Papers by Annick MacAskill
doctoral thesis, 2021
Cette thèse propose une analyse de l’interprétation et de la pratique de ce que nous appelons le ... more Cette thèse propose une analyse de l’interprétation et de la pratique de ce que nous appelons le « lyrisme chrétien » dans Les Divines Poesies de Marc Antoine Flaminius, le deuxième recueil indépendant à être publié par (et attribué à) Anne de Marquets (1533 ? – 1588), religieuse dominicaine française. Publié en 1568 (Paris, chez Nicolas Chesneau) et réédité en 1569 (Paris, chez Nicolas Chesneau), ce volume inclut non seulement des traductions du poète italien néo-latin Marcantonio Flaminio (1497/8 – 1550), dont des œuvres avaient déjà été, en 1568, mises à l’Index par le Vatican, mais d’autres traductions de la dominicaine, ainsi que des cantiques et sonnets spirituels originaux.
À notre thèse nous ajoutons une transcription annotée de ce livre, auparavant méconnu de la critique, lequel nous essayons de présenter et contextualiser non seulement à travers la notion de « lyrisme chrétien », mais également en analysant comment son auteure déploie la traduction et les formes poétiques dominantes de son époque, notamment le cantique ou la chanson et le sonnet pétrarquiste. L’innovation peut-être la plus frappante de cette femme-écrivain du seizième siècle est le recueil des Sonets de l’amour divin qui paraît dans le volume, peut-être le premier canzoniere pétrarquiste en langue française à être entièrement consacrée à un discours spirituel.
Entre le genre médiéval du livre d’heures et les manuels de méditations à paraître sous le règne d’Henri III (1551 – 1574 – 1589), Anne de Marquets livre, dans les Divines Poesies de 1568/69, sa propre version d’un manuel dévotionnel, qui témoigne d’une influence de la culture humaniste renaissante en France, néo-latine ainsi que vernaculaire.
This thesis proposes an analysis of the theorization and practice of “Christian lyricism” in Les Divines Poesies de Marc Antoine Flaminius, the second independently published collection by (and clearly attributed to) Anne de Marquets (1533?-1588), a French Dominican nun. Published in 1568 (Paris, Nicolas Chesneau) and reissued in a second edition in 1569 (Paris, Nicolas Chesneau), this volume includes not only translations of the Italian Neo-Latin poet Marcantonio Flaminio (1497/8-1550), some of whose works had already, by 1568, been put on the Vatican Index, but other translations by the Dominican nun, as well as original spiritual songs and sonnets.
At the end of this thesis, I provide an annotated transcription of this book, which I attempt to present and contextualize not only through the concept of “Christian lyricism,” but also by analyzing how its author uses translation and other dominant forms of her era, notably the song (“cantique” or “chanson”) and the Petrarchan sonnet. Perhaps the most striking innovation of this sixteenth-century woman writer is the collection of Sonets de l’amour divin that comes at the end of this book, one of the first (if not the first) Petrarchan canzonieres in French to be entirely dedicated to a spiritual message.
Between the medieval book of hours and the manuals on meditation that would come during the reign of Henri III (1551 – 1574 – 1589), Anne de Marquets delivers here her own take on a devotional manual, notably characterized by the humanist culture of Renaissance France.
