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Revue internationale de l'économie sociale
Recma
Évaluation du secteur de l’économie sociale en
Languedoc-Roussillon
An Evaluation of the Social Economy Sector in the
Languedoc-Roussillon Region
Michel Garrabé, Laurent Bastide and Catherine Fas
Économie sociale et/ou solidaire ?
Article abstract
Number 281, July 2001
Evaluating the economic weight of the social economy sector in
Languedoc-Roussillon, which is the subject of this article, was done in two
stages. The first was the creation of a database starting from the Sirène dataset,
and the second was the development of a methodology for measuring the
market and non-market output of organizations. A survey was then conducted
on a representative sample drawn from the database. Using the information
collected, the authors propose measures of direct and indirect value-added for
the market sector, employment, solidarity surplus and non-market social
values. The study also estimates the volume of services supplied by the sector
and the number of volunteers in the region. These various findings are
discussed and compared with national data obtained in other studies.
URI: https://id.erudit.org/iderudit/1024027ar
DOI: https://doi.org/10.7202/1024027ar
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Publisher(s)
Institut de l’économie sociale (IES)
ISSN
1626-1682 (print)
2261-2599 (digital)
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Garrabé, M., Bastide, L. & Fas, C. (2001). Évaluation du secteur de l’économie
sociale en Languedoc-Roussillon. Revue internationale de l'économie sociale,
(281), 135–150. https://doi.org/10.7202/1024027ar
Tous droits réservés © Recma, 2001
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Tendances et innovations
ÉVALUATION DU SECTEUR
DE L’ÉCONOMIE SOCIALE
EN LANGUEDOC-ROUSSILLON
par Michel Garrabé (*), Laurent Bastide (**) et Catherine Fas (***)
(*) Michel Garrabé est professeur
à l’université de Montpellier-I.
(**) Laurent Bastide est chargé de
mission à la CRES-LR.
(***) Catherine Fas est chargée
d’étude au Centre d’études de
projets (CEP), Montpellier-I.
L’évaluation de l’importance économique du secteur de l’économie sociale
en Languedoc-Roussillon, objet de cet article, a nécessité deux démarches
successives : la constitution d’une base de données incluant le fichier Sirène
et l’élaboration d’un cadre méthodologique d’évaluation des productions
marchandes et non marchandes des organisations. A partir du fichier
constitué, un échantillon représentatif a permis de réaliser une enquête.
Le traitement des résultats a conduit à proposer la mesure des valeurs ajoutées marchandes directes et indirectes, de l’emploi, du surplus de solidarité et des valeurs sociales hors marché. L’étude propose également une
estimation du nombre des prestations du secteur et du nombre des bénévoles dans la région. Ces différents résultats sont discutés et confrontés aux
données nationales obtenues dans d’autres études.
●
L
(1) Laboratoire de la faculté de
sciences économiques de l’université de Montpellier-I.
(2) Michel Garrabé et Laurent Bastide (1999): Evaluation économique
du secteur de l’économie sociale
en Languedoc-Roussillon, rapport
final région LR (155 p.).
(3) Voir Michel Garrabé, Laurent
Bastide et Catherine Fas : « Identité
de l’économie sociale et de l’économie solidaire », Recma, n° 280,
avril 2001.
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’importance du secteur de l’économie sociale en Languedoc-Roussillon, comme d’ailleurs un peu partout en Europe, est un point de
vue généralement partagé. Cependant, la mesure de ce qu’il convient
d’appeler son « poids » économique et social n’a encore jamais été réalisée
de façon statistiquement satisfaisante. Il y a à cela un certain nombre de
raisons dues à des difficultés d’ordre méthodologique.
La chambre régionale de l’économie sociale du Languedoc-Roussillon
(CRES, ex-GRCMA) et le Centre d’études de projets [CEP (1)] ont réalisé
de 1997 à 1999 une étude sur cette question (2). Celle-ci a nécessité une
investigation préalable concernant la définition à retenir de l’économie
sociale, à partir d’un certain nombre de critères, dont nous avons rendu
compte dans un article précédent (3).
Au cours de ce travail, nous avons rencontré de nombreuses difficultés
méthodologiques et techniques, parmi lesquelles figurent la circonscription opérationnelle de la population des institutions du secteur, l’identification d’indicateurs marchands et non marchands de la valeur économique
et sociale de son activité, ainsi que celle de leur formulation. Quant aux
difficultés statistiques, elles concernent la constitution de fichiers de référence
par rapport aux sources de données disponibles, la collecte de l’information par enquête ainsi que son traitement économétrique. De surcroît,
l’hétérogénéité des unités constituant le secteur des associations, notamment,
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Evaluation du secteur de l’économie sociale en Languedoc-Roussilllon
tant du point de vue de la taille ou du statut que de l’activité, a fait que
leur participation à une étude, exigeante sur le plan de l’information collectée, n’a pas été sans rencontrer des problèmes quant à la qualité des
réponses, dans certains cas que nous préciserons ultérieurement.
●
Phasage
(4) Vingt-trois fichiers (voir rapport
1999, annexe 1, op. cit., note 2).
