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« Affaire de Nancy » : différence entre les versions

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[[File:DesillesBarbier.jpg|thumb|upright=1.2|''Le Courage héroïque du jeune Désilles, le 31 août 1790, à l'affaire de Nancy'' [[Jean-Jacques Le Barbier|Le Barbier]] 1794]]
[[Fichier:DesillesBarbier.jpg|vignette|''Le Courage héroïque du jeune Désilles, le {{date|31 août 1790}}, à l'affaire de Nancy'', [[Jean-Jacques Le Barbier|Le Barbier]], {{date|1794}} ([[Musée de la Révolution française]], Vizille).]]
[[Fichier:Abraham Girardet, François Godefroy.- Heroïsme du jeune Desilles, Paris, 1791.png|vignette|''Héroïsme du jeune Desilles<!-- sic sans accent, voir la source -->'', [[Abraham Girardet|Girardet]] (dessinateur) et [[François Godefroy|Godefroy]] (graveur), {{date|1791}}<ref>{{lien web|url=https://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb402493866|titre=Heroïsme du jeune Desilles<!-- sic sans accent, voir la source --> (*) [Image fixe] : (*) André Joseph Marc Desilles né à St Malo le {{date|7 mars 1767}} : l'insubordination introduite dans la garnison de Nancy, faisait craindre la dissolution de la force publique par toute la France. {{M.|de}} Bouillé commandé pour rétablir la discipline, arriva devant cette ville le 31 aoust 1790... : [estampe] / peint par Girardet ; gravé par Godefroy...|site=catalogue.bnf.fr|éditeur=[[Bibliothèque nationale de France]]|série=Catalogue général}}.</ref>.]]
[[Fichier:Désilles Tod zu Nancy den 31 August 1790 P-FG-ES-00122.jpg|vignette|''Affaire de Nancy. Mort de Désille<!-- sic sans s, voir la source -->, le 31 aoust 1790'', [[Jean-Louis Prieur|Prieur]] (dessinateur) et [[Pierre-Gabriel Berthault|Berthault]] (graveur), {{date|1802}}<ref>{{lien web|url=https://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb40248671r|titre=Affaire de Nancy. Mort de Désille<!-- sic sans s, voir la source --> [Image fixe] : le 31 aoust 1790 : [estampe] / Prieur {{abrd|inv.|« invenit » (inventeur du motif)}} & {{abrd|del.|« delineavit » (dessinateur)}} ; Berthault {{abrd|sculp.|« sculpsit » (graveur)}}|site=catalogue.bnf.fr|éditeur=[[Bibliothèque nationale de France]]|série=Catalogue général}}.</ref>.]]


L’'''affaire de Nancy''' est une [[mutinerie]] de la garnison de la ville de [[Nancy]], qui eut lieu pendant la [[Révolution française]], du 5 au 31 août 1790.
L’'''affaire de Nancy''' est une [[mutinerie]] de la garnison de la ville de [[Nancy]], qui eut lieu pendant la [[Révolution française]], du {{date|5 août- 1790-}} au {{date|31 août 1790}}.
L'officier [[André Désilles]] y trouve la mort.


== Contexte==
== Contexte ==
Depuis {{date|1789}}, une insubordination plus ou moins larvée affecte l'ensemble de l'[[armée française]] : avancement et [[Solde (armée)|soldes]] sont bloqués, [[Royalisme|royalistes]] et [[Jacobinisme|jacobins]] s'affrontent parmi les officiers.
Depuis 1789 une insubordination plus ou moins larvée affecte l'ensemble de l'armée française : avancement et soldes sont bloqués, royalistes et jacobins s'affrontent parmi les officiers. À partir du 5 aout 1790, la garnison de Nancy connait à son tour une rébellion. Composée de trois [[Régiments français d'Ancien Régime|régiments]] ([[Régiment du Roi]], [[Régiment Mestre de Camp Général cavalerie]] et [[Régiment de Chateauvieux|régiment suisse de Châteauvieux]]), elle réclamait sa solde et avait emprisonné ses officiers dont le [[Alexandre Ferdinand Thomas Guyot de Malseigne|général de Malseigne]], envoyé depuis Besançon par La Fayette pour rétablir l'ordre<ref>[http://books.google.fr/books?id=VprQEsjm6aYC&pg=PA168 ''Mémoires, 1760-1820, de Jean-Balthazar de Bonardi du Ménil, gentilhomme normand'']</ref>.