International Journal of the Classical Tradition, 2017
Over the last two decades, much attention has been paid to the reception and imitation of Catullu... more Over the last two decades, much attention has been paid to the reception and imitation of Catullus in the Renaissance. Most notably, Julia Haig Gaisser explores the question in her monograph Catullus and His Renaissance Readers (1993), as well as in a short chapter of her introductory book, Catullus (2009). Among the most famous Renaissance writers to take interest in the ancient poet are the Neo-Latin poet Giovanni Gioviano Pontano (1429–1503) and the Dutch humanist Joseph Scaliger (1540–1609), a commentator on Catullus. In this discussion, certain more minor writers have been neglected. Though he may not appear in Gaisser’s books, the French writer Theodore Beza (Théodore de Bèze or Theodorus Beza) (1519–1605), who was later to become one of the most prominent figures of the French Reformation, produced many imitations of Catullus in his early career. His Iuvenilia or Poemata, a collection of Neo-Latin verse published in 1548, reveal many Catullan elements, both stylistic and thematic, particularly in the section Epigrammata. Thanks to the recent scholarship of Kirk M. Summers (1995 and 2001), some of the parallels between the two authors have already come to light. In this paper, I will look at several of these shared characteristics before turning to a more detailed study of one theme in particular, that of the beloved, Catullus’s Lesbia and Beza’s Candida. Though Beza represents a relationship that differs significantly from the love of Catullus and Lesbia, his beloved, Candida, like Lesbia, serves as a model for a certain aesthetic ideal that dominates the work as a whole. Catullan scholars have already examined how Lesbia incarnates the delicate question of venustas, a word for which Catullus had a particular predilection, as the representation of his Neoteric, Neo-Alexandrian poetic ideal. I argue that although Beza does not employ the word venustas in his poetry, he certainly values the same sort of easy, smooth urbanity prized in Catullus’s poems, and for him Candida is, like Lesbia, an idealized embodiment of this quality.
Renaissance and Reformation / Renaissance et Réforme 38.3, pp. 61-82, 2015
While best known for her 480 Sonets spirituels, published seventeen years after her death in 1605... more While best known for her 480 Sonets spirituels, published seventeen years after her death in 1605, the Dominican nun Anne de Marquets also contributed a remarkable collection of personal spiritual poetry during her lifetime in Les Divines Poesies de Marc Antoine Flaminius (Paris, chez N. Chesneau, 1568; reedited in 1569). In the pages following her translation of Marcantonio Flaminio’s Carminum sacrorum libellus, her original cantiques ou chansons spirituelles and sonets de l’amour divin reveal a convergence of Renaissance poetics and traditional Christian themes. In particular, Anne de Marquets looks to the Petrarchan tradition as a model for the expression of her love for the divine. Drawing on images and themes from Petrarch and his earliest French imitators, the Dominican adopts the poetic process promoted by the Pléiade, notably in Du Bellay’s Deffence et Illustration de la langue françoyse and in Ronsard’s ode Hercule chrestien.
Connue aujourd’hui essentiellement pour ses 480 Sonets spirituels, recueil publié dix-sept ans après sa mort en 1605, la dominicaine Anne de Marquets a pourtant écrit d’autres poésies chrétiennes qui se trouvent à la suite de sa traduction du Carminum sacrorum libellus du poète néo-latin Marcantonio Flaminio (Les Divines Poesies de Marc Antoine Flaminius, [Paris : N. Chesneau, 1568, rééd. en 1569]). Dans ses cantiques ou chansons spirituelles et ses sonets de l’amour divin, Marquets exprime son amour pour le divin à travers divers modèles de la poésie renaissante. Elle pratique en particulier le pétrarquisme tel qu’il fut transmis par les poètes de la Renaissance française. S’inspirant des images et des thèmes trouvés chez Pétrarque et ses imitateurs, cette poésie s’inscrit dans le courant poétique mis en avant par la Pléiade, notamment dans la Deffence et Illustration de la Langue Francoyse de Du Bellay et dans l’ode ronsardienne Hercule chrestien.
