« Serfouette » : différence entre les versions
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Une '''serfouette''' |
Une '''serfouette''' ou un '''rayonnoir''' est un [[outil]] manuel de [[jardinier]] comportant un manche en [[frêne]] avec une emmanchure à douille, où se fixe la partie métallique à tirer en forme de [[racloir]] opposé de deux dents en [[acier]] [[Trempe (métallurgie)|trempé]]. Il sert à creuser, ou encore à marquer par empreinte dans le sol une ligne tracée à l'aide d’un [[Cordeau à tracer|cordeau]] pour préparer les [[Semis (agriculture)|semis]]. |
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La serfouette sert à marquer par empreinte dans le sol une ligne tracée à l'aide d’un cordeau pour préparer les semis. |
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⚫ | Pour « bien arborizer », [[Gargantua]] utilisait, entre autres instruments, la serfouette (« cerfouette »)<ref> Rabelais, Gargantua, Chap. 23</ref>. Si le terme apparaît ici en 1535<ref> Le Dictionnaire culturel en langue française, IV, p. 730, mentionne le terme « cerfoete » datant de 1360</ref>, l’expression « cerfoïr », serfouir, est répertoriée depuis bien avant, dès la fin du {{s-|XII|e}}, dans l’''Estoire de la guerre sainte'' du trouvère normand [[Ambroise (trouvère)|Ambroise]]. Elle signifie « creuser tout autour », et provient du [[latin vulgaire]] *circumfodire, latin classique circumfodere<ref>ARTFL, serfouir</ref>. L’on retrouve ce même terme dans [[Le Roman de la Rose (Guillaume de Lorris et Jean de Meung)|Le Roman de la Rose]] (1237 et 1275- 1280)<ref> Le Roman de la Rose, v. 19744 : « Et jachieres non pas perreuses, Mes plantéives et herbeuses, Qui d'arer et de cerfoïr Ont mestier »</ref>. [[Olivier de Serres]] dans son ''Théâtre d'agriculture et mesnage des champs'', paru en 1606, précise ce que voulait dire serfouir ou « serfouer » : « … Puis les [[oignon]]s, par sarfouer et [[sarcler]] nettement tenus, seront deschargés d’importun voisinage »<ref> Olivier de Serres, Théâtre d'agriculture et mesnage des champs, 1606, Vi, 7</ref>. Sarfouer, c’est aussi « [[Bêche|bécher]] légèrement la terre entre les plantes pour la rafraîchir, et les faire mieux pousser après les avoir sarclées »<ref> François-Alexandre Aubert de La Chesnaye Des Bois, Dictionnaire universel d'Agriculture, et de Jardinage, 1751, p. 155</ref>. Ce labour superficiel de la terre nécessite un outil combiné, associant une petite bêche qui forme un angle droit avec le manche auquel on place une petite fourche à deux dents ; cet instrument porte le nom de serfouette<ref> M. Mongez, Mémoire sur les instruments d’agriculture employés par les anciens, Institut de France (Paris) Classe d'Histoire et de Littérature Ancienne, Histoire et mémoires de l'Institut Royal de France, 1818, pp. 27-28</ref>. On appellera cet instrument aussi trace-sillon lorsqu'une de ses lames se termine en carré, et l’autre a une forme de langue-de-bœuf, permettant de tracer de légers sillons pour planter des oignons à fleurs, et faire certains semis en rayons<ref>Le bon jardinier: almanach pour l'an 1837</ref>. Aujourd’hui, on définit la serfouette comme un outil à double usage que rassemble, en multiples combinaisons, des pointes ou langues servant à rayonner le sol, des pannes plus ou moins étroites (houes légères), et une paire de crochets. Les associations les plus courantes pour le jardinage sont pointe-panne, panne-crochet et pointe-crochet<ref>Le bon jardinier, encyclopédie horticole, sous la dir. de Jean-Noël Burte, Paris, La maison rustique, 1992, p. 331</ref>. |
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⚫ | L'on connaît un outil appelé [[ascia (outil)|ascia]] qu’utilisaient les Romains, ressemblant à une [[herminette]] pour le travail du bois qui pouvait être utilisée comme [[houe]], et qui permettait aussi de fouiller la terre<ref>Daremberg et Saglio, Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines, p. 464, Paul-Marie Duval L'« ascia ». 1. Typologie de l'« ascia», herminette marteau, Publications de l'École française de Rome Travaux sur la Gaule, 1989, p. 491</ref>. Tandis que cet outil à manche long s’était répandu dans plusieurs pays d'Europe<ref> répertoriés par K.D White, Agricultural Implements of the Roman World, London, 1967, pp. 66-681</ref>. celui à manche court, appelé "serfouette belge" (néerl. Klauwkrabbertje), n'aurait été utilisé qu’aux [[Pays-Bas (toponymie)|Pays-Bas]], attirant l'attention des voisins de ce pays au {{s-|XIX|e}}<ref> Johan David, La serfouette, un outil "flamand"?, Le Jardin, lectures et relations, Brussel 1977, 79-83 </ref>. |
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Dernière version du 26 juin 2024 à 20:54
Une serfouette ou un rayonnoir est un outil manuel de jardinier comportant un manche en frêne avec une emmanchure à douille, où se fixe la partie métallique à tirer en forme de racloir opposé de deux dents en acier trempé. Il sert à creuser, ou encore à marquer par empreinte dans le sol une ligne tracée à l'aide d’un cordeau pour préparer les semis.
