La première moitié du XXe siècle a vu un incontestable développement de réécritures de grands myt... more La première moitié du XXe siècle a vu un incontestable développement de réécritures de grands mythes grecs et romains et de reprises de figures de l’Antiquité, tant dans des œuvres qualifiées de « néo-classiques » (Orphée de Cocteau, Œdipe de Gide par exemple) que dans des productions des avant-gardes qui s’affirment à cette époque (Les Mamelles de Tiresias d’Apollinaire, Ulysses de Joyce ou The Waste Land de T.S. Eliot, pour n’en citer que quelques-unes).
Les enjeux esthétiques de la réappropriation de ces mythes et figures de l’Antiquité gréco-romaine ne peuvent être pleinement mesurés que si sont prises en compte les implications idéologiques et philosophiques de ce même phénomène. La Grèce dans l’Allemagne nazie, Rome dans l’Italie fasciste, le « mythe » et le « sacré » dans la pensée de leurs théoriciens ne revêtent évidemment pas les mêmes significations que pour des défenseurs de l’humanisme et de la démocratie. Et on ne peut plus parler de la même façon de Dionysos, d’Apollon et d’Œdipe après Nietzsche et Freud.
Quelles idées de l’homme, de la cité et de l’art sont en cause et en jeu lorsque des « modernes » reviennent à la matière des mythes antiques ou utilisent des figures de l’Antiquité gréco-romaine ?
Sommaire
Introduction
Véronique Gély et Anne Tomiche
S’approprier l’Antiquité gréco-romaine dans l’Europe de la première moitié du xxe siècle
Mythe antique et action politique dans le champ littéraire français des années 1930
Guillaume Bridet
Rome 1937 : autour de la « Mostra augustea della romanità »
Anne-Rachel Hermetet
Mythologie et idéologie : l’Atlantide et l’Homme nouveau dans la littérature européenne de l’entre-deux-guerres
Chantal Foucrier
Référence à l’Antiquité et modernité dans la Grèce de l’entre-deux-guerres
Lucile Arnoux-Farnoux
Figures et mythes de l’Antiquité gréco-romaine à l’Époque moderne
Le retour de Dionysos
Massimo Fusillo
Méditations sur le rivage : Socrate au prisme des Modernes (Thomas Mann, Paul Valéry, Eugenio Montale)
Edoardo Costadura
Un mythe et deux façons de le (r)écrire : Prométhée dans deux textes de Franz Kafka (1918 et 1920)
Ute Heidmann
Ovide chez les modernes
Anne Tomiche
Antigone entre Anouilh et Brecht
Daniel Mortier
« Ulysse : Socrate, Jésus, Shakespeare. » Comment lire les schémas Linati et Gorman de Joyce ?
Sophie Rabau
Le rideau déchiré de l’épopée dans Naissance de l’Odyssée de Jean Giono
Sylvie Ballestra-Puech
« Au-delà du soleil. » Sur El Inmortal de Jorge Luis Borges (L’Aleph, 1949)
Évanghélia Stead
Aux antipodes de Joyce
Jean-Louis Backès
De quelques œuvres de la Modernité
et de leur recours à l’Antiquité gréco-romaine
La danse grecque antique de Nietzsche à Maurice Emmanuel
Christophe Corbier
Les opéras mythologiques de Richard Strauss : un nœud de la modernité
Timothée Picard
Le mythe de Pan dans l’œuvre d’E.M. Forster
Yves Clavaron
Ulysse chez les Cinémaleptes. Thibaudet et la vocation du cinéma
Christophe Pradeau
Georges Bataille et les mythes, une rêverie souterraine
Juliette Feyel
L’« échec » du Tentateur, ou Broch en nouveau Virgile ?
Vincent Ferré
D’Icare à Jacob : quelques considérations à partir du cas de Claude Vigée
Sylvie Parizet
Mythologie et modernisme dans Le Monstre d’Ismail Kadaré
Ariane Eissen
Euripide au Moyen-Orient : une mission de bons offices. Lecture des Femmes de Troie (1984) d’Hanokh Levin
Philippe Zard
Entre la redécouverte au XIVe siècle du texte des Métamorphoses d'Apulée par Zanobi da Strada et ... more Entre la redécouverte au XIVe siècle du texte des Métamorphoses d'Apulée par Zanobi da Strada et Boccace puis la publication des Amours de Psyché et Cupidon de La Fontaine en 1669, suivis de la tragédie-ballet de Molière, Corneille et Quinault en 1671, la fable de Psyché investit tous les domaines de la littérature, de la philosophie, des arts scéniques et décoratifs, et triomphe dans la société de cour.
Plusieurs publications récentes ont été consacrées à la postérité d'Apulée et à celle de ce récit, les unes dans le domaine de l'histoire de l'art, les autres dans celui de la littérature. La présentation au château d'Azay-le-Rideau, en 2009, d'une exposition originale centrée sur les interprétations de la fable de Psyché dans l'art français à partir de la Renaissance a été l'occasion de confronter ces travaux et d'offrir à la recherche des perspectives nouvelles.
Ce volume, tout en ouvrant sur le devenir du thème jusqu'à l'époque contemporaine, se consacre donc à l'étude d'un processus exemplaire de l'humanisme renaissant : celui par lequel les temps modernes s'approprient un texte antique mal connu pendant le Moyen Âge. La fable de Psyché, contemporaine de la christianisation de l'Empire Romain et tôt christianisée elle-même, offrait à la Renaissance une métaphysique platonicienne, une éducation sentimentale, une mise en scène de la curiosité, et une forme narrative propres à nourrir les réflexions nouvelles sur la notion de sujet et sur les pouvoirs de la fiction.
45 illustrations noir/blanc; 50 illustrations couleur
TABLE DES MATIÈRES
Introduction
GÉLY, Véronique : Les Renaissances de Psyché
1. De l’Antiquité à la Renaissance
WOLFF, Etienne : Psyché d’Apulée à Boccace
TATEO, Francesco : Anima e animus: dalla Psyche di Boccaccio all’etica del Rinascimento
COPPINI, Donatella : Amore e Psiche: presenze umanistiche
MCDONALD, Grantley : Riding Apuleius’ Ass: Transformation, Folly and Wisdom in Ficino, Celtis, Erasmus, Agrippa, and Sebastian Franck
ESCOBAR BORREGO, Francisco Javier : Nuevos datos sobre la versión del Asno de oro,
de Diego López de Cortegana: bases para una edición critiqua
CARBONE, Raffaele : La curiosité et le droit à la connaissance : Hans Blumenberg et Giordano Bruno
BOURY, Joke : Hypnerotomachia Poliphili or Lucius’s Strife of Love in a Dream?
FABRIZIO-COSTA, Silvia : L’histoire d’Apulée dans L’eremita, la carcere e il diporto
de Niccolò Granucci (1569)
CAVICCHI, Camilla : D’alcune musiche sul tema d’Amore e Psiche nel Cinquecento
NASSIEU-MAUPAS, Audrey : Les tentures parisiennes de l’Histoire de Psyché au XVIe siècle
BELIME-DROGUET, Magali : Les amours de Psyché et Cupidon au château d'Ancy-le-Franc
2. De la Renaissance à la Modernité
CAVICCHIOLI, Sonia : Favola e allegoria negli affreschi del Cigoli per Scipione Borghese (1611-1613)
HEIDMANN, Ute : Le double trompe-l’œil de la fabella de Psyché : du Maître au Dé aux contes de Perrault
VITTET, Jean : La tenture de L'histoire de Psyché dans les collections aristocratiques françaises au XVIIe siècle
VASSILIEVA-CODOGNET, Olga : Psyché à la croisée des chemins : la fable d’Apulée à la source de l’emblématique sacrée
TADIÉ, Alexis : De Heywood à Keats : Y a-t-il une Psyché anglaise ?
GRIVEL, Ian : Le voyage théâtral de la Psyché-Colombine
GRIL-MARIOTTE, Aziza : Le mythe de Psyché dans les arts décoratifs au XIXe siècle entre décoration et narration
DE PALACIO, Jean : Présence, absence et transposition de Psyché dans deux romans austro-hongrois de l’entre-deux-guerres
The crisis of humanism, postcolonial studies and gender studies have converged to deconstruct the... more The crisis of humanism, postcolonial studies and gender studies have converged to deconstruct the "incomparable" exemplarity of the Ancient Greek and Latin authors, and the idea that Europe or the Western world were their privileged heirs. By defamiliarizing and deterritorializing them, they have raised them to the status of textbook examples for the epistemology of comparative studies. They invite us to rethink the value of universality which was previously associated with “myths” and the “classics”, suggesting to ground comparative literature in the notion of "partage"—in both senses of dividing and sharing.
La crise de l’humanisme, les études postcoloniales et les études de genre ont convergé pour déconstruire l’« incomparable » exemplarité des Anciens grecs et latins, et l’idée que l’Europe ou l’Occident seraient leurs héritiers privilégiés. En les défamiliarisant et en les déterritorialisant, elles ont fait d’eux des cas d’école pour l’épistémologie du comparatisme. Elles conduisent à repenser la valeur d’universalité auparavant associée aux « mythes » et aux « classiques », et à proposer de fonder le comparatisme sur la notion de partage, dans ses deux acceptions : séparation et répartition.
("Véronique Gély, Introduction : "Parages de l'Antiquité: un paradigme pour le comparatisme" / "Sharing Antiquity : A Paradigm for Comparative Literature" (in French), RLC 344, no 4, october-december 2012, p. 387-395.)
This volume brings together studies which explore the enriching role the Bible has played in lite... more This volume brings together studies which explore the enriching role the Bible has played in literature. The studies either seek to analyse how authors have used certain Biblical figures or episodes, or how the Bible features in the imagination of a particular writer, movement, or epoch.
Ce volume réunit des études sur le rôle fécondant que la Bible a joué en littérature. Il s'agit d'analyser le traitement qu'un auteur fait d'une figure ou d'un épisode biblique, ou de s'interroger sur la présence de la Bible dans l'imaginaire d'un écrivain, d'un mouvement ou d'une époque.
Enfance et littérature,
Etudes réunies et présentées par Véronique Gély
Nîmes, Lucie éditions, ... more Enfance et littérature,
Etudes réunies et présentées par Véronique Gély
Nîmes, Lucie éditions, « Poétiques comparatistes » (SFLC)
L’enfance n’est pas seulement un thème de la littérature, ni un âge où l’on est invité à lire. Son étude est liée aux investigations sur la fiction, et elle est devenue, dans la pensée contemporaine, un concept essentiel pour penser l’idée même de littérature.
Trop rares demeurent toutefois les travaux de recherche qui envisagent les liens entre enfance et littérature dans la perspective comparatiste, interdisciplinaire et diachronique qui permet de relier la littérature pour l’enfance et la littérature sur l’enfance.
Ce volume voudrait inviter à leur développement, en présentant des contributions de spécialistes des représentations de l’enfance, du récit d’enfance, de la littérature et de l’édition pour la jeunesse et des pratiques de lecture des enfants, et en proposant un bilan de la critique récente.
SOMMAIRE
INTRODUCTION
• Enfance et littérature : pour une recherche interdisciplinaire et comparatiste
Véronique GELY
EDUQUER L’ENFANT, INVENTER L’AUTEUR
• De l’infans à l’enfant : Rabelais et Montaigne pédagogues
Jean-Pierre VAN ELSLANDE
• Fragments pour une éducation globale de l’enfant : la Levana de Jean-Paul
Alain MONTANDON
• Rimbambire : l’origine de l’auteur dans la Vita d’Alfieri
Karen HADDAD
ENFANT TÉMOIN, ENFANT POÈTE
• La « langue des enfants ». Poétiques de l’enfance et utopies linguistiques après la Shoah (G. A. Goldschmidt, A. Appelfeld)
Catherine COQUIO
LECTURES POUR L’ENFANT, LECTURES DE L’ENFANT
• La littérature de jeunesse, ou : de la littérature qui voulait se faire plus grande que ses petits lecteurs
Nathalie PRINCE
• La maison Mame à Tours (1796-1975) : comment faire l’histoire d’un éditeur catholique pour la jeunesse
Cécile BOULAIRE
• Paysages de lectures en adolescence
Christine DETREZ
BILAN CRITIQUE
• Enfance et littérature : bilan critique établi par Alice PFISTER
ABSTRACTS
Anne-Marie AUTISSIER, “ Ismail Kadare as a perceptive observer of Albanian society” Ac... more ABSTRACTS
Anne-Marie AUTISSIER, “ Ismail Kadare as a perceptive observer of Albanian society” According to Raymonde Moulin (1999), artists appear to be « spontaneous sociologists ». This assertion is confirmed when reading those of Ismail Kadare’s works written during the Communist period. From his first novels – among which The General of the Dead Army (1963) - up to The Palace of Dreams (1981), including The Great Winter (1977), most characters experience a burdensome alienation, within their work as well as within their private lifes. As a metaphor of this uneasiness, characters hide from sunlight and shelter in closed and dark or hazy refuges, which allow them to escape unbearable realities, as in The General of the Dead Army. Only motherhood seems to be able to bring them back a sense of their dignity as leaders of their own lifes. Furthermore, it is interesting to wonder whether Kadare’s novels express what Bernard Stiegler (2004 – 2005) would call desindividuation - what he describes as symbolic poverty - in our current world. Long after Albanian jails have been opened, Kadare’s novels keep alerting us to our dangerous illusions about bringing intangible Reality under control with blinded and overproduction rationality. Pierre-Yves Boissau, “Kadare and Greek tragic authors : novel, tragedy and texts in conflict” Our analysis is based on a parallel which may be drawn between The General of the Dead Army by Ismail Kadare and Euripides' Alcestis. The main theme of this work is the descent into Hell (in a broad sense) as a scheme which allows for the emerging of the hero, more specifically the tragic hero. We aim at showing that once again Kadare's style should be understood as an effort to correct a foreign work. Here the correction is about the very nature of tragedy: the optimism typical of Greek tragedy fades away in favour of the true tragedy of Albanian novels.
Sandrine CAMBOU, “Landscapes in the fog: Ismail Kadare’s File on H” In the novel called Le Dossier H. (The H. file), Ismail Kadare shows two Harvard students, specialists of Homer (to whom the "H" of the title refers), going to the North of Albania, next to the mysterious and misty mountains "Cimes maudites", in order to penetrate the secret of epic creation. They discover a dual Albania : on one side, the sublime world of rhapsodes and mountain dwellers and, on the other side, the grotesque universe of spies and city dwellers. The description of King Zog's reign, in the 1930s, is a veiled criticism of Enver Hoxha's regime. But not only that : in Le Dossier H., partly tale, partly thriller, Ismail Kadare rewrites the famous episode of the Odyssey nekyia, the evocation of the dead, in a most original way. He also contributes to the elaboration of a literary myth, that of Homer. Jean-Paul Champseix, “Zeus, a reference to totalitarianism in Kadare’s work” Mythology occupies a pivotaI place in Kadare’s works. Zeus incarnates totalitarianism, and the leader, Enver Hoxha, is compared to the king of Olympus. He has absolute power, he uses doubles, he fears his wife Nexhmije-Hera, he is haunted by conspiracy and he wishes to destroy humankind. Kadare tries, in The Great Winter, as Aeschylus did in the Eumenides and Prometheus, to civilize the tyrant. Relations between Albania and China deteriorate. Kadare describes the dictator as an intellectual and romantic character, an outsider in the Soviet world. The writer hopes that Hoxha, at last, will become reconciled with Europe. This strange project falls through. Kadare is accused of compromising with the dictatorship… but, in 1982, this stalinist regime denounces him as an “enemy”… Bruno Clement, “Rewriting” This paper is a reading of Le Grand Hiver, which Kadare himself presents as a re-writing of L’Hiver de la grande solitude. It tries to compare, as closely as possible, some excerpts from the two versions of the novel, and finally expresses the hypothesis that the version supposed to be the previous one must probably be considered as the second one. The paper is nothing else than a theoretical thought about the practice of rewriting.
Catherine Coquio, “Kadare the Great Survivor. Poetics and politics of self-censorship” In this text the work of Kadare is read in light of three different writers who explore the survival of literature under totalitarian regimes (George Orwell) and the human and literary effects of self-censorship (Leo Strauss, Danilo Kiš). Kadare’s “miracle” is distinguished from the “miracle” which L. Strauss uses to speak of, the “oblique way” of literatures written under persecution: this model of a writing “between the lines” could only survive through a mutation in the context of Hoxha’s regime and of Albanian society. In Kadare’s work, the negotiation takes the form of a duel with the tyrant, which is conveyed in an atmosphere of fear transposed into the ambivalent universe of myth. The author has constructed a personal and national “destiny” from the totalitarian “Fatum” by creating a Promethean mythomania and a nationalist kitsch, which are the unfortunate consequences of the dangerous game of self-censorship: the resulting poetics carry the seal of a “shame” lived as a “catastrophe.” John COX, “Between the Universal and the Unique: modes and themes in the evolution of Kadare’s idiom of his historical Stalinism” The Albanian intellectual Ismail Kadare has, over the decades, written fiction in a number of modes. Having lived through one of the world's most brutal Stalinist regimes, Kadare has always produced work dealing with power and oppression, but since the fall of communism he has moved ever more boldly towards an accounting of the methods and cost of ideological dictatorship. Kadare's works (such as The Eagle, The Life, Death and Game of Lul Mazrek, and Spiritus) because of their combination of classical themes with the grotesque, achieve unique force among the many international and regional attempts to understand Stalinism through literature.
