Maître de conférences habilité à diriger des recherches à Sorbonne Université Lettres /Département : UFR de Latin / Centre de recherche : UR 4081 "Rome et ses renaissances" / Ecole doctorale : ED 022 "Mondes anciens et médiévaux" / Diplômes : Habilitation à Diriger des Recherches soutenue à l’Université Paris IV-Sorbonne (2017) : « Pour une poétique des arts : Ars et mimésis à la Renaissance » avec un inédit sur les « Théories humanistes du nu (XVe-XVIe siècles) » – Doctorat soutenu à l'Université Paris IV-Sorbonne (1999) : « Les étoiles de Némésis : la rhétorique de la mémoire dans la poésie d’Ange Politien (1454-1494) » – Agrégation de Lettres classiques (1994) – Licence de Philosophie (1994)
Les interrogations actuelles sur la place des Humanités dans l’enseignement et dans la recherche ... more Les interrogations actuelles sur la place des Humanités dans l’enseignement et dans la recherche invitent à réfléchir sur leur origine et sur leur histoire. L’objet des rencontres qui se sont tenues en mars et octobre 2019 au château d’Écouen et à la Sorbonne était de retracer quelques grandes étapes de la promotion et de l’évolution des artes de l’Antiquité à la Renaissance. En effet, la notion d’ars émerge progressivement dès l’époque hellénistique pour aboutir au système des sept arts libéraux à la fin de l’Antiquité. Régulièrement repensé au cours du Moyen Âge, le cycle des sept arts se voit bouleversé : la philosophie dispute à la théologie son ancien primat, comme élément unificateur des disciplines. À côté d’elles, la médecine et le droit se constituent au cœur du débat sur la classification des sciences et sur leur utilité. L’Humanisme, en affirmant la place centrale de l’Homme dans l’univers, a encore enrichi les artes d’une dignité nouvelle, reflet de la dignitas hominis, et a valorisé des disciplines spéculatives comme la philosophie, rationnelles comme la grammaire, la rhétorique et la poésie, ou pratiques comme l’architecture, la peinture et la sculpture.
À la Renaissance, le nu a connu dans les arts un développement sans précédent. Observe-t-on un ph... more À la Renaissance, le nu a connu dans les arts un développement sans précédent. Observe-t-on un phénomène analogue dans la littérature ? Ce livre, en identifiant une variété de nus dans les textes de la Renaissance et en analysant leurs modèles, leurs significations et leurs procédés d’écriture, propose une première synthèse sur le sujet. Après avoir rappelé les caractéristiques essentielles du nu depuis l’Antiquité, cet ouvrage entend revaloriser la fonction comique de la nudité, aspect minoré par la critique longtemps centrée sur le nu idéal et le mouvement néo-platonicien. En effet, dans la suite de la tradition médiévale, la dérision du corps s’exprime dans la nouvelle en langue italienne, dans l’épigramme latine, mais aussi parfois dans l’élégie ou dans les récits des grandes découvertes, mettant à nu la condition humaine. Toutefois, si le nu alimente à la Renaissance la satire des mœurs, il n’en continue pas moins de célébrer l’amour et la fécondité : littérature et arts perpétuent la fonction érotique du nu archaïque en l’adaptant aux cadres du mariage chrétien. Enfin, les nouvelles théorisations humanistes du corps, qui ont bouleversé sa figuration en art, ont aussi modifié les codes de sa description littéraire : les recherches sur la symétrie du corps humain, sur l’anatomie ou sur le mouvement n’ont pas manqué de travailler le nu dans la littérature de la Renaissance.
L’ouvrage est une première synthèse des théories du nu dans les traités d’art de la Renaissance e... more L’ouvrage est une première synthèse des théories du nu dans les traités d’art de la Renaissance en langues latine et italienne. Il soutient aussi une thèse : les humanistes, qui furent les premiers à employer le mot nudus comme un adjectif substantivé au singulier, ont inventé le nu en art à partir de trois sciences anciennes (les mathématiques, la médecine et la philosophie morale) et, plus précisément, en renouvelant trois doctrines qui constituent à la Renaissance les parties de l’art du nu, la symétrie, l’anatomie et la physiognomonie. Se plaçant sous le triple patronage de Vitruve, de Galien et d’Aristote, les théoriciens de l’art humanistes concevaient à la fois le nu comme un corps géométrisé, comme une « belle machine » et comme un miroir de l’âme. Ainsi existe-t-il au moins trois critères à l’aune desquels, à la Renaissance, les spécialistes de l’art reconnaissent et jugent un nu : le premier est le rapport de proportion qui règle ses parties entre elles et chacune d’elle avec la totalité du corps ; le second est la conformité de l’organisation anatomique et le troisième l’efficacité affective de l’image. Les artistes et théoriciens de l’art de la Renaissance fournissent eux-mêmes une définition du nu assez solide pour combler le vide laissé par la critique de celle de Kenneth Clark (The Nude, Washington, 1956).
