« Colonne de la Déesse » : différence entre les versions
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La '''colonne de la déesse''' est un monument commémoratif, inauguré le 8 octobre [[1845]], au centre de la Grand'Place de [[Lille]], aujourd'hui [[Place du Général-de-Gaulle (Lille)|place du Général-de-Gaulle]] |
La '''colonne de la déesse''' est un monument commémoratif, inauguré le 8 octobre [[1845]], au centre de la Grand'Place de [[Lille]], aujourd'hui [[Place du Général-de-Gaulle (Lille)|place du Général-de-Gaulle]], dans le [[département français]] du [[Nord (département français)|Nord]] en [[région française|région]] [[Hauts-de-France]]. |
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Le monument, qui commémore l'héroïsme des Lillois lors du [[Siège de Lille (1792)|siège de Lille de 1792]] par l'[[Armée impériale (Saint-Empire romain)|armée impériale]], est composé d'une colonne et d'une statue de femme en son sommet. |
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⚫ | Elle tient dans sa main droite un boutefeu, servant à allumer la mèche des canons, et montre de la gauche l'inscription du socle qui reprend la réponse du maire de Lille, [[François André-Bonte]], refusant la reddition de la ville assiégée aux [[Armée impériale (Saint-Empire romain)|Impériaux]], le 29 septembre 1792. |
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⚫ | La statue de la ''Déesse au boute-feu'' est une œuvre de [[Théophile Bra]], sculpteur |
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⚫ | La statue de la ''Déesse au boute-feu'' est une œuvre de [[Théophile Bra]], sculpteur [[Douai|douaisien]]. L'architecte du monument est [[Charles Benvignat]]. Elle prit le nom populaire de ''colonne de la Déesse'' peu de temps après son érection à la suite d'un poème à son sujet publié localement. À sa base, elle est entourée d'un bassin faisant fontaine, de conception plus récente. |
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⚫ | La colonne de la Déesse se situe au centre de la [[place du Général-de-Gaulle (Lille)|place du Général-de-Gaulle]], également appelée Grand |
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Située dans le quartier [[Lille-Centre]], la colonne est accessible depuis la [[Ligne 1 du métro de Lille Métropole|station de métro de la ligne 1]] [[Rihour (métro de Lille Métropole)|Rihour]] et depuis les gares de [[gare de Lille-Flandres|Lille-Flandres]] et de [[gare de Lille-Europe|Lille-Europe]]. |
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⚫ | La colonne de la Déesse se situe au centre de la [[place du Général-de-Gaulle (Lille)|place du Général-de-Gaulle]], également appelée Grand-Place, à [[Lille]]<ref name="Conducteur">{{ouvrage |titre=Petit conducteur dans Lille : à l'usage des étrangers |éditeur=Chez tous les libraires |année=1850 |pages totales=93 |passage=50-51 |lire en ligne=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5469428v |consulté le=9 février 2014}}.</ref>. |
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== Description == |
== Description == |
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=== Colonne === |
=== Colonne === |
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Le monument est l'œuvre de [[Charles Benvignat]]<ref name="Conducteur"/>. Sans la statue, la colonne mesure {{unité|12.51|m}} de haut et repose sur un socle de {{unité|3.65|m}} de diamètre<ref name="Architecte_p62">{{harvsp|id=Architecte|texte= |
Le monument est l'œuvre de [[Charles Benvignat]]<ref name="Conducteur"/>. Sans la statue, la colonne mesure {{unité|12.51|m}} de haut et repose sur un socle de {{unité|3.65|m}} de diamètre<ref name="Architecte_p62">{{harvsp|id=Architecte|texte=Société des architectes, 1874|p=62}}.</ref>. La colonne est composée de [[granit]] cannelé<ref>{{harvsp|Bruneel|1848|p=220}}.</ref>{{,}}<ref name="Bonnefont"/>. |
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Chacun des quatre côté du piédestal de la colonne porte des inscriptions<ref name="Conducteur"/>{{,}}<ref>{{harvsp|id=Architecte|texte= |
Chacun des quatre côté du piédestal de la colonne porte des inscriptions<ref name="Conducteur"/>{{,}}<ref>{{harvsp|id=Architecte|texte=Société des architectes, 1874|p=62-63}}.</ref> : |
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*Sur le côté en face : « Nous venons de renouveler notre serment d'être fidèle à la Nation, de maintenir la Liberté et l'Égalité ou de mourir à notre poste. Nous ne sommes pas des parjures. » Il s'agit de la réponse du maire aux assiégeants ; |
*Sur le côté en face : « Nous venons de renouveler notre serment d'être fidèle à la Nation, de maintenir la Liberté et l'Égalité ou de mourir à notre poste. Nous ne sommes pas des parjures. » Il s'agit de la réponse du maire aux assiégeants ; |
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*Sur le côté droit : « Levée du Siège, nuit du 7 au 8 octobre 1792. » ; |
*Sur le côté droit : « Levée du Siège, nuit du 7 au 8 octobre 1792. » ; |
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*Sur le côté gauche : « Les habitants de Lille ont bien mérité de la patrie (Décret du 12 octobre 1792). ». |
*Sur le côté gauche : « Les habitants de Lille ont bien mérité de la patrie (Décret du 12 octobre 1792). ». |
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Son socle est entouré d'une fontaine. |
Son socle est entouré du bassin d'une fontaine. |
