Paru en 1970 dans L’homme rapaillé, le poème « Sur la place publique » de Gaston Miron a égalemen... more Paru en 1970 dans L’homme rapaillé, le poème « Sur la place publique » de Gaston Miron a également été lu par l’auteur lors de la célèbre Nuit de la poésie, qui a donné lieu, la même année, au documentaire éponyme de Labrecque. Bien que cette performance (et, de surcroît, son enregistrement audiovisuel) dédouble le mode de transmission du poème (écrit et oral), le texte de Miron, n’ayant pas été composé pour être oralisé, demeure un poème à vocation écrite, c’est-à-dire dont la diffusion, assurée par le support livresque, s’inscrit dans un projet auctorial d’écriture. Ainsi, la vocalisation de « Sur la place publique » ne fait pas de ce poème un texte oral, mais bien un poème écrit, puis lu à haute voix. Cependant, la fabrique même de ce texte contient des indices d’oralité, une voix, qui en favorisent la vocalisation. Prenant appui sur la notion de « voix intérieure » de Marion Chénetier-Alev (L’oralité dans le théâtre contemporain, 2010) et sur les invariants de la poésie orale répertoriés par Paul Zumthor (Introduction à la poésie orale, 1983), mon étude tâchera de dégager l’empreinte d’une voix à même le poème écrit. Se distinguant des gloses existantes sur l’oralité mironnienne qui la réduisent parfois à la langue parlée, mon propos aura pour visée d’analyser, dans l’écriture et par ses moyens, l’oralité comme stratégie discursive mise en place par Miron pour assurer l’efficacité de son énonciation et placer son sujet énonciateur « sur la place publique ».
Figure emblématique du slam français, Grand Corps Malade revendique une posture auctoriale de ban... more Figure emblématique du slam français, Grand Corps Malade revendique une posture auctoriale de banlieusard, représentant la relève poétique orale contemporaine. Cet éthos correspond aux préoccupations du slam, qui s’inscrit dans le champ des « contre-littératures » par sa diffusion orale et par son opposition à l’institution littéraire lettrée (écrite). On s’étonne alors que trône, au cœur d’Enfant de la ville, le texte « J’écris à l’oral ». Apologie du slam et de la poésie orale, ce texte, qui nous fait assister à la naissance du poète-slammeur, thématise également l’écriture; il fait ainsi intervenir deux régimes de valeurs habituellement immiscibles. Cette communication vise à mettre au jour les tensions entre les différents supports qui sous-tendent ce texte et en renégocient le statut. Cette étude nous permettra de réfléchir sur les mécanismes d’insertion qu’impliquent les pratiques poétiques orales en exposant certains des discours qui les conditionnent et par rapport auxquels les slammeurs doivent prendre position.
La notoriété du groupe Loco Locass provient assurément de ses raps politiquement et socialement e... more La notoriété du groupe Loco Locass provient assurément de ses raps politiquement et socialement engagés, qui militent en faveur de l’indépendance du Québec tout en promouvant la langue française. À cette attention médiatique notable attribuée aux productions musicales de Loco Locass, s’oppose un mutisme quasi-total concernant le second versant de leur production artistique : la publication des textes de ce groupe sous forme de recueils poétiques. Bien que les médias et la critique littéraire occultent le versant écrit de cette démarche, je soutiens que c’est au cœur de cette double diffusion, musicale et littéraire, que réside le potentiel sémantique des textes et que se déploie la portée poétique de l’œuvre. Ainsi, cette communication établira d'abord les différents rapports qu’entretiennent les versions orale et écrite d’un même texte pour ensuite démontrer la nécessité d’envisager la production de Loco Locass à l’aune de cette double diffusion inédite, tout du moins au Québec. Ma conférence saura enfin faire état d’une nouvelle voie de la poésie québécoise contemporaine ou de la chanson dite populaire, qui ne se limite pas à un médium, mais qui, au contraire, se construit à la croisée de deux modes de diffusion en transcendant les frontières génériques établies.