(5) Ont été identifiés les catégories
de surplus suivantes : de flexibilité,
de réversibilité, de solidarité,
d’aménité, ainsi que les coûts évités sociaux et publics.
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Une première partie préalable à notre travail d’évaluation a été de définir
le domaine de l’économie sociale, de telle sorte qu’appartiennent à celuici toutes les structures répondant à sept critères principaux qui sont le
statut coopératif, mutualiste ou associatif, la libre adhésion, l’égalité des
membres, la production de valeurs économiques, la non-lucrativité, l’indépendance et la qualité des bénéficiaires. L’évaluation proprement dite a
nécessité, quant à elle, les phases suivantes.
• Identification et stratification de la population des établissements. La constitution d’une base statistique de la population pertinente des établissements
qui composent l’espace de l’économie sociale en Languedoc-Roussillon a
nécessité le croisement d’un grand nombre de fichiers avec le fichier source
Sirene (4). Une fois terminée la circonscription de la population mère,
nous en avons proposé une stratification à plusieurs niveaux. Les critères
de stratification retenus ont été l’activité, la taille et la localisation géographique. Ce travail a donné lieu à la constitution d’une base de données
de plus de 19 500 établissements (1998).
• Elaboration d’une méthodologie de l’évaluation, comprenant l’élection de
variables pertinentes et la construction d’indicateurs significatifs qui seront
présentés plus loin. Ce travail est actuellement poursuivi dans le cadre d’un
groupe de recherche animé par le CEP autour de critères de surplus et de
coûts évités (5).
• Enquêtes auprès des fédérations adhérentes au GRCMA. L’enquête sur les
mutuelles et les coopératives (à l’exception des coopératives artisanales et
d’une partie des Scop) a été conduite à partir des têtes de réseaux. Ont été
enquêtés les banques coopératives, les mutuelles d’assurances du Gema,
les mutuelles de santé de la Fédération nationale de la mutualité française
(FNMF), la Mutualité sociale agricole (MSA) et Groupama. Concernant la Fédération régionale des coopératives agricoles (FRCA), l’information nous a été communiquée par la cellule aménagement et évaluation
de l’Institut agronomique méditerranéen de Montpellier (IAMM).
• Tirage d’un échantillon aléatoire proportionnel représentatif, constituant
notre population de sondage de la sous-population des associations. La
taille de l’échantillon qui a été retenue, fonction du nombre de strates, est
de 630 associations. L’enquête sur les mutuelles et les coopératives
(à l’exception des coopératives artisanales et d’une partie des Scop) a été
conduite à partir des têtes de réseaux.
• Elaboration d’un questionnaire permettant de quantifier directement ou indirectement les indicateurs retenus. La taille du questionnaire était relativement
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Tendances et innovations
importante du fait de la quantité d’informations nécessaires. Il comprenait
quarante questions et requérait des informations financières assez détaillées,
de telle sorte que nous avons été conduits à retenir une procédure d’enquête
par entretien, ce qui a considérablement alourdi le processus, compte tenu
par ailleurs de la dispersion géographique des associations.
• Enquête auprès de l’échantillon constitué. Malgré le travail réalisé sur la
population mère de la classe des associations, dans le cadre de la constitution d’un fichier « propre », l’enquête a fait apparaître que de nombreuses
structures n’existaient plus, avaient déménagé ou avaient renoncé au statut associatif. Il faut ajouter à cela qu’un certain nombre de celles qui demeuraient ont refusé de participer. Le souci de la représentativité des résultats
par rapport aux strates retenues nous a conduits, dès lors, à accroître
notre échantillon en respectant la rigueur statistique. Cette enquête a nécessité, outre l’équipe, une vingtaine d’enquêteurs. La collecte de documents
comptables (comptes de résultat) a souvent exigé plusieurs relances. En
bref, cette phase du travail a présenté de nombreuses difficultés pour maintenir la représentativité de notre information.
• Dépouillement, traitements. Cette dernière phase a compris la saisie des
informations sur un logiciel de traitement d’enquête (Sphinx). La taille de
l’échantillon (600) s’est révélée tout juste suffisante pour nous permettre
de constituer des strates significatives, tant les imperfections de l’information disponible, les refus de répondre et l’incomplétude des réponses ont
conduit à écarter des questionnaires. Le travail de cette phase s’est traduit
par la mise en place de tests, la constitution de fichiers et de sous-fichiers,
l’élaboration de tris, l’agrégation de certaines valeurs observées et le renseignement des indicateurs retenus.
• Résultats. En l’état actuel de nos résultats, seuls six indicateurs seront chiffrés. Il s’agit, d’une part, de la valeur ajoutée et de l’emploi, directs et
indirects, pour l’ensemble du secteur et, d’autre part, du surplus de solidarité et des valeurs sociales hors marché pour le seul secteur associatif. Les
coûts évités seront calculés ultérieurement. Quant aux valeurs ajoutées et
à l’emploi secondaires, nous ne les avons pas retenus.