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=== Statue === |
=== Statue === |
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La statue de bronze au sommet du monument est l'œuvre de [[Théophile Bra]]<ref name="Conducteur"/>. |
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La statue de bronze au sommet du monument est l'œuvre de [[Théophile Bra]]<ref name="Conducteur"/>. Elle était à l'origine destinée à l'[[Arc de triomphe de l'Étoile]] à [[Paris]], mais Bra l'offrit à la ville de [[Lille]]<ref>{{ouvrage |prénom1=Alain |nom1=Lottin |titre=Lille |sous-titre=d'Isla à Lille-Métropole |éditeur=La Voix du Nord |année=2003 |pages totales=198 |passage=126 |lire en ligne=http://books.google.fr/books?id=SgpoAAAAMAAJ& |consulté le=18 février 2014}}.</ref>. Lors de la préparation de la statue Bra déclara<ref>{{ouvrage |prénom1=Henri |nom1=Bruneel |titre=Histoire populaire de Lille |éditeur=Imprimerie Danel |année=1848 |passage=221 |lire en ligne=http://books.google.fr/books?id=V0ibpZk0rwQC& |consulté le=18 février 2014 |libellé=Bruneel 1848}}.</ref> : |
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⚫ | Mesurant trois mètres de haut<ref name="Architecte_p62"/>, la statue tient dans sa main droite un boutefeu, sorte de bâton coiffé d'étoupe servant à allumer la mèche des canons. L'autre main désigne la colonne où figure la réponse du maire André aux assiégeants<ref name="Architecte_p62"/>. Cette femme drapée<ref>{{ouvrage |prénom1=Paul |nom1=Hoffmann |titre=Mythes et représentations de la femme au dix-neuvième siècle |éditeur=Champion |année=1977 |pages totales=256 |passage=146 |lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=IQYJAQAAMAAJ& |consulté le=18 février 2014}}.</ref> est une [[allégorie]] de la ville de [[Lille]], comme l'indique la [[Couronne (attribut)|couronne]] de [[Tour (édifice)|tours]] dont elle est coiffée<ref name="Agulhon">{{Article |prénom1=Maurice |nom1=Agulhon |titre=Un usage de la femme au {{s-|XIX|e}} : l'allégorie de la République |périodique=Romantisme |année=1976 |volume=6 |numéro=13-14 |pages=146 |url texte=http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/roman_0048-8593_1976_num_6_13_5059 |consulté le=14 février 2014}}.</ref> et reproduirait les traits de Marie-Josephe Bigo-Danel, l'épouse du maire de l'époque, [[Louis Dominique Joseph Bigo|Louis Bigo-Danel]]<ref>{{ouvrage |prénom1=Pierre |nom1=Pierrard |titre=Lille |sous-titre=dix siècles d'histoire |éditeur=Éditions Actica |année=1972 |pages totales=223 |passage=82 |lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=jEkvAAAAMAAJ& |consulté le=16 février 2014}}.</ref>{{,}}<ref>{{ouvrage |prénom1=Francis |nom1=Nazé |titre=Journal d'un notable bonduois pendant la révolution |éditeur=Club d'histoire de Bondues |année=1989 |pages totales=114 |passage=48 |lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=Ad1nAAAAMAAJ& |consulté le=16 février 2014}}.</ref>. |
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⚫ | {{citation bloc|[[Lille]] ! Lille ! C'est une [[femme]] dont le [[Front (anatomie)|front]] doit porter l'empreinte du courage calme et obstiné des [[ |
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⚫ | Mesurant trois mètres de haut<ref name="Architecte_p62"/>, la statue tient dans sa main droite un boutefeu, sorte de bâton coiffé d'étoupe servant à allumer la mèche des canons. L'autre main désigne la colonne où figure la réponse du maire André aux assiégeants<ref name="Architecte_p62"/>. Cette femme drapée<ref>{{ouvrage |prénom1=Paul |nom1=Hoffmann |titre=Mythes et représentations de la femme au dix-neuvième siècle |éditeur=Champion |année=1977 |pages totales=256 |passage=146 |lire en ligne= |
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Lors de son inauguration, le peuple, ne connaissant pas les conventions allégoriques, la surnomma la « Déesse »<ref name="Agulhon"/>, comme l'y invite une dédicace proposée par Émile Durieux, libraire à Lille<ref>{{harvsp|id=ColonneLille|texte=La Colonne de Lille, 1845|p=150}}.</ref> : |
Lors de son inauguration, le peuple, ne connaissant pas les conventions allégoriques, la surnomma la « Déesse »<ref name="Agulhon"/>, comme l'y invite une dédicace proposée par Émile Durieux, libraire à Lille<ref>{{harvsp|id=ColonneLille|texte=La Colonne de Lille, 1845|p=150}}.</ref> : |
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{{citation bloc|Quelle est cette fière déesse<br />Au sommet de ce monument ?<br />C'est la ville de Lille, en un jour de détresse,<br />De vaincre ou de périr prononçant le serment !..}} |
{{citation bloc|Quelle est cette fière déesse<br />Au sommet de ce monument ?<br />C'est la ville de Lille, en un jour de détresse,<br />De vaincre ou de périr prononçant le serment !..}} |
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Symboliquement, la Déesse doit rappeler et entretenir le [[patriotisme]] de Lille envers la France<ref>{{ouvrage |titre=Villes haussmanniennes |sous-titre=Bordeaux, Lille, Lyon, Marseille |éditeur=Les Editions du Mécène |année=2003 |pages totales=232 |passage=98 |lire en ligne= |
Symboliquement, la Déesse doit rappeler et entretenir le [[patriotisme]] de Lille envers la France<ref>{{ouvrage |titre=Villes haussmanniennes |sous-titre=Bordeaux, Lille, Lyon, Marseille |éditeur=Les Editions du Mécène |année=2003 |pages totales=232 |passage=98 |lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=OQwWAQAAIAAJ |consulté le=18 février 2014}}.</ref>. |