Ledia Dema, “ Toward some specificities of Ismail Kadare’s Narration” As one reads Kadare, one is struck by an unusual, surprising phenomenon: breaches and gaps in the narrative, which create a “fragmented chronicle”, italicised passages, or the “words of strangers”, to name but a few of these idiosyncrasies to be found in many of Kadare’s novels. Our goal is to highlight how these textual breaches correspond with an enunciating strategy consisting in manipulations of shifters, in changes of narrators or of perspective, viewpoint and focalisation, in collages and juxtapositions of genres which altogether result in a fragmentation of the enunciating agency. In studying five polyphonic narratives we have endeavoured to explain how the reader constructs meaning in apparently fragmented narratives. Our study also includes an analysis of Kadare’s literary subversion of the doctrine of socialist realism. Ariane EISSEN, “ What is at stake when Kadare alludes to Prometheus” This paper scrutinizes the appearances of Prometheus throughout the work of Kadare. Roughly speaking, a three-step evolution may be noticed. In the first texts, Prometheus is quite a stereotyped character, who accepts self-sacrifice in order to free mankind, whereas the latest works put the stress upon the necessity of coming to terms with ancient rulers and finding the path for a new political system.The second step is both most personal and complex. Kadare projects himself as a Promethean character, torn apart between compromise and rebellion. On the one hand, he needs to protect himself and be accepted in order to go on writing and publishing ; on the other, he must keep his distance, without which his work would be meaningless. Therefore rewriting the story of Prometheus is not a matter of neo-classicism, but a vital issue with political and ethical implications.
Dashnor KOKONOZI , “The kiss with the teeth” This article deals with the very complicated relationship that the Albanian writer Ismail Kadare had with the dictatorial regime that ruled Albania in the second half of the last century. Provided with genius, Kadare had to find different forms of concession to express and make known his judgment on the nature of the dictatorship. Of course, he had to do so through parables, topics and metaphors, which were interpreted in various forms. On the one hand, there were non indoctrinated intellectuals, in whom hope for better days was kept alive with the rhythm of Kadare's works. On the other hand, there was the dictatorial regime which took them at face value. But Kadare sometimes failed in his ability to maintain this balance. In many of his books, his ideas became more explicit for the Dictator’s censors, who immediately took reprisals against him, systematically stopping the circulation of his books. In this sense, what to others seemed like a kiss between the writer and the regime was only a double bite, the expression of reciprocal hatred and bad blood. Ketrin Leka, “Kadare and Kafka” This study does not aim at showing the totalitarian reality as in Franz Kafka’s novel, The Castle, and the one by Ismail Kadare, The Palace of Dreams, but at scrutinizing the trace of human existence in the twentieth century, in an industrial era when man was trying to frame his life style using science and techniques, totally different from homo faber man. Men of the industrial age were becoming more powerful than those of previous eras. In this study we see that these humans who think they are fulfilling themselves are instead only rendering every aspect of their souls barren. Ardian Marashi, “Gjirokastra, a country fertile in myths of stone” In the Kadarean geoliterary space, the hometown of Gjirokastra occupies a modest place, associated essentially with childhood. Kadare speaks directly about his city only in Chronicle in Stone (1970), A Climate of Lunacy (2005) and The Wrong Banquet (2008). Gjirokastra, however, is omnipresent in the symbolic field of the whole work of Kadare. The universe of childhood was transformed over the years into a network of signs of the "gjirokastrien" field, allowing the writer to elaborate a work built on what we call "myths of stone". The work will be made of substantial physical material, it will develop a symbolism of solidity and resistance. Inserting stone into his writing is for Kadare the way to give heaviness to his work, to make it indestructible in time, just like the “city of stone”.
Peter MORGAN , “Albanianism, Allegory and Double Coding in Kadare's The Three-Arched Bridge” The image of Albania in Ismail Kadare's work has aroused considerable controversy, especially in the light of the writer's later claim to have presented an alternative vision of his nation's history to that propagated by the regime. Far from voicing a different view, write some critics, Kadare merely corroborated the regime's presentation of history. In this paper I examine the literary representation of Albanian history in The Three-Arched Bridge. Kadare foregrounds critical themes of modernization and sacrifice in this work set on the eve of the Ottoman conquests in the late 14th century. In suggesting parallels between past and present, he implicitly questions official historiography. Kadare's image of 'eternal Albania' in The Three-Arched Bridge thus represents a finely-tuned dissenting view of Albanian history to that of the regime. Tomorr PLANGARICA, “Tense in narrative, writing about time and temporality in Ismail Kadare’s Pyramid” While reading and perceiving Ismail Kadare’s novel The Pyramid, the reader will be able to grasp the message of the novel, through the harmoniously given information on the period when it was written, the time when the events of the novel occur and the time when it is read. By means of this reference process, the reader will be able to associate the pyramid with another mental reality, naturally characterized by the new pyramid-totalitarianism-dictatorship-tyranny relationship. As the relationship established among these elements marks not only a specific period or a time span, but also various periods of time, then the synchronous-asynchronous relationship becomes a main characteristic in organizing the text, giving it the pyramid shape with sequential steps that reveal the typical events of respective times, which are repeated from one period to another.
Vasil QESARI, « Ismail Kadare as a phenomenon in the Albanian society of the seventies » This paper gives an eyewitness account about Kadare, including memories as one of his students. Gilles de Rapper, “Ismail Kadare and Albanian ethnology of the second half of the 20th century” This article explores the complex relationship established between the work of the Albanian writer Ismail Kadare and albanological research. Due to its evocation of events of Albanian history, legends and institutional features of Albanian society, the work of Ismail Kadare draws a picture of Albania which often meets the concerns of Albanology. In that matter, it relies on work conducted by foreign and Albanian scholars from whom the writer draws themes and ideas on the cultural characteristics and history of Albanians. Particularly striking is for example the literary treatment Kadare makes of the customary law of northern Albania (kanun) and of the institution of blood vengeance in the novel Broken April, or the transposition of ballads from popular literature in the novels Doruntine and The three-arched bridge. Moreover, beside his literary production, the writer does not refrain from taking part in discussions related to albanology, in essays or prefaces about folklore (relations between Albanian and Slavic folklore), ancient history (relations between Albania and Greece) or more recent events (Kosovo).
Alketa SPAHIU, “Female figures in Ismail Kadare’s epic novels and novels on the imperial period” The paper brings forth arguments around the feminine characters in Kadare’s work. Despite the masculine discursive tone of most novels, woman remains a haunting presence. More than that, the papers shows how several women characters serve as a principal cause or force to motion, making the narration possible. They also exist between legendary worlds of the past and the distorted appearance of the present, as many Kadare characters do. But his feminine figures often oscillate between motherhood and death spell, portents of ancient tragic fate. Ornela Todorushi, “Kadare’s politics : the writer and his European recognition” The paper considers the politics of literature in Ismail Kadare's work and its reception among French critics. The expression politics of literature is not taken here as “political involvement" but rather in Ranciere's meaning : a way to define a distribution of the sensible in his work. Thus, Kadare identifies Albanian literature in a new way (speech vs. noise), giving it back its universality and underlining its membership of the European family. Once considered by critics as a politically committed writer, Kadare is now recognized for his main commitment, i.e. literature, which makes him prominent among his European famous counterparts.
Ilir YZEIRI, “Ismail Kadare and Albanian literary tradition” How does Kadare’s work relate to Albanian literary tradition? In order to understand this better, we have to know that the Communist dictatorship adopted a class-based differentiation vis-à-vis Albanian literary tradition. The works of some of the most eminent authors of the Renaissance and Independence periods, such as Fishta, Konica, or Koliqi, were removed from circulation altogether and were erased from collective memory. This paper shows how Kadare established relations with and revived this forbidden tradition. On the other hand, through his work, Kadare established another tradition, different from the tradition of socialist realism. He did so by paying a high price, several times. Almost all his works were removed from circulation and were reprinted. Paradoxically, Kadare denies Albanian literary tradition, more specifically the tradition of socialist realism, and establishes a tradition of his own, bearing his name and talent. Alexandre ZOTOS, “From Kadare the writer to his character and back again” The following view relies mainly upon a reading of Ismail Kadaré’s autobiographical work Le poids de la croix. One is somehow surprised, in spite of the complaining tone of this title, to find scarcely any trace of a real « tax », as he says, which he had to pay, not even an allusion to some article or speech, should it concern a mere literary question, and not a political one. The comment about his novel L’hiver de la grande solitude, first announced as a debt he was required to pay for not praising the Party and its chief enough until then, appears to be, in fact, a « pro domo » speech. Besides, it seems that the true national dimension he effectively acquired with his previous works (mainly in poetry) and which was confirmed with this fresco gave him a prestige which would put a limit to the attacks he suffered from a regime well known as a form of national-communism.
SOMMAIRE
AVANT-PROPOS, par Ariane Eissen et Véronique Gély : « L’ombre, la lisière, la reprise »
La ville de pierre : entre la nation et le monde
— Ardian Marashi : « Gjirokastra, un pays fertile en mythes de pierre » — Gilles de Rapper : « Ismail Kadaré et l’ethnologie albanaise de la seconde moitié du XXe siècle » — Anne-Marie Autissier : « Ismail Kadaré, analyste de la société communiste albanaise » — Ketrin Leka : « Kadaré et Kafka » — Alketa Spahiu : « Les figures féminines chez Ismail Kadaré (Dans les romans épiques et les romans de la période impériale) » — Ilir Yzeiri : « Ismail Kadaré et la tradition littéraire albanaise » — Ornela Todorushi : « Politique de Kadaré: l'écrivain et sa reconnaissance européenne »
Le poids de la croix : une dissidence intérieure ?
— Alexandre Zotos : « De l’écrivain Kadaré au personnage Kadaré et retour » — Jean-Paul Champseix : « Zeus, référence du totalitarisme chez Kadaré » — Dashnor Kokonozi : « L’embrassade avec les dents » — Vasil Qesari : « Le phénomène Ismail Kadaré dans la société albanaise des années ’70 » — John Cox : « Entre l’universel et l’unique : modes et thèmes dans l’évolution de l’expression du stalinisme historique chez Kadaré» — Peter Morgan: « Sacrifice, modernité et perte dans Le Pont aux trois arches de Kadaré » — Catherine Coquio : « Kadaré ou le grand survivant. Poétique et politique de l’autocensure. »
L’atelier de l’écrivain
— Bruno Clément : « Réécrire » — Ariane Eissen : « Les Prométhée de Kadaré : enjeux de la réécriture » — Pierre-Yves Boissau : « Kadaré et les tragiques grecs : roman, tragédie et guerre des textes » — Sandrine Cambou : « Paysages dans le brouillard : Le Dossier H. d’Ismail Kadaré » — Ledia Dema : « Sur quelques spécificités de la narration dans l’œuvre d’Ismail Kadaré » — Tomorr Plangarica : « Le temps du discours, le discours sur le temps et la temporalité dans La Pyramide d’Ismail Kadaré »
"« Sur le monde je porterai le regard clair prêté par l'aigle à Ganymède », écrivait Jean Genet d... more "« Sur le monde je porterai le regard clair prêté par l'aigle à Ganymède », écrivait Jean Genet dans le Journal du voleur. Énigmatique et silencieux, arraché à la terre par l'aigle de Jupiter, le jeune Troyen devint l'échanson des dieux, immortalisé dans la constellation du Verseau. Avant que la critique contemporaine fasse de lui un emblème de l'homosexualité, Ganymède a inspiré autant les arts figurés (Botticelli, Le Corrège, Michel-Ange, Rubens, Rembrandt, Flatters, Thorvaldsen, Pallez, Turcan…) que, depuis les épisodes homérique et ovidien, une riche littérature : on le retrouve en particulier dans l'oeuvre de Dante, de Góngora, de Du Bellay, dans le théâtre de Marlowe et de Shakespeare, à l'âge romantique dans le poème de Goethe devenu lieder de Schubert et de Wolf, dans les poésies de Hölderlin, de Lamartine et de Musset, au siècle suivant dans les oeuvres de Jacques d'Adelswärd-Fersen, de Forster, de Thomas Mann… Ganymède illustre la beauté du corps masculin et son érotisme, mais aussi une idée de la jeunesse éternelle ; son rapt peut être une image du sublime, et, par sa fonction d'échanson divin, il incarne une certaine conception de l'inspiration et de l'enthousiasme poétiques dont on trouve un pendant dans les poésies arabe et persane. Les études ici réunies se proposent, dans une perspective comparatiste et pluridisciplinaire, de découvrir les énigmes et les enjeux de ce mythe étonnamment moderne.
Sommaire
— Introduction (Véronique GELY)
— « Ganymède dans la poésie grecque : une histoire sans paroles » (Danièle AUGER)
— « L'immortalité par défaut, ou l'impossible statut de Ganymède » (Charles DELATTRE)
— « L'enlèvement de Ganymède dans les Métamorphoses d'Ovide : mythe érotique, mythe politique (Anne VIDEAU)
— « Quelques interprétations antiques et médiévales du mythe de Ganymède » (Étienne WOLFF)
— « Figures de l'échanson (sâqî) dans la littérature arabe médiévale » (Abdallah CHEIKH-MOUSSA)
— « La figure de l'échanson dans l'oeuvre de hâfez de Chirâz » (Leili Anvar)
— « Portrait de Ganymède en poète, dans le Purgatorio de Dante et les Soledades de Góngora » (Anne TEULADE)
— « Le mythe de Ganymède chez Dante et son illustration par Botticelli, Blake et Doré » (Clélia ANFRAY)
— « Le chien de Ganymède : contrepoint au sublime ? » (Frédérique VILLEMUR)
— « Mythe et drame personnel : le Rapt de Ganymède de Rembrandt » (Patrick ABSALON)
— « Le Ganymède de Goethe ou L'exaltation de l'immanence » (René-Marc PILLE)
— « Schubert et Wolf face au Ganymede de Goethe » (Emmanuel REIBEL)
— « De l'échanson au rapt : la représentation de Ganymède dans la sculpture du XIXe siècle » (Guillaume PEIGNE)
— « Le Ganymède incertain d'un militant homosexuel de la première heure : Jacques d'Adelswärd-Fersen et la référence à Ganymède » (Patricia MARCOZ)
— « Ganymède e(s)t le garde-chasse : « une façon de parler » dans Maurice de Forster » (Yves CLAVARON)
— « Variations sur le mythe de Ganymède dans Mort à Venise de Thomas Mann et Luchino Visconti » (Johana RAJKUMAR)
— « Les références à Ganymède dans le Journal du voleur de Jean Genet » (Marcelo SALINAS)
— « L'enlèvement de Ganymède revisité par le patriotisme mexicain ? » (Liliane PICCIOLA)"
"This book deals with the poetics of the myth of Psyche, and is concerned in particular with its ... more "This book deals with the poetics of the myth of Psyche, and is concerned in particular with its invention (in both senses of the word). It demonstrates, against the grain of standard interpretations, that what we now call the myth of Psyche was “invented” — and recognised as such — from the moment it was appropriated by christendom, and that it developed, in the early modern period, within the context of a reflexion on the powers and the dangers of allegory and fiction. The book examines as well the “invention”, in the rhetorical sense, of the myth. It first relates the fabula, which is at the heart of Apuleius’s Metamorphoses, to a network of figurative representations, lyrical metaphors and philosophical allegories that deal with the nature of psukhê, with its links with eros, from the first Homeric poems through classical tragedy to the first centuries of christianity. The book then establishes a distinction between allegorical reading and allegorical writing. It thus shows that Apuleius’s fabula was read along later allegorical fables taken from Martianus Capella, from Fulgentius and from Boccacio — theatrical works, heroic or mystical poetry, in Italy, in France, in Spain, in England, in Germany. Courtly society therefore focused on a topic that could be adapted to the staging of crucial religious debates within the context of the Counter-Reformation, to the investigation of the modes of gallantry, of civility and of the relations between men and women. This book further reflects on the notions of genre and on the forms of the tale that surround Apuleius’s fabula, and it shows, finally, that the questioning of allegory moved the interrogation on senses and sensuality from the field of ethics and theology to aesthetics. The impossibility for Psyche to see the forma of the god gave rise, in European literatures, to a meditation on beauty and its pleasures.
"La Fable de Psyché", écrivait Charles Perrault dans les dernières années du XVIIe siècle, "est une fiction toute pure et un conte de vieille": contre l'opinion établie, il récusait la valeur allégorique du récit légué par Apulée et modernisé par La Fontaine. Ce statut nouveau permettait à Psyché d'entrer dans la mythologie commune, qui l'avait longtemps tenue à l'écart. Tout comme les errances et la quête de Psyché elle-même, la compétition entre allégorie et fiction, termes clés de l'herméneutique et de l'esthétique classiques, avait pour enjeux la vérité et la beauté.
Cet ouvrage s'attache d'abord à réhabiliter les allégories de Psyché, en montrant leur richesse et leur capacité d'invention poétique depuis l'Antiquité jusqu'à la Contre-Réforme, qui a vu Psyché triompher comme fable chrétienne dans la poésie et sur les théâtres européens. Il montre ensuite comment la contestation de l'allégorie a déplacé — du champ de la morale et de la théologie vers celui de l'esthétique — la mise en cause des sens et de la sensualité: l'interdit qui empêche Psyché de voir la forma du dieu est devenu dans les littératures européennes le lieu d'une réflexion sur les formes et les genres de ces mêmes littératures."
"This book traces the history of the mythologies of Echo and of the echo, from their starting poi... more "This book traces the history of the mythologies of Echo and of the echo, from their starting point in two ancient tales (Ovid, Longus) up to novels by E.M. Forster, Thomas Mann and Christoph Ransmayr, stressing their importance for baroque aesthetics (Sor Juana Iñes de la Cruz, Calderón) and for romanticism (Wordsworth, Keats, Brentano, Hofffmann). It shows how the dialogue with the echo, from Aristophanes’ comedies to Renaissance pastorals and later to modern theater, creates a space for authorial voice. As a feminine figure of desire, Echo becomes the « tenth Muse » for Humanists, and opens up the possibility of representing poetic or musical creation as a creative victory over constraint. In the most recent fictions, the echo also functions to figure anxiety and loss. Above all, confronted to Narcissus in Ovid’s Metamorphoses or to the god Pan in Longus’ Pastorals, Echo offers the lyrical poet a model of discovery of the other in the self and of care for the « song of the world », thus raising the question of the self’s identity. Ultimately, the book thus concludes with a fragmentary portrait of the poet as Echo : from Petrarch to Victor Hugo, Ronsard to Guillaume Apollinaire, Gaspara Stampa to Marceline Desbordes-Valmore, the lyrical subject, beyond gendered differences, tends to define (him)herself as a « sound echo ».
