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Daniel Pennac

Une page de Wikiquote, le recueil des citations libres.
(Redirigé depuis La Petite Marchande de prose)
Daniel Pennac

Daniel Pennac, de son vrai nom Daniel Pennacchioni, est un écrivain français né à Casablanca, au Maroc en 1944.

Il existe une fiche de références pour cette œuvre :
Au bonheur des ogres.
Ce que je vois dans les yeux de la cliente, maintenant, ne me surprend pas. Je l'y vois, elle. Il a suffi que je me mette à pleurer pour qu'elle prenne ma place. Compassion. [...] Machine arrière toute. Elle retire sa plainte.


Si vous voulez vraiment rêver, réveillez-vous...


La spontanéité, ça s’éduque.


Les langues évoluent dans le sens de la paresse.


Ne jamais exagérer le mal qu’on peut faire aux autres. Leur laisser ce plaisir.


Il existe une fiche de références pour cette œuvre :
La Fée carabine.
Il n'était plus qu'à un pas d'elle, à présent, tout amour, et c'est alors qu'elle se retourna. D'une pièce. Bras tendu vers lui. Comme le désignant du doigt. Sauf qu'en lieu et place de l'index, la vieille dame brandissait un P.38 d'époque, celui des Allemands, une arme qui a traversé le siècle sans se démoder d'un poil, une antiquité toujours moderne, un outil traditionnellement tueur, à l'orifice hypnotique.

Et elle pressa sur la détente.

Toutes les idées du blondinet s'éparpillèrent. Cela fit une jolie fleur dans le ciel d'hiver.


On croit qu'on emmène son chien pisser midi et soir. Grave erreur : ce sont les chiens qui nous invitent à la méditation.


Ancien libraire, ancien boucher, ancien coiffeur, ça veut rien dire, tout ça : être un ancien quelque chose, c’est forcément devenir un nouveau quelqu’un !


Le bonheur individuel se doit de produire des retombées collectives, faute de quoi, la société n’est qu’un rêve de prédateur.


C'est comme ça, la vie : si vous rencontrez un être humain dans la foule, suivez-le,… suivez-le.


Une colonie est un pays dont les fonctionnaires appartiennent à un autre pays. Exemple : l’Indochine est une colonie française, la France est une colonie corse.


Partie I : Le tablier du bouc

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La patience du consolateur tient à ce qu'il a ses propres embêtements.


Julius le Chien restait assis devant la fenêtre à regarder passer la Seine avec une obstination de peintre japonais. Les meubles avaient valsé autour de lui, son effigie de cristal s'était payé Talleyrand, mais Julius le Chien s'en tapait ; gueule tordue et langue pendante, il regardait passer la Seine, ses péniches, ses cageots, ses godasses, ses amours...


Vous avez un vice rare : vous compatissez.


Partie II : Clara se marie

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   – Toi, je t'aimerai toujours, dis-je
   Elle se retourne contre le mur, et elle dit seulement:
   – Contente-toi de m'aimer tous les jours.


   – Vous voulez dire que vos prisonniers sont en train de construire leurs propres cellules ? s'est exclamée Julie.
   – N'est-ce pas ce que nous faisons tous ?


Le pire, dans le pire, c'est l'attente du pire


Partie III : Pour consoler Clara

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Être père, c'est devenir manchot.


En matière de gloire, la matraque c'est la prime de l'amour.


Partie V : Le prix du fil

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Le fait est que, réduits à rien, les morts nous semblent capables de tout.


Partie VI : La mort est un processus rectiligne

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C'est que, vois-tu, cette fois, je suis bel et bien occupé à mourir. Je sais, dit comme ça, à la première personne du singulier, c'est à n'y pas croire, et pourtant, à y bien réfléchir, c'est toujours à la première personne du singulier qu'on meurt pour de bon. Et c'est assez inacceptable, il faut bien le reconnaître.


Et qu'est-ce qu'un procès gagné, si ce n'est une vérité travestie ? Et un procès perdu, sinon le triomphe du mensonge ?