Le groupe Loco Locass est assurément reconnu pour sa posture socialement et politiquement engagée... more Le groupe Loco Locass est assurément reconnu pour sa posture socialement et politiquement engagée, en faveur de l’indépendance du Québec. Par ailleurs, et c’est ce qui m'intéressera ici, ces revendications sociopolitiques s’accompagnent d’une défense et d’une promotion ferventes de la langue française. Bien qu’au sein des textes, ce militantisme se reflète par des thématiques privilégiées dont le conflit linguistique entre l’anglais et le français et la dénonciation de l’assimilation, je suis d’avis que c’est à travers une écriture transgénérique et une orchestration de procédés hétéroclites que Loco Locass livre une véritable ode à la langue et à la littérature. En effet, les textes de ce groupe, étant à la fois rappés et publiés sous forme de recueils poétiques, sont marqués par des techniques propres à l’oral, d’une part, et à l’écrit, d’autre part. La langue qui s’y retrouve oscille donc constamment entre le parlé populaire, voire familier, et un registre soutenu et littéraire. De plus, le foisonnement de dispositifs spécifiques à la poésie écrite inscrit ces textes dans un patrimoine littéraire dont ils revendiquent l’héritage. De cette façon, si la production de Loco Locass illustre une volonté de démocratisation de la poésie, elle se veut aussi l’étendard d’une tradition littéraire québécoise et française, faisant d’elle un outil didactique exploité dans certaines écoles secondaires tout en demeurant un corpus particulièrement riche pour les chercheurs universitaires.
Partant du principe que toute pratique poétique présuppose une conception particulière du langage... more Partant du principe que toute pratique poétique présuppose une conception particulière du langage, cet article cherche à explorer la relation entre la théorie du langage et lʼacte dʼécriture chez Christian Prigent. Prenant appui sur lʼessai préfaciel de Compile (« La voix-de-lʼécrit »), cette étude sʼintéresse particulièrement au poème « Comment jʼai écrit certains de mes textes » afin de voir en quoi celui-ci est une illustration pratique de la conception singulière du langage qui sous-tend lʼécriture prigentienne. Cet article se penche notamment sur le traitement du discours publicitaire et du discours grotesque et sur les effets de la mise en voix sur la facture textuelle.
Dans Depuis toujours, j’entendais la mer d’Andrée Christensen, la thématique de la vie et de la m... more Dans Depuis toujours, j’entendais la mer d’Andrée Christensen, la thématique de la vie et de la mort ainsi que le rapport que celles-ci entretiennent avec les personnages, sont au cœur du récit. Lorsqu’Andrea reçoit une lettre de Thorvald, son cousin défunt, jointe à un carnet de notes, la narratrice du récit-cadre est tout d’un coup immergée dans un univers qui, bien que fondamentalement funeste, est marqué par une profonde aspiration à la vie. Par ailleurs, c’est à travers la construction d’espaces symboliques qu’est traitée la problématique de la vie et de la mort dans ce roman ou, plus précisément, dans le récit enchâssé sur lequel portera, en large partie, notre analyse. À un espace-clé du récit correspond donc un système et une charge symbolique qui lui est propre. Les deux espaces que nous analyserons, soit l’eau et la morgue, sont d’abord présentés comme s’ils étaient antagonistes, mais c’est à travers une dialectique symbolique menant à leur enchevêtrement que notre personnage Thorvald atteindra la paix intérieure. Notre étude montrera que la philosophie vers laquelle tend l’ensemble du roman, est au mieux appréhendée à la lumière d’une analyse symbolique de l’espace. Nous examinerons la spatialisation de la vie et de la mort dans l’eau, puis dans la morgue, pour ensuite nous pencher sur le processus de réconciliation, menant ultimement à la fusion des deux symboliques.
Dans Depuis toujours, j’entendais la mer d’Andrée Christensen, la thématique de la vie et de la m... more Dans Depuis toujours, j’entendais la mer d’Andrée Christensen, la thématique de la vie et de la mort ainsi que le rapport que celles-ci entretiennent avec les personnages, sont au cœur du récit. Lorsqu’Andrea reçoit une lettre de Thorvald, son cousin défunt, jointe à un carnet de notes, la narratrice du récit-cadre est tout d’un coup immergée dans un univers qui, bien que fondamentalement funeste, est marqué par une profonde aspiration à la vie. Par ailleurs, c’est à travers la construction d’espaces symboliques qu’est traitée la problématique de la vie et de la mort dans ce roman ou, plus précisément, dans le récit enchâssé sur lequel portera, en large partie, notre analyse. À un espace-clé du récit correspond donc un système et une charge symbolique qui lui est propre. Les deux espaces que nous analyserons, soit l’eau et la morgue, sont d’abord présentés comme s’ils étaient antagonistes, mais c’est à travers une dialectique symbolique menant à leur enchevêtrement que notre personn...
