In 1913, at the premiere of the opera “Victory over the Sun,” the audience saw the first black sq... more In 1913, at the premiere of the opera “Victory over the Sun,” the audience saw the first black square on the curtain of the Luna Park Theater, created by Malevich. Two years later that pure form became one of the most striking emblems of the Russian avant-garde. Ten years later, in 1923, GINKHUK was founded under the leadership of the inventor of Suprematism, who by then published the treatise “God will not be thrown off,” that he presented to Daniil Kharms. Ten more years later, in 1933, Kharms, who at that time still believed in “the purity that permeates all art,” wrote the following sentence: “purity is close to emptiness.” This article explores how, over the course of about 20 years, we arrived at this rather frightening, post-OBERIU rhyme: purity/emptiness [chistota/pustota].
L’abîme qui sépare l’adulation que portent les Russes à leur « poète national » et la relative in... more L’abîme qui sépare l’adulation que portent les Russes à leur « poète national » et la relative indifférence avec laquelle il est reçu à l’étranger reste un sujet d’étonnement et d’interrogation inépuisable. Il est clair que les problèmes de traduction expliquent partiellement cette indifférence, mais il serait abusif de leur en attribuer l’entière responsabilité : il semble bien, en effet, que cette incompréhension ne soit pas sans lien avec celle qu’a pu connaître le poète dans son propre pa..
... Kto-to b noAe naA O MOHaXH Bor BeAHK n MaA aAAHAyHH CMepxb h 4pyr h Bpar O MOHaXH Bor h CBeT ... more ... Kto-to b noAe naA O MOHaXH Bor BeAHK n MaA aAAHAyHH CMepxb h 4pyr h Bpar O MOHaXH Bor h CBeT h MpaK aAAHAyHH CMepTb K0H4VKT0p MOO?A O MOHaXH Bor CBHpen h mha aAAHAyHH pyxHeT xcnxca h TBep/rb O MOHaXH ho He pyxHyT Bor h CMepTb ...
Jaccard Jean-Philippe. Daniil Xarms : poète des années vingt, prosateur des années trente : les r... more Jaccard Jean-Philippe. Daniil Xarms : poète des années vingt, prosateur des années trente : les raisons d'un passage. In: Revue des études slaves, tome 67, fascicule 4, 1995. pp. 653-663
И. С. Тургенев: текст и контекст / Под. ред. А. А. Карпова и Н. С. Мовниной. СПб.: Скрипториум, 2018
Внимательное прочтение романа И. С. Тургенева «Дворянское гнездо» позволяет выявить прочную зерка... more Внимательное прочтение романа И. С. Тургенева «Дворянское гнездо» позволяет выявить прочную зеркально-симметричную композицию произведения, в центре которой «слишком» большое место занимает на первый взгляд второстепенный персонаж — Лемм. Дальнейший анализ показывает, что композитор так же влюблен в Лизу, как и Лаврецкий, и что он нужен последнему, который сам музыки не знает, для сближения с предметом его любви. Таким образом, Лемма можно считать недостающим элементом личности Лаврецкого, и эта констатация заставляет нас заново оценить роль музыки в романе.
А. Туфанов. Ушкуйники / Сост. Ж.-Ф. Жаккар и Т. Никольская. Berkeley Slavic Specialties (Modern Russian Literature and Culture. Studies and Texts, vol. 27), 1991
In 1913, at the premiere of the opera “Victory over the Sun,” the audience saw the first black sq... more In 1913, at the premiere of the opera “Victory over the Sun,” the audience saw the first black square on the curtain of the Luna Park Theater, created by Malevich. Two years later that pure form became one of the most striking emblems of the Russian avant-garde. Ten years later, in 1923, GINKHUK was founded under the leadership of the inventor of Suprematism, who by then published the treatise “God will not be thrown off,” that he presented to Daniil Kharms. Ten more years later, in 1933, Kharms, who at that time still believed in “the purity that permeates all art,” wrote the following sentence: “purity is close to emptiness.” This article explores how, over the course of about 20 years, we arrived at this rather frightening, post-OBERIU rhyme: purity/emptiness [chistota/pustota].