Quels pédagogues nous étions, quand nous n’avions pas le souci de la pédagogie !
  • Comme un roman, Daniel Pennac, éd. NRF Gallimard, 1992, p. 21


Sans le savoir, nous découvrions une des fonctions essentielles du conte, et, plus vastement, de l'art en général, qui est d'imposer une trêve au combat des hommes.
  • Comme un roman, Daniel Pennac, éd. NRF Gallimard, 1992, chap. 11, p. 36-37


D'accord, d'accord, Rousseau ne devrait pas avoir voix au chapitre, lui qui a jeté ses enfants avec l'eau du bain familial ! (Imbécile refrain…) N'empêche… il intervient à propos pour nous rappeler que l'obsession adulte du « savoir lire » ne date pas d'hier… ni l'idiotie des trouvailles pédagogiques qui s'élaborent contre le désir d'apprendre. Et puis (ô le ricanement de l'ange paradoxal !) il arrive qu'un mauvais père ait d'excellents principes d'éducation, et un bon pédagogue d'exécrables. C'est comme ça.
  • Comme un roman, Daniel Pennac, éd. NRF Gallimard, 1992, p. 53


« On ne fera jamais comprendre à un garçon qui, le soir, est au beau milieu d'une histoire captivante, on ne lui fera jamais comprendre par une démonstration limitée à lui même qu'il lui faut interrompre sa lecture et aller se coucher. » C'est Kafka qui dit cela, dans son journal, le petit Franz, dont le papa eût préféré qu'il passât toutes les nuits de sa vie à compter.
  • Comme un roman, Daniel Pennac, éd. NRF Gallimard, 1992, p. 60


Résoudre le problème en supprimant son énoncé, encore un fameux truc pédagogique !
  • Comme un roman, Daniel Pennac, éd. NRF Gallimard, 1992, p. 66


Aimer c’est, finalement, faire don de nos préférences à ceux que nous préférons.
  • Comme un roman, Daniel Pennac, éd. NRF Gallimard, 1992, p. 86


Comptez vos pages... On commence par s'émerveiller du nombre de pages lues, puis vient le moment où l'on s'effraie du peu qui reste à lire. Plus que 50 pages ! Vous verrez... Rien de plus délicieux que cette tristesse là : La guerre et la Paix, deux gros volumes... et plus que 50 pages à lire. On ralentit, on ralentit, rien à faire... Natacha finit par épouser Pierre Bezoukhov, et c'est la fin.
  • Comme un roman, Daniel Pennac, éd. NRF Gallimard, 1992, p. 122


Le temps de lire, comme le temps d'aimer, dilatent le temps de vivre.
  • Comme un roman, Daniel Pennac, éd. NRF Gallimard, 1992, p. 125


On ne force pas une curiosité, on l’éveille.
  • Comme un roman, Daniel Pennac, éd. NRF Gallimard, 1992, p. 127


Les droits imprescriptibles du lecteur :
1. Le droit de ne pas lire.
2. Le droit de sauter des pages.
3. Le droit de ne pas finir un livre
4. Le droit de relire.
5. Le droit de lire n’importe quoi.
6. Le droit au bovarysme (maladie textuellement transmissible).
7. Le droit de lire n’importe où.
8. Le droit de grappiller.
9. Le droit de lire à haute voix.
10. Le droit de nous taire.

  • Comme un roman, Daniel Pennac, éd. NRF Gallimard, 1992, p. 145


Enfin, Maupassant, c'est tout de même « mieux », non ? Du calme… ne pas céder soi-même au bovarysme ; se dire qu'Emma, après tout, n'était elle-même qu'un personnage de roman, c'est-à-dire le produit d'un déterminisme où les causes semées par Gustave n'engendraient que les effets - tout vrais qu'ils fussent - souhaités par Flaubert. En d'autres termes, ce n'est pas parce que cette jeune fille collectionne les Harlequins qu'elle finira en avalant l'arsenic à la louche.
  • Comme un roman, Daniel Pennac, éd. NRF Gallimard, 1992, p. 163


L'homme construit des maisons parce qu'il est vivant, mais il écrit des livres parce qu'il se sait mortel.
  • Comme un roman, Daniel Pennac, éd. NRF Gallimard, 1992, p. 175


Chagrin d'école, 2007

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Ce qui fait l'attrait de la bande ? S'y dissoudre avec la sensation de s'y affirmer. La belle illusion d'identité ! Tout pour oublier ce sentiment d'étrangeté absolue à l'univers scolaire, et fuir ces regards d'adulte dédain.
  • Chagrin d'école, Daniel Pennac, éd. Gallimard, 2007, partie 1 (« La poubelle de Djibouti »), chap. 8, p. 32


La naissance de la délinquance, c'est l'investissement secret de toutes les facultés de l'intelligence dans la ruse.
  • Chagrin d'école, Daniel Pennac, éd. Gallimard, 2007, partie 1 (« La poubelle de Djibouti »), chap. 8, p. 37


Nos « mauvais élèves » (élèves réputés sans devenir) ne viennent jamais seuls à l'école. C'est un oignon qui entre dans la classe : quelques couches de chagrin, de peur, d'inquiétude, de rancœur, de colère, d'envies inassouvies, de renoncement furieux, de présent menaçant, de futur condamné. Regardez, les voilà qui arrivent, leur corps en devenir et leur famille dans leur sac à dos. Le cours ne peut vraiment commencer qu'une fois le fardeau posé à terre et l'oignon épluché.
  • Chagrin d'école, Daniel Pennac, éd. Gallimard, 2007, partie 2 (« Devenir »), chap. 10, p. 70


Les maux de grammaire se soignent par la grammaire, les fautes d'orthographe par l'exercice de l'orthographe, la peur de lire par la lecture, celle de ne pas comprendre par l'immersion dans le texte, et l'habitude de ne pas réfléchir par le calme renfort d'une raison strictement limitée à l'objet qui nous occupe, ici, maintenant, dans cette classe, pendant cette heure de cours, tant que nous y sommes.
  • Chagrin d'école, Daniel Pennac, éd. Gallimard, 2007, partie 3 (« Y ou le présent d'incarnation »), chap. 3, p. 124


Ses élèves attendent en rangs, dans le couloir, devant la porte de sa classe. Partout ailleurs dans le collège, on court, on s'interpelle, on bouscule les chaises et les tables, on envahit l'espace, on sature le volume sonore ; Pierre, lui, attend que les rangs se forment, puis il ouvre la porte, regarde garçons et filles entrer un par un, échange par-ci par-là un « bonjour » qui va de soi, referme la porte, se dirige à pas mesurés vers son bureau, les élèves attendant, debout derrière leurs chaises. Il les prie de s'asseoir, et commence : « Bon, Karim, où en étions-nous ? » Son cours est une conversation qui reprend là où elle s'est interrompue.
  • Chagrin d'école, Daniel Pennac, éd. Gallimard, 2007, partie 3 (« Y ou le présent d'incarnation »), chap. 8, p. 140


En aura-t-elle proféré, des sottises, ma génération, sur les rituels considérés comme marque de soumission aveugle, la notation estimée avilissante, la dictée réactionnaire, le calcul mental abrutissant, la mémorisation des textes infantilisante, ce genre de proclamation...
  • Chagrin d'école, Daniel Pennac, éd. Gallimard, 2007, partie 3 (« Y ou le présent d'incarnation »), chap. 9, p. 143


Journal d'un corps, 2012

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Mon corps est aussi le corps de Violette. L'odeur de Violette est comme ma deuxième peau. Mon corps est aussi le corps de papa, le corps de Dodo, le corps de Manès... Notre corps est aussi le corps des autres.


Mon regard tombe sur Lison, tout à fait immobile, mais étonnamment animée de l'intérieur. Elle me sourit et, sans bouger davantage, me dit : Mon corps ne danse pas, mais mon cœur, lui, il danse. Oh ! ma Lison ! Le bonheur sans autre raison que le bonheur d'être. Je la connais encore parfois, moi aussi, cette jubilation intérieure qui fait danser mon cœur certains jours où je contrains mon corps à se tenir tranquille. Aux réunions de synthèse par exemple, quand Bertholieu, son pince-nez d'un autre temps à moitié recouvert par ses monstrueux sourcils, nous cause « diffraction » et « lignes de convergence, messieurs ». Danse, mon cœur, danse !


Comme prévu, crise d'angoisse. L'angoisse se distingue de la tristesse, de la préoccupation, de la mélancolie, de l'inquiétude, de la peur ou de la colère en ce qu'elle est sans objet identifiable. Un pur état de nerfs aux conséquences physiques immédiates : poitrine oppressée, souffle court, nervosité, maladresse (cassé un bol en préparant le petit déjeuner), bouffées de fureur dont le premier venu peut faire les frais, jurons étouffés qui vous empoisonnent le sang, aucun désir et la pensée aussi courte que le souffle. Impossible de me concentrer sur quoi que ce soit, dispersion extrême, ébauche de gestes, ébauche de phrases, ébauche de réflexion, rien n'aboutit, tout rebondit vers l'intérieur, l'angoisse renvoie sans cesse au cœur de l'angoisse. Ce n'est la faute de personne — ou c'est celle de tout le monde ce qui revient au même. Je trépigne en moi-même, accusant la terre entière de n'être que moi. L'angoisse est un mal ontologique. Qu'est-ce que tu as ? Rien ! Tout ! Je suis seul comme l'homme !


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