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Yvon Nicolazic

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(Redirigé depuis Yves Nicolazic)

Yvon Nicolazic
Image illustrative de l’article Yvon Nicolazic
Vitrail à la maison d'Yvon Nicolazic
à Sainte-Anne-d'Auray, Morbihan.
serviteur de Dieu, visionnaire
Naissance
Pluneret, Bretagne, royaume de France
Décès (à 54 ans) 
Ker Anna, Bretagne, royaume de France
Nom de naissance Iwan Nikolazig
Nationalité Français
Vénéré à Sainte-Anne-d'Auray

Yvon Nicolazic ( - ) est un paysan breton qui a témoigné avoir bénéficié d'apparitions de sainte Anne, la mère de la Vierge Marie, et qui après avoir déterré une statue oubliée la représentant dans le champ dit du Bocenno est à l'origine du lieu de pèlerinage et de l'édification de la basilique de Sainte-Anne-d'Auray. Jusqu'à présent, ces apparitions de sainte Anne sont les seules connues au monde[1].

Son histoire et celle de ses apparitions sont relatées dans la « déclaration qu'il fit lui-même devant Messire Jacques Bullion le  » au presbytère de Pluneret. Toutefois cela ne leur conferre pas un caractère d'authenticité.

Maison d'Yvon Nicolazic restaurée à Sainte-Anne-d'Auray.

Yvon Nicolazic est né à Pluneret, dans le diocèse de Vannes, le . En ce début de XVIIe siècle, Nicolazic est un paysan du Broërec - le Vannetais - qui ne parle que le breton et ne sait ni lire ni écrire. C'est cependant un agriculteur capable, aisé, de bon conseil. Mais c'est aussi un homme de vie spirituelle simple et profonde. Priant, aidant les autres, charitable.

Il faut noter que Nicolazic et sa femme Guillemette Le Roux - ils n'ont pas d'enfants encore – habitaient le village de Ker Anna, « village d'Anne » en breton, et leur champ du Bocenno selon une ancienne tradition aurait autrefois contenu une chapelle dédiée à sainte Anne. On avait des difficultés à travailler ce champ où les bœufs ne pouvaient entrer avec la charrue. Le père de Nicolazic en avait, quinze ans plus tôt, retiré certaines pierres de granit taillées, pour construire une grange[2].

Les visions et apparitions miraculeuses

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Les visions et apparitions miraculeuses de sainte Anne à Nicolazic apparaissent à une époque où l'évêché de Vannes est marqué par un renouveau religieux impulsé par la Contre-Réforme et par les visions mystiques d'autres laïques comme Pierre Le Gouvello de Keriolet ou Armelle Nicolas [3].

Au commencement d' donc, au soir d'une journée de travail, et alors qu'il pensait spécialement à sainte Anne « sa bonne patronne », une lumière très vive éclaira la chambre de Nicolazic et une main apparut tenant dans la nuit un flambeau de cire. À plusieurs reprises, Nicolazic, par la suite, se verra reconduit la nuit, au long des chemins creux, par un flambeau qui le précède.

Un soir avec son beau-frère, ils verront une Dame blanche avec un cierge à la main au fameux champ du Bocenno. Une autre fois, c’est une pluie d'étoiles qui tombe dans le champ. Mais tous ces événements se déroulent paisiblement, lentement. Et Nicolazic qui s'interroge ne change rien à sa vie, sinon prier encore plus.

Drame breton écrit par l'abbé Le Bayon : Nicolazic raconte au recteur de Pluneret les apparitions de sainte Anne.

Le , veille de la Sainte-Anne, la Dame apparaît à nouveau le soir sur le chemin, lui dit des paroles pour le rassurer et le conduit chez lui, un flambeau à la main. Nicolazic cependant ne peut rester avec les siens. S'interrogeant sur ces événements, il s'en va prier dans sa grange. C'est alors qu'il entend sur le chemin « le bruit d'une grande multitude en marche ». Mais il n'y a personne sur le chemin.

Puis dans la clarté, la Dame mystérieuse apparaît et voici qu'elle lui parle : « Yvon Nicolazic, ne craignez pas. Je suis Anne, mère de Marie. Dites à votre recteur que dans la pièce de terre appelée le Bocenno, il y a eu autrefois, avant même qu'il y eût aucun village, une chapelle dédiée en mon nom. C'était la première de tout le pays. Il y a 924 ans et 6 mois[4] qu'elle est ruinée. Je désire qu'elle soit rebâtie au plus tôt et que vous en preniez soin parce que Dieu veut que j'y sois honorée ».