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Lille colonne deesse.jpg|La statue de profil. |
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NUM19441.jpg|La statue de face. |
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== Histoire == |
== Histoire == |
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{{article connexe|Siège de Lille (1792)}} |
{{article connexe|Siège de Lille (1792)}} |
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[[Fichier:Lille watteau patrie.jpg|thumb|''Lille a bien mérité de la patrie'', projet de Louis Joseph Watteau (1793).]] |
[[Fichier:Lille watteau patrie.jpg|thumb|''Lille a bien mérité de la patrie'', projet de Louis Joseph Watteau (1793).]] |
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Le {{ |
Le {{date-|20 avril 1792}}, l’[[Assemblée nationale législative (Révolution française)|Assemblée Législative]], sur proposition du roi Louis XVI, [[Déclaration de guerre de la France au roi de Bohême et de Hongrie|déclare la guerre au « roi de Bohême et de Hongrie »]], cette expression désignant l'empereur du [[Saint-Empire]] et ses états. Lille est en première ligne. Le {{nobr|29 septembre}}, à {{nobr|15 heures}}, le bombardement de la ville commence. Le siège de Lille dure jusqu’au 6 octobre. La résistance des Lillois, conduits par leur maire [[François André-Bonte]], a tenu bon. Pour la saluer, la [[Convention nationale]] vote à l’unanimité un décret le {{nobr|12 octobre 1792}} qui proclame : « Lille a bien mérité de la patrie »<ref>{{harvsp|id=ColonneLille|texte=La Colonne de Lille, 1845|p=23}}</ref>. |
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Au-delà du vote du décret du {{nobr|12 octobre}}, [[Jacques-Louis David]] propose, dès le {{nobr|9 novembre 1792}}, l'érection d'un monument traversant les temps. Il termine sa [[motion]] en ces termes : |
Au-delà du vote du décret du {{nobr|12 octobre}}, [[Jacques-Louis David]] propose, dès le {{nobr|9 novembre 1792}}, l'érection d'un monument traversant les temps. Il termine sa [[motion]] en ces termes : |
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=== Conception et inauguration === |
=== Conception et inauguration === |
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[[Fichier:EC 1 - LILLE - La Grand'Place (Coté gauche).jpg|thumb|La colonne de la Déesse avant la Première Guerre mondiale.|alt=Carte postale de la Grand'Place de Lille avant la Première Guerre mondiale.]] |
[[Fichier:EC 1 - LILLE - La Grand'Place (Coté gauche).jpg|thumb|La colonne de la Déesse avant la Première Guerre mondiale.|alt=Carte postale de la Grand'Place de Lille avant la Première Guerre mondiale.]] |
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Dans la première moitié des années 1830, il est question de couronner le sommet de l'[[arc de triomphe de l'Étoile]] de statues représentant les plus grandes villes de France. [[Théophile Bra]], sculpteur douaisien, |
Dans la première moitié des années 1830, il est question de couronner le sommet de l'[[arc de triomphe de l'Étoile]] de statues représentant les trente-six plus grandes villes de France. [[Théophile Bra]], sculpteur douaisien, est chargé de réaliser la statue représentant la ville de Lille. Il conçoit alors une statue représentant une femme brandissant d'une main le décret de la convention et de l'autre un glaive. En 1832, après l'abandon du projet de [[Jean-Nicolas Huyot]], Théophile Bra entreprend des démarches pour essayer de faire ériger sa statue à Lille, sans succès. Il finit en 1835 par offrir le plâtre de la statue à la municipalité de Lille<ref name=":0">{{Article|langue=fr|auteur1=Nicolas Delnatte|titre=L'Histoire de la Déesse|périodique=Bulletin de l'association Renaissance du Lille Ancien|date=Mars 1996|pages=16-17}}</ref>. |
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En 1842, le cinquantenaire des sièges révolutionnaires engendre une vague commémorative qui remet à l'ordre du jour l'érection d'un monument<ref>{{Article |prénom1=Bénédicte |nom1= Grailles |titre=Le Nord, rempart de la France |périodique=Revue du Nord |année=2005 |volume=2 |numéro=360-361 |pages=613-632 |url texte=http://www.cairn.info/revue-du-nord-2005-2-page-613.htm |consulté le=8 février 2014}}.</ref>{{,}}<ref>{{harvsp|id=Architecte|texte= |
En 1842, le cinquantenaire des sièges révolutionnaires engendre une vague commémorative qui remet à l'ordre du jour l'érection d'un monument à Lille<ref>{{Article |prénom1=Bénédicte |nom1= Grailles |titre=Le Nord, rempart de la France |périodique=Revue du Nord |année=2005 |volume=2 |numéro=360-361 |pages=613-632 |url texte=http://www.cairn.info/revue-du-nord-2005-2-page-613.htm |consulté le=8 février 2014}}.</ref>{{,}}<ref>{{harvsp|id=Architecte|texte=Société des architectes, 1874|p=60}}.</ref>. La municipalité lance un concours le 18 août 1842<ref name=":0" /> pour l'érection d'un monument commémoratif du bombardement de Lille de 1792, sur la [[place Rihour]], sous les fenêtres de la salle où la réponse aux assiégeants avait été délibérée<ref name="Batteur_p111">{{harvsp|Batteur|1895|p=111}}.</ref>{{,}}<ref group="N">Entre 1664 et 1916, l'Hôtel de ville est situé dans le [[palais Rihour]].</ref>. Seuls deux architectes répondent : [[Charles Leroy]] et [[Charles Benvignat]]. Ce dernier est désigné par la municipalité de la commune à l'unanimité. Le projet initial de Benvignat est toutefois différent du monument actuel. La statue représentant la ville est proposée au pied de l'édicule<ref name="Batteur_p111"/> avec sa main gauche montrant l'inscription au sommet de la colonne<ref name="Batteur_p112">{{harvsp|Batteur|1895|p=112}}.</ref>. |