●
Les indicateurs retenus et les indicateurs mesurés
Trois catégories d’indicateurs ont été identifiés comme pertinents afin de déterminer l’importance du secteur de l’économie sociale en Languedoc-Roussillon
(voir schéma en page suivante). Seuls certains d’entre eux ont été effectivement
mesurés: les valeurs économiques et les emplois pour tout le secteur de l’économie sociale, les valeurs sociales pour le seul sous-secteur des associations.
La création de richesses monétaires nettes
Il s’agit des valeurs ajoutées marchandes directes (produites par les organisations
d’économie sociale), indirectes (issues de la filière locale) et secondaires (liées
aux revenus distribués), produites par la création de biens et services.
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Evaluation du secteur de l’économie sociale en Languedoc-Roussilllon
Indicateurs
Emploi
Valeurs économiques
Valeurs ajoutées
marchandes
créées
Valeurs ajoutées
marchandes
maintenues
Coûts
publics
évités
Emplois
créés ETP
Emplois
maintenus
Valeurs sociales
Surplus
de solidarité
Valeurs
sociales
hors marché
Le maintien de richesses monétaires nettes
Cela concerne la valeur ajoutée maintenue par des entreprises du secteur qui disparaîtraient en l’absence de solidarité, ainsi que celle de leurs
fournisseurs éventuellement. On doit aussi mesurer les effets de
maintien des capacités contributives des actifs productifs. Il s’agit notamment du capital humain préservé pour des productions ultérieures par
les actions de solidarité, ainsi que de la préservation de ressources
naturelles (entretien d’espaces naturels, mais aussi lutte contre le bruit,
par exemple).
Les créations d’emplois nets
On estimera les emplois occupés par les entreprises du système d’économie sociale, ainsi que les emplois créés par les demandes du secteur à
l’économie et, enfin, les emplois secondaires générés par les dépenses liées
aux revenus distribués par le secteur de l’économie sociale et ses filières
(au prorata, pour ces dernières, des demandes du secteur de l’économie
sociale).
Le maintien d’emplois nets directs et indirects
Il s’agit des emplois préservés du fait de la solidarité, qui correspondent
au maintien de richesses.
Les coûts évités nets
L’écart entre les coûts de prise en charge par la collectivité des activités de maintien des capacités contributives des acteurs productifs et la valeur des subventions accordées pour cette tâche à l’économie sociale constitue un coût évité.
Cet écart mesure l’équivalent coût financier du bénévolat plus le surcoût de la
production administrative de prestations. Il s’agit aussi du coût collectif des
effets de situations sociales caractérisées par l’absence d’une substitution de l’action publique par une structure appartenant au secteur de l’économie sociale.
• Exemple 1. La production administrative d’une prestation coûterait 60,
sa production associative coûterait 50 et la subvention reçue serait de 20.
Dans ce cas, le coût public évité serait de 40.
• Exemple 2. Une association permet d’éviter par son action un accroissement
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Tendances et innovations
de la délinquance qui coûterait 100 à la collectivité ; pour une subvention
de 30, le coût évité serait de 70. Ce coût pourrait être plus élevé encore si
cet accroissement de délinquance faisait l’objet, en l’absence de l’association, d’une politique de répression.
Les surplus de solidarité
Le surplus de solidarité s’apprécie comme la différence entre la production
de la structure d’économie sociale et celle de l’administration ou d’une
entreprise privée à but lucratif, dont le service est substituable. Il mesure
une utilité supplémentaire due à l’un des quatre cas suivants :
• prix inférieur pour une qualité identique ;
• prix inférieur pour une qualité supérieure ;
• prix identique pour une qualité supérieure ;
• prix supérieur pour une qualité plus que proportionnellement supérieure.
Ces surplus se rencontrent dans les trois « familles » de l’économie sociale.
Les valeurs sociales hors marché
Il s’agit de la création de valeurs sociales qui sont des avantages gratuits
résultant de prestations non valorisées par le marché, telles que la production de lien social, d’éveil culturel, de formation, mais aussi de protection
de l’environnement, par exemple.
Nous n’avons pas recherché la mesure de la valeur ajoutée secondaire (effets
liés à la consommation permise par les accroissements de revenu) ni celle
des valeurs ajoutées maintenues du fait de l’activité du secteur. Les emplois
secondaires et maintenus ne seront pas non plus mesurés; il en est de même
des coûts évités.
●
Mesure de la valeur ajoutée et de l’emploi (pour l’ensemble du secteur)
Estimation de la valeur ajoutée
Méthodologie de l’évaluation de la valeur ajoutée
(6) Dans l’étude, nous n’avons pas
déduit de la création de richesse la
valeur des subventions reçues par
le secteur. Cette question est en
cours d’étude.
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La mesure de la création de richesse nette (6) a consisté dans un premier
temps à évaluer les effets directement produits par les entreprises du secteur de l’économie sociale et, à partir de ce résultat, à développer dans un
second temps une procédure d’estimation des effets indirects, générés dans
le reste de l’économie régionale.
La mesure de la valeur ajoutée annuelle brute totale du secteur de l’économie sociale nécessite la mobilisation directe de l’information obtenue au moyen
de l’enquête réalisée (disposition des comptes de résultat) ou son estimation
à partir des ratios sectoriels: valeur ajoutée-chiffre d’affaires (VA / CA).