Ange Politien, humaniste du Quattrocento, lisait et écrivait dans les trois langues toscane, lati... more Ange Politien, humaniste du Quattrocento, lisait et écrivait dans les trois langues toscane, latine et grecque. Poète médicéen et professeur à l’université de Florence, il a laissé une poésie raffinée (Stances, Fable d’Orphée, Silves, épigrammes latines et grecques), des travaux philologiques érudits (annotations, cours universitaires sur Homère, Virgile, Ovide, Quintilien, Stace…, Miscellanea), des commentaires philosophiques perspicaces (Lamia, De dialectica, Dialectica…) et une riche correspondance. Fruit d’une rencontre entre chercheurs italiens et français, le présent volume prend en compte ces divers aspects et met en lumière la fécondité d’une œuvre qui portait bien des germes de la Renaissance et de l’humanisme européen.
Les humanistes ont joué un rôle essentiel dans l’élaboration de la critique littéraire et la cons... more Les humanistes ont joué un rôle essentiel dans l’élaboration de la critique littéraire et la constitution de la poétique comme discipline distincte de la grammaire et de la rhétorique. Ils ont conditionné la réception des traités antiques, en particulier la Poétique d’Aristote et l’Art poétique d’Horace, et ont problématisé des concepts appelés à une grande fortune, comme la mimèsis, la catharsis, le decorum ou l’ut pictura poesis. Ils ont apporté des éléments théoriques originaux, élaboré des taxinomies génériques complexes et repensé la classification des arts. Cette anthologie offre une vision synthétique des textes théoriques latins en Europe, du Trecento à la fin du XVIe siècle. Elle présente les principaux penseurs et leur art poétique, analyse les notions clefs et propose un choix de textes emblématiques, édités, traduits et contextualisés. Un bel outil de travail pour penser l’utilité de la poésie, la création, l’histoire littéraire et les normes esthétiques.
The humanists played a key role in the growth of literary criticism and the establishment of poetics as a discipline distinct from grammar and rhetoric. They influenced the perception of classical treatises such es Aristotle’s Poetics and Horace’s The art of Poetry. They questioned what would go on to become iconic concepts and ideas such as mimesis, catharsis, decorum and ut pictura poesis. They introduced fresh ideas, complex generic taxonomies and renovated the way we classify the arts. This book provides a brief insight into Latin theoretical texts in Europe between the 14th century and the end of the 16th century. It looks at the poetic art of renowned scholars, dissects key notions and offers an illustrative, revised, translated and contextualised selection of texts. This book is an essential tool for discussing the usefulness of literary poetry, creation and history and aesthetic norms.
Les deux chefs-d’œuvre en langue vulgaire d’Ange Politien (1454-1494), l’un des plus fameux huma... more Les deux chefs-d’œuvre en langue vulgaire d’Ange Politien (1454-1494), l’un des plus fameux humanistes florentins et l’ami de Laurent de Médicis, sont traduits pour la première fois en français et publiés avec le texte italien dans son édition critique la plus récente. Poète de génie qui traduisit à quinze ans l’Iliade en vers latins, Politien releva le défi que lui lançait Laurent le Magnifique : faire du dialecte toscan une langue littéraire aussi sublime et raffinée que celle d’Homère ou de Virgile. Il chanta dans une épopée les exploits et les amours de Julien de Médicis, brutalement interrompus par son assassinat, et composa une pièce à la manière du théâtre antique sur le mythe d’Orphée et Eurydice. Les Stances et la Fable d’Orphée, bien connus au XVe siècle des milieux français italianisants, ont profondément influencé les productions poétiques de la Pléiade, comme les sonnets sur le printemps de Joachim Du Bellay ou l’Orphée de Ronsard. Leur rayonnement s’étend encore dans les arts de toute l’Europe : les fictions poétiques des Stances ont nourri les arts figuratifs de Botticelli à Nicolas Poussin en passant par Raphaël et Albrecht Dürer. Quant à la Fable d’Orphée, son succès fut tel qu’elle donna lieu à d’innombrables représentations, notamment à la cour d’Amboise dans un décor de Léonard de Vinci, et c’est d’elle que naquirent aux siècles suivants l’Orphée de Claudio Monteverdi, le tout premier opéra, ainsi que celui Christoph Willibald Gluck.