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La partie statuaire est confiée sans concours à Théophile Bra qui s'implique fortement dans le projet, et entre en conflit plusieurs fois avec Charles Benvignat sur la conception du monument<ref name=":0" />, par exemple sur l'emplacement du monument, Théophile Bra souhaitant qu'il soit implanté [[place du Concert]]<ref name=":1">{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Vincent Breye|titre=Le Nord-Pas-de-Calais à travers Cent Statues|passage=48-49|lieu=Lille|éditeur=La Voix du Nord|date=2000|pages totales=140|isbn=2-84393-033-2}}</ref>. En 1843, le projet est modifié, la statue étant maintenant prévue au sommet de la colonne, changement exigé par le Conseil des Bâtiments Civils<ref name=":0" />. |
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Afin de représenter le « type flamand dans sa pureté primitive », Théophile Bra multiplie les observations en ville et rencontre des Lillois de tout milieu social<ref name=":0" />. Lors de la réalisation de la statue, il déclare<ref>{{ouvrage|prénom1=Henri|nom1=Bruneel|titre=Histoire populaire de Lille|passage=221|éditeur=Imprimerie Danel|année=1848|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=V0ibpZk0rwQC&|consulté le=18 février 2014|libellé=Bruneel 1848}}.</ref> : |
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⚫ | La colonne est inaugurée le {{ |
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⚫ | {{citation bloc|[[Lille]] ! Lille ! C'est une [[femme]] dont le [[Front (anatomie)|front]] doit porter l'empreinte du courage calme et obstiné des [[Flandre (terminologie)|Flamands]] ; il faudra que sa [[Thorax|poitrine]] soit couverte, qu'elle soit large et ferme, que ses [[Tronc (anatomie)|flancs]] soient développés et vigoureux, car la Flamande est à la fois chaste, robuste et féconde… Tout le [[torse]] traduira la fertilité de notre territoire ; les bras sont forts et nerveux, car Lille travaille beaucoup et toujours… Oui, je vois d'ici ma Lille républicaine… L'[[Autriche|Autrichien]] vient de la sommer de se rendre… Il faut qu'elle réponde… Je ferai parler sa [[main]] gauche qui désignera d'un [[doigt]] impérieux notre réponse héroïque inscrite à ses [[Pied (anatomie humaine)|pieds]]… Ce n'est pas tout : au premier [[boulet]] qui partira de la [[tranchée]], il faudra une réponse plus éloquente encore… Ah ! La voici !… Cette autre main armée d'un [[Chaîne pyrotechnique|boutefeu]] se tiendra toute prête à répliquer à l'insolence autrichienne… Oui, oui, c'est bien cela, je vois ma statue de Lille, je la vois.}} |
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Le 8 octobre 1842, jour anniversaire de la levée du siège, la pose de la première pierre du monument a lieu solennellement devant l'hôtel de ville, lieu initialement fixé par le programme. Le site est alors étoffé par un simulacre du monument<ref name=":0" />. |
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⚫ | Le 21 avril 1845<ref name="Bocquet">{{ouvrage|prénom1=Carlos|nom1=Bocquet|titre=Les Monuments d'Hier dans le Lille d'Aujourd'hui|passage=32-35|éditeur=Editions Publi-Nord|année=1988|pages totales=|lire en ligne=|consulté le=|chapitre=La déesse}}.</ref>, cette première pierre est retirée pour être replacée au centre de la [[place du Général-de-Gaulle (Lille)|Grand'Place]]<ref name="Architecte_p61">{{harvsp|id=Architecte|texte=Société des architectes, 1874|p=61}}.</ref>. Le projet proposé par Benvignat doit être remanié en conséquence, car il était adapté pour être placé à quatre ou cinq mètres des maisons et non au milieu d'une place<ref name="Architecte_p61" />{{,}}<ref name="Batteur_p112" />. Benvignat réhausse le socle et prévoit une colonne plus haute<ref name="Bocquet" />. Le monument fait alors {{unité|15.51|m}} de haut et comporte une statue à sa cime. Celle-ci porte un [[Chaîne pyrotechnique|boutefeu]] d'une main et montre la réponse de la municipalité aux Autrichiens inscrit sur la colonne qui la supporte : {{citation|Nous venons de renouveler notre serment de vivre libres ou de mourir. Nous ne sommes pas des parjures.}} Son piédestal soutient des mortiers, dans le style de ceux abandonnés par les [[Impériaux]] durant le [[siège de Lille (1792)|siège]]<ref name="Architecte_p62" />{{,}}<ref name="Bonnefont">{{Ouvrage|langue=|auteur1=Gaston Bonnefont|titre=Voyage en zigzags de deux jeunes Français en France|passage=443|lieu=Paris|éditeur=Maurice Dreyfous|date=1889|pages totales=524|isbn=|lire en ligne=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6580271c}}.</ref>. |
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⚫ | La colonne est inaugurée le {{date-|8 octobre 1845}}. Ce jour-là, une fête est donnée sur la [[Place du Général-de-Gaulle (Lille)|Grand'Place]]<ref>{{harvsp|id=Inauguration|texte=Ville de Lille, 1845}}.</ref>{{,}}<ref name="Architecte_p63">{{harvsp|id=Architecte|Société des architectes, 1874|p=63}}.</ref>{{,}}<ref>{{harvsp|Bruneel|1848|p=221-222}}.</ref>. Une médaille, éditée la même année pour célébrer l’inauguration de la colonne, rappelle le Décret de la Convention Nationale du {{nobr|12 octobre 1792}}. |
