Location via proxy:   [ UP ]  
[Report a bug]   [Manage cookies]                
Aller au contenu

Bayézid II

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
(Redirigé depuis Bayezid II)

Bayezid II
Illustration.
Le sultan Bayezid II
Titre
8e sultan ottoman

(30 ans, 11 mois et 2 jours)
Prédécesseur Mehmed II
Successeur Sélim Ier
Biographie
Dynastie Dynastie ottomane
Nom de naissance بايزيد بن محمد
Date de naissance
Lieu de naissance Didymotique (Empire ottoman)
Date de décès (à 64 ans)
Lieu de décès près de Didymotique (Empire ottoman)
Père Mehmed II
Mère Gülbahar Hatun (en)
Fratrie Zizim, Mustafa, Gevherhan
Conjoint Nigar Hatun, Şirin Hatun, Gülruh Hatun, Bülbül Hatun, Hüsnüşah Hatun, Gülbahar Hatun, Muhtereme Hatun
Enfants Abdullah, Ahmed, Korkut, Sélim Ier , Şehinşah, Alemşah, Mehmed, Mahmud, Aynışah, Ayşe, Sofiyye Fatma, Gevhermülük, Hatice, Hundi, Hümaşah, Iladi, Kamerşah, Selçukşah, Şehzade Şah, Sultanzade
Religion Islam

Signature de Bayezid II
Liste des sultans de l'Empire ottoman

Bayezid II, connu en France sous le nom de Bajazet II (né le à Dimetoka, aujourd'hui Didymotique - mort le à Chekmece (en), près de Dimetoka), est le huitième sultan ottoman, de 1481 lorsqu'il succède à son père Mehmed II, à 1512 lorsqu'il laisse le trône à son fils Sélim Ier.

Bajazet II a huit épouses, huit fils (Mahmud, Ahmed, Seyidsah, Sélim, Mehmed, Korkud, Abdullah et Alimsah — Ahmed étant le successeur désigné) et six filles.

Bajazet II, fils de Mehmed II et de Gülbahar Hatun[1], naît le à Dimetoka, en Thrace[2].

À l'âge de sept ans, il est nommé gouverneur de la ville d'Amasya, centre culturel d'Anatolie centrale depuis le règne des Seldjoukides, où il reste pendant 27 ans, jusqu'à la mort de son père[1]. Son conseiller s'appelait Hadım Ali Paşa (en). Il s'illustre dans la défense de la frontière orientale de l'Empire, notamment contre les Aq Qoyunlu de Ouzoun Hassan[1]. Le , il combattit dans la bataille d'Otlukbeli.

Bayezid n'entretenait pas des bonnes relations avec son père et avec le grand vizir Karamani Mehmed Pacha, qui favorisent son frère cadet Djem ou Cem en turc, surnommé Zizim par les Européens[1]. Bayezid accueille, lui, des opposants à la politique de son père à Amasya[1].

Lutte contre son frère Djem

[modifier | modifier le code]

À la mort de Mehmed II, le grand vizir Karamani Mehmed Pacha envoie des courriers prévenir Zizim et Bayezid[1]. Les ennemis de Mehmed Pacha, soutenus par les janissaires, interceptent le courrier destiné à Djem et assassinent le grand vizir[1]. Korkud, un fils de Bayezid alors âgé de onze ans, est nommé régent en attendant l'arrivée de son père à Constantinople[1]. Bayezid arrive à Constantinople le et est proclamé sultan deux jours plus tard[3].

Bayezid bat son frère, pourtant soutenu par l'Émirat karamanide, à deux reprises, en 1481 et en 1482[1]. Ce dernier cherche alors le soutien du Sultanat mamelouk d'Égypte, puis se réfugie auprès des chevaliers de l'ordre des Hospitaliers de Saint Jean de Jérusalem à Rhodes[1]. À défaut de pouvoir faire assassiner son frère, Bayezid paie une pension de 45 000 ducats d'or par année aux chevaliers afin qu'ils le gardent prisonnier[1]. Le prince ottoman passe le reste de sa vie prisonnier en Aquitaine à Bourganeuf dans la tour Zizim construite à son intention, puis à Naples où il meurt en 1495[4]. Il servit de moyen de pression sur le sultan pour les souverains occidentaux et est au centre de différents plans de croisades dont aucun n'aboutit[1]. Cette menace retient toutefois Bayezid d'intervenir en Méditerranée occidentale et en Europe[1]. Certaines sources[Lesquelles ?] laissaient entendre que Bajazet serait parvenu à le faire empoisonner.