"Qui me parle, à ma place même?"
À la question posée par la Pythie de Paul Valéry, Echo — à la fois répétition et différence — offre une réponse: double inversé de Narcisse dans les Métamorphoses d'Ovide, mais aussi compagne du dieu Pan dans les Pastorales de Longus, elle propose en effet au poète obsédé par sa propre image l'alternative d'une découverte de l'autre en soi et de l'ouverture au chant du monde. Figure féminine du désir, de l'attente et de l'absence à soi, parole et corps entravés qui transcendent la torture pour libérer le sens et la beauté du son, celle que les humanistes appelaient "la dixième Muse" incarne la poésie comme nostalgie de la voix, nostalgie de l'instant, nostalgie du moi.
Cet essai retrace l'histoire des mythologies d'Echo et de l'écho, des deux fables antiques (Ovide, Longus) jusqu'à celles d'E. M. Forster, de Thomas Mann, de Christoph Ransmayr, en soulignat son importance dans l'esthétique baroque (Sor Juana Ines de la Cruz, Calderon …) et romantique (Wordsworth, Keats, Brentano, Hoffmann…. Il montre ensuite comment le dialogue avec l'écho, de la comédie d'Aristophane aux pastorales de la Renaissance puis au théâtre moderne, permet de donner un lieu à la voix auctoriale. Ce livre esquisse pour finir des fragments d'un portrait du poète en Echo: de Pétrarque à Victor Hugo, de Ronsard à Guillaume Apollinaire, de Gaspara Stampa à Marceline Desbordes-Valmore, le sujet lyrique tend à se définir comme un "écho sonore"."
Gély Véronique. Eros et Antéros : conversions de la Fable dans l'Europe baroque. In: Littérat... more Gély Véronique. Eros et Antéros : conversions de la Fable dans l'Europe baroque. In: Littératures classiques, n°36, printemps 1999. Le baroque en question(s) pp. 127-139
La première moitié du XXe siècle a vu un incontestable développement de réécritures de grands myt... more La première moitié du XXe siècle a vu un incontestable développement de réécritures de grands mythes grecs et romains et de reprises de figures de l’Antiquité, tant dans des œuvres qualifiées de « néo-classiques » (Orphée de Cocteau, Œdipe de Gide par exemple) que dans des productions des avant-gardes qui s’affirment à cette époque (Les Mamelles de Tiresias d’Apollinaire, Ulysses de Joyce ou The Waste Land de T.S. Eliot, pour n’en citer que quelques-unes).
Les enjeux esthétiques de la réappropriation de ces mythes et figures de l’Antiquité gréco-romaine ne peuvent être pleinement mesurés que si sont prises en compte les implications idéologiques et philosophiques de ce même phénomène. La Grèce dans l’Allemagne nazie, Rome dans l’Italie fasciste, le « mythe » et le « sacré » dans la pensée de leurs théoriciens ne revêtent évidemment pas les mêmes significations que pour des défenseurs de l’humanisme et de la démocratie. Et on ne peut plus parler de la même façon de Dionysos, d’Apollon et d’Œdipe après Nietzsche et Freud.
Quelles idées de l’homme, de la cité et de l’art sont en cause et en jeu lorsque des « modernes » reviennent à la matière des mythes antiques ou utilisent des figures de l’Antiquité gréco-romaine ?
Sommaire
Introduction
Véronique Gély et Anne Tomiche
S’approprier l’Antiquité gréco-romaine dans l’Europe de la première moitié du xxe siècle
Mythe antique et action politique dans le champ littéraire français des années 1930
Guillaume Bridet
Rome 1937 : autour de la « Mostra augustea della romanità »
Anne-Rachel Hermetet
Mythologie et idéologie : l’Atlantide et l’Homme nouveau dans la littérature européenne de l’entre-deux-guerres
Chantal Foucrier
Référence à l’Antiquité et modernité dans la Grèce de l’entre-deux-guerres
Lucile Arnoux-Farnoux
Figures et mythes de l’Antiquité gréco-romaine à l’Époque moderne
Le retour de Dionysos
Massimo Fusillo
Méditations sur le rivage : Socrate au prisme des Modernes (Thomas Mann, Paul Valéry, Eugenio Montale)
Edoardo Costadura
Un mythe et deux façons de le (r)écrire : Prométhée dans deux textes de Franz Kafka (1918 et 1920)
Ute Heidmann
Ovide chez les modernes
Anne Tomiche
Antigone entre Anouilh et Brecht
Daniel Mortier
« Ulysse : Socrate, Jésus, Shakespeare. » Comment lire les schémas Linati et Gorman de Joyce ?
Sophie Rabau
Le rideau déchiré de l’épopée dans Naissance de l’Odyssée de Jean Giono
Sylvie Ballestra-Puech
« Au-delà du soleil. » Sur El Inmortal de Jorge Luis Borges (L’Aleph, 1949)
Évanghélia Stead
Aux antipodes de Joyce
Jean-Louis Backès
De quelques œuvres de la Modernité
et de leur recours à l’Antiquité gréco-romaine
La danse grecque antique de Nietzsche à Maurice Emmanuel
Christophe Corbier
Les opéras mythologiques de Richard Strauss : un nœud de la modernité
Timothée Picard
Le mythe de Pan dans l’œuvre d’E.M. Forster
Yves Clavaron
Ulysse chez les Cinémaleptes. Thibaudet et la vocation du cinéma
Christophe Pradeau
Georges Bataille et les mythes, une rêverie souterraine
Juliette Feyel
L’« échec » du Tentateur, ou Broch en nouveau Virgile ?
Vincent Ferré
D’Icare à Jacob : quelques considérations à partir du cas de Claude Vigée
Sylvie Parizet
Mythologie et modernisme dans Le Monstre d’Ismail Kadaré
Ariane Eissen
Euripide au Moyen-Orient : une mission de bons offices. Lecture des Femmes de Troie (1984) d’Hanokh Levin
Philippe Zard
Entre la redécouverte au XIVe siècle du texte des Métamorphoses d'Apulée par Zanobi da Strada et ... more Entre la redécouverte au XIVe siècle du texte des Métamorphoses d'Apulée par Zanobi da Strada et Boccace puis la publication des Amours de Psyché et Cupidon de La Fontaine en 1669, suivis de la tragédie-ballet de Molière, Corneille et Quinault en 1671, la fable de Psyché investit tous les domaines de la littérature, de la philosophie, des arts scéniques et décoratifs, et triomphe dans la société de cour.
Plusieurs publications récentes ont été consacrées à la postérité d'Apulée et à celle de ce récit, les unes dans le domaine de l'histoire de l'art, les autres dans celui de la littérature. La présentation au château d'Azay-le-Rideau, en 2009, d'une exposition originale centrée sur les interprétations de la fable de Psyché dans l'art français à partir de la Renaissance a été l'occasion de confronter ces travaux et d'offrir à la recherche des perspectives nouvelles.
Ce volume, tout en ouvrant sur le devenir du thème jusqu'à l'époque contemporaine, se consacre donc à l'étude d'un processus exemplaire de l'humanisme renaissant : celui par lequel les temps modernes s'approprient un texte antique mal connu pendant le Moyen Âge. La fable de Psyché, contemporaine de la christianisation de l'Empire Romain et tôt christianisée elle-même, offrait à la Renaissance une métaphysique platonicienne, une éducation sentimentale, une mise en scène de la curiosité, et une forme narrative propres à nourrir les réflexions nouvelles sur la notion de sujet et sur les pouvoirs de la fiction.
45 illustrations noir/blanc; 50 illustrations couleur
TABLE DES MATIÈRES
Introduction
GÉLY, Véronique : Les Renaissances de Psyché
1. De l’Antiquité à la Renaissance
WOLFF, Etienne : Psyché d’Apulée à Boccace
TATEO, Francesco : Anima e animus: dalla Psyche di Boccaccio all’etica del Rinascimento
COPPINI, Donatella : Amore e Psiche: presenze umanistiche
MCDONALD, Grantley : Riding Apuleius’ Ass: Transformation, Folly and Wisdom in Ficino, Celtis, Erasmus, Agrippa, and Sebastian Franck
ESCOBAR BORREGO, Francisco Javier : Nuevos datos sobre la versión del Asno de oro,
de Diego López de Cortegana: bases para una edición critiqua
CARBONE, Raffaele : La curiosité et le droit à la connaissance : Hans Blumenberg et Giordano Bruno
BOURY, Joke : Hypnerotomachia Poliphili or Lucius’s Strife of Love in a Dream?
FABRIZIO-COSTA, Silvia : L’histoire d’Apulée dans L’eremita, la carcere e il diporto
de Niccolò Granucci (1569)
CAVICCHI, Camilla : D’alcune musiche sul tema d’Amore e Psiche nel Cinquecento
NASSIEU-MAUPAS, Audrey : Les tentures parisiennes de l’Histoire de Psyché au XVIe siècle
BELIME-DROGUET, Magali : Les amours de Psyché et Cupidon au château d'Ancy-le-Franc
2. De la Renaissance à la Modernité
CAVICCHIOLI, Sonia : Favola e allegoria negli affreschi del Cigoli per Scipione Borghese (1611-1613)
HEIDMANN, Ute : Le double trompe-l’œil de la fabella de Psyché : du Maître au Dé aux contes de Perrault
VITTET, Jean : La tenture de L'histoire de Psyché dans les collections aristocratiques françaises au XVIIe siècle
VASSILIEVA-CODOGNET, Olga : Psyché à la croisée des chemins : la fable d’Apulée à la source de l’emblématique sacrée
TADIÉ, Alexis : De Heywood à Keats : Y a-t-il une Psyché anglaise ?
GRIVEL, Ian : Le voyage théâtral de la Psyché-Colombine
GRIL-MARIOTTE, Aziza : Le mythe de Psyché dans les arts décoratifs au XIXe siècle entre décoration et narration
DE PALACIO, Jean : Présence, absence et transposition de Psyché dans deux romans austro-hongrois de l’entre-deux-guerres
The crisis of humanism, postcolonial studies and gender studies have converged to deconstruct the... more The crisis of humanism, postcolonial studies and gender studies have converged to deconstruct the "incomparable" exemplarity of the Ancient Greek and Latin authors, and the idea that Europe or the Western world were their privileged heirs. By defamiliarizing and deterritorializing them, they have raised them to the status of textbook examples for the epistemology of comparative studies. They invite us to rethink the value of universality which was previously associated with “myths” and the “classics”, suggesting to ground comparative literature in the notion of "partage"—in both senses of dividing and sharing.
La crise de l’humanisme, les études postcoloniales et les études de genre ont convergé pour déconstruire l’« incomparable » exemplarité des Anciens grecs et latins, et l’idée que l’Europe ou l’Occident seraient leurs héritiers privilégiés. En les défamiliarisant et en les déterritorialisant, elles ont fait d’eux des cas d’école pour l’épistémologie du comparatisme. Elles conduisent à repenser la valeur d’universalité auparavant associée aux « mythes » et aux « classiques », et à proposer de fonder le comparatisme sur la notion de partage, dans ses deux acceptions : séparation et répartition.
("Véronique Gély, Introduction : "Parages de l'Antiquité: un paradigme pour le comparatisme" / "Sharing Antiquity : A Paradigm for Comparative Literature" (in French), RLC 344, no 4, october-december 2012, p. 387-395.)
This volume brings together studies which explore the enriching role the Bible has played in lite... more This volume brings together studies which explore the enriching role the Bible has played in literature. The studies either seek to analyse how authors have used certain Biblical figures or episodes, or how the Bible features in the imagination of a particular writer, movement, or epoch.
Ce volume réunit des études sur le rôle fécondant que la Bible a joué en littérature. Il s'agit d'analyser le traitement qu'un auteur fait d'une figure ou d'un épisode biblique, ou de s'interroger sur la présence de la Bible dans l'imaginaire d'un écrivain, d'un mouvement ou d'une époque.
Enfance et littérature,
Etudes réunies et présentées par Véronique Gély
Nîmes, Lucie éditions, ... more Enfance et littérature,
Etudes réunies et présentées par Véronique Gély
Nîmes, Lucie éditions, « Poétiques comparatistes » (SFLC)
L’enfance n’est pas seulement un thème de la littérature, ni un âge où l’on est invité à lire. Son étude est liée aux investigations sur la fiction, et elle est devenue, dans la pensée contemporaine, un concept essentiel pour penser l’idée même de littérature.
Trop rares demeurent toutefois les travaux de recherche qui envisagent les liens entre enfance et littérature dans la perspective comparatiste, interdisciplinaire et diachronique qui permet de relier la littérature pour l’enfance et la littérature sur l’enfance.
Ce volume voudrait inviter à leur développement, en présentant des contributions de spécialistes des représentations de l’enfance, du récit d’enfance, de la littérature et de l’édition pour la jeunesse et des pratiques de lecture des enfants, et en proposant un bilan de la critique récente.
SOMMAIRE
INTRODUCTION
• Enfance et littérature : pour une recherche interdisciplinaire et comparatiste
Véronique GELY
EDUQUER L’ENFANT, INVENTER L’AUTEUR
• De l’infans à l’enfant : Rabelais et Montaigne pédagogues
Jean-Pierre VAN ELSLANDE
• Fragments pour une éducation globale de l’enfant : la Levana de Jean-Paul
Alain MONTANDON
• Rimbambire : l’origine de l’auteur dans la Vita d’Alfieri
Karen HADDAD
ENFANT TÉMOIN, ENFANT POÈTE
• La « langue des enfants ». Poétiques de l’enfance et utopies linguistiques après la Shoah (G. A. Goldschmidt, A. Appelfeld)
Catherine COQUIO
LECTURES POUR L’ENFANT, LECTURES DE L’ENFANT
• La littérature de jeunesse, ou : de la littérature qui voulait se faire plus grande que ses petits lecteurs
Nathalie PRINCE
• La maison Mame à Tours (1796-1975) : comment faire l’histoire d’un éditeur catholique pour la jeunesse
Cécile BOULAIRE
• Paysages de lectures en adolescence
Christine DETREZ
BILAN CRITIQUE
• Enfance et littérature : bilan critique établi par Alice PFISTER
ABSTRACTS
Anne-Marie AUTISSIER, “ Ismail Kadare as a perceptive observer of Albanian society” Ac... more ABSTRACTS
Anne-Marie AUTISSIER, “ Ismail Kadare as a perceptive observer of Albanian society” According to Raymonde Moulin (1999), artists appear to be « spontaneous sociologists ». This assertion is confirmed when reading those of Ismail Kadare’s works written during the Communist period. From his first novels – among which The General of the Dead Army (1963) - up to The Palace of Dreams (1981), including The Great Winter (1977), most characters experience a burdensome alienation, within their work as well as within their private lifes. As a metaphor of this uneasiness, characters hide from sunlight and shelter in closed and dark or hazy refuges, which allow them to escape unbearable realities, as in The General of the Dead Army. Only motherhood seems to be able to bring them back a sense of their dignity as leaders of their own lifes. Furthermore, it is interesting to wonder whether Kadare’s novels express what Bernard Stiegler (2004 – 2005) would call desindividuation - what he describes as symbolic poverty - in our current world. Long after Albanian jails have been opened, Kadare’s novels keep alerting us to our dangerous illusions about bringing intangible Reality under control with blinded and overproduction rationality. Pierre-Yves Boissau, “Kadare and Greek tragic authors : novel, tragedy and texts in conflict” Our analysis is based on a parallel which may be drawn between The General of the Dead Army by Ismail Kadare and Euripides' Alcestis. The main theme of this work is the descent into Hell (in a broad sense) as a scheme which allows for the emerging of the hero, more specifically the tragic hero. We aim at showing that once again Kadare's style should be understood as an effort to correct a foreign work. Here the correction is about the very nature of tragedy: the optimism typical of Greek tragedy fades away in favour of the true tragedy of Albanian novels.
Sandrine CAMBOU, “Landscapes in the fog: Ismail Kadare’s File on H” In the novel called Le Dossier H. (The H. file), Ismail Kadare shows two Harvard students, specialists of Homer (to whom the "H" of the title refers), going to the North of Albania, next to the mysterious and misty mountains "Cimes maudites", in order to penetrate the secret of epic creation. They discover a dual Albania : on one side, the sublime world of rhapsodes and mountain dwellers and, on the other side, the grotesque universe of spies and city dwellers. The description of King Zog's reign, in the 1930s, is a veiled criticism of Enver Hoxha's regime. But not only that : in Le Dossier H., partly tale, partly thriller, Ismail Kadare rewrites the famous episode of the Odyssey nekyia, the evocation of the dead, in a most original way. He also contributes to the elaboration of a literary myth, that of Homer. Jean-Paul Champseix, “Zeus, a reference to totalitarianism in Kadare’s work” Mythology occupies a pivotaI place in Kadare’s works. Zeus incarnates totalitarianism, and the leader, Enver Hoxha, is compared to the king of Olympus. He has absolute power, he uses doubles, he fears his wife Nexhmije-Hera, he is haunted by conspiracy and he wishes to destroy humankind. Kadare tries, in The Great Winter, as Aeschylus did in the Eumenides and Prometheus, to civilize the tyrant. Relations between Albania and China deteriorate. Kadare describes the dictator as an intellectual and romantic character, an outsider in the Soviet world. The writer hopes that Hoxha, at last, will become reconciled with Europe. This strange project falls through. Kadare is accused of compromising with the dictatorship… but, in 1982, this stalinist regime denounces him as an “enemy”… Bruno Clement, “Rewriting” This paper is a reading of Le Grand Hiver, which Kadare himself presents as a re-writing of L’Hiver de la grande solitude. It tries to compare, as closely as possible, some excerpts from the two versions of the novel, and finally expresses the hypothesis that the version supposed to be the previous one must probably be considered as the second one. The paper is nothing else than a theoretical thought about the practice of rewriting.
