Elisabeth Dury
Geography and History teacher (Agrégation laureate), specialising in classes in German for the AbiBac section (French-German baccalauréat) at the Lycée Jean Jaurès in Reims, France. Associate Member and Researcher in Team EA 2076 HABITER, University of Reims, France. Associate Lecturer in the Geography Department, University of Reims.
Main topics : Berlin, metropolitan areas, cross-border effects, territoriality, mobility, urbanity, attractiveness of places, urban politics and urban marketing.
Address: Elisabeth DURY
EA 2076 Habiter
Université de Reims Champagne-Ardenne
UFR Lettres et Sciences Humaines
Campus Croix-Rouge - BM 11
57, rue Pierre Taittinger
B.P. 30 - 51571 Reims Cedex
Main topics : Berlin, metropolitan areas, cross-border effects, territoriality, mobility, urbanity, attractiveness of places, urban politics and urban marketing.
Address: Elisabeth DURY
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Papers by Elisabeth Dury
Résumé
Réalisée à partir de photographies ou de sorties de terrain, l’étude de paysages peut être assimilée dans la formation géographique, à une sorte de tradition où se sont se succédées de nombreuses approches. Ainsi, l’époque engagée au XIXe siècle où l’on faisait de la description de paysages comme Monsieur Jourdain faisait de la prose, a laissé place à partir des années 1960 et 1970, à une approche quantitative et modélisante, puis, à partir des années 1980, à une approche culturelle revisitée grâce à de nouvelles sensibilités, de nouvelles curiosités et un contexte technique favorable (généralisation de la photographie aérienne par exemple). Aujourd’hui l’intérêt affirmé des sciences naturelles au sens large (biogéographie ou agronomie par exemple) à part égale avec les sciences humaines (architecture, urbanisme ou archéologie) est un indicateur puissant de l’enjeu fondamental qu’incarne le paysage pour les sociétés contemporaines, à savoir le dilemme entre un paysage-conservatoire et un paysage-outil des interactions hommes/milieu passées et présentes.
Dans le contexte de changements sociétaux provoqués notamment par la prise en compte du développement durable et du changement global, ces questionnements acquièrent une résonnance encore plus forte et confèrent aux savoirs et aux méthodes géographiques renouvelés une place de choix. Ainsi l’analyse paysagère peut être vue comme un moyen de former les apprenants à identifier les défis sociétaux et à se positionner en tant que citoyens engagés. Pour ce faire, elle doit se conformer à deux exigences : permettre de comparer une grande diversité de situations à travers le monde et s’adapter aux contraintes de la période contemporaine. Les nombreuses webcams disséminées sur les littoraux et en accès libre dans le monde entier (plus de 1735 pour la seule société visio-environnement par exemple) me semblent y répondre.
Dès lors, l’objectif de cette communication est de montrer comment l’enseignement de la géographie peut utiliser les nouveaux outils d’analyse paysagère pour s’inscrire dans le parcours citoyen des apprenants. Pour ce faire, trois axes seront développés.
EA 2076 HABITER
Université de Reims
Les mobilisations face à la production de l’espace urbain :
essai de typologie à partir de l’exemple berlinois
A Berlin, le 7 septembre 2019, de nombreux manifestants dansaient (Tanzdemo) pour protester contre la hausse exponentielle des loyers et la gentrification à l’œuvre dans les cinq années précédentes. Le 23 mai 2021, des milliers de personnes défilaient à nouveau à l’appel du collectif #Mietenwahnsinn (frénésie des loyers). Ainsi, régulièrement, les Berlinois investissent l’espace public pour s’ériger contre la politique de normalisation de l’espace urbain menée par le Sénat dans le but d’ancrer un peu plus encore la région métropolitaine allemande dans la compétition internationale.
Puisque nulle part ailleurs les espaces libres ne sont plus nombreux, centraux et attractifs qu’à Berlin, ils renaissent sous différentes formes et suscitent la convoitise des investisseurs encouragés par les édiles urbaines. Cependant, si Berlin est depuis longtemps un vaste chantier urbain, l’exigence des habitants d’être associés aux mutations de leur ville ne cesse de se renforcer au point que la contestation des projets et processus urbains donne lieu à des expressions locales spécifiques.
L’objectif de cette proposition est de dresser une typologie de ces mobilisations contre les modalités de production de l’urbain, à partir de l’analyse d’actions individuelles et collectives des habitants et de l’appliquer aux espaces de la contestation à Berlin. Pour ce faire, deux axes seront développés.
Mots-clefs : Berlin, habitants, mobilisation, typologie, spatialité.
https://www.persee.fr/doc/tigr_0048-7163_2003_num_29_113_1447
Conference Presentations by Elisabeth Dury
Résumé
Réalisée à partir de photographies ou de sorties de terrain, l’étude de paysages peut être assimilée dans la formation géographique, à une sorte de tradition où se sont se succédées de nombreuses approches. Ainsi, l’époque engagée au XIXe siècle où l’on faisait de la description de paysages comme Monsieur Jourdain faisait de la prose, a laissé place à partir des années 1960 et 1970, à une approche quantitative et modélisante, puis, à partir des années 1980, à une approche culturelle revisitée grâce à de nouvelles sensibilités, de nouvelles curiosités et un contexte technique favorable (généralisation de la photographie aérienne par exemple). Aujourd’hui l’intérêt affirmé des sciences naturelles au sens large (biogéographie ou agronomie par exemple) à part égale avec les sciences humaines (architecture, urbanisme ou archéologie) est un indicateur puissant de l’enjeu fondamental qu’incarne le paysage pour les sociétés contemporaines, à savoir le dilemme entre un paysage-conservatoire et un paysage-outil des interactions hommes/milieu passées et présentes.
Dans le contexte de changements sociétaux provoqués notamment par la prise en compte du développement durable et du changement global, ces questionnements acquièrent une résonnance encore plus forte et confèrent aux savoirs et aux méthodes géographiques renouvelés une place de choix. Ainsi l’analyse paysagère peut être vue comme un moyen de former les apprenants à identifier les défis sociétaux et à se positionner en tant que citoyens engagés. Pour ce faire, elle doit se conformer à deux exigences : permettre de comparer une grande diversité de situations à travers le monde et s’adapter aux contraintes de la période contemporaine. Les nombreuses webcams disséminées sur les littoraux et en accès libre dans le monde entier (plus de 1735 pour la seule société visio-environnement par exemple) me semblent y répondre.