Historique
[modifier | modifier le code]Pour « bien arborizer », Gargantua utilisait, entre autres instruments, la serfouette (« cerfouette »)[1]. Si le terme apparaît ici en 1535[2], l’expression « cerfoïr », serfouir, est répertoriée depuis bien avant, dès la fin du XIIe siècle, dans l’Estoire de la guerre sainte du trouvère normand Ambroise. Elle signifie « creuser tout autour », et provient du latin vulgaire *circumfodire, latin classique circumfodere[3]. L’on retrouve ce même terme dans Le Roman de la Rose (1237 et 1275- 1280)[4]. Olivier de Serres dans son Théâtre d'agriculture et mesnage des champs, paru en 1606, précise ce que voulait dire serfouir ou « serfouer » : « … Puis les oignons, par sarfouer et sarcler nettement tenus, seront deschargés d’importun voisinage »[5]. Sarfouer, c’est aussi « bécher légèrement la terre entre les plantes pour la rafraîchir, et les faire mieux pousser après les avoir sarclées »[6]. Ce labour superficiel de la terre nécessite un outil combiné, associant une petite bêche qui forme un angle droit avec le manche auquel on place une petite fourche à deux dents ; cet instrument porte le nom de serfouette[7]. On appellera cet instrument aussi trace-sillon lorsqu'une de ses lames se termine en carré, et l’autre a une forme de langue-de-bœuf, permettant de tracer de légers sillons pour planter des oignons à fleurs, et faire certains semis en rayons[8]. Aujourd’hui, on définit la serfouette comme un outil à double usage que rassemble, en multiples combinaisons, des pointes ou langues servant à rayonner le sol, des pannes plus ou moins étroites (houes légères), et une paire de crochets. Les associations les plus courantes pour le jardinage sont pointe-panne, panne-crochet et pointe-crochet[9].
L'on connaît un outil appelé ascia qu’utilisaient les Romains, ressemblant à une herminette pour le travail du bois qui pouvait être utilisée comme houe, et qui permettait aussi de fouiller la terre[10]. Tandis que cet outil à manche long s’était répandu dans plusieurs pays d'Europe[11]. celui à manche court, appelé "serfouette belge" (néerl. Klauwkrabbertje), n'aurait été utilisé qu’aux Pays-Bas, attirant l'attention des voisins de ce pays au XIXe siècle[12].
Références
[modifier | modifier le code]- Rabelais, Gargantua, Chap. 23
- Le Dictionnaire culturel en langue française, IV, p. 730, mentionne le terme « cerfoete » datant de 1360
- ARTFL, serfouir
- Le Roman de la Rose, v. 19744 : « Et jachieres non pas perreuses, Mes plantéives et herbeuses, Qui d'arer et de cerfoïr Ont mestier »
- Olivier de Serres, Théâtre d'agriculture et mesnage des champs, 1606, Vi, 7
- François-Alexandre Aubert de La Chesnaye Des Bois, Dictionnaire universel d'Agriculture, et de Jardinage, 1751, p. 155
- M. Mongez, Mémoire sur les instruments d’agriculture employés par les anciens, Institut de France (Paris) Classe d'Histoire et de Littérature Ancienne, Histoire et mémoires de l'Institut Royal de France, 1818, pp. 27-28
- Le bon jardinier: almanach pour l'an 1837
- Le bon jardinier, encyclopédie horticole, sous la dir. de Jean-Noël Burte, Paris, La maison rustique, 1992, p. 331
- Daremberg et Saglio, Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines, p. 464, Paul-Marie Duval L'« ascia ». 1. Typologie de l'« ascia», herminette marteau, Publications de l'École française de Rome Travaux sur la Gaule, 1989, p. 491
- répertoriés par K.D White, Agricultural Implements of the Roman World, London, 1967, pp. 66-681
- Johan David, La serfouette, un outil "flamand"?, Le Jardin, lectures et relations, Brussel 1977, 79-83