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=== Jusqu'à nos jours === |
=== Jusqu'à nos jours === |
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Peu après l'inauguration, le monument est ceint d'une grille circulaire et de quatre candélabres<ref name=":0" />. |
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⚫ | Le 25 novembre 1900, une plaque portant la mention {{citation|Hommage aux Lillois de 1792}} est apposée sur le socle du monument. Elle est signée {{citation|Les Autorités civiles et militaires, les sociétés d’anciens militaires du Nord, d’anciens combattants de 1870 |
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⚫ | Le 25 novembre 1900, une plaque portant la mention {{citation|Hommage aux Lillois de 1792}} est apposée sur le socle du monument. Elle est signée {{citation|Les Autorités civiles et militaires, les sociétés d’anciens militaires du Nord, d’anciens combattants de 1870-71, de vétérans, de gymnastique, artistiques, d’armes, de tir, de musique et les habitants de Lille.}}<ref name="monumen">[http://e-monumen.net/patrimoine-monumental/colonne-commemorative-du-siege-de-1792-ou-colonne-de-la-deesse-grand-place-lille/ ''Colonne commémorative du siège de 1792 ou Colonne de la déesse – Grand-Place – Lille''], sur e-monumen.net</ref> |
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En 1914, lorsque les Allemands investissent Lille, ils retirent les quatre mortiers autrichiens qui encadrent la colonne. Un an plus tard, la statue échappe de justesse à la collecte des monuments de bronze de la ville par l'occupant<ref name="Bocquet"/>. |
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En 1916, pendant l'occupation, les allemands récupèrent les quatre mortiers autrichiens qui encadrent la colonne, afin de les faire fondre<ref name=":1" />. |
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Le socle du monument porte aujourd'hui la croix de guerre décernée à la ville après l'armistice de 1918 pour honorer son courage pendant les bombardements d'octobre 1914 et les quatre années d'occupation par l'ennemi<ref name="Bocquet"/>. |
Le socle du monument porte aujourd'hui la croix de guerre décernée à la ville après l'armistice de 1918 pour honorer son courage pendant les bombardements d'octobre 1914 et les quatre années d'occupation par l'ennemi<ref name="Bocquet"/>. |
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En 1989, lors de la construction du parking souterrain sous la Grand' |
En 1989, lors de la construction du parking souterrain sous la Grand'Place, la colonne est entourée d'une fontaine et d'un bassin circulaire<ref name="monumen"/>{{,}}<ref name=":1" />. |
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[[Fichier:La statue de la déesse (Lille), aux couleur de la coupe du monde de Rugby 2023.jpg|vignette|La déesse, lors de la coupe du monde de rugby 2023 à Lille]] |
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== Dans la culture == |
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{{refnec|Aujourd'hui, la Déesse est reprise par certains chants de supporters de l'équipe de football de la ville (le LOSC) : {{Citation|Nous sommes les enfants de la Déesse, nous sommes les enfants de Lille. On chante et on se bat pour toi, et on ne te lâchera pas.}}}} |
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La Déesse est évoquée dans un chant de [[supporters du LOSC Lille]] : {{Citation|Nous sommes les enfants de la Déesse, nous sommes les enfants de Lille. On chante et on se bat pour toi, et on ne te lâchera pas<ref>{{Lien web|titre=Nous sommes les enfants de Lille: LOSC Songs|url=https://www.fanchants.com/fr/football-songs/lille-chants/kids/|site=fanchants.com|consulté le=11 avril 2020}}</ref> |
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== Notes et références == |
== Notes et références == |
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=== Notes === |
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=== Références === |
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== Annexes == |
== Annexes == |
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=== Liens externes === |
=== Liens externes === |
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{{Liens}} |
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* [http://numerique.bibliotheque.bm-lille.fr/sdx/num/champ?f=subject&v=Lille%20%28Nord%29%20--%20Colonne%20de%20la%20D%C3%A9esse Photographies anciennes de la colonne] sur le site de la bibliothèque municipale de Lille |
* [http://numerique.bibliotheque.bm-lille.fr/sdx/num/champ?f=subject&v=Lille%20%28Nord%29%20--%20Colonne%20de%20la%20D%C3%A9esse Photographies anciennes de la colonne] sur le site de la bibliothèque municipale de Lille |
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Dernière version du 7 novembre 2024 à 15:24
Type | |
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Partie de | |
Commémore | |
Architecte | |
Matériau | |
Construction | |
Hauteur |
15,51 m |
Diamètre |
3,7 m |
Pays | |
---|---|
Région | |
Commune | |
Adresse |
Gare | |
---|---|
Métro |
Coordonnées |
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La colonne de la déesse est un monument commémoratif, inauguré le 8 octobre 1845, au centre de la Grand'Place de Lille, aujourd'hui place du Général-de-Gaulle, dans le département français du Nord en région Hauts-de-France.
