Modification de Horatius Coclès

{{voir homonymes|Horatius}}
{{Infobox Biographie2
 | image             = Horatius Cocles.jpg
 | légende           = Horatius Coclès, par [[Hendrik Goltzius]]
}}

'''Horatius Coclès''' (en [[latin]] ''{{Langue|la|Publius Horatius Cocles}}'')'', dit aussi'' « '''Horace le Borgne''' »<ref>{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Maurice Lachâtre|lien auteur1=Maurice Lachâtre|titre=Nouveau dictionnaire universel|tome=I|lieu=Paris|année=1869|passage=991|lire en ligne=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6143581n/f300.image|extrait=Horace le Borgne défendit seul contre les Étrusques l’entrée du pont Sublicius […]}}</ref>, et parfois « '''Horace Coclite''' »<ref>{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=A. Campani|titre=Guide du visiteur au Musée royal national dans l'ancien palais du podestat de Florence|lieu=Florence|éditeur=Frères Bencini|année=1884|passage=93|lire en ligne=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6275237w/f107.item|extrait=[…] la représentation d’Horace Coclite sur le Sublice […]}}</ref>, est un [[culte héroïque romain|héros]] légendaire [[Rome antique|romain]] ({{Date|-507}}). Il est célèbre pour avoir défendu face aux [[Étrusque]]s l'ancien pont donnant accès à [[Rome]]. Mis à part cet exploit rapporté par les historiens antiques, on ignore presque tout de la vie du personnage.

== Biographie selon la légende ==
Coclès signifie en latin « le borgne ». Selon la légende,{{laquelle}} la lance d'un Étrusque lui aurait fait perdre l'usage de son œil gauche. D'après [[Denys d'Halicarnasse]], il est le neveu du [[Consul (Rome antique)|consul]] [[Marcus Horatius Pulvillus]]<ref name="DH,5,23">{{RefRA|DH|V|23||5B}}</ref>. Il apparaît dans la tradition romaine lors de la guerre qui opposa le roi [[Porsenna|Lars Porsenna]], un étrusque ami de [[Tarquin le Superbe]] qui va l'aider à remonter sur le [[monarchie romaine|trône de Rome]], à la [[République romaine|République]] naissante.

En {{Date|-507}}, les Étrusques du roi [[Porsenna]] prennent d'assaut le [[Janicule]] et menacent directement Rome. Le [[Consul (Rome antique)|consul]] [[Publius Valerius Publicola (consul en -509)|Valerius Publicola]] sort avec l'armée au secours des 700 [[colonie romaine|colons]] du [[Janicule]], et doit faire face à l'armée étrusque plus nombreuse<ref>{{RefRA|DH|V|22||5B}}</ref>. Après que les deux [[Consul (Rome antique)|consul]]s ont été blessés, les [[République romaine|Romains]] prennent la fuite et se réfugient dans la Ville, et l'ennemi manque de faire de même, si trois hommes n'étaient pas restés en arrière pour défendre le seul accès à Rome : le [[Pont Sublicius]], construit en bois pour être détruit en cas d'attaque. Ils barricadent le passage. Parmi ces trois hommes, Horatius Coclès, ainsi que les deux futurs [[Consul (Rome antique)|consul]]s [[Spurius Larcius Flavius]] et [[Titus Herminius Aquilinus]], qui se retirent bientôt<ref name="DH,5,23"/>{{,}}<ref name="TL,2,10">{{RefRA|TL|II|10}}</ref>{{,}}<ref name="AV">{{RefRA|AV|11|Horatius Coclès}}</ref>{{,}}<ref name="Plut,16">{{RefRA|Plu|Publicola|16}}</ref>.

Ensuite, Horatius Coclès est seul, contre l'armée ennemie, à défendre le [[pont Sublicius]] donnant accès à la ville de Rome, en attendant que ses concitoyens s'affairent à saboter le pont. Il résiste longtemps et lorsqu'il se voit sur le point d'être submergé par les ennemis, il s’écrie : {{citation|Père [[Tibre]], je te supplie respectueusement de recevoir ces armes et ces soldats dans un flot bienveillant}}. Puis, il demande qu'on coupe le pont derrière lui et, ainsi tout armé, il plonge dans le [[Tibre]]. Malgré la grêle de traits qui s'abat sur lui, il rejoint les siens à la nage, sans dommage, après avoir accompli un exploit qui devait demeurer pour la postérité plus fameux que digne de foi<ref name="TL,2,10"/>{{,}}<ref name="AV"/>{{,}}<ref name="Plut,16"/>{{,}}<ref>{{RefRA|DH|V|24||5B}}</ref>.