Le calcul de la valeur ajoutée directe (VAD) annuelle totale répond à la
formulation suivante :
(iVADi = (i (CAi x VAi / CAi x Ti)
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Evaluation du secteur de l’économie sociale en Languedoc-Roussilllon
(7) La propension régionale à
importer pour le Languedoc-Roussillon a été évaluée à 0,3 (CEP).
(8) Pour le Languedoc-Roussillon,
le multiplicateur régional de Brown
est évalué à 1,47 (CEP).
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Les ratios VA / CA ont été obtenus à partir des résultats de l’enquête, des
données de la comptabilité nationale et de l’Insee.
Les montants de chiffres d’affaires sont issus de l’enquête ou calculés à partir
de la masse salariale et des coefficients sectoriels masse salariale-valeur ajoutée
(MA / VA).
Les taux Ti représentent le nombre d’observations utilisées par rapport
à la population de chacune des classes sectorielles retenues. La faiblesse
relative de certains taux n’invalide pas les résultats de façon significative
du fait d’une bonne représentativité de l’enquête.
Le calcul de la valeur ajoutée indirecte (VAI) annuelle totale répond
quant à elle à la formulation suivante :
(iVAIi = (i (VADi x CIi / VADi x CILRi / CIi x m),
où CILRi représente la part des consommations intermédiaires achetées
en Languedoc-Roussillon par le secteur d’activité i, et m le multiplicateur
régional.
Cette estimation nécessite également de connaître la valeur des dépenses
de consommation intermédiaires (CI) par secteur d’activité. L’enquête nous a permis de mobiliser une partie de l’information nécessaire, celle-ci ayant été complétée au moyen d’informations locales
issues des centres de gestion agréés et de l’Insee (TES 1996), en dernier
recours.
La mesure de la valeur ajoutée indirecte nécessite encore de disposer
d’une estimation des taux d’achats locaux effectués par les entreprises
de l’économie sociale régionale. Cette information a parfois été obtenue à partir de l’enquête, mais dans un certain nombre de cas celle-ci
n’a pas pu être saisie. Néanmoins, le recoupement des informations
obtenues, des taux calculés à partir des documents comptables nationaux et régionaux ainsi que des valeurs des multiplicateurs régionaux
nous ont conduits à retenir les paramètres suivants :
• CI / VA moyen = 0,52.
• CILR / CI = 0,57 pour la composante associative, 0,3 pour le reste
du secteur (7).
• m = 1,47 (8).
Le montant de la valeur ajoutée directe du secteur de l’économie
sociale en Languedoc-Roussillon, pour l’année 1997, s’établit donc
à 24 milliards de francs (voir le schéma ci-après).
La valeur ajoutée indirecte s’établit à 8,060 milliards de francs, soit
approximativement 34 % de la valeur ajoutée directe. Etant donné
que cette estimation correspond aux effets cumulés des dépenses intermédiaires réalisées au cours de plusieurs itérations successives, on
peut considérer qu’il s’agit là d’un montant relativement faible, représentatif du caractère peu industrialisé de l’économie régionale. Par
ailleurs, nous avons volontairement retenu des valeurs de paramètres
au seuil inférieur, pour tenir compte de ce que certains effets indirects
peuvent être déjà mesurés dans les effets directs du fait des achats intrasectoriels.
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Valeurs ajoutées marchandes créées
Valeurs ajoutées directes
24 Mds FRF
Valeurs ajoutées indirectes
8 Mds FRF
+
Valeur ajoutée directe
PIB Languedoc-Roussillon
11 %
=
Valeurs ajoutées totales
32 Mds FRF
Valeur ajoutée totale
PIB Languedoc-Roussillon
14 %
Valeur ajoutée coopération
36 %
Valeur ajoutée mutualité
13 %
Valeur ajoutée associations
51 %
Estimation de l’emploi créé
Méthodologie de l’évaluation de l’emploi brut annuel total
La difficulté essentielle tient au caractère extrêmement hétérogène des
données à mobiliser. Il est en effet nécessaire de considérer simultanément des emplois à temps plein ou à temps partiel, permanents ou saisonniers. En outre, la pluralité des types de contrat de travail rencontrés,
spécifiant des durées d’activité particulières, accroît encore la difficulté
de proposer des résultats agrégés. Afin de contourner ces différents obstacles, nous avons raisonné en nombre d’emplois équivalents temps plein
(ETP).
Néanmoins, une difficulté a été rencontrée au cours de l’enquête, dans la
mesure où, si la plupart des associations ont bien répondu aux questions
relatives au nombre de leurs salariés par type de contrat, certaines ont en
revanche été moins précises concernant les éléments issus de leurs comptes
de résultat. En conséquence, le rapprochement du nombre d’emplois ETP
et des montants de masse salariale s’est révélé extrêmement délicat à opérer. Nous avons donc été conduits, en ce qui concerne la composante associative, à mettre en place une procédure particulière afin d’estimer, d’une
part, les montants de masse salariale des associations employeurs n’ayant
pas donné les éléments financiers se rapportant à leurs salariés et, d’autre
part, le nombre d’heures de travail effectif.