Dès lors, l’objectif de cette communication est de montrer comment l’enseignement de la géographie peut utiliser les nouveaux outils d’analyse paysagère pour s’inscrire dans le parcours citoyen des apprenants. Pour ce faire, trois axes seront développés.
Il s’agira dans un premier temps, d’expliquer les particularités des paysages appréhendés par webcams (depuis l’observation et le recueil d’informations en temps réel et à distance jusqu’à l’imaginaire entourant les lieux explorés) tout en indiquant les biais méthodologiques éventuels et limites à la construction d’une analyse géographique. Puis, dans un deuxième temps, on cherchera, à partir d’exemples concrets réalisés en lycée et en licence de géographie (voire Master MEEF), à démontrera l’intérêt de la formation à l’analyse coopérative (et potentiellement distancielle dans le cadre de la continuité pédagogique) des données recueillies. Enfin, dans un troisième temps, on verra que les résultats obtenus font émerger la protection et la labellisation des paysages comme de puissants leviers de mobilisation et d’engagement citoyen des apprenants et permettent d’esquisser par ailleurs, d’autres pistes dans le cadre de l’Education à la citoyenneté (développement de l’esprit critique, EMC, EMI).
Cette communication prend pour axe d’étude les liens entre la ville et le pouvoir à partir de l’exemple berlinois. D’une part, Berlin est le siège du pouvoir politique mais aussi le théâtre de rivalités entre ses différentes formes. D’autre part, les pouvoirs qui se développent dans la ville ne sont pas sans répercussion sur la configuration de celle-ci. Cette tension se manifeste par le jeu permanent entre espace du pouvoir et pouvoir de l’espace. Je propose donc une intervention en trois points, centrée sur les modalités d'expression et d’appropriation du politique à travers les dimensions de l’espace urbain.
I-Les échelles du pouvoir politique berlinois
1) Pouvoir central, capitale fédérale : l’une des premières mesures prises au moment de la Réunification a consisté à rendre à Berlin son statut de capitale fédérale. Quel sens faut-il donner à cet empressement ? La volonté d’un ancrage à l’Est ? Une tradition de localisation du pouvoir central vieille de plusieurs siècles ?
2) Pouvoir local, une « metropolregion » : Berlin se trouve, depuis le projet de « concentration décentralisée », à la tête d’une réseau de villes secondaires. On analysera les modalités de cette prépondérance sur le Brandebourg.
3) La grande métropole de l’Est européen : Berlin a plus ou moins abandonné dans l’immédiat ses rêves de Weltstadt à l’image de ce qu’elle était dans les années 20 du XXè siècle. Néanmoins, à l’horizon des années 20 du XXIè siècle, être le centre d’impulsion de la partie Est de l’Europe, encouragé en cela par les différents projets Interreg III (Ostsee, MOE…), est un défi berlinois.
II-Rivalités de pouvoir et configuration de la ville
1) La dualité Bonn/Berlin : contrairement aux prévisions, l’ensemble des administrations du pouvoir central n’ont pas encore été rapatriées à Berlin. Au-delà des préoccupations d’équité territoriale chères aux Allemands (puisque inscrites dans le Loi Fondamentale de 1949), quelles sont les tensions à l’œuvre derrière les lenteurs de ce déménagement ? La crainte d’une forme de centralisation ?
2) Conflits présents, pouvoirs passés : reconstruction du château des Hollenzollern, déconstruction du Palais de la République sont autant de conflits autour de lieux symboliques qui divisent la ville entre pro et contra et dépassent les anciens clivages Est/Ouest ; le château renvoyant à un pouvoir princier exhumé du XIXè siècle, la Palais renvoyant à l’histoire immédiate et au pouvoir central est-allemands. Dans quelle mesure les enjeux exprimés par ces cristallisations mettent-ils en péril la cohésion berlinoise ?
3) Contre-pouvoirs : le Brandebourg entend bien faire figure de contre-pouvoir au sein de la région métropolitaine en constitution. Habitants, décideurs, acteurs politiques au sens large s’appliquent, depuis le non massif au référendum, à préserver l’indépendance de ce Land limitrophe.
Il paraissait néanmoins difficile d'élancer les habitants, ceux-là mêmes qui, constituant la pression populaire à grand cris de « Wir sind das Volk » avaient contribué fortement à la chute du Mur. L'objectif de cette communication et d'évaluer la place laissée à la participation citoyenne dans la construction de la région métropolitaine Berlin Brandebourg.
Pour ce faire on analysera dans un premier temps les modalités de la sollicitation des habitants puis, dans un second temps seront explicitées les formes que revêt cette participation citoyenne. Enfin, si séduisante soit-elle, l'expérience métropolitaine à Berlin/Brandebourg n'est pas exempte de limites et la mise en lumière des blocages à surmonter fera l'objet d'un troisième temps.
Néanmoins, la plupart du temps l’attractivité est pensée comme une simple anomalie en regard d’autres facteurs présentés comme responsables de l’organisation et des dynamiques territoriales. Plus encore, jamais le couple attractivité/attraction n’est évoqué comme explication possiblement forte des rapports des individus à l’espace, mais comme additif, substitut ou conséquence, en référence systématique à l'accessibilité. Les phénomènes d’attractivité et d’attraction paraissent donc complexes et, parce qu’il font référence à des formes d’organisations matérielles, sociales, économiques, spatiales, laissent penser qu’ils ne peuvent être correctement appréhendés qu’en faisant appel aux contributions de plusieurs disciplines.
Finalement, la vison marchande du territoire conduit souvent à proposer l’évaluation de attractivité et/ou de l’attraction des territoires par l’intermédiaire d’un bilan, d’un résumé de points forts et de points faibles susceptibles d’attirer des individus (personnes, entreprises…) dans le contexte d’une âpre compétition spatiale. En dépassant les approches proposées par le marketing spatial ou les analyses économiques segmentées, l’objectif de cette communication est de sortir le binôme attractivité/attraction des territoires, de la position classique qu’il occupe dans l’analyse afin d’en prouver la qualité d’outil d’expertise territoriale. La démonstration prendra pour appui le cas de la métropole berlinoise.