L'État récompense un tel acte de bravoure : il a sa statue au ''[[Comitium]]'' ; on lui donne tout le terrain dont il peut faire le tour en 24 heures avec une charrue. Les particuliers lui manifestent leur reconnaissance et s'associent aux honneurs officiels : malgré la disette, chacun se prive un peu et tire de ses provisions de quoi lui apporter quelque chose, argent, victuailles<ref name="TL,2,10"/>{{,}}<ref name="AV"/>{{,}}<ref name="Plut,16"/>{{,}}<ref name="DH,5,25">{{RefRA|DH|V|25||5B}}</ref>...

D'après [[Denys d'Halicarnasse]], une des blessures reçues lors de la défense du [[pont Sublicius]] le rend boiteux, et c'est la raison pour laquelle, malgré sa très grande bravoure, il n'a jamais occupé une quelconque charge militaire, et encore moins le [[Consul (Rome antique)|consul]]at<ref name="DH,5,25"/>.

Selon la légende romaine, l'acte d'héroïsme d'Horatius Coclès, suivi de ceux de [[Caius Mucius Scævola]] et de [[Clélie]], impressionnent si vivement [[Porsenna]] que, renonçant à son projet d'envahir Rome, le roi étrusque propose la paix<ref>{{RefRA|TL|II|11|14}}</ref>{{,}}<ref>{{RefRA|AV|12|Mucius Scævola}}</ref>{{,}}<ref>{{RefRA|AV|13|Clélie}}</ref>{{,}}<ref>{{RefRA|Plu|Publicola|17|19}}</ref>{{,}}<ref>{{RefRA|DH|V|26|35|5B}}</ref>.

== Interprétations et mythologie comparée ==
[[Image:Le Brun, Charles - Horatius Cocles defending the Bridge - Google Art Project.jpg|vignette|Horatius défendant le pont Sublicius, peinture à l'huile de [[Charles Le Brun]], c.1642/43 - [[Dulwich Picture Gallery]], près de Londres]]
La légende des héros romains Horatius Coclès et [[Caius Mucius Scævola]] a été rapprochée par [[Georges Dumézil]] de celle des dieux scandinaves [[Odin]] (borgne) et du dieu manchot [[Týr]]. Il en avait fait l'exemple de l'association entre deux aspects de la fonction souveraine, un dieu garant du droit (Týr, Mitra, Mucius Scævola) et un dieu « magicien » (Odin, Varuna, Horatius Coclès). Dans cette optique, la mutilation des héros romains comme celle des dieux scandinaves est avant tout symbolique.

Georges Dumézil considère qu'il s'agit d'un mythe originel [[Indo-Européens|indo-européen]] présentant un couple divin borgne et manchot qui se sont auto-mutilés indépendamment ; dans le mythe romain ces personnages auraient été artificiellement rapprochés, et humanisés<ref>{{harvsp|Dumézil|1995|p=451-456}}.</ref>{{,}}<ref>{{harvsp|Dumézil|1995|p=1343-1346}}.</ref>.

La présence de la statue d'Horatius Coclès au [[Volcanal]], plus ancien lieu de culte de Rome dédié à [[Vulcain (mythologie)|Vulcain]], où elle aurait été frappée par la foudre, a suggéré que le héros borgne serait un double humain, probablement un fils, de Vulcain. Selon [[Jean Haudry]], cette hypothèse est confirmée à la fois par la fonction de Coclès, qui est celle d'un gardien, et par l'existence de deux fils de Vulcain dont le nom peut signifier « borgne », bien qu'ils ne le soient pas en réalité : [[Caeculus]] et [[Cacus|Cācus]]. Le trait physique de Coclès est caractéristique d'un « Feu gardien » dont la vigilance est la vertu première. Elle reflète un cas typique de « mutilation qualifiante »<ref name="Haudry2013">[[Jean Haudry]], [https://www.academia.edu/40734234/Jean_Haudry_Les_feux_de_Rome Les feux de Rome], ''Revue des études latines'' 90, 2013, p.57-82</ref>.

