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ASSOCIATION NEB-LA-NAAM

DE KOUILLA (A.N.T.B)
Tél. : +226 76 08 09 45
+226 61 29 26 77

La technique de fauche et de
conservation du fourrage naturel :
une pratique innovante pour
l’autonomisation des agropasteur.e.s,
l’amélioration de leur productivité
et la prévention des conflits
Cette production a été facilité par le ROPPA à travers son approche de
co-développement des productions de capitalisation. Il est construit
sur les besoins et l’utilité définis par les porteurs eux-mêmes. Ce
travail a été financé par un groupe de projets/programmes avec des
bailleurs sensibles à la problématique.

Organisations
Paysannes en
Afrique, Caraïbes
et Pacifiques
(OPenACP)

Projet d’Appui à
la Résilience des
Femmes en Afrique
de l’Ouest (PARFAO)

Facilitation Technique
- Ousseini Ouédraogo, Secrétaire Exécutif, ROPPA
- Sessi Akoha, Responsable Suivi Évaluation, ROPPA
- Mahamadou Ouédraogo, Chargé de programme, ROPPA
- Fatimata Koné, Chargée de Communication, ROPPA
- Paulin Amouan, Chargé de Programme, ROPPA
- Dramane Traoré, Chargé de Suivi Évaluation, CPF
- Garance Kafando, Assistante Technique, 3 Frontières
- Nadine Konseiga, Conseillère Communication, SNV
- Karim Ouédraogo, Personne Ressource
- Zakaria Kaboré, Personne Ressource, Innoprox Management
1.
MOT DU PRÉSIDENT
DE L’ASSOCIATION

Les membres de notre association (Association


Neb La Naam de Kouila) sont des agropasteurs.es
qui vivent dans le village de Kouila (commune
rurale de Dapélogo, province d’Oubritenga,
région du Plateau Central du Burkina Faso).
Nos activités principales sont l’agriculture et
l’élevage que nous intégrons pour subvenir
aux besoins de nos familles et contribuer
au développement local. Notre première
ressource, source de notre productivité, c’est
la ressource naturelle. Mais aujourd’hui, dans un contexte prononcé
de dégradation des ressources naturelles (végétaux, sols, eaux), nos
activités de production prennent un coup : baisse de productivité
et accentuation de la pénibilité du travail. Nous sommes, de fait,
amenés à travailler plus dur afin de nous adapter et nous réadapter
en permanence dans le dessein d’améliorer nos conditions de vie et
de devenir.
Dans la conduite de nos activités d’élevage par exemple, nous
rencontrons des difficultés majeures telles que les maladies des
animaux (clavelée, maux de tête, fièvre aphteuse...), le vol du bétail,
l’insuffisance du pâturage pour les animaux et des cas de conflits
entre agriculteurs et éleveurs. Cette situation influe négativement sur
nos activités et nos revenus : des animaux mal nourris ou malades
sont, par exemple, difficilement commercialisables et très faiblement
productifs dans les travaux champêtres de labour.
Dans la recherche de solution à l’insuffisance du pâturage, l’association
qui était sous la tutelle de l’Association Zoramb-Naag-taaba de Guiè
(commune de Dapélogo), a mise au point une technique innovante
de fauche et de conservation du fourrage naturel avec l’appui de notre
partenaire Diobass Écologie et Société du Burkina Faso. Cette initiative

