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* L'histoire du prophète hébreu [[Jonas]], dans le livre de l'[[Ancien Testament]] qui porte son nom. L'interprétation allégorique médiévale de cette histoire voit en elle la préfiguration la mise au tombeau et la [[Résurrection de Jésus|résurrection]] du Christ, l'estomac de la baleine étant le tombeau<ref>« Car [[Jonas]] est resté dans le ventre du monstre marin trois jours et trois nuits ; de même le Fils de l'homme restera au cœur de la terre trois jours et trois nuits. » (Matthieu 12, 38–42 ; voir aussi Matthieu 16, 1–4, Luc 11, 29–32)</ref>. De fait, Jonas nommait le ventre de la Baleine "[[Shéol]]", la terre des morts. Ainsi, chaque fois que l'on trouve une allusion à Jonas dans l'art ou la littérature médiévale, c'est généralement une allégorie de la mise au tombeau puis de la résurrection du Christ. |
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Version du 28 avril 2017 à 07:16
La typologie biblique (du grec tupos, archétype, le modèle[1]) est une doctrine théologique fondée sur le rapprochement entre une personne ou un événement de l'Ancien Testament (rarement aussi de la mythologie antique ou de légendes anciennes), le type et de leur antitype, personne ou événement du Nouveau Testament.
Cette méthode d'interprétation de la Bible consiste à rechercher la « promesse » et le « respect » : ce qui, dans l'Ancien Testament, est annoncé, s'accomplit dans le Nouveau Testament (également préfiguration).
Les origines
La typologie est à l'origine de ce que l'on appelle l'allégorie médiévale. Elle remonte aux premiers temps de l'Église primitive : c'est une façon de réconcilier les ruptures entre la Bible hébraïque (l'Ancien Testament) et le Nouveau Testament. Les chrétiens étudiaient ces deux parties de la Révélation, et elles avaient pour eux une valeur similaire, mais l'Ancien testament leur posait des problèmes ; c'est le cas, par exemple, des lois juives sur le Cacherouth (les prescriptions alimentaires).
L'Ancien Testament était vu en certains endroits non pas comme un récit littéral, mais comme une allégorie ou une préfiguration des événements du Nouveau Testament. Certains événements de l'Ancien Testament étaient vus comme une préfiguration de la vie du Christ. Le nom technique pour discerner le Nouveau Testament dans l'Ancien est la typologie.
Un bon aperçu de ce mode de pensée est donné par Paul dans l'Épître aux Colossiens 2, 16-17 : « Toutefois, ne laissez personne vous juger sur ce que vous buvez ou mangez, ou en raison du respect de fêtes religieuses, la célébration de la Nouvelle Lune ou des Shabbats. Ce sont des empreintes de choses à venir ; la réalité est à trouver dans le Christ. »
La typologie chez les Pères
Le développement de cette approche de la Bible hébraïque était influencée par la pensée des juifs hellénistiques d'Alexandrie, où Philon et d'autres la considérait comme essentiellement allégorique, en se fondant sur la pensée de Platon. Le système fut christianisé par Origène, et répandu par de grandes figures comme Hilaire de Poitiers et Ambroise de Milan.
Augustin pensait souvent à l'enseignement d'Ambroise[réf. nécessaire] « la lettre tue mais l'esprit donne la vie[2] » et à son tour fut un partisan très influent de ce système, même s'il insista également sur la vérité littérale historique de la Bible[3]. Isidore de Séville et Raban Maur, dans leur travail de compilation et de synthèse du savoir antérieur, établirent les interprétations standardisées des correspondances et leurs significations[4].