French Studies Bulletin, Jul 2014
Les rares documents qui survécurent à la destruction du monastère royal Saint-Louis de Poissy rev... more Les rares documents qui survécurent à la destruction du monastère royal Saint-Louis de Poissy revêtent aux yeux des historiens une valeur d'autant plus grande que la plupart de ses archives disparurent avec les édifices de cette institution médiévale, détruite au lendemain de la Révolution française. Le manuscrit Fr. 5009 en constitue un exemple remarquable. Intitulé les Memoires concernant le Prieuré de Poissy, Recueillis sur les archives de la maison par Madame Susanne de Henequin Religieuse de ce monastere qui me les envoya, et qui releguée par rapport aux brailleries qui etoient dans cette maison ombre madame de Mailey Prieure Perpetuelle, mourue de la petite verole à Châlon sur Saone, en 1719. dans un monastere de son ordre, cet assemblage de textes renferme plusieurs informations sur le couvent, depuis sa fondation en 1304 jusqu'à l'aube du dix-septième siècle. Mises à part les listes des jeunes femmes et filles qui y entrèrent et prirent le voile, sa compilatrice, Susanne de Hennequin, y insert les résumés de quelques cérémonies qui eurent lieu au couvent pendant la seconde moitié du seizième siècle. Le document contient notamment, à la feuille 2r, une brève description des rites funèbres célébrés en l'honneur de la prieure Marguerite du Puy, décédée en 1583. La relation de ces rites est accompagnée d'une épitaphe anonyme plus loin dans les Memoires, pièce qui en constitue le seul texte poétique du recueil. L'auteure n'est pas identifiée, mais certains aspects du poème évoquent les vers d'un célèbre membre du couvent, Anne de Marquets (1533?–1588).
Le Verger - Bouquet IV : Viol et ravissement à la Renaissance, Jun 2013
Secrétaire de Ronsard et l’un des premiers traducteurs d’Homère en France, Amadis Jamyn est aussi... more Secrétaire de Ronsard et l’un des premiers traducteurs d’Homère en France, Amadis Jamyn est aussi un auteur de poésies originales, qui pratique maintes formes privilégiées de la Renaissance française. Imprégnée de culture antique, la poésie de Jamyn met en avant plusieurs récits tirés de la mythologie gréco-romaine. Il puise notamment dans Les Métamorphoses d’Ovide, revenant souvent à la même scène dans plusieurs pièces. L’un de ces mythes, le viol de Philomèle, se prête à deux réécritures bien différentes chez Jamyn. D’abord, dans ses premières poésies, il livre un poème narratif, le Discours d’une amante, qui raconte le sort d’une jeune femme forcée par son père de s’allier en mariage à un homme qu’elle n’aime pas. Plus tard, dans un canzoniere pétrarquiste destiné à la fameuse maréchale de Retz, il médite sur le thème de la stupeur amoureuse, se servant encore une fois de la figure de Philomèle, alors représentée comme double de sa persona poétique. Par le biais de cette femme mythologique, il rapproche ainsi la notion de viol de deux situations distinctes, le mariage sous contrainte et le ravissement amoureux.
This thesis examines the literary representations of Jeanne d’Albret (1528 - 1572), Queen of Nava... more This thesis examines the literary representations of Jeanne d’Albret (1528 - 1572), Queen of Navarre. While this historical figure has already known many historical studies, this work seeks to highlight her importance in French literature, as subject, patron and writer herself. Concentrating on the theme of feminine exemplarity and its rhetorical implications, this study will show the evolution and transformation of Jeanne d’Albret’s representation in the literary world, from various epidictic pieces composed for her during her childhood, to the legacy of a woman of letters, to the celebration of a strong Calvinist Queen, and eventually to the shadowing of these successes in the eighteenth-century Encyclopédie.
Biographical Dictionary Entries by Annick MacAskill
Dictionnaire des Femmes de l'ancienne France, Feb 2014
Dictionnaire des Femmes de l'ancienne France, Feb 2014
Book Reviews by Annick MacAskill
Compte rendu critique / Book review of Lire, choisir, écrire : la vulgarisation des savoirs du Mo... more Compte rendu critique / Book review of Lire, choisir, écrire : la vulgarisation des savoirs du Moyen Âge à la Renaissance, edited by Violaine Giacomo-Charra and Christine Silvi
Published in Renaissance et Réforme / Renaissance and Reformation, Vol. 39, no. 1 (Winter 2016)
Compte rendu critique de la monographie L'idéal du repos dans la littérature française du seizème... more Compte rendu critique de la monographie L'idéal du repos dans la littérature française du seizème siècle (Aldo Gennaï)
Acta Fabula, 16:6, Dossier : Vertus passives (septembre 2015)
Renaissance et Réforme / Renaissance and Reformation 38.1
Journal of the Northern Renaissance, Mar 2015
Pia F. Cuneo, ed. Farnham and Burlington: Ashgate, 2014.