À partir du {{date|5 août 1790}}, la [[garnison]] de Nancy connait à son tour une rébellion, les soldats se persuadant que les officiers les volaient en raison de l'absence de décomptes relatifs à certaines retenues sur leur solde ; alors que les retenues pour linge et chaussures faisaient l'objet d'un décompte tous les quatre mois.
Le 16 août 1790, [[Jean-Frédéric de La Tour du Pin Gouvernet|La Tour du Pin]] fait voter par l'Assemblée un décret qui « règle les mesures à prendre pour la punition des instigateurs et fauteurs des excès commis par les régimens en garnison à Nancy »<ref>[http://books.google.fr/books?id=aOtIAAAAcAAJ&pg=PA267 ''Procès-verbal de l'Assemblée Nationale, Volume 27'']</ref>. Le 18 [[Gilbert du Motier de La Fayette|La Fayette]] donne l'ordre de réprimer la révolte; pour faire un exemple<ref>[http://books.google.fr/books?id=Waswn3X56QcC&pg=PA383 ''Memoires, correspondance et manuscrits du general Lafayette '']</ref>.


La garnison de Nancy est composée du [[régiment du Roi]], du [[Régiment de Châteauvieux|régiment suisse de Châteauvieux]] et du [[régiment Mestre de Camp Général cavalerie]].
Le [[François Claude de Bouillé|marquis de Bouillé]], gouverneur des [[Trois-Évêchés]], la soumet après un combat de rues de quelques heures le 31 août 1790. Il dispose pour cette opération de :


Elle réclamait sa solde et avait emprisonné ses officiers dont le [[Alexandre Ferdinand Thomas Guyot de Malseigne|général de Malseigne]], envoyé depuis [[Besançon]] par [[Gilbert du Motier de La Fayette|La Fayette]] pour rétablir l'ordre<ref>[https://books.google.fr/books?id=VprQEsjm6aYC&pg=PA168 ''Mémoires, 1760-1820, de Jean-Balthazar de Bonardi du Ménil, gentilhomme normand'']</ref>.
- 200 grenadiers et chasseurs du [[régiment d'Auxerrois (1776)|régiment d'Auxerrois]]


== Combats ==
- 200 grenadiers et chasseurs du [[régiment d'Auvergne|régiment d'Auvergne]]
Le {{date|16 août 1790}}, [[Jean-Frédéric de La Tour du Pin Gouvernet|La Tour du Pin]] fait voter par l'[[Assemblée nationale constituante (1789)|Assemblée nationale]] un décret qui {{citation|règle les mesures à prendre pour la punition des instigateurs et fauteurs des excès commis par les régiments en garnison à Nancy}}<ref>[https://books.google.fr/books?id=aOtIAAAAcAAJ&pg=PA267 ''Procès-verbal de l'Assemblée Nationale, Volume 27'']</ref>. Le {{date|18 août 1790-}}, [[Gilbert du Motier de La Fayette|La Fayette]] donne l'ordre de réprimer la révolte ; pour faire un exemple<ref>[https://books.google.fr/books?id=Waswn3X56QcC&pg=PA383 ''Memoires, correspondance et manuscrits du general Lafayette '']</ref>.


Le [[François Claude de Bouillé|marquis de Bouillé]], gouverneur des [[Trois-Évêchés]], la soumet après un combat de rues de quelques heures le {{date|31 août 1790}}. Il dispose pour cette opération de :
- 2 bataillons du [[régiment de Castellas (1756)|régiment Suisse de Castella]] (800 hommes)
* 200 grenadiers et chasseurs du [[Régiment d'Auxerrois (1776)|régiment d'Auxerrois]],
* 200 grenadiers et chasseurs du [[régiment d'Auvergne]],
* 2 bataillons du [[régiment de Castellas|régiment Suisse de Castella]] (800 hommes),
* 1 bataillon du [[régiment de Vigier|régiment Suisse de Vigier]] (470 hommes),
* 1 bataillon du [[régiment Royal-Liégeois|Royal-Liégeois]] (350 hommes),
* 500 hommes de la [[Garde nationale (France, 1789-1799)|garde nationale]] de [[Metz]],
* 300 hommes de la [[Garde nationale (France, 1789-1799)|garde nationale]] de [[Pont-à-Mousson]],
soit un total de {{nb|2820 hommes}} d'infanterie et 8 pièces d'artillerie ;


