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Technique des prélèvements
multiorganes
D. Lechaux, É. Dupont-Bierre, G. Karam, H. Corbineau, P. Compagnon, D. Noury,
K. Boudjema
En transplantation, le greffon est le nerf de la guerre. Sans lui, point de greffe. Et quand il est disponible, il
doit être anatomiquement et fonctionnellement parfait. La vie du receveur en dépend. C’est dire la
minutie avec laquelle il doit être prélevé et conservé. Neuf fois sur dix, les greffons sont prélevés sur un
donneur en état de mort encéphalique et deux fois sur trois la procédure est multiorganes. Cœur,
poumons, foie, reins, pancréas, intestin, os, cornées et parfois peau ! Prendre le maximum, quand cela est
possible, pour réduire l’attente cruelle parce que mortelle des malades inscrits en liste de greffe.
L’opération est complexe. Elle réunit plusieurs équipes et il faut faire très vite. Elle est heureusement
parfaitement réglée. Tout bon chirurgien doit en connaître le détail parce qu’il y sera nécessairement
confronté un jour, quel que soit le lieu de son exercice. Un chapitre de techniques chirurgicales se lit en
essayant de vivre l’atmosphère qui entoure la procédure. Alors imaginez que votre geste a une dimension
inhabituelle. Une famille est en deuil, un homme a accepté de donner et votre implication, qui certes
concerne un « mort », va donner la vie. Dernier conseil. Comme vous êtes sûrement un chirurgien
chevronné de votre spécialité, attachez-vous particulièrement à comprendre le prélèvement de l’organe
qui ne vous concerne pas. C’est là que se reconnaissent les « bons préleveurs ».
© 2005 Elsevier SAS. Tous droits réservés.
Mots clés : Prélèvement multiorganes ; Transplantation ; Technique chirurgicale ; Conservation d’organes
■ Introduction
Plan
¶ Introduction
1
¶ Notions générales
Principes et solutions de conservation
Principes de l’acte chirurgical
1
1
2
¶ Prélèvement simultané du cœur, du foie et des reins chez un
donneur hémodynamiquement stable dans un hôpital général
habilité
2
Instrumentation
2
Installation du donneur
3
Phase I : préparation à cœur battant
3
Phase II : mise en place des canules de perfusion abdominales et
réfrigération in situ
6
Phase III : explantation des greffons
8
Fermeture
11
¶ Cas particuliers
Donneur hémodynamiquement instable
Prélèvement simultané du pancréas total
Prélèvement en bloc du foie et du pancréas
Prélèvement isolé des deux reins
Prélèvement pulmonaire associé
Prélèvement intestinal associé
Prélèvement en bloc des viscères intrapéritonéaux
11
11
11
12
12
12
13
14
¶ Conclusion
14
.
Le prélèvement multiorganes est une intervention parfaitement codifiée, dont le principe a été décrit, en 1984, par Starzl
dans son article princeps A flexible procedure for multiple cadaveric
organ procurement. [1]
Face au manque de greffons, la règle est de prélever, chez un
même donneur, le plus grand nombre possible d’organes. Trois
à quatre équipes y participent et, bien qu’intéressées par des
greffons différents, elles doivent connaître l’ensemble de la
procédure. En France, le nombre de sujets en état de mort
encéphalique recensé est de l’ordre de 2 000 par an. [2] La moitié
seulement de ces donneurs potentiels font l’objet d’un prélèvement. Le nombre des greffons disponibles reste très en deçà des
besoins, aussi cette intervention s’est-elle enrichie des prélèvements sur le vivant qui, d’abord limités au rein, se sont étendus
au foie et au pancréas.
Dans cet article, nous traitons les prélèvements sur donneur
cadavérique qui fournissent 95 % des greffons et que tout
chirurgien « général » doit savoir pratiquer.
■ Notions générales
Principes et solutions de conservation
L’hypothermie constitue le principe de base de la conservation des organes : la baisse de la température des tissus, aux
Techniques chirurgicales
1
40-090 / 42-747 / 43-300 ¶ Technique des prélèvements multiorganes
une courte phase opératoire à « cœur battant », réduite à
l’appréciation visuelle des différents greffons et à la préparation
des sites de canulation, tous les organes sont simultanément
lavés à partir de l’aorte. Ils sont ensuite explantés puis conservés
jusqu’au moment de la transplantation. La préparation minutieuse des pédicules est réalisée à distance du prélèvement, ex
vivo, immédiatement avant la greffe, l’organe baignant dans un
liquide réfrigéré. Cette phase n’est pas abordée ici.
Les greffons abdominaux (foie, pancréas, reins et intestin)
sont réfrigérés à l’aide de la même solution. Ils sont isolés des
greffons thoraciques par le clampage de l’aorte sousdiaphragmatique, puis lavés à partir de deux canules introduites
respectivement dans l’aorte distale (reins, pancréas, intestin), et
dans la veine porte ou l’un de ses affluents (foie). La mise en
place d’une canule de « décharge » à l’origine de la veine cave
inférieure (VCI) évite la congestion et améliore la perfusion
passive, par gravité.
À l’étage thoracique, l’aorte est clampée en amont du tronc
artériel brachiocéphalique (TABC). La solution de cardioplégie
est perfusée dans le territoire coronaire à partir d’une canule
introduite dans l’aorte ascendante et l’effluent liquidien se
draine dans les cavités droites qui sont, elles aussi, « déchargées » par la section d’une ou des deux veines caves.
Le territoire pulmonaire est anatomiquement isolé du cœur
par les valves sigmoïdes. Il est réfrigéré à partir d’une canule
introduite dans le tronc de l’artère pulmonaire. La solution
réfrigérante se draine dans l’oreillette gauche, « déchargée » par
l’ouverture de l’auricule gauche.
alentours de 4 °C, réduit de 95 % les besoins en oxygène des
cellules et adapte leur métabolisme à la situation d’anoxie dans
laquelle les plonge le prélèvement. La distribution homogène de
l’hypothermie est au mieux réalisée en perfusant chaque organe,
au travers de ses vaisseaux afférents, à l’aide d’une solution
réfrigérante.
Par leur action mécanique, ces solutions lavent les vaisseaux
des éléments figurés qu’ils contiennent et refroidissent instantanément, de manière homogène, les tissus qu’elles irriguent.
Par leur composition chimique, elles améliorent les performances de l’hypothermie en s’opposant aux méfaits du froid sur les
cellules.
Les « solutions de conservation » sont nombreuses. Leur
efficacité est variable d’un organe à l’autre. Quatre d’entre elles
semblent s’imposer aujourd’hui.
La solution de Stanford a fait la preuve de son efficacité pour
conserver le cœur. [3] Pourtant, elle n’autorise des durées de
conservation que de l’ordre de 4 à 5 heures. Beaucoup d’équipes
utilisent maintenant la solution de Celsior®.
La solution développée par le groupe de Cambridge permet
de conserver les poumons pendant environ 8 heures. La
nécessité d’y ajouter du sang provenant du donneur et d’utiliser
un échangeur thermique pour porter la solution à 4 °C complique son utilisation. Pour cette raison, quelques équipes lui
préfèrent la solution développée par Collins (Euro-Collins®) ou
la solution Celsior ® , dont les performances sont du même
ordre. [4]
La solution de l’université du Wisconsin (UW solution,
Viaspan®) est utilisée pour le foie, le pancréas et les reins. Pour
chacun de ces organes, elle est la solution la plus performante
et permet des durées de conservation sans risques, respectivement, de 12, 12 et 48 heures. [5-7] . Sa supériorité dans la
conservation du greffon intestinal se confirme également.
La solution de Celsior® est utilisée par de nombreuses équipes
de greffe rénale, hépatique ou pancréatique. Efficace dans la
conservation du cœur et des poumons, elle pourrait devenir la
solution unique utilisable pour tous les organes.
“
■ Prélèvement simultané du cœur,
du foie et des reins chez un
donneur hémodynamiquement
stable dans un hôpital général
habilité
Points forts
• La protection des greffons contre l’ischémie repose sur
le principe de la réfrigération.
• La réfrigération est assurée par la perfusion, dans les
vaisseaux afférents à chaque greffon, d’une solution
préalablement portée à 4 °C (température du réfrigérateur).
• Les solutions de conservation sont nombreuses et
différentes pour chaque organe. Leurs caractéristiques
communes sont :
C une forte concentration en cations (sodium ou
potassium) ;
C une forte concentration en agents osmotiques
(mannitol, raffinose, acide lactobionique) pour lutter
contre l’œdème cellulaire que génère l’hypothermie.
• La spécificité de certaines solutions tient à la présence
d’agents colloïdes (amidon, polyéthylène glycol, plasma)
et/ou d’agents antiradicaux libres (allopurinol,
glutathion).
.
C’est l’exemple le plus caractéristique et le plus fréquent du
prélèvement multiorganes. Le prélèvement associé des poumons, du pancréas total et de l’intestin grêle est plus rare, mais
s’intègre parfaitement au sein de la procédure que nous décrivons. Les cas particuliers sont nombreux. Pour des raisons
didactiques, nous les abordons séparément. En général, l’intervention a lieu tard dans la nuit, dans un hôpital habilité à
réaliser des prélèvements. Dans le service de réanimation
séjourne un sujet en état de mort cérébrale et rien ne s’oppose
au prélèvement des organes destinés à être transplantés. Le plus
souvent, l’équipe chirurgicale locale est constituée d’un chirurgien général. L’« équipe du foie » et l’« équipe du cœur »
proviennent d’un autre centre, parfois éloigné géographiquement, et sont attendues au bloc opératoire par une « coordinatrice locale », véritable chef d’orchestre d’une procédure qui
implique plusieurs opérateurs. Elle a préparé, pour chaque
équipe qu’elle accueille, un dossier comportant les renseignements cliniques, biologiques et morphologiques concernant le
donneur.