2. Originalité du sujet
Il est fréquent de constater la difficulté à établir la distinction entre attraction et attractivité des territoires. Assurément cet exercice préliminaire s’avère indispensable au moins d’un point de vue théorique. Par voie de conséquence, une fois établie cette distinction sémantique, non moins fréquente est la persévérance à chercher à évaluer soit l’attractivité, soit l’attraction des territoires. Dès lors, l’originalité heuristique de cette communication repose sur son hypothèse de départ : distinguer sans pour autant chercher impérativement à les dissocier, les phénomènes d’attractivité et d’attraction du point de vue de leur rapport aux dynamiques territoriales.
3.Méthode
3.1. Un préalable : l’exploration du lien entre attractivité et attraction demeure une phase incontournable. Dans un premier temps, après avoir présenté les différents types de définitions de l’attractivité ainsi que les approches et postulats à l’œuvre, l’analyse dépassera le constat de la porosité de la frontière entre attraction et attractivité. La démonstration établira l’intérêt de concevoir l’attractivité comme un potentiel d’attraction ; la relation entre attractivité et attraction des territoires étant alors envisagée comme un différentiel.
3.2. Une démarche systémique pour mettre au point un outil d’expertise territoriale : les méthodes de l'analyse spatiale, en traitant de manière analytique la question de l'attractivité, sont parvenues à calculer des pans, des morceaux, d'attractivité. Nombreux sont les travaux sur l'attractivité commerciale à l’origine par exemple de la célébrité des aires de chalandise (potentielles) visualisées par des courbes isochrones (même distance-temps d’un pôle commercial). Assurément on peut mettre en question le bien fondé de cette vision très découpée de l'attractivité. Elle me semble refléter une analyse partielle du phénomène. En rupture avec une vision analytique classique de l’attractivité, on proposera une mesure de l’attractivité globale des territoires comme somme pondérée d’attractivités en interaction, reposant sur une combinaison d’indicateurs simples d’ordre quantitatif et qualitatif. De la même façon sera discutée l’évaluation de l’attraction en lien direct avec les définitions données précédemment.
3.3 Territoire et représentations : quelle place le binôme attractivité/attraction peut-il laisser aux représentations indissociables de l’examen des territoires ? Comment les intégrer à l’expertise ?
4.Résultats attendus
In fine le but est de comprendre comment, dans un ensemble hétérogène qu'est un territoire, coexistent des lieux de forte attractivité et des lieux de faible attractivité . Ainsi, le questionnement porte davantage sur l’articulation de l’ensemble hétérogène qu’est un territoire du point de vue de l’attractivité, que sur son hétérogénéité elle-même. Dans la perspective d’une attractivité consubstantielle au territoire (cf. 1), on peut facilement admettre que la configuration d’un territoire est déterminante pour son niveau d’attractivité. Accepter cette hypothèse c’est concevoir que la mesure du différentiel attractivité/attraction doive se fonder tant sur la réalité du territoire considéré que sur ses virtualités, ses potentialités et ce que les individus peuvent en faire. Il s’agira alors d’explorer la configuration d’un territoire dans cette perspective et de déterminer en quoi elle est un facteur d’attractivité positif et en quoi elle ne l’est pas : la configuration d’un lieu peut servir ou desservir son attractivité.
4.1. Multiplicité des échelles de travail
La définition proposée de l’attractivité permet de réfléchir à différents niveaux d’observation : on établira donc à partir de l’exemple berlinois, la pertinence des résultats obtenus aux différentes échelles d’analyse.
4.2. Dimension prospective
Outre sa finalité méthodologique, une telle démarche possède indéniablement un caractère prospectif : ainsi, appliqué à un terrain d’étude tel que Berlin, que peut nous apprendre le calcul du différentiel attractivité/attraction sur l’évolution du territoire métropolitain ? Plus généralement si l'on peut déduire de l'organisation des lieux attractifs au sein d'un territoire, des structures prégnantes identifiables, l’évaluation du différentiel attractivité/attraction peut-elle avoir une valeur prospective et laisser présager des évolutions possibles (scénarii) ?
5. Bibliographie
ECKERT D., 1996, Evaluation et prospective des territoires, Paris/Montpellier, Reclus/La Documentation Française, 255 p.
HATEM F., 2004, « Attractivité : de quoi parlons-nous ? », Pouvoirs locaux – Des territoires plus attractifs, Paris, La documentation française, n°61, pp.34-44.
HURSON-L'HÔTELIER F., COLIN J., 2002, Prospective des facteurs d'attractivité en Bretagne, Rennes, Conseil Economique et Social de Bretagne, 127 p.
LOLLIER J-C., PRIGENT L., THOUEMENT H., 2005, Les nouveaux facteurs d’attractivité dans le jeu de la mondialisation, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 235 p.
Mais ce brillant passé renvoie à ce qu’est la Champagne-Ardenne. Une région qui a des idées et des hommes de qualités… mais qui peine à se structurer et à retenir ses élites. Dans ce contexte, un idée domine dans la région : l’aéroport doit permettre au territoire marnais de devenir compétitif dans un contexte de concurrence entre les territoires. Telle une prophétie auto-réalisatrice, l’aéroport doit contribuer à structurer la région par la transition du fret aux passagers, du logistique au service aux personnes.
Or le constat est double : celui d’un déséquilibre entre les attentes et la réalité du terrain et celui encore entre les moyens mis en œuvre et les résultats tangibles. S'y ajoute une représentation ambivalente du projet : à l'échelle locale, les marnais ont assimilé l’idée mais connaissent mal le projet et sont plutôt pessimistes quant à sa perenité.
L’idée selon laquelle l’aéroport serait un catalyseur pour le département est donc à étudier de façon critique. A quelles conditions est-ce vrai ?