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Evaluation du secteur de l’économie sociale en Languedoc-Roussilllon
Dans un premier temps, une comparaison minutieuse a été réalisée entre
le nombre total de salariés avancé par nos interlocuteurs (TA) et le nombre
total de salariés répartis selon les différents types de contrat de travail (TC).
Quatre situations peuvent se présenter.
• TA = 0 et TC > 0 : nous avons considéré que TA = TC.
• TA > 0 et TC = 0 : nous avons considéré que TC = TA.
• TC < TA : nous avons considéré que TA = TC.
• TC > TA : correspond généralement à la non-prise en compte des
contrats aidés, des stagiaires ou des salariés mis à disposition.
Nous avons donc accru TA de manière à ce qu’il soit équivalent à TC.
A la suite de cette harmonisation, nous avons procédé au calcul du
nombre d’emplois ETP par association en posant un certain nombre
d’hypothèses relatives au temps de travail. Dans un troisième temps,
nous avons estimé, là encore pour chacune des associations enquêtées,
le ratio masse salariale-nombre d’emplois ETP, afin de mettre en évidence d’éventuelles incohérences et, le cas échéant, de corriger ces
dernières par adaptation ponctuelle des temps de travail équivalent salaire.
Une fois ces redressements réalisés, nous avons calculé une masse salariale
moyenne, qui a été ensuite multipliée par le nombre d’emplois ETP des
associations n’ayant pas fourni d’informations sur la masse salariale, bien
qu’ayant déclaré disposer de salariés.
La masse salariale totale de la composante associative ainsi reconstituée
s’élève en définitive à 74,5 millions de francs, résultat qui peut être rapproché du nombre total d’emplois ETP : 402. Ainsi, nous pouvons considérer qu’un salarié du secteur associatif en Languedoc-Roussillon coûte
en moyenne à son employeur 185 000 francs par an, soit un salaire
mensuel net moyen de l’ordre de 7 600 francs.
A l’issue de cette procédure particulière et cette fois d’une manière générale pour l’ensemble des composantes du secteur, nous avons procédé
au calcul de l’emploi direct en affectant aux données recueillies au moyen
de l’enquête les taux enq / pop déjà utilisés pour le calcul de la valeur
ajoutée.
L’estimation de l’emploi indirect a elle aussi été réalisée en utilisant les
mêmes coefficients que ceux retenus pour le calcul de la valeur ajoutée,
ce qui suppose une certaine représentativité du ratio valeur ajoutée-emploi.
Les effectifs ETP pour le Languedoc-Roussillon ont été calculés à partir
de données de l’Insee (Insee-DADS 1997), faisant apparaître un rapport
ETP / effectif de 0,65 pour l’ensemble des établissements hors collectivités territoriales et professions libérales en 1996. Afin d’établir le ratio
ci-dessus, nous avons fait l’hypothèse que ce rapport était resté constant
entre 1996 et 1997 (soit 738 032 x 0,65 = 479 720).
L’emploi total (direct plus indirect) du secteur de l’économie sociale en
1997 s’élève donc à 59 000 ETP, dont 43 000 ETP directs (près de
28 000 pour les seules associations).
A partir de ce résultat, plusieurs ratios qui nous apparaissent significatifs peuvent être calculés.
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Tendances et innovations
Emplois créés
Emplois directs
87 400
+
Emplois indirects
34 350
Emplois directs
/ Emplois total Languedoc-Roussillon
12 %
=
Total emplois
121 750
=
Emplois directs
équivalents temps plein
43 000
Emplois directs ETP
/ Emploi total ETP Languedoc-Roussillon
9%
Emplois directs ETP coopération
26 %
Emplois directs ETP mutualité
9%
Emplois directs ETP associations
65 %
Aux emplois créés directement et indirectement, on peut associer les équivalents emplois représentés par le bénévolat.
Bénévolat en Languedoc-Roussillon
Nombre total de bénévoles
estimés
350 000
Nombre total de bénévoles
en ETP
24 000
Bénévoles / Population
du Languedoc-Roussillon
16 %
●
Mesure des valeurs sociales (pour le seul secteur associatif)
Estimation du nombre de prestations du sous-secteur associatif
L’évaluation des valeurs sociales (surplus de solidarité et valeurs sociales
hors marché) ne pourra être conduite que pour le seul secteur associatif du
fait de notre méthode d’investigation, méthode indirecte (têtes de réseaux)
pour les coopératives et les mutuelles, méthode directe pour les associations.
Identification des catégories d’avantages de solidarité
Afin de procéder à cette évaluation, il nous a été au préalable nécessaire de
repérer le nombre et la nature des prestations fournies en 1997 par le secteur
associatif dans notre région. Naturellement, ces prestations se caractérisent
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Evaluation du secteur de l’économie sociale en Languedoc-Roussilllon
par une grande hétérogénéité, tant entre les différents « sous-secteurs » associatifs qu’à l’intérieur de chacun d’eux.
Les réponses à notre enquête nous ont conduits à estimer à plus de 37 millions le nombre de prestations associatives produites en 1997. L’estimation
du bénévolat résulte de la confrontation de cette information et de notre estimation des emplois générés par l’ensemble du sous secteur.
