Accident de l'Airbus A400M à Séville
Crash A400M Séville | |||
La présentation du 1er A400M à Séville en 2008. | |||
Caractéristiques de l'accident | |||
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Date | |||
Type | Atterrissage forcé, collision avec un obstacle | ||
Causes | Panne de 3 des 4 moteurs | ||
Site | La Rinconada, Séville, Espagne | ||
Coordonnées | 37° 26′ 51″ nord, 5° 51′ 57″ ouest | ||
Caractéristiques de l'appareil | |||
Type d'appareil | A400M | ||
Compagnie | Airbus | ||
No d'identification | EC-403[1] | ||
Phase | Décollage | ||
Passagers | 0 | ||
Équipage | 6 | ||
Morts | 4 | ||
Blessés | 2 | ||
Géolocalisation sur la carte : Espagne
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Le à 12 h 57 heures locales (10:57 GMT), un Airbus A400M Atlas destiné à l'armée de l'air turque s'écrase près de l'aéroport de Séville, peu après le décollage pour son premier vol en sortie de l'usine d'assemblage d'Airbus, faisant quatre morts et deux blessés graves[2].
Déroulement du vol
[modifier | modifier le code]L'A400M Atlas, indicatif CASA423[3], décolle de l'aéroport San Pablo à 12:54 locales (10:54 GMT) avec six membres d'équipage : deux pilotes, un mécanicien navigant et trois ingénieurs d'essai, tous espagnols et travaillant pour Airbus, dont 3 détachés de l'armée de l'air[4].
À peine plus d'une minute après, il atteint la hauteur de 1 725 pieds (526 m) à la vitesse de 173 nœuds (320 km/h) puis redescend, perdant 1300 pieds en une minute, en gardant une vitesse de 160 kt environ, et en accentuant son virage à gauche[3] pour revenir vers l'aéroport. Mais il n'a pas l'altitude suffisante pour y parvenir, et effectue un atterrissage de fortune dans un champ, 3 km au nord-est de l'aéroport[5], sur la commune de La Rinconada. Quelques mètres après avoir touché le sol[6], il heurte une ligne à haute tension[7] et prend feu avant de s'immobiliser, après seulement trois minutes de vol.
L'équipage avait annoncé à la tour un problème technique et obtenu l'autorisation pour un atterrissage d'urgence, sans déclarer l'état de détresse, avant de signaler qu'il leur serait impossible d'atteindre la piste.
L'A400M est presque entièrement réduit en cendres[8]. Une épaisse fumée noire s'élève, visible de toute la ville. La destruction de la ligne électrique entraîne la coupure du courant dans la ville voisine de Carmona[9].
Secours
[modifier | modifier le code]Les pompiers de l'aéroport, ceux de Séville, la police et la Guardia Civil dépêchés sur les lieux retrouvent quatre morts et deux blessés graves[10], que trois personnes arrivées avant les secours avaient déjà aidés à sortir de l'épave et aussitôt évacués en hélicoptère. Plus de 250 personnes ont été mobilisées[11].
Équipage
[modifier | modifier le code]L'équipage était composé de six personnes[12] dont quatre sont décédées :
- le pilote d'essai Jaime de Gandarillas Rodriguez, 44 ans, lieutenant-colonel de l'armée de l'air espagnole, breveté pilote de chasse en 1993, formé pilote d'essai aux États-Unis en 2001 et travaillant pour Airbus depuis 2011[13] ;
- le copilote Manuel Regueiro Muñoz, dit Manu, pilote de transport militaire breveté en 1997, chez Airbus depuis 2011[14] ;
- l'ingénieur de vol Jesualdo Martínez Ródenas, 44 ans, par ailleurs commandant et pilote militaire[15] ;
- l'ingénieur de vol Gabriel García Prieto, ingénieur d'essais chez Airbus depuis 2008, titulaire d'un master essais en vol et certification de l'Université polytechnique de Madrid[16] et diplômé expérimentateur navigant d'essais à l'EPNER en 2014.