Bajazet II

Renforcement de l'empire et guerres sur plusieurs fronts

[modifier | modifier le code]

L'Empire ottoman connait de nombreuses guerres pendant le règne de Bajazet. Il prend l'Herzégovine sous son contrôle direct en 1483.

Son règne voit la reprise des guerres contre la Moldavie[1]. La principauté de Moldavie, dirigée par Étienne III depuis 1457, a attaqué à plusieurs reprises la principauté de Valachie, vassale de l'Empire ottoman, sous le règne de Mehmed II[1]. En 1484, Bayezid s'empare, avec l'aide des troupes de Valachie et du khanat de Crimée, des villes de Kilia et de Cetatea Alba[1]. La Moldavie doit alors se reconnaître vassale des Ottomans et payer un tribut annuel[1].

En 1485, il entre en conflit avec les Mamelouks d’Égypte à propos des territoires des Émirats des Ramazanides et des Dulkadirides[1]. Pendant la guerre, les Mamelouks parviennent à restaurer leur influence vers le nord jusqu'à Adana[1]. Les Ottomans doivent se résigner à la conclusion d'une paix en mai 1491, paix qui dure jusqu'à la mort de Bayezid. Ce n'est qu'en 1516-1517 que l'Empire ottoman s'empare de ces territoires[1].

Avec la construction de nouveaux bateaux[1] et le recrutement de corsaires expérimentés, les frères Arudj et Khayr ad-Din Barberousse entre autres, Bayezid se dote d'une force navale qu'il oppose avec succès aux Vénitiens. Il leur prend les villes de Coron, Lépante, Modon et Durazzo entre 1499 et 1502[1]. Il conduit lui-même le siège de Modon. En 1503, il signe un traité avec Venise, cette dernière ne conservant que quelques positions éparses en Morée et acceptant de payer un tribut annuel de 10 000 pièces d'or à l'Empire ottoman[1].

L'Empire ottoman affronte également le royaume de Hongrie, qui accepte de signer la paix en 1503.

Sur le front perse, la bataille de Shurur (tr) (1502) amène au pouvoir le chah Ismaïl, le chef d'un groupe religieux chiite soutenu par les Qizilbash[1]. Celui-ci représente un danger pour le sultan à cause de la propagande chiite dans les régions kurdes, mais Bayezid est réticent à l'affronter[1]. En 1507, Ismaïl affronte les Dulkadirides, alliés de l'Empire ottoman[1]. Trois ans plus tard, en 1510, le frère d'Ismaïl menace Trébizonde à la tête d'une armée[1]. Sélim Ier, fils de Bayezid et gouverneur de Trébizonde, défait alors les Perses en utilisant les forces destinées à maintenir la frontière orientale, s'attirant les foudres de son père[1].

Politique intérieure

[modifier | modifier le code]

En 1488, il fonde le complexe du sultan Bajazet II (en) à Edirne, hôpital médical et psychiatrique, aujourd'hui musée de la médecine.

Il autorise en 1492 les Juifs d'Espagne, forcées de se convertir ou d'émigrer, à s'établir en Turquie, accueillant ainsi 200 000 Juifs. Il envoie la marine turque en Espagne pour les recueillir. Les sources juives lui prêtent une phrase ironique à propos du roi Ferdinand d'Espagne : « Pouvez-vous appeler sage et intelligent un tel souverain ? Il appauvrit son pays et enrichit le mien »[5].

En 1509, Constantinople est en grande partie détruite par un tremblement de terre. Une politique systématique de peuplement turc est menée dans la ville et dans toute l'Europe balkanique, faisant également appel à des non-Turcs et à des non-musulmans, de façon à donner à la ville un aspect et une activité dignes d’une grande capitale.