Ange Politien, poète humaniste florentin (1454-1494), avait appris des orateurs antiques la théor... more Ange Politien, poète humaniste florentin (1454-1494), avait appris des orateurs antiques la théorie de l'art de la mémoire. Sa poésie présente la topique caractéristique des arts de mémoire (calendrier, liste de vertus, catalogue d'hommes illustres...). La présente étude montre que tout l’œuvre d’Ange Politien est un travail de mémoire, que ce soit à une fin politique – l’histoire –, éthique – la quête individuelle du bonheur –ou poétique – la transmission des belles lettres –. L’auteur guide le lecteur à travers la poésie vernaculaire, latine et grecque d’Ange Politien pour en explorer les lieux et les images de mémoire, s’aidant des correspondances avec les œuvres plastiques de la fin du Quattrocento. L'analyse des procédés stylistiques de disposition des lieux et de formation des images conduit à la définition d’une véritable « rhétorique de la mémoire ». Certes fortement influencée par l’art mnémonique cicéronien, la poétique d’Ange Politien – qui fut particulièrement sensible à la conception de la mémoire créatrice de Quintilien – s’avère néanmoins tendre profondément vers un art de l'improvisation.
Angelo Poliziano, a Florentine humanist poet (1454-1494), was taught the theory of the art of memory by antique orators. His poetry presents the characteristic topics of arts of memory (calendar, list of virtues, catalogue of famous men…). The present study shows that the entire work of Angelo Poliziano is a work of memory, with a political end – history – an ethical end – the individual quest for happiness – or a poetical end – the transmission of literature. The author guides the reader through Angelo Poliziano’s vernacular, Latin and Greek poetry in order to explore the places and images of memory they contain, using relations with plastic works from the end of Quattrocentro. The analysis of stylistic processes regarding the despositon of places and the forming of images leads to the definition of a true « rethoric of memory ». Though strongly infulenced by Ciceron’s mnemonic art, Angelo Poliziano’s poetics – which was particulary sensitive to Quintilien’s concept of creative memory – yet turns out to be deeply tending towards an art of improvisation.
It is well known that Paolo Giovio supported Charles V in his project of the alliance of Christi... more It is well known that Paolo Giovio supported Charles V in his project of the alliance of Christian Europe against the Ottoman Empire. The Latin dedication of the Turcicarum rerum commentarius (Rome, 1531) and the portrait of the Emperor in the Elogia uirorum bellica uirtute illustrium (Florence, 1551) contribute to the imperial propaganda by exalting the qualities of the prince on the model of the Roman emperors’s biographers – particularly Suetonius – and by accrediting the myth of the natural and providential power of Charles V. However, the Historiae sui temporis, published in Florence in 1550 and 1552, give a much more nuanced picture. The chronicler eludes censorship thanks to the narrative points of view and expresses more and more criticism about the policy and the personality of Charles V. A careful reader would also notice that the main portrait of the prince, in Book XXXVII, is an official mask made by a fine strategist to hide the crimes of the Sack of Rome and to fool the mistrust of Clement VII. Over the Chronicles, Paolo Giovio casts doubt on the qualities of the prince, accumulating stories and rumours about his ambition, his cupidity, his fear of dishonour, his insensibility... In Book XXXVIII, he gives a ruthless analysis of the conflict between the two potential masters of the occidental world, Charles V and Paul III, revealing the strictly private interest and the treason hidden behind the false friendship and the sacred alliance.
Aurore est une figure mythologique mineure mais récurrente dans la poésie d’Ange Politien. Le phi... more Aurore est une figure mythologique mineure mais récurrente dans la poésie d’Ange Politien. Le philologue et mythographe humaniste a recensé patiemment les différentes traditions sur Aurora, Eos, Titonia ou Pallantias. Des Stances aux Silves, en passant par la Fable d’Orphée et les élégies latines, le poète enrichit le thème de l’aurore de sources nouvelles, affine son réseau de métaphores connexes et investit le mythe d’une double signification politique et poétique.
Itaca. Quaderns Catalans de Cultura Classica, n°35-36, 2020
During the Renaissance, humanists rediscover the original texts of Greek philosophical poems as w... more During the Renaissance, humanists rediscover the original texts of Greek philosophical poems as well as Lucretius’ famous De Rerum Natura. Two questions already raised by the Ancients become for them an object of passionate inquiry: “Was Homer really the first philosopher?” and “Was Empedocles a philosopher or a poet?” The Florentine humanist Angelo Poliziano, for example, who during the 1480s devoted his university teachings to the Homeric corpus, develops the theme of Homer’s omniscience. Later, during the second half of the XVIth century, the Parisian publisher Henri Estienne prints a volume of Greek epic poets, followed by an anthology of Greek “philosophical poetry”. In refuting the claim that Empedocles, for not having composed a narrative fable should not really count as a poet, Estienne significantly bolsters the legitimacy of scientific poetry. In this way, Renaissance debates over Homer’s omniscience and Empedocles’ status amongst poets greatly facilitated the emergence of a new didactic poetry during the period.
