Cet article interroge les projets menés au nom de la réforme et de la démocratisation de la polic... more Cet article interroge les projets menés au nom de la réforme et de la démocratisation de la police en Tunisie post-révolution. La période suivant le départ de Ben Ali a effectivement connu une série de réajustements au sein des forces de sécurité, notamment à la suite d’une ouverture sur de nouvelles sources d’influence, émanant de professionnels de la sécurité organisés sous forme de syndicats ou d’associations, ou bien d’acteurs internationaux. Partant d’une analyse du projet de police de proximité porté par le PNUD et le ministère de l’Intérieur, cet article tâchera de montrer que, si les structures et les normes régissant les forces de l’ordre ne connaissent pas de modification profonde, le rapprochement entre policier et citoyen mené au nom de la réforme a pour effet de sélectionner la participation citoyenne en excluant les dominés. L’action menée par les syndicats policiers nouvellement formés contribue encore à réduire le spectre du changement politique en réduisant le contr...
L’armée tunisienne fût présentée comme un acteur majeur de la révolution de 2011, s’écartant de ... more L’armée tunisienne fût présentée comme un acteur majeur de la révolution de 2011, s’écartant de la répression mise en œuvre par le régime. Ce comportement trouve ses origines et fondements dans la culture militaire et les configurations du rapport avec le pouvoir civil, développés depuis l’indépendance du pays en 1956. Entre contrôle personnalisé de l’armée et nouveau rôle politique des officiers, ce travail entend mettre en exergue les ruptures et continuités de la place de l’armée vis-à-vis du politique, et au sein de la société. L’analyse de différents indicateurs (comme l’allocation des ressources, la place des militaires dans les processus décisionnels, la politisation et la professionnalisation des officiers…) rend compte d’une évolution, mais également d’une permanence du modèle des relations civilo-militaires tunisienne.
Tunisia is often portrayed as the exception of the Arab World, as the only country going through ... more Tunisia is often portrayed as the exception of the Arab World, as the only country going through a transition toward democracy. However, few analysts predicted the fall of an authoritarian regime that seemed so well entrenched. As in other contexts, the role of the army àçiwas crucial in the outcome of the revolution: would it prop up the regime or opt to back the uprisings? During the Ben Ali period, the Tunisian armed forces were the smallest in North Africa, numbering around 40.000 to 43.000 troops including the Army, the Air Force and the Navy. Except for emergency relief and public works projects in remote areas1 and participation in peacekeeping operations, the army's main task was external defence. In this sense, the Tunisian armed forces were not a pillar of the former authoritarian regime, even though they respected the norms of submission to civilian authorities, even in times of political crisis. Most studies analysing the role of the army during the revolution use the cost-benefit approach to explain the decision of the Tunisias chief of staff at the time, Rachid Ammar, not to engage in repression and the rejection of the preservation of the status quo. According to them, the marginalization of the armed forces during Ben Ali's rule explains the refusal of Rachid Ammar to obey the president's order to use violence on demonstrators. These theses were, at least partly, refuted once it became clear that Ben Ali never issued such an order, leading us to try to find other ways to analyse the army's behaviour than the rational choice theory. Instead of defecting, I defend the thesis that the Tunisian army acted as a highly-professionalized force during the revolution, bound by institutionalized norms and practices. I challenge the assumption of the army as a marginalized force, rather, my argument is that the Tunisian military was kept out of politics which allowed the military sector to become autonomous and pursue its professionalization without political interference. Because the army never was the backbone of the Tunisian authoritarian regime, the military did not have to engage in repression in case of social mobilizations against the regime2 and had a different role than the one of the police.
Cet article interroge les projets menés au nom de la réforme et de la démocratisation de la polic... more Cet article interroge les projets menés au nom de la réforme et de la démocratisation de la police en Tunisie post-révolution. La période suivant le départ de Ben Ali a effectivement connu une série de réajustements au sein des forces de sécurité, notamment à la suite d’une ouverture sur de nouvelles sources d’influence, émanant de professionnels de la sécurité organisés sous forme de syndicats ou d’associations, ou bien d’acteurs internationaux. Partant d’une analyse du projet de police de proximité porté par le PNUD et le ministère de l’Intérieur, cet article tâchera de montrer que, si les structures et les normes régissant les forces de l’ordre ne connaissent pas de modification profonde, le rapprochement entre policier et citoyen mené au nom de la réforme a pour effet de sélectionner la participation citoyenne en excluant les dominés. L’action menée par les syndicats policiers nouvellement formés contribue encore à réduire le spectre du changement politique en réduisant le contr...
L’armée tunisienne fût présentée comme un acteur majeur de la révolution de 2011, s’écartant de ... more L’armée tunisienne fût présentée comme un acteur majeur de la révolution de 2011, s’écartant de la répression mise en œuvre par le régime. Ce comportement trouve ses origines et fondements dans la culture militaire et les configurations du rapport avec le pouvoir civil, développés depuis l’indépendance du pays en 1956. Entre contrôle personnalisé de l’armée et nouveau rôle politique des officiers, ce travail entend mettre en exergue les ruptures et continuités de la place de l’armée vis-à-vis du politique, et au sein de la société. L’analyse de différents indicateurs (comme l’allocation des ressources, la place des militaires dans les processus décisionnels, la politisation et la professionnalisation des officiers…) rend compte d’une évolution, mais également d’une permanence du modèle des relations civilo-militaires tunisienne.
Tunisia is often portrayed as the exception of the Arab World, as the only country going through ... more Tunisia is often portrayed as the exception of the Arab World, as the only country going through a transition toward democracy. However, few analysts predicted the fall of an authoritarian regime that seemed so well entrenched. As in other contexts, the role of the army àçiwas crucial in the outcome of the revolution: would it prop up the regime or opt to back the uprisings? During the Ben Ali period, the Tunisian armed forces were the smallest in North Africa, numbering around 40.000 to 43.000 troops including the Army, the Air Force and the Navy. Except for emergency relief and public works projects in remote areas1 and participation in peacekeeping operations, the army's main task was external defence. In this sense, the Tunisian armed forces were not a pillar of the former authoritarian regime, even though they respected the norms of submission to civilian authorities, even in times of political crisis. Most studies analysing the role of the army during the revolution use the cost-benefit approach to explain the decision of the Tunisias chief of staff at the time, Rachid Ammar, not to engage in repression and the rejection of the preservation of the status quo. According to them, the marginalization of the armed forces during Ben Ali's rule explains the refusal of Rachid Ammar to obey the president's order to use violence on demonstrators. These theses were, at least partly, refuted once it became clear that Ben Ali never issued such an order, leading us to try to find other ways to analyse the army's behaviour than the rational choice theory. Instead of defecting, I defend the thesis that the Tunisian army acted as a highly-professionalized force during the revolution, bound by institutionalized norms and practices. I challenge the assumption of the army as a marginalized force, rather, my argument is that the Tunisian military was kept out of politics which allowed the military sector to become autonomous and pursue its professionalization without political interference. Because the army never was the backbone of the Tunisian authoritarian regime, the military did not have to engage in repression in case of social mobilizations against the regime2 and had a different role than the one of the police.
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