Catherine Coquio, “Kadare the Great Survivor. Poetics and politics of self-censorship” In this text the work of Kadare is read in light of three different writers who explore the survival of literature under totalitarian regimes (George Orwell) and the human and literary effects of self-censorship (Leo Strauss, Danilo Kiš). Kadare’s “miracle” is distinguished from the “miracle” which L. Strauss uses to speak of, the “oblique way” of literatures written under persecution: this model of a writing “between the lines” could only survive through a mutation in the context of Hoxha’s regime and of Albanian society. In Kadare’s work, the negotiation takes the form of a duel with the tyrant, which is conveyed in an atmosphere of fear transposed into the ambivalent universe of myth. The author has constructed a personal and national “destiny” from the totalitarian “Fatum” by creating a Promethean mythomania and a nationalist kitsch, which are the unfortunate consequences of the dangerous game of self-censorship: the resulting poetics carry the seal of a “shame” lived as a “catastrophe.” John COX, “Between the Universal and the Unique: modes and themes in the evolution of Kadare’s idiom of his historical Stalinism” The Albanian intellectual Ismail Kadare has, over the decades, written fiction in a number of modes. Having lived through one of the world's most brutal Stalinist regimes, Kadare has always produced work dealing with power and oppression, but since the fall of communism he has moved ever more boldly towards an accounting of the methods and cost of ideological dictatorship. Kadare's works (such as The Eagle, The Life, Death and Game of Lul Mazrek, and Spiritus) because of their combination of classical themes with the grotesque, achieve unique force among the many international and regional attempts to understand Stalinism through literature.
Ledia Dema, “ Toward some specificities of Ismail Kadare’s Narration” As one reads Kadare, one is struck by an unusual, surprising phenomenon: breaches and gaps in the narrative, which create a “fragmented chronicle”, italicised passages, or the “words of strangers”, to name but a few of these idiosyncrasies to be found in many of Kadare’s novels. Our goal is to highlight how these textual breaches correspond with an enunciating strategy consisting in manipulations of shifters, in changes of narrators or of perspective, viewpoint and focalisation, in collages and juxtapositions of genres which altogether result in a fragmentation of the enunciating agency. In studying five polyphonic narratives we have endeavoured to explain how the reader constructs meaning in apparently fragmented narratives. Our study also includes an analysis of Kadare’s literary subversion of the doctrine of socialist realism. Ariane EISSEN, “ What is at stake when Kadare alludes to Prometheus” This paper scrutinizes the appearances of Prometheus throughout the work of Kadare. Roughly speaking, a three-step evolution may be noticed. In the first texts, Prometheus is quite a stereotyped character, who accepts self-sacrifice in order to free mankind, whereas the latest works put the stress upon the necessity of coming to terms with ancient rulers and finding the path for a new political system.The second step is both most personal and complex. Kadare projects himself as a Promethean character, torn apart between compromise and rebellion. On the one hand, he needs to protect himself and be accepted in order to go on writing and publishing ; on the other, he must keep his distance, without which his work would be meaningless. Therefore rewriting the story of Prometheus is not a matter of neo-classicism, but a vital issue with political and ethical implications.
Dashnor KOKONOZI , “The kiss with the teeth” This article deals with the very complicated relationship that the Albanian writer Ismail Kadare had with the dictatorial regime that ruled Albania in the second half of the last century. Provided with genius, Kadare had to find different forms of concession to express and make known his judgment on the nature of the dictatorship. Of course, he had to do so through parables, topics and metaphors, which were interpreted in various forms. On the one hand, there were non indoctrinated intellectuals, in whom hope for better days was kept alive with the rhythm of Kadare's works. On the other hand, there was the dictatorial regime which took them at face value. But Kadare sometimes failed in his ability to maintain this balance. In many of his books, his ideas became more explicit for the Dictator’s censors, who immediately took reprisals against him, systematically stopping the circulation of his books. In this sense, what to others seemed like a kiss between the writer and the regime was only a double bite, the expression of reciprocal hatred and bad blood. Ketrin Leka, “Kadare and Kafka” This study does not aim at showing the totalitarian reality as in Franz Kafka’s novel, The Castle, and the one by Ismail Kadare, The Palace of Dreams, but at scrutinizing the trace of human existence in the twentieth century, in an industrial era when man was trying to frame his life style using science and techniques, totally different from homo faber man. Men of the industrial age were becoming more powerful than those of previous eras. In this study we see that these humans who think they are fulfilling themselves are instead only rendering every aspect of their souls barren. Ardian Marashi, “Gjirokastra, a country fertile in myths of stone” In the Kadarean geoliterary space, the hometown of Gjirokastra occupies a modest place, associated essentially with childhood. Kadare speaks directly about his city only in Chronicle in Stone (1970), A Climate of Lunacy (2005) and The Wrong Banquet (2008). Gjirokastra, however, is omnipresent in the symbolic field of the whole work of Kadare. The universe of childhood was transformed over the years into a network of signs of the "gjirokastrien" field, allowing the writer to elaborate a work built on what we call "myths of stone". The work will be made of substantial physical material, it will develop a symbolism of solidity and resistance. Inserting stone into his writing is for Kadare the way to give heaviness to his work, to make it indestructible in time, just like the “city of stone”.
Peter MORGAN , “Albanianism, Allegory and Double Coding in Kadare's The Three-Arched Bridge” The image of Albania in Ismail Kadare's work has aroused considerable controversy, especially in the light of the writer's later claim to have presented an alternative vision of his nation's history to that propagated by the regime. Far from voicing a different view, write some critics, Kadare merely corroborated the regime's presentation of history. In this paper I examine the literary representation of Albanian history in The Three-Arched Bridge. Kadare foregrounds critical themes of modernization and sacrifice in this work set on the eve of the Ottoman conquests in the late 14th century. In suggesting parallels between past and present, he implicitly questions official historiography. Kadare's image of 'eternal Albania' in The Three-Arched Bridge thus represents a finely-tuned dissenting view of Albanian history to that of the regime. Tomorr PLANGARICA, “Tense in narrative, writing about time and temporality in Ismail Kadare’s Pyramid” While reading and perceiving Ismail Kadare’s novel The Pyramid, the reader will be able to grasp the message of the novel, through the harmoniously given information on the period when it was written, the time when the events of the novel occur and the time when it is read. By means of this reference process, the reader will be able to associate the pyramid with another mental reality, naturally characterized by the new pyramid-totalitarianism-dictatorship-tyranny relationship. As the relationship established among these elements marks not only a specific period or a time span, but also various periods of time, then the synchronous-asynchronous relationship becomes a main characteristic in organizing the text, giving it the pyramid shape with sequential steps that reveal the typical events of respective times, which are repeated from one period to another.
Vasil QESARI, « Ismail Kadare as a phenomenon in the Albanian society of the seventies » This paper gives an eyewitness account about Kadare, including memories as one of his students. Gilles de Rapper, “Ismail Kadare and Albanian ethnology of the second half of the 20th century” This article explores the complex relationship established between the work of the Albanian writer Ismail Kadare and albanological research. Due to its evocation of events of Albanian history, legends and institutional features of Albanian society, the work of Ismail Kadare draws a picture of Albania which often meets the concerns of Albanology. In that matter, it relies on work conducted by foreign and Albanian scholars from whom the writer draws themes and ideas on the cultural characteristics and history of Albanians. Particularly striking is for example the literary treatment Kadare makes of the customary law of northern Albania (kanun) and of the institution of blood vengeance in the novel Broken April, or the transposition of ballads from popular literature in the novels Doruntine and The three-arched bridge. Moreover, beside his literary production, the writer does not refrain from taking part in discussions related to albanology, in essays or prefaces about folklore (relations between Albanian and Slavic folklore), ancient history (relations between Albania and Greece) or more recent events (Kosovo).
Alketa SPAHIU, “Female figures in Ismail Kadare’s epic novels and novels on the imperial period” The paper brings forth arguments around the feminine characters in Kadare’s work. Despite the masculine discursive tone of most novels, woman remains a haunting presence. More than that, the papers shows how several women characters serve as a principal cause or force to motion, making the narration possible. They also exist between legendary worlds of the past and the distorted appearance of the present, as many Kadare characters do. But his feminine figures often oscillate between motherhood and death spell, portents of ancient tragic fate. Ornela Todorushi, “Kadare’s politics : the writer and his European recognition” The paper considers the politics of literature in Ismail Kadare's work and its reception among French critics. The expression politics of literature is not taken here as “political involvement" but rather in Ranciere's meaning : a way to define a distribution of the sensible in his work. Thus, Kadare identifies Albanian literature in a new way (speech vs. noise), giving it back its universality and underlining its membership of the European family. Once considered by critics as a politically committed writer, Kadare is now recognized for his main commitment, i.e. literature, which makes him prominent among his European famous counterparts.
Ilir YZEIRI, “Ismail Kadare and Albanian literary tradition” How does Kadare’s work relate to Albanian literary tradition? In order to understand this better, we have to know that the Communist dictatorship adopted a class-based differentiation vis-à-vis Albanian literary tradition. The works of some of the most eminent authors of the Renaissance and Independence periods, such as Fishta, Konica, or Koliqi, were removed from circulation altogether and were erased from collective memory. This paper shows how Kadare established relations with and revived this forbidden tradition. On the other hand, through his work, Kadare established another tradition, different from the tradition of socialist realism. He did so by paying a high price, several times. Almost all his works were removed from circulation and were reprinted. Paradoxically, Kadare denies Albanian literary tradition, more specifically the tradition of socialist realism, and establishes a tradition of his own, bearing his name and talent. Alexandre ZOTOS, “From Kadare the writer to his character and back again” The following view relies mainly upon a reading of Ismail Kadaré’s autobiographical work Le poids de la croix. One is somehow surprised, in spite of the complaining tone of this title, to find scarcely any trace of a real « tax », as he says, which he had to pay, not even an allusion to some article or speech, should it concern a mere literary question, and not a political one. The comment about his novel L’hiver de la grande solitude, first announced as a debt he was required to pay for not praising the Party and its chief enough until then, appears to be, in fact, a « pro domo » speech. Besides, it seems that the true national dimension he effectively acquired with his previous works (mainly in poetry) and which was confirmed with this fresco gave him a prestige which would put a limit to the attacks he suffered from a regime well known as a form of national-communism.
SOMMAIRE
AVANT-PROPOS, par Ariane Eissen et Véronique Gély : « L’ombre, la lisière, la reprise »
La ville de pierre : entre la nation et le monde
— Ardian Marashi : « Gjirokastra, un pays fertile en mythes de pierre » — Gilles de Rapper : « Ismail Kadaré et l’ethnologie albanaise de la seconde moitié du XXe siècle » — Anne-Marie Autissier : « Ismail Kadaré, analyste de la société communiste albanaise » — Ketrin Leka : « Kadaré et Kafka » — Alketa Spahiu : « Les figures féminines chez Ismail Kadaré (Dans les romans épiques et les romans de la période impériale) » — Ilir Yzeiri : « Ismail Kadaré et la tradition littéraire albanaise » — Ornela Todorushi : « Politique de Kadaré: l'écrivain et sa reconnaissance européenne »
Le poids de la croix : une dissidence intérieure ?
— Alexandre Zotos : « De l’écrivain Kadaré au personnage Kadaré et retour » — Jean-Paul Champseix : « Zeus, référence du totalitarisme chez Kadaré » — Dashnor Kokonozi : « L’embrassade avec les dents » — Vasil Qesari : « Le phénomène Ismail Kadaré dans la société albanaise des années ’70 » — John Cox : « Entre l’universel et l’unique : modes et thèmes dans l’évolution de l’expression du stalinisme historique chez Kadaré» — Peter Morgan: « Sacrifice, modernité et perte dans Le Pont aux trois arches de Kadaré » — Catherine Coquio : « Kadaré ou le grand survivant. Poétique et politique de l’autocensure. »
L’atelier de l’écrivain
— Bruno Clément : « Réécrire » — Ariane Eissen : « Les Prométhée de Kadaré : enjeux de la réécriture » — Pierre-Yves Boissau : « Kadaré et les tragiques grecs : roman, tragédie et guerre des textes » — Sandrine Cambou : « Paysages dans le brouillard : Le Dossier H. d’Ismail Kadaré » — Ledia Dema : « Sur quelques spécificités de la narration dans l’œuvre d’Ismail Kadaré » — Tomorr Plangarica : « Le temps du discours, le discours sur le temps et la temporalité dans La Pyramide d’Ismail Kadaré »
"« Sur le monde je porterai le regard clair prêté par l'aigle à Ganymède », écrivait Jean Genet d... more "« Sur le monde je porterai le regard clair prêté par l'aigle à Ganymède », écrivait Jean Genet dans le Journal du voleur. Énigmatique et silencieux, arraché à la terre par l'aigle de Jupiter, le jeune Troyen devint l'échanson des dieux, immortalisé dans la constellation du Verseau. Avant que la critique contemporaine fasse de lui un emblème de l'homosexualité, Ganymède a inspiré autant les arts figurés (Botticelli, Le Corrège, Michel-Ange, Rubens, Rembrandt, Flatters, Thorvaldsen, Pallez, Turcan…) que, depuis les épisodes homérique et ovidien, une riche littérature : on le retrouve en particulier dans l'oeuvre de Dante, de Góngora, de Du Bellay, dans le théâtre de Marlowe et de Shakespeare, à l'âge romantique dans le poème de Goethe devenu lieder de Schubert et de Wolf, dans les poésies de Hölderlin, de Lamartine et de Musset, au siècle suivant dans les oeuvres de Jacques d'Adelswärd-Fersen, de Forster, de Thomas Mann… Ganymède illustre la beauté du corps masculin et son érotisme, mais aussi une idée de la jeunesse éternelle ; son rapt peut être une image du sublime, et, par sa fonction d'échanson divin, il incarne une certaine conception de l'inspiration et de l'enthousiasme poétiques dont on trouve un pendant dans les poésies arabe et persane. Les études ici réunies se proposent, dans une perspective comparatiste et pluridisciplinaire, de découvrir les énigmes et les enjeux de ce mythe étonnamment moderne.
Sommaire
— Introduction (Véronique GELY)
— « Ganymède dans la poésie grecque : une histoire sans paroles » (Danièle AUGER)
— « L'immortalité par défaut, ou l'impossible statut de Ganymède » (Charles DELATTRE)
— « L'enlèvement de Ganymède dans les Métamorphoses d'Ovide : mythe érotique, mythe politique (Anne VIDEAU)
— « Quelques interprétations antiques et médiévales du mythe de Ganymède » (Étienne WOLFF)
— « Figures de l'échanson (sâqî) dans la littérature arabe médiévale » (Abdallah CHEIKH-MOUSSA)
— « La figure de l'échanson dans l'oeuvre de hâfez de Chirâz » (Leili Anvar)
— « Portrait de Ganymède en poète, dans le Purgatorio de Dante et les Soledades de Góngora » (Anne TEULADE)
— « Le mythe de Ganymède chez Dante et son illustration par Botticelli, Blake et Doré » (Clélia ANFRAY)
— « Le chien de Ganymède : contrepoint au sublime ? » (Frédérique VILLEMUR)
— « Mythe et drame personnel : le Rapt de Ganymède de Rembrandt » (Patrick ABSALON)
— « Le Ganymède de Goethe ou L'exaltation de l'immanence » (René-Marc PILLE)
— « Schubert et Wolf face au Ganymede de Goethe » (Emmanuel REIBEL)
— « De l'échanson au rapt : la représentation de Ganymède dans la sculpture du XIXe siècle » (Guillaume PEIGNE)
— « Le Ganymède incertain d'un militant homosexuel de la première heure : Jacques d'Adelswärd-Fersen et la référence à Ganymède » (Patricia MARCOZ)
— « Ganymède e(s)t le garde-chasse : « une façon de parler » dans Maurice de Forster » (Yves CLAVARON)
— « Variations sur le mythe de Ganymède dans Mort à Venise de Thomas Mann et Luchino Visconti » (Johana RAJKUMAR)
— « Les références à Ganymède dans le Journal du voleur de Jean Genet » (Marcelo SALINAS)
— « L'enlèvement de Ganymède revisité par le patriotisme mexicain ? » (Liliane PICCIOLA)"
"This book deals with the poetics of the myth of Psyche, and is concerned in particular with its ... more "This book deals with the poetics of the myth of Psyche, and is concerned in particular with its invention (in both senses of the word). It demonstrates, against the grain of standard interpretations, that what we now call the myth of Psyche was “invented” — and recognised as such — from the moment it was appropriated by christendom, and that it developed, in the early modern period, within the context of a reflexion on the powers and the dangers of allegory and fiction. The book examines as well the “invention”, in the rhetorical sense, of the myth. It first relates the fabula, which is at the heart of Apuleius’s Metamorphoses, to a network of figurative representations, lyrical metaphors and philosophical allegories that deal with the nature of psukhê, with its links with eros, from the first Homeric poems through classical tragedy to the first centuries of christianity. The book then establishes a distinction between allegorical reading and allegorical writing. It thus shows that Apuleius’s fabula was read along later allegorical fables taken from Martianus Capella, from Fulgentius and from Boccacio — theatrical works, heroic or mystical poetry, in Italy, in France, in Spain, in England, in Germany. Courtly society therefore focused on a topic that could be adapted to the staging of crucial religious debates within the context of the Counter-Reformation, to the investigation of the modes of gallantry, of civility and of the relations between men and women. This book further reflects on the notions of genre and on the forms of the tale that surround Apuleius’s fabula, and it shows, finally, that the questioning of allegory moved the interrogation on senses and sensuality from the field of ethics and theology to aesthetics. The impossibility for Psyche to see the forma of the god gave rise, in European literatures, to a meditation on beauty and its pleasures.