During the Renaissance, thanks in large part to the rediscovery of ancient nudes, the representat... more During the Renaissance, thanks in large part to the rediscovery of ancient nudes, the representation of nudity distills itself into both the figurative arts and into the literature of all Europe. The thesis of this article is that the humanists, who were the first to employ the word nudus as a substantive in the singular, based their invention of the nude in visual art upon three ancient sciences – mathematics, medicine, and moral philosophy. They accomplished this, more precisely, through the renewal of three specific doctrines which, in treatises of art in both Latin and the vernacular languages, were to become the very core of the art of the nude, namely, symmetry, anatomy, and physiognomy. Placing themselves under the triple tutelage of Vitruvius, Galen and Aristotle, humanist theoreticians of art conceived of the nude at once as a geometrical body, a “beauteous machine” and as a mirror of the soul. As such, the nude, whose very definition and status prove so troubling to art critics today, was identified and indeed admired by specialists during the Renaissance as a function of one of three precise criteria. These are: the relationship of proportion which organises its parts amongst themselves and each one in relation to the body’s totality, the relative conformity of the anatomical organisation, and, finally, the affective valence of the image.
Les interrogations actuelles sur la place des Humanités dans l’enseignement et dans la recherche ... more Les interrogations actuelles sur la place des Humanités dans l’enseignement et dans la recherche invitent à réfléchir sur leur origine et sur leur histoire. L’objet des rencontres qui se sont tenues en mars et octobre 2019 au château d’Écouen et à la Sorbonne était de retracer quelques grandes étapes de la promotion et de l’évolution des artes de l’Antiquité à la Renaissance. En effet, la notion d’ars émerge progressivement dès l’époque hellénistique pour aboutir au système des sept arts libéraux à la fin de l’Antiquité. Régulièrement repensé au cours du Moyen Âge, le cycle des sept arts se voit bouleversé : la philosophie dispute à la théologie son ancien primat, comme élément unificateur des disciplines. À côté d’elles, la médecine et le droit se constituent au cœur du débat sur la classification des sciences et sur leur utilité. L’Humanisme, en affirmant la place centrale de l’Homme dans l’univers, a encore enrichi les artes d’une dignité nouvelle, reflet de la dignitas hominis, et a valorisé des disciplines spéculatives comme la philosophie, rationnelles comme la grammaire, la rhétorique et la poésie, ou pratiques comme l’architecture, la peinture et la sculpture.
À la Renaissance, le nu a connu dans les arts un développement sans précédent. Observe-t-on un ph... more À la Renaissance, le nu a connu dans les arts un développement sans précédent. Observe-t-on un phénomène analogue dans la littérature ? Ce livre, en identifiant une variété de nus dans les textes de la Renaissance et en analysant leurs modèles, leurs significations et leurs procédés d’écriture, propose une première synthèse sur le sujet. Après avoir rappelé les caractéristiques essentielles du nu depuis l’Antiquité, cet ouvrage entend revaloriser la fonction comique de la nudité, aspect minoré par la critique longtemps centrée sur le nu idéal et le mouvement néo-platonicien. En effet, dans la suite de la tradition médiévale, la dérision du corps s’exprime dans la nouvelle en langue italienne, dans l’épigramme latine, mais aussi parfois dans l’élégie ou dans les récits des grandes découvertes, mettant à nu la condition humaine. Toutefois, si le nu alimente à la Renaissance la satire des mœurs, il n’en continue pas moins de célébrer l’amour et la fécondité : littérature et arts perpétuent la fonction érotique du nu archaïque en l’adaptant aux cadres du mariage chrétien. Enfin, les nouvelles théorisations humanistes du corps, qui ont bouleversé sa figuration en art, ont aussi modifié les codes de sa description littéraire : les recherches sur la symétrie du corps humain, sur l’anatomie ou sur le mouvement n’ont pas manqué de travailler le nu dans la littérature de la Renaissance.