Les dernières années du règne de Bajazet II sont marquées par les progrès de l’administration turque.

Les traités de paix avec ses voisins lui donnent les moyens de combattre les rébellions des tribus turcomanes en Anatolie. Malgré cela, les rebelles parviennent à tuer le grand vizir Ali Pacha au cours des combats.

Épris de savoir, Bajazet apprend l'arabe, le persan, la théologie, la philosophie et les mathématiques. Amateur de poésie, il recevait les poètes les plus réputés. Il rend aux institutions religieuses les biens que son père avait confisqués au profit de l'État, ce qui lui vaut le surnom de Sofu (le Pieux). Il fait enlever toutes les peintures que des artistes italiens avaient exécutées au cours du règne de Mehmed II.

Lutte avec ses fils

[modifier | modifier le code]

Bayezid avait apanagé ses fils : Ahmed, l'aîné, à Amasya ; Sélim à Trébizonde ; et Korkud à Antalya. Quant à Soliman, le fils de Sélim, il dispose de l'apanage de Crimée. L'aîné devait succéder à Bayezid, mais son incapacité à maintenir l'ordre en Anatolie incite son frère Sélim à agir préventivement[1]. Ce dernier demande, sans succès, un poste plus proche de Constantinople, puis se rend en Crimée près de son fils[1]. En 1511, à la tête d'une armée de 3000 hommes, Sélim se rend à Édirne, où Bayezid réside depuis le tremblement de terre de 1509[1]. À la même période, les troupes impériales commandées par Korkud sont battues par les Qizilbash en Anatolie. Bayezid propose alors une nouvelle province, mais Sélim se méfie et tente de prendre le pouvoir[1]. Il est toutefois battu par Bayezid le 3 août 1511 près de Corlu et doit se réfugier en Crimée auprès de son fils[1],[6].

Ahmed espère alors que Bayezid abdiquerait en sa faveur et se rend à Constantinople, mais les Janissaires lui interdisent d'entrer dans Constantinople. Sélim, de son côté, en profite pour revenir de Crimée. Sous la pression des Janissaires, Bayezid doit nommer Sélim chef des armées, et est finalement contraint à l'abdication le [1]. Il meurt un mois plus tard en se réfugiant à Dimetoka[1]. En , Sélim défait son frère Ahmed près de Yenişehir, dans l'actuelle province de Bursa, et le fait exécuter[7].

Bibliographie

[modifier | modifier le code]
  • Olivier Bouquet : Pourquoi l'Empire ottoman ? : Six siècles d'histoire, 2022, Éditeur Folio; édition illustrée (ISBN 2072941431)

Notes et références

[modifier | modifier le code]
  1. a b c d e f g h i j k l m n o p q r s t u v w x y z aa ab ac ad ae af ag ah et ai (en) Gábor Ágoston et Bruce Alan Masters, Encyclopedia of the Ottoman Empire, New York, Facts On File, (ISBN 978-1-4381-1025-7, 1-4381-1025-1 et 978-0-8160-6259-1, OCLC 435911915, lire en ligne), p. 82-84
  2. (en) Raşit Gündogdu, The Sultans of the Ottoman Empire, Rumuz Yayınları, , 262 p. (ISBN 9786055112158), p. 53
  3. (en) « The Cambridge History of Islam », sur Google Books (consulté le ).
  4. « Coronavirus. À la rencontre d'un confiné célèbre du XVe siècle : le prince Zizim », sur France 3 Nouvelle-Aquitaine (consulté le )
  5. Esther Benbassa et Aron Rodrigue, Histoire des Juifs sépharades: de Tolède à Salonique, Seuil, 2002, p. 85.
  6. Jean-Michel Sallmann, Géopolitique du XVIe siècle (1490-1618), (Nouvelle histoire des relations internationales, t. 1) , Paris, Le Seuil, "Points histoire", 2003, p. 76
  7. Sallmann, op. cit. p. 79

Liens externes

[modifier | modifier le code]

Sur les autres projets Wikimedia :