"La Fable de Psyché", écrivait Charles Perrault dans les dernières années du XVIIe siècle, "est une fiction toute pure et un conte de vieille": contre l'opinion établie, il récusait la valeur allégorique du récit légué par Apulée et modernisé par La Fontaine. Ce statut nouveau permettait à Psyché d'entrer dans la mythologie commune, qui l'avait longtemps tenue à l'écart. Tout comme les errances et la quête de Psyché elle-même, la compétition entre allégorie et fiction, termes clés de l'herméneutique et de l'esthétique classiques, avait pour enjeux la vérité et la beauté.
Cet ouvrage s'attache d'abord à réhabiliter les allégories de Psyché, en montrant leur richesse et leur capacité d'invention poétique depuis l'Antiquité jusqu'à la Contre-Réforme, qui a vu Psyché triompher comme fable chrétienne dans la poésie et sur les théâtres européens. Il montre ensuite comment la contestation de l'allégorie a déplacé — du champ de la morale et de la théologie vers celui de l'esthétique — la mise en cause des sens et de la sensualité: l'interdit qui empêche Psyché de voir la forma du dieu est devenu dans les littératures européennes le lieu d'une réflexion sur les formes et les genres de ces mêmes littératures."
"This book traces the history of the mythologies of Echo and of the echo, from their starting poi... more "This book traces the history of the mythologies of Echo and of the echo, from their starting point in two ancient tales (Ovid, Longus) up to novels by E.M. Forster, Thomas Mann and Christoph Ransmayr, stressing their importance for baroque aesthetics (Sor Juana Iñes de la Cruz, Calderón) and for romanticism (Wordsworth, Keats, Brentano, Hofffmann). It shows how the dialogue with the echo, from Aristophanes’ comedies to Renaissance pastorals and later to modern theater, creates a space for authorial voice. As a feminine figure of desire, Echo becomes the « tenth Muse » for Humanists, and opens up the possibility of representing poetic or musical creation as a creative victory over constraint. In the most recent fictions, the echo also functions to figure anxiety and loss. Above all, confronted to Narcissus in Ovid’s Metamorphoses or to the god Pan in Longus’ Pastorals, Echo offers the lyrical poet a model of discovery of the other in the self and of care for the « song of the world », thus raising the question of the self’s identity. Ultimately, the book thus concludes with a fragmentary portrait of the poet as Echo : from Petrarch to Victor Hugo, Ronsard to Guillaume Apollinaire, Gaspara Stampa to Marceline Desbordes-Valmore, the lyrical subject, beyond gendered differences, tends to define (him)herself as a « sound echo ».
"Qui me parle, à ma place même?"
À la question posée par la Pythie de Paul Valéry, Echo — à la fois répétition et différence — offre une réponse: double inversé de Narcisse dans les Métamorphoses d'Ovide, mais aussi compagne du dieu Pan dans les Pastorales de Longus, elle propose en effet au poète obsédé par sa propre image l'alternative d'une découverte de l'autre en soi et de l'ouverture au chant du monde. Figure féminine du désir, de l'attente et de l'absence à soi, parole et corps entravés qui transcendent la torture pour libérer le sens et la beauté du son, celle que les humanistes appelaient "la dixième Muse" incarne la poésie comme nostalgie de la voix, nostalgie de l'instant, nostalgie du moi.
Cet essai retrace l'histoire des mythologies d'Echo et de l'écho, des deux fables antiques (Ovide, Longus) jusqu'à celles d'E. M. Forster, de Thomas Mann, de Christoph Ransmayr, en soulignat son importance dans l'esthétique baroque (Sor Juana Ines de la Cruz, Calderon …) et romantique (Wordsworth, Keats, Brentano, Hoffmann…. Il montre ensuite comment le dialogue avec l'écho, de la comédie d'Aristophane aux pastorales de la Renaissance puis au théâtre moderne, permet de donner un lieu à la voix auctoriale. Ce livre esquisse pour finir des fragments d'un portrait du poète en Echo: de Pétrarque à Victor Hugo, de Ronsard à Guillaume Apollinaire, de Gaspara Stampa à Marceline Desbordes-Valmore, le sujet lyrique tend à se définir comme un "écho sonore"."
Gély Véronique. Eros et Antéros : conversions de la Fable dans l'Europe baroque. In: Littérat... more Gély Véronique. Eros et Antéros : conversions de la Fable dans l'Europe baroque. In: Littératures classiques, n°36, printemps 1999. Le baroque en question(s) pp. 127-139
HAL (Le Centre pour la Communication Scientifique Directe), 2006
Page 1. PHILOME Figures du rossigno dans la tradition littéraire et artistique sous la direction ... more Page 1. PHILOME Figures du rossigno dans la tradition littéraire et artistique sous la direction de Véronique Gély Jean-Louis Haquette et Anne Tomiche Presses Universit Université Biaise-Pascal ;JaJ3iî-?a3saJ Page 2. Page 3. 1 Page 4. ...
L’histoire litteraire traite la plupart du temps la question du roman de l’artiste en considerant... more L’histoire litteraire traite la plupart du temps la question du roman de l’artiste en considerant qu’il va de soi que l’artiste est un homme. Pourtant, les personnages de femmes artistes sont frequents dans les romans des deux derniers siecles, et particulierement dans ceux que des femmes ont ecrits. L’Atelier d’un peintre de Marceline Desbordes-Valmore pose explicitement la question du genre feminin de l’auteur et de celui du personnage de femme-peintre, en mettant en abyme et en desequilibre les themes et la structure du Kunstlerroman. On peut y reconnaitre non un « female Kuntslerroman » ou le feminin serait essentialise, mais une autre proposition de representation du statut de l’artiste, homme et femme, dans le contexte d’une mutation de l’ordre politique et social.
Entre la vie et la mort, entre masculin et feminin, Psyche est comme une metamorphose de Pandore.... more Entre la vie et la mort, entre masculin et feminin, Psyche est comme une metamorphose de Pandore. Du conte de fees au recit heroique, au recit ou au drame pastoral, a l'autosacramental, elle a ete interpretee comme une allegorie de la sensualite, curiosite ou du courage feminin. Mythe de l'image, elle est le miroir de la fiction litteraire ou artistique.
Myth and subversion in the contemporary novel, 2012, ISBN 978-1-4438-3746-0, págs. 159-172, 2012
"Is our new millennium exploring with a fresh eye both the concepts of the novel and of myth... more "Is our new millennium exploring with a fresh eye both the concepts of the novel and of myth? Is this being done by way of subversion or by way of invention? In order to answer, I shall choose a text whose contemporary nature is indisputable, since its first edition dates from 2003, but whose relation to the notions of myth and of the novel presents a more problematic aspect: the recent book of the South African author, Nobel Prize Winner in Literature, J.M. Coetzee, entitled Elizabeth Costello, with a subtitle, “Eight Lessons”. […] Confronted with certain fictions which may be viewed as formidable machines which create and impose myths, Coetzee’s novel – displaying an extreme degree of self-consciousness, of reflexivity and of invention – though by different means, answers Calvino who, in the final lines of his own lessons, wished for “a work conceived from outside the self, a work that would let us escape the limited perspective of the individual ego, not only to enter into selves like our own but to give speech to that which has no language, to the bird perching on the edge of the gutter, to the tree in spring and the tree in fall, to stone, to cement, to plastic”. […] 1. From the lesson to the novel 2. “Myth-making” and desecration 3. Deconstruction and revision 4. The invention of a new myth: writing as maternity"
The crisis of humanism, postcolonial studies, and gender studies have converged to deconstruct th... more The crisis of humanism, postcolonial studies, and gender studies have converged to deconstruct the incomparable exemplarity of the ancient Greek and Latin authors and the idea that Europe or the Western world were their privileged heirs. By de-familiarizing and de-territorializing them, they raised them to the status of textbook cases for the epistemology of comparative studies. They invite us to rethink the value of universality, which was previously associated with myths and the classics, suggesting a grounding of comparative literature in the notion of distribution, in both senses of dividing and sharing.
La Revue de litterature comparee en 1921 reflete la difficile entree des femmes dans le champ lit... more La Revue de litterature comparee en 1921 reflete la difficile entree des femmes dans le champ litteraire, aussi bien comme objets que comme sujets d’etude et d’analyse. Mecenes, etudiantes et chercheuses, les ecrivaines sont peu visibles dans les titres des differentes rubriques. Elles sont toutefois bien presentes. La RLC mentionne et commente les travaux de chercheuses qui sont parfois citees comme des autorites. Le phenomene le plus marquant est la reference constante faite a « Madame de Stael », veritable « mere fondatrice » de la litterature comparee.
Gély Véronique. Eros et Antéros : conversions de la Fable dans l'Europe baroque. In: Littérat... more Gély Véronique. Eros et Antéros : conversions de la Fable dans l'Europe baroque. In: Littératures classiques, n°36, printemps 1999. Le baroque en question(s) pp. 127-139
Vidéos du colloque international organisé par Didier Alexandre, Milad Doueihi et Véronique Gély (... more Vidéos du colloque international organisé par Didier Alexandre, Milad Doueihi et Véronique Gély (Labex OBVIL, Bibliothèque nationale de France et chaire thématique HumaNum, 30 septembre 1er et 2 octobre 2015).
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Books by Veronique GELY
Les enjeux esthétiques de la réappropriation de ces mythes et figures de l’Antiquité gréco-romaine ne peuvent être pleinement mesurés que si sont prises en compte les implications idéologiques et philosophiques de ce même phénomène. La Grèce dans l’Allemagne nazie, Rome dans l’Italie fasciste, le « mythe » et le « sacré » dans la pensée de leurs théoriciens ne revêtent évidemment pas les mêmes significations que pour des défenseurs de l’humanisme et de la démocratie. Et on ne peut plus parler de la même façon de Dionysos, d’Apollon et d’Œdipe après Nietzsche et Freud.
Quelles idées de l’homme, de la cité et de l’art sont en cause et en jeu lorsque des « modernes » reviennent à la matière des mythes antiques ou utilisent des figures de l’Antiquité gréco-romaine ?
Sommaire
Introduction
Véronique Gély et Anne Tomiche
S’approprier l’Antiquité gréco-romaine dans l’Europe de la première moitié du xxe siècle
Mythe antique et action politique dans le champ littéraire français des années 1930
Guillaume Bridet
Rome 1937 : autour de la « Mostra augustea della romanità »
Anne-Rachel Hermetet
Mythologie et idéologie : l’Atlantide et l’Homme nouveau dans la littérature européenne de l’entre-deux-guerres
Chantal Foucrier
Référence à l’Antiquité et modernité dans la Grèce de l’entre-deux-guerres
Lucile Arnoux-Farnoux
Figures et mythes de l’Antiquité gréco-romaine à l’Époque moderne
Le retour de Dionysos
Massimo Fusillo
Méditations sur le rivage : Socrate au prisme des Modernes (Thomas Mann, Paul Valéry, Eugenio Montale)
Edoardo Costadura
Un mythe et deux façons de le (r)écrire : Prométhée dans deux textes de Franz Kafka (1918 et 1920)
Ute Heidmann
Ovide chez les modernes
Anne Tomiche
Antigone entre Anouilh et Brecht
Daniel Mortier
« Ulysse : Socrate, Jésus, Shakespeare. » Comment lire les schémas Linati et Gorman de Joyce ?
Sophie Rabau
Le rideau déchiré de l’épopée dans Naissance de l’Odyssée de Jean Giono
Sylvie Ballestra-Puech
« Au-delà du soleil. » Sur El Inmortal de Jorge Luis Borges (L’Aleph, 1949)
Évanghélia Stead
Aux antipodes de Joyce
Jean-Louis Backès
De quelques œuvres de la Modernité
et de leur recours à l’Antiquité gréco-romaine
La danse grecque antique de Nietzsche à Maurice Emmanuel
Christophe Corbier
Les opéras mythologiques de Richard Strauss : un nœud de la modernité
Timothée Picard
Le mythe de Pan dans l’œuvre d’E.M. Forster
Yves Clavaron
Ulysse chez les Cinémaleptes. Thibaudet et la vocation du cinéma
Christophe Pradeau
Georges Bataille et les mythes, une rêverie souterraine
Juliette Feyel
L’« échec » du Tentateur, ou Broch en nouveau Virgile ?
Vincent Ferré
D’Icare à Jacob : quelques considérations à partir du cas de Claude Vigée
Sylvie Parizet
Mythologie et modernisme dans Le Monstre d’Ismail Kadaré
Ariane Eissen
Euripide au Moyen-Orient : une mission de bons offices. Lecture des Femmes de Troie (1984) d’Hanokh Levin
Philippe Zard
Plusieurs publications récentes ont été consacrées à la postérité d'Apulée et à celle de ce récit, les unes dans le domaine de l'histoire de l'art, les autres dans celui de la littérature. La présentation au château d'Azay-le-Rideau, en 2009, d'une exposition originale centrée sur les interprétations de la fable de Psyché dans l'art français à partir de la Renaissance a été l'occasion de confronter ces travaux et d'offrir à la recherche des perspectives nouvelles.
Ce volume, tout en ouvrant sur le devenir du thème jusqu'à l'époque contemporaine, se consacre donc à l'étude d'un processus exemplaire de l'humanisme renaissant : celui par lequel les temps modernes s'approprient un texte antique mal connu pendant le Moyen Âge. La fable de Psyché, contemporaine de la christianisation de l'Empire Romain et tôt christianisée elle-même, offrait à la Renaissance une métaphysique platonicienne, une éducation sentimentale, une mise en scène de la curiosité, et une forme narrative propres à nourrir les réflexions nouvelles sur la notion de sujet et sur les pouvoirs de la fiction.
45 illustrations noir/blanc; 50 illustrations couleur
TABLE DES MATIÈRES
Introduction
GÉLY, Véronique : Les Renaissances de Psyché
1. De l’Antiquité à la Renaissance
WOLFF, Etienne : Psyché d’Apulée à Boccace
TATEO, Francesco : Anima e animus: dalla Psyche di Boccaccio all’etica del Rinascimento
COPPINI, Donatella : Amore e Psiche: presenze umanistiche
MCDONALD, Grantley : Riding Apuleius’ Ass: Transformation, Folly and Wisdom in Ficino, Celtis, Erasmus, Agrippa, and Sebastian Franck
ESCOBAR BORREGO, Francisco Javier : Nuevos datos sobre la versión del Asno de oro,
de Diego López de Cortegana: bases para una edición critiqua
CARBONE, Raffaele : La curiosité et le droit à la connaissance : Hans Blumenberg et Giordano Bruno
BOURY, Joke : Hypnerotomachia Poliphili or Lucius’s Strife of Love in a Dream?
FABRIZIO-COSTA, Silvia : L’histoire d’Apulée dans L’eremita, la carcere e il diporto
de Niccolò Granucci (1569)
CAVICCHI, Camilla : D’alcune musiche sul tema d’Amore e Psiche nel Cinquecento
NASSIEU-MAUPAS, Audrey : Les tentures parisiennes de l’Histoire de Psyché au XVIe siècle
BELIME-DROGUET, Magali : Les amours de Psyché et Cupidon au château d'Ancy-le-Franc
2. De la Renaissance à la Modernité
CAVICCHIOLI, Sonia : Favola e allegoria negli affreschi del Cigoli per Scipione Borghese (1611-1613)
HEIDMANN, Ute : Le double trompe-l’œil de la fabella de Psyché : du Maître au Dé aux contes de Perrault
VITTET, Jean : La tenture de L'histoire de Psyché dans les collections aristocratiques françaises au XVIIe siècle
VASSILIEVA-CODOGNET, Olga : Psyché à la croisée des chemins : la fable d’Apulée à la source de l’emblématique sacrée
TADIÉ, Alexis : De Heywood à Keats : Y a-t-il une Psyché anglaise ?
GRIVEL, Ian : Le voyage théâtral de la Psyché-Colombine
GRIL-MARIOTTE, Aziza : Le mythe de Psyché dans les arts décoratifs au XIXe siècle entre décoration et narration
DE PALACIO, Jean : Présence, absence et transposition de Psyché dans deux romans austro-hongrois de l’entre-deux-guerres
Index
La crise de l’humanisme, les études postcoloniales et les études de genre ont convergé pour déconstruire l’« incomparable » exemplarité des Anciens grecs et latins, et l’idée que l’Europe ou l’Occident seraient leurs héritiers privilégiés. En les défamiliarisant et en les déterritorialisant, elles ont fait d’eux des cas d’école pour l’épistémologie du comparatisme. Elles conduisent à repenser la valeur d’universalité auparavant associée aux « mythes » et aux « classiques », et à proposer de fonder le comparatisme sur la notion de partage, dans ses deux acceptions : séparation et répartition.
("Véronique Gély, Introduction : "Parages de l'Antiquité: un paradigme pour le comparatisme" / "Sharing Antiquity : A Paradigm for Comparative Literature" (in French), RLC 344, no 4, october-december 2012, p. 387-395.)
Ce volume réunit des études sur le rôle fécondant que la Bible a joué en littérature. Il s'agit d'analyser le traitement qu'un auteur fait d'une figure ou d'un épisode biblique, ou de s'interroger sur la présence de la Bible dans l'imaginaire d'un écrivain, d'un mouvement ou d'une époque.
Etudes réunies et présentées par Véronique Gély
Nîmes, Lucie éditions, « Poétiques comparatistes » (SFLC)
L’enfance n’est pas seulement un thème de la littérature, ni un âge où l’on est invité à lire. Son étude est liée aux investigations sur la fiction, et elle est devenue, dans la pensée contemporaine, un concept essentiel pour penser l’idée même de littérature.
Trop rares demeurent toutefois les travaux de recherche qui envisagent les liens entre enfance et littérature dans la perspective comparatiste, interdisciplinaire et diachronique qui permet de relier la littérature pour l’enfance et la littérature sur l’enfance.
Ce volume voudrait inviter à leur développement, en présentant des contributions de spécialistes des représentations de l’enfance, du récit d’enfance, de la littérature et de l’édition pour la jeunesse et des pratiques de lecture des enfants, et en proposant un bilan de la critique récente.