- 1 bataillon du [[régiment de Vigier (1783)|régiment Suisse de Vigier]] (470 hommes)
* 3 escadrons du [[régiment Royal-Normandie cavalerie|Royal Normandie]] (340 cavaliers),
* 2 escadrons de [[Régiment Royal-Allemand cavalerie|Royal Allemand]] (240 cavaliers),
* 2 escadrons de [[régiment de Lauzun hussards|Lauzun Hussards]] (200 cavaliers),
* Détachement de [[régiment Royal dragons|Royal Dragons]] (200 cavaliers),
* Détachement de [[régiment des dragons de Monsieur|Monsieur Dragons]] (200 cavaliers),
* Détachement de [[Régiment de Condé-dragons|Condé Dragons]] (200 cavaliers),
* Détachement des [[régiment des chasseurs du Hainault|Chasseurs d'Hainaut]] (100 cavaliers),
soit au total {{nb|1480 chevaux}}<ref>LEONARD (de), ''Relation Exacte et impartiale de ce qui s'est passé à Nancy le 31 août et les jours précédents'', Nancy, chez {{Mme|Henry}}, 1790, 188 p.</ref>.


Les combats auront fait trois cents morts et blessés<ref name="him">{{lien web|url=https://histoire-image.org/etudes/mutinerie-nancy-aout-1790|auteur1=Sabine Bouchy du Palut|titre=La mutinerie de Nancy, {{date|août 1790}}|site=L'Histoire par l'image|date=mars 2016}}.</ref>.
- 1 bataillon du [[régiment Royal-Liégeois|Royal-Liégeois]] (350 hommes)

- 500 hommes de la Garde Nationale de Metz

- 300 hommes de la Garde Nationale de Pont-à-Mousson

soit un total de '''3020 hommes''' d'infanterie et 8 pièces d'artillerie

- 3 escadrons du [[régiment Royal-Normandie cavalerie|Royal Normandie]] (340 cavaliers)

- 2 escadrons de [[Régiment Royal-Allemand cavalerie|Royal Allemand]] (240 cavaliers)

- 2 escadrons de [[régiment de Lauzun hussards|Lauzun Hussards]] (200 cavaliers)

- Détachement de [[régiment Royal dragons|Royal Dragons]] (200 cavaliers)

- Détachement de [[régiment des dragons de Monsieur|Monsieur Dragons]] (200 cavaliers)

- Détachement de [[régiment de Condé dragons (1776)|Condé Dragons]] (200 cavaliers)

- Détachement des [[régiment des chasseurs du Hainault|Chasseurs d'Hainaut]] (100 cavaliers)

soit au total '''1480 chevaux'''<ref>LEONARD (de), ''Relation Exacte et impartiale de ce qui s'est passé à Nancy le 31 août et les jours précédents'', Nancy, chez Mme Henry, 1790, 188 p.</ref>.
Les combats auront fait trois cents morts et blessés<ref name="him">[http://www.histoire-image.org/site/oeuvre/analyse.php?i=41 ''La mutinerie de Nancy, août 1790'']</ref>.


== Sacrifice de Désilles ==
== Sacrifice de Désilles ==
[[Fichier:Desilles2.JPG|thumb|[[Plaque commémorative]] sur la porte Désilles]]
[[Fichier:Desilles2.JPG|thumb|[[Plaque commémorative]] sur la porte Désilles.]]
Près de la [[porte Désilles|porte Stainville]], l'officier [[André Désilles]] s'interpose entre ses soldats mutinés et les troupes de Bouillé, tentant d'éviter la mise à feu des canons. Il mourra deux mois plus tard de ses blessures<ref name="dvz">[http://www.domaine-vizille.fr/1943-restaurations-et-depots.htm ''restaurations et dépôts''], domaine de Vizille</ref>.
Près de la [[porte Désilles|porte Stainville]], l'officier [[André Désilles]] s'interpose entre ses soldats mutinés et les troupes de Bouillé, tentant d'éviter la mise à feu des canons. Il mourra deux mois plus tard de ses blessures<ref name="dvz">[http://www.domaine-vizille.fr/1943-restaurations-et-depots.htm ''restaurations et dépôts''], domaine de Vizille</ref>.