3
nous aide beaucoup à développer notre élevage, car elle nous permet
de disposer d’un fourrage de qualité pour nos animaux, d’en vendre
le surplus et de réduire les conflits qui naissent autour du pâturage
et dans la divagation des animaux. Plusieurs agropasteur.e.s qui ont
connu notre initiative nous sollicitent à partager avec eux et nous le
faisons par la formation par les pairs.
Dans une perspective de mieux vulgariser notre initiative, nous avons
trouvé nécessaire de la capitaliser.
Notre ambition est de pour pouvoir disposer d’un produit de
capitalisation qui va documenter en bonne et due forme notre savoir
et notre savoir-faire pour de la visibilité et de la réplicabilité auprès
d’autres acteurs (OP, agents techniques, autorités locales...). L’exercice
de capitalisation, sous la conduite du ROPPA, nous permet en effet
de partager notre expérience avec nos pairs et de recevoir en retour
leurs connaissances et expériences respectives.
Notre présent produit de capitalisation se veut un document qui
permette, in fine, de :
- Mettre à la disposition des utilisateurs surtout ruraux et périurbains
les techniques de valorisation des herbacées qui sont appétées
par les animaux ;
- Encourager les producteurs.trices (agriculteur.trice.s et éleveur.
euse.s) à préserver les zones de fourrages naturelles et améliorer
les revenus des ménages ruraux ;
- Créer de l’emploi pour les jeunes et les femmes à travers la
production et la commercialisation du fourrage naturel ;
- Contribuer à la diversité biologique et la préservation des espèces
herbacées fauchées ;
- Contribuer à réduire les conflits entre agriculteur.trice.s et éleveur.
euse.s.
Ce document est le fruit d’un travail de longue haleine qui a mobilisé
divers acteurs à toutes les étapes du processus. C’est l’occasion,
ici, au nom de notre association, de leur traduire nos profonds
remerciements. Notre devoir de gratitude va à l’endroit du ROPPA,
de Diobass Ecologie et Société, de l’Association Zoramb-Naag-
taaba, l’Association Namalgbzanga, des autorités locales (CVD et
coutumiers de Kouila) qui nous ont apporté leurs soutiens multiformes.
Nous restons convaincus qu’ensemble nous parviendrons à une large
mise à l’échelle de l’initiative pour le bonheur des organisations
paysannes et des producteurs agricoles.

MKIEMTORE Garibou
Président de ANTB

4
2.
PRÉSENTATION DE L’ORGANISATION
L’association Neb La Naam est un démembrement de l’Association
Zoramb-Naag-taaba (AZN) de Guiè qui existe depuis 1989. C’est
sous la tutelle de cette association que le Groupe de recherche-action
a été mis en place en 2006. En 2008, le groupe s’est détaché de
AZN pour former un groupement villageois appelé « Tégawendé de
Kouila ». Ce groupement a muté pour devenir l’Association Neb La
Naam de Kouila en 2017 sous la Loi 064 (loi OHADA) pour obtenir
son récépissé en 2018 avec la référence Récépissé N° 23018_044/
MATD/RPCL/POTG/HC-ZNR/SG/SAGJ.
Les objectifs de l’association sont :
- développer la concertation permanente entre les différents.es
acteurs.trices ;
- défendre les intérêts membres associés et de personnes physiques
et morales partenaires.
Les domaines d’intervention de l’association sont :
- l’élevage ;
- l’environnement.
L’association couvre les communes de Dapèlogo, Ourgou-Manega,
Loumbila (province d’Oubritenga) et Toéghin (province du Kourwéogo).
L’association a un bureau de 04 personnes (dont 01 femme) et une
assemblée générale de tous les membres. Elle a un effectif de 70
membres (dont 40 femmes).
Les partenaires de l’association et leurs domaines de collaborations
sont les suivants :
- Diobass Écologie et Société à Ouagadougou : recherche action-
paysanne et renforcement des capacités ;
- Association PAFASPA à Ziniaré : élevage et renforcement des
capacités des femmes ;
- INERA : renforcement des capacités et recherche de marché.

5
3.
PRÉSENTATION DE L’INITIATIVE

3.1. L’origine de l’initiative


L’agriculture et l’élevage sont pratiqués par près de 80% des
populations rurales du Burkina Faso. L'élevage spécifiquement
constitue un secteur clé de l'économie burkinabè. Sa contribution à
l'économie et au développement du Burkina Faso est estimée à 18%
du PIB et à 26% des exportations en valeur1.
Cependant, la dégradation des ressources végétales avec la pression
démographique et celle des animaux sur ces ressources a conduit à
une insuffisance d’alimentation du bétail. Dans la région du Plateau
central, comme un peu partout ailleurs, l’on assiste à la diminution des
espaces de pâturage accentuée par la pression foncière et la baisse de
la pluviométrie. Cela entraine une cherté de l’aliment pour le bétail et
des difficultés liées à l’engraissement des animaux. Tout cela a pour
conséquences la réduction de la valeur bouchère et marchande des
animaux. Il y a également la tendance à la divagation des animaux,
source de conflits récurrents entre les agropasteurs d’une part et entre
les agriculteurs et les éleveurs d’une part.
Face à cette situation, notre association, accompagnée par l’ONG
Diobass Écologie et Société, s’est engagée à trouver des solutions
pérennes à travers la recherche-action paysanne. C’est ainsi qu’un
groupe de recherche action de 15 personnes mis en place en 2006
a travaillé à mettre au point une technique innovante de fauche et de
conservation du fourrage naturel, qui va révolutionner les habitudes
des agropasteurs de la localité.
Face à cette situation, notre association, accompagnée par l’ONG
Diobass Écologie et Société, s’est engagée à trouver des solutions
pérennes à travers la recherche-action paysanne. C’est ainsi qu’un
1 https://www.uncdf.org/fr/article/6712/digitaliser-la-filiere-elevage-pour-les-
femmes-et-les-jeunes-au-burkina-faso, Site consulté le jeudi 30 juin 2022 à
22h22