SOMMAIRE
INTRODUCTION
• Enfance et littérature : pour une recherche interdisciplinaire et comparatiste
Véronique GELY
EDUQUER L’ENFANT, INVENTER L’AUTEUR
• De l’infans à l’enfant : Rabelais et Montaigne pédagogues
Jean-Pierre VAN ELSLANDE
• Fragments pour une éducation globale de l’enfant : la Levana de Jean-Paul
Alain MONTANDON
• Rimbambire : l’origine de l’auteur dans la Vita d’Alfieri
Karen HADDAD
ENFANT TÉMOIN, ENFANT POÈTE
• La « langue des enfants ». Poétiques de l’enfance et utopies linguistiques après la Shoah (G. A. Goldschmidt, A. Appelfeld)
Catherine COQUIO
LECTURES POUR L’ENFANT, LECTURES DE L’ENFANT
• La littérature de jeunesse, ou : de la littérature qui voulait se faire plus grande que ses petits lecteurs
Nathalie PRINCE
• La maison Mame à Tours (1796-1975) : comment faire l’histoire d’un éditeur catholique pour la jeunesse
Cécile BOULAIRE
• Paysages de lectures en adolescence
Christine DETREZ
BILAN CRITIQUE
• Enfance et littérature : bilan critique établi par Alice PFISTER
PRESENTATION DES AUTEURS
Anne-Marie AUTISSIER, “ Ismail Kadare as a perceptive observer of Albanian society” According to Raymonde Moulin (1999), artists appear to be « spontaneous sociologists ». This assertion is confirmed when reading those of Ismail Kadare’s works written during the Communist period. From his first novels – among which The General of the Dead Army (1963) - up to The Palace of Dreams (1981), including The Great Winter (1977), most characters experience a burdensome alienation, within their work as well as within their private lifes. As a metaphor of this uneasiness, characters hide from sunlight and shelter in closed and dark or hazy refuges, which allow them to escape unbearable realities, as in The General of the Dead Army. Only motherhood seems to be able to bring them back a sense of their dignity as leaders of their own lifes. Furthermore, it is interesting to wonder whether Kadare’s novels express what Bernard Stiegler (2004 – 2005) would call desindividuation - what he describes as symbolic poverty - in our current world. Long after Albanian jails have been opened, Kadare’s novels keep alerting us to our dangerous illusions about bringing intangible Reality under control with blinded and overproduction rationality.
Pierre-Yves Boissau, “Kadare and Greek tragic authors : novel, tragedy and texts in conflict”
Our analysis is based on a parallel which may be drawn between The General of the Dead Army by Ismail Kadare and Euripides' Alcestis. The main theme of this work is the descent into Hell (in a broad sense) as a scheme which allows for the emerging of the hero, more specifically the tragic hero. We aim at showing that once again Kadare's style should be understood as an effort to correct a foreign work. Here the correction is about the very nature of tragedy: the optimism typical of Greek tragedy fades away in favour of the true tragedy of Albanian novels.
Sandrine CAMBOU, “Landscapes in the fog: Ismail Kadare’s File on H”
In the novel called Le Dossier H. (The H. file), Ismail Kadare shows two Harvard students, specialists of Homer (to whom the "H" of the title refers), going to the North of Albania, next to the mysterious and misty mountains "Cimes maudites", in order to penetrate the secret of epic creation. They discover a dual Albania : on one side, the sublime world of rhapsodes and mountain dwellers and, on the other side, the grotesque universe of spies and city dwellers. The description of King Zog's reign, in the 1930s, is a veiled criticism of Enver Hoxha's regime. But not only that : in Le Dossier H., partly tale, partly thriller, Ismail Kadare rewrites the famous episode of the Odyssey nekyia, the evocation of the dead, in a most original way. He also contributes to the elaboration of a literary myth, that of Homer.
Jean-Paul Champseix, “Zeus, a reference to totalitarianism in Kadare’s work”
Mythology occupies a pivotaI place in Kadare’s works. Zeus incarnates totalitarianism, and the leader, Enver Hoxha, is compared to the king of Olympus. He has absolute power, he uses doubles, he fears his wife Nexhmije-Hera, he is haunted by conspiracy and he wishes to destroy humankind. Kadare tries, in The Great Winter, as Aeschylus did in the Eumenides and Prometheus, to civilize the tyrant. Relations between Albania and China deteriorate. Kadare describes the dictator as an intellectual and romantic character, an outsider in the Soviet world. The writer hopes that Hoxha, at last, will become reconciled with Europe. This strange project falls through. Kadare is accused of compromising with the dictatorship… but, in 1982, this stalinist regime denounces him as an “enemy”…
Bruno Clement, “Rewriting”
This paper is a reading of Le Grand Hiver, which Kadare himself presents as a re-writing of L’Hiver de la grande solitude. It tries to compare, as closely as possible, some excerpts from the two versions of the novel, and finally expresses the hypothesis that the version supposed to be the previous one must probably be considered as the second one. The paper is nothing else than a theoretical thought about the practice of rewriting.
Catherine Coquio, “Kadare the Great Survivor. Poetics and politics of self-censorship”
In this text the work of Kadare is read in light of three different writers who explore the survival of literature under totalitarian regimes (George Orwell) and the human and literary effects of self-censorship (Leo Strauss, Danilo Kiš). Kadare’s “miracle” is distinguished from the “miracle” which L. Strauss uses to speak of, the “oblique way” of literatures written under persecution: this model of a writing “between the lines” could only survive through a mutation in the context of Hoxha’s regime and of Albanian society. In Kadare’s work, the negotiation takes the form of a duel with the tyrant, which is conveyed in an atmosphere of fear transposed into the ambivalent universe of myth. The author has constructed a personal and national “destiny” from the totalitarian “Fatum” by creating a Promethean mythomania and a nationalist kitsch, which are the unfortunate consequences of the dangerous game of self-censorship: the resulting poetics carry the seal of a “shame” lived as a “catastrophe.” John COX, “Between the Universal and the Unique: modes and themes in the evolution of Kadare’s idiom of his historical Stalinism”
The Albanian intellectual Ismail Kadare has, over the decades, written fiction in a number of modes. Having lived through one of the world's most brutal Stalinist regimes, Kadare has always produced work dealing with power and oppression, but since the fall of communism he has moved ever more boldly towards an accounting of the methods and cost of ideological dictatorship. Kadare's works (such as The Eagle, The Life, Death and Game of Lul Mazrek, and Spiritus) because of their combination of classical themes with the grotesque, achieve unique force among the many international and regional attempts to understand Stalinism through literature.
Ledia Dema, “ Toward some specificities of Ismail Kadare’s Narration”
As one reads Kadare, one is struck by an unusual, surprising phenomenon: breaches and gaps in the narrative, which create a “fragmented chronicle”, italicised passages, or the “words of strangers”, to name but a few of these idiosyncrasies to be found in many of Kadare’s novels. Our goal is to highlight how these textual breaches correspond with an enunciating strategy consisting in manipulations of shifters, in changes of narrators or of perspective, viewpoint and focalisation, in collages and juxtapositions of genres which altogether result in a fragmentation of the enunciating agency. In studying five polyphonic narratives we have endeavoured to explain how the reader constructs meaning in apparently fragmented narratives. Our study also includes an analysis of Kadare’s literary subversion of the doctrine of socialist realism.
Ariane EISSEN, “ What is at stake when Kadare alludes to Prometheus” This paper scrutinizes the appearances of Prometheus throughout the work of Kadare. Roughly speaking, a three-step evolution may be noticed. In the first texts, Prometheus is quite a stereotyped character, who accepts self-sacrifice in order to free mankind, whereas the latest works put the stress upon the necessity of coming to terms with ancient rulers and finding the path for a new political system.The second step is both most personal and complex. Kadare projects himself as a Promethean character, torn apart between compromise and rebellion. On the one hand, he needs to protect himself and be accepted in order to go on writing and publishing ; on the other, he must keep his distance, without which his work would be meaningless. Therefore rewriting the story of Prometheus is not a matter of neo-classicism, but a vital issue with political and ethical implications.
Dashnor KOKONOZI , “The kiss with the teeth”
This article deals with the very complicated relationship that the Albanian writer Ismail Kadare had with the dictatorial regime that ruled Albania in the second half of the last century. Provided with genius, Kadare had to find different forms of concession to express and make known his judgment on the nature of the dictatorship. Of course, he had to do so through parables, topics and metaphors, which were interpreted in various forms. On the one hand, there were non indoctrinated intellectuals, in whom hope for better days was kept alive with the rhythm of Kadare's works. On the other hand, there was the dictatorial regime which took them at face value. But Kadare sometimes failed in his ability to maintain this balance. In many of his books, his ideas became more explicit for the Dictator’s censors, who immediately took reprisals against him, systematically stopping the circulation of his books. In this sense, what to others seemed like a kiss between the writer and the regime was only a double bite, the expression of reciprocal hatred and bad blood.
Ketrin Leka, “Kadare and Kafka”
This study does not aim at showing the totalitarian reality as in Franz Kafka’s novel, The Castle, and the one by Ismail Kadare, The Palace of Dreams, but at scrutinizing the trace of human existence in the twentieth century, in an industrial era when man was trying to frame his life style using science and techniques, totally different from homo faber man. Men of the industrial age were becoming more powerful than those of previous eras. In this study we see that these humans who think they are fulfilling themselves are instead only rendering every aspect of their souls barren.
Ardian Marashi, “Gjirokastra, a country fertile in myths of stone”
In the Kadarean geoliterary space, the hometown of Gjirokastra occupies a modest place, associated essentially with childhood. Kadare speaks directly about his city only in Chronicle in Stone (1970), A Climate of Lunacy (2005) and The Wrong Banquet (2008). Gjirokastra, however, is omnipresent in the symbolic field of the whole work of Kadare. The universe of childhood was transformed over the years into a network of signs of the "gjirokastrien" field, allowing the writer to elaborate a work built on what we call "myths of stone". The work will be made of substantial physical material, it will develop a symbolism of solidity and resistance. Inserting stone into his writing is for Kadare the way to give heaviness to his work, to make it indestructible in time, just like the “city of stone”.
Peter MORGAN , “Albanianism, Allegory and Double Coding in Kadare's The Three-Arched Bridge” The image of Albania in Ismail Kadare's work has aroused considerable controversy, especially in the light of the writer's later claim to have presented an alternative vision of his nation's history to that propagated by the regime. Far from voicing a different view, write some critics, Kadare merely corroborated the regime's presentation of history. In this paper I examine the literary representation of Albanian history in The Three-Arched Bridge. Kadare foregrounds critical themes of modernization and sacrifice in this work set on the eve of the Ottoman conquests in the late 14th century. In suggesting parallels between past and present, he implicitly questions official historiography. Kadare's image of 'eternal Albania' in The Three-Arched Bridge thus represents a finely-tuned dissenting view of Albanian history to that of the regime.
Tomorr PLANGARICA, “Tense in narrative, writing about time and temporality in Ismail Kadare’s Pyramid”
While reading and perceiving Ismail Kadare’s novel The Pyramid, the reader will be able to grasp the message of the novel, through the harmoniously given information on the period when it was written, the time when the events of the novel occur and the time when it is read. By means of this reference process, the reader will be able to associate the pyramid with another mental reality, naturally characterized by the new pyramid-totalitarianism-dictatorship-tyranny relationship. As the relationship established among these elements marks not only a specific period or a time span, but also various periods of time, then the synchronous-asynchronous relationship becomes a main characteristic in organizing the text, giving it the pyramid shape with sequential steps that reveal the typical events of respective times, which are repeated from one period to another.
Vasil QESARI, « Ismail Kadare as a phenomenon in the Albanian society of the seventies »
This paper gives an eyewitness account about Kadare, including memories as one of his students.
Gilles de Rapper, “Ismail Kadare and Albanian ethnology of the second half of the 20th century”
This article explores the complex relationship established between the work of the Albanian writer Ismail Kadare and albanological research. Due to its evocation of events of Albanian history, legends and institutional features of Albanian society, the work of Ismail Kadare draws a picture of Albania which often meets the concerns of Albanology. In that matter, it relies on work conducted by foreign and Albanian scholars from whom the writer draws themes and ideas on the cultural characteristics and history of Albanians. Particularly striking is for example the literary treatment Kadare makes of the customary law of northern Albania (kanun) and of the institution of blood vengeance in the novel Broken April, or the transposition of ballads from popular literature in the novels Doruntine and The three-arched bridge. Moreover, beside his literary production, the writer does not refrain from taking part in discussions related to albanology, in essays or prefaces about folklore (relations between Albanian and Slavic folklore), ancient history (relations between Albania and Greece) or more recent events (Kosovo).
Alketa SPAHIU, “Female figures in Ismail Kadare’s epic novels and novels on the imperial period” The paper brings forth arguments around the feminine characters in Kadare’s work. Despite the masculine discursive tone of most novels, woman remains a haunting presence. More than that, the papers shows how several women characters serve as a principal cause or force to motion, making the narration possible. They also exist between legendary worlds of the past and the distorted appearance of the present, as many Kadare characters do. But his feminine figures often oscillate between motherhood and death spell, portents of ancient tragic fate.
Ornela Todorushi, “Kadare’s politics : the writer and his European recognition”
The paper considers the politics of literature in Ismail Kadare's work and its reception among French critics. The expression politics of literature is not taken here as “political involvement" but rather in Ranciere's meaning : a way to define a distribution of the sensible in his work. Thus, Kadare identifies Albanian literature in a new way (speech vs. noise), giving it back its universality and underlining its membership of the European family. Once considered by critics as a politically committed writer, Kadare is now recognized for his main commitment, i.e. literature, which makes him prominent among his European famous counterparts.
Ilir YZEIRI, “Ismail Kadare and Albanian literary tradition” How does Kadare’s work relate to Albanian literary tradition? In order to understand this better, we have to know that the Communist dictatorship adopted a class-based differentiation vis-à-vis Albanian literary tradition. The works of some of the most eminent authors of the Renaissance and Independence periods, such as Fishta, Konica, or Koliqi, were removed from circulation altogether and were erased from collective memory. This paper shows how Kadare established relations with and revived this forbidden tradition. On the other hand, through his work, Kadare established another tradition, different from the tradition of socialist realism. He did so by paying a high price, several times. Almost all his works were removed from circulation and were reprinted. Paradoxically, Kadare denies Albanian literary tradition, more specifically the tradition of socialist realism, and establishes a tradition of his own, bearing his name and talent.
Alexandre ZOTOS, “From Kadare the writer to his character and back again” The following view relies mainly upon a reading of Ismail Kadaré’s autobiographical work Le poids de la croix. One is somehow surprised, in spite of the complaining tone of this title, to find scarcely any trace of a real « tax », as he says, which he had to pay, not even an allusion to some article or speech, should it concern a mere literary question, and not a political one. The comment about his novel L’hiver de la grande solitude, first announced as a debt he was required to pay for not praising the Party and its chief enough until then, appears to be, in fact, a « pro domo » speech. Besides, it seems that the true national dimension he effectively acquired with his previous works (mainly in poetry) and which was confirmed with this fresco gave him a prestige which would put a limit to the attacks he suffered from a regime well known as a form of national-communism.
SOMMAIRE
AVANT-PROPOS, par Ariane Eissen et Véronique Gély : « L’ombre, la lisière, la reprise »
La ville de pierre : entre la nation et le monde
— Ardian Marashi : « Gjirokastra, un pays fertile en mythes de pierre »
— Gilles de Rapper : « Ismail Kadaré et l’ethnologie albanaise de la seconde moitié du XXe siècle »
— Anne-Marie Autissier : « Ismail Kadaré, analyste de la société communiste albanaise »
— Ketrin Leka : « Kadaré et Kafka »
— Alketa Spahiu : « Les figures féminines chez Ismail Kadaré (Dans les romans épiques et les romans de la période impériale) »
— Ilir Yzeiri : « Ismail Kadaré et la tradition littéraire albanaise »
— Ornela Todorushi : « Politique de Kadaré: l'écrivain et sa reconnaissance européenne »
Le poids de la croix : une dissidence intérieure ?
