Aposématisme
L'aposématisme est la capacité qu'ont certaines espèces (généralement des animaux, parfois des plantes) d'émettre un signal d'avertissement clairement perceptible par de potentiels prédateurs. Ce signal peut être visuel (le plus souvent une couleur), sonore ou olfactif (émission de molécules sémiochimiques répulsives). Un tel signal de défense contre les prédateurs avertit ces derniers d'un danger qu'ils doivent éviter : substances toxiques, spinescence, etc.[1],[2].
Étymologie
[modifier | modifier le code]Le terme aposématisme vient du grec ancien : ἀπό / apó, « repousser », et σῆμα / sêma, « signal ».
Historique
[modifier | modifier le code]Alfred Russel Wallace, dans une réponse à un courrier de Charles Darwin en 1866, est le premier à avoir suggéré que l'aposématisme pouvait être un mécanisme évolutif. Darwin pensait que les couleurs voyantes pouvaient s'expliquer dans le cadre de la sélection sexuelle, mais que cela ne pouvait pas expliquer les couleurs voyantes de certaines espèces de chenilles, puisque les chenilles ne sont pas sexuellement actives.
Wallace lui fit remarquer que les rayures jaunes d'un frelon avertissaient du danger de la piqûre et qu'il pouvait en être de même pour les chenilles. Il relata aussi l'observation de John Jenner Weir : les oiseaux de sa volière ne consommaient pas certains papillons blancs alors que ceux-ci leur étaient bien visibles. Après avoir convaincu Darwin, Wallace exposa sa théorie à la Société entomologique de Londres. La première preuve expérimentale fut fournie par Weir en 1869 après deux ans d'observation.
Mécanisme de défense
[modifier | modifier le code]On suppose que le signal aposématique constitue un moyen de défense et qu'il avertit les prédateurs que ces animaux qui ne cherchent pas à se cacher représentent pour eux un danger (émission de sémiochimiques répulsifs, de substances toxiques, férocité) et qu'ils doivent donc les éviter. Cette stratégie présente ainsi un avantage autant pour le prédateur que pour la proie. Cependant, un certain nombre d'espèces inoffensives profitent de ce moyen de défense en imitant les signaux d'espèces aposématiques.
Si son efficacité est établie, l'aposématisme n'évite pas systématiquement la prédation. Ainsi, des oiseaux comme les merles peuvent contourner la défense chimique de punaises en les avalant très rapidement avant qu’elles aient le temps de projeter leur jet âcre et toxique. Certaines espèces d'oiseaux très proches, comme les mésanges, n'y touchent pas du tout, tandis que d'autres en consomment occasionnellement[4].
Mimétisme
[modifier | modifier le code]Les biologistes de l'évolution distinguent deux cas dans le cadre du mimétisme : le mimétisme batésien et le mimétisme mullérien.
Dans le premier, l'imitateur est comestible ou non protégé mais copie un animal aposémate et se trouve ainsi protégé. Ce mimétisme batésien revient à l'acquisition d'un signal pseudaposématique.
Dans le second cas, l'imitateur est non comestible ou protégé et copie le signal aposématique d’une autre espèce. Ce mimétisme mullérien est dit synaposématique. Le synaposématisme renforcerait sa protection[5].
Exemple d'espèce utilisant le mimétisme chez les papillons : le Vice-roi imite le Monarque.
Épisématisme
[modifier | modifier le code]Le signal épisématique (du préfixe grec epí qui a une valeur augmentative) entraîne au contraire un rôle attractif, « soit pour favoriser le rapprochement des sexes par exemple chez les oiseaux et les poissons, dont les mâles ont des livrées aux couleurs vives en période de reproduction (coloration 'épigamique'), soit chez des prédateurs ou des parasites, qui simulent ainsi un partenaire sexuel ou une proie (coloration épisématique)[6] ».
Exemples d'espèces aposématiques
[modifier | modifier le code]Voici quelques exemples d'animaux possiblement aposématiques :
- le papillon monarque (Danaus plexippus)
- plusieurs espèces de Dendrobates
- plusieurs espèces de nudibranches
- la mouffette (famille des Mephitidae)
- le monstre de Gila (Heloderma suspectum)
- le criquet (Dactylotum bicolor)
Galerie
[modifier | modifier le code]-
Un serpent venimeux : le serpent corail (Micrurus tener)
-
Une imitation inoffensive : la couleuvre faux-corail (Lampropeltis triangulum). C'est un exemple de mimétisme batésien.
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Eisner T. (1981), Toxicity, Odor Aversion, and "Olfactory Aposematism". Science, vol. 213, p. 476
- (en) S. Camazine, « Olfactory aposematism : Association of food toxicity with naturally occurring odor », J Chem Ecol, vol. 11, no 9, , p. 1289-1295 (DOI 10.1007/BF01024116)
- (en) Simcha Lev-Yadun, « Aposematic (warning) Coloration Associated with Thorns in Higher Plants », Journal of Theoretical Biology, vol. 210, no 3, , p. 385-388 (DOI 10.1006/jtbi.2001.2315, lire en ligne)
- (en) Alice Exnerová, Pavel Štys, Anton Krištín, Ondřej Volf & Martin Pudil, « Birds as predators of true bugs (Heteroptera) in different habitats », Biologia, vol. 58, no 2, , p. 253—264.
- Roger Caillois, Le mimétisme animal, Hachette, , p. 17.
- Encyclopædia Universalis, vol. 18, Encyclopædia Universalis éditeur, , p. 347.
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Articles connexes
[modifier | modifier le code]Liens externes
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- Notice dans un dictionnaire ou une encyclopédie généraliste :