6
groupe de recherche action de 15 personnes mis en place en 2006
a travaillé à mettre au point une technique innovante de fauche et de
conservation du fourrage naturel, qui va révolutionner les habitudes
des agropasteurs de la localité.

3.2. Ce que nous pouvons dire du commencement et de


l’évolution de notre initiative
La technique innovante de la fauche et conservation du fourrage
naturel, initiée par l’association Neeb La Naam de Kouila, est
une technique qui permet de disposer du fourrage de qualité pour
l’accroissement de l’élevage et de contribuer à réduire les conflits
surtout entre agropasteurs. Cette initiative a été développée par un
groupe de recherche-action de 15 personnes (dont 05 femmes) que
l’OP a mis en place avec l’appui technique et financier de l’ONG
Diobass Écologie et Société.
La réalisation de cette technique suit sur quatre (04) principales
étapes :

PHASE 2 :
Détermination
de la période
PHASE 1 : de fauche et
Identification 2 préparation
des lieux de du matériel
(outils)
fauche 1

3
PHASE 3 :
PHASE 4 : 4 Fauche
Conditionnement et séchage
et conservation du fourrage
du fourrage

7
PHASE 1 : Identification des lieux de fauche
Avant d’aller identifier les lieux, les producteurs.trices des
localités ciblées sont informés que l’Association mènera
des activités de fauche du fourrage (herbes) avec une
précision de l’endroit et de la période. Durant le mois
d’août, période de végétation intense des herbacées, des
jeunes de l’Association vont identifier les endroits où les
espèces d’herbes choisies ont bien poussé et qui sont
accessibles. Ces jeunes débarrassent ces endroits choisis
des branches mortes qui peuvent déranger le travail de
fauche.
Les endroits choisis sont des espaces en jachère où les
espèces fauchées poussent bien et qui sont surveillés
pour que des herbicides ne soient pas utilisés sur ces
superficies.

PHASE 2 : Détermination de la période de


fauche et préparation du matériel (outils)
Durant le mois d’octobre de chaque année, période
d’approche de la fauche, l’Association convoque une
réunion de trente (30) membres (hommes et femmes)
qui maitrisent la technique de fauche pour déterminer de
façon consensuelle les dates favorables pour la fauche.
Ces dates sont déterminées en fonction de la durée de
la saison pluvieuse, quand les pluies deviennent rares.
Généralement les périodes de fauche se situent entre
novembre et décembre.
À partir de cette étape, est apprêté le matériel nécessaire
tel que les faucilles, les coupe-coupe, les bottes, gants,
botteleuses, ficèles, charrettes, etc.

PHASE 3 : Fauche et séchage du fourrage


La fauche est réalisée dans les mois de novembre et
décembre. La fauche se déroule généralement entre
08h30 et 15h30, car en ce moment le soleil a fait
descendre les insectes et autres parasites qui pouvaient
se fixer sur les feuilles.

8
La fauche de l’herbe est réalisée à environ 15 à 20 cm
du sol et l’herbe fauchée est immédiatement séchée au
soleil. Il faut éviter de faucher les herbes déjà en floraison
car elles sont pauvres en éléments nutritifs. On doit éviter
d’étaler l’herbe sur les endroits sableux, car le sable collé
à l’herbe empêche les animaux de bien la mâcher. En
cas de pluie, l’herbe séchée est couverte par des bâches.
Un suivi et retournement quotidien de l’herbe séchée est
effectué, jusqu’à ce que l’herbe soit bien sèche au bout
de quatre (04) jours.
Pour le compte de l’Association, les trente (30) membres
réalisent la fauche en 4 ou 5 séances de travail.
Parallèlement les membres de l’association réalisent
chacun (homme et femme) sa propre provision pour les
besoins de son bétail (surtout pour l’embouche bovine,
ovine et caprine).
Les espèces herbacées fauchées sont principalement :
Rottboelia exaltata ou kimoogo en mooré, Alysicarpus
ovalifolius ou Remsa en Mooré et « Yandé-panraga » en
mooré.