== Répression ==
== Répression ==
Conformément aux traités encadrant l'engagement des [[gardes suisses (France)|gardes suisses]], un conseil militaire composés d'officier des régiments de Castella et de Vigier et présidé par le lieutenant-colonel François Joseph de Girardier est formé pour instruire l'accusation de vol et de rebellions armée contre 138 soldats. Dans un premier temps, tous sont condamnés à mort mais la sentence est revue, et le 4 septembre<ref>[http://books.google.fr/books?id=wKBsbJjRYtwC&pg=PA375 ''Un régiment à travers l'histoire, le 76e, ex-1er léger'' p.373] Henri Victor Dollin Du Fresnel, 1804</ref> : deux soldats qui sont parvenus à s'échapper sont condamnés par contumace ; 72 sont emprisonnés ; 41 sont condamnés à trente ans de galère ; 22 sont pendus. Enfin, l'un des cinq membres du comité des rebelles, un [[Genevois]] nommé André Soret est condamné au [[Roue (supplice)|supplice de la roue]] ; il est vraisemblablement le dernier à subir ce supplice en France.
Conformément aux [[Capitulation|traités]] encadrant l'engagement des [[mercenaires suisses|soldats suisses]], un conseil militaire composés d'officiers des régiments de Castella et de Vigier et présidé par le lieutenant-colonel François Joseph de Girardier est formé pour instruire l'accusation de vol et de rébellions armées contre {{nobr|138 soldats}}. Dans un premier temps, tous sont [[Peine de mort en France|condamnés à mort]] mais la sentence est revue, et le {{date|4 septembre 1790-}}<ref>[https://books.google.fr/books?id=wKBsbJjRYtwC&pg=PA375 ''Un régiment à travers l'histoire, le 76e, ex-1er léger'' p.373] Henri Victor Dollin Du Fresnel, 1894.</ref> : deux soldats qui sont parvenus à s'échapper sont condamnés par [[contumace]] ; 72 sont [[Emprisonnement en droit français|emprisonnés]] ; 41 sont condamnés à trente ans de [[travaux forcés]] ; 22 sont [[Pendaison|pendus]]. Enfin, l'un des cinq membres du comité des rebelles, un [[Genève|Genevois]] nommé André Soret, est condamné au [[Roue (supplice)|supplice de la roue]] ; il est vraisemblablement le dernier à subir ce supplice en France{{Référence nécessaire|date=31 mai 2023}}.


== Conséquences ==
== Conséquences ==
Ces évènements ont un écho important à Paris. [[Jean-Paul Marat]] publie un pamphlet « L’affreux réveil », avec les [[Jacobinisme|Jacobins]] il prend le parti des insurgés. Mais dans un premier temps ce sont les troupes de Bouillé qui sont célébrées et l'Assemblée nationale commande à [[Jean-Jacques Le Barbier]] un tableau commémoratif<ref name="dvz"/>. Le 20 septembre une fête funèbre est organisée au [[Champ de Mars]], en l’honneur des citoyens de la garde nationale morts à Nancy<ref>[http://books.google.fr/books?id=XKR6NJQ0Uy8C&pg=PA91 ''La garde nationale (1789-1871) : Une force publique ambiguë'' p.91] Georges Carrot 2001</ref>. On organise de nombreuses autres cérémonies partout en France. Deux pièces de théâtres sont montées à Paris : le 15 octobre ''Le nouveau d'Assas '' de [[Jean-Élie Bédéno Dejaure]] et [[Henri Montan Berton]] et le 3 décembre ''le tombeau de Desilles'' par [[Desfontaines-Lavallée]].
Ces évènements ont un écho important à Paris. [[Jean-Paul Marat]] publie un pamphlet ''[[s:Les Pamphlets de Marat/L’Affreux Réveil|L'Affreux réveil]]'', avec les [[Jacobinisme|Jacobins]] il prend le parti des insurgés. Mais dans un premier temps ce sont les troupes de Bouillé qui sont célébrées et l'Assemblée nationale commande à [[Jean-Jacques Le Barbier]] un tableau commémoratif<ref name="dvz"/>. Le {{date|20 septembre 1790-}} une fête funèbre est organisée au [[Champ de Mars]], en l'honneur des citoyens de la garde nationale morts à Nancy<ref>{{ouvrage|auteur1=Georges Carrot|titre=La garde nationale ({{période|1789|1871}})|sous-titre=Une force publique ambiguë|lieu=Paris|éditeur=[[Éditions L'Harmattan|L'Harmattan]]|collection =Sécurité & société|année=2001|pages totales=364|nature ouvrage=texte remanié de ''La Garde nationale ({{période|1789|1871}}), une institution de la nation'', thèse de {{3e|cycle}} en histoire du droit, Nice, {{nb p.|{{XIII}}-285}}, {{date|1979}}|isbn=2-7475-0127-2|passage=91 {{lire en ligne|url={{Google Livres|XKR6NJQ0Uy8C|page=91}}}}}}.</ref>. On organise de nombreuses autres cérémonies partout en France. Deux pièces de théâtre sont montées à Paris : le {{date|15 octobre 1790-}} ''Le nouveau d'Assas '' de [[Jean-Élie Bédéno Dejaure]] et [[Henri Montan Berton]] et le {{date|3 décembre 1790-}} ''le tombeau de Désilles'' par [[Desfontaines-Lavallée]].