Le monument, qui commémore l'héroïsme des Lillois lors du siège de Lille de 1792 par l'armée impériale, est composé d'une colonne et d'une statue de femme en son sommet.
Elle tient dans sa main droite un boutefeu, servant à allumer la mèche des canons, et montre de la gauche l'inscription du socle qui reprend la réponse du maire de Lille, François André-Bonte, refusant la reddition de la ville assiégée aux Impériaux, le 29 septembre 1792.
La statue de la Déesse au boute-feu est une œuvre de Théophile Bra, sculpteur douaisien. L'architecte du monument est Charles Benvignat. Elle prit le nom populaire de colonne de la Déesse peu de temps après son érection à la suite d'un poème à son sujet publié localement. À sa base, elle est entourée d'un bassin faisant fontaine, de conception plus récente.
Localisation
[modifier | modifier le code]La colonne de la Déesse se situe au centre de la place du Général-de-Gaulle, également appelée Grand-Place, à Lille[1].
Description
[modifier | modifier le code]Colonne
[modifier | modifier le code]Le monument est l'œuvre de Charles Benvignat[1]. Sans la statue, la colonne mesure 12,51 m de haut et repose sur un socle de 3,65 m de diamètre[2]. La colonne est composée de granit cannelé[3],[4].
Chacun des quatre côté du piédestal de la colonne porte des inscriptions[1],[5] :
- Sur le côté en face : « Nous venons de renouveler notre serment d'être fidèle à la Nation, de maintenir la Liberté et l'Égalité ou de mourir à notre poste. Nous ne sommes pas des parjures. » Il s'agit de la réponse du maire aux assiégeants ;
- Sur le côté droit : « Levée du Siège, nuit du 7 au 8 octobre 1792. » ;
- Sur le côté arrière : « Aux Lillois de 1792. Hommage de nos concitoyens. 1842. » ;
- Sur le côté gauche : « Les habitants de Lille ont bien mérité de la patrie (Décret du 12 octobre 1792). ».
Son socle est entouré du bassin d'une fontaine.
Statue
[modifier | modifier le code]La statue de bronze au sommet du monument est l'œuvre de Théophile Bra[1].
Mesurant trois mètres de haut[2], la statue tient dans sa main droite un boutefeu, sorte de bâton coiffé d'étoupe servant à allumer la mèche des canons. L'autre main désigne la colonne où figure la réponse du maire André aux assiégeants[2]. Cette femme drapée[6] est une allégorie de la ville de Lille, comme l'indique la couronne de tours dont elle est coiffée[7] et reproduirait les traits de Marie-Josephe Bigo-Danel, l'épouse du maire de l'époque, Louis Bigo-Danel[8],[9].
Lors de son inauguration, le peuple, ne connaissant pas les conventions allégoriques, la surnomma la « Déesse »[7], comme l'y invite une dédicace proposée par Émile Durieux, libraire à Lille[10] :
« Quelle est cette fière déesse
Au sommet de ce monument ?
C'est la ville de Lille, en un jour de détresse,
De vaincre ou de périr prononçant le serment !.. »
Symboliquement, la Déesse doit rappeler et entretenir le patriotisme de Lille envers la France[11].
Histoire
[modifier | modifier le code]Siège de Lille et esquisse de monument
[modifier | modifier le code]Le , l’Assemblée Législative, sur proposition du roi Louis XVI, déclare la guerre au « roi de Bohême et de Hongrie », cette expression désignant l'empereur du Saint-Empire et ses états. Lille est en première ligne. Le 29 septembre, à 15 heures, le bombardement de la ville commence. Le siège de Lille dure jusqu’au 6 octobre. La résistance des Lillois, conduits par leur maire François André-Bonte, a tenu bon. Pour la saluer, la Convention nationale vote à l’unanimité un décret le 12 octobre 1792 qui proclame : « Lille a bien mérité de la patrie »[12].
Au-delà du vote du décret du 12 octobre, Jacques-Louis David propose, dès le 9 novembre 1792, l'érection d'un monument traversant les temps. Il termine sa motion en ces termes :
« Je vous propose donc d'élever dans cette ville [de Lille], ainsi que dans celle de Thionville, un grand monument, soit une pyramide ou un obélisque, en granit français provenant des carrières de Rethel, de Cherbourg ou celle de la ci-devant province de Bretagne ; je demande qu'à l'exemple des Égyptiens et autres anciens, ce monument soit élevé en granit comme la pierre la plus durable, et qui portera à la postérité le souvenir de la gloire dont se sont couverts les habitants de Lille et de Thionville. »
Il en fait part à la municipalité de Lille, au travers d'une lettre écrite le même jour, également adressée aux artistes locaux. Louis Joseph Watteau, Charles-Louis Corbet et François Verly ont chacun proposé un projet, mais aucun n'est retenu[13].