PHASE 4 : Conditionnement et conservation


du fourrage
Lorsque l’herbe est séchée, les 30 membres de
l’Association procèdent au conditionnent immédiat à
l’aide de botteleuses et de ficelles. Par jour, les membres
de l’association réalisent 80 à 100 bottes de fourrage
(chaque botte pèse environ 15kg). Au total, l’association
effectue la fauche et le conditionnement d’au moins 500
bottes de fourrage par an.
Mais avant le conditionnement, un support en bois est
construit d’environ 25m2 (5mx5m) à hauteur de 40 cm
du sol pour servir de lieu de stockage du fourrage. Le
support (bois + pierres) est traité à l’eau salée pour éviter
que les termites ne l’attaquent. Sur le support on peut
stocker 100 bottes de fourrage et les couvrir d’une bâche.

9
Le fourrage peut être stocké pendant une
année entière. Le stock de l’association est
vendu entre 500 FCFA et 700 FCFA la botte
afin d’approvisionner la caisse.
L’initiative mise au point et décrite ci-
dessus aide ainsi à :
• Augmenter nos stocks de fourrage et
ainsi à améliorer la valeur bouchère
et marchande de nos animaux,
surtout embouchés et aussi soutenir
l’agriculture (animaux de trait et
apport du fumier),
• Réduire la divagation des animaux et
la perte/vol des animaux,
• Réduire les conflits entre agropasteurs
d’une part et entre agriculteurs et
éleveurs d’autre part.
L’initiative a montré ses preuves par son adoption par les
membres de notre association et par d’autres agropasteurs
et éleveurs des villages voisins de Kouila et dans certaines
localités (Koudougou, Bobo, Kongoussi, Tèma-Bokin,
Tibga, Diabo) du Burkina.

En termes de propriété,
Quinze (15) personnes (dont 05 femmes) qui étaient à
l’origine de la création du groupe de recherche-action,
sont les propriétaires de l’innovation. Ce sont ces
personnes qui sont à la base et maitrisent l’initiative et
peuvent dispenser des formations. Les fonds collectés par
la vente du fourrage de l’association et par les recettes
des formations dispensées par l’association, sont mis à la
caisse de l’association. Pour une formation de trois (03)
jours, l’association est payée à 30 000 FCFA. Les bottes
de fourrage sont vendues entre 500 et 700 FCFA l’unité
selon la période et l’association peut vendre 400 bottes

10
par an. Ces fonds servent à payer des frais de formation
et de déplacements au profit des membres en cas de
besoin. Ces ressources sont également utilisées pour
certains évènements sociaux qui touchent les membres
de l’association.
L’OP a tissé des relations avec certaines organisations
membres de Diobass pour pouvoir diffuser son expérience
par la formation et la vente du fourrage. Il s’agit entre
autres de l’association Taaba Yinga de Dapelogo et la
Coopérative Wend Woaga de Tanghin Kossodo/ Zitenga
(province d’Oubritenga), l’association Wend Raab de
Toéghin et l’association Relwendé de Zipelin (province du
Kourwéogo) et l’Association Kombi Naam de Gompobsom
(province du Passoré). En plus de ces organisations, des
producteurs individuels viennent s’enrichir de l’expérience
de l’OP. Également, des producteurs (10 à 15 bottes),
des fermiers et des structures (75 à 100 bottes) viennent
acheter le fourrage conservé chez l’OP pendant la saison
sèche. On peut citer l’INERA de Ouaga, la Direction
Provinciale de l’élevage de Bobo, une association
d’éleveuses de Yagma et les producteurs des villages
environnants.
Nous collaborons aussi avec les comités villageois de
développement (CVD), les chefs de village et notables
afin de renforcer la cohésion sociale entre les membres
et la communauté dans la collecte de la matière première
(herbes). En retour le groupe a formé des membres
de la communauté sans frais pour la production et la
conservation du fourrage naturel et les techniques
d’ensilage.
Les espèces valorisées par la fauche et conservation du
fourrage nature par l’Association ANTB : Alysicarpus
ovalifolius (image 1), Zornia glochidiata (image 2),
Rottboelia exaltata (Image 3), Brachiaria lata (Image
4), Cenchrus biflorus (Image 5) et Andropogon gayanus
(Image 6).