Et deux grièvement blessées :
- le mécanicien de vol Joaquín Muñoz Anaya[15], ancien de l'armée de l'air, embauché par Airbus pour participer aux essais de l'A400M[16] ;
- l'ingénieur de vol José Luis de Augusto Gil[15], ingénieur aéronautique diplômé de l'université de Séville, récompensé en 2008 par un prix spécial du concours universitaire Arquímedes pour son étude d'un générateur de trajectoires globales pour avions de ligne qui calcule en temps réel les trajectoires de tous les avions dans le monde pour les optimiser et prévenir les conflits, et ainsi économiser du carburant ; également titulaire de la licence de pilote professionnel[17].
Avion
[modifier | modifier le code]C'était le premier vol de l'A400M MSN023, le 21e exemplaire à voler[18], le premier des vols de vérifications préalables à sa livraison à l'armée de l'air turque prévue en juin 2015.
Il s'agit du premier accident d'un A400M, programme européano-turc destiné à succéder notamment au Transall franco-allemand, dont l'origine remonte à 1991 (Future Large Aircraft), le lancement officiel à 2003, le premier vol à 2009 et l'entrée en service en 2013, après de sérieuses difficultés (3 ans de retard, dépassement de budget de 7,7 milliards d'euros et problèmes à la livraison) qui ont failli entraîner l'abandon du programme. Son coût est de 165 millions d'euros[19].
À la date de l'accident, 174 exemplaires sont commandés par huit pays différents : Allemagne, France, Espagne, Royaume-Uni, Turquie, Belgique, Luxembourg et Malaisie, et 12 A400M ont déjà été livrés (6 à la France, 2 à la Turquie et au Royaume-Uni, 1 à l'Allemagne et à la Malaisie), alors que deux des prototypes ont été retirés du service et que quatre appareils volent encore pour les essais aux mains d'Airbus[20].
Réactions
[modifier | modifier le code]L'aéroport est fermé à 13 h 15, les pompiers étant tous mobilisés par l'accident ; il rouvre à 14 h 50, trois vols étant déroutés vers Jerez et Malaga.
Par mesure de précaution, l'Allemagne, la Malaisie, la Turquie et le Royaume-Uni ont suspendu les vols de leurs A400M. La France a maintenu les vols « extrêmement prioritaires » sur ses théâtres d'opération. Les Airbus sortis d'usine à Séville mais non encore livrés ont été interdits de vol. Toutefois, Airbus reprend dès le 12 mai[21] les vols d'essai par un vol de Toulouse à Séville auquel participe Fernando Alonso (en), le président de la branche Military Aircraft d'Airbus Defence and Space[22].
Le président du gouvernement espagnol Mariano Rajoy, a exprimé ses condoléances et immédiatement suspendu sa campagne des élections régionales et municipales du 24 mai (comme tous les partis politiques espagnols[23]) pour se réunir sur place avec les proches de l'équipage et féliciter un agriculteur ayant fait preuve d'héroïsme en aidant les blessés à sortir de l'épave[24]. Il a exprimé ses craintes pour l'industrie espagnole et en particulier le futur de l'usine Airbus de Séville[25] et demandé à Airbus une transparence la plus totale sur ce qui s'est produit.
Enquête
[modifier | modifier le code]Une commission d'enquête mixte des ministères de l'équipement et de la défense a été créée, en collaboration avec l'industrie, incluant initialement la CIAIAC qui s'est dessaisie de l'enquête le 14 mai au profit de son homologue de l'armée de l'air espagnole, la commission d'enquête technique pour les accidents d'aéronefs militaires (CITAAM)[26]. La police judiciaire de Séville est chargée de l'enquête judiciaire[25].
Le 10 mai, les enregistreurs de vol sont retrouvés, sérieusement endommagés par le choc et l'incendie, mais a priori exploitables, et confiés pour dépouillement à l'homologue français du CITAAM, le Bureau enquêtes accidents défense air (BEAD-Air). Cependant, le 18 mai, les boîtes noires sont envoyées chez leur constructeur L-3 Aviation Recorders aux États-Unis[27] car les données n'ont toujours pas pu être lues en raison d'un problème de compatibilité informatique.