Au cours de la procédure, les équipes vont intervenir successivement : d’abord l’équipe locale, puis l’équipe du foie, enfin
celle du cœur. Les greffons partent dans l’ordre inverse : d’abord
le cœur, puis le foie, enfin les reins prélevés par l’équipe locale
à qui revient la tâche essentielle de la restitution tégumentaire.
Toutes ces équipes ne se connaissent pas et opèrent dans des
conditions rendues difficiles par la pression qu’exerce la
nécessité de « rentrer chez soi » avec un greffon parfait. La vie
du receveur en dépend. La bonne ambiance est un élément
déterminant de la qualité du geste et il appartient à chacun de
la susciter. Les équipes invitées sont d’autant mieux accueillies
qu’elles se sont présentées à leur entrée en salle d’opération.
Principes de l’acte chirurgical
Instrumentation
La technique chirurgicale du prélèvement se fonde sur un
principe fondamental : la réfrigération des organes in situ. Après
La présence d’une instrumentiste est essentielle. Sa table,
commune à toutes les équipes, doit comporter une boîte de
2
Techniques chirurgicales
Technique des prélèvements multiorganes ¶ 40-090 / 42-747 / 43-300
Figure 1. Installation du donneur : décubitus dorsal, bras en croix.
Noter la présence d’un cathéter veineux fémoral droit qui libère le
territoire cave supérieur.
Figure 2. Section du ligament falciforme au bistouri électrique ; l’aide
tracte le ligament rond vers le bas.
laparotomie standard, des clamps vasculaires de type de Bakey
et du matériel de sternotomie. Chaque équipe apporte le
matériel spécifique au prélèvement de son greffon, notamment
sa solution de réfrigération, ses systèmes de conditionnement et
de transport du greffon, et ses systèmes de canulation. La canule
aortique est une canule de perfusion artérielle type Harvey
munie d’une olive de maintien d’un calibre adapté, branchée à
l’extrémité d’une ligne de perfusion en Y. La canule cave est soit
une canule de Harvey® connectée à une tubulure d’aspiration
standard, soit un tuyau d’aspiration simple introduit directement dans la VCI. Pour le greffon hépatique, un cathéter
veineux renforcé (drain d’Argyle® Charrière 10 ou 12) permet de
canuler la veine porte. Le trocart utilisé pour l’instillation de la
cardioplégie est une aiguille Luer-Lock de 13 G (Vygon®). Avant
son entrée dans le champ opératoire, chaque équipe dispose son
matériel et ses systèmes de conditionnement sur une table
stérile (back-table des Anglo-Saxons).
Installation du donneur
Le sujet en état de mort cérébrale étant potentiellement
instable sur le plan hémodynamique, les mobilisations doivent
être prudentes, au risque de s’exposer à un désamorçage
cardiaque. Son transport, entre le secteur de réanimation où il
a séjourné et la salle d’opération, est réalisé sous monitorage
cardiaque, en présence d’un réanimateur. Lors de l’arrivée en
salle du donneur, un anesthésiste et un chirurgien doivent être
présents pour accélérer le déroulement de l’intervention en cas
de collapsus. Un cathéter de pression artérielle sanglante, deux
voies veineuses dont une voie centrale, une sonde gastrique,
une sonde thermique et une sonde urinaire sont indispensables.
La panseuse « circulante », rompue à la logistique des prélèvements multiorganes, prépare une table-pont et deux tables
accessoires pour le conditionnement des organes avant le
transport. Elle doit avoir accès rapidement à du sérum chaud
(40 °C), du sérum glacé (0 à 5 °C) ou de la glace. Gardienne des
lieux, elle veille à ce qu’aucune faute d’asepsie ne soit commise
dans une salle où les mouvements de personnes sont nombreux. Le donneur est installé en décubitus dorsal, bras en
abduction forcée. La peau est rasée, lavée, séchée, puis désinfectée du menton à mi-cuisse. Le champ opératoire est large, de la
fourchette sternale au pubis et latéralement jusqu’aux lignes
axillaires (Fig. 1). L’opérateur se place à droite du patient. Son
aide est en face de lui. L’intervention va se dérouler en trois
temps : la préparation à cœur battant, la réfrigération in situ et
l’explantation des greffons réfrigérés.
Phase I : préparation à cœur battant
L’équipe locale débute l’intervention
C’est elle qui est responsable du prélèvement et de la
restauration tégumentaire. Idéalement, la voie d’abord est
Techniques chirurgicales
Figure 3.
Voie d’abord abdominale : suture des quatre volets pariétaux.
d’emblée une sternolaparotomie. La section du ligament rond
entre deux ligatures fortes, puis la section du ligament
falciforme au bistouri électrique complètent l’exposition du
champ abdominal (Fig. 2). Cette incision médiane et longue a
l’immense avantage de contenir latéralement le champ opératoire et d’éviter les fuites latérales de liquides, sources de
contamination du champ opératoire. En attendant l’arrivée de
l’équipe cœur, l’ouverture du péricarde ou l’effondrement des
plèvres n’est pas indispensable d’emblée, ce qui évite le refroidissement du cœur. La désinsertion antérieure et limitée des
deux muscles diaphragmatiques permet d’écarter largement
l’abord xiphopubien. Cette incision est également facile à
refermer. Cependant, lorsque l’opérateur en charge de débuter
l’intervention n’a pas l’expérience de la sternotomie (qui peut
être très hémorragique), une incision cruciforme expose suffisamment le champ abdominal. Les pédicules épigastriques sont
alors soigneusement liés, et les angles des quatre lambeaux
maintenus rétractés en les liant au fil fort sur la base du thorax
et sur la racine des cuisses (Fig. 3). Cette incision a l’inconvénient de favoriser l’inondation des champs et par conséquent
les fautes d’asepsie. Elle est plus longue à refermer et moins
étanche.
3
40-090 / 42-747 / 43-300 ¶ Technique des prélèvements multiorganes
Figure 4.
A. Décollement iléocæcal, abord de la racine du mésentère.
B. Exposition de la racine du mésentère : libération du bloc duodénopancréatique.
Exploration
On vérifie l’absence de lésions traumatiques, de tumeur ou de
malformations graves susceptibles de contre-indiquer tout ou
partie du prélèvement. La découverte d’une plaie de la rate
encore hémorragique impose de réaliser une splénectomie en
prenant garde de respecter l’intégrité anatomique des autres
organes intéressés par le prélèvement (pancréas, rein gauche). La
rate est conservée stérilement pour être partagée entre les
différentes équipes pour la réalisation des examens immunologiques nécessaires à la transplantation. La découverte d’une
tumeur rénale ou hépatique impose bien sûr la réalisation d’une
biopsie et d’un examen histologique extemporané. Le diagnostic
de tumeur maligne interrompt le prélèvement multiorganes. La
découverte d’une tumeur bénigne n’est pas une contreindication au prélèvement, mais on sait la difficulté qu’il peut
y avoir à distinguer tumeurs malignes et tumeurs bénignes dans
ces conditions d’urgence et d’analyse de coupes congelées.
Exposition des gros vaisseaux rétropéritonéaux
Le décollement de la racine du mésentère permet d’aborder
les gros vaisseaux rétropéritonéaux. La mobilisation du côlon
droit est réalisée à partir du cæcum jusqu’à l’angle colique
(Fig. 4A). Il faut veiller au cours de ce décollement à ne blesser
ni l’uretère droit, ni la veine génitale droite qui cheminent au
flanc droit de la VCI. Le décollement du bloc duodénopancréatique jusqu’à l’angle de Treitz complète la libération de la racine
du mésentère (Fig. 4B). Le côlon droit et le grêle, enrobés dans
un champ, sont réclinés vers le haut. Ainsi se trouvent exposés
la loge rénale droite, les gros vaisseaux rétropéritonéaux et
l’origine de la veine rénale gauche qui peuvent être évalués
(Fig. 5). La taille, la régularité des contours et la consistance du
rein droit sont appréciées par la palpation. On recherche une
artère atypique à destinée rénale droite. L’uretère droit est
visible jusqu’à son croisement avec les vaisseaux iliaques.
Figure 5. Début de l’exposition des gros vaisseaux et des organes
rétropéritonéaux : veine cave inférieure et veine rénale gauche.
Préparation du site d’implantation de la canule aortique
sous-rénale
En l’absence d’anomalie de distribution artérielle rénale ou de
plaque d’athérome, le site d’introduction de la canule aortique
est situé 2 à 3 cm au-dessus de l’origine des artères iliaques. La
section entre ligatures appuyées de l’origine de l’artère mésentérique inférieure facilite l’exposition du site de canulation.
L’aorte est chargée sur deux fils de fort calibre (Nylacap®) ou
deux lacs en prenant garde de ne pas blesser les artères lombaires qui s’implantent à sa face postérieure.
Figure 6. Contrôle des gros vaisseaux rétropéritonéaux, veine cave
inférieure et aorte sur lacs.
Préparation du site de décharge cave
Le site d’introduction de la canule cave inférieure est préparé
à la même hauteur que le site de canulation aortique. La face
antérieure de la VCI est débarrassée de son enveloppe lymphatique jusqu’à l’origine de la veine rénale gauche en prenant soin
de ménager une éventuelle artère à destinée rénale droite. Une
4
fois la veine cave sous-rénale mise à nu, elle est chargée à son
origine sur deux fils forts (ou deux lacs) (Fig. 6). Les volumineuses veines lombaires qui affluent à cette hauteur doivent être
évitées. Tous ces fils sont placés individuellement en attente sur
une pince-repère. La masse viscérale, entourée d’un champ, est
Techniques chirurgicales
Technique des prélèvements multiorganes ¶ 40-090 / 42-747 / 43-300
Figure 7.