Conception et inauguration
[modifier | modifier le code]Dans la première moitié des années 1830, il est question de couronner le sommet de l'arc de triomphe de l'Étoile de statues représentant les trente-six plus grandes villes de France. Théophile Bra, sculpteur douaisien, est chargé de réaliser la statue représentant la ville de Lille. Il conçoit alors une statue représentant une femme brandissant d'une main le décret de la convention et de l'autre un glaive. En 1832, après l'abandon du projet de Jean-Nicolas Huyot, Théophile Bra entreprend des démarches pour essayer de faire ériger sa statue à Lille, sans succès. Il finit en 1835 par offrir le plâtre de la statue à la municipalité de Lille[14].
En 1842, le cinquantenaire des sièges révolutionnaires engendre une vague commémorative qui remet à l'ordre du jour l'érection d'un monument à Lille[15],[16]. La municipalité lance un concours le 18 août 1842[14] pour l'érection d'un monument commémoratif du bombardement de Lille de 1792, sur la place Rihour, sous les fenêtres de la salle où la réponse aux assiégeants avait été délibérée[17],[N 1]. Seuls deux architectes répondent : Charles Leroy et Charles Benvignat. Ce dernier est désigné par la municipalité de la commune à l'unanimité. Le projet initial de Benvignat est toutefois différent du monument actuel. La statue représentant la ville est proposée au pied de l'édicule[17] avec sa main gauche montrant l'inscription au sommet de la colonne[18].
La partie statuaire est confiée sans concours à Théophile Bra qui s'implique fortement dans le projet, et entre en conflit plusieurs fois avec Charles Benvignat sur la conception du monument[14], par exemple sur l'emplacement du monument, Théophile Bra souhaitant qu'il soit implanté place du Concert[19]. En 1843, le projet est modifié, la statue étant maintenant prévue au sommet de la colonne, changement exigé par le Conseil des Bâtiments Civils[14].
Afin de représenter le « type flamand dans sa pureté primitive », Théophile Bra multiplie les observations en ville et rencontre des Lillois de tout milieu social[14]. Lors de la réalisation de la statue, il déclare[20] :
« Lille ! Lille ! C'est une femme dont le front doit porter l'empreinte du courage calme et obstiné des Flamands ; il faudra que sa poitrine soit couverte, qu'elle soit large et ferme, que ses flancs soient développés et vigoureux, car la Flamande est à la fois chaste, robuste et féconde… Tout le torse traduira la fertilité de notre territoire ; les bras sont forts et nerveux, car Lille travaille beaucoup et toujours… Oui, je vois d'ici ma Lille républicaine… L'Autrichien vient de la sommer de se rendre… Il faut qu'elle réponde… Je ferai parler sa main gauche qui désignera d'un doigt impérieux notre réponse héroïque inscrite à ses pieds… Ce n'est pas tout : au premier boulet qui partira de la tranchée, il faudra une réponse plus éloquente encore… Ah ! La voici !… Cette autre main armée d'un boutefeu se tiendra toute prête à répliquer à l'insolence autrichienne… Oui, oui, c'est bien cela, je vois ma statue de Lille, je la vois. »
Le 8 octobre 1842, jour anniversaire de la levée du siège, la pose de la première pierre du monument a lieu solennellement devant l'hôtel de ville, lieu initialement fixé par le programme. Le site est alors étoffé par un simulacre du monument[14].
Le 21 avril 1845[21], cette première pierre est retirée pour être replacée au centre de la Grand'Place[22]. Le projet proposé par Benvignat doit être remanié en conséquence, car il était adapté pour être placé à quatre ou cinq mètres des maisons et non au milieu d'une place[22],[18]. Benvignat réhausse le socle et prévoit une colonne plus haute[21]. Le monument fait alors 15,51 m de haut et comporte une statue à sa cime. Celle-ci porte un boutefeu d'une main et montre la réponse de la municipalité aux Autrichiens inscrit sur la colonne qui la supporte : « Nous venons de renouveler notre serment de vivre libres ou de mourir. Nous ne sommes pas des parjures. » Son piédestal soutient des mortiers, dans le style de ceux abandonnés par les Impériaux durant le siège[2],[4].
La colonne est inaugurée le . Ce jour-là, une fête est donnée sur la Grand'Place[23],[24],[25]. Une médaille, éditée la même année pour célébrer l’inauguration de la colonne, rappelle le Décret de la Convention Nationale du 12 octobre 1792.
-
Médaille en bronze (26 mm), signée A. Lecomte, éditée à l'occasion de l'érection de la colonne
-
Revers de la médaille
Jusqu'à nos jours
[modifier | modifier le code]Peu après l'inauguration, le monument est ceint d'une grille circulaire et de quatre candélabres[14].