Renaissance et Réforme 37.1 , 2014
Femmes, rhétorique et éloquence sous l'Ancien Régime
Autour d'Eléonore de Roye, princesse de Condé - Etude du milieu protestant dans les années 1550-1565 à partir de documents authentiques nouvellement édités., 2013
Conference Presentations by Annick MacAskill
En 1566 paraît Aman (Poitiers, par Nicolas Logeroys), tragédie biblique d’André de Rivaudeau (154... more En 1566 paraît Aman (Poitiers, par Nicolas Logeroys), tragédie biblique d’André de Rivaudeau (1540 ? - 1580). Inspirée de la fameuse scène du banquet tirée du septième chapitre du livre d’Esther, la pièce témoigne de la piété de son auteur, poète et dramaturge calviniste qui se charge de forger une poésie chrétienne proprement française. Sa tragédie met en scène la lutte intérieure d’Esther, qui doit se résigner à la possibilité de la mort pour le bien de son peuple. Loin d’être parfaitement impassible, Esther s’efforce de surmonter ses émotions et sa réticence, apprenant la maîtrise de soi à travers son raisonnement personnel et les paroles sentencieuses de sa troupe de damoiselles, personnages qui ont la fonction du chœur dans la pièce.
Étant donné que son auteur adresse sa préface à « Jeanne de Foix », c’est-à-dire Jeanne d'Albret, Reine de Navarre et chef de la faction protestante en France durant les Guerres de religion, il faut s’interroger sur la visée de ce portrait d'Esther. Comme son parallèle vétérotestamentaire, la Reine de Navarre se confronte à la vanité d’un monde païen, sa force venant de sa foi et de sa constance. Si Rivaudeau n’avait encore publié sa traduction du Manuel d’Épictète lors de la publication de son Aman, l’on peut tout de même voir chez Esther l’incarnation de la doctrine néo-stoïcien telle qu’elle est interprétée dans le milieu calviniste de cette époque. En particulier, l’on y constate les thèmes bien connus du mépris du monde et de la préparation à la mort, qui acquièrent un statut particulier dans le néo-stoïcisme calviniste. Examinées à la lumière de la philosophie calviniste stoïcienne et de la traduction de Rivaudeau du Manuel d’Épictète, l’on peut identifier dans la tragédie de 1566 ainsi que dans la préface qui la précède une étude de la possibilité d’un stoïcisme féminin.
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Papers by Annick MacAskill
À notre thèse nous ajoutons une transcription annotée de ce livre, auparavant méconnu de la critique, lequel nous essayons de présenter et contextualiser non seulement à travers la notion de « lyrisme chrétien », mais également en analysant comment son auteure déploie la traduction et les formes poétiques dominantes de son époque, notamment le cantique ou la chanson et le sonnet pétrarquiste. L’innovation peut-être la plus frappante de cette femme-écrivain du seizième siècle est le recueil des Sonets de l’amour divin qui paraît dans le volume, peut-être le premier canzoniere pétrarquiste en langue française à être entièrement consacrée à un discours spirituel.
Entre le genre médiéval du livre d’heures et les manuels de méditations à paraître sous le règne d’Henri III (1551 – 1574 – 1589), Anne de Marquets livre, dans les Divines Poesies de 1568/69, sa propre version d’un manuel dévotionnel, qui témoigne d’une influence de la culture humaniste renaissante en France, néo-latine ainsi que vernaculaire.
This thesis proposes an analysis of the theorization and practice of “Christian lyricism” in Les Divines Poesies de Marc Antoine Flaminius, the second independently published collection by (and clearly attributed to) Anne de Marquets (1533?-1588), a French Dominican nun. Published in 1568 (Paris, Nicolas Chesneau) and reissued in a second edition in 1569 (Paris, Nicolas Chesneau), this volume includes not only translations of the Italian Neo-Latin poet Marcantonio Flaminio (1497/8-1550), some of whose works had already, by 1568, been put on the Vatican Index, but other translations by the Dominican nun, as well as original spiritual songs and sonnets.