Le 21 octobre 1790, le [[régiment de Lauzun hussards]], impliqué dans la répression de la mutinerie de Nancy, est cette fois l'auteur d'une « affaire de [[Belfort]] » lors de laquelle des officiers avinés parcourent la ville en criant « vive le roi, vive les aristocrates, vive la canaille, au f. la nation ».
Le {{date|21 octobre 1790}}, le [[régiment de Lauzun hussards]], impliqué dans la répression de la mutinerie de Nancy, est cette fois l'auteur d'une « affaire de [[Belfort]] » lors de laquelle des officiers avinés parcourent la ville en criant {{citation|vive le roi, vivent les aristocrates, vive la canaille, au f. la nation}}.


L'épisode de Nancy renforce le prestige de Bouillé sur les royalistes et convainc [[Louis XVI]] de la nécessité de quitter [[Paris]], ce qui aboutira à la [[Fuite de Louis XVI et arrestation à Varennes|fuite de Varennes]]. Après cet épisode l'opinion bascule en faveur des insurgés.
L'épisode de Nancy renforce le prestige de Bouillé sur les royalistes et convainc {{souverain2|Louis XVI}} de la nécessité de quitter [[Paris]], ce qui aboutira à la [[fuite de Varennes]]. Après cet épisode l'opinion bascule en faveur des insurgés.


En 1791, [[Jean-Marie Collot d'Herbois]] défend les mutins qui ont été condamnés aux galères et obtient leur réhabilitation. En 1792, après une marche de 25 jours depuis le [[bagne de Brest]], ils arrivent à Paris où une « fête de la Liberté » est organisée en leur honneur le 15 avril. Leur bonnet rouge de bagnard, assimilé par la population parisienne au [[bonnet phrygien]], devient un [[Emblèmes de la France|emblème de la République]]<ref>Auguste Dupouy, ''Face au couchant, Brest, la côte et les îles'', La Renaissance du livre, 1934, {{p.|171-170}}.</ref>.
En {{date|1791}}, [[Jean-Marie Collot d'Herbois]] défend les mutins qui ont été condamnés aux travaux forcés et obtient leur réhabilitation. En {{date|1792}}, après une marche de {{nobr|25 jours}} depuis le [[bagne de Brest]], ils arrivent à Paris où une « fête de la Liberté » est organisée en leur honneur le {{date|15 avril 1791-}}. Leur bonnet rouge de bagnard, assimilé par la population parisienne au [[bonnet phrygien]], devient un [[Emblèmes de la France|emblème de la République]]<ref>{{ouvrage|auteur1=[[Auguste Dupouy]]|titre=Face au couchant, Brest, la côte et les îles|lieu=Paris|éditeur=[[La Renaissance du livre (Paris)|La Renaissance du livre]]|collection=L'Épopée de la terre de France|année=1934|passage=171-170}}.</ref>.
[[Image:Porte Désilles.jpg|vignette|upright=0.75|Porte Désilles à Nancy.]]
[[Fichier:Porte Désilles (51680053265).jpg|vignette|Porte Désilles à Nancy.]]
En 1867, la porte Stainville de Nancy, initialement édifiée en l'honneur de l'indépendance américaine, est renommée [[porte Désilles]].
En {{date|1867}}, la porte Stainville de Nancy, initialement édifiée en l'honneur de l'[[Guerre d'indépendance des États-Unis|indépendance américaine]], est renommée [[porte Désilles]].