Ensuite, à quelles échelles, l’ambition de faire de la « Champagne centrale » un territoire compétitif est-elle tenable ? Qu’en est-il à des échelles locale, régionale, nationale, européenne (voire mondiale) ? Comment enfin la proximité parisienne peut-elle se révéler comme atout pour le développement territorial et s'articuler avec la métropolisation ?
Quel que soit l’angle par lequel elle est abordée, l’attractivité est l’une des particularités de l’espace urbain parmi les plus difficiles à expliciter, et a fortiori à évaluer, notamment parce qu’elle est immédiatement sensible à l’individu. Or, il est aisé d’envisager l’espace urbain comme un ensemble hétérogène où s’articulent lieux de forte attractivité et lieux de faible attractivité.
Dans cette perspective, les enjeux liés à l’image envisagée comme vecteur d’attractivité et de dynamisation locale sont au coeur des préoccupations des aménageurs. Ainsi, les projets de restructuration de la région métropolitaine berlinoise se succédant depuis 1990 n’ont eu pour autre but que de réorganiser l’espace urbain en statuant non seulement sur l’aspect mais aussi sur la vocation de certains lieux. L’examen du dernier en date (IBA 2020) laisse apparaître que l’époque du primat de l’économique dans les problématiques d’attractivité est révolue. Les effets induits des attributs métropolitains classiques (ex : les emplois du tertiaire supérieur) font désormais consensus. Mais dans le même temps, on constate un abandon progressif des projets urbains et réalisations de prestige (par exemple : Wiederaufbau des Berliner Schloss) en tant que leitmotiv exclusif des stratégies de valorisation urbaine. Plus encore, ils sont de façon quasi systématique couplés à un usage plus prosaïque de l’espace urbain, ce qui pose nécessairement la question de la finalité de la production de lieux attractifs.
Dans le cas berlinois, la tension est constante entre nécessité de rehausser qualité de vie des habitants et maintien en parallèle d’une participation à la compétition internationale. L’objectif de cette communication est donc d’évaluer les conséquences territoriales (pratiques, représentations, production) à l’échelle individuelle et collective des stratégies d’attractivité conçues comme valorisation et mise en concurrence des lieux urbains.
A partir d’un travail d’enquête réalisé à Berlin (9 lieux), trois axes seront développés. Il s’agira dans un premier temps d’identifier l’adéquation entre le sens qu’un habitant confère à un lieu et les projets de valorisation dont ce lieu fait ou a fait l’objet. Puis dans un second temps, on analysera en retour, comment est reçue la matérialisation concrète de l’identité urbaine proposée. Enfin, dans un dernier temps, on verra comment cette diversité peut être intégrée dans la construction d’une identité collective demeurant in fine l’objectif des aménageurs.
Bibliographie
BEDARD M., BREUX S, 2011, « Non-lieux et grands projets urbains. Une inéluctable équation ? Perspectives théoriques et propositions analytiques », Annales de Géographie, n°678, pp.135-156.
TURCO A., 2009, « Topogenèse : la généalogie du lieu et la constitution du territoire » in VANIER M.(dir.), Territoires, territorialités, territorialisation, Rennes, PUR, Coll. Espaces et territoires, pp.37-45.
Teaching Documents by Elisabeth Dury
Documents professeur/élève
Flux, acteurs, pratiques spatiales et représentations.
Séquence élaborée et présentatée avec F. Dorn.
Résumé
Réalisée à partir de photographies ou de sorties de terrain, l’étude de paysages peut être assimilée dans la formation géographique, à une sorte de tradition où se sont se succédées de nombreuses approches. Ainsi, l’époque engagée au XIXe siècle où l’on faisait de la description de paysages comme Monsieur Jourdain faisait de la prose, a laissé place à partir des années 1960 et 1970, à une approche quantitative et modélisante, puis, à partir des années 1980, à une approche culturelle revisitée grâce à de nouvelles sensibilités, de nouvelles curiosités et un contexte technique favorable (généralisation de la photographie aérienne par exemple). Aujourd’hui l’intérêt affirmé des sciences naturelles au sens large (biogéographie ou agronomie par exemple) à part égale avec les sciences humaines (architecture, urbanisme ou archéologie) est un indicateur puissant de l’enjeu fondamental qu’incarne le paysage pour les sociétés contemporaines, à savoir le dilemme entre un paysage-conservatoire et un paysage-outil des interactions hommes/milieu passées et présentes.
Dans le contexte de changements sociétaux provoqués notamment par la prise en compte du développement durable et du changement global, ces questionnements acquièrent une résonnance encore plus forte et confèrent aux savoirs et aux méthodes géographiques renouvelés une place de choix. Ainsi l’analyse paysagère peut être vue comme un moyen de former les apprenants à identifier les défis sociétaux et à se positionner en tant que citoyens engagés. Pour ce faire, elle doit se conformer à deux exigences : permettre de comparer une grande diversité de situations à travers le monde et s’adapter aux contraintes de la période contemporaine. Les nombreuses webcams disséminées sur les littoraux et en accès libre dans le monde entier (plus de 1735 pour la seule société visio-environnement par exemple) me semblent y répondre.
Dès lors, l’objectif de cette communication est de montrer comment l’enseignement de la géographie peut utiliser les nouveaux outils d’analyse paysagère pour s’inscrire dans le parcours citoyen des apprenants. Pour ce faire, trois axes seront développés.
EA 2076 HABITER
Université de Reims
Les mobilisations face à la production de l’espace urbain :
essai de typologie à partir de l’exemple berlinois
A Berlin, le 7 septembre 2019, de nombreux manifestants dansaient (Tanzdemo) pour protester contre la hausse exponentielle des loyers et la gentrification à l’œuvre dans les cinq années précédentes. Le 23 mai 2021, des milliers de personnes défilaient à nouveau à l’appel du collectif #Mietenwahnsinn (frénésie des loyers). Ainsi, régulièrement, les Berlinois investissent l’espace public pour s’ériger contre la politique de normalisation de l’espace urbain menée par le Sénat dans le but d’ancrer un peu plus encore la région métropolitaine allemande dans la compétition internationale.