L’ouvrage est une première synthèse des théories du nu dans les traités d’art de la Renaissance e... more L’ouvrage est une première synthèse des théories du nu dans les traités d’art de la Renaissance en langues latine et italienne. Il soutient aussi une thèse : les humanistes, qui furent les premiers à employer le mot nudus comme un adjectif substantivé au singulier, ont inventé le nu en art à partir de trois sciences anciennes (les mathématiques, la médecine et la philosophie morale) et, plus précisément, en renouvelant trois doctrines qui constituent à la Renaissance les parties de l’art du nu, la symétrie, l’anatomie et la physiognomonie. Se plaçant sous le triple patronage de Vitruve, de Galien et d’Aristote, les théoriciens de l’art humanistes concevaient à la fois le nu comme un corps géométrisé, comme une « belle machine » et comme un miroir de l’âme. Ainsi existe-t-il au moins trois critères à l’aune desquels, à la Renaissance, les spécialistes de l’art reconnaissent et jugent un nu : le premier est le rapport de proportion qui règle ses parties entre elles et chacune d’elle avec la totalité du corps ; le second est la conformité de l’organisation anatomique et le troisième l’efficacité affective de l’image. Les artistes et théoriciens de l’art de la Renaissance fournissent eux-mêmes une définition du nu assez solide pour combler le vide laissé par la critique de celle de Kenneth Clark (The Nude, Washington, 1956).
Ange Politien, humaniste du Quattrocento, lisait et écrivait dans les trois langues toscane, lati... more Ange Politien, humaniste du Quattrocento, lisait et écrivait dans les trois langues toscane, latine et grecque. Poète médicéen et professeur à l’université de Florence, il a laissé une poésie raffinée (Stances, Fable d’Orphée, Silves, épigrammes latines et grecques), des travaux philologiques érudits (annotations, cours universitaires sur Homère, Virgile, Ovide, Quintilien, Stace…, Miscellanea), des commentaires philosophiques perspicaces (Lamia, De dialectica, Dialectica…) et une riche correspondance. Fruit d’une rencontre entre chercheurs italiens et français, le présent volume prend en compte ces divers aspects et met en lumière la fécondité d’une œuvre qui portait bien des germes de la Renaissance et de l’humanisme européen.
Les humanistes ont joué un rôle essentiel dans l’élaboration de la critique littéraire et la cons... more Les humanistes ont joué un rôle essentiel dans l’élaboration de la critique littéraire et la constitution de la poétique comme discipline distincte de la grammaire et de la rhétorique. Ils ont conditionné la réception des traités antiques, en particulier la Poétique d’Aristote et l’Art poétique d’Horace, et ont problématisé des concepts appelés à une grande fortune, comme la mimèsis, la catharsis, le decorum ou l’ut pictura poesis. Ils ont apporté des éléments théoriques originaux, élaboré des taxinomies génériques complexes et repensé la classification des arts. Cette anthologie offre une vision synthétique des textes théoriques latins en Europe, du Trecento à la fin du XVIe siècle. Elle présente les principaux penseurs et leur art poétique, analyse les notions clefs et propose un choix de textes emblématiques, édités, traduits et contextualisés. Un bel outil de travail pour penser l’utilité de la poésie, la création, l’histoire littéraire et les normes esthétiques.
The humanists played a key role in the growth of literary criticism and the establishment of poetics as a discipline distinct from grammar and rhetoric. They influenced the perception of classical treatises such es Aristotle’s Poetics and Horace’s The art of Poetry. They questioned what would go on to become iconic concepts and ideas such as mimesis, catharsis, decorum and ut pictura poesis. They introduced fresh ideas, complex generic taxonomies and renovated the way we classify the arts. This book provides a brief insight into Latin theoretical texts in Europe between the 14th century and the end of the 16th century. It looks at the poetic art of renowned scholars, dissects key notions and offers an illustrative, revised, translated and contextualised selection of texts. This book is an essential tool for discussing the usefulness of literary poetry, creation and history and aesthetic norms.