== Notes et références ==
== Notes et références ==
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{{Autres projets|commons=Category:Nancy affair}}
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=== Bibiographie ===
=== Bibliographie ===

* ''L’Affaire de Nancy'', Jean Theveny, Edilivre-Aparis 2015
==== Sources anciennes ====
* {{ouvrage|titre=Histoire de l’armée et de tous les régiments depuis les premiers temps de la monarchie jusqu’à nos jours|tome=2|auteur1=[[Adrien Pascal]]|lieu=Paris|éditeur=Dutertre|année=1860|bnf=340810015|passage=251–254 {{lire en ligne|url=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k63502178/f331}}}}.
* {{ouvrage|auteur1=Xavier Maire|titre=Histoire de l'affaire de Nancy, {{date|1790}}, épisode de la Révolution|lieu=Nancy et Paris|éditeur=Maubon et [[Joseph Techener|Techener]]|année=1861|pages totales={{VII}}-220|bnf=30862745c|url=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9629867j}}.

==== Sources contemporaines ====
* {{article|auteur1=Aline Cordani|titre=Metz et l'« affaire » de Nancy|éditeur=[[Société d'histoire et d'archéologie de la Lorraine]]|année=1989|périodique=Les Cahiers lorrains|numéro=2-3-4|url=http://documents.irevues.inist.fr/bitstream/handle/2042/43843/CL_1989_2-3-4_141.pdf|pages=141–171}}.
* {{article|auteur1=Pascal Corpart|titre=Fête émeutière, fête populaire|sous-titre=Nancy en août 1790|éditeur=[[Société d'histoire et d'archéologie de la Lorraine]]|année=1989|périodique=Les Cahiers lorrains|numéro=2-3-4|url=http://documents.irevues.inist.fr/bitstream/handle/2042/43844/CL_1989_2-3-4_173.pdf|pages=173–177}}.
* {{chapitre|auteur1=Éric Hartmann|numéro chapitre=8|titre chapitre=Une affaire à Nancy|ouvrage=La Révolution française en Alsace et en Lorraine|lieu=Paris|éditeur=[[Éditions Perrin|Perrin]]|année=1990|pages totales=560|isbn=2-262-00755-1|passage=187–207 {{lire en ligne|url=https://www.cairn.info/la-revolution-francaise-en-alsace-et-en-lorraine--9782262007553-page-187.htm}}}}.
* {{chapitre|auteur1=[[Éric Hazan]]|numéro chapitre={{V}}|titre chapitre=Le massacre de Nancy, la fuite à Varennes, le massacre du Champ-de-Mars, la répression ({{période|juillet 1790|septembre 1791}})|sous-titre chapitre=1. Révolte et répression à Nancy|titre ouvrage=Une histoire de la Révolution française|lieu=Paris|éditeur=[[La Fabrique (éditeur)|La Fabrique]]|année=2012|pages totales=405|isbn=978-2-35872-038-0|isbn2=978-2-35872-148-6<!-- nuumérique -->|passage=111–134 {{lire en ligne|url=https://www.cairn.info/une-histoire-de-la-revolution-francaise--9782358720380-page-111.htm}} {{lire en ligne|url={{Google Livres|UhTnDAAAQBAJ|page autre=PT89}}}}}}.
* {{article|auteur1=[[Stefan Lemny]]|titre=Un dernier monitoire sous la révolution (affaire de Nancy, {{date|1790}})|périodique=[[Annales historiques de la Révolution française]]|année=2021|numéro=406|pages=177–189|url=https://www.cairn.info/revue-annales-historiques-de-la-revolution-francaise-2021-4-page-177.htm}}.
* {{article|auteur1=François Pupil|titre=Le dévouement du chevalier Désilles et l'affaire de Nancy en {{date|1790}}|sous-titre=Essai de catalogue iconographique|périodique=[[Le Pays lorrain]]|année=1976|numéro=2, {{57e|année}}|pages=73–110|url=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9601139s/f79}}.
* {{ouvrage|auteur1=Jean Theveny|titre=L'affaire de Nancy|sous-titre={{date|août 1790}}|lieu=Saint-Denis|éditeur=[[Éditions Édilivre|Édilivre]]|année=2015|pages totales=437|isbn=978-2-332-85919-8}}.