Puisque nulle part ailleurs les espaces libres ne sont plus nombreux, centraux et attractifs qu’à Berlin, ils renaissent sous différentes formes et suscitent la convoitise des investisseurs encouragés par les édiles urbaines. Cependant, si Berlin est depuis longtemps un vaste chantier urbain, l’exigence des habitants d’être associés aux mutations de leur ville ne cesse de se renforcer au point que la contestation des projets et processus urbains donne lieu à des expressions locales spécifiques.
L’objectif de cette proposition est de dresser une typologie de ces mobilisations contre les modalités de production de l’urbain, à partir de l’analyse d’actions individuelles et collectives des habitants et de l’appliquer aux espaces de la contestation à Berlin. Pour ce faire, deux axes seront développés.
Mots-clefs : Berlin, habitants, mobilisation, typologie, spatialité.
https://www.persee.fr/doc/tigr_0048-7163_2003_num_29_113_1447
Résumé
Réalisée à partir de photographies ou de sorties de terrain, l’étude de paysages peut être assimilée dans la formation géographique, à une sorte de tradition où se sont se succédées de nombreuses approches. Ainsi, l’époque engagée au XIXe siècle où l’on faisait de la description de paysages comme Monsieur Jourdain faisait de la prose, a laissé place à partir des années 1960 et 1970, à une approche quantitative et modélisante, puis, à partir des années 1980, à une approche culturelle revisitée grâce à de nouvelles sensibilités, de nouvelles curiosités et un contexte technique favorable (généralisation de la photographie aérienne par exemple). Aujourd’hui l’intérêt affirmé des sciences naturelles au sens large (biogéographie ou agronomie par exemple) à part égale avec les sciences humaines (architecture, urbanisme ou archéologie) est un indicateur puissant de l’enjeu fondamental qu’incarne le paysage pour les sociétés contemporaines, à savoir le dilemme entre un paysage-conservatoire et un paysage-outil des interactions hommes/milieu passées et présentes.
Dans le contexte de changements sociétaux provoqués notamment par la prise en compte du développement durable et du changement global, ces questionnements acquièrent une résonnance encore plus forte et confèrent aux savoirs et aux méthodes géographiques renouvelés une place de choix. Ainsi l’analyse paysagère peut être vue comme un moyen de former les apprenants à identifier les défis sociétaux et à se positionner en tant que citoyens engagés. Pour ce faire, elle doit se conformer à deux exigences : permettre de comparer une grande diversité de situations à travers le monde et s’adapter aux contraintes de la période contemporaine. Les nombreuses webcams disséminées sur les littoraux et en accès libre dans le monde entier (plus de 1735 pour la seule société visio-environnement par exemple) me semblent y répondre.
Dès lors, l’objectif de cette communication est de montrer comment l’enseignement de la géographie peut utiliser les nouveaux outils d’analyse paysagère pour s’inscrire dans le parcours citoyen des apprenants. Pour ce faire, trois axes seront développés.
Il s’agira dans un premier temps, d’expliquer les particularités des paysages appréhendés par webcams (depuis l’observation et le recueil d’informations en temps réel et à distance jusqu’à l’imaginaire entourant les lieux explorés) tout en indiquant les biais méthodologiques éventuels et limites à la construction d’une analyse géographique. Puis, dans un deuxième temps, on cherchera, à partir d’exemples concrets réalisés en lycée et en licence de géographie (voire Master MEEF), à démontrera l’intérêt de la formation à l’analyse coopérative (et potentiellement distancielle dans le cadre de la continuité pédagogique) des données recueillies. Enfin, dans un troisième temps, on verra que les résultats obtenus font émerger la protection et la labellisation des paysages comme de puissants leviers de mobilisation et d’engagement citoyen des apprenants et permettent d’esquisser par ailleurs, d’autres pistes dans le cadre de l’Education à la citoyenneté (développement de l’esprit critique, EMC, EMI).
Cette communication prend pour axe d’étude les liens entre la ville et le pouvoir à partir de l’exemple berlinois. D’une part, Berlin est le siège du pouvoir politique mais aussi le théâtre de rivalités entre ses différentes formes. D’autre part, les pouvoirs qui se développent dans la ville ne sont pas sans répercussion sur la configuration de celle-ci. Cette tension se manifeste par le jeu permanent entre espace du pouvoir et pouvoir de l’espace. Je propose donc une intervention en trois points, centrée sur les modalités d'expression et d’appropriation du politique à travers les dimensions de l’espace urbain.
I-Les échelles du pouvoir politique berlinois
1) Pouvoir central, capitale fédérale : l’une des premières mesures prises au moment de la Réunification a consisté à rendre à Berlin son statut de capitale fédérale. Quel sens faut-il donner à cet empressement ? La volonté d’un ancrage à l’Est ? Une tradition de localisation du pouvoir central vieille de plusieurs siècles ?
2) Pouvoir local, une « metropolregion » : Berlin se trouve, depuis le projet de « concentration décentralisée », à la tête d’une réseau de villes secondaires. On analysera les modalités de cette prépondérance sur le Brandebourg.
3) La grande métropole de l’Est européen : Berlin a plus ou moins abandonné dans l’immédiat ses rêves de Weltstadt à l’image de ce qu’elle était dans les années 20 du XXè siècle. Néanmoins, à l’horizon des années 20 du XXIè siècle, être le centre d’impulsion de la partie Est de l’Europe, encouragé en cela par les différents projets Interreg III (Ostsee, MOE…), est un défi berlinois.
II-Rivalités de pouvoir et configuration de la ville
1) La dualité Bonn/Berlin : contrairement aux prévisions, l’ensemble des administrations du pouvoir central n’ont pas encore été rapatriées à Berlin. Au-delà des préoccupations d’équité territoriale chères aux Allemands (puisque inscrites dans le Loi Fondamentale de 1949), quelles sont les tensions à l’œuvre derrière les lenteurs de ce déménagement ? La crainte d’une forme de centralisation ?