Paru en 1970 dans L’homme rapaillé, le poème « Sur la place publique » de Gaston Miron a égalemen... more Paru en 1970 dans L’homme rapaillé, le poème « Sur la place publique » de Gaston Miron a également été lu par l’auteur lors de la célèbre Nuit de la poésie, qui a donné lieu, la même année, au documentaire éponyme de Labrecque. Bien que cette performance (et, de surcroît, son enregistrement audiovisuel) dédouble le mode de transmission du poème (écrit et oral), le texte de Miron, n’ayant pas été composé pour être oralisé, demeure un poème à vocation écrite, c’est-à-dire dont la diffusion, assurée par le support livresque, s’inscrit dans un projet auctorial d’écriture. Ainsi, la vocalisation de « Sur la place publique » ne fait pas de ce poème un texte oral, mais bien un poème écrit, puis lu à haute voix. Cependant, la fabrique même de ce texte contient des indices d’oralité, une voix, qui en favorisent la vocalisation. Prenant appui sur la notion de « voix intérieure » de Marion Chénetier-Alev (L’oralité dans le théâtre contemporain, 2010) et sur les invariants de la poésie orale répertoriés par Paul Zumthor (Introduction à la poésie orale, 1983), mon étude tâchera de dégager l’empreinte d’une voix à même le poème écrit. Se distinguant des gloses existantes sur l’oralité mironnienne qui la réduisent parfois à la langue parlée, mon propos aura pour visée d’analyser, dans l’écriture et par ses moyens, l’oralité comme stratégie discursive mise en place par Miron pour assurer l’efficacité de son énonciation et placer son sujet énonciateur « sur la place publique ».
Figure emblématique du slam français, Grand Corps Malade revendique une posture auctoriale de ban... more Figure emblématique du slam français, Grand Corps Malade revendique une posture auctoriale de banlieusard, représentant la relève poétique orale contemporaine. Cet éthos correspond aux préoccupations du slam, qui s’inscrit dans le champ des « contre-littératures » par sa diffusion orale et par son opposition à l’institution littéraire lettrée (écrite). On s’étonne alors que trône, au cœur d’Enfant de la ville, le texte « J’écris à l’oral ». Apologie du slam et de la poésie orale, ce texte, qui nous fait assister à la naissance du poète-slammeur, thématise également l’écriture; il fait ainsi intervenir deux régimes de valeurs habituellement immiscibles. Cette communication vise à mettre au jour les tensions entre les différents supports qui sous-tendent ce texte et en renégocient le statut. Cette étude nous permettra de réfléchir sur les mécanismes d’insertion qu’impliquent les pratiques poétiques orales en exposant certains des discours qui les conditionnent et par rapport auxquels les slammeurs doivent prendre position.
La notoriété du groupe Loco Locass provient assurément de ses raps politiquement et socialement e... more La notoriété du groupe Loco Locass provient assurément de ses raps politiquement et socialement engagés, qui militent en faveur de l’indépendance du Québec tout en promouvant la langue française. À cette attention médiatique notable attribuée aux productions musicales de Loco Locass, s’oppose un mutisme quasi-total concernant le second versant de leur production artistique : la publication des textes de ce groupe sous forme de recueils poétiques. Bien que les médias et la critique littéraire occultent le versant écrit de cette démarche, je soutiens que c’est au cœur de cette double diffusion, musicale et littéraire, que réside le potentiel sémantique des textes et que se déploie la portée poétique de l’œuvre. Ainsi, cette communication établira d'abord les différents rapports qu’entretiennent les versions orale et écrite d’un même texte pour ensuite démontrer la nécessité d’envisager la production de Loco Locass à l’aune de cette double diffusion inédite, tout du moins au Québec. Ma conférence saura enfin faire état d’une nouvelle voie de la poésie québécoise contemporaine ou de la chanson dite populaire, qui ne se limite pas à un médium, mais qui, au contraire, se construit à la croisée de deux modes de diffusion en transcendant les frontières génériques établies.