=== Articles connexes ===
=== Articles connexes ===
* [[André Désilles]]
* [[André Désilles]]
* [[François Claude de Bouillé]]
* [[François Claude de Bouillé]]
* [[Claude Juste Alexandre Legrand]]
* [[Claude-Juste-Alexandre Legrand]]
* [[Charles Gaspard Elisabeth Joseph de Bailly]]
* [[Charles Gaspard Élisabeth Joseph de Bailly]]
* [[Victor François de Montchenu]]
* [[Victor François de Montchenu]]
* [[Jean-Ignace Jacqueminot]]
* [[Jean-Ignace Jacqueminot]]
* [[Maurice-François de Mac Mahon]]
* [[Maurice-François de Mac-Mahon]]

===Liens externes===
* [http://documents.irevues.inist.fr/bitstream/handle/2042/43844/CL_1989_2-3-4_173.pdf?sequence=1 ''Fête émeutière, fête populaire : Nancy en août 1790''], Pascal Corpart 1989
* [http://documents.irevues.inist.fr/bitstream/handle/2042/43843/CL_1989_2-3-4_141.pdf?sequence=1 ''Metz et l'« affaire » de Nancy''], AlineCordani


{{Portail|Révolution française|Nancy|années 1790}}
{{Portail|Révolution française|Nancy|années 1790|armée française}}


[[Catégorie:Mutinerie]]
[[Catégorie:Mutinerie du XVIIIe siècle]]
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[[Catégorie:Bataille de Lorraine|Nancy]]
[[Catégorie:Événement de la Révolution française]]
[[Catégorie:Événement de la Révolution française]]

Dernière version du 22 juin 2024 à 14:32

Le Courage héroïque du jeune Désilles, le , à l'affaire de Nancy, Le Barbier, (Musée de la Révolution française, Vizille).
Héroïsme du jeune Desilles, Girardet (dessinateur) et Godefroy (graveur), [1].
Affaire de Nancy. Mort de Désille, le 31 aoust 1790, Prieur (dessinateur) et Berthault (graveur), [2].

L’affaire de Nancy est une mutinerie de la garnison de la ville de Nancy, qui eut lieu pendant la Révolution française, du au . L'officier André Désilles y trouve la mort.

Depuis , une insubordination plus ou moins larvée affecte l'ensemble de l'armée française : avancement et soldes sont bloqués, royalistes et jacobins s'affrontent parmi les officiers.

À partir du , la garnison de Nancy connait à son tour une rébellion, les soldats se persuadant que les officiers les volaient en raison de l'absence de décomptes relatifs à certaines retenues sur leur solde ; alors que les retenues pour linge et chaussures faisaient l'objet d'un décompte tous les quatre mois.

La garnison de Nancy est composée du régiment du Roi, du régiment suisse de Châteauvieux et du régiment Mestre de Camp Général cavalerie.

Elle réclamait sa solde et avait emprisonné ses officiers dont le général de Malseigne, envoyé depuis Besançon par La Fayette pour rétablir l'ordre[3].

Le , La Tour du Pin fait voter par l'Assemblée nationale un décret qui « règle les mesures à prendre pour la punition des instigateurs et fauteurs des excès commis par les régiments en garnison à Nancy »[4]. Le , La Fayette donne l'ordre de réprimer la révolte ; pour faire un exemple[5].

Le marquis de Bouillé, gouverneur des Trois-Évêchés, la soumet après un combat de rues de quelques heures le . Il dispose pour cette opération de :

soit un total de 2 820 hommes d'infanterie et 8 pièces d'artillerie ;

soit au total 1 480 chevaux[6].

Les combats auront fait trois cents morts et blessés[7].

Sacrifice de Désilles

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Plaque commémorative sur la porte Désilles.

Près de la porte Stainville, l'officier André Désilles s'interpose entre ses soldats mutinés et les troupes de Bouillé, tentant d'éviter la mise à feu des canons. Il mourra deux mois plus tard de ses blessures[8].

Répression

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Conformément aux traités encadrant l'engagement des soldats suisses, un conseil militaire composés d'officiers des régiments de Castella et de Vigier et présidé par le lieutenant-colonel François Joseph de Girardier est formé pour instruire l'accusation de vol et de rébellions armées contre 138 soldats. Dans un premier temps, tous sont condamnés à mort mais la sentence est revue, et le [9] : deux soldats qui sont parvenus à s'échapper sont condamnés par contumace ; 72 sont emprisonnés ; 41 sont condamnés à trente ans de travaux forcés ; 22 sont pendus. Enfin, l'un des cinq membres du comité des rebelles, un Genevois nommé André Soret, est condamné au supplice de la roue ; il est vraisemblablement le dernier à subir ce supplice en France[réf. nécessaire].