L’idée de base sous-jacente à la mesure des « avantages de solidarité « est que
les entreprises de l’économie sociale, du fait de leurs modalités très particulières de fonctionnement, génèrent un ensemble d’effets positifs pour leurs
usagers, effets que nous avons systématiquement tenté d’évaluer de la manière
la plus objective possible, en utilisant le référent universel que constitue le
prix s’établissant sur le marché pour des prestations ou biens analogues à ceux
produits par les associations de notre région.
Néanmoins, du point de vue de leur rapport au marché, cinq cas de figure
ont été distingués en ce qui concerne la nature de ces biens ou services.
• Biens ou services payés en tout ou partie par le bénéficiaire adhérent
(catégorie A).
• Biens ou services payés en tout ou partie par le bénéficiaire non adhérent (A’).
Dans ces deux premiers cas, la production donnant lieu à l’établissement
d’un prix, nos interlocuteurs ont pu être interrogés, d’une part, sur le fait
de savoir s’ils estimaient que, par rapport à une entreprise classique à but
lucratif, le statut associatif permettait de générer certains effets positifs et,
d’autre part, dans l’affirmative, sur la nature de ces derniers. Pour ce faire, de
manière à évaluer ces éventuels avantages en termes d’accroissement de prix,
quatre possibilités ont été distinguées: prix inférieur pour une qualité identique; prix identique pour une qualité supérieure; prix inférieur et qualité
supérieure; prix supérieur pour une qualité plus que proportionnellement
supérieure. Le résultat du traitement de cette information nous a permis de
calculer le surplus de solidarité, de telle sorte que ce surplus ne constitue
qu’une partie des avantages de solidarité.
Dans les trois autres cas de figure envisagés, la production ne donnant pas
lieu à la fixation d’un prix, les questions posées ont uniquement porté sur la
nature et le volume des biens ou services fournis.
• Biens ou services gratuits de même nature que des biens ou services
disponibles sur le marché (B).
• Biens ou services gratuits n’ayant pas d’équivalents sur le marché (C).
• Biens ou services ne possédant pas de prix (D).
Nous avons distingué à partir des informations obtenues quatre catégories
de prestations (voir schéma en page suivante).
Estimation du surplus de solidarité
Evaluation des surplus de solidarité
Il s’agit ici, en ce qui concerne les catégories A et A’, de mesurer un avantage gratuit, produit joint d’un bien ou service réalisé par les entreprises du
secteur associatif.
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Tendances et innovations
Nombre de prestations proposées
par le secteur associatif
1. Prestations payées par les bénéficiaires adhérents.
2. Prestations payées par les bénéficiaires non adhérents.
3. Prestations gratuites de même nature que celles disponibles sur le marché.
4. Prestations gratuites sans équivalents sur le marché.
Nombre total de prestations
37 300 000
Cette évaluation se fonde sur les réponses de nos interlocuteurs concernant
l’accroissement éventuel du prix de leur production s’ils étaient amenés à
la réaliser dans le cadre d’une entreprise à but lucratif, et non plus sous
statut associatif. Cette mesure reposant donc sur l’opinion exprimée par
les offreurs, et non par les utilisateurs, il est possible que cette procédure
conduise à une certaine surestimation de la valeur de ces avantages sans
contrepartie monétaire.
Dans un second temps, les fréquences de réponse enregistrées pour les différentes modalités d’accroissement de prix envisagées (dans le secteur sanitaire et social, par exemple, 54,5 % de nos interlocuteurs ont estimé que
l’augmentation de prix serait comprise entre 0 et 30 %) ont été affectées
aux recettes d’activité agrégées correspondantes, lesquelles ont ensuite été
multipliées par les centres des différentes classes de pourcentage d’accroissement de prix. Ont ainsi été obtenues les recettes d’activité qui
auraient été générées si les biens ou services produits par les associations
avaient été exploités sur le marché concurrentiel.
Tous « sous-secteurs » associatifs confondus, notre enquête conduit à évaluer, pour l’année 1997, à 5,3 milliards de francs le montant des surplus
de solidarité produits en Languedoc-Roussillon, soit à peu près 30 % du
total des recettes d’activités marchandes.
Dans le détail, on constate que l’importance de cet avantage social est
très variable d’un « sous-secteur » à l’autre. C’est pour les associations
dites de « production » qu’il apparaît le plus élevé, puisque comparé aux
recettes d’activité il en représente un peu moins des deux tiers (63 %).
Vient ensuite le « sous-secteur » des associations culturelles et d’action
socioculturelle, pour lesquelles le surplus de solidarité représente 45,7 %
des recettes d’activité, suivi des associations sportives (41 %). C’est pour
les associations de tourisme que celui-ci est minimum (15 % du montant des recettes d’activité), ce qui apparaît à nouveau tout à fait cohérent puisque ce secteur est certainement l’un de ceux où le degré de
concurrence entre les associations et le secteur privé à but lucratif est le
plus intense.