L’abîme qui sépare l’adulation que portent les Russes à leur « poète national » et la relative in... more L’abîme qui sépare l’adulation que portent les Russes à leur « poète national » et la relative indifférence avec laquelle il est reçu à l’étranger reste un sujet d’étonnement et d’interrogation inépuisable. Il est clair que les problèmes de traduction expliquent partiellement cette indifférence, mais il serait abusif de leur en attribuer l’entière responsabilité : il semble bien, en effet, que cette incompréhension ne soit pas sans lien avec celle qu’a pu connaître le poète dans son propre pa..
... Kto-to b noAe naA O MOHaXH Bor BeAHK n MaA aAAHAyHH CMepxb h 4pyr h Bpar O MOHaXH Bor h CBeT ... more ... Kto-to b noAe naA O MOHaXH Bor BeAHK n MaA aAAHAyHH CMepxb h 4pyr h Bpar O MOHaXH Bor h CBeT h MpaK aAAHAyHH CMepTb K0H4VKT0p MOO?A O MOHaXH Bor CBHpen h mha aAAHAyHH pyxHeT xcnxca h TBep/rb O MOHaXH ho He pyxHyT Bor h CMepTb ...
Jaccard Jean-Philippe. Daniil Xarms : poète des années vingt, prosateur des années trente : les r... more Jaccard Jean-Philippe. Daniil Xarms : poète des années vingt, prosateur des années trente : les raisons d'un passage. In: Revue des études slaves, tome 67, fascicule 4, 1995. pp. 653-663
И. С. Тургенев: текст и контекст / Под. ред. А. А. Карпова и Н. С. Мовниной. СПб.: Скрипториум, 2018
Внимательное прочтение романа И. С. Тургенева «Дворянское гнездо» позволяет выявить прочную зерка... more Внимательное прочтение романа И. С. Тургенева «Дворянское гнездо» позволяет выявить прочную зеркально-симметричную композицию произведения, в центре которой «слишком» большое место занимает на первый взгляд второстепенный персонаж — Лемм. Дальнейший анализ показывает, что композитор так же влюблен в Лизу, как и Лаврецкий, и что он нужен последнему, который сам музыки не знает, для сближения с предметом его любви. Таким образом, Лемма можно считать недостающим элементом личности Лаврецкого, и эта констатация заставляет нас заново оценить роль музыки в романе.
А. Туфанов. Ушкуйники / Сост. Ж.-Ф. Жаккар и Т. Никольская. Berkeley Slavic Specialties (Modern Russian Literature and Culture. Studies and Texts, vol. 27), 1991
Svetlana Alexievitch : la littérature au-delà de la littérature (dir. J.-Ph. Jaccard, A. Morard, N. Piégay), Genève, La Baconnière, 2019
Auteure russe majeure du XXe siècle, consacrée par le prix Nobel de littérature en 2015, Svetlana... more Auteure russe majeure du XXe siècle, consacrée par le prix Nobel de littérature en 2015, Svetlana Alexievitch, dont l’œuvre est publiée en français chez Actes Sud et Christian Bourgois, a donné un grand nombre d’entretiens à la presse russe en particulier, pour expliquer sa démarche, justifier ses choix, présenter la cohérence de son œuvre. Peu d’entre eux sont traduits. Nous nous proposons dans ce volume de publier un de ces entretiens qui constitue une excellente introduction du travail de Svetlana Alexievitch. Intitulé « Le socialisme a disparu, mais nous sommes toujours là », il est paru en 2013 dans Droujba narodov (entretien avec Natalia Igrounova) et apporte des éléments importants sur la réception de son œuvre à l’étranger . Le second texte inédit en français reproduit dans le volume est l’allocution que Svetlana Alexievitch a donnée à l’Université de Genève lors de la réception de son prix de Docteure Honoris Causa en octobre 2017. Dans celui-ci, à teneur plus autobiographique, elle expose l’importance de son milieu d’origine, la valeur déterminante qu’a jouée la Deuxième Guerre mondiale dans son éducation et sa formation et des éléments de sa méthode. Cette publication est accompagnée de six textes critiques et d’une lettre