== Postérité ==
=== L'« Horatius Coclès » français ===
Le 19 janvier 1797, le [[Thomas Alexandre Dumas|général Alexandre Dumas]] s'illustre au pont de [[Chiusa|Klausen]], sur l'[[Adige]], sur la route de [[Bressanone|Brixen]], dans la campagne du [[Sud-Tyrol|Tyrol]] menée par [[Napoléon Bonaparte]]. Il est cité à l'ordre du jour, le 21 mars 1797, par le [[Barthélemy Catherine Joubert|général Joubert]] qui demande au directoire un sabre d'honneur. C'est Bonaparte qui l'aurait désigné comme l’''Horatius Coclès du Tyrol''<ref>Bernard Gainot dans ''Les Officiers de couleur dans les armées de la République et de l'Empire (1792-1815) : De l'esclavage à la condition militaire dans les Antilles françaises'', éditeur : Karthala, {{1er}} octobre 2007, p.145</ref>.

« Le général Dumas s'étant mis à la tête de la cavalerie (le {{5e}} régiment de dragons), traversa le pont, chargea quelques escadrons ennemis, tua de sa main le commandant... , accula l'infanterie dans les vignes, et continuant de poursuivre la cavalerie à bride abattue, avec une centaine d'hommes seulement, il nous chargea de ramasser tout ce qu'il laissait d'Autrichiens derrière lui. Nous prîmes {{nombre|1900}} hommes »<ref>Ordre du jour du général Joubert le 21 mars 1797, cité par Bernard Gainot (Petit Journal illustré)</ref>.

Dans ''Mes Mémoires'', [[Alexandre Dumas]], retient l'anecdote :

{{Citation bloc| Voyons comment mon père raconte cette brillante affaire, qui lui valut le titre d'Horatius Coclès du Tyrol ; nous verrons ensuite comment la raconte Dermoncourt, son aide de camp.|tome 1, éd. Claude Schopp, Paris, Robert Laffont, "Bouquins", 1989, p. 75, p. 79, etc.}}

=== Musique ===
[[Étienne Nicolas Méhul]] (1763-1817) compose l'opéra en un acte, ''[[Horatius Coclès (opéra)|Horatius Coclès]]'', sur un livret par [[Antoine Vincent Arnault]] (1766-1834). La première représentation a lieu à l'[[Opéra de Paris]] le 18 février 1794.

=== Littérature ===
Son exploit est repris au {{s|XVIII}} dans le manuel scolaire de latin ''[[De viris illustribus (Lhomond)|De viris illustribus]]'' de l'[[Charles François Lhomond|abbé Lhomond]].

Dans ses ''[[Mémoires d'Outre-tombe]]'' (LI, chap.5) parues en 1848, [[François-René de Chateaubriand]] évoque Horatius Coclès lorsqu'il narre l'une de ses frasques de jeunesse les plus mémorables accompagné de son camarade Gesril avec lequel il défend un pont entre [[Saint-Malo]] et [[Saint-Servan]] face à deux mousses. Mais contrairement à Horatius, il fut blessé à l'oreille.

=== Cinéma ===
Horatius est cité de nombreuses fois par Jack Harper dans le film ''[[Oblivion (film)|Oblivion]]''<ref>{{Lien web |auteur=Killywan |titre=Oblivion : en 2077 il n'y a plus d'alcool pour oublier |url=http://www.senscritique.com/film/Oblivion/critique/21529004|date=12 avril 2013 |site=www.senscritique.com |consulté le=22 mai 2015}}</ref>, après avoir trouvé un livre (''Lays of Ancient Rome'' de [[Thomas Babington Macaulay]]) sur Terre en parlant.

Dans le film ''[[Les Heures sombres]]'' (2017), le personnage [[Winston Churchill]], joué par [[Gary Oldman]], cite un passage concernant Horatius (également extrait de ''Lays of Ancient Rome)'' lors de la scène du métro londonien.

== Bibliographie ==
*{{Ouvrage|prénom1=Georges|nom1=Dumézil|lien auteur1=Georges Dumézil|titre=Mythe et Épopée I. II. III.|éditeur=[[Éditions Gallimard|Gallimard]]|année=1995|pages totales=1463|isbn=978-2-07-073656-0}}

== Notes et références ==
{{Références}}

== Voir aussi ==

=== Articles connexes ===
* {{AurVie}}
* {{DenAnt||-}}
* {{PluVie||-}}
* {{TitHis}}

=== Liens externes ===
{{Liens}}

{{Portail|Rome antique|Étrusques}}

[[Catégorie:Culte héroïque romain]]
[[Catégorie:Personnalité des origines de Rome]]