— Alexandre Zotos : « De l’écrivain Kadaré au personnage Kadaré et retour »
— Jean-Paul Champseix : « Zeus, référence du totalitarisme chez Kadaré »
— Dashnor Kokonozi : « L’embrassade avec les dents »
— Vasil Qesari : « Le phénomène Ismail Kadaré dans la société albanaise des années ’70 »
— John Cox : « Entre l’universel et l’unique : modes et thèmes dans l’évolution de l’expression du stalinisme historique chez Kadaré»
— Peter Morgan: « Sacrifice, modernité et perte dans Le Pont aux trois arches de Kadaré »
— Catherine Coquio : « Kadaré ou le grand survivant. Poétique et politique de l’autocensure. »
L’atelier de l’écrivain
— Bruno Clément : « Réécrire »
— Ariane Eissen : « Les Prométhée de Kadaré : enjeux de la réécriture »
— Pierre-Yves Boissau : « Kadaré et les tragiques grecs : roman, tragédie et guerre des textes »
— Sandrine Cambou : « Paysages dans le brouillard : Le Dossier H. d’Ismail Kadaré »
— Ledia Dema : « Sur quelques spécificités de la narration dans l’œuvre d’Ismail Kadaré »
— Tomorr Plangarica : « Le temps du discours, le discours sur le temps et la temporalité dans La Pyramide d’Ismail Kadaré »
BIBLIOGRAPHIE
PRESENTATION DES AUTEURS
Sommaire
— Introduction (Véronique GELY)
— « Ganymède dans la poésie grecque : une histoire sans paroles » (Danièle AUGER)
— « L'immortalité par défaut, ou l'impossible statut de Ganymède » (Charles DELATTRE)
— « L'enlèvement de Ganymède dans les Métamorphoses d'Ovide : mythe érotique, mythe politique (Anne VIDEAU)
— « Quelques interprétations antiques et médiévales du mythe de Ganymède » (Étienne WOLFF)
— « Figures de l'échanson (sâqî) dans la littérature arabe médiévale » (Abdallah CHEIKH-MOUSSA)
— « La figure de l'échanson dans l'oeuvre de hâfez de Chirâz » (Leili Anvar)
— « Portrait de Ganymède en poète, dans le Purgatorio de Dante et les Soledades de Góngora » (Anne TEULADE)
— « Le mythe de Ganymède chez Dante et son illustration par Botticelli, Blake et Doré » (Clélia ANFRAY)
— « Le chien de Ganymède : contrepoint au sublime ? » (Frédérique VILLEMUR)
— « Mythe et drame personnel : le Rapt de Ganymède de Rembrandt » (Patrick ABSALON)
— « Le Ganymède de Goethe ou L'exaltation de l'immanence » (René-Marc PILLE)
— « Schubert et Wolf face au Ganymede de Goethe » (Emmanuel REIBEL)
— « De l'échanson au rapt : la représentation de Ganymède dans la sculpture du XIXe siècle » (Guillaume PEIGNE)
— « Le Ganymède incertain d'un militant homosexuel de la première heure : Jacques d'Adelswärd-Fersen et la référence à Ganymède » (Patricia MARCOZ)
— « Ganymède e(s)t le garde-chasse : « une façon de parler » dans Maurice de Forster » (Yves CLAVARON)
— « Variations sur le mythe de Ganymède dans Mort à Venise de Thomas Mann et Luchino Visconti » (Johana RAJKUMAR)
— « Les références à Ganymède dans le Journal du voleur de Jean Genet » (Marcelo SALINAS)
— « L'enlèvement de Ganymède revisité par le patriotisme mexicain ? » (Liliane PICCIOLA)"
"La Fable de Psyché", écrivait Charles Perrault dans les dernières années du XVIIe siècle, "est une fiction toute pure et un conte de vieille": contre l'opinion établie, il récusait la valeur allégorique du récit légué par Apulée et modernisé par La Fontaine. Ce statut nouveau permettait à Psyché d'entrer dans la mythologie commune, qui l'avait longtemps tenue à l'écart. Tout comme les errances et la quête de Psyché elle-même, la compétition entre allégorie et fiction, termes clés de l'herméneutique et de l'esthétique classiques, avait pour enjeux la vérité et la beauté.
Cet ouvrage s'attache d'abord à réhabiliter les allégories de Psyché, en montrant leur richesse et leur capacité d'invention poétique depuis l'Antiquité jusqu'à la Contre-Réforme, qui a vu Psyché triompher comme fable chrétienne dans la poésie et sur les théâtres européens. Il montre ensuite comment la contestation de l'allégorie a déplacé — du champ de la morale et de la théologie vers celui de l'esthétique — la mise en cause des sens et de la sensualité: l'interdit qui empêche Psyché de voir la forma du dieu est devenu dans les littératures européennes le lieu d'une réflexion sur les formes et les genres de ces mêmes littératures."
"Qui me parle, à ma place même?"
À la question posée par la Pythie de Paul Valéry, Echo — à la fois répétition et différence — offre une réponse: double inversé de Narcisse dans les Métamorphoses d'Ovide, mais aussi compagne du dieu Pan dans les Pastorales de Longus, elle propose en effet au poète obsédé par sa propre image l'alternative d'une découverte de l'autre en soi et de l'ouverture au chant du monde. Figure féminine du désir, de l'attente et de l'absence à soi, parole et corps entravés qui transcendent la torture pour libérer le sens et la beauté du son, celle que les humanistes appelaient "la dixième Muse" incarne la poésie comme nostalgie de la voix, nostalgie de l'instant, nostalgie du moi.
Cet essai retrace l'histoire des mythologies d'Echo et de l'écho, des deux fables antiques (Ovide, Longus) jusqu'à celles d'E. M. Forster, de Thomas Mann, de Christoph Ransmayr, en soulignat son importance dans l'esthétique baroque (Sor Juana Ines de la Cruz, Calderon …) et romantique (Wordsworth, Keats, Brentano, Hoffmann…. Il montre ensuite comment le dialogue avec l'écho, de la comédie d'Aristophane aux pastorales de la Renaissance puis au théâtre moderne, permet de donner un lieu à la voix auctoriale. Ce livre esquisse pour finir des fragments d'un portrait du poète en Echo: de Pétrarque à Victor Hugo, de Ronsard à Guillaume Apollinaire, de Gaspara Stampa à Marceline Desbordes-Valmore, le sujet lyrique tend à se définir comme un "écho sonore"."
Papers by Veronique GELY
Les enjeux esthétiques de la réappropriation de ces mythes et figures de l’Antiquité gréco-romaine ne peuvent être pleinement mesurés que si sont prises en compte les implications idéologiques et philosophiques de ce même phénomène. La Grèce dans l’Allemagne nazie, Rome dans l’Italie fasciste, le « mythe » et le « sacré » dans la pensée de leurs théoriciens ne revêtent évidemment pas les mêmes significations que pour des défenseurs de l’humanisme et de la démocratie. Et on ne peut plus parler de la même façon de Dionysos, d’Apollon et d’Œdipe après Nietzsche et Freud.
Quelles idées de l’homme, de la cité et de l’art sont en cause et en jeu lorsque des « modernes » reviennent à la matière des mythes antiques ou utilisent des figures de l’Antiquité gréco-romaine ?
Sommaire
Introduction
Véronique Gély et Anne Tomiche
S’approprier l’Antiquité gréco-romaine dans l’Europe de la première moitié du xxe siècle
Mythe antique et action politique dans le champ littéraire français des années 1930
Guillaume Bridet
Rome 1937 : autour de la « Mostra augustea della romanità »
Anne-Rachel Hermetet
Mythologie et idéologie : l’Atlantide et l’Homme nouveau dans la littérature européenne de l’entre-deux-guerres
Chantal Foucrier
Référence à l’Antiquité et modernité dans la Grèce de l’entre-deux-guerres
Lucile Arnoux-Farnoux
Figures et mythes de l’Antiquité gréco-romaine à l’Époque moderne
Le retour de Dionysos
Massimo Fusillo
Méditations sur le rivage : Socrate au prisme des Modernes (Thomas Mann, Paul Valéry, Eugenio Montale)
Edoardo Costadura
Un mythe et deux façons de le (r)écrire : Prométhée dans deux textes de Franz Kafka (1918 et 1920)
Ute Heidmann
Ovide chez les modernes
Anne Tomiche
Antigone entre Anouilh et Brecht
Daniel Mortier
« Ulysse : Socrate, Jésus, Shakespeare. » Comment lire les schémas Linati et Gorman de Joyce ?
Sophie Rabau
Le rideau déchiré de l’épopée dans Naissance de l’Odyssée de Jean Giono
Sylvie Ballestra-Puech
« Au-delà du soleil. » Sur El Inmortal de Jorge Luis Borges (L’Aleph, 1949)
Évanghélia Stead
Aux antipodes de Joyce
Jean-Louis Backès
De quelques œuvres de la Modernité
et de leur recours à l’Antiquité gréco-romaine
La danse grecque antique de Nietzsche à Maurice Emmanuel
Christophe Corbier
Les opéras mythologiques de Richard Strauss : un nœud de la modernité
Timothée Picard
Le mythe de Pan dans l’œuvre d’E.M. Forster
Yves Clavaron
Ulysse chez les Cinémaleptes. Thibaudet et la vocation du cinéma
Christophe Pradeau
Georges Bataille et les mythes, une rêverie souterraine
Juliette Feyel
L’« échec » du Tentateur, ou Broch en nouveau Virgile ?
Vincent Ferré
D’Icare à Jacob : quelques considérations à partir du cas de Claude Vigée
Sylvie Parizet
Mythologie et modernisme dans Le Monstre d’Ismail Kadaré
Ariane Eissen
Euripide au Moyen-Orient : une mission de bons offices. Lecture des Femmes de Troie (1984) d’Hanokh Levin
Philippe Zard
Plusieurs publications récentes ont été consacrées à la postérité d'Apulée et à celle de ce récit, les unes dans le domaine de l'histoire de l'art, les autres dans celui de la littérature. La présentation au château d'Azay-le-Rideau, en 2009, d'une exposition originale centrée sur les interprétations de la fable de Psyché dans l'art français à partir de la Renaissance a été l'occasion de confronter ces travaux et d'offrir à la recherche des perspectives nouvelles.
Ce volume, tout en ouvrant sur le devenir du thème jusqu'à l'époque contemporaine, se consacre donc à l'étude d'un processus exemplaire de l'humanisme renaissant : celui par lequel les temps modernes s'approprient un texte antique mal connu pendant le Moyen Âge. La fable de Psyché, contemporaine de la christianisation de l'Empire Romain et tôt christianisée elle-même, offrait à la Renaissance une métaphysique platonicienne, une éducation sentimentale, une mise en scène de la curiosité, et une forme narrative propres à nourrir les réflexions nouvelles sur la notion de sujet et sur les pouvoirs de la fiction.
45 illustrations noir/blanc; 50 illustrations couleur
TABLE DES MATIÈRES
Introduction
GÉLY, Véronique : Les Renaissances de Psyché
1. De l’Antiquité à la Renaissance
WOLFF, Etienne : Psyché d’Apulée à Boccace
TATEO, Francesco : Anima e animus: dalla Psyche di Boccaccio all’etica del Rinascimento
COPPINI, Donatella : Amore e Psiche: presenze umanistiche
MCDONALD, Grantley : Riding Apuleius’ Ass: Transformation, Folly and Wisdom in Ficino, Celtis, Erasmus, Agrippa, and Sebastian Franck
ESCOBAR BORREGO, Francisco Javier : Nuevos datos sobre la versión del Asno de oro,
de Diego López de Cortegana: bases para una edición critiqua
CARBONE, Raffaele : La curiosité et le droit à la connaissance : Hans Blumenberg et Giordano Bruno
BOURY, Joke : Hypnerotomachia Poliphili or Lucius’s Strife of Love in a Dream?
FABRIZIO-COSTA, Silvia : L’histoire d’Apulée dans L’eremita, la carcere e il diporto
de Niccolò Granucci (1569)
CAVICCHI, Camilla : D’alcune musiche sul tema d’Amore e Psiche nel Cinquecento
NASSIEU-MAUPAS, Audrey : Les tentures parisiennes de l’Histoire de Psyché au XVIe siècle
BELIME-DROGUET, Magali : Les amours de Psyché et Cupidon au château d'Ancy-le-Franc
2. De la Renaissance à la Modernité
CAVICCHIOLI, Sonia : Favola e allegoria negli affreschi del Cigoli per Scipione Borghese (1611-1613)
HEIDMANN, Ute : Le double trompe-l’œil de la fabella de Psyché : du Maître au Dé aux contes de Perrault
VITTET, Jean : La tenture de L'histoire de Psyché dans les collections aristocratiques françaises au XVIIe siècle
VASSILIEVA-CODOGNET, Olga : Psyché à la croisée des chemins : la fable d’Apulée à la source de l’emblématique sacrée
TADIÉ, Alexis : De Heywood à Keats : Y a-t-il une Psyché anglaise ?
GRIVEL, Ian : Le voyage théâtral de la Psyché-Colombine
GRIL-MARIOTTE, Aziza : Le mythe de Psyché dans les arts décoratifs au XIXe siècle entre décoration et narration
DE PALACIO, Jean : Présence, absence et transposition de Psyché dans deux romans austro-hongrois de l’entre-deux-guerres
Index
La crise de l’humanisme, les études postcoloniales et les études de genre ont convergé pour déconstruire l’« incomparable » exemplarité des Anciens grecs et latins, et l’idée que l’Europe ou l’Occident seraient leurs héritiers privilégiés. En les défamiliarisant et en les déterritorialisant, elles ont fait d’eux des cas d’école pour l’épistémologie du comparatisme. Elles conduisent à repenser la valeur d’universalité auparavant associée aux « mythes » et aux « classiques », et à proposer de fonder le comparatisme sur la notion de partage, dans ses deux acceptions : séparation et répartition.
("Véronique Gély, Introduction : "Parages de l'Antiquité: un paradigme pour le comparatisme" / "Sharing Antiquity : A Paradigm for Comparative Literature" (in French), RLC 344, no 4, october-december 2012, p. 387-395.)
Ce volume réunit des études sur le rôle fécondant que la Bible a joué en littérature. Il s'agit d'analyser le traitement qu'un auteur fait d'une figure ou d'un épisode biblique, ou de s'interroger sur la présence de la Bible dans l'imaginaire d'un écrivain, d'un mouvement ou d'une époque.
Etudes réunies et présentées par Véronique Gély
Nîmes, Lucie éditions, « Poétiques comparatistes » (SFLC)
L’enfance n’est pas seulement un thème de la littérature, ni un âge où l’on est invité à lire. Son étude est liée aux investigations sur la fiction, et elle est devenue, dans la pensée contemporaine, un concept essentiel pour penser l’idée même de littérature.
Trop rares demeurent toutefois les travaux de recherche qui envisagent les liens entre enfance et littérature dans la perspective comparatiste, interdisciplinaire et diachronique qui permet de relier la littérature pour l’enfance et la littérature sur l’enfance.
Ce volume voudrait inviter à leur développement, en présentant des contributions de spécialistes des représentations de l’enfance, du récit d’enfance, de la littérature et de l’édition pour la jeunesse et des pratiques de lecture des enfants, et en proposant un bilan de la critique récente.
SOMMAIRE
INTRODUCTION
• Enfance et littérature : pour une recherche interdisciplinaire et comparatiste
Véronique GELY
EDUQUER L’ENFANT, INVENTER L’AUTEUR
• De l’infans à l’enfant : Rabelais et Montaigne pédagogues
Jean-Pierre VAN ELSLANDE
• Fragments pour une éducation globale de l’enfant : la Levana de Jean-Paul
Alain MONTANDON
• Rimbambire : l’origine de l’auteur dans la Vita d’Alfieri
Karen HADDAD
ENFANT TÉMOIN, ENFANT POÈTE
• La « langue des enfants ». Poétiques de l’enfance et utopies linguistiques après la Shoah (G. A. Goldschmidt, A. Appelfeld)
Catherine COQUIO
LECTURES POUR L’ENFANT, LECTURES DE L’ENFANT
• La littérature de jeunesse, ou : de la littérature qui voulait se faire plus grande que ses petits lecteurs
Nathalie PRINCE
• La maison Mame à Tours (1796-1975) : comment faire l’histoire d’un éditeur catholique pour la jeunesse
Cécile BOULAIRE
• Paysages de lectures en adolescence
Christine DETREZ
BILAN CRITIQUE
• Enfance et littérature : bilan critique établi par Alice PFISTER
PRESENTATION DES AUTEURS
Anne-Marie AUTISSIER, “ Ismail Kadare as a perceptive observer of Albanian society” According to Raymonde Moulin (1999), artists appear to be « spontaneous sociologists ». This assertion is confirmed when reading those of Ismail Kadare’s works written during the Communist period. From his first novels – among which The General of the Dead Army (1963) - up to The Palace of Dreams (1981), including The Great Winter (1977), most characters experience a burdensome alienation, within their work as well as within their private lifes. As a metaphor of this uneasiness, characters hide from sunlight and shelter in closed and dark or hazy refuges, which allow them to escape unbearable realities, as in The General of the Dead Army. Only motherhood seems to be able to bring them back a sense of their dignity as leaders of their own lifes. Furthermore, it is interesting to wonder whether Kadare’s novels express what Bernard Stiegler (2004 – 2005) would call desindividuation - what he describes as symbolic poverty - in our current world. Long after Albanian jails have been opened, Kadare’s novels keep alerting us to our dangerous illusions about bringing intangible Reality under control with blinded and overproduction rationality.
Pierre-Yves Boissau, “Kadare and Greek tragic authors : novel, tragedy and texts in conflict”
Our analysis is based on a parallel which may be drawn between The General of the Dead Army by Ismail Kadare and Euripides' Alcestis. The main theme of this work is the descent into Hell (in a broad sense) as a scheme which allows for the emerging of the hero, more specifically the tragic hero. We aim at showing that once again Kadare's style should be understood as an effort to correct a foreign work. Here the correction is about the very nature of tragedy: the optimism typical of Greek tragedy fades away in favour of the true tragedy of Albanian novels.
Sandrine CAMBOU, “Landscapes in the fog: Ismail Kadare’s File on H”
In the novel called Le Dossier H. (The H. file), Ismail Kadare shows two Harvard students, specialists of Homer (to whom the "H" of the title refers), going to the North of Albania, next to the mysterious and misty mountains "Cimes maudites", in order to penetrate the secret of epic creation. They discover a dual Albania : on one side, the sublime world of rhapsodes and mountain dwellers and, on the other side, the grotesque universe of spies and city dwellers. The description of King Zog's reign, in the 1930s, is a veiled criticism of Enver Hoxha's regime. But not only that : in Le Dossier H., partly tale, partly thriller, Ismail Kadare rewrites the famous episode of the Odyssey nekyia, the evocation of the dead, in a most original way. He also contributes to the elaboration of a literary myth, that of Homer.
Jean-Paul Champseix, “Zeus, a reference to totalitarianism in Kadare’s work”
Mythology occupies a pivotaI place in Kadare’s works. Zeus incarnates totalitarianism, and the leader, Enver Hoxha, is compared to the king of Olympus. He has absolute power, he uses doubles, he fears his wife Nexhmije-Hera, he is haunted by conspiracy and he wishes to destroy humankind. Kadare tries, in The Great Winter, as Aeschylus did in the Eumenides and Prometheus, to civilize the tyrant. Relations between Albania and China deteriorate. Kadare describes the dictator as an intellectual and romantic character, an outsider in the Soviet world. The writer hopes that Hoxha, at last, will become reconciled with Europe. This strange project falls through. Kadare is accused of compromising with the dictatorship… but, in 1982, this stalinist regime denounces him as an “enemy”…
Bruno Clement, “Rewriting”
This paper is a reading of Le Grand Hiver, which Kadare himself presents as a re-writing of L’Hiver de la grande solitude. It tries to compare, as closely as possible, some excerpts from the two versions of the novel, and finally expresses the hypothesis that the version supposed to be the previous one must probably be considered as the second one. The paper is nothing else than a theoretical thought about the practice of rewriting.
Catherine Coquio, “Kadare the Great Survivor. Poetics and politics of self-censorship”
In this text the work of Kadare is read in light of three different writers who explore the survival of literature under totalitarian regimes (George Orwell) and the human and literary effects of self-censorship (Leo Strauss, Danilo Kiš). Kadare’s “miracle” is distinguished from the “miracle” which L. Strauss uses to speak of, the “oblique way” of literatures written under persecution: this model of a writing “between the lines” could only survive through a mutation in the context of Hoxha’s regime and of Albanian society. In Kadare’s work, the negotiation takes the form of a duel with the tyrant, which is conveyed in an atmosphere of fear transposed into the ambivalent universe of myth. The author has constructed a personal and national “destiny” from the totalitarian “Fatum” by creating a Promethean mythomania and a nationalist kitsch, which are the unfortunate consequences of the dangerous game of self-censorship: the resulting poetics carry the seal of a “shame” lived as a “catastrophe.” John COX, “Between the Universal and the Unique: modes and themes in the evolution of Kadare’s idiom of his historical Stalinism”
The Albanian intellectual Ismail Kadare has, over the decades, written fiction in a number of modes. Having lived through one of the world's most brutal Stalinist regimes, Kadare has always produced work dealing with power and oppression, but since the fall of communism he has moved ever more boldly towards an accounting of the methods and cost of ideological dictatorship. Kadare's works (such as The Eagle, The Life, Death and Game of Lul Mazrek, and Spiritus) because of their combination of classical themes with the grotesque, achieve unique force among the many international and regional attempts to understand Stalinism through literature.
Ledia Dema, “ Toward some specificities of Ismail Kadare’s Narration”
As one reads Kadare, one is struck by an unusual, surprising phenomenon: breaches and gaps in the narrative, which create a “fragmented chronicle”, italicised passages, or the “words of strangers”, to name but a few of these idiosyncrasies to be found in many of Kadare’s novels. Our goal is to highlight how these textual breaches correspond with an enunciating strategy consisting in manipulations of shifters, in changes of narrators or of perspective, viewpoint and focalisation, in collages and juxtapositions of genres which altogether result in a fragmentation of the enunciating agency. In studying five polyphonic narratives we have endeavoured to explain how the reader constructs meaning in apparently fragmented narratives. Our study also includes an analysis of Kadare’s literary subversion of the doctrine of socialist realism.
Ariane EISSEN, “ What is at stake when Kadare alludes to Prometheus” This paper scrutinizes the appearances of Prometheus throughout the work of Kadare. Roughly speaking, a three-step evolution may be noticed. In the first texts, Prometheus is quite a stereotyped character, who accepts self-sacrifice in order to free mankind, whereas the latest works put the stress upon the necessity of coming to terms with ancient rulers and finding the path for a new political system.The second step is both most personal and complex. Kadare projects himself as a Promethean character, torn apart between compromise and rebellion. On the one hand, he needs to protect himself and be accepted in order to go on writing and publishing ; on the other, he must keep his distance, without which his work would be meaningless. Therefore rewriting the story of Prometheus is not a matter of neo-classicism, but a vital issue with political and ethical implications.
Dashnor KOKONOZI , “The kiss with the teeth”
This article deals with the very complicated relationship that the Albanian writer Ismail Kadare had with the dictatorial regime that ruled Albania in the second half of the last century. Provided with genius, Kadare had to find different forms of concession to express and make known his judgment on the nature of the dictatorship. Of course, he had to do so through parables, topics and metaphors, which were interpreted in various forms. On the one hand, there were non indoctrinated intellectuals, in whom hope for better days was kept alive with the rhythm of Kadare's works. On the other hand, there was the dictatorial regime which took them at face value. But Kadare sometimes failed in his ability to maintain this balance. In many of his books, his ideas became more explicit for the Dictator’s censors, who immediately took reprisals against him, systematically stopping the circulation of his books. In this sense, what to others seemed like a kiss between the writer and the regime was only a double bite, the expression of reciprocal hatred and bad blood.
Ketrin Leka, “Kadare and Kafka”
This study does not aim at showing the totalitarian reality as in Franz Kafka’s novel, The Castle, and the one by Ismail Kadare, The Palace of Dreams, but at scrutinizing the trace of human existence in the twentieth century, in an industrial era when man was trying to frame his life style using science and techniques, totally different from homo faber man. Men of the industrial age were becoming more powerful than those of previous eras. In this study we see that these humans who think they are fulfilling themselves are instead only rendering every aspect of their souls barren.
Ardian Marashi, “Gjirokastra, a country fertile in myths of stone”
In the Kadarean geoliterary space, the hometown of Gjirokastra occupies a modest place, associated essentially with childhood. Kadare speaks directly about his city only in Chronicle in Stone (1970), A Climate of Lunacy (2005) and The Wrong Banquet (2008). Gjirokastra, however, is omnipresent in the symbolic field of the whole work of Kadare. The universe of childhood was transformed over the years into a network of signs of the "gjirokastrien" field, allowing the writer to elaborate a work built on what we call "myths of stone". The work will be made of substantial physical material, it will develop a symbolism of solidity and resistance. Inserting stone into his writing is for Kadare the way to give heaviness to his work, to make it indestructible in time, just like the “city of stone”.
Peter MORGAN , “Albanianism, Allegory and Double Coding in Kadare's The Three-Arched Bridge” The image of Albania in Ismail Kadare's work has aroused considerable controversy, especially in the light of the writer's later claim to have presented an alternative vision of his nation's history to that propagated by the regime. Far from voicing a different view, write some critics, Kadare merely corroborated the regime's presentation of history. In this paper I examine the literary representation of Albanian history in The Three-Arched Bridge. Kadare foregrounds critical themes of modernization and sacrifice in this work set on the eve of the Ottoman conquests in the late 14th century. In suggesting parallels between past and present, he implicitly questions official historiography. Kadare's image of 'eternal Albania' in The Three-Arched Bridge thus represents a finely-tuned dissenting view of Albanian history to that of the regime.
Tomorr PLANGARICA, “Tense in narrative, writing about time and temporality in Ismail Kadare’s Pyramid”
While reading and perceiving Ismail Kadare’s novel The Pyramid, the reader will be able to grasp the message of the novel, through the harmoniously given information on the period when it was written, the time when the events of the novel occur and the time when it is read. By means of this reference process, the reader will be able to associate the pyramid with another mental reality, naturally characterized by the new pyramid-totalitarianism-dictatorship-tyranny relationship. As the relationship established among these elements marks not only a specific period or a time span, but also various periods of time, then the synchronous-asynchronous relationship becomes a main characteristic in organizing the text, giving it the pyramid shape with sequential steps that reveal the typical events of respective times, which are repeated from one period to another.
Vasil QESARI, « Ismail Kadare as a phenomenon in the Albanian society of the seventies »
This paper gives an eyewitness account about Kadare, including memories as one of his students.
Gilles de Rapper, “Ismail Kadare and Albanian ethnology of the second half of the 20th century”
This article explores the complex relationship established between the work of the Albanian writer Ismail Kadare and albanological research. Due to its evocation of events of Albanian history, legends and institutional features of Albanian society, the work of Ismail Kadare draws a picture of Albania which often meets the concerns of Albanology. In that matter, it relies on work conducted by foreign and Albanian scholars from whom the writer draws themes and ideas on the cultural characteristics and history of Albanians. Particularly striking is for example the literary treatment Kadare makes of the customary law of northern Albania (kanun) and of the institution of blood vengeance in the novel Broken April, or the transposition of ballads from popular literature in the novels Doruntine and The three-arched bridge. Moreover, beside his literary production, the writer does not refrain from taking part in discussions related to albanology, in essays or prefaces about folklore (relations between Albanian and Slavic folklore), ancient history (relations between Albania and Greece) or more recent events (Kosovo).
Alketa SPAHIU, “Female figures in Ismail Kadare’s epic novels and novels on the imperial period” The paper brings forth arguments around the feminine characters in Kadare’s work. Despite the masculine discursive tone of most novels, woman remains a haunting presence. More than that, the papers shows how several women characters serve as a principal cause or force to motion, making the narration possible. They also exist between legendary worlds of the past and the distorted appearance of the present, as many Kadare characters do. But his feminine figures often oscillate between motherhood and death spell, portents of ancient tragic fate.
Ornela Todorushi, “Kadare’s politics : the writer and his European recognition”
The paper considers the politics of literature in Ismail Kadare's work and its reception among French critics. The expression politics of literature is not taken here as “political involvement" but rather in Ranciere's meaning : a way to define a distribution of the sensible in his work. Thus, Kadare identifies Albanian literature in a new way (speech vs. noise), giving it back its universality and underlining its membership of the European family. Once considered by critics as a politically committed writer, Kadare is now recognized for his main commitment, i.e. literature, which makes him prominent among his European famous counterparts.
Ilir YZEIRI, “Ismail Kadare and Albanian literary tradition” How does Kadare’s work relate to Albanian literary tradition? In order to understand this better, we have to know that the Communist dictatorship adopted a class-based differentiation vis-à-vis Albanian literary tradition. The works of some of the most eminent authors of the Renaissance and Independence periods, such as Fishta, Konica, or Koliqi, were removed from circulation altogether and were erased from collective memory. This paper shows how Kadare established relations with and revived this forbidden tradition. On the other hand, through his work, Kadare established another tradition, different from the tradition of socialist realism. He did so by paying a high price, several times. Almost all his works were removed from circulation and were reprinted. Paradoxically, Kadare denies Albanian literary tradition, more specifically the tradition of socialist realism, and establishes a tradition of his own, bearing his name and talent.
Alexandre ZOTOS, “From Kadare the writer to his character and back again” The following view relies mainly upon a reading of Ismail Kadaré’s autobiographical work Le poids de la croix. One is somehow surprised, in spite of the complaining tone of this title, to find scarcely any trace of a real « tax », as he says, which he had to pay, not even an allusion to some article or speech, should it concern a mere literary question, and not a political one. The comment about his novel L’hiver de la grande solitude, first announced as a debt he was required to pay for not praising the Party and its chief enough until then, appears to be, in fact, a « pro domo » speech. Besides, it seems that the true national dimension he effectively acquired with his previous works (mainly in poetry) and which was confirmed with this fresco gave him a prestige which would put a limit to the attacks he suffered from a regime well known as a form of national-communism.
SOMMAIRE
AVANT-PROPOS, par Ariane Eissen et Véronique Gély : « L’ombre, la lisière, la reprise »
La ville de pierre : entre la nation et le monde
— Ardian Marashi : « Gjirokastra, un pays fertile en mythes de pierre »
— Gilles de Rapper : « Ismail Kadaré et l’ethnologie albanaise de la seconde moitié du XXe siècle »
— Anne-Marie Autissier : « Ismail Kadaré, analyste de la société communiste albanaise »
— Ketrin Leka : « Kadaré et Kafka »
— Alketa Spahiu : « Les figures féminines chez Ismail Kadaré (Dans les romans épiques et les romans de la période impériale) »
— Ilir Yzeiri : « Ismail Kadaré et la tradition littéraire albanaise »
— Ornela Todorushi : « Politique de Kadaré: l'écrivain et sa reconnaissance européenne »
Le poids de la croix : une dissidence intérieure ?
— Alexandre Zotos : « De l’écrivain Kadaré au personnage Kadaré et retour »
— Jean-Paul Champseix : « Zeus, référence du totalitarisme chez Kadaré »
— Dashnor Kokonozi : « L’embrassade avec les dents »
— Vasil Qesari : « Le phénomène Ismail Kadaré dans la société albanaise des années ’70 »
— John Cox : « Entre l’universel et l’unique : modes et thèmes dans l’évolution de l’expression du stalinisme historique chez Kadaré»
— Peter Morgan: « Sacrifice, modernité et perte dans Le Pont aux trois arches de Kadaré »
— Catherine Coquio : « Kadaré ou le grand survivant. Poétique et politique de l’autocensure. »
L’atelier de l’écrivain
— Bruno Clément : « Réécrire »
— Ariane Eissen : « Les Prométhée de Kadaré : enjeux de la réécriture »
— Pierre-Yves Boissau : « Kadaré et les tragiques grecs : roman, tragédie et guerre des textes »
— Sandrine Cambou : « Paysages dans le brouillard : Le Dossier H. d’Ismail Kadaré »
— Ledia Dema : « Sur quelques spécificités de la narration dans l’œuvre d’Ismail Kadaré »
— Tomorr Plangarica : « Le temps du discours, le discours sur le temps et la temporalité dans La Pyramide d’Ismail Kadaré »
BIBLIOGRAPHIE
PRESENTATION DES AUTEURS
Sommaire
— Introduction (Véronique GELY)
— « Ganymède dans la poésie grecque : une histoire sans paroles » (Danièle AUGER)
— « L'immortalité par défaut, ou l'impossible statut de Ganymède » (Charles DELATTRE)
— « L'enlèvement de Ganymède dans les Métamorphoses d'Ovide : mythe érotique, mythe politique (Anne VIDEAU)
— « Quelques interprétations antiques et médiévales du mythe de Ganymède » (Étienne WOLFF)
— « Figures de l'échanson (sâqî) dans la littérature arabe médiévale » (Abdallah CHEIKH-MOUSSA)
— « La figure de l'échanson dans l'oeuvre de hâfez de Chirâz » (Leili Anvar)
— « Portrait de Ganymède en poète, dans le Purgatorio de Dante et les Soledades de Góngora » (Anne TEULADE)
— « Le mythe de Ganymède chez Dante et son illustration par Botticelli, Blake et Doré » (Clélia ANFRAY)
— « Le chien de Ganymède : contrepoint au sublime ? » (Frédérique VILLEMUR)
— « Mythe et drame personnel : le Rapt de Ganymède de Rembrandt » (Patrick ABSALON)
— « Le Ganymède de Goethe ou L'exaltation de l'immanence » (René-Marc PILLE)
— « Schubert et Wolf face au Ganymede de Goethe » (Emmanuel REIBEL)
— « De l'échanson au rapt : la représentation de Ganymède dans la sculpture du XIXe siècle » (Guillaume PEIGNE)
— « Le Ganymède incertain d'un militant homosexuel de la première heure : Jacques d'Adelswärd-Fersen et la référence à Ganymède » (Patricia MARCOZ)
— « Ganymède e(s)t le garde-chasse : « une façon de parler » dans Maurice de Forster » (Yves CLAVARON)
— « Variations sur le mythe de Ganymède dans Mort à Venise de Thomas Mann et Luchino Visconti » (Johana RAJKUMAR)
— « Les références à Ganymède dans le Journal du voleur de Jean Genet » (Marcelo SALINAS)
— « L'enlèvement de Ganymède revisité par le patriotisme mexicain ? » (Liliane PICCIOLA)"
"La Fable de Psyché", écrivait Charles Perrault dans les dernières années du XVIIe siècle, "est une fiction toute pure et un conte de vieille": contre l'opinion établie, il récusait la valeur allégorique du récit légué par Apulée et modernisé par La Fontaine. Ce statut nouveau permettait à Psyché d'entrer dans la mythologie commune, qui l'avait longtemps tenue à l'écart. Tout comme les errances et la quête de Psyché elle-même, la compétition entre allégorie et fiction, termes clés de l'herméneutique et de l'esthétique classiques, avait pour enjeux la vérité et la beauté.
Cet ouvrage s'attache d'abord à réhabiliter les allégories de Psyché, en montrant leur richesse et leur capacité d'invention poétique depuis l'Antiquité jusqu'à la Contre-Réforme, qui a vu Psyché triompher comme fable chrétienne dans la poésie et sur les théâtres européens. Il montre ensuite comment la contestation de l'allégorie a déplacé — du champ de la morale et de la théologie vers celui de l'esthétique — la mise en cause des sens et de la sensualité: l'interdit qui empêche Psyché de voir la forma du dieu est devenu dans les littératures européennes le lieu d'une réflexion sur les formes et les genres de ces mêmes littératures."
"Qui me parle, à ma place même?"
À la question posée par la Pythie de Paul Valéry, Echo — à la fois répétition et différence — offre une réponse: double inversé de Narcisse dans les Métamorphoses d'Ovide, mais aussi compagne du dieu Pan dans les Pastorales de Longus, elle propose en effet au poète obsédé par sa propre image l'alternative d'une découverte de l'autre en soi et de l'ouverture au chant du monde. Figure féminine du désir, de l'attente et de l'absence à soi, parole et corps entravés qui transcendent la torture pour libérer le sens et la beauté du son, celle que les humanistes appelaient "la dixième Muse" incarne la poésie comme nostalgie de la voix, nostalgie de l'instant, nostalgie du moi.
Cet essai retrace l'histoire des mythologies d'Echo et de l'écho, des deux fables antiques (Ovide, Longus) jusqu'à celles d'E. M. Forster, de Thomas Mann, de Christoph Ransmayr, en soulignat son importance dans l'esthétique baroque (Sor Juana Ines de la Cruz, Calderon …) et romantique (Wordsworth, Keats, Brentano, Hoffmann…. Il montre ensuite comment le dialogue avec l'écho, de la comédie d'Aristophane aux pastorales de la Renaissance puis au théâtre moderne, permet de donner un lieu à la voix auctoriale. Ce livre esquisse pour finir des fragments d'un portrait du poète en Echo: de Pétrarque à Victor Hugo, de Ronsard à Guillaume Apollinaire, de Gaspara Stampa à Marceline Desbordes-Valmore, le sujet lyrique tend à se définir comme un "écho sonore"."