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Image 1 : Alysicarpus ovalifolius Image 2 : Zornia glochidiata
(sur sol sableux) et glumaceus (Dengeere en Fulfuldé ; Natunkuli
(dans les bas-fonds) (Sinkaare, ou Yam dibli en Mooré)
Bundiya ou Gadagi en Fulfuldé ;
Rabgo ou Remsa en Mooré

Image 3 : Rottboelia exaltata ou Image 4 : Brachiaria lata


kimoogo en mooré (Digbenmoalaro, Paguuri),

Image 5 : Cenchrus biflorus ou Image 6 : Andropogon gayanus :


Cram : Kebbe en Fulfuldé Rannyere en Fulfuldé ; Mokaanga,
Mopoko ou Pito en Mooré

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13
4.
LES CHANGEMENTS
La mise en œuvre de notre initiative a induit des changements notables
parmi lesquels :

• Une amélioration de la visibilité de l’OP dans la zone


A travers les formations dispensées aux autres acteurs et la vente
du fourrage, l’OP est désormais mieux connue dans la province
(communes de Dapélogo, Ourgou-Manega, Toéghin, Zitenga) et
à l’intérieur du pays par d’autres OP et des services techniques
déconcentrés.

• Une disponibilité permanente d’aliments (fourrage) pour les


animaux pour une meilleure embouche
L’ensemble des membres de l’association arrivent à faucher et
conserver du fourrage pour leurs animaux durant la saison sèche.
Cela permet de vendre les animaux embouchés à des meilleurs
prix (à l’intérieur du village : les moutons entre 85 000 et 90 000
FCFA, les bœufs entre 350 000 et 450 000 FCFA).
En plus de cela, les animaux (bœufs et ânes) de traie sont désormais
bien nourris et donc plus aptes à labourer les champs.
Ajouté à cela, la stabulation des animaux pour l’embouche permet
de disposer de quantités importantes de fumier pour amender les
champs. En moyenne, chaque membre de l’OP peut collecter 30
charretées de fumier par an.

• Une réduction de la divagation et des cas de perte/ vol d’animaux


La disponibilité permanente de l’aliment pour bétail encourage
les producteurs à la stabulation et à l’embouche. Ce qui permet
de limiter la divagation des animaux et de réduit, par ricochet, les
cas de perte/vol. On a constaté que de 1/10 d’animaux volés ou
perdus en moyenne par an et par producteur, l’on est passé 1/25
de nos jours avec l’introduction de la pratique.

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• Une meilleure préservation de la diversité végétale
Les espèces fauchées et les espaces sont préservés contre les
feux de brousse et les produits chimiques (surtout herbicides).

• Une réduction des conflits entre agropasteur.e.s dans le village


Avec la réduction de la divagation des animaux, les dégâts sur les
champs sont limités, de même que les conflits entre agropasteurs.
On enregistre en effet de moins en moins des cas de conflits.

• Un changement de comportement/ habitudes des agropasteurs


Dans le village de Kouila et les villages environnants, beaucoup
d’agropasteur.e.s (hommes comme femmes) ont intégré cette
technique dans leurs pratiques. À Kouila, pratiquement tous les
ménages pratiquent la technique aujourd’hui et profitent de ses
nombreux avantages.

Des moutons mis en enclos et nourris au fourrage fauché

15
5.
LES ENSEIGNEMENTS A RETENIR
Plusieurs enseignements peuvent être tirés de la mise en œuvre de
cette initiative.

5.1. Les facteurs de réussite


Les résultats positifs de l’initiative sont la résultante de plusieurs
facteurs parmi lesquels :
• Le recours à la recherche-action paysanne : l’association a été
accompagnée pendant 03 années par Diobass pour tester les
solutions avant d’arriver à la mise au point de cet initiative comme
solution. Dans la démarche, les membres du groupe de recherche
ont été des bénévoles durant la durée de la recherche. De plus,
l’association a bénéficié d’un atelier formation sur les gestions
des conflits entre agriculteurs et éleveurs, et elle a utilisé ces
acquis pour sensibiliser les populations du village de Kouila et
des villages environnants pendant la recherche sur l’initiative ;
• Les tests et présentations de l’initiative lors des foires et
expositions : les membres de l’association ont toujours présenté le
fruit de leur travail (différentes bottes de fourrage) pour présenter
et expliquer la technique de fauche. Il s’est agi également de
tester la réceptivité de ce produit sur le marché et recueillir des
avis constructifs ;
• La collaboration avec les autorités locales (CVD, chefs coutumiers
et agents techniques) : la collaboration avec ces acteurs a permis
d’avoir le soutien de ces derniers et leurs appuis diversifiés. Cela
a permis de susciter l’adhésion de tous au niveau du village ;
• La formation par les pairs : le partage de l’initiative avec les
autres producteurs par le biais de la formation a été une occasion
d’amélioration continuelle de la pratique et de diffusion de