de Daniel de Roulet, qui mettent tous en valeur la dimension littéraire de cette œuvre. Si l’on a souvent mis en avant le caractère puissant des témoignages qu’elle constitue, on a trop peu accordé d’attention à l’ancrage de Svetlana Alexievitch dans la tradition européenne de l’écriture de l’Histoire. Il s’agira donc de considérer la force littéraire de l’œuvre de Svetlana Alexievitch, qui nous oblige à nous confronter aux violences historiques et politiques de notre temps mais aussi à nous s’interroger sur ce que peut la littérature face aux conflits armés (La guerre n’a pas un visage de femme, Les cercueils de zinc), à la catastrophe nucléaire de Tchernobyl (La supplication), à la chute de la société et du régime soviétiques (La fin de l’homme rouge). L’orchestration des voix et le montage des documents révèlent la puissance pathétique de ces récits : l’Histoire est perçue depuis l’expérience individuelle en marge de l’héroïsme et bordée par l’effacement (N. Piegay)
«Литературой как таковой» называю ту, которая ведет увлекательную и тонкую игру с читателем, само... more «Литературой как таковой» называю ту, которая ведет увлекательную и тонкую игру с читателем, самой собой и иными литературными явлениями. Эта литература говорит прежде всего о себе. Авторефлексия и автономность художественного мира – та энергия сопротивления, благодаря которой русской литературе удалось сохранить «свободное слово» в самые разные эпохи отечественной истории. С этой точки зрения в книге рассматриваются произведения А. С. Пушкина, Н. В. Гоголя, Ф. М. Достоевского, В. В. Набокова, Д. И. Хармса, Н. Р. Эрдмана, М. А. Булгакова, А. А. Ахматовой.
C’est un lieu-commun que de définir l’Union soviétique comme le pays du « Grand mensonge », mais ... more C’est un lieu-commun que de définir l’Union soviétique comme le pays du « Grand mensonge », mais ce problème a toujours été traité à une époque de débats idéologiques extrêmement polarisés. Cette époque étant révolue, il n’est pas inutile de se reposer un certain nombre de questions, de celles que soulèvent déjà le titre du recueil : le mensonge en Russie présente-t-il au XXe siècle des spécificités telles qu’elles puissent être isolées ? Est-il pertinent de parler du seul XXe siècle ? Y a-t-il un « mensonge ancien » et un « mensonge moderne » ? Ou même, peut-être, « postmoderne » ? Le « mensonge totalitaire » est-il si différent du « mensonge démocratique » ? Peut-être pas, mais, dans ce cas, en quoi est-il si « déconcertant », pour reprendre le mot du communiste roumain Ante Ciliga ? Les articles réunis ici, qui couvrent toute la période soviétique, et au-delà, jusqu’à la fin du XXe siècle, devraient permettre de répondre partiellement à ces questions. Circonscrire les caractéristiques du mensonge totalitaire, par opposition au mensonge « démocratique » ; interroger les langages de ce mensonge (la langue, bien sûr, mais aussi les beaux-arts et la photo, le cinéma et la littérature) ; explorer les voies de l’émancipation (la dissidence, mais aussi la dérision) ; montrer les difficultés qu’il y a à établir la vérité, si tant est que celle-ci existe ; sans oublier l’« envers du mensonge », ce regard déformé que pose l’Occident sur ce pays depuis la révolution jusqu’à aujourd’hui, tels sont les grands axes de ce recueil, dont l’orientation est avant tout historique, littéraire et artistique. Si l’époque du « Grand mensonge » semble révolue, ce regard rétrospectif sur les mécanismes qui l’ont animé devrait aider à déjouer ceux, parfois plus subtils, qui sont à l’œuvre dans nos sociétés, trop sûres, bien souvent, d’une vérité qui n’est elle aussi qu’une construction idéologique.