A. Greffon de bonne qualité : couleur rouge brun, bords fins, parenchyme souple.
B. Greffon de mauvaise qualité : couleur marron, bords tranchants, parenchyme rigide : à l’évidence, le foie est cirrhotique.
replacée dans la cavité péritonéale. L’opérateur ouvre ensuite le
fascia de Toldt gauche pour exposer la face antérieure de la loge
rénale gauche. L’exploration du rein gauche et de son système
excréteur est alors aisée. On recherche attentivement une artère
rénale polaire inférieure, née de l’iliaque primitive gauche. Le
champ opératoire est alors libéré pour « l’équipe du foie ».
C’est au tour de « l’équipe du foie »
Avant de commencer l’intervention, l’opérateur rappelle à la
panseuse circulante la nature des solutions de réfrigération qu’il
va utiliser et la disposition de sa ligne mésentérique inférieure.
Évaluation du greffon hépatique
Avec l’habitude, un coup d’œil dans le champ opératoire
renseigne sur la qualité du greffon hépatique et sur le caractère
d’urgence de la préparation au clampage. Un champ opératoire
hémorragique et mal exposé incite à se dépêcher et opter pour
une technique de prélèvement rapide. Lorsque le champ est sec
et le malade stable, l’évaluation du greffon, visuelle et tactile
consiste à en apprécier la couleur, la souplesse, le volume et la
distribution de la vascularisation artérielle. Les résultats de cette
évaluation sont communiqués par un premier appel téléphonique à l’équipe qui a en charge le receveur.
Un « bon » greffon hépatique est de couleur rouge brun. Ses
bords sont fins, surtout ceux du lobe gauche. La plicature de ce
dernier est facile, témoin de la souplesse du parenchyme. Il se
recolore rapidement après dépression (Fig. 7A). Un foie tendu,
globuleux, évoque une pression veineuse centrale trop élevée.
L’augmentation des doses de dobutamine ou l’administration de
diurétiques améliore alors très rapidement la morphologie
hépatique. Un foie pâle, ferme, à bords mousses, évoque une
stéatose qui compromet la qualité du greffon (Fig. 7B). La
poursuite du prélèvement hépatique est alors subordonnée à
l’urgence de la transplantation, et aux données d’une biopsie
qui caractérise et quantifie la stéatose. Affectant moins de 30 %
des hépatocytes, elle ne compromet pas la qualité du greffon.
Supérieure à 60 %, elle entraîne un risque très important de
non-fonction primaire du greffon. [8] Entre ces deux valeurs, le
risque de non-fonction primaire est d’autant plus grand qu’il
s’agit d’une macrostéatose. La décision d’accepter ou non un
greffon stéatosique dépend essentiellement du caractère urgent
ou non de la transplantation.
La vascularisation artérielle hépatique est soumise à de
nombreuses variations anatomiques et il convient d’en connaître les principales [9] afin d’éviter les sections malencontreuses
qui compromettraient gravement les possibilités d’utiliser le
greffon. En pratique, on recherche la présence d’une artère
hépatique gauche et/ou d’une artère hépatique droite accessoires
qu’il est primordial de respecter.
Techniques chirurgicales
Figure 8.
la bile.
Lavage vésiculaire : un champ absorbant permet de récupérer
Une artère hépatique gauche est facilement repérée dans le
petit épiploon, à la jonction de la pars condensa et de la pars
flaccida. Elle naît généralement d’un tronc gastrohépatique issu
du tronc cœliaque (TC), mais elle peut aussi naître directement
de l’aorte cœliaque.
Une artère hépatique droite née de l’artère mésentérique
supérieure (AMS) est présente presque une fois sur cinq. Elle est
recherchée au flanc postérodroit du pédicule hépatique. Elle
peut être de tout petit calibre et par conséquent difficile à
palper dans un pédicule large auquel sont transmis les battements de l’artère hépatique principale. Repérée ou non, il faut
considérer de principe qu’elle existe, et éviter sa section
malencontreuse.
Si le foie présente tous les critères de qualité, il est accepté
pour la greffe et la préparation au refroidissement des organes
peut commencer. La vésicule biliaire est ouverte et rincée par du
sérum physiologique pour prévenir la lyse cellulaire, facteur de
sludge biliaire postopératoire (Fig. 8). Le bloc mésentérique
entouré d’un champ est basculé vers le haut. L’aorte abdominale sous-rénale est exposée jusqu’à l’origine de l’AMS. Cette
dernière est repérée par un lacs pour faciliter le temps de
l’explantation. Ce temps est d’autant plus facile qu’on a pris
soin de sectionner latéralement les piliers du diaphragme. En
basculant l’intestin grêle vers le haut et la droite, la veine
mésentérique inférieure (VMI) apparaît tendue entre la face
inférieure du mésocôlon transverse et le mésosigmoïde. Elle est
contournée à proximité de son engagement sous le bord
inférieur du pancréas, puis mise en attente sur deux fils. La
canule porte y est introduite en prenant garde de ne pas la
pousser trop loin. Sa perméabilité est maintenue à l’aide d’un
goutte-à-goutte de sérum physiologique à température ambiante
(Fig. 9).
5
40-090 / 42-747 / 43-300 ¶ Technique des prélèvements multiorganes
la fin du temps de préparation cardiaque et l’anticoagulation
générale pour le faire. En effet, le clampage de l’aorte et de la
VCI que nécessite ce geste crée de manière brutale une augmentation de la postcharge et une réduction de la précharge
capables d’altérer la fonction de greffon cardiaque. Deux pieds
à perfusion sont installés en bout de table. Ils doivent permettre
de placer les poches à 1 m au-dessus du plan de la veine cave
du donneur. En règle générale, pour éviter le croisement des
lignes, le pied à perfusion du côté droit sert à canuler l’aorte et
celui du côté gauche la veine porte.
« L’équipe du cœur » entre maintenant en scène
Figure 9.
Contrôle de la veine mésentérique inférieure.
Avant d’entrer dans le champ, le chirurgien cardiaque s’est
assuré de la stabilité hémodynamique du donneur. Il a noté les
résultats de l’échographie cardiaque, de la radiographie thoracique, de l’électrocardiogramme et les prescriptions de drogues
inotropes positives que le donneur a reçues. Son assistant
contacte une première fois son centre de greffe pour communiquer ces résultats et informer de l’imminence du prélèvement.
Il se renseigne sur le déroulement de la procédure chez le
receveur. En effet, la durée très courte de conservation du
greffon cardiaque impose que les deux gestes se chevauchent.
Évaluation cardiaque
Le péricarde est incisé longitudinalement jusqu’à sa réflexion
à la terminaison de l’aorte ascendante. L’état du greffon
cardiaque, déjà apprécié par l’hémodynamique du donneur, est
précisé. On note son volume, le degré de contractilité et la
cinétique des ventricules. On s’assure qu’il n’y a ni dilatation
des cavités droites, ni hyperpression dans l’artère pulmonaire.
La pulpe de l’index, passée sur le trajet des coronaires, recherche
une induration athéromateuse ou la présence d’un souffle. Si le
cœur ne présente aucune contre-indication au prélèvement, le
préleveur en informe son centre qui peut alors s’engager dans
la cardiectomie chez le receveur.
Sites de clampage et de canulation
Figure 10. Contrôle de l’aorte cœliaque sur lacs ; traction de l’œsophage vers la gauche lors de l’abord transépiploïque.
Préparation du site de clampage aortique
sous-diaphragmatique
Afin de séparer les territoires de perfusion thoracique et
abdominal, l’aorte cœliaque est liée. L’abord de cette région se
fait aisément par la droite de l’estomac en effondrant le petit
épiploon, puis en sectionnant le pilier droit du diaphragme
(Fig. 10). Le risque de cette manœuvre est d’arracher une artère
phrénique inférieure qui peut naître haut en amont du TC.
L’hémostase serait alors difficile à assurer sans clamper l’aorte,
mettant de ce fait tous les organes d’aval en situation d’ischémie chaude. Une fois contournée, l’aorte est placée en attente,
sur un lacs. Le contournement aortique peut être considérablement gêné par la présence d’une artère hépatique gauche, qu’il
faut bien sûr conserver. L’ouverture du petit épiploon se limite
alors à la pars flaccida. La brèche ainsi créée est souvent
insuffisante pour exposer et contourner l’aorte cœliaque en
évitant toute traction sur l’artère hépatique gauche. On peut
alors passer par la gauche de l’œsophage abdominal. Lorsque le
champ est profond, l’hémodynamique instable, mieux vaut
abandonner l’idée d’un clampage de l’aorte à l’étage abdominal,
et se contenter du clampage de l’aorte thoracique exposée par
la sternotomie et l’effondrement de la plèvre médiastinale
droite.