N°
281
RECMA
– REVUE INTERNATIONALE DE L’ÉCONOMIE SOCIALE
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Evaluation du secteur de l’économie sociale en Languedoc-Roussilllon
Surplus de solidarité du secteur associatif
« Surplus » perçus par les usagers du fait de prestations moins chères (que sur le marché)
ou de meilleure qualité pour un prix identique.
Evalués à partir de l’accroissement prévisible du prix d’un bien ou d’un service, dans l’hypothèse
du passage du statut associatif à celui d’une entreprise classique à but lucratif.
Pour 1 franc (FRF) de service payé, le bénéficiaire reçoit un service d’une
valeur marchande de 1,30 FRF.
Surplus de solidarité
5,3 Mds FRF
Estimation de la valeur sociale hors marché
Evaluation de la valeur sociale hors marché
La valeur sociale hors marché constitue la part des avantages de solidarité qui n’est pas le surplus de solidarité. Il s’agit là, pour les biens et services relevant des catégories B, C et D, d’estimer la valeur monétaire
de prestations gratuites ou dont les prix n’existent pas, c’est-à-dire qui
ne sont pas valorisées par le marché. Ces prestations correspondent donc
à des avantages de nature très hétérogène : préservation ou restauration
du lien social, protection de l’environnement, etc.
La procédure retenue afin de réaliser cette évaluation a consisté, pour
chaque « sous-secteur » associatif, à rapporter la quantité de biens et services des catégories A et A’, qui font quant à eux l’objet de contreparties monétaires, à celle des catégories B, C et D. A partir de ces différents
ratios et des montants des prestations payantes, il nous a été possible de
déterminer la valeur des avantages hors marché en posant les deux hypothèses suivantes :
• une nature relativement homogène des productions payantes, d’une part,
et des productions gratuites ou ne possédant pas de prix, d’autre part ;
• la possibilité d’avoir recours à une valeur moyenne de l’ensemble des
prestations générées.
La méthode de valorisation retenue recourt à la distribution des prestations, payantes et non payantes, identifiées entre différents groupes, en
faisant l’hypothèse d’une certaine homogénéité entre les groupes et en
supposant pertinente la valorisation de l’équivalent monétaire par le
monétaire.
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RECMA
– REVUE INTERNATIONALE DE L’ÉCONOMIE SOCIALE
N°
281
Tendances et innovations
Les valeurs sociales hors marché
du secteur ssociatif
Avantages gratuits résultant de prestations qui ne sont pas valorisées directement par le marché (lien social,
éveil cognitif, éveil culturel, protection de l’environnement…)
Valeurs sociales hors marché
10,2 Mds FRF
L’avantage de solidarité correspond à la somme des surplus de solidarité
joints et des valeurs sociales hors marché. Il s’élève donc, pour l’ensemble
du secteur associatif du Languedoc-Roussillon en 1997, à 15,5 milliards
de francs, soit 85 % du montant de celui des biens et services payants
(18,3 milliards de francs). Cet avantage trouve son origine dans les
modalités spécifiques de fonctionnement des entreprises associatives par
rapport aux entreprises classiques à but lucratif, notamment le rôle tout à
fait essentiel qu’occupent les bénévoles.
Récapitulatif des effets des associations en Languedoc-Roussillon
Valeurs ajoutées et emplois créés par les associations
Valeurs ajoutées directes totales
22 Mds FRF
N°
281
Emplois ETP
+ Equivalents emplois ETP créés
52 000
Valeurs ajoutées
directes marchandes
12 Mds FRF
Valeurs ajoutées
directes
non marchandes
10,2 Mds FRF
Emplois ETP direct
28 000
Equivalent emplois
ETP bénévolat
24 000
VADM
PIB LR
5,4 %
VADHM
PIB LR
4,5 %
ED ETP
Emploi LR
5,8 %
Bénévolat ETP
Emploi LR
5%
RECMA
– REVUE INTERNATIONALE DE L’ÉCONOMIE SOCIALE
147
Evaluation du secteur de l’économie sociale en Languedoc-Roussilllon
●
Comparaison avec des données nationales
Récapitulatif des résultats obtenus
Valeurs économiques
Valeurs ajoutées
marchandes
créées
Secteur
VA directe
24 Mds
Emploi
Valeurs sociales
Valeurs ajoutées
marchandes
maintenues
Coûts
publics
évités
Emplois
créés
ETP
Emplois
maintenus
Non
évaluées
Non
évalués
Secteur
43 000
Non
évalués
VA totale
32 Mds
Surplus
de
solidarité
Associations
5,3 Mds
Valeurs
sociales
hors marché
Associations
10,2 Mds
350 000
bénévoles
24 000 ETP
Bien entendu, l’un de nos premiers soucis a été de comparer les résultats
obtenus à l’issue de notre étude régionale avec les données correspondantes
disponibles au niveau national.
La valeur ajoutée
(9) Le Monde, 28 septembre 1999.
(10) Philippe Kaminski, « Le renouveau du dispositif statistique
français sur l’emploi : premiers
enseignements concernant l’économie sociale », présenté au cours
du XIIIe colloque de l’Addes, le 18
novembre 1997.