В настоящем сборнике представлены доклады, прозвучавшие на международной конференции «Вторая куль... more В настоящем сборнике представлены доклады, прозвучавшие на международной конференции «Вторая культура. Неофициальная поэзия Ленинграда в 1970–1980-е годы», проходившей в марте 2012 г. в Женеве. В книге рассматривается жизнь и поэтика представителей андеграунда, например таких как Е. Шварц, В. Кривулин, С. Стратановский, В. Эрль. Исследования, вошедшие в книгу, дают толчок для дальнейшего изучения неофициальной литературы в контексте русской и мировой культуры XX века. Замыкают книгу стихотворения, прозвучавшие на авторских чтениях, которые проходили в рамках конференции, и другие тексты. Книга адресована всем интересующимся историей русской неподцензурной литературы.
La réflexion sur le temps et ses modes de représentation a été un élément essentiel des révolutio... more La réflexion sur le temps et ses modes de représentation a été un élément essentiel des révolutions littéraires et philosophiques du début du XXe siècle. De nouveaux champs d’exploration se sont alors ouverts, aussi bien pour la philosophie que pour la littérature, laquelle s’est laissée entraîner par des questionnements novateurs, ceux de Bergson ou de Husserl notamment, en tentant d’apporter ses propres réponses. La mise en perspective des traditions littéraires russe et française offre un éclairage particulier sur cette question et permet d’envisager de manière élargie la révolution poétique du siècle passé et ses suites.
Les études ici rassemblées font apparaître trois problématiques distinctes, à commencer par celle d’une possible représentation du temps qui permettrait de surprendre celui-ci tel qu’il est ressenti dans une expérience singulière et de l’objectiver dans l’écriture poétique. Est interrogée ensuite l’opposition irréductible entre temps discret et temps continu, le premier composé d’instants insaisissables, le second constituant une durée ininterrompue. Dernier champ d’investigation, enfin, celui des usages du temps, aussi bien comme outil indispensable de l’analyse littéraire que comme laboratoire privilégié de régimes rénovés de narration ou d’écriture poétique.
English below
1913 год — год особенный. На пороге Первой мировой войны Европа живет в ожидании к... more English below
1913 год — год особенный. На пороге Первой мировой войны Европа живет в ожидании катаклизмов, ощущение неизбежности катастрофы оказывает воздействие и на развитие культуры. Вероятно, ни один другой год в истории литературы, изобразительного искусства, музыки, архитектуры, а также прочих видов искусства (театр, балет, кинематограф) и интеллектуальной деятельности (философия, литературная критика) не может сравниться с тринадцатым по количеству и интенсивности событий, произошедших в столь короткий срок во всех уголках Европы и за ее пределами.
Русский футуризм в 1913 году был уже в полном разгаре, он был во всех умах и во всех газетах, он успел заразить все виды искусства; «общественный вкус» уже получил пощечину. 1913-й — год соединения словесного искусства с изобразительным. Именно в этом году, в апреле, появился манифест «Слово как таковое». Этой головокружительной весной были сняты последние препятствия на пути к беспредметности. В 1913 году родилась заумь — логическое завершение процесса освобождения поэтического слова, начатого еще при символизме. 1913-й оказался, таким образом, самым футуристическим годом. Накануне нового 1914 года от традиционного поэтического слова не осталось ничего. Полное освобождение слова от всякой коммуникативной и нарративной функции открыло совершенно новые «пути слова».
В настоящий сборник вошли материалы международной конференции, приуроченной к столетию манифеста «Слово как таковое», и прошедшей в стенах Женевского университета в апреле 2013 года.
Издание включает статьи 38 авторов, а также более 80 черно-белых и цветных иллюстраций и факсимиле двух футуристических манифестов 1913 года.