Nicolazic, disent les historiens, s'endormit tranquille : le mystère s'éclairait et les choses prenaient leur juste place, au ciel comme sur la terre. Pourtant, il allait falloir encore un an avant la première messe de sainte Anne au Bocenno. Les prêtres à l'époque n'étaient pas plus prompts qu'aujourd'hui à croire aux apparitions. Et n'était-ce pas le plan de Dieu d'augmenter le dossier de faits concrets pour donner à la chapelle de sainte Anne le caractère le plus authentique en même temps que merveilleux ?

Le recteur réprimandait donc sévèrement le bon Yvon Nicolazic. Mais deux chrétiens laïcs l'encouragèrent, MM. de Kermedio et de Kerloguen : ce dernier, propriétaire foncier du champ du Bocenno promet de le donner pour la chapelle, et il lui conseille de prendre des témoins des faits merveilleux.

Découverte de la statue de sainte Anne par Yvon Nicolazic, vitrail de la chapelle des Carmes de Rennes.

Quand dans la nuit du 7 au , sainte Anne apparaît une nouvelle fois, elle recommande à Yvon de prendre son beau-frère Leroux et ses voisins avec lui : « Menez-les avec vous au lieu où ce flambeau vous conduira, vous trouverez l'image (la statue) qui vous mettra à couvert du monde, lequel connaîtra enfin la vérité de ce que je vous ai promis ». Un cierge mystérieux (ou selon une autre version un flambeau) les conduisit jusqu'à son champ du Bocenno avant de s'enfoncer sous terre.

Quelques moments plus tard, les paysans déterraient au pied du flambeau une vieille statue de bois d'olivier rongée, avec cependant encore des traces de blanc et d'azur. Une hypothèse prétend que la statue soit celle de la déesse romaine Bona Dea allaitant deux enfants discrètement re-sculptée et repeinte par les moines capucins d'Auray pour en faire l'image de sainte Anne trinitaire tenant sur ses genoux la Vierge et l'Enfant Jésus[5].

Cependant, elle est invérifiable puisque la statue a disparu durant la Révolution française[6].

Malgré les réserves du curé qui finit par faire amende honorable à la suite d'une enquête du diocèse affirmant l'authenticité de la statue, le culte de sainte Anne se développa sur le site de la découverte et une chapelle y fut construite. La première messe officielle fut célébrée, par décision de l'évêque de Vannes Sébastien de Rosmadec, le .

Le paysan bâtisseur

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À partir de ce jour, Yvon Nicolazic devient bâtisseur. Il dirige les travaux, conduit les charrois volontaires de pierre ou d'ardoise, les abattages de bois, paie les entrepreneurs, et tout cela avec sagesse et probité, lui qui ne sait ni lire, ni écrire, ni parler autre chose que le breton. La chapelle construite, il s'efface, quitte le village de Keranna pour laisser toute la place à sainte Anne et aux pèlerins innombrables.

Il est mort à Sainte-Anne-d'Auray le .

Postérité

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Le lieu a pris le nom de Sainte-Anne-d'Auray, et le pardon qui s'y déroule chaque année est le plus important de Bretagne.

Le , le pape Jean-Paul II est venu la prier dans son sanctuaire breton, et avec lui 150 000 pèlerins

Yves Nicolazic est un sujet de polémique. Il a été un temps le champ clos de certains affrontements entre les pour et les contre. Il s'en ressent et même si les pour ont fait preuve de plus de persévérance, on retrouve ici ou là, certaines réserves.

Son fils Sylvestre est prêtre à Pluneret. Officiant de plusieurs baptêmes, il cosigne plusieurs actes à partir de 1649, sa signature est normale jusqu'au 19 janvier 1653, sur l'acte de baptême de Françoise N dont il est l'officiant sa signature comporte en abrégé la mention prêtre indigne[7]; alors que sur la même page les actes précédents portent une signature normale. Le 19 février la mention est beaucoup plus nette : Désormais tous les actes qu'il signera porteront cette mention. Il meurt a 31 ans en 1659, le dernier acte de baptême qu'il signe le 27 novembre 1658 comporte toujours cette mention[8].

La question reste posée sur la cause de cette indignité. Tout laisse à croire qu'a l'issue de la confession d'un des participants de la nuit du 7 au 8 mars, Sylvestre a eu la certitude de la supercherie de son père, d'où cette mention persistante sur tous les actes qu' il signera jusqu'à son décès.

Le recit du miracle est assez extravagant, aussi dans un premier temps, les prêtres locaux, pourtant ses proches, mettent en doute la véracité du récit de Yves Nicolazic. Ce n'est que sur une intervention de l'évèque de Vannes que la réalité du miracle est reconnue par l'Église. Après les guerres de religion, la hiérarchie de l'église, dans le contexte de la reconstruction catholique, consière les miracles comme un moyen de réaffirmer le dogme[9]. L'intervention de l'évèque s'inscrit dans ce contexte de refondation.