Les deux chefs-d’œuvre en langue vulgaire d’Ange Politien (1454-1494), l’un des plus fameux huma... more Les deux chefs-d’œuvre en langue vulgaire d’Ange Politien (1454-1494), l’un des plus fameux humanistes florentins et l’ami de Laurent de Médicis, sont traduits pour la première fois en français et publiés avec le texte italien dans son édition critique la plus récente. Poète de génie qui traduisit à quinze ans l’Iliade en vers latins, Politien releva le défi que lui lançait Laurent le Magnifique : faire du dialecte toscan une langue littéraire aussi sublime et raffinée que celle d’Homère ou de Virgile. Il chanta dans une épopée les exploits et les amours de Julien de Médicis, brutalement interrompus par son assassinat, et composa une pièce à la manière du théâtre antique sur le mythe d’Orphée et Eurydice. Les Stances et la Fable d’Orphée, bien connus au XVe siècle des milieux français italianisants, ont profondément influencé les productions poétiques de la Pléiade, comme les sonnets sur le printemps de Joachim Du Bellay ou l’Orphée de Ronsard. Leur rayonnement s’étend encore dans les arts de toute l’Europe : les fictions poétiques des Stances ont nourri les arts figuratifs de Botticelli à Nicolas Poussin en passant par Raphaël et Albrecht Dürer. Quant à la Fable d’Orphée, son succès fut tel qu’elle donna lieu à d’innombrables représentations, notamment à la cour d’Amboise dans un décor de Léonard de Vinci, et c’est d’elle que naquirent aux siècles suivants l’Orphée de Claudio Monteverdi, le tout premier opéra, ainsi que celui Christoph Willibald Gluck.
Ange Politien, poète humaniste florentin (1454-1494), avait appris des orateurs antiques la théor... more Ange Politien, poète humaniste florentin (1454-1494), avait appris des orateurs antiques la théorie de l'art de la mémoire. Sa poésie présente la topique caractéristique des arts de mémoire (calendrier, liste de vertus, catalogue d'hommes illustres...). La présente étude montre que tout l’œuvre d’Ange Politien est un travail de mémoire, que ce soit à une fin politique – l’histoire –, éthique – la quête individuelle du bonheur –ou poétique – la transmission des belles lettres –. L’auteur guide le lecteur à travers la poésie vernaculaire, latine et grecque d’Ange Politien pour en explorer les lieux et les images de mémoire, s’aidant des correspondances avec les œuvres plastiques de la fin du Quattrocento. L'analyse des procédés stylistiques de disposition des lieux et de formation des images conduit à la définition d’une véritable « rhétorique de la mémoire ». Certes fortement influencée par l’art mnémonique cicéronien, la poétique d’Ange Politien – qui fut particulièrement sensible à la conception de la mémoire créatrice de Quintilien – s’avère néanmoins tendre profondément vers un art de l'improvisation.
Angelo Poliziano, a Florentine humanist poet (1454-1494), was taught the theory of the art of memory by antique orators. His poetry presents the characteristic topics of arts of memory (calendar, list of virtues, catalogue of famous men…). The present study shows that the entire work of Angelo Poliziano is a work of memory, with a political end – history – an ethical end – the individual quest for happiness – or a poetical end – the transmission of literature. The author guides the reader through Angelo Poliziano’s vernacular, Latin and Greek poetry in order to explore the places and images of memory they contain, using relations with plastic works from the end of Quattrocentro. The analysis of stylistic processes regarding the despositon of places and the forming of images leads to the definition of a true « rethoric of memory ». Though strongly infulenced by Ciceron’s mnemonic art, Angelo Poliziano’s poetics – which was particulary sensitive to Quintilien’s concept of creative memory – yet turns out to be deeply tending towards an art of improvisation.
It is well known that Paolo Giovio supported Charles V in his project of the alliance of Christi... more It is well known that Paolo Giovio supported Charles V in his project of the alliance of Christian Europe against the Ottoman Empire. The Latin dedication of the Turcicarum rerum commentarius (Rome, 1531) and the portrait of the Emperor in the Elogia uirorum bellica uirtute illustrium (Florence, 1551) contribute to the imperial propaganda by exalting the qualities of the prince on the model of the Roman emperors’s biographers – particularly Suetonius – and by accrediting the myth of the natural and providential power of Charles V. However, the Historiae sui temporis, published in Florence in 1550 and 1552, give a much more nuanced picture. The chronicler eludes censorship thanks to the narrative points of view and expresses more and more criticism about the policy and the personality of Charles V. A careful reader would also notice that the main portrait of the prince, in Book XXXVII, is an official mask made by a fine strategist to hide the crimes of the Sack of Rome and to fool the mistrust of Clement VII. Over the Chronicles, Paolo Giovio casts doubt on the qualities of the prince, accumulating stories and rumours about his ambition, his cupidity, his fear of dishonour, his insensibility... In Book XXXVIII, he gives a ruthless analysis of the conflict between the two potential masters of the occidental world, Charles V and Paul III, revealing the strictly private interest and the treason hidden behind the false friendship and the sacred alliance.
Aurore est une figure mythologique mineure mais récurrente dans la poésie d’Ange Politien. Le phi... more Aurore est une figure mythologique mineure mais récurrente dans la poésie d’Ange Politien. Le philologue et mythographe humaniste a recensé patiemment les différentes traditions sur Aurora, Eos, Titonia ou Pallantias. Des Stances aux Silves, en passant par la Fable d’Orphée et les élégies latines, le poète enrichit le thème de l’aurore de sources nouvelles, affine son réseau de métaphores connexes et investit le mythe d’une double signification politique et poétique.