At the end of this thesis, I provide an annotated transcription of this book, which I attempt to present and contextualize not only through the concept of “Christian lyricism,” but also by analyzing how its author uses translation and other dominant forms of her era, notably the song (“cantique” or “chanson”) and the Petrarchan sonnet. Perhaps the most striking innovation of this sixteenth-century woman writer is the collection of Sonets de l’amour divin that comes at the end of this book, one of the first (if not the first) Petrarchan canzonieres in French to be entirely dedicated to a spiritual message.
Between the medieval book of hours and the manuals on meditation that would come during the reign of Henri III (1551 – 1574 – 1589), Anne de Marquets delivers here her own take on a devotional manual, notably characterized by the humanist culture of Renaissance France.
Connue aujourd’hui essentiellement pour ses 480 Sonets spirituels, recueil publié dix-sept ans après sa mort en 1605, la dominicaine Anne de Marquets a pourtant écrit d’autres poésies chrétiennes qui se trouvent à la suite de sa traduction du Carminum sacrorum libellus du poète néo-latin Marcantonio Flaminio (Les Divines Poesies de Marc Antoine Flaminius, [Paris : N. Chesneau, 1568, rééd. en 1569]). Dans ses cantiques ou chansons spirituelles et ses sonets de l’amour divin, Marquets exprime son amour pour le divin à travers divers modèles de la poésie renaissante. Elle pratique en particulier le pétrarquisme tel qu’il fut transmis par les poètes de la Renaissance française. S’inspirant des images et des thèmes trouvés chez Pétrarque et ses imitateurs, cette poésie s’inscrit dans le courant poétique mis en avant par la Pléiade, notamment dans la Deffence et Illustration de la Langue Francoyse de Du Bellay et dans l’ode ronsardienne Hercule chrestien.
Biographical Dictionary Entries by Annick MacAskill
Book Reviews by Annick MacAskill
Published in Renaissance et Réforme / Renaissance and Reformation, Vol. 39, no. 1 (Winter 2016)
Acta Fabula, 16:6, Dossier : Vertus passives (septembre 2015)
Conference Presentations by Annick MacAskill
Étant donné que son auteur adresse sa préface à « Jeanne de Foix », c’est-à-dire Jeanne d'Albret, Reine de Navarre et chef de la faction protestante en France durant les Guerres de religion, il faut s’interroger sur la visée de ce portrait d'Esther. Comme son parallèle vétérotestamentaire, la Reine de Navarre se confronte à la vanité d’un monde païen, sa force venant de sa foi et de sa constance. Si Rivaudeau n’avait encore publié sa traduction du Manuel d’Épictète lors de la publication de son Aman, l’on peut tout de même voir chez Esther l’incarnation de la doctrine néo-stoïcien telle qu’elle est interprétée dans le milieu calviniste de cette époque. En particulier, l’on y constate les thèmes bien connus du mépris du monde et de la préparation à la mort, qui acquièrent un statut particulier dans le néo-stoïcisme calviniste. Examinées à la lumière de la philosophie calviniste stoïcienne et de la traduction de Rivaudeau du Manuel d’Épictète, l’on peut identifier dans la tragédie de 1566 ainsi que dans la préface qui la précède une étude de la possibilité d’un stoïcisme féminin.
À notre thèse nous ajoutons une transcription annotée de ce livre, auparavant méconnu de la critique, lequel nous essayons de présenter et contextualiser non seulement à travers la notion de « lyrisme chrétien », mais également en analysant comment son auteure déploie la traduction et les formes poétiques dominantes de son époque, notamment le cantique ou la chanson et le sonnet pétrarquiste. L’innovation peut-être la plus frappante de cette femme-écrivain du seizième siècle est le recueil des Sonets de l’amour divin qui paraît dans le volume, peut-être le premier canzoniere pétrarquiste en langue française à être entièrement consacrée à un discours spirituel.