2) Conflits présents, pouvoirs passés : reconstruction du château des Hollenzollern, déconstruction du Palais de la République sont autant de conflits autour de lieux symboliques qui divisent la ville entre pro et contra et dépassent les anciens clivages Est/Ouest ; le château renvoyant à un pouvoir princier exhumé du XIXè siècle, la Palais renvoyant à l’histoire immédiate et au pouvoir central est-allemands. Dans quelle mesure les enjeux exprimés par ces cristallisations mettent-ils en péril la cohésion berlinoise ?
3) Contre-pouvoirs : le Brandebourg entend bien faire figure de contre-pouvoir au sein de la région métropolitaine en constitution. Habitants, décideurs, acteurs politiques au sens large s’appliquent, depuis le non massif au référendum, à préserver l’indépendance de ce Land limitrophe.
Il paraissait néanmoins difficile d'élancer les habitants, ceux-là mêmes qui, constituant la pression populaire à grand cris de « Wir sind das Volk » avaient contribué fortement à la chute du Mur. L'objectif de cette communication et d'évaluer la place laissée à la participation citoyenne dans la construction de la région métropolitaine Berlin Brandebourg.
Pour ce faire on analysera dans un premier temps les modalités de la sollicitation des habitants puis, dans un second temps seront explicitées les formes que revêt cette participation citoyenne. Enfin, si séduisante soit-elle, l'expérience métropolitaine à Berlin/Brandebourg n'est pas exempte de limites et la mise en lumière des blocages à surmonter fera l'objet d'un troisième temps.
Néanmoins, la plupart du temps l’attractivité est pensée comme une simple anomalie en regard d’autres facteurs présentés comme responsables de l’organisation et des dynamiques territoriales. Plus encore, jamais le couple attractivité/attraction n’est évoqué comme explication possiblement forte des rapports des individus à l’espace, mais comme additif, substitut ou conséquence, en référence systématique à l'accessibilité. Les phénomènes d’attractivité et d’attraction paraissent donc complexes et, parce qu’il font référence à des formes d’organisations matérielles, sociales, économiques, spatiales, laissent penser qu’ils ne peuvent être correctement appréhendés qu’en faisant appel aux contributions de plusieurs disciplines.
Finalement, la vison marchande du territoire conduit souvent à proposer l’évaluation de attractivité et/ou de l’attraction des territoires par l’intermédiaire d’un bilan, d’un résumé de points forts et de points faibles susceptibles d’attirer des individus (personnes, entreprises…) dans le contexte d’une âpre compétition spatiale. En dépassant les approches proposées par le marketing spatial ou les analyses économiques segmentées, l’objectif de cette communication est de sortir le binôme attractivité/attraction des territoires, de la position classique qu’il occupe dans l’analyse afin d’en prouver la qualité d’outil d’expertise territoriale. La démonstration prendra pour appui le cas de la métropole berlinoise.
2. Originalité du sujet
Il est fréquent de constater la difficulté à établir la distinction entre attraction et attractivité des territoires. Assurément cet exercice préliminaire s’avère indispensable au moins d’un point de vue théorique. Par voie de conséquence, une fois établie cette distinction sémantique, non moins fréquente est la persévérance à chercher à évaluer soit l’attractivité, soit l’attraction des territoires. Dès lors, l’originalité heuristique de cette communication repose sur son hypothèse de départ : distinguer sans pour autant chercher impérativement à les dissocier, les phénomènes d’attractivité et d’attraction du point de vue de leur rapport aux dynamiques territoriales.
3.Méthode
3.1. Un préalable : l’exploration du lien entre attractivité et attraction demeure une phase incontournable. Dans un premier temps, après avoir présenté les différents types de définitions de l’attractivité ainsi que les approches et postulats à l’œuvre, l’analyse dépassera le constat de la porosité de la frontière entre attraction et attractivité. La démonstration établira l’intérêt de concevoir l’attractivité comme un potentiel d’attraction ; la relation entre attractivité et attraction des territoires étant alors envisagée comme un différentiel.
3.2. Une démarche systémique pour mettre au point un outil d’expertise territoriale : les méthodes de l'analyse spatiale, en traitant de manière analytique la question de l'attractivité, sont parvenues à calculer des pans, des morceaux, d'attractivité. Nombreux sont les travaux sur l'attractivité commerciale à l’origine par exemple de la célébrité des aires de chalandise (potentielles) visualisées par des courbes isochrones (même distance-temps d’un pôle commercial). Assurément on peut mettre en question le bien fondé de cette vision très découpée de l'attractivité. Elle me semble refléter une analyse partielle du phénomène. En rupture avec une vision analytique classique de l’attractivité, on proposera une mesure de l’attractivité globale des territoires comme somme pondérée d’attractivités en interaction, reposant sur une combinaison d’indicateurs simples d’ordre quantitatif et qualitatif. De la même façon sera discutée l’évaluation de l’attraction en lien direct avec les définitions données précédemment.
3.3 Territoire et représentations : quelle place le binôme attractivité/attraction peut-il laisser aux représentations indissociables de l’examen des territoires ? Comment les intégrer à l’expertise ?
4.Résultats attendus
In fine le but est de comprendre comment, dans un ensemble hétérogène qu'est un territoire, coexistent des lieux de forte attractivité et des lieux de faible attractivité . Ainsi, le questionnement porte davantage sur l’articulation de l’ensemble hétérogène qu’est un territoire du point de vue de l’attractivité, que sur son hétérogénéité elle-même. Dans la perspective d’une attractivité consubstantielle au territoire (cf. 1), on peut facilement admettre que la configuration d’un territoire est déterminante pour son niveau d’attractivité. Accepter cette hypothèse c’est concevoir que la mesure du différentiel attractivité/attraction doive se fonder tant sur la réalité du territoire considéré que sur ses virtualités, ses potentialités et ce que les individus peuvent en faire. Il s’agira alors d’explorer la configuration d’un territoire dans cette perspective et de déterminer en quoi elle est un facteur d’attractivité positif et en quoi elle ne l’est pas : la configuration d’un lieu peut servir ou desservir son attractivité.
4.1. Multiplicité des échelles de travail
La définition proposée de l’attractivité permet de réfléchir à différents niveaux d’observation : on établira donc à partir de l’exemple berlinois, la pertinence des résultats obtenus aux différentes échelles d’analyse.