1913 was a very special year. On the threshold of the First World War, Europe lived in anticipation of cataclysms, with the feeling of an impending catastrophe that would influence the development of its culture. No other year in the history of literature, visual art, music, architecture, theatre, ballet and cinematography, as well as all kinds of intellectual activity (philosophy, literary criticism), can be compared with 1913 in terms of the amount and intensity of the cultural events which took place during this comparatively short time in all parts of Europe and beyond its borders.
In 1913, Russian futurism was already in full swing: it had found a way into people’s heads and into every newspaper, it had entered all kinds of art and “public taste” had already been slapped in the face. This year saw the establishment of a link between the verbal and the visual arts. It was in April 1913 that the manifesto “The Word as Such” was released. During this head-spinning spring the last obstacles in the way of non-objective art were cleared away. In 1913 zaum was born, which became the logical conclusion of the liberation of the poetic word, a process started by the symbolists. Thus the year 1913 turned out to be the most futuristic one (of all?). On the eve of the New Year 1914 nothing remained of the traditional poetic word. The word deprived of any communicative or narrative function paved the way to new forms of its existence.
The present volume includes the proceedings of the international research conference held at Geneva University in April 2013, commemorating the 100th anniversary of “The Word as Such” manifesto.
This edition contains articles by 38 authors as well as more than 80 illustrations, both black-and-white and in colour, and facsimiles of two futurist manifestos published in 1913.
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Papers by Jean-Philippe Jaccard
in “the purity that permeates all art,” wrote the following sentence: “purity is close to emptiness.” This article explores how, over the course of about 20 years, we arrived at this rather frightening, post-OBERIU rhyme: purity/emptiness [chistota/pustota].
in “the purity that permeates all art,” wrote the following sentence: “purity is close to emptiness.” This article explores how, over the course of about 20 years, we arrived at this rather frightening, post-OBERIU rhyme: purity/emptiness [chistota/pustota].
Le second texte inédit en français reproduit dans le volume est l’allocution que Svetlana Alexievitch a donnée à l’Université de Genève lors de la réception de son prix de Docteure Honoris Causa en octobre 2017. Dans celui-ci, à teneur plus autobiographique, elle expose l’importance de son milieu d’origine, la valeur déterminante qu’a jouée la Deuxième Guerre mondiale dans son éducation et sa formation et des éléments de sa méthode.
Cette publication est accompagnée de six textes critiques et d’une lettre de Daniel de Roulet, qui mettent tous en valeur la dimension littéraire de cette œuvre. Si l’on a souvent mis en avant le caractère puissant des témoignages qu’elle constitue, on a trop peu accordé d’attention à l’ancrage de Svetlana Alexievitch dans la tradition européenne de l’écriture de l’Histoire. Il s’agira donc de considérer la force littéraire de l’œuvre de Svetlana Alexievitch, qui nous oblige à nous confronter aux violences historiques et politiques de notre temps mais aussi à nous s’interroger sur ce que peut la littérature face aux conflits armés (La guerre n’a pas un visage de femme, Les cercueils de zinc), à la catastrophe nucléaire de Tchernobyl (La supplication), à la chute de la société et du régime soviétiques (La fin de l’homme rouge). L’orchestration des voix et le montage des documents révèlent la puissance pathétique de ces récits : l’Histoire est perçue depuis l’expérience individuelle en marge de l’héroïsme et bordée par l’effacement (N. Piegay)
Circonscrire les caractéristiques du mensonge totalitaire, par opposition au mensonge « démocratique » ; interroger les langages de ce mensonge (la langue, bien sûr, mais aussi les beaux-arts et la photo, le cinéma et la littérature) ; explorer les voies de l’émancipation (la dissidence, mais aussi la dérision) ; montrer les difficultés qu’il y a à établir la vérité, si tant est que celle-ci existe ; sans oublier l’« envers du mensonge », ce regard déformé que pose l’Occident sur ce pays depuis la révolution jusqu’à aujourd’hui, tels sont les grands axes de ce recueil, dont l’orientation est avant tout historique, littéraire et artistique.