Selon la presse allemande, citant l'un des survivants, trois des quatre moteurs de l'avion seraient tombés en panne[21], ce qui semble cohérent avec la forte descente à vitesse constante relevée par l'ADS-B[3], exclurait une défaillance liée au moteur lui-même mais pourrait avoir été causé par un défaut d'alimentation en carburant, lui-même lié à un bug informatique[28].
Le , à la suite de la découverte d'une anomalie potentielle (sans lien avec l'exploitation des boîtes noires), Airbus DS a transmis à ses clients A400M une note d'alerte demandant d'effectuer des contrôles de l'unité de commande électronique FADEC (Full Authority Digital Engine Control) des moteurs[29]. Ces vérifications ont écarté tout risque que le problème à l'origine de l'accident se reproduise sur les 12 A400M livrés[30],[31].
Selon une déclaration[32] de Marwan Lahoud, directeur de la stratégie d'Airbus Group, les première analyses des boîtes noires, ont confirmé que l'accident n'est pas dû à une erreur de pilotage ni à un défaut de conception de l'avion, mais à « un sérieux problème de qualité dans l'assemblage final » ; le programme de contrôle des moteurs aurait été mal installé, provoquant leur panne.
Le 3 juin, Airbus DS confirme une mauvaise réponse des moteurs 1, 2 et 3 aux commandes de l'équipage. Les trois moteurs sont d'abord restés bloqués à la puissance de décollage[33], malgré la réduction des gaz, jusqu'à ce que les manettes des gaz soient en position de ralenti ; ils sont alors à nouveau restés bloqués, mais cette fois au ralenti, sans que les pilotes parviennent à retrouver de la puissance. Le moteur 4 (extérieur droit) et tous les autres systèmes ont fonctionné correctement[34].
Le scénario privilégié est l'absence de données critiques dans le logiciel des ECU, les paramètres de calibration du couple des hélices, sur chacun de ces trois moteurs. Selon la conception même de l'A400M, le logiciel « gèle » alors la puissance des moteurs, pour les protéger d'un surrégime, ne permettant que la réduction des gaz, et aucune alarme n'avertit l'équipage au sol mais seulement 15 secondes environ après le décollage (passant 400 pieds). Cette anomalie est celle signalée le 19 mai ; elle avait été examinée en 2014 mais le logiciel avait été certifié, étant donné les vérifications prévues et le peu de probabilité qu'elle se produise simultanément sur plusieurs moteurs[35].
Rétablissement des vols
[modifier | modifier le code]Le 11 juin, les autorités espagnoles lèvent l'interdiction des vols d'essais à Séville[36]. Les vols de démonstration d'un prototype de l'A400M au salon du Bourget à partir du 15 juin ont été maintenus[37]. La livraison du premier appareil après l'accident, le MSN019, a été effectuée le 19 juin à l'armée de l'air française[38],[31], qui lève officiellement les restrictions de vol de ses appareils le 25 juin 2015[39].
Notes et références
[modifier | modifier le code]- (en) « ASN Aircraft accident Airbus A400M Atlas EC-403 Sevilla Airport (SVQ) », sur aviation-safety.net (consulté le ).
- « Premier crash d’un A400M : l’Espagne en deuil », sur yahoo.com (consulté le ).
- (en) « Full flight information and flight history for Private aircraft CASA423 », sur flightradar24.com (consulté le ).
- (es) Cuatro muertos y dos heridos graves en el accidente del A400M
- Lieu de l'impact sur Google Maps
- Vidéo - Crash de l’A400M : les faits sur aeronewstv.com (voir notamment à 00:40)
- (es) « Cuatro muertos al estrellarse un avión en Sevilla en el primer vuelo de prueba », sur El País (consulté le ).
- (es) Miguel González et Javier Martín-Arroyo, « Cuatro muertos en el accidente de un avión militar en Sevilla », El País (consulté le ).
- (es) « Así fueron los últimos minutos de vuelo del avión A400M que se estrelló en Sevilla », sur ABCdesevilla (consulté le ).