Entre le genre médiéval du livre d’heures et les manuels de méditations à paraître sous le règne d’Henri III (1551 – 1574 – 1589), Anne de Marquets livre, dans les Divines Poesies de 1568/69, sa propre version d’un manuel dévotionnel, qui témoigne d’une influence de la culture humaniste renaissante en France, néo-latine ainsi que vernaculaire.
This thesis proposes an analysis of the theorization and practice of “Christian lyricism” in Les Divines Poesies de Marc Antoine Flaminius, the second independently published collection by (and clearly attributed to) Anne de Marquets (1533?-1588), a French Dominican nun. Published in 1568 (Paris, Nicolas Chesneau) and reissued in a second edition in 1569 (Paris, Nicolas Chesneau), this volume includes not only translations of the Italian Neo-Latin poet Marcantonio Flaminio (1497/8-1550), some of whose works had already, by 1568, been put on the Vatican Index, but other translations by the Dominican nun, as well as original spiritual songs and sonnets.
At the end of this thesis, I provide an annotated transcription of this book, which I attempt to present and contextualize not only through the concept of “Christian lyricism,” but also by analyzing how its author uses translation and other dominant forms of her era, notably the song (“cantique” or “chanson”) and the Petrarchan sonnet. Perhaps the most striking innovation of this sixteenth-century woman writer is the collection of Sonets de l’amour divin that comes at the end of this book, one of the first (if not the first) Petrarchan canzonieres in French to be entirely dedicated to a spiritual message.
Between the medieval book of hours and the manuals on meditation that would come during the reign of Henri III (1551 – 1574 – 1589), Anne de Marquets delivers here her own take on a devotional manual, notably characterized by the humanist culture of Renaissance France.
Connue aujourd’hui essentiellement pour ses 480 Sonets spirituels, recueil publié dix-sept ans après sa mort en 1605, la dominicaine Anne de Marquets a pourtant écrit d’autres poésies chrétiennes qui se trouvent à la suite de sa traduction du Carminum sacrorum libellus du poète néo-latin Marcantonio Flaminio (Les Divines Poesies de Marc Antoine Flaminius, [Paris : N. Chesneau, 1568, rééd. en 1569]). Dans ses cantiques ou chansons spirituelles et ses sonets de l’amour divin, Marquets exprime son amour pour le divin à travers divers modèles de la poésie renaissante. Elle pratique en particulier le pétrarquisme tel qu’il fut transmis par les poètes de la Renaissance française. S’inspirant des images et des thèmes trouvés chez Pétrarque et ses imitateurs, cette poésie s’inscrit dans le courant poétique mis en avant par la Pléiade, notamment dans la Deffence et Illustration de la Langue Francoyse de Du Bellay et dans l’ode ronsardienne Hercule chrestien.
Published in Renaissance et Réforme / Renaissance and Reformation, Vol. 39, no. 1 (Winter 2016)
Acta Fabula, 16:6, Dossier : Vertus passives (septembre 2015)
Étant donné que son auteur adresse sa préface à « Jeanne de Foix », c’est-à-dire Jeanne d'Albret, Reine de Navarre et chef de la faction protestante en France durant les Guerres de religion, il faut s’interroger sur la visée de ce portrait d'Esther. Comme son parallèle vétérotestamentaire, la Reine de Navarre se confronte à la vanité d’un monde païen, sa force venant de sa foi et de sa constance. Si Rivaudeau n’avait encore publié sa traduction du Manuel d’Épictète lors de la publication de son Aman, l’on peut tout de même voir chez Esther l’incarnation de la doctrine néo-stoïcien telle qu’elle est interprétée dans le milieu calviniste de cette époque. En particulier, l’on y constate les thèmes bien connus du mépris du monde et de la préparation à la mort, qui acquièrent un statut particulier dans le néo-stoïcisme calviniste. Examinées à la lumière de la philosophie calviniste stoïcienne et de la traduction de Rivaudeau du Manuel d’Épictète, l’on peut identifier dans la tragédie de 1566 ainsi que dans la préface qui la précède une étude de la possibilité d’un stoïcisme féminin.