Si l’époque du « Grand mensonge » semble révolue, ce regard rétrospectif sur les mécanismes qui l’ont animé devrait aider à déjouer ceux, parfois plus subtils, qui sont à l’œuvre dans nos sociétés, trop sûres, bien souvent, d’une vérité qui n’est elle aussi qu’une construction idéologique.
Les études ici rassemblées font apparaître trois problématiques distinctes, à commencer par celle d’une possible représentation du temps qui permettrait de surprendre celui-ci tel qu’il est ressenti dans une expérience singulière et de l’objectiver dans l’écriture poétique. Est interrogée ensuite l’opposition irréductible entre temps discret et temps continu, le premier composé d’instants insaisissables, le second constituant une durée ininterrompue. Dernier champ d’investigation, enfin, celui des usages du temps, aussi bien comme outil indispensable de l’analyse littéraire que comme laboratoire privilégié de régimes rénovés de narration ou d’écriture poétique.
1913 год — год особенный. На пороге Первой мировой войны Европа живет в ожидании катаклизмов, ощущение неизбежности катастрофы оказывает воздействие и на развитие культуры. Вероятно, ни один другой год в истории литературы, изобразительного искусства, музыки, архитектуры, а также прочих видов искусства (театр, балет, кинематограф) и интеллектуальной деятельности (философия, литературная критика) не может сравниться с тринадцатым по количеству и интенсивности событий, произошедших в столь короткий срок во всех уголках Европы и за ее пределами.
Русский футуризм в 1913 году был уже в полном разгаре, он был во всех умах и во всех газетах, он успел заразить все виды искусства; «общественный вкус» уже получил пощечину. 1913-й — год соединения словесного искусства с изобразительным. Именно в этом году, в апреле, появился манифест «Слово как таковое». Этой головокружительной весной были сняты последние препятствия на пути к беспредметности. В 1913 году родилась заумь — логическое завершение процесса освобождения поэтического слова, начатого еще при символизме. 1913-й оказался, таким образом, самым футуристическим годом. Накануне нового 1914 года от традиционного поэтического слова не осталось ничего. Полное освобождение слова от всякой коммуникативной и нарративной функции открыло совершенно новые «пути слова».
В настоящий сборник вошли материалы международной конференции, приуроченной к столетию манифеста «Слово как таковое», и прошедшей в стенах Женевского университета в апреле 2013 года.
Издание включает статьи 38 авторов, а также более 80 черно-белых и цветных иллюстраций и факсимиле двух футуристических манифестов 1913 года.
1913 was a very special year. On the threshold of the First World War, Europe lived in anticipation of cataclysms, with the feeling of an impending catastrophe that would influence the development of its culture. No other year in the history of literature, visual art, music, architecture, theatre, ballet and cinematography, as well as all kinds of intellectual activity (philosophy, literary criticism), can be compared with 1913 in terms of the amount and intensity of the cultural events which took place during this comparatively short time in all parts of Europe and beyond its borders.
In 1913, Russian futurism was already in full swing: it had found a way into people’s heads and into every newspaper, it had entered all kinds of art and “public taste” had already been slapped in the face. This year saw the establishment of a link between the verbal and the visual arts. It was in April 1913 that the manifesto “The Word as Such” was released. During this head-spinning spring the last obstacles in the way of non-objective art were cleared away. In 1913 zaum was born, which became the logical conclusion of the liberation of the poetic word, a process started by the symbolists. Thus the year 1913 turned out to be the most futuristic one (of all?). On the eve of the New Year 1914 nothing remained of the traditional poetic word. The word deprived of any communicative or narrative function paved the way to new forms of its existence.
The present volume includes the proceedings of the international research conference held at Geneva University in April 2013, commemorating the 100th anniversary of “The Word as Such” manifesto.
This edition contains articles by 38 authors as well as more than 80 illustrations, both black-and-white and in colour, and facsimiles of two futurist manifestos published in 1913.