Avant de céder le champ à « l’équipe du cœur », « l’équipe du
foie » s’assure que les lignes de perfusion ont été préparées et
disposées sur les cuisses du donneur, prêtes à être utilisées. À ce
stade, les vaisseaux ne sont pas encore canulés. Il faut attendre
6
Les sites de clampage sont l’aorte ascendante et les veines
caves. L’aorte est contournée immédiatement en amont de
l’origine du TABC, en restant le plus près possible de l’adventice
pour ne pas blesser la branche droite de l’artère pulmonaire. La
veine cave supérieure (VCS) est disséquée sur 4 cm environ, en
restant à distance de son orifice d’abouchement auriculaire pour
éviter toute lésion accidentelle du nœud sino-auriculaire. Elle
est contournée et mise en attente sur un lacs, le plus près
possible du péricarde. On fait retirer un éventuel cathéter sur
VCS. La VCI est libérée de son attache péricardique puis
contrôlée, et sert, lors de son incision, à décharger les cavités
cardiaques droites. Une attention toute particulière est portée à
cette incision qui doit rester à distance de la coronaire droite.
Lors de cette dissection, le risque de provoquer un arrêt
cardiaque est d’autant plus important que le donneur est
volontiers hypokaliémique, hypovolémique et que sa température centrale est basse (de 32 à 35 °C). Le site de canulation est
situé à la face antérieure de l’aorte ascendante, 2 cm en amont
du site de clampage. Le préleveur cardiaque maintient le trocart
à la main pendant les 2 à 3 minutes que dure la perfusion du
liquide de cardioplégie.
Le temps de dissection à cœur battant est terminé. Une
héparinisation par voie générale à la dose de 3 mg/kg en un
seul bolus est réalisée. La canule aortique, en règle un trocart de
cardioplégie, est connectée à la ligne de perfusion soigneusement clampée et purgée de son air par du liquide de conservation (Fig. 11).
Phase II : mise en place des canules
de perfusion abdominales et réfrigération
in situ
Les anses intestinales sont réclinées vers le haut dans un
champ, de façon à exposer les sites où sont introduites succesTechniques chirurgicales
Technique des prélèvements multiorganes ¶ 40-090 / 42-747 / 43-300
Figure 12. Canulations aortique, cave et mésentérique inférieure à
l’étage abdominal ; toutes les canules sont clampées en attendant que
toutes les équipes impliquées soient prêtes.
Figure 11. Préparation des lignes de perfusion : aortique et mésentérique inférieure.
“
Points forts
À cœur battant, à l’inspection et la palpation :
• un bon greffon cardiaque :
C n’est pas dilaté ;
C se contracte énergiquement et de manière
homogène ;
C ne présente pas de calcifications sur le trajet des
coronaires ;
• un bon greffon hépatique :
C est souple et se plicature facilement ;
C a des bords fins ;
C a une couleur bordeaux ou rose foncé et homogène ;
C ne présente pas de zones contuses ;
• un bon greffon rénal :
C n’est pas tumoral ;
C ne présente pas de calcifications artérielles dans le
hile ;
C ne présente pas de fracture ou de zones contuses.
sivement les canules porte, aortique et cave. Au moment du
clampage, le chirurgien cardiaque introduit le trocart dans
l’aorte thoracique ascendante.
Introduction de la canule mésentérique inférieure
La canule porte est introduite dans la VMI. Pour cela, le fil
distal sur la VMI est noué et maintenu en traction pour
immobiliser la veine. L’aide saisit une pince à disséquer fine et,
après que l’opérateur a réalisé une moucheture latérale, écarte
les berges de la veine. L’extrémité de la canule est poussée dans
la veine porte et non dans la veine splénique.
Canulation de l’aorte abdominale sous-rénale
L’aorte distale est canulée entre les deux fils forts placés
préalablement en attente. Le fil distal est noué. Cette manœuvre
doit être exsangue. L’aide maintient l’aorte par une traction sur
Techniques chirurgicales
le fil distal. De sa main droite, il tient prêt et tendu le fil
proximal. L’opérateur clampe l’aorte sous-rénale entre le pouce
et l’index de la main gauche, réalise une artériotomie transversale immédiatement en amont de la ligature inférieure et pousse
la canule entre ses deux doigts jusqu’au-delà de son renflement
de sécurité. L’aide noue l’aorte autour du renflement de la
canule juste au-dessus de l’artériotomie. Plusieurs ligatures fortes
sont effectuées pour éviter une décanulation accidentelle
(Fig. 12).
Exceptionnellement, la canulation aortique n’est pas possible
parce qu’une artère rénale polaire inférieure naît de la partie
basse de l’aorte ou de l’artère iliaque primitive. L’artère hypogastrique droite est canulée à l’aide d’une sonde souple (sonde
de Salem ou sonde urinaire) capable de décrire la courbe serrée
qu’impose la situation profonde de l’hypogastrique. Les artères
iliaques externe droite et primitive gauche sont mises sur lacs
en attendant d’être clampées, à l’aide d’un clamp atraumatique
lors du lancement de la perfusion. Ainsi, se trouvent exclus de
la perfusion les territoires des membres inférieurs, et l’on
épargne le capital vasculaire iliaque si précieux aux équipes
hépatique et pancréatique.
Canulation cave
La canule de décharge cave clampée est introduite de la
même manière. On utilise en général pour la décharge cave
une tubulure d’aspiration dont l’extrémité est coupée en
léger biseau. La tubulure doit être la plus courte et la plus
déclive possible, dirigée vers un bac de récupération de plus
de 4 l (Fig. 13). Sa position est également vérifiée, veillant en
particulier à ce que son extrémité n’obture pas la terminaison
de la veine rénale droite. Avant de débuter la réfrigération,
les systèmes de perfusion sont vérifiés et l’instrumentiste
prépare, sur sa table-pont, du sérum glacé et de la glace pilée.
Toutes les canules étant en place, et la ligne de cardioplégie
étant purgée et sous pression, l’aorte ascendante peut être
clampée.
Les temps thoraciques et abdominaux sont réalisés
simultanément.
À l’étage thoracique
Le début du clampage est déterminé par le chirurgien cardiaque. Les deux veines caves sont clampées à l’aide de clamps
droits atraumatiques, le plus près possible du péricarde. L’aorte
ascendante est clampée en amont du TABC à l’aide d’un clamp
de de Bakey. Cette manœuvre est facilitée par la traction exercée
sur le lacs laissé en attente à ce niveau. La ventilation artificielle
est arrêtée pour diminuer le retour de sang chaud venant du lit
7
40-090 / 42-747 / 43-300 ¶ Technique des prélèvements multiorganes
Figure 15. Foie correctement décoloré par la réfrigération et l’hépatoplégie.
Pendant ce temps, à l’étage abdominal
Figure 13. Décharge cave déclive dans un récipient de grande
capacité.
Dès que la ligne de cardioplégie est ouverte, la réfrigération
in situ des organes abdominaux peut commencer. S’enchaînent
alors rapidement et dans l’ordre : l’ouverture de la décharge
cave pour ne pas risquer d’hyperpression dans le territoire cave
inférieur ; la ligature ou le clampage de l’aorte cœliaque ;
l’ouverture de lignes aortique et mésentérique inférieure. Il faut,
à ce stade, vérifier le bon écoulement du liquide d’hépatoplégie
dans les pièges à bulles de chacune des lignes de perfusion. Les
opérateurs contrôlent dans le champ opératoire la bonne
décoloration des organes. La décoloration du grêle, quasi
immédiate, témoigne du passage du liquide dans l’AMS et par
conséquent dans les artères rénales et le TC. Une hypothermie
de contact est assurée en déversant dans la cavité abdominale,
et tout particulièrement dans les décollements colique droit et
gauche, de la glace pilée stérile. Le foie se décolore plus
lentement que les reins. Il est admis par l’usage que 4 l doivent
être passés dans l’aorte et 2 l dans la veine porte pour assurer
un bon lavage réfrigérant (Fig. 15).
L’heure du clampage aortique thoracique est notée dans
chacun des dossiers administratifs des équipes. On marque pour
chaque greffon l’heure de début de l’ischémie froide.
Phase III : explantation des greffons
Les organes sont maintenant protégés de l’ischémie. Le risque
est d’en altérer l’intégrité anatomique par la section accidentelle
d’un vaisseau afférent ou efférent.
Figure 14. Clampage vasculaire, déclampage de la décharge cave puis
des canules de perfusion, et réfrigération de contact des organes par de la
glace.
pulmonaire. Le trocart est introduit dans l’aorte en amont du
clamp et la ligne de cardioplégie est ouverte en maintenant le
liquide sous pression (environ 80 mmHg) à l’aide d’une manchette pneumatique (Fig. 14). L’oreillette droite est décomprimée par l’incision de la VCI intrapéricardique en faisant
attention de ne pas blesser la coronaire droite. Le retour du
liquide de cardioplégie s’écoule alors librement par le sinus
coronaire dans la cavité péricardique. L’oreillette gauche est, elle
aussi, déchargée par l’ouverture de la veine pulmonaire supérieure droite. Le cœur s’arrête en deux ou trois systoles. Il faut
encore 2 l de cardioplégie pour le laver et le refroidir complètement. Parallèlement au lavage réfrigérant, le cœur est arrosé
de sérum glacé qu’il faut aspirer et renouveler régulièrement.
L’ouverture des plèvres et les cavité thoraciques sont un bon
vase d’expansion du trop-plein péricardique.