Itaca. Quaderns Catalans de Cultura Classica, n°35-36, 2020
During the Renaissance, humanists rediscover the original texts of Greek philosophical poems as w... more During the Renaissance, humanists rediscover the original texts of Greek philosophical poems as well as Lucretius’ famous De Rerum Natura. Two questions already raised by the Ancients become for them an object of passionate inquiry: “Was Homer really the first philosopher?” and “Was Empedocles a philosopher or a poet?” The Florentine humanist Angelo Poliziano, for example, who during the 1480s devoted his university teachings to the Homeric corpus, develops the theme of Homer’s omniscience. Later, during the second half of the XVIth century, the Parisian publisher Henri Estienne prints a volume of Greek epic poets, followed by an anthology of Greek “philosophical poetry”. In refuting the claim that Empedocles, for not having composed a narrative fable should not really count as a poet, Estienne significantly bolsters the legitimacy of scientific poetry. In this way, Renaissance debates over Homer’s omniscience and Empedocles’ status amongst poets greatly facilitated the emergence of a new didactic poetry during the period.
During the Renaissance, thanks in large part to the rediscovery of ancient nudes, the representat... more During the Renaissance, thanks in large part to the rediscovery of ancient nudes, the representation of nudity distills itself into both the figurative arts and into the literature of all Europe. The thesis of this article is that the humanists, who were the first to employ the word nudus as a substantive in the singular, based their invention of the nude in visual art upon three ancient sciences – mathematics, medicine, and moral philosophy. They accomplished this, more precisely, through the renewal of three specific doctrines which, in treatises of art in both Latin and the vernacular languages, were to become the very core of the art of the nude, namely, symmetry, anatomy, and physiognomy. Placing themselves under the triple tutelage of Vitruvius, Galen and Aristotle, humanist theoreticians of art conceived of the nude at once as a geometrical body, a “beauteous machine” and as a mirror of the soul. As such, the nude, whose very definition and status prove so troubling to art critics today, was identified and indeed admired by specialists during the Renaissance as a function of one of three precise criteria. These are: the relationship of proportion which organises its parts amongst themselves and each one in relation to the body’s totality, the relative conformity of the anatomical organisation, and, finally, the affective valence of the image.
Sorbonne Université (UR 4081: "Rome et ses renaissances"), 2018
À la Renaissance, le nu connaît dans la peinture et la sculpture occidentales un développement sa... more À la Renaissance, le nu connaît dans la peinture et la sculpture occidentales un développement sans précédent. Ce colloque propose d’examiner si la littérature présente à la même période un phénomène analogue à celui de l’essor du nu dans les arts. C’est l’occasion de revisiter un vaste corpus de la littérature européenne, du quatorzième au seizième siècle, en langue latine ou vernaculaire, de textes tantôt célèbres tantôt méconnus et de les mettre en relation avec des œuvres d’art, que se soit en raison de la similitude de leurs thèmes, de celle de leurs significations ou de leurs procédés de confection. Après une mise au point sur ses modèles antiques et médiévaux, tant iconographiques que littéraires, le nu est abordé d’un point de vue éthique comme expression de la grandeur et de la misère de l’homme, d’un point de vue poétique comme processus de dévoilement, érotique ou symbolique, et d’un point de vue esthétique comme produit de l’art, d’une fabrique. L’enjeu de cet ouvrage collectif, qui fait dialoguer historiens de l’art et littéraires, est de déterminer dans quelle mesure le nu peut se définir comme un objet commun aux arts mimétiques que sont la sculpture, la peinture et la littérature.
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Books by Emilie SERIS
Après avoir rappelé les caractéristiques essentielles du nu depuis l’Antiquité, cet ouvrage entend revaloriser la fonction comique de la nudité, aspect minoré par la critique longtemps centrée sur le nu idéal et le mouvement néo-platonicien. En effet, dans la suite de la tradition médiévale, la dérision du corps s’exprime dans la nouvelle en langue italienne, dans l’épigramme latine, mais aussi parfois dans l’élégie ou dans les récits des grandes découvertes, mettant à nu la condition humaine.
Toutefois, si le nu alimente à la Renaissance la satire des mœurs, il n’en continue pas moins de célébrer l’amour et la fécondité : littérature et arts perpétuent la fonction érotique du nu archaïque en l’adaptant aux cadres du mariage chrétien. Enfin, les nouvelles théorisations humanistes du corps, qui ont bouleversé sa figuration en art, ont aussi modifié les codes de sa description littéraire : les recherches sur la symétrie du corps humain, sur l’anatomie ou sur le mouvement n’ont pas manqué de travailler le nu dans la littérature de la Renaissance.