4.2. Dimension prospective
Outre sa finalité méthodologique, une telle démarche possède indéniablement un caractère prospectif : ainsi, appliqué à un terrain d’étude tel que Berlin, que peut nous apprendre le calcul du différentiel attractivité/attraction sur l’évolution du territoire métropolitain ? Plus généralement si l'on peut déduire de l'organisation des lieux attractifs au sein d'un territoire, des structures prégnantes identifiables, l’évaluation du différentiel attractivité/attraction peut-elle avoir une valeur prospective et laisser présager des évolutions possibles (scénarii) ?
5. Bibliographie
ECKERT D., 1996, Evaluation et prospective des territoires, Paris/Montpellier, Reclus/La Documentation Française, 255 p.
HATEM F., 2004, « Attractivité : de quoi parlons-nous ? », Pouvoirs locaux – Des territoires plus attractifs, Paris, La documentation française, n°61, pp.34-44.
HURSON-L'HÔTELIER F., COLIN J., 2002, Prospective des facteurs d'attractivité en Bretagne, Rennes, Conseil Economique et Social de Bretagne, 127 p.
LOLLIER J-C., PRIGENT L., THOUEMENT H., 2005, Les nouveaux facteurs d’attractivité dans le jeu de la mondialisation, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 235 p.
Mais ce brillant passé renvoie à ce qu’est la Champagne-Ardenne. Une région qui a des idées et des hommes de qualités… mais qui peine à se structurer et à retenir ses élites. Dans ce contexte, un idée domine dans la région : l’aéroport doit permettre au territoire marnais de devenir compétitif dans un contexte de concurrence entre les territoires. Telle une prophétie auto-réalisatrice, l’aéroport doit contribuer à structurer la région par la transition du fret aux passagers, du logistique au service aux personnes.
Or le constat est double : celui d’un déséquilibre entre les attentes et la réalité du terrain et celui encore entre les moyens mis en œuvre et les résultats tangibles. S'y ajoute une représentation ambivalente du projet : à l'échelle locale, les marnais ont assimilé l’idée mais connaissent mal le projet et sont plutôt pessimistes quant à sa perenité.
L’idée selon laquelle l’aéroport serait un catalyseur pour le département est donc à étudier de façon critique. A quelles conditions est-ce vrai ?
Ensuite, à quelles échelles, l’ambition de faire de la « Champagne centrale » un territoire compétitif est-elle tenable ? Qu’en est-il à des échelles locale, régionale, nationale, européenne (voire mondiale) ? Comment enfin la proximité parisienne peut-elle se révéler comme atout pour le développement territorial et s'articuler avec la métropolisation ?
Quel que soit l’angle par lequel elle est abordée, l’attractivité est l’une des particularités de l’espace urbain parmi les plus difficiles à expliciter, et a fortiori à évaluer, notamment parce qu’elle est immédiatement sensible à l’individu. Or, il est aisé d’envisager l’espace urbain comme un ensemble hétérogène où s’articulent lieux de forte attractivité et lieux de faible attractivité.
Dans cette perspective, les enjeux liés à l’image envisagée comme vecteur d’attractivité et de dynamisation locale sont au coeur des préoccupations des aménageurs. Ainsi, les projets de restructuration de la région métropolitaine berlinoise se succédant depuis 1990 n’ont eu pour autre but que de réorganiser l’espace urbain en statuant non seulement sur l’aspect mais aussi sur la vocation de certains lieux. L’examen du dernier en date (IBA 2020) laisse apparaître que l’époque du primat de l’économique dans les problématiques d’attractivité est révolue. Les effets induits des attributs métropolitains classiques (ex : les emplois du tertiaire supérieur) font désormais consensus. Mais dans le même temps, on constate un abandon progressif des projets urbains et réalisations de prestige (par exemple : Wiederaufbau des Berliner Schloss) en tant que leitmotiv exclusif des stratégies de valorisation urbaine. Plus encore, ils sont de façon quasi systématique couplés à un usage plus prosaïque de l’espace urbain, ce qui pose nécessairement la question de la finalité de la production de lieux attractifs.
Dans le cas berlinois, la tension est constante entre nécessité de rehausser qualité de vie des habitants et maintien en parallèle d’une participation à la compétition internationale. L’objectif de cette communication est donc d’évaluer les conséquences territoriales (pratiques, représentations, production) à l’échelle individuelle et collective des stratégies d’attractivité conçues comme valorisation et mise en concurrence des lieux urbains.
A partir d’un travail d’enquête réalisé à Berlin (9 lieux), trois axes seront développés. Il s’agira dans un premier temps d’identifier l’adéquation entre le sens qu’un habitant confère à un lieu et les projets de valorisation dont ce lieu fait ou a fait l’objet. Puis dans un second temps, on analysera en retour, comment est reçue la matérialisation concrète de l’identité urbaine proposée. Enfin, dans un dernier temps, on verra comment cette diversité peut être intégrée dans la construction d’une identité collective demeurant in fine l’objectif des aménageurs.
Bibliographie
BEDARD M., BREUX S, 2011, « Non-lieux et grands projets urbains. Une inéluctable équation ? Perspectives théoriques et propositions analytiques », Annales de Géographie, n°678, pp.135-156.
TURCO A., 2009, « Topogenèse : la généalogie du lieu et la constitution du territoire » in VANIER M.(dir.), Territoires, territorialités, territorialisation, Rennes, PUR, Coll. Espaces et territoires, pp.37-45.
Documents professeur/élève
Flux, acteurs, pratiques spatiales et représentations.
Séquence élaborée et présentatée avec F. Dorn.
Dominique Ansieau, « Comprendre les mécanismes de dépopulation » ;
Jean-Marc Stébé, « La cohésion sociale est-elle un facteur de dynamisation des territoires ? Cohésion sociale, mixité et dynamisation territoriale » ;
Guy Chapron, « L'impact des exclusions sociales sur les capacités de développement urbain » ;
Pierre Tridon et Etienne Demangeon, « Comment attirer les cadres en Champagne-Ardenne et en Picardie ? » ;
Vincent Renard, « Offre de logements et attractivité des territoires » ;
Échange animé par Elisabeth Dury : L'animation touristique et culturelle, source de nouvelles aménités territoriales ? "Paroles d'acteurs".