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5.2. Les facteurs d’échec
Les obstacles à considérer dans la mise au point d’une telle initiative
peuvent être :
• Le manque d’entrepôts pour stocker le fourrage : il est important
d’avoir des espaces de stockage du fourrage. C’est, faute d’avoir
des entrepôts adéquats, que l’association a utilisé des moyens
de fortune tels que les supports en bois pour stocker le fourrage
et le couvrir avec des bâches face aux intempéries.
• L’utilisation des herbicides par les producteurs.trices : l’utilisation
des herbicides joue sur la qualité du fourrage et réduit les aires
de fauche. A cet effet, il faut toujours veiller à éviter de faucher
dans les endroits pollués par les herbicides.
• L’insuffisance de communication : la réussite d’une telle initiative
nécessite une information permanente et la mobilisation de
l’ensemble des acteurs afin d’éviter les mésententes et autres
conflits. C’est pourquoi, tout le processus doit intégrer information,
sensibilisation et formation pour un plus grand succès.

5.3. Les leçons à retenir


Les principales leçons tirées :
• A tout problème posé il y a toujours au moins une solution. La
recherche de la solution à un problème aboutit toujours à un
résultat ; cette initiative est en effet née du constat d’un problème
et la recherche de solutions a produit les résultats escomptés.
• La concertation et la collaboration avec d’autres acteurs permet
de décupler les capacités d’actions, d’imaginer des initiatives
locales et de répondre à des besoins identifiés.

17
5.4. Les Conditions de réplicabilité de l’expérience
Quelques éléments à prendre en compte dans une perspective de
réplicabilité de notre initiative :
• Planifier les différentes étapes et activités de l’expérience : tenir
compte des périodes/étapes de réalisation de l’expérience,
• Rendre disponible la matière première (espèces d’herbes
choisies),
• Collaborer et impliquer fortement les riverains et les propriétaires
terriens des espaces de fauche,
• Identifier à temps les espaces de fauche pour les surveiller et
les préparer,
• Maîtriser les aspects techniques et pratiques de la fauche,
• Disposer du matériel nécessaire pour exécuter le travail de fauche,
• Constituer une équipe (au moins 2 personnes) pour faciliter le
travail,
• Éviter les espaces pollués par les produits chimiques.

18
l’expérience. Cela a facilité son adoption.

5.1. Les facteurs de réussite : Quelles sont les facteurs qui expliquent les
résultats positifs ?
L’implication des autochtones dans le processus d’identification,
de négociation et de validation des pistes a permis l’adhésion
des populations. L’approche d’implication a consisté à mettre les
populations en avant dans la gestion des ressources naturelles de
leurs terroirs. Ainsi, il s’agissait de les amener à :
- Faire le choix des pistes et mener les négociations par elles-
mêmes ;
- Faire la veille sur le respect des engagements collectifs signés ;
- S’impliquer dans la prévention et la résolution des conflits à
travers les comités.
Avant le démarrage de l’initiative, les échanges avec les populations
nous ont fait comprendre qu’ils étaient mis à l’écart dans la gestion
des ressources naturelles. C’est pourquoi l’association, a adopté une
approche mettant les communautés au centre de la mise en œuvre
de l’initiative.
L’un des faits que l’association n’avait pas anticipés est l’adhésion des
autorités administratives et politiques locales (Maire, Sous-Préfet et
Préfet). Cela a été très utile dans la prise en compte des préoccupations
des transhumants dans les politiques de développement local.

5.2. Facteurs d’échec ou obstacles à lever


Les facteurs d’échec ou risques d’échec pourraient être autres :
- Le problème des textes règlementaires tant au niveau
national que local.
- La non prise en compte des préoccupations des éleveurs
transhumants et l’impact économique de leurs activités
dans les PDESC des communes.
- Le non-respect des conventions entre les acteurs et le
manque de suivi des services techniques de l’Etat.

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