Conséquences

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Ces évènements ont un écho important à Paris. Jean-Paul Marat publie un pamphlet L'Affreux réveil, avec les Jacobins il prend le parti des insurgés. Mais dans un premier temps ce sont les troupes de Bouillé qui sont célébrées et l'Assemblée nationale commande à Jean-Jacques Le Barbier un tableau commémoratif[8]. Le une fête funèbre est organisée au Champ de Mars, en l'honneur des citoyens de la garde nationale morts à Nancy[10]. On organise de nombreuses autres cérémonies partout en France. Deux pièces de théâtre sont montées à Paris : le Le nouveau d'Assas de Jean-Élie Bédéno Dejaure et Henri Montan Berton et le le tombeau de Désilles par Desfontaines-Lavallée.

Le , le régiment de Lauzun hussards, impliqué dans la répression de la mutinerie de Nancy, est cette fois l'auteur d'une « affaire de Belfort » lors de laquelle des officiers avinés parcourent la ville en criant « vive le roi, vivent les aristocrates, vive la canaille, au f. la nation ».

L'épisode de Nancy renforce le prestige de Bouillé sur les royalistes et convainc Louis XVI de la nécessité de quitter Paris, ce qui aboutira à la fuite de Varennes. Après cet épisode l'opinion bascule en faveur des insurgés.

En , Jean-Marie Collot d'Herbois défend les mutins qui ont été condamnés aux travaux forcés et obtient leur réhabilitation. En , après une marche de 25 jours depuis le bagne de Brest, ils arrivent à Paris où une « fête de la Liberté » est organisée en leur honneur le . Leur bonnet rouge de bagnard, assimilé par la population parisienne au bonnet phrygien, devient un emblème de la République[11].

Porte Désilles à Nancy.

En , la porte Stainville de Nancy, initialement édifiée en l'honneur de l'indépendance américaine, est renommée porte Désilles.

Notes et références

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  1. « Heroïsme du jeune Desilles (*) [Image fixe] : (*) André Joseph Marc Desilles né à St Malo le  : l'insubordination introduite dans la garnison de Nancy, faisait craindre la dissolution de la force publique par toute la France. M. de Bouillé commandé pour rétablir la discipline, arriva devant cette ville le 31 aoust 1790... : [estampe] / peint par Girardet ; gravé par Godefroy... », Catalogue général, sur catalogue.bnf.fr, Bibliothèque nationale de France.
  2. « Affaire de Nancy. Mort de Désille [Image fixe] : le 31 aoust 1790 : [estampe] / Prieur inv. & del. ; Berthault sculp. », Catalogue général, sur catalogue.bnf.fr, Bibliothèque nationale de France.
  3. Mémoires, 1760-1820, de Jean-Balthazar de Bonardi du Ménil, gentilhomme normand
  4. Procès-verbal de l'Assemblée Nationale, Volume 27
  5. Memoires, correspondance et manuscrits du general Lafayette
  6. LEONARD (de), Relation Exacte et impartiale de ce qui s'est passé à Nancy le 31 août et les jours précédents, Nancy, chez Mme Henry, 1790, 188 p.
  7. Sabine Bouchy du Palut, « La mutinerie de Nancy,  », sur L'Histoire par l'image, .
  8. a et b restaurations et dépôts, domaine de Vizille
  9. Un régiment à travers l'histoire, le 76e, ex-1er léger p.373 Henri Victor Dollin Du Fresnel, 1894.
  10. Georges Carrot, La garde nationale () : Une force publique ambiguë (texte remanié de La Garde nationale (), une institution de la nation, thèse de 3e cycle en histoire du droit, Nice, XIII−285 p., ), Paris, L'Harmattan, coll. « Sécurité & société », , 364 p. (ISBN 2-7475-0127-2), p. 91 [lire en ligne].
  11. Auguste Dupouy, Face au couchant, Brest, la côte et les îles, Paris, La Renaissance du livre, coll. « L'Épopée de la terre de France », , p. 171-170.

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Bibliographie

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Sources anciennes

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  • Adrien Pascal, Histoire de l’armée et de tous les régiments depuis les premiers temps de la monarchie jusqu’à nos jours, t. 2, Paris, Dutertre, (BNF 34081001), p. 251–254 [lire en ligne].
  • Xavier Maire, Histoire de l'affaire de Nancy, , épisode de la Révolution, Nancy et Paris, Maubon et Techener, , VII-220 p. (BNF 30862745, lire en ligne).

Sources contemporaines

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Articles connexes

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