L'historien de l'Antiquité Henri-Irénée Marrou, dans son essai Décadence romaine ou Antiquité tardive ?, présente brièvement cette typologie des Pères de l'Eglise : " Cette façon, au premier abord si déconcertante pour nous, de repenser l'histoire a de fait nourri tout un secteur très important de la réflexion des Pères de l'Eglise sur les textes de la Bible : c'est l'aspect de l'exégèse spirituelle qu'on désigne proprement par le terme de typologie - "type" et "antitype" sont des expressions empruntées au Nouveau Testament qui désignent, tour à tour selon les cas, les deux épisodes historiques qui se correspondent comme la préfiguration et l'accomplissement ; la typologie s'oppose à l'allégorie au sens étroit du mot, en tant que celle-ci met en parallèle des mots et des choses - ainsi chez les païens interprétant Homère, des mythes et des thèses philosophiques - et non, comme dans la typologie chrétienne, des événements historiques bien réels, mis en rapport avec d'autres faits historiques, "discernant, sous une histoire vraie, une histoire plus vraie encore"."[5]
Exemples de typologie
- L'histoire du prophète hébreu Jonas, dans le livre de l'Ancien Testament qui porte son nom. L'interprétation allégorique médiévale de cette histoire voit en elle la préfiguration la mise au tombeau et la résurrection du Christ, l'estomac de la baleine étant le tombeau[6]. De fait, Jonas nommait le ventre de la Baleine "Shéol", la terre des morts. Ainsi, chaque fois que l'on trouve une allusion à Jonas dans l'art ou la littérature médiévale, c'est généralement une allégorie de la mise au tombeau puis de la résurrection du Christ.
D'autres exemples de types dans la Bible:
- Au désert, Moïse mit un serpent de bronze sur un bâton qui guérissait toute personne mordue par un serpent qui le regardait[7]. Jésus proclamait que le serpent l'annonçait, car « de même que le serpent de bronze fut élevé par Moïse dans le désert, ainsi faut-il que le Fils de l'homme soit élevé » (Jean 3, 14) et « Celui qui n'a pas connu le péché, Dieu l'a pour nous identifié au péché des hommes, afin que, grâce à lui, nous soyons identifiés à la justice de Dieu[8]. »
- Au cours de la bataille contre les Amalécites, « Quand Moïse tenait la main levée, Israël était le plus fort. Quand il la laissait retomber, Amalec était le plus fort[9]. » Les commentateurs ont interprété les mains levées de Moïse comme la préfiguration des mains levées du Christ en croix, dans la mesure où, étant donné que ses mains étaient levées au moment de sa mort, la bataille livrée contre le péché était gagnée.
Une autre allégorie typologique fréquente concerne les quatre principaux prophètes Isaïe, Jérémie, Ézéchiel et Daniel préfigurant les quatre évangélistes Matthieu, Marc, Luc et Jean, ou bien les douze tribus d'Israël préfigurant les douze apôtres. Le nombre d'analogies entre l'Ancien et le Nouveau Testament que les commentateurs purent trouver est sans fin.
La typologie dans l'art
La typologie était fréquemment exprimée dans les arts ; beaucoup d'appariements typologiques sont remarqués dans la sculpture des cathédrales et des églises, et sur d'autres supports. Des œuvres illustrées populaires mettant en scène des paires typologiques furent parmi les ouvrages les plus répandus au Moyen Âge tardif, comme les manuscrits illuminés, et les incunables.
Les deux compilations les plus connues étaient le Speculum humanae salvationis et le Biblia pauperum, de Nicolas de Hanapes.
Notes et références
- dont le sens premier signifie l'empreinte d'un coup et le moule servant à faire des figurines
- Citation de Paul, 2 Co 3, 6
- Il est l'auteur d'un commentaire au sens littéral de la Genèse.
- Emile Male, The Gothic Image, Religious Art in France of the Thirteen Century, p 131-9, traduction de la 3e ed, 1913, Collins, London
- Henri-Irénée Marrou, Décadence romaine ou Antiquité tardive ?, Paris, Seuil, , 179 p. (ISBN 978-2-02-004713-5), p. 77
- « Car Jonas est resté dans le ventre du monstre marin trois jours et trois nuits ; de même le Fils de l'homme restera au cœur de la terre trois jours et trois nuits. » (Matthieu 12, 38–42 ; voir aussi Matthieu 16, 1–4, Luc 11, 29–32)
- Nombres 21, 8
- 2 Corinthiens 5, 21
- Ex 17, 11
Voir aussi
Bibliographie
- Père Édouard Cothenet, Typologie biblique. De quelques figures vives, Paris, Éd. du Cerf, coll. « Lectio divina », Hors série, 2002, 288 p. (ISBN 2-204-06997-3)
- Jean Daniélou, SJ, Sacramentum futuri, Études sur les origines de la typologie biblique, ed. Beauchesne, Paris, 1950, 263 p.
- Esprit & Vie n°82 / mai 2003 - 2e quinzaine, p. 19-20.