Contrairement a son hagiographie,[10] Yves Nicolazic n'était pas un riche paysan Breton, il n'était d'ailleurs pas l'ainé de sa lignée qui était la branche cadette des Nicolazic . C'est à l'issue de la construction de la premiere église de Saint Anne d'Auray dont Saint Anne l'aurait chargée et qu'il a conduite que remonte son aisance matèrielle.

Cause de béatification

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La cause de béatification fut remise à l'étude à la suite du pèlerinage effectué par le pape Jean-Paul II à son sanctuaire, le  ; Une ébauche avait déjà été préparée de 1935 à 1937, aussi un dossier définitif est officiellement déposé au Vatican, à la fin de l'année 2000. A la demande de Mgr François-Mathurin Gourvès, un dossier de béatification d'Yvon Nicolazic est ouvert à l'évêché de Vannes depuis septembre 1997[11].

Mgr Joseph Mahuas, né le à Grand-Champ, ordonné prêtre à Grand-Champ le , décédé à Vannes le , Prélat de Sa Sainteté, doyen du chapitre cathédral de Vannes et en 1992, doyen du chapitre et membre du Conseil épiscopal, responsable du temporel diocésain, avait été nommé postulateur de la cause d'Yvon Nicolazic.

On ne peut que constater que ce dossier n'a jamais abouti, en dépit de la venue à Auray du Pape Jean Paul II en 1996 et que donc la papauté doit détenir des éléments d'informations qui y font obstacle. Il est en effet vraisemblable que Sylvestre se soit ouvert auprès de sa hierarchie de la cause de son indignité.

Iconographie

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Avant la guerre de 1939-1945, les Seiz Breur ont réalisé une série de gravures des saints bretons, ou de personnalités religieuses. Xavier de Langlais a gravé en 1948 une représentation de Nikolazic  [sic], signée Langleiz[12].

En 2018, est parue aux éditions Ar Gedour un album de bande dessinée, écrit et dessiné par René Le Honzec, préfacé par Mgr Raymond Centène, évêque du diocèse retraçant l'historique du sanctuaire des origines à nos jours, avec l'histoire du voyant Nicolazic, l'évolution des pèlerinages, les reconstitutions des bâtiments successifs[12].

Notes et références

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  1. Sainte-Anne d'Auray : seul lieu au monde où sainte Anne, mère de la Vierge Marie, soit apparue dans l'histoire de l'Église - site Notre Histoire avec Marie
  2. Maximilien Nicol, Sainte-Anne d'Auray, Magasin du Pèlerinage, , p. 20
  3. Patrick Huchet, La grande histoire de Sainte-Anne d'Auray, Editions Pierre Téqui, , p. 22-23
  4. 924 ans auparavant donc vers l'an 700. Cette précision confirme bien le caractère douteux de cette apparition. Comment le culte de la vierge pourrait remonter à une date aussi lointaine, alors que le culte de la vierge n'est attesté en Bretagne et ne se diffuse qu'à compter de la fin du Moyen Âge
  5. Louis Réau, Iconographie de l'art chrétien, Presses universitaires de France, , p. 92
  6. La statue du Bocenno dans l’histoire : supposition invérifiable de la statue primitive - site Bécédia
  7. « Acte de baptême », sur Etat civil Morbihan Pluneret (1643-1660) (consulté le )
  8. « Acte de Baptême », sur AD 56 Morbihan (consulté le )
  9. Olivier Christin, Une Révolution Symbolique : l'iconoclasme Huguenot et la reconstruction catholique, Paris, Editions de Minuit, , 351 p.
  10. Wikipedia considére que généanet n'est pas une source fiable. Les recherches généalogiques faites avec cet outil, appuyèes des justificatifs permettent toutefois de maintenir cette affirmation
  11. « Le serviteur de Dieu Yves Nicolazic », sur Images saintes, (consulté le )
  12. a et b René Le Honsec, Keranna, l'histoire de sainte Anne d'Auray, les Éditions ar Gedour, (ISBN 978-2-9565987-0-1)
  • Jean-Loup Avril, 500 bretons à connaître, Saint-Malo (France), L'ancre de marine, 1989
  • Job an Irien et Y.P. Castel, Sainte Anne et les Bretons - Santez Anna, Mamm goz ar Vretonned, éditions Minihi Levenez, ouvrage bilingue breton-français, 1996 (OCLC 865315790).

Articles connexes

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Liens externes

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