Gybas Magdalena, Das Theater in der Stadt und die Stadt
im Theater. Gestaltung und Funktionen kaiserzeitlicher
Theater in Kleinasien (Antiquitates, 69), Hambourg, Dr.
Kovač, 2018, 1 vol. 15 × 21, 335 p. + 73 pl. n/b, ISBN : 978-3830-09569-9.
Jeanne Capelle
Dans Revue archéologique 2023/1 (n° 75),
75) pages 186 à 189
Éditions Presses Universitaires de France
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ISSN 0035-0737
DOI 10.3917/arch.231.0186
Comptes rendus bibliographiques
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l’Apocoloquintose comme une caricature de l’individu et, inversement, comprendre pourquoi, en établissant une comparaison à l’avantage de Néron, il
a pu voir le jour. Hélas pour Claude, le texte de
Sénèque a influencé la vision que Tacite et Suétone
ont donnée de son règne (p. 213) : la caricature a
donc « fonctionné ».
La conclusion (« La caricature antique : une pratique innommable et innomée ? », p. 215-227) a été
confiée à L. Baridon, spécialiste d’art contemporain
(p. 21). Définissant la caricature comme une « satire
visuelle » (p. 217), l’a. replace les interventions de
la journée d’études dans une perspective large. Le
passage par les images anglaises du XVIIIe siècle lui
permet de proposer des critères pour identifier une
caricature (p. 220) : « des corpus homogènes, circonscrits et documentés, des artistes mis en rapport, les cibles visées, les contextes précis, et enfin
le public potentiel ». Toutes conditions difficiles à
réunir pour la plupart des corpus antiques. La
notion de « contre-portrait » (p. 221), avancée à
propos de la caricature en poire de Louis-Philippe,
s’applique fort bien à l’image de Claude dans le
texte de Sénèque, et l’étude animalière de J. Trinquier est justement prolongée par l’évocation de la
théorie des angles faciaux élaborée par P. Camper
au XVIIIe siècle : il y classait les races humaines en
les comparant aux animaux, procédé que le caricaturiste Grandville a utilisé dans ses dessins animaliers et Hadol dans sa Ménagerie impériale. Mais l’a.
de remarquer que, bien souvent, l’image est accompagnée d’un texte pour en préciser le sens – et la
charge. Les dernières pages de la conclusion
insistent sur l’importance d’Alexandrie et du
théâtre dans l’émergence de pratiques caricaturales
antiques : « Le passage du texte à l’image par
l’intermédiaire de la scène est difficile à documenter. Il dut pourtant être essentiel dans l’Antiquité
et constituerait à ce titre un antécédent de la
caricature moderne ». Il convient d’être prudent sur ce point : attribuer un phénomène à un
unique corpus disparu (ici, la pratique théâtrale)
peut être un leurre qui dispense d’observer les
autres documents disponibles. Mais c’est un écueil
qu’évitent ces riches actes, à travers lesquels se
dessinent une évolution constante, et des moments
de cristallisation : l’émergence de l’individu et du
portrait, autour du IVe siècle av. J.-C. en Grèce ;
l’apparition de poèmes et d’images « satiriques » à
Alexandrie vers 300, qui tend à faire de pratiques
antérieures un « genre » spécifique ; et Rome, avec
ses particularités mais aussi sa proximité avec le
monde grec, participe assez tôt de cette évolution.
Un second ouvrage, fruit d’une seconde tableronde, est en cours de publication : il portera
sur « Caricatures et laideur dans l’Antiquité ».
Espérons que ce dernier comportera une bibliographie générale, plus aisée à consulter que le
système de renvois internes aux notes (op. cit. ou
loc. cit.), qui ne facilite pas l’identification des
références utilisées dans chaque chapitre – mais
c’est là le seul défaut « formel » de ce très suggestif volume.
Martin GALINIER,
Professeur, université de Perpignan Via Domitia,
52, avenue Paul Alduy,
66870 Perpignan Cedex.
galinier@univ-perp.fr
GYBAS Magdalena, Das Theater in der Stadt und die Stadt im Theater. Gestaltung
und Funktionen kaiserzeitlicher Theater in Kleinasien (Antiquitates, 69),
Hambourg, Dr. Kovač, 2018, 1 vol. 15 × 21, 335 p. + 73 pl. n/b, ISBN :
978-3-830-09569-9.
Ce livre est la version remaniée et rapidement
publiée d’une thèse soutenue en 2016 à Fribourg
(dir. R. von den Hoff, C. Berns). Il porte sur les
théâtres des provinces romaines d’Asie et de LyciePamphylie (îles grecques exclues), de 133 av. J.-C.,
veille de la création de la première province, à la fin
de l’époque impériale. Le titre, avec sa figure de
régression, révèle une problématique double :
« Comment le type monumental du théâtre était-il
visuellement et architectoniquement intégré à la
structure urbaine antique et quelles fonctions
peuvent être attribuées au théâtre d’après les
sources archéologiques et épigraphiques ? » (p. 7).
L’étude, qui a pour ambition de combiner extérieur
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et intérieur (p. 15), procède en deux parties – le
théâtre dans la ville puis la ville dans le théâtre – et
s’achève par une brève conclusion bipartie.
L’introduction sur l’histoire de la recherche
invoque davantage de références récentes, essentiellement allemandes, sur la sociologie de l’architecture et de l’espace de la cité que sur les théâtres,
étudiés depuis « près d’un siècle » (W. Dörpfeld
figure pourtant dans la bibliographie). En général,
M. G. paraît peu familière de l’architecture, parlant
de « galleria » pour porticus « in summa cavea » et de
velia au lieu de vela, et rejetant l’idée d’une singularisation architecturale des cités. Vu le choix assumé,
p. 212, d’une distanciation de la typologie monumentale, on passera outre l’amalgame paraskenia/
proskenion/thyromata-Bühne ou la répartition des
théâtres entre « grecs canoniques », « romains » et
« romains d’Asie Mineure », suivant la typologie de
H. P. Isler (p. 59-61), pour apprécier que s’affirme,
au fil de l’ouvrage, l’idée que les théâtres dans leur
ensemble sont empreints (« geprägt ») de tradition
grecque et plus ou moins perméables aux innovations latines.
Quatre-vingt trois villes équipées d’un ou de plusieurs théâtres ont été intégrées à la synthèse, cent
seize dans le catalogue qui retient les édifices désignés comme tels dans l’inventaire de F. Sear.
Manquent quelques théâtres connus par des mentions anciennes ou signalés récemment comme
Myrina, Avasun, Hadrianoi, Hypaipa, Gordiouteichos, Koskinia, Théra/Kyllandos, Kıran Gölü, ou
encore, d’après les Anadolu Antik Tiyatroları de
Y. Yılmaz, Blados et Prymnessos. Bybassos et Kastabos ne font qu’un. Un astérisque indique l’insuffisance des données et « unbekannt » vient combler
chaque rubrique vide, y compris l’emplacement de
théâtres pourtant localisables comme Perpérène
(voir les coordonnées sur www.theatra.mom.fr) ;
« unbekannt » encore le nom moderne de Magnésie
du Sipyle (Manisa).
La question du théâtre dans la ville (I) commence
par l’étude de quatre grandes cités pour lesquelles
sont analysés l’emplacement du théâtre, son insertion urbaine et son ornementation, considérée
comme une « image identitaire », porteuse d’indices
sur les usages des édifices. Celui d’Éphèse (p. 1629) occupait une place centrale dans la « skyline »
de la ville par le choix réfléchi d’un emplacement
avantageux sur le port, puis plus tard dans la perspective de deux voies à colonnades (et non pas seulement de l’« Arcadiane ») menant peu ou prou du
nouveau port à deux accès au théâtre (n’ont pu être
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intégrés ni le volume des FiE de 2017 sur le théâtre
ni l’article sur la frise à amours publié dans SoSchrÖAI, 56, 2018). À Hiérapolis (p. 30-37), le
théâtre apparaît comme un « instrument de la compétition entre cités ». L’ajout au nord d’un second
théâtre associé à une agora hadrianique, dans l’alignement de la porte de Frontin, est présenté sur
fond de rivalité avec la cité voisine de Laodicée. Il
paraît peu pertinent cependant de supposer que le
théâtre nord de cette dernière ait été sciemment
tourné vers sa rivale, de même qu’on ait choisi,
peut-être, d’orienter le théâtre de Milet (p. 38-43)
vers le sanctuaire d’Athéna et la ville saccagée par
les Perses. M. G. use et abuse de métaphores théâtrales : de même que le théâtre d’Éphèse aurait fait
office, pour ceux qui débarquaient, de « décor de
fond » (Kulisse), de même celui de Milet aurait été
le « lieu de la mise en scène d’un passé chargé d’histoire » et la ville micrasiatique elle-même deviendrait « eine Art Bühne » (p. 141). Enfin, le théâtre de
Pergé (p. 44-53), avec le stade perpendiculaire et
une place restituée dans l’angle droit du L ainsi
constitué, fait « partie d’une aire dédiée aux
concours (« Festspielareal », expression de C. Rohn
à propos du « théâtre-stade » d’Aizanoi) » excentrée,
« aux portes de la ville », « hors du quotidien »,
caractéristique de la haute époque impériale et que
l’on retrouve en Pamphylie à Aspendos et Selgé.
Suit une partie synthétique qui classifie d’abord,
selon des catégories perméables, l’emplacement
choisi pour les théâtres (p. 65-81) : 1. central pour
33 d’entre eux, avec des édifices (relativement)
proches de l’agora ou dans 7 cas du port ; 2. en
périphérie de la ville pour 53 théâtres, ce qui les
rendait plus accessibles aux ruraux (et aux étrangers) ; 3. dans des sanctuaires extra-urbains (il faut
en retirer au moins Aigai et son « sanctuaire d’Asclépios »). Les théâtres, implantés dans des cités autocentrées à l’époque hellénistique, se seraient
tournés vers l’extérieur dans le cadre de la rivalité
entre cités d’époque impériale ; on retiendra surtout
que les théâtres se diffusent plus tardivement en
Lycie-Pamphylie, plutôt à la périphérie de villes
déjà développées.
L’accessibilité du théâtre, locus celeberrimus
(expression cicéronienne, et non due à Newsome)
était assurée par l’intégration dans le réseau viaire ;
des aménagements permettaient une station prolongée (placettes, fontaines, latrines). Les théâtres,
dont la vue était bouchée par les bâtiments de
scène, apparaissaient de l’extérieur comme des
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Comptes rendus bibliographiques
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« visual landmarks » (p. 81-91). Certaines combinaisons montrent leur polyvalence : avec un stade ou
un odéon, un stade et un amphithéâtre à Pergame
(« Festspielareale ») ; avec des agoras ou des places ;
avec des temples de Dionysos (rares cependant et
parfois éloignés du théâtre, comme à Téos) ; rarement avec des temples de culte impérial ; ou encore
avec des nécropoles et des tombes monumentales,
des thermes (p. 91-111).
La partie sur la ville dans le théâtre (II) passe de
l’impact visuel des édifices à l’espace théâtral vécu,
en parcourant ses diverses fonctions agonistiques,
politiques et cultuelles. Les usages (Nutzung) ou les
fonctions (Funktion) comprennent des compétitions
dans le cadre de fêtes (p. 115-137) selon des catégories discutables : des représentations « théâtrales »
(dramatiques), « sportives » (finalement évacuées),
« musicales » et des munera.
Le théâtre est ensuite présenté comme « lieu de
culte » (p. 138-158), puis, plus justement, comme
« espace sacré » doté d’une « aura cultuelle », caractérisé, plus que par une véritable activité cultuelle
(« Ehrung » n’est pas « Verehrung »), par la présence
visuelle de Dionysos jusqu’à l’époque impériale, et
par celle des divinités civiques et des empereurs.
L’accent est mis sur les fêtes en l’honneur de divinités puis sur les processions et les sacrifices, qui se
seraient déroulés au théâtre, selon une généralisation tirée de la fondation de C. Vibius Salutaris.
L’absence de parodos au théâtre d’Éphèse gêne
M. G. pour qui, suivant K. Piesker, elles servaient
aux processions (et non plus aux chœurs placés sur
le proskènion dès le IVe s. d’après une référence
désinvolte à la proédrie de Priène). La rareté des
autels pour les dieux ou les empereurs en bordure
de l’orchestra aurait été compensée par des dispositifs temporaires. Le théâtre servirait de cadre architectural au culte impérial et l’agonothète
endosserait le rôle du prêtre de ce culte. Le complexe de théâtre-temple de culte impérial de Stratonicée apparaît isolé.
Le théâtre est aussi défini comme un espace politique (p. 158-174) dont l’usage serait quotidien,
alors que sa fonction agonistique sortirait du quotidien, d’après F. Kolb. Le fait que le théâtre ait été
le lieu régulier de réunion de l’assemblée serait une
évidence, en raison de la capacité de l’édifice, d’un
passage très restitué de l’inscription de C. Vibius
Salutaris et de la présence d’inscriptions topiques
sur les gradins, notamment de réservations pour des
tribus dans l’ima cavea. L’élaboration et l’affichage
de décrets, le couronnement d’évergètes, la proclamation des honneurs, le droit de proédrie et l’érection de statues honorifiques sont versés au dossier
des usages politiques.
Enfin, le théâtre, dont la fonction principale serait
la « construction d’une identité commune », est
envisagé comme un lieu de « perception visuelle »
(p. 174-199) : le rapport entre l’ornementation
figurée des édifices et les différentes activités qui s’y
déroulaient est examiné, effort bienvenu en
l’absence d’une synthèse sur l’ornementation des
théâtres micrasiatiques, au-delà de quelques
lacunes bibliographiques (e. g. J.-C. Moretti, « Des
masques et des théâtres », REA, 1993 ; V. di Napoli,
« Figured reliefs », Logeion, 2015). Les genres traditionnels de la tragédie et de la comédie dominent,
des portraits de poètes et d’artistes aux décors de
masques, tandis que les populaires mimes, pantomimes et gladiateurs sont surtout présents dans les
graffiti. Les frises d’amours chasseurs (qu’il faudrait
faire remonter au tournant du Ier et du IIe s. avec
le cas d’Éphèse) feraient allusion aux chasses. Les
statues d’athlètes du théâtre d’Aphrodisias représentent un cas exceptionnel, qui serait tardoantique (p. 179). Suivent les représentations divines
et la multiplication, aux IIe-IIIe s., des allusions aux
mythes locaux ; les portraits impériaux, essentiellement interprétés comme des marques de loyauté ;
les statues honorifiques enfin, surtout togati, avec
également des magistrats en habit grec et des
femmes vêtues. L’unique page (p. 191) sur le
contexte d’exposition omet, entre autres, les points
nodaux que constituaient les têtes des murs de soutènement de part et d’autre de l’orchestra (J. Ma est
pourtant cité).
Après un résumé, la conclusion générale (p. 205213) avance l’idée que le théâtre, lieu très accessible
et très visible marquant le paysage urbain, est à
l’époque impériale bien plus qu’un « lieu de divertissement ou de réunion » : riche d’une polyvalence
qui en fait un « lieu d’identité » et de « mémoire »,
un lieu de l’action ou de la manifestation (« Ort des
Geschehens »), de « communication » active ou passive, où culte, politique, fête, assemblée, représentations privée et publique se mêlent. C’est « le
monument public de la cité ».
Un catalogue dense (p. 215-300) compile une
série d’informations : emplacement, contexte urbanistique, dimensions, principales phases, usages,
ornementation (famille impériale ; particuliers ;
dieux et personnifications ; décor architectural ;
divers), bibliographie par ordre chronologique
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Comptes rendus bibliographiques
7 inscriptions de Didymes contenant le participe
ἄγων et non le substantif ἀγών. Sur les graffiti de
mimes à Éphèse (p. 122), M. G. reproduit sans
distance critique un commentaire sur Héphaistos,
alors que la didascalie nomme Héraclès ; ce n’est
pas le seul exemple où une confusion sur le lieu
de gravure – le podium du front de scène et non
l’orchestra – entraîne une erreur d’interprétation
– les auteurs des dessins sont sans doute les
artistes eux-mêmes et non les spectateurs (cf.
C. Roueché, « Images of performance », 2002 ; « A
world full of stories », 2009). Page 150, l’inscription de Pinara « décri[vant] en détail une fête au
théâtre accompagnée d’un banquet » ne mentionne
pas de théâtre.
Reste que l’ouvrage représente un travail important réalisé en peu de temps, avec une vivacité dont
témoigne la surabondance de questions introduisant chaque partie. M. G. parvient à sortir les
théâtres de la brume de nos connaissances pour les
donner à voir dans leur environnement urbain d’origine, imaginant avec audace des paysages urbains et
embrassant du regard des dizaines d’édifices à travers l’Asie Mineure occidentale.
Jeanne CAPELLE,
École normale supérieure,
45, rue d’Ulm,
75005 Paris.
jeanne.capelle@ens.psl.eu
HEIDEN Joachim (dir.), Die antike Siedlungstopographie Triphyliens (Athenaia, 11),
Berlin, Gebr. Mann Verlag - DAI Athen, 2020, 1 vol. 21 × 29,7, VIII +
234 p., 186 fig., ISBN : 978-3-786-12812-0.
De 2006 à 2012, l’Institut archéologique allemand, en collaboration avec la 7e éphorie des Antiquités, a mené des recherches sur la Triphylie, à
l’ouest du Péloponnèse. L’enjeu de ce programme,
piloté par J. Heiden, était de documenter, dans une
perspective de géographie historique, la topographie antique de cette région jusqu’ici assez peu étudiée. Il ne s’agit pas à proprement parler d’une
prospection, mais d’une étude spatiale à l’échelle
régionale appuyée sur l’utilisation d’un SIG et sur
des méthodes d’analyse non invasives sur les sites
principaux : étude architecturale du bâti existant,
prospection géophysique, collecte limitée de matériel de surface. L’ouvrage examiné ici est le premier
résultat de ce programme de recherche – un autre
volume est annoncé.
Le livre comporte onze chapitres, en allemand et
en grec. Après une brève introduction pour décrire
les limites de la région et les grandes lignes de son
histoire (chap. 1), trois chapitres (chap. 2, 3 et 4)
forment en quelque sorte l’épine dorsale de
l’ouvrage. Tout d’abord, J. Heiden pose les bases de
la géographie historique de la région, en proposant
une localisation et une description succincte pour
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inverse. Ce catalogue n’est pas sans erreurs ; mais,
plus nuancé et complet que la synthèse, il permet
souvent d’en corriger les simplifications. Un index
indiquant les passages où tel édifice est cité aurait
été bienvenu. La bibliographie, longue de 35 pages,
ne rassemble pas toutes les références citées ; les
coquilles abondantes laissent penser que les références turques n’ont pas été lues. L’illustration se
compose de 73 plans urbains réduits (du 1:5000 au
1:25000) pour entrer dans une page in-8o, harmonisés par l’illustratrice B. Springer-Ferazin. Les
théâtres sont replacés dans un ensemble monumental indiqué en grisé.
De façon générale, on peut regretter que l’exposé
se fonde largement sur Der Neue Pauly (plutôt que sur
S. Aneziri et B. Le Guen pour les technites, par ex.),
s’égare à définir des notions qu’on pourrait supposer
acquises, parte, pour caractériser l’Asie Mineure, de
théories sur la ville romaine et le théâtre à Rome et
dans les provinces occidentales, prétendument
mieux connu. Ainsi, le rôle de la cité grecque est relégué au second plan, notamment dans le financement
des théâtres et des concours, à propos desquels M. G.
aurait pu s’appuyer sur le colloque L’argent dans les
concours du monde grec (2010).
La non-maîtrise du grec, lu et cité en traduction,
approximativement transcrit (οδε pour ᾠδή), mine
l’exposé, où ne sont pas clairement distingués les
phénomènes récurrents des cas exceptionnels, ou
douteux : ainsi la n. 730 laisse penser que les attestations épigraphiques de concours sont rares et cite
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