8
Explantation du cœur
Lorsque le greffon cardiaque est froid et décoloré, le trocart
de cardioplégie est retiré et le cœur explanté le plus rapidement
possible. La section de la VCI est complétée en prenant garde
de contourner le bord droit du cœur presque au contact de la
VCI. Le cœur est basculé en haut et à droite pour exposer les
veines pulmonaires gauches qui sont sectionnées de bas en
haut, au ras du péricarde (Fig. 16). La VCS est sectionnée en
aval et contre le clamp en gardant le maximum de longueur. Le
cœur est ensuite basculé vers la gauche, ce qui donne accès aux
veines pulmonaires droites inférieures puis supérieures. Lors de
la section du pédicule artériel, le cœur est maintenu à droite et
en bas pour exposer l’artère pulmonaire gauche au niveau de la
réflexion péricardique. L’aorte et l’artère pulmonaire droite sont
sectionnées de la gauche vers la droite en exerçant une traction
sur le cœur de la main gauche. Enfin, le cœur est extrait après
avoir coupé la réflexion péricardique à la face postérieure de
l’oreillette gauche. Avec précaution, le greffon est amené sur la
Techniques chirurgicales
Technique des prélèvements multiorganes ¶ 40-090 / 42-747 / 43-300
Figure 17. Section du cholédoque repéré par un fil tracteur passé au ras
du duodénum avant le déjantage duodénopancréatique.
Figure 16.
gauches.
.
Explantation du cœur. Section des attaches vasculaires
back-table de l’équipe cardiaque et plongé dans son conteneur
immergé dans la solution de conservation à 4 °C. Le conteneur
est fermé hermétiquement, emballé dans deux sacs en plastique
stériles avant d’être placé dans une glacière portative, entouré
de glace.
L’équipe cardiaque prend quelques ganglions et un fragment
de rate et repart le plus vite possible vers le lieu de la greffe.
Pendant les 10 à 15 minutes qu’a duré l’excision du cœur, les
organes intra-abdominaux sont continuellement restés perfusés
par la solution de conservation.
Explantation du foie
Lorsque 3 l de solution sont passés dans l’aorte et 1 l dans la
veine porte, les greffons intra-abdominaux sont en règle
décolorés et refroidis. Le prélèvement hépatique ne doit débuter
que lorsque le foie est pâle et que le liquide de décharge cave
est clair. Une deuxième évaluation de la qualité du greffon est
réalisée, certaines stéatoses ne se démasquant qu’après
décoloration.
L’explantation comporte cinq grandes étapes qui vont
intéresser dans l’ordre : la voie biliaire principale, le tronc porte,
la veine cave sus-hépatique, la veine cave sous-hépatique et
enfin l’aorte cœliaque. Les deux dernières étapes de la dissection
se déroulent au contact des pédicules rénaux et demandent
toute l’attention des opérateurs pour ne pas compromettre
l’implantation de l’un ou l’autre des greffons.
Voie biliaire principale
L’opérateur commence par déjanter le pancréas céphalique du
duodénum. L’aide présente le cadre duodénal en le tenant par
ses angles. Dès que le cholédoque est identifié, il est sectionné
au contact du duodénum et repéré par un fil serti de Prolène®
4/0 laissé long (Fig. 17). Le pancréas est désolidarisé du duodénum jusqu’à l’angle de Treitz vers le bas et la dissection
remonte le long de la petite courbure gastrique vers le haut. Le
petit épiplon est donc emmené avec le greffon, ainsi qu’une
éventuelle artère gastrique gauche (Fig. 18).
Tronc porte
Le pédicule mésentérique supérieur est sectionné au bord
inférieur du pancréas. La canule porte est basculée vers la
droite sous la masse mésentérique. Le pancréas est sectionné au
niveau corporéal puis, à son bord supérieur, le pédicule
splénique.
Techniques chirurgicales
Figure 18. Séparation du petit épiploon en passant au ras du bord droit
de l’œsophage et de la petite courbure gastrique. Noter la présence d’une
artère hépatique gauche que l’opérateur soulève avec le médius de sa
main gauche.
Aorte cœliaque
La section de la veine rénale gauche à sa terminaison au
contact de la VCI expose la face antérieure de l’aorte (Fig. 19).
Débarrassée de sa canule, l’aorte est sectionnée par le milieu
jusqu’à l’origine de l’AMS. Les ostia des artères rénales droite
et gauche sont repérés dans la lumière aortique. Il est aussi
aisé de repérer d’éventuelles polaires qu’il faut évidemment
conserver. L’aorte est sectionnée sous l’origine de l’AMS très
en oblique vers le haut, presque au ras des ostia de l’AMS et
du TC (Fig. 20). Cette manœuvre ménage de larges patchs aux
artères rénales principales et éventuellement accessoires.
L’aorte cœliaque est sectionnée loin au-dessus de l’implantation du TC pour ménager une éventuelle artère hépatique
gauche s’implantant directement dans l’aorte.
Veine cave sus-hépatique
La dissection de la veine cave sus-hépatique commence par
l’ouverture du diaphragme en avant de la fente de Larrey. Dès
que l’ouverture phrénique est suffisamment grande, l’opérateur
empaume le lobe droit du foie avec le diaphragme pour absolument éviter toute traction sur la pointe du ligament triangulaire droit et toute lacération hépatique à ce niveau (Fig. 21). Le
diaphragme est sectionné au large de l’orifice cave sus-hépatique
et des attaches postérieures du foie.
9
40-090 / 42-747 / 43-300 ¶ Technique des prélèvements multiorganes
Figure 21. Section de la coupole diaphragmatique en passant au large
de la veine cave interhépatodiaphragmatique. La main droite de l’aide
passe derrière la coupole diaphragmatique et soulève le lobe droit du foie
pour l’exposer, sans tirer sur l’insertion hépatique du ligament triangulaire
droit. C’est une source fréquente de déchirure capsulaire hépatique.
Figure 19. Abord de l’aorte sus-rénale ; section de la veine rénale
gauche. Sur ce cliché, la veine rénale gauche est rétroaortique ; une
variation anatomique rare à ne pas méconnaître.
Figure 20. Section de l’aorte sus-rénale en oblique sous l’origine de
l’artère mésentérique supérieure.
Veine cave sous-hépatique
La section du diaphragme est poursuivie jusqu’à la glande
surrénale droite puis, toujours en luxant le foie à gauche et vers
le haut, la veine cave sous-hépatique est sectionnée au-dessus de
la terminaison de la veine rénale droite (Fig. 22). La longueur
de VCI à ce niveau est toujours suffisante pour le bon déroulement de la greffe hépatique ; en revanche, la veine rénale droite
étant courte, il faut disposer d’une collerette de VCI pour
réaliser une plastie d’allongement.
L’explantation se fait alors en bloc en ayant conservé la
canule porte. Le foie est transporté vers la back-table et l’urologue peut enfin prélever les reins. Nous avons l’habitude de
renouveler la perfusion ex situ à l’aide de 1 l de solution de
conservation à 4 °C injectée dans la canule porte maintenue en
place. La voie biliaire principale est ensuite rincée à l’aide de
60 ml de solution, injectés à l’aide d’une aiguille boutonnée, à
partir de l’extrémité distale du cholédoque. Le greffon hépatique
est prêt pour le transport. Il est conditionné hermétiquement
dans un sac en plastique stérile où il baigne dans la solution de
conservation à 4 °C. Il est mis ensuite dans un champ en tissu,
puis dans un second, puis un troisième sac plastique stérile,
avant d’être placé dans le conteneur stérile dont les parois sont
garnies de sachets de glace, lui aussi hermétiquement fermé,
lequel est finalement placé dans une glacière.
10
Figure 22. Ouverture des feuillets antérieur et postérieur du ligament
triangulaire droit, exposés par l’ascension de la coupole droite plus que
par la traction sur le foie.
Explantation des reins
Le grêle est basculé vers le haut et recouvert d’un champ
propre. Le prélèvement rénal est alors considérablement simplifié par la vacuité de la cavité abdominale. Le prélèvement séparé
de chaque rein est le plus souvent pratiqué. Moins souvent, les
deux reins sont prélevés en un seul bloc et la séparation
pédiculaire est faite secondairement. La veine rénale gauche a
été sectionnée à sa terminaison dans la veine cave. Sa face
postérieure est libérée sur 2 cm environ en prenant garde de ne
pas s’aventurer dans le hile pour ne pas risquer de sectionner
une branche pré- ou rétropyélique. La VCI est sectionnée
longitudinalement, comme l’a été l’aorte. Il est aisé de préserver
à chacun des vaisseaux des deux pédicules un large patch
artériel ou veineux (Fig. 23). Après le temps pédiculaire, la face
postérieure du rein est clivée du plan musculaire en emportant
la graisse périrénale. Vers le bas, le plan de dissection doit
préserver un triangle compris entre le hile, le bord latéral
convexe du rein et l’uretère à son croisement avec les vaisseaux
iliaques. L’uretère est libéré avec le tissu graisseux qui l’entoure
et qui assure sa vascularisation, jusqu’au contact de la vessie où
il est sectionné. Le rein est disposé sur la back-table, dans un
Techniques chirurgicales
Technique des prélèvements multiorganes ¶ 40-090 / 42-747 / 43-300
“
Points forts
Au cours du prélèvement cœur-foie-reins.
Chaque équipe de prélèvement dispose d’une table
arrière où elle peut conditionner son ou ses greffons.
L’incision est une sternolaparotomie d’emblée. Mieux
vaut éviter les refends lombaires, source de contamination
du champ opératoire.
Les greffons sont à peine disséqués à cœur battant pour
réduire le risque d’arrêt cardiaque inopiné.
Le cœur est prélevé d’abord, puis le foie, enfin les reins.
Figure 23. Le foie et le pancréas ont été explantés. Section longitudinale des deux faces de l’aorte pour séparer les ostia des artères à destinée
gauche et droite.
récipient plat contenant du sérum glacé. Il est étalé et examiné
pour établir un compte rendu anatomique avec un dessin de la
vascularisation du greffon. Cette technique est répétée pour le
greffon controlatéral. Chaque rein est plongé dans un conteneur
stérile contenant 500 ml de sérum à 4 °C, hermétiquement
fermé, emballé dans un double sachet en plastique puis stocké,
entouré de glace, dans un caisson isotherme.