(11) Thierry Jeantet, « L’économie
sociale en action », présenté au
Comité consultatif de l’économie
sociale le 28 février 1995.
En ce qui concerne la valeur ajoutée, peu d’informations ont pu être
mobilisées, de sorte que nous n’avons pu comparer le ratio :
VA directe économie sociale LR / PIB = 10,7 %
qu’avec une seule estimation (9), qui évaluait à 6 % la part du secteur de
l’économie sociale dans le PIB national. La différence ainsi observée n’est
pas très surprenante, compte tenu du faible degré d’industrialisation, déjà
évoqué, de notre région.
L’emploi
En ce qui concerne l’emploi, nous nous sommes principalement appuyés,
afin d’établir cette comparaison, sur les travaux de P. Kaminski (10) et de
T. Jeantet (11).
France
Languedoc-Roussillon
T. Jeantet (1993)
P. Kaminski (1995)
CEP - CRES-LR (1997)
Coopération
371 174 (22 %)
158 361 (13 %)
17 605 (20 %)
Mutualité
109 019 (6 %)
92 723 (7 %)
3 860 (4 %)
1 230 000 (72 %)
1 009 289 (80 %)
65 918 (75 %)
1 710 193
1 260 373
87 383
Associations
Total
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– REVUE INTERNATIONALE DE L’ÉCONOMIE SOCIALE
N°
281
Tendances et innovations
Le nombre total d’emplois en France au 31 décembre 1995 s’élevant à
22 209 614, nous pouvons inférer des travaux précédents que la part relative du secteur de l’économie sociale à l’échelle nationale est comprise entre
6 % (Kaminski) et 8 % (Jeantet), chiffres qui sont donc à comparer au
ratio de 11,8 % que nous avons obtenu pour le Languedoc-Roussillon pour
l’année 1997.
Au-delà de la faible industrialisation de notre région, nous pouvons également nous interroger sur le fait de savoir si la place relativement importante qu’y occupe l’économie sociale ne résulte pas d’un certain nombre
de facteurs de développement spécifiques aux économies « méridionales »
tels qu’une certaine forme de qualité de vie se traduisant par une grande
attention aux loisirs et aux activités réalisées durant les périodes de temps
libre, un nombre élevé de retraités actifs attirés par le climat du LanguedocRoussillon, etc. Si cette hypothèse se confirmait, les caractéristiques des
économies « méridionales », pourraient se généraliser, dans la mesure où
les facteurs régionaux précédemment mentionnés peuvent être considérés
comme annonciateurs d’un certain nombre d’évolutions plus générales,
pour l’ensemble des pays développés. Une telle perspective laisserait ainsi
présager un dynamisme et un essor importants de l’économie sociale.
En ce qui concerne à présent la composition interne du secteur de l’économie sociale, le tableau précédent montre, d’une manière générale, une
grande similitude des parts respectives de ses trois composantes entre l’échelon national et le niveau régional en Languedoc-Roussillon. Cette correspondance tend à nous conforter quant à nos résultats. On notera néanmoins
que cette proximité est plus forte avec les résultats obtenus par T. Jeantet
qu’avec ceux de P. Kaminski. En ce qui concerne ces derniers, la différence
enregistrée semble essentiellement pouvoir s’expliquer par le fait que,
portant sur l’exploitation des DADS, ces travaux ne prennent pas en compte
l’emploi dans le secteur agricole et conduisent donc à sous-estimer l’importance de la coopération agricole, secteur qui occupe justement une place
très importante dans l’économie sociale de notre région.
Le bénévolat
(12) L. Prouteau,« Les différentes
façons d’être bénévoles », Economie et Statistique, n° 311, 1998.
La population totale du Languedoc-Roussillon étant estimée à 2 244 200
personnes (au 1er janvier 1996), nous en concluons donc qu’environ
16 % des habitants de notre région consacrent une partie plus ou moins
importante de leur temps à exercer une activité bénévole dans une ou
plusieurs associations. Ce résultat se révèle totalement concordant avec
les travaux réalisés au niveau national qui, en 1985-1986, évaluaient à 15 %
le taux de participation des plus de quinze ans (12).
●
Conclusion
Si, comme nous l’anticipions et comme les résultats de l’enquête tendent à
le confirmer, l’une des caractéristiques essentielles de l’économie sociale réside
N°
281
RECMA
– REVUE INTERNATIONALE DE L’ÉCONOMIE SOCIALE
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Evaluation du secteur de l’économie sociale en Languedoc-Roussilllon
dans sa capacité à générer une importante « production de solidarité », il est
certain que cette piste de travail demande à être prolongée et précisée.
En effet, comme nous l’avons vu, les contraintes inhérentes à cette étude
ne nous ont permis de mesurer les « surplus de solidarité » qu’en ce qui
concerne la seule composante associative, et il serait donc nécessaire d’étendre
cette analyse aux secteurs coopératif et mutualiste.
En outre, l’évaluation à laquelle nous avons procédé reposant uniquement
sur les réponses fournies par les « offreurs », il serait également souhaitable de pouvoir confronter leurs opinions à celles des « demandeurs » :
usagers, sociétaires, clients.
●
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