Joseph Garnotel, « La compétitivité agricole et agro-industrielle face aux modifications de la PAC » ;
Jean-Louis Girard, « Les stratégies territoriales des firmes, exemple des multinationales de l'agroalimentaire et de l'automobile » ;
Philippe Thiard, « La compétitivité et l'attractivité sont elles une référence pertinente pour les politiques de développement économique territorial ? » ;
Fabrice Hatem, « L'attractivité aux investissements internationaux en Europe, vers un renforcement des spécialisations régionales » ;
Sylvie Bazin,Christophe Beckerich, Marie Delaplace, « La LGV Est européenne, un outil au service de l'attractivité de l’agglomération rémoise pour les entreprises ».
Échange animé par Olivier Dupéron : Les infrastructures de transport, facteurs de compétitivité des territoires ? "Paroles d’acteurs".
PARTIE 2 : QUELS PROJETS POUR L’ATTRACTIVITÉ ET LA COMPÉTITIVITÉ DES TERRITOIRES ?
Claude Lacour, « Quid novi ? Remise en perspective des "nouveaux paradigmes" » ;
Anna Geppert, « La politique de cohésion 2007-2013, instrument de la spatialisation de la stratégie de Lisbonne » ;
Sylvie Harburger, « La politique régionale de l’Union Européenne et les villes pour la période 2007-2013 » ;
Xavier Gelot, « 2007-2013 : une nouvelle période, de nouveaux partenariats pour une nouvelle stratégie » ;
Jean-Paul Bachy, « Créer les outils de promotion et de valorisation pour positionner la Champagne-Ardenne dans la compétition européenne des territoires » ;
Marcel Bazin et Emmanuelle Lorenzi, « Des bassins de vie aux coopérations métropolitaines, l’apport des démarches de projet » ;
Échange animé par Gérard Dorel : Du projet urbain au projet métropolitain "Paroles d’acteurs".
Daniel Darmon, « Les enjeux des pôles de compétitivité, pour un nouveau développement industriel de la France » ;
Thierry Dardart, « Le pôle Industries et Agro-ressources : Ancrage territorial, attractivité et compétitivité » ;
Vincent Steinmetz, « La dimension internationale du pôle de compétitivité "Industries et Agro ressources" ».
Échange animé par Jean-Louis Girard Synergies recherche – industrie dans le pôle de compétitivité Industrie Agro Ressources Champagne – Picardie "Paroles d’acteurs".
Module 1. Les voisinages de l’individu.
Responsable : Jacques Lévy (VillEurope)
Chercheurs : Dominique Andrieu (MSH de Tours), Mickael Breton (MSH de Tours), Laurent Cailly (MSH de Tours), Christian Calenge (MSH de Tours), Pierre Granier (MSH deTours), Serge Thibault (MSH de Tours), Olivier Vilaça (VillEurope). Développement informatique. Boris Beaude (VillEurope). Cartographie: Dominique Andrieu (MSH de Tours).
Enquêteurs: Mathilde Derôme Marc Dumont, Claire Mulonnière, Lionel Rougé, Amandine Spire.
Module 2. La vie quotidienne des lieux.
Responsable, rédaction : Serge Thibault (MSH de Tours).
Chercheurs : Laurent Cailly (MSH de Tours), Christian Calenge (MSH de Tours), Élisabeth Dury (VillEurope), Pierre Granier (MSH de Tours), Fanny Letissier (VillEurope), Jacques Lévy, Jérôme Rollinat (MSH de Tours), Serge Thibault (MSH de Tours).
Enquêteurs: Marie Chenet, Cécile Dacremont, Élisabeth Dury, Pauline Frachon, Clément Gayet, Fanny Letissier, Tony Perrone, Isabelle Verdage, Laura Verdelli, Laure Verdier.
Module 3. Stratégies d’habitat.
Responsable : Anne Péré (Urbane)
Chercheurs : Alice Chevalier (Urbane), Anne Péré (Urbane), Lionel Rougé (Urbane).
Enquêteurs : Alice Chevallier, Lionel Rougé.
Module 4. Lieux remplis, lieux vidés.
Responsables, rédaction : Olivier Lazzarotti (MIT), Sylvine Pickel (MIT), avec la collaboration de l’équipe MIT.
Enquêteurs : Maud Bendinelli, Eugène Cailleau, Alexandre Gautier, Sylvine Pickel, Nathalie Violeau.
Module 5. Dynamiques du peuplement.
Responsable, rédaction : François Moriconi-Ebrard (CNRS/Université d’Avignon).
Chercheurs : Jean-Paul Hubert (FUNDP, Namur), François Moriconi-Ebrard
Cartographie : Frédéric Dinard (Université de Caen).
Les sites et les zones.
La recherche s’est déroulée principalement sur quatre sites : Île-de-France, aire urbaine de Toulouse, aire urbaine de Tours, aire La Rochelle-Île-de-Ré.
L’animation des enquêtes sur chacun de ces sites a été réalisée par Christian Calenge (Tours), Anne Péré (Toulouse), Patrick Poncet (Île-de-France), Sylvine Pickel et Isabelle Sacareau (La Rochelle-Ré).
Chaque site a été découpé en zones relativement homogènes afin de prendre en compte les différents gradients d’urbanité dans chaque site, assurer une meilleure préparation typologique des enquêtes et une meilleure cohérence dans l’interaction entre les modules. Il y avait en tout , 14 en Île-de-France, 8 à Toulouse, 6 à Tours et 5 à La Rochelle-Ré.
La réalisation du rapport.
Rédaction.
Chapitres 1, 2, 7 : Jacques Lévy. Chapitre 3 : Serge Thibault. Chapitre 4, Annexe 2 : Alice Chevalier, Anne Péré. Chapitre 5 : Olivier Lazzarotti, Sylvine Pickel. Chapitre 6 : François Moriconi-Ebrard. Annexe 1 : Lionel Rougé.
Coordination éditoriale.
Jacques Lévy.
Édition. Dominique Andrieu, Alain Ravaz.
Achèvement du rapport : février 2004.