The humanists played a key role in the growth of literary criticism and the establishment of poetics as a discipline distinct from grammar and rhetoric. They influenced the perception of classical treatises such es Aristotle’s Poetics and Horace’s The art of Poetry. They questioned what would go on to become iconic concepts and ideas such as mimesis, catharsis, decorum and ut pictura poesis. They introduced fresh ideas, complex generic taxonomies and renovated the way we classify the arts. This book provides a brief insight into Latin theoretical texts in Europe between the 14th century and the end of the 16th century. It looks at the poetic art of renowned scholars, dissects key notions and offers an illustrative, revised, translated and contextualised selection of texts. This book is an essential tool for discussing the usefulness of literary poetry, creation and history and aesthetic norms.
Angelo Poliziano, a Florentine humanist poet (1454-1494), was taught the theory of the art of memory by antique orators. His poetry presents the characteristic topics of arts of memory (calendar, list of virtues, catalogue of famous men…). The present study shows that the entire work of Angelo Poliziano is a work of memory, with a political end – history – an ethical end – the individual quest for happiness – or a poetical end – the transmission of literature. The author guides the reader through Angelo Poliziano’s vernacular, Latin and Greek poetry in order to explore the places and images of memory they contain, using relations with plastic works from the end of Quattrocentro. The analysis of stylistic processes regarding the despositon of places and the forming of images leads to the definition of a true « rethoric of memory ». Though strongly infulenced by Ciceron’s mnemonic art, Angelo Poliziano’s poetics – which was particulary sensitive to Quintilien’s concept of creative memory – yet turns out to be deeply tending towards an art of improvisation.
Papers by Emilie SERIS
Après avoir rappelé les caractéristiques essentielles du nu depuis l’Antiquité, cet ouvrage entend revaloriser la fonction comique de la nudité, aspect minoré par la critique longtemps centrée sur le nu idéal et le mouvement néo-platonicien. En effet, dans la suite de la tradition médiévale, la dérision du corps s’exprime dans la nouvelle en langue italienne, dans l’épigramme latine, mais aussi parfois dans l’élégie ou dans les récits des grandes découvertes, mettant à nu la condition humaine.
Toutefois, si le nu alimente à la Renaissance la satire des mœurs, il n’en continue pas moins de célébrer l’amour et la fécondité : littérature et arts perpétuent la fonction érotique du nu archaïque en l’adaptant aux cadres du mariage chrétien. Enfin, les nouvelles théorisations humanistes du corps, qui ont bouleversé sa figuration en art, ont aussi modifié les codes de sa description littéraire : les recherches sur la symétrie du corps humain, sur l’anatomie ou sur le mouvement n’ont pas manqué de travailler le nu dans la littérature de la Renaissance.
The humanists played a key role in the growth of literary criticism and the establishment of poetics as a discipline distinct from grammar and rhetoric. They influenced the perception of classical treatises such es Aristotle’s Poetics and Horace’s The art of Poetry. They questioned what would go on to become iconic concepts and ideas such as mimesis, catharsis, decorum and ut pictura poesis. They introduced fresh ideas, complex generic taxonomies and renovated the way we classify the arts. This book provides a brief insight into Latin theoretical texts in Europe between the 14th century and the end of the 16th century. It looks at the poetic art of renowned scholars, dissects key notions and offers an illustrative, revised, translated and contextualised selection of texts. This book is an essential tool for discussing the usefulness of literary poetry, creation and history and aesthetic norms.
Angelo Poliziano, a Florentine humanist poet (1454-1494), was taught the theory of the art of memory by antique orators. His poetry presents the characteristic topics of arts of memory (calendar, list of virtues, catalogue of famous men…). The present study shows that the entire work of Angelo Poliziano is a work of memory, with a political end – history – an ethical end – the individual quest for happiness – or a poetical end – the transmission of literature. The author guides the reader through Angelo Poliziano’s vernacular, Latin and Greek poetry in order to explore the places and images of memory they contain, using relations with plastic works from the end of Quattrocentro. The analysis of stylistic processes regarding the despositon of places and the forming of images leads to the definition of a true « rethoric of memory ». Though strongly infulenced by Ciceron’s mnemonic art, Angelo Poliziano’s poetics – which was particulary sensitive to Quintilien’s concept of creative memory – yet turns out to be deeply tending towards an art of improvisation.