Le 25 novembre 1900, une plaque portant la mention « Hommage aux Lillois de 1792 » est apposée sur le socle du monument. Elle est signée « Les Autorités civiles et militaires, les sociétés d’anciens militaires du Nord, d’anciens combattants de 1870-71, de vétérans, de gymnastique, artistiques, d’armes, de tir, de musique et les habitants de Lille. »[26]
En 1916, pendant l'occupation, les allemands récupèrent les quatre mortiers autrichiens qui encadrent la colonne, afin de les faire fondre[19].
Le socle du monument porte aujourd'hui la croix de guerre décernée à la ville après l'armistice de 1918 pour honorer son courage pendant les bombardements d'octobre 1914 et les quatre années d'occupation par l'ennemi[21].
En 1989, lors de la construction du parking souterrain sous la Grand'Place, la colonne est entourée d'une fontaine et d'un bassin circulaire[26],[19].
Dans la culture
[modifier | modifier le code]La Déesse est évoquée dans un chant de supporters du LOSC Lille : « Nous sommes les enfants de la Déesse, nous sommes les enfants de Lille. On chante et on se bat pour toi, et on ne te lâchera pas[27] . »
Notes et références
[modifier | modifier le code]Notes
[modifier | modifier le code]- Entre 1664 et 1916, l'Hôtel de ville est situé dans le palais Rihour.
Références
[modifier | modifier le code]- Petit conducteur dans Lille : à l'usage des étrangers, Chez tous les libraires, , 93 p. (lire en ligne), p. 50-51.
- Société des architectes, 1874, p. 62.
- Bruneel 1848, p. 220.
- Gaston Bonnefont, Voyage en zigzags de deux jeunes Français en France, Paris, Maurice Dreyfous, , 524 p. (lire en ligne), p. 443.
- Société des architectes, 1874, p. 62-63.
- Paul Hoffmann, Mythes et représentations de la femme au dix-neuvième siècle, Champion, , 256 p. (lire en ligne), p. 146.
- Maurice Agulhon, « Un usage de la femme au XIXe siècle : l'allégorie de la République », Romantisme, vol. 6, nos 13-14, , p. 146 (lire en ligne).
- Pierre Pierrard, Lille : dix siècles d'histoire, Éditions Actica, , 223 p. (lire en ligne), p. 82.
- Francis Nazé, Journal d'un notable bonduois pendant la révolution, Club d'histoire de Bondues, , 114 p. (lire en ligne), p. 48.
- La Colonne de Lille, 1845, p. 150.
- Villes haussmanniennes : Bordeaux, Lille, Lyon, Marseille, Les Editions du Mécène, , 232 p. (lire en ligne), p. 98.
- La Colonne de Lille, 1845, p. 23
- Paul Foucard et Jules Finot, La défense nationale dans le Nord, de 1792 à 1802, t. 1, Imprimerie de Lefebvre-Ducrocq, 1890-1893, 869 p. (lire en ligne), p. 257-258.
- Nicolas Delnatte, « L'Histoire de la Déesse », Bulletin de l'association Renaissance du Lille Ancien, , p. 16-17
- Bénédicte Grailles, « Le Nord, rempart de la France », Revue du Nord, vol. 2, nos 360-361, , p. 613-632 (lire en ligne).
- Société des architectes, 1874, p. 60.
- Batteur 1895, p. 111.
- Batteur 1895, p. 112.
- Vincent Breye, Le Nord-Pas-de-Calais à travers Cent Statues, Lille, La Voix du Nord, , 140 p. (ISBN 2-84393-033-2), p. 48-49
- [Bruneel 1848] Henri Bruneel, Histoire populaire de Lille, Imprimerie Danel, (lire en ligne), p. 221.
- Carlos Bocquet, Les Monuments d'Hier dans le Lille d'Aujourd'hui, Editions Publi-Nord, , « La déesse », p. 32-35.
- Société des architectes, 1874, p. 61.
- Ville de Lille, 1845.
- Société des architectes, 1874, p. 63.
- Bruneel 1848, p. 221-222.
- Colonne commémorative du siège de 1792 ou Colonne de la déesse – Grand-Place – Lille, sur e-monumen.net
- « Nous sommes les enfants de Lille: LOSC Songs », sur fanchants.com (consulté le )
Annexes
[modifier | modifier le code]Articles connexes
[modifier | modifier le code]Liens externes
[modifier | modifier le code]
- Photographies anciennes de la colonne sur le site de la bibliothèque municipale de Lille
Bibliographie
[modifier | modifier le code]: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
- [Ville de Lille, 1845] Inauguration du monument commémoratif de la défense de Lille en 1792, Ville de Lille, , 8 p. (lire en ligne).
- [La Colonne de Lille, 1845] La Colonne de Lille : recueil de documents historiques et de poésies (poèmes, odes, cantades, chansons, airs, couplets, &c) relatifs au bombardement de Lille en 1792 à la célébration du 50e anniversaire en 1842 et à l'inauguration du monument commémoratif le 8 octobre 1845, Lille, Émile Durieux, , 160 p. (lire en ligne).
- [Société des architectes, 1874] « Monument commémoratif du siège de la ville de Lille en 1792 », dans Société des architectes du département du Nord, Lille, Imprimerie L. Danel, (lire en ligne), chap. 7, p. 60-63.
- [Batteur 1895] C. Batteur, « Notes et boutades à propos de la colonne obsidionale de Lille », L'Architecture et la construction dans le Nord, no 10, , p. 109-112 (lire en ligne).