale peut contracter : par exemple, elle peut
louer un local pour abriter son siège social ou pour accomplir son activité de production ou de
distribution de richesses.
Elle peut conclure un contrat pour engager des travailleurs à travailler pour son compte. Elle peut
acheter du matériel d’exploitation, des matières premières et vendre en retour des produits finis,
des marchandises.
La capacité juridique permet à la personne morale de défendre ses intérêts devant les tribunaux
: elle peut intenter une action en justice et, à l’inverse, être poursuivie en justice.
Pour l’exercice de ses droits, la personne morale ne peut qu’avoir recours à une personne
physique qui agit en son nom et pour son compte, en qualité de membre de l’organe représentatif
(Président, Directeur, Administrateur, gérant …etc.).

Section 3- La disparition de la personne morale


La personne morale peut cesser d’exister de différentes manières. Elle peut disparaître :
- à l’expiration du temps pour lequel elle a été constituée ;
- par la réalisation ou l’extinction de l’objet social, par la mort, la faillite ou l’incapacité
d’un associé ;
- par la liquidation des biens de la personne morale ;
- par la volonté de ses membres (associés ou sociétaires) ;
- par la volonté du gouvernement si la personne morale est constituée sur la base d’une
autorisation administrative qui lui a été retirée, ou encore si elle commet des actescontraires
à l’ordre public et aux bonnes mœurs ;
- par décision judiciaire si son fonctionnement normal n’est plus possible ou s’il est devenu
irrégulier.
La personne morale subsiste pendant la période de liquidation de son patrimoine. Lorsque les
biens de la personne morale viennent à être liquidés, le produit de la liquidation sert à payer
d’abord ses créanciers, et le reliquat est partagé entre les associés s’il s’agit d’une société. Les
biens de la personne morale dissoute sont dévolus à un groupement poursuivant un but

Le régime juridique des personnes morales 115


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similaire s’il s’agit d’un groupement à but désintéressé (exemple une association). Ses biens
sont restitués au fondateur ou à ses héritiers s’il s’agit d’une fondation.

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