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Continental Films

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Continental Films
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Histoire
Fondation
Dissolution
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Siège
Organisation
Fondateur

La Continental Films, dite Continental, est une société de production cinématographique française, active durant l'Occupation, et financée par des capitaux allemands.

Créée en 1940 par Joseph Goebbels dans le but de contrôler le cinéma français, elle est dirigée par le francophile Alfred Greven qui ne tiendra pas toujours compte des ordres de Berlin. La société produit entre 1941 et 1944 une trentaine de longs-métrages de qualité, dont certains comme L'assassin habite au 21, La Main du diable, Au Bonheur des Dames ou Le Corbeau sont devenus des classiques français.

La Continental disparaîtra à la Libération, devenant, nationalisée, l’Union Générale des Cinémas, qui deviendra en 1971 l'Union générale cinématographique[1].

Intentions initiales

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La Continental Films est, à l'instar de la A.E.G.-Tobis-Klangfilm, une société de production cinématographique « de droit français à capitaux allemands » créée en septembre 1940 par Joseph Goebbels, grand ordonnateur et ministre de la Propagande du IIIème Reich. Pour Goebbels, l'objet de cette société est avant tout politique, afin de garder la mainmise sur la production cinématographique des pays occupés :

« Notre politique en matière de cinéma doit être identique à celle des États-Unis envers l'Amérique du Nord et du Sud. Nous devons devenir le pouvoir cinématographique sur le continent européen. Dans la mesure où des films seront produits dans d'autres pays, ils devront garder un caractère purement local. Nous avons pour but d'empêcher, autant que possible, la création de toute industrie nationale du cinéma[2]. »

La Continental possède des crédits sans commune mesure avec ceux des autres studios de l'époque de la collaboration que facilite l'emploi d'une pellicule d'excellente qualité (neuve et ne provenant pas de récupération), de matériaux nécessaires aux décors et costumes qui sont pratiquement impossibles à trouver ailleurs. Cette aisance relative n'évite pas pour autant une économie grandissante de moyens, au gré des rationnements, des coupures d'électricité, des bombardements puis de l'avancée des alliés en 1944.

L'ambigu Alfred Greven

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Goebbels nomme à la tête de la Continental Alfred Greven, ancien militaire, francophile convaincu qui avait suivi des études en France et admirateur inconditionnel de la culture et du cinéma français[Note 1]. L'ambition première de Greven est de concurrencer le cinéma américain en produisant avant tout de bons films français[3] avec les meilleures équipes techniques et de grands acteurs au service de sujets ambitieux, quitte à s'affranchir parfois des directives de Goebbels. Ainsi, Continental Films produira en 1943 Au Bonheur des Dames d'André Cayatte d'après le roman d'Émile Zola, auteur mis à l'index par les nazis. Selon Bertrand Tavernier, certains films produits par la Continental n'auraient jamais pu voir le jour s'ils avaient été soumis à la censure de Vichy[4]. Les films de la Continental ne sont d'ailleurs pas soumis à la censure militaire nazie.

Goebbels apprécie peu les libertés que s'accorde Greven avec ses directives. À la suite de la projection de La Symphonie fantastique de Christian-Jaque, il écrit dans son journal :

« Je suis furieux que nos bureaux de Paris montrent aux Français comment représenter le nationalisme dans leurs films. J'ai donné des directives très claires pour que les Français ne produisent que des films légers, vides et, si possible, stupides. Je pense qu'ils s'en contenteront. Il n'est pas besoin de développer leur nationalisme[2] »

Il ne faut toutefois pas exagérer les désaccords entre Greven et Goebbels, qui aurait pu aisément le limoger. Ils sont en ligne sur l'orientation de vacuité à donner à la Continental. Goebbels, dès 1934, avait demandé aux radios allemandes de modérer la propagande au profit de bluettes. Pour Olivier Mannoni, il « a compris le premier que pour embrigader le peuple, une bonne guimauve valait mieux qu’un long discours »[5]

Des Juifs à la Continental

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Pour arriver à ses fins, Greven tente de rassembler les meilleurs éléments français. Rencontrant Jacques Prévert à Cannes, il tente de persuader celui-ci d'intégrer la Continental, et lui garantit une pleine liberté artistique. Prévert refuse, et commente ainsi ses intentions : « Hé non. D'ailleurs, vous avez déjà perdu ! […] Parce que vous n'avez pas de Juifs avec vous. Voyez Hollywood : on ne fait pas de cinéma sans eux[6] ! »

Greven se met alors à la recherche de scénaristes juifs, et demande à Jean Aurenche de lui en présenter. Il finit par engager Henri Calef et Jean-Paul Le Chanois, juif[Note 2], communiste et résistant[Note 3]. Greven n'est pas dupe de cette situation et la tolère dans le but de pouvoir utiliser des talents rares ne coûtant presque rien et, de ce fait, forcément appréciés (sous condition expresse de ne pas voir leurs patronymes figurer aux génériques ou de leur trouver des prête-noms). Selon des propos rapportés par le fantasque producteur Roger Richebé, Greven aurait déclaré, reprenant le mot de Prévert : « pour le cinéma, les Juifs sont les plus forts […] J'ai un juif chez moi, mais il ne sait pas que je le sais[7]… »

D'autres résistants intègrent la Continental, comme l'assistant réalisateur Jean-Devaivre[Note 4], pensant être plus protégés au sein même de l'organisation qu'ils combattent.

Son catalogue ne dépasse pas trente réalisations à la fin de la Seconde Guerre mondiale, mais elle est un vivier de jeunes auteurs. Parmi eux, outre Henri-Georges Clouzot, figurent Claude Autant-Lara, Jacques Becker, Robert Bresson, André Cayatte, Jean-Devaivre (alors assistant), Christian-Jaque, Georges Lacombe qui rejoignent d'autres réalisateurs déjà célébrés avant-guerre comme Maurice Tourneur.

Du côté des acteurs, on trouve des presque débutants comme Gérard Philipe ou François Périer, mais aussi des artistes confirmés, notamment Raimu, Michel Simon, Fernandel, Pierre Larquey, Suzy Delair, Danielle Darrieux, Bernard Blier et, avant qu'il émigre en Amérique du Sud jusqu´à la Libération, Louis Jouvet.

Le dernier film produit par la société est Les Caves du Majestic, adaptation d'un roman de Georges Simenon avec Albert Préjean (dans le rôle du commissaire Maigret), Gabriello, Suzy Prim, Denise Grey pour les plus connus. Ce tournage est d'ailleurs évoqué dans le long-métrage de Bertrand Tavernier, Laissez-passer (2002).

La contribution la plus remarquable de la Continental au cinéma français est peut-être la production du Corbeau, de Clouzot. À la Libération, le Comité d'épuration du cinéma français inscrit cette œuvre sombre et pessimiste, ainsi que ses auteurs et acteurs, sur une liste noire. Certains d'entre eux, à l'image de Pierre Fresnay (alors président du syndicat « La Famille des professionnels du spectacle[8] ») et Ginette Leclerc font un séjour en prison (six semaines au dépôt[Note 5] pour le premier, un an pour la seconde dont un passage au camp de Drancy — mais leur participation au Corbeau y compte pour assez peu). Clouzot devra attendre trois ans pour sortir du purgatoire et tourner Quai des Orfèvres en 1947.

Filmographie complète

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Bibliographie

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  • Francis Courtade, « La Continental », in Heike Hurst et Heiner Gassen (dir.), Tendres ennemis. Cent ans de cinéma entre la France et l'Allemagne, L'Harmattan, 1991, p. 217-236
  • Jean-Louis Ivani, Continental Films, l'incroyable Hollywood nazi, Lemieux éditeur,
  • Christine Leteux, Continental Films - Cinéma français sous contrôle allemand, La Tour Verte, 2017
  • René Chateau, Le Cinéma français sous l'Occupation, 1940-1944, La Mémoire du cinéma français, 1995.

Notes et références

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  1. Des rumeurs font état d'une rivalité amoureuse entre Goebbels et Greven et explique ainsi l'« exil » de ce dernier en France.
  2. Jean-Paul Le Chanois obtint néanmoins un « certificat de non-appartenance à la race juive », grâce à un baptême catholique secret par sa grand-mère lors de son enfance
  3. Jean-Paul Le Chanois a dirigé le Comité de libération du cinéma français, organisme de résistance sous l'Occupation, sous le pseudonyme de Marceau
  4. Bien qu'ayant travaillé sur quatre films de la Continental entre 1943 et 1945, Jean-Devaivre ne signa cependant jamais son contrat.
  5. 3 quai de l'Horloge à Paris

Références

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  1. Laurence Thaisy, La politique cinématographique de la France en Allemagne occupée (1945-1949), Presses Universitaires du Septentrion, (ISBN 978-2-7574-2694-4, lire en ligne)
  2. a et b Joseph Goebbels, Journal intime du 19 mai 1942, cité par Georges Sadoul dans son Histoire générale du cinéma.
  3. Jean-Paul Le Chanois, Le Temps des cerises : entretiens avec Philippe Esnault, Institut Lumière/Actes Sud, 1996, p. 136
  4. « Carte blanche à Bertrand Tavernier », émission diffusée en 2002 sur Cinéclassics, disponible sur le DVD de Laissez-passer, éd. Studio Canal
  5. « Traduire détruire », sur France Inter, (consulté le )
  6. Philippe Esnault, Jean Aurenche, la suite à l'écran, Actes Sud, 1993, cité in Philippe Renard, Jean-Paul Le Chanois : Un cinéaste des années 50, Dreamland, 2000, p.36
  7. Roger Richebé, Au-delà de l'écran, Pastorelly, 1977, p. 152
  8. Fresnay sur encinematheque.fr

Articles connexes

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Liens externes

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