Vaisseaux et ganglions
Les deux fourches artérielles iliaques sont prélevées depuis
l’origine de l’artère iliaque primitive, jusqu’à l’arcade crurale
pour la branche externe et l’origine des artères fessières pour la
branche interne. Chaque veine iliaque est prélevée depuis
l’arcade crurale jusqu’à l’origine de la VCI. Les branches
hypogastriques sont sectionnées au fur et à mesure de leur
découverte, au large de leur orifice de drainage pour faciliter
leur ligature ex vivo. Un greffon artériel et un greffon veineux
sont à « l’équipe pancréatique » lorsque le pancréas fait partie
des organes prélevés ; sinon, les vaisseaux sont attribués à
« l’équipe foie ». Ces pièces sont indispensables à l’unification
des artères splénique et mésentérique supérieure du greffon
pancréatique, ou à l’allongement des vaisseaux du pédicule
hépatique lorsque les sites d’implantation conventionnels du
receveur sont impraticables. Elles sont conservées stérilement
dans un petit flacon étanche contenant du liquide de conservation et maintenues à 4 °C. De nombreux ganglions sont
prélevés dans le mésentère et conservés stérilement dans du
sérum physiologique. Ils sont répartis entre les différentes
équipes, et permettent la réalisation des cross matches entre
lymphocytes du donneur et sérum du receveur.
Fermeture
La restitution tégumentaire doit être particulièrement bien
soignée. Un lacs est noué autour de l’origine du rectum, le grêle
et le côlon sont réintégrés dans la cavité abdominale. Le
sternum est refermé à l’aide de quatre points de fil d’acier et
l’aponévrose des droits à l’aide de surjets de fils forts. La peau
est refermée à l’aide d’un surjet continu de fils fins, à mailles
serrées afin d’améliorer encore l’étanchéité pariétale. Le thorax
et l’abdomen sont lavés et séchés avant de panser la plaie. Tous
les cathéters et sondes sont retirés. Des pansements propres sont
appliqués puis le corps est transporté à la chambre funéraire de
l’hôpital.
La Figure 24 récapitule les temps qui s’enchaînent aux étages
thoracique et abdominal.
■ Cas particuliers
Donneur hémodynamiquement instable
C’est une situation fréquente parce que la détérioration
hémodynamique progressive est l’évolution naturelle chez tout
Techniques chirurgicales
sujet en état de mort cérébrale. Elle est la conséquence de
l’hypothermie, de la déplétion en catécholamines, de l’arrêt de
sécrétion d’hormone antidiurétique et de la probable sécrétion
de cytokines vasoplégiantes par le tissu cérébral nécrosé.
L’administration de drogues tonicardiaques et vasoconstrictrices
améliore les chiffres tensionnels, mais aggrave l’hypoperfusion
tissulaire. Le seul moyen d’éviter l’apparition de lésions ischémiques irréversibles est de se dépêcher en raccourcissant la
phase de dissection à cœur battant, pour réfrigérer au plus vite
et mettre les greffons à l’abri.
L’incision et l’exposition des deux champs thoracique et
abdominal restent les mêmes (cf. supra). À l’étage thoracique, le
péricarde est ouvert d’emblée, suspendu, et les sites thoraciques
de canulation préparés. À l’étage abdominal, le côlon droit et la
racine du mésentère sont décollés. La partie basse de l’aorte et
l’origine de la veine cave sont exposées, contournées, puis
canulées après avoir « hépariné » le receveur. On ne canule pas
la VMI : le foie est refroidi par l’effluent du territoire splanchnique, lavé à partir de l’aorte. On ne contourne pas non plus
l’aorte sous-diaphragmatique : elle est, au moins au début de la
perfusion, clampée au-dessus du diaphragme à travers la
sternotomie. L’aorte est canulée à l’étage thoracique et la
perfusion débutée. Dans cette situation réputée difficile, les
opérateurs doivent garder leur calme et privilégier : la réfrigération aortique, la décharge cave des organes et la réfrigération de
contact par de la glace mise en place le plus vite possible. Cette
technique de « prélèvement rapide » est appliquée de manière
systématique par les préleveurs entraînés, même si la phase de
dissection en hypothermie est plus fastidieuse et le risque de
sections accidentelles de vaisseaux atypiques, qui n’ont pu être
repérés à cœur battant, plus grand.
Prélèvement simultané du pancréas total
Le prélèvement hépatique doit épargner les vaisseaux destinés
au pancréas. Plus question de déjanter la tête pancréatique ni de
sectionner l’isthme. Le pédicule hépatique est détaché au bord
supérieur du duodénum ; la veine porte est sectionnée 2 à 3 cm
sous sa bifurcation ; l’artère gastroduodénale est sectionnée
entre deux ligatures, l’artère splénique sectionnée au bistouri
froid à 2 mm de son origine sur le TC. Après que le foie ait été
explanté et avant le prélèvement rénal, le cadre colique est
abaissé hors du champ opératoire. Le pancréas et les deux reins
sont exposés dans leur totalité. Le duodénum est sectionné
entre deux rangées d’agrafes (GIA 55), immédiatement en aval
du pylore, puis à l’angle de Treitz, après avoir lavé la lumière
digestive en introduisant dans la sonde gastrique 150 ml de
sérum bétadiné. Le pédicule mésentérique supérieur est lié en
trois ou quatre fois au bord inférieur de D3, puis sectionné.
Nous utilisons ici une double ligature de Nylon® 0. À l’aide de
la rate, la queue du pancréas est réclinée vers la droite. L’origine
de l’AMS est débarrassée de son surtout lymphatique, méticuleusement lié parce qu’il peut être à l’origine d’une lymphorrhée
considérable sur le greffon revascularisé. L’AMS est sectionnée
au ras de l’aorte après avoir repéré une de ses berges à l’aide
d’un fil serti. En effet, la prise d’un patch aortique autour de
11
40-090 / 42-747 / 43-300 ¶ Technique des prélèvements multiorganes
Étage thoracique
«Équipe du cœur»
Étage abdominal
«Équipe du rein»
«Équipe du foie»
Incision médiane, exploration,
évaluation des reins, abord et contrôle
des vaisseaux rétropéritonéaux
Évaluation du foie, contrôle de la
VMI, lavage vésiculaire
Figure 24. Déroulement opératoire
du prélèvement multiorganes aux étages thoracique et abdominal. Rôles respectifs des équipes « du cœur, du foie
et des reins ».
Les flèches représentent les changements d’équipe.
VMI : veine mésentérique inférieure ;
VP : veine porte ; AO : aorte ; VCI : veine
cave.
Sternotomie, exploration, évaluation
du cœur, dissection des sites de
décharge et de canulation
Contrôle de l'aorte cœliaque,
canulation VP, AO, VCI
Déclampage de la décharge cave, clampage
de l'aorte cœliaque, ouverture des lignes de
perfusion aortique et porte, réfrigération de contact
Introduction du trocart aortique,
départ de la cardioplégie
Explantation du cœur
Explantation du foie
Explantation des reins
Fermeture
.
l’ostium de l’AMS n’est pas nécessaire, compte tenu de la
réalisation d’une plastie d’allongement ex vivo. [10] En revanche,
cette manœuvre amputerait largement les patchs d’aorte qui
sont indispensables aux artères rénales. Le pancréas est alors
libre.
Quelques fragments de rate sont prélevés sur la convexité,
puis conservés à 4 °C pour la réalisation des cross matches. Le
greffon est immédiatement plongé dans un bocal stérile,
étanche, dans lequel 500 ml de liquide à 4 °C viennent d’être
versés. Le conteneur est fermé, puis entouré de deux sacs
étanches stériles. L’ensemble est enfermé dans un conteneur
isotherme rempli de glace dans lequel il peut séjourner pendant
une quinzaine d’heures.
Prélèvement en bloc du foie et du pancréas
Rarement réalisé dans le but de greffer les deux organes en
continuité, le prélèvement en bloc du foie et du pancréas est
préconisé aujourd’hui pour faciliter la séparation des vaisseaux
communs aux deux organes. [11, 12] En effet, la dissection du
pédicule hépatique, sur une table « à part », au calme, sur des
organes protégés par le froid et par les deux opérateurs impliqués, entoure cette séparation d’une sérénité favorable aux
partages équitables. La dissection au plus près de l’artère
hépatique commune, de l’origine de l’artère splénique du TC et
de l’AMS, donne à ces vaisseaux une longueur et un calibre
proches de la réalité et entoure leur section de la sécurité qu’elle
exige. Les temps restent les mêmes jusqu’au départ de « l’équipe
thoracique » ; puis, le pédicule hépatique n’est pas abordé in
situ ; le duodénum est sectionné en aval du pylore et de l’angle
de Treitz, puis le pédicule mésentérique supérieur est lié et
sectionné au bord inférieur du pancréas ; la veine cave soushépatique est sectionnée au bord supérieur des veines rénales,
suivie de la découpe d’une collerette diaphragmatique autour de
l’orifice de la veine cave sus-hépatique. Le foie et la veine cave
rétrohépatique sont détachés du plan postérieur, en passant, à
droite, dans la glande surrénale droite. Le troisième duodénum
est récliné vers le haut, la perfusion aortique est arrêtée, puis
l’aorte est sectionnée au bord inférieur de l’AMS, en étant très
oblique pour rester à distance des artères rénales. L’aorte susjacente est ensuite prélevée de bas en haut jusqu’au-dessus du
TC. Cette manœuvre est au mieux contrôlée par le côté gauche,
exposé en réclinant la queue du pancréas vers la droite. La
perfusion mésentérique inférieure peut être maintenue jusqu’à
l’ouverture, ex vivo, de la veine porte.