Le groupe Loco Locass est assurément reconnu pour sa posture socialement et politiquement engagée... more Le groupe Loco Locass est assurément reconnu pour sa posture socialement et politiquement engagée, en faveur de l’indépendance du Québec. Par ailleurs, et c’est ce qui m'intéressera ici, ces revendications sociopolitiques s’accompagnent d’une défense et d’une promotion ferventes de la langue française. Bien qu’au sein des textes, ce militantisme se reflète par des thématiques privilégiées dont le conflit linguistique entre l’anglais et le français et la dénonciation de l’assimilation, je suis d’avis que c’est à travers une écriture transgénérique et une orchestration de procédés hétéroclites que Loco Locass livre une véritable ode à la langue et à la littérature. En effet, les textes de ce groupe, étant à la fois rappés et publiés sous forme de recueils poétiques, sont marqués par des techniques propres à l’oral, d’une part, et à l’écrit, d’autre part. La langue qui s’y retrouve oscille donc constamment entre le parlé populaire, voire familier, et un registre soutenu et littéraire. De plus, le foisonnement de dispositifs spécifiques à la poésie écrite inscrit ces textes dans un patrimoine littéraire dont ils revendiquent l’héritage. De cette façon, si la production de Loco Locass illustre une volonté de démocratisation de la poésie, elle se veut aussi l’étendard d’une tradition littéraire québécoise et française, faisant d’elle un outil didactique exploité dans certaines écoles secondaires tout en demeurant un corpus particulièrement riche pour les chercheurs universitaires.
Partant du principe que toute pratique poétique présuppose une conception particulière du langage... more Partant du principe que toute pratique poétique présuppose une conception particulière du langage, cet article cherche à explorer la relation entre la théorie du langage et lʼacte dʼécriture chez Christian Prigent. Prenant appui sur lʼessai préfaciel de Compile (« La voix-de-lʼécrit »), cette étude sʼintéresse particulièrement au poème « Comment jʼai écrit certains de mes textes » afin de voir en quoi celui-ci est une illustration pratique de la conception singulière du langage qui sous-tend lʼécriture prigentienne. Cet article se penche notamment sur le traitement du discours publicitaire et du discours grotesque et sur les effets de la mise en voix sur la facture textuelle.
Dans Depuis toujours, j’entendais la mer d’Andrée Christensen, la thématique de la vie et de la m... more Dans Depuis toujours, j’entendais la mer d’Andrée Christensen, la thématique de la vie et de la mort ainsi que le rapport que celles-ci entretiennent avec les personnages, sont au cœur du récit. Lorsqu’Andrea reçoit une lettre de Thorvald, son cousin défunt, jointe à un carnet de notes, la narratrice du récit-cadre est tout d’un coup immergée dans un univers qui, bien que fondamentalement funeste, est marqué par une profonde aspiration à la vie. Par ailleurs, c’est à travers la construction d’espaces symboliques qu’est traitée la problématique de la vie et de la mort dans ce roman ou, plus précisément, dans le récit enchâssé sur lequel portera, en large partie, notre analyse. À un espace-clé du récit correspond donc un système et une charge symbolique qui lui est propre. Les deux espaces que nous analyserons, soit l’eau et la morgue, sont d’abord présentés comme s’ils étaient antagonistes, mais c’est à travers une dialectique symbolique menant à leur enchevêtrement que notre personnage Thorvald atteindra la paix intérieure. Notre étude montrera que la philosophie vers laquelle tend l’ensemble du roman, est au mieux appréhendée à la lumière d’une analyse symbolique de l’espace. Nous examinerons la spatialisation de la vie et de la mort dans l’eau, puis dans la morgue, pour ensuite nous pencher sur le processus de réconciliation, menant ultimement à la fusion des deux symboliques.
Dans Depuis toujours, j’entendais la mer d’Andrée Christensen, la thématique de la vie et de la m... more Dans Depuis toujours, j’entendais la mer d’Andrée Christensen, la thématique de la vie et de la mort ainsi que le rapport que celles-ci entretiennent avec les personnages, sont au cœur du récit. Lorsqu’Andrea reçoit une lettre de Thorvald, son cousin défunt, jointe à un carnet de notes, la narratrice du récit-cadre est tout d’un coup immergée dans un univers qui, bien que fondamentalement funeste, est marqué par une profonde aspiration à la vie. Par ailleurs, c’est à travers la construction d’espaces symboliques qu’est traitée la problématique de la vie et de la mort dans ce roman ou, plus précisément, dans le récit enchâssé sur lequel portera, en large partie, notre analyse. À un espace-clé du récit correspond donc un système et une charge symbolique qui lui est propre. Les deux espaces que nous analyserons, soit l’eau et la morgue, sont d’abord présentés comme s’ils étaient antagonistes, mais c’est à travers une dialectique symbolique menant à leur enchevêtrement que notre personn...
Uploads