While at the heart of their poetry lies a central message of spiritual quietude (quies or pax in Flaminio’s Latin; repos or paix in Anne de Marquets’ French), a poetics of spiritual passions persists, characterised by an affective vocabulary as well as representations of the physicality of the devotional experience. Anne de Marquets, like Flaminio, shows herself to be steeped in profane, “païen” or “gentil” traditions, and adapts these to fit the model of penitence. Notably, in her cantiques and sonets, she draws upon many tropes made famous by Francesco Petrarch and his imitators. Images and topoï from the Italian’s Canzoniere lend themselves to the Dominican’s Christian verse, and the relationship between the lover-poet and his beloved is mirrored in the ecstatic experience of the penitent before God. While the model of this love poetry is, without doubt, Christianised to fit the context of piety, Anne de Marquets in no way denies the all-consuming nature of her own devotion. Indeed, passion is a central part of the devotional model she offers to her readers, as in her third cantique, subtitled “Pour s’exciter a l’amour de Dieu.” At the same time, in meditating on the pain of life ici-bas, the writer acknowledges the pain and cruelle passion that accompany spiritual love.
In my paper, I will explore the rhetoric of passion in Anne de Marquets’ first book of spiritual verse. Clearly influenced by Pierre de Ronsard’s Hercule chrestien, the Dominican looks to fashion a Christian poetics that rivals the greatest profane works. Yet the passion she upholds in her spiritual model must obviously be distinct from that of the pagan model she condemns. I will also discuss the nuances of this distinction which is so important to her work.
Or, dans une série d’épîtres versifiées échangées peu après le second mariage de Jeanne d’Albret à Antoine de Bourbon en 1548, la mère et la fille se consolent dans l’absence qu’elles souffrent, prêchant l’amour pour le divin ainsi que l’amour filial. Recueillies par l’historien littéraire Abel Lefranc dans son édition des Dernières poésies de Marguerite de Navarre (1896) , ces lettres, dans leur langage, leur versification et les figures qu’elles évoquent, relèvent de la poétique qui caractérise la fin de la carrière de Marguerite . Ainsi, Marguerite modèle une poésie spirituelle pour sa fille, qui l’imite.
De la même manière, vu l’implication de Marguerite de Navarre dans le courant évangélique en France, l’on pourrait s’interroger sur l’influence de ce premier présage de la Réforme en France sur Jeanne, qui deviendra le chef du parti protestant lorsqu’elle se convertira au calvinisme . De cette façon, la correspondance de Marguerite et de sa fille témoigne d’une double influence, la transmission du message évangélique et le modèle pour la femme écrivain . Dans notre communication, nous aimerions examiner cette double influence afin de faire ressortir comment la mère aurait influencé de manière considérable l’avenir de sa fille, dans son engagement dans le monde des lettres ainsi qu’en tant que pouvoir royal protestant le plus puissant de la France de l’Ancien Régime.
En particulier, dans le sonnet 141 qui met en scène la décision de Ponce Pilate, elle emprunte une thématique de la poésie néo-pétrarquiste, c’est-à-dire la comparaison de la persona du poète-amant à une « nef » dans une tempête. Les poètes baroques suivant la génération de la Pléiade détournent ce lieu commun pour représenter le conflit intérieur du dévot chrétien. Que la nonne de Poissy imite le style pétrarquiste n’a rien d’étonnant, pourtant, quel est l’intérêt de rapprocher le préfet romain, dont le jugement est dit « pervers », au portrait du pénitent chrétien, jusqu’alors associé, dans la poésie baroque, au sujet lyrique pétrarquiste ? Dans notre communication, nous souhaitons examiner les enjeux de cette réécriture de Pilate dans le contexte d’une poétique catholique néo-pétrarquiste qui vise aussi une représentation de la pénitence.