12
Prélèvement isolé des deux reins
Il est devenu exceptionnel.
La voie d’abord est une incision cruciforme : incision xiphopubienne barrée transversalement au-dessus de l’ombilic. La
dissection à cœur battant comporte successivement : le décollement du côlon droit et de la racine du mésocôlon transverse,
suivi du décollement du fascia de Treitz ; le décollement du
côlon gauche ; la préparation des sites de canulation aortique et
de décharge cave ; la préparation du site de clampage aortique
en amont de l’artère mésentérique pour limiter la perfusion
réfrigérante au territoire rénal. Pour ce faire, le paquet digestif,
enrobé dans un champ humide, est récliné et maintenu par
l’assistant à l’aide d’une valve de Leriche. L’AMS, tendue
verticalement, est palpée au bord supérieur de la veine rénale
gauche. Débarrassée de son surtout fibreux, elle est sectionnée
entre deux ligatures fortes. Les piliers du diaphragme, qui à cet
endroit bordent l’aorte, sont chargés de proche en proche sur
un dissecteur et sectionnés au bistouri électrique. Il est alors
possible de contourner l’aorte bien à distance de l’AMS et de la
mettre sur un lacs en attente d’être clampée. Lors de cette
manœuvre, il faut garder à l’esprit qu’une artère rénale polaire
supérieure peut naître au-dessus de l’implantation de l’AMS.
Après réfrigération in situ, le prélèvement monobloc des deux
reins s’effectue comme précédemment décrit, après avoir amené
le rein gauche « dans la cavité péritonéale » à travers une brèche
dans le mésocôlon gauche.
Prélèvement pulmonaire associé
Souvent, les deux poumons et le cœur sont prélevés en un
seul bloc. Il est utilisé tel quel, ou séparé ex vivo sur la backtable en un cœur et un bloc bipulmonaire, ou un cœur et deux
poumons séparés. La procédure s’intègre parfaitement dans le
prélèvement multiorganes (cf. supra). Seuls varient quelques
temps de la dissection à l’étage thoracique.
Incision
Les champs sont installés de sorte que l’incision thoracique
médiane puisse remonter à trois travers de doigt au-dessus de la
fourchette sternale. L’intégrité des plèvres est respectée jusqu’à
la fin de la préparation des greffons et des sites de canulation
abdominaux. L’écartement sternal ne peut être que modéré et
la section des coupoles diaphragmatiques droite et gauche
amorcée sur quelques centimètres seulement.
Techniques chirurgicales
Technique des prélèvements multiorganes ¶ 40-090 / 42-747 / 43-300
Évaluation des poumons. Préparation des sites
de canulation et réfrigération
.
La qualité du greffon pulmonaire a d’abord été appréciée en
préopératoire par l’analyse des antécédents du donneur,
l’importance des transfusions, la durée de l’intubation, la
radiographie du thorax et les gaz du sang. Une fibroscopie a été
effectuée dans les heures précédant le prélèvement, à la recherche d’une suppuration bronchique ou d’un syndrome tumoral
qui ferait récuser les greffons. S’il n’a pas eu lieu, cet examen est
réalisé en peropératoire. L’évaluation peropératoire des poumons permet de valider définitivement le prélèvement pulmonaire et autorise la mise en route de la procédure chirurgicale
sur le receveur. Le péricarde est fendu verticalement de la racine
de l’aorte jusqu’à la pointe du cœur, puis suspendu sur des
pinces mobiles. Le tronc veineux innominé et le TABC sont
sectionnés entre deux ligatures (nécessité de disposer d’un
cathéter artériel radial gauche ou fémoral et de voies veineuses
de remplissage à droite). Les deux plèvres sont ouvertes au
bistouri électrique, l’inspection minutieuse des deux poumons
permet la recherche d’une atélectasie, d’une contusion pulmonaire, d’un œdème pulmonaire. La VCS est disséquée et mise en
attente sur deux fils qui seront noués ultérieurement. La VCI est
mise sur lacs (cf. supra). La veine azygos est sectionnée entre
deux ligatures. L’aorte ascendante est séparée de l’artère
pulmonaire afin de permettre son clampage sélectif. Enfin, la
trachée est isolée aussi haut que possible, sans dissection
intempestive pouvant léser ses rameaux vasculaires. Deux
bourses de fil vasculaire sont confectionnées respectivement sur
l’aorte ascendante et sur le tronc de l’artère pulmonaire, afin de
permettre le maintien des canules de cardioplégie et de pneumoplégie. Après une purge soigneuse des tubulures de cardioplégie et de pneumoplégie, l’aorte ascendante et l’artère
pulmonaire sont canulées au centre de chaque bourse à l’aide
d’une aiguille de cardioplégie. L’extrémité de la canule pulmonaire est raccordée à un robinet en « Y ». Sur une branche est
connectée la ligne de perfusion du liquide de réfrigération, dont
on vérifie qu’elle a été vidée de ses bulles d’air et qu’elle est
pour l’instant clampée. Sur l’autre branche du « Y » est connectée une perfusion de vasodilatateurs (prostaglandine E1) qui
sont administrés dans le lit artériel pulmonaire dans les
secondes précédant la pneumoplégie. Aucun geste supplémentaire n’est fait. Lorsque toutes les équipes sont prêtes, la
réfrigération in situ peut commencer. À l’étage thoracique, elle
comporte l’enchaînement rapide des temps suivants : perfusion
dans l’artère pulmonaire de la solution vasodilatatrice ; clampage de la VCS puis de la VCI ; clampage de l’aorte et lancement simultané de la cardioplégie et de la pneumoplégie ;
section de la VCI en aval et au ras du clamp, et ouverture de
l’oreillette gauche en sectionnant la pointe de l’auricule. La
diffusion parenchymateuse de la solution utilisée est favorisée
par le maintien d’une ventilation à faible volume et basse
fréquence durant le lavage réfrigérant et jusqu’au moment de la
section trachéale. Contrairement à la perfusion cardiaque, la
perfusion pulmonaire est effectuée par gravité de façon à éviter
les barotraumatismes capillaires et l’ouverture de shunts
vasculaires intraparenchymateux. Alors que l à 2 l de liquide de
conservation lavent et refroidissent les poumons, ils sont arrosés
du sérum glacé régulièrement renouvelé.
Explantation du bloc cœur-poumons
Elle débute par la section haute de la trachée (après avoir fait
retirer la sonde d’intubation) entre deux rangées d’agrafes (TA
30), du tissu péritrachéal riche en éléments vasculaires qu’il
convient de cliper et par la section de la VCS entre deux
ligatures. Dès lors, deux techniques sont utilisables selon qu’il
est nécessaire de préserver les artères bronchiques en vue d’une
revascularisation élective (transplantation cardiopulmonaire ou
bipulmonaire monobloc) ou selon que cette préservation n’est
pas jugée nécessaire (transplantation unipulmonaire). Les artères
bronchiques naissent de l’aorte dans la région de l’isthme ; elles
sont en nombre variable (une à trois artères), leurs ostia sont
Techniques chirurgicales
situés sur la face latérale droite de l’aorte. Elles sont en rapport
étroit avec l’œsophage, les artères à destinée bronchique droite
ayant un trajet rétro-œsophagien. Elles offrent de nombreuses
anastomoses péricarénaires dans une région située sous la
concavité aortique. Leur respect impose un prélèvement « au
large » : section œsophagienne entre deux rangées d’agrafes
(TA30) à l’aplomb de la section trachéale, puis décollement
médiastinal en passant dans le plan du ligament prévertébral
poursuivi latéralement jusque dans les gouttières paravertébrales. Ce décollement est mené en bas jusqu’aux insertions
diaphragmatiques. L’aorte thoracique et l’œsophage sont
successivement sectionnés et la libération des organes thoraciques est achevée par la section des ligaments triangulaires, du
péricarde sur sa ligne de réflexion diaphragmatique et de la VCI
au ras du diaphragme. Lorsque la préservation des artères
bronchiques n’est pas jugée nécessaire, le plan de décollement
médiastinal passe alors entre le plan trachéobronchique postérieur et l’œsophage. La crosse aortique est sectionnée en aval du
TABC. La dissection est poursuivie en arrière des deux pédicules
pulmonaires et en avant de l’aorte thoracique descendante puis,
plus bas, en arrière du sac péricardique jusqu’à sa réflexion
diaphragmatique qui est sectionnée. La libération basse du bloc
cardiopulmonaire s’effectue de la même manière que précédemment. Le bloc cœur-poumons peut être disposé ainsi dans un
conteneur de transport. Dans le centre de transplantation, il est
préparé immédiatement avant l’implantation (hémostase,
lymphostase, stripping de l’œsophage, préparation de la collerette aortique portant les ostia bronchiques en vue d’une
revascularisation élective). Dans d’autres cas, il est amené sur la
back-table, disposé dans un large récipient rempli de sérum
glacé, et le cœur est séparé des poumons.
Séparation ex vivo du cœur et des poumons
Séparation du greffon cardiaque
Cette étape est réalisée en collaboration avec les deux
équipes. La séparation du cœur a un impératif : ménager un
patch d’oreillettes autour des ostia des veines pulmonaires, au
bénéfice des greffons pulmonaires, tout en étant suffisamment
économe pour ne pas léser le greffon cardiaque. Pour ce faire,
l’oreillette gauche est d’abord ouverte à gauche à égale distance
entre les deux veines pulmonaires gauches et le sillon auriculoventriculaire. L’écartement de chacune des berges permet de
visualiser les orifices veineux, et de découper une collerette
auriculaire en toute sécurité. Le tronc de l’artère pulmonaire est
sectionné à l’origine de ses branches droite et gauche après
avoir prudemment libéré le toit de l’oreillette gauche.