- (es) Los fallecidos en el accidente del A400M
- (es) « Más de 250 personas trabajan en el accidente del A400M en Sevilla », sur ABCdesevilla (consulté le ).
- (en) Robert Wall, « Airbus Committed to Military Cargo Plane Despite Fatal Crash », Wall Street Journal, (ISSN 0099-9660, lire en ligne, consulté le )
- (es) m. c., « Jaime de Gandarillas: El héroe que evitó una tragedia en el accidente del A400M en Sevilla » (consulté le ).
- (es) « Pilotos militares con una amplia experiencia » (consulté le ).
- (es) « Jesualdo Martínez, Manuel Regueiro, Jaime de Gandarillas y Gabriel García Prieto son las víctimas del siniestro del A400M » (consulté le ).
- (es) « Cuatro ilustres miembros de la familia Airbus », EuropaSur.
- (es) « Turno para la Biomédica y la Ingeniería en el Certamen Universitario Arquímedes », dicyt.
- Le no 5 n'a pas été construit, le no 21 destiné au Royaume-Uni pas encore volé - cf (en) Peter Riool, « Airbus A400M Full Production List », sur www.abcdlist.nl (consulté le )
- (es) « Cuatro muertos y dos heridos en el accidente del avión militar en Sevilla », sur ABCdesevilla (consulté le ).
- dont le MSN016 destiné au Royaume-Uni mais utilisé par Airbus pour les essais du système de contre-mesures (en) A400M ready for RAF self-protection system tests
- « Crash de l'A400M à Séville : Airbus poursuit les essais malgré l'accident » (consulté le ).
- PHILIPPE RIOUX, « A400M : premier vol d'essai réussi à Toulouse depuis le crash tandis que l'Espagne suspend les vols », La Dépêche, (lire en ligne, consulté le ).
- « L'Espagne suspend la campagne électorale après le crash de l'A400M », sur RTL.fr (consulté le ).
- (es) Miguel González et Javier Martín-Arroyo, « Cuatro muertos en el accidente de un avión militar en Sevilla », .
- (es) El Gobierno teme que el accidente del Airbus afecte a la industria española
- (en) « Spanish Air Force Takes Over Airbus A400M Crash Probe », sur defensenews.com (consulté le ).
- (en) « A400M black box sent to U.S. to seek crash clues - sources »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?), sur reuters.com.
- « A 400M : les essais d'Airbus ont repris », sur La Dépêche.
- Appel à vérifier les systèmes de contrôle des moteurs de l'A400M
- (en) « Airbus Cites Assembly Problem in A400M Crash », Defense News (consulté le ).
- Le Figaro, Défense, le 20 juin 2015, p. 17
- (de) « Airbus-Strategiechef: „Ernsthaftes Qualitätsproblem in der Endmontage“ - Handel + Konsumgüter - Unternehmen - Handelsblatt », sur www.handelsblatt.com, (consulté le ).
- (en) « UPDATE 1-Airbus says three engines froze on crashed A400M », Reuters, wed jun 03 11:05:59 utc 2015 (lire en ligne, consulté le )
- « Séville : le crash de l'A400M dû à une perte de puissance des moteurs » (consulté le ).
- Tim Hepher, « Enquête sur des données effacées accidentellement de l'A400M », sur fr.reuters.com (consulté le ).
- Reuters Editorial, « Airbus-L'Espagne autorise la reprise des vols d'essai de l'A400M », sur reuters.com, (consulté le ).
- (es) « Uno de los A400M de prueba volará la semana próxima en el Salón de Le Bourget », La Vanguardia, (consulté le ).
- « La DGA réceptionne le 7ème A400M français », sur aviation.com (consulté le ).
- http://www.air-cosmos.com/2015/06/25/38310-a400m-l-armee-de-l-air-leve-les-restrictions-de-vol
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Articles connexes
[modifier | modifier le code]Liens externes
[modifier | modifier le code]- Suivi complet de la trajectoire, de l'altitude et de la vitesse pour le CASA423 privé, sur flightradar24.com