Séparation des poumons
Elle n’est réalisée qu’en cas de greffe unipulmonaire, et le plus
souvent lorsque l’équipe de prélèvement est de retour dans son
centre. La collerette auriculaire est coupée à égale distance des
orifices veineux droit et gauche. Les artères pulmonaires droite
et gauche sont sectionnées à leur origine. Les bronches souches
droite et gauche sont sectionnées le plus proximalement
possible. Elles sont recoupées au moment de la transplantation.
Les greffons sont introduits dans un sac en plastique, étanche
et stérile, baignant dans sa solution de conservation à 4 °C, en
évitant bien sûr le contact direct de la glace sur les organes. Ce
premier sac est emballé dans un ou deux autres sacs stériles, le
tout étant ensuite placé dans un conteneur isotherme rempli de
glaçons.
Prélèvement intestinal associé
Bien que d’indication encore limitée, les succès récemment
rapportés chez l’enfant [13] comme chez l’adulte [14] laissent
penser que la greffe d’intestin grêle constituera bientôt une
thérapeutique efficace des syndromes du grêle court. La dissection à cœur battant consiste à délimiter le territoire vasculaire
du segment d’intestin qui est emporté et qui varie selon les
équipes entre 1,5 m de grêle proximal [15] ou la totalité du
13
40-090 / 42-747 / 43-300 ¶ Technique des prélèvements multiorganes
jéjuno-iléon [16]. Après lavage et réfrigération, l’explantation de
l’intestin grêle comporte successivement : la dissection des
éléments du pédicule mésentérique supérieur au ras du bord
inférieur du troisième duodénum ; le tissu fibrolymphatique est
lié et sectionné pas à pas, l’artère et la veine mésentérique
supérieure sont squelettisées puis sectionnées en amont d’une
ligature solide ; la section proximale (jéjunum), puis distale de
la lumière digestive entre deux rangées d’agrafes (GIA), après
avoir exprimé avec douceur son contenu vers l’aval. La décontamination ex vivo du greffon intestinal par le lavage de sa
lumière à l’aide d’une solution glacée contenant antibiotiques et
antifongiques est souhaitable. [15] Le greffon est conservé de la
même manière que les greffons hépatiques, pancréatiques ou
rénaux : plongé dans du liquide glacé, dans un conteneur
protégé par deux sacs en plastique stériles.
sectionnée à sa terminaison et rabattue vers la gauche. La face
antérieure de l’aorte est alors fendue longitudinalement,
exactement en son milieu. Cette section, conduite de bas en
haut, s’arrête 1 cm en aval de l’origine de l’AMS, et se poursuit
latéralement à droite et à gauche en passant exactement entre
elle et les artères rénales, dont on voit parfaitement les ostia
dans la lumière aortique. Le conditionnement de ce greffon de
grande taille est au mieux réalisé en l’enfermant successivement
dans trois sacs en plastique, stériles (type sacs à grêle), où il
flotte dans son liquide de conservation froid. Ce triple emballage est ensuite recouvert de glace pilée dans un caisson
isotherme.
■ Conclusion
Prélèvement en bloc des viscères
intrapéritonéaux
Le greffon, destiné à être transplanté en « grappe », comporte
le foie, le duodénopancréas et un segment digestif incluant
l’estomac et le jéjuno-iléon. Le côlon y est parfois associé. [17] La
transplantation d’un tel greffon trouve une indication idéale
mais exceptionnelle chez les malades porteurs d’un syndrome
du grêle court compliqué d’une cirrhose biliaire secondaire à la
nutrition parentérale. Le pédicule afférent est constitué par l’axe
cœliomésentérique supérieur, implanté sur un patch aortique
unique, et le pédicule efférent par les veines hépatiques et la
VCI adjacente au foie. Le prélèvement d’un tel greffon n’empêche ni le prélèvement des organes thoraciques, ni le prélèvement rénal associé.
Préparation du greffon et canulations
Dans les heures qui précèdent le prélèvement, une solution
de décontamination digestive est administrée par la sonde
nasogastrique. Certaines équipes préconisent également l’injection intraveineuse d’une dose d’anticorps monoclonaux antiCD3, dans l’espoir de réduire l’antigénicité du greffon intestinal
et le risque de maladie du greffon contre l’hôte [17] après la
greffe. La voie d’abord reste la même : une sternolaparotomie
médiane. À l’étage abdominal, la préparation du greffon et des
sites de canulation est pratiquement identique à celle déjà
décrite (cf. supra). Elle comporte : l’exposition des gros vaisseaux rétropéritonéaux et la préparation des sites de canulation
aortique et cave ; la canulation de la VMI ; le contournement de
l’aorte cœliaque pour préparer le clampage à l’étage abdominal,
en ouvrant le petit épiploon le long de la petite courbure de
l’estomac et du bord droit de l’œsophage. Cette manœuvre
permet de rester à distance d’une éventuelle artère hépatique
gauche ; l’ouverture du ligament gastrosplénique et la libération
de la grosse tubérosité. L’estomac est alors aspiré, la sonde
nasogastrique retirée et le cardia sectionné entre deux rangées
d’agrafes ; lorsque le côlon n’est pas prélevé, le cadre colique est
décroché jusqu’au sigmoïde et l’iléon sectionné, à sa partie
terminale, entre deux rangées d’agrafes après en avoir exprimé
le contenu vers l’aval ; la rate et la queue du pancréas sont
détachées du plan postérieur jusqu’au flanc gauche de l’aorte.
Tous les viscères intra-abdominaux sont réfrigérés à partir de
l’aorte et de la VMI à l’aide de 5 à 6 l de solution UW.
Explantation
L’explantation du bloc multiviscéral a lieu après celle des
organes intrathoraciques. Une collerette diaphragmatique est
découpée autour de l’orifice intrapéricardique de la VCI. À
droite, la découpe emporte le ligament triangulaire droit et va
rejoindre la cave sous-hépatique en passant dans la surrénale
droite. Le grêle est emballé dans un champ humide et froid,
puis relevé à l’aide des deux mains, par le deuxième assistant,
pour exposer les gros vaisseaux rétropéritonéaux. La veine cave
est sectionnée au-dessus des veines rénales. La nécessité de
conserver un patch d’aorte autour des ostia de l’AMS et du TC
exige un contrôle parfait des artères rénales. Pour ce faire, la
perfusion aortique est arrêtée, la veine rénale gauche est
14
Le prélèvement multiorganes est une intervention chirurgicale bien codifiée, facile (un « exercice de dissection ») parce que
réalisée sur un organisme en principe indemne de toute pathologie préexistante. Les difficultés sont liées à quatre facteurs qui
peuvent se conjuguer : l’instabilité hémodynamique du donneur, qui impose de se dépêcher pour éviter l’ischémie chaude
aux conséquences catastrophiques ; les anomalies de distribution artérielle, notamment hépatique et rénale, qui amènent un
risque de plaie vasculaire accidentelle ; les fautes d’asepsie,
favorisées par la multiplicité des équipes impliquées et leur
va-et-vient incessant ; les « incidents de frontière » qui peuvent
parfois exister entre deux équipes et qui disparaissent lorsque
chaque acteur connaît et respecte les besoins des autres.
.
■ Références
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D. Lechaux, Praticien hospitalier (david.lechaux@ch-stbrieuc.fr).
Service de chirurgie digestive, centre hospitalier de Saint-Brieuc, hôpital Yves-Le-Foll, 10, rue Marcel-Proust, 22023 Saint-Brieuc.
É. Dupont-Bierre, Assistant, chef de clinique.
Département de chirurgie viscérale, centre hospitalier universitaire de Rennes, hôpital Pontchaillou, 2, rue Henri-Le-Guilloux, 35033 Rennes cedex 9, France.
G. Karam, Praticien hospitalier.
Service d’urologie, centre hospitalier de Nantes, Hôtel-Dieu, place Alexis-Ricordeau, 44093 Nantes cedex 1, France.
H. Corbineau, Professeur des Universités, praticien hospitalier.
Clinique de chirurgie thoracique et cardiovasculaire, centre cardiopneumologique, hôpital Pontchaillou, 2, rue Henri-Le-Guilloux, 35033 Rennes cedex 9,
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P. Compagnon, Assistant, chef de clinique.
Département de chirurgie viscérale, centre hospitalier universitaire de Rennes, hôpital Pontchaillou, 2, rue Henri-Le-Guilloux, 35033 Rennes cedex 9, France.
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Service de régulation et d’appui, Interrégion n° 6 de l’Établissement français des greffes.
K. Boudjema, Professeur des Universités, praticien hospitalier (karim.boudjema@chu-rennes.fr).
Département de chirurgie viscérale, centre hospitalier universitaire de Rennes, hôpital Pontchaillou, 2, rue Henri-Le-Guilloux, 35033 Rennes cedex 9, France.
Toute référence à cet article doit porter la mention : Lechaux D., Dupont-Bierre É., Karam G., Corbineau H., Compagnon P., Noury D., Boudjema K.
Technique des prélèvements multiorganes. EMC (Elsevier SAS, Paris), Techniques chirurgicales - Appareil digestif, 40-090, Techniques chirurgicales - Thorax,
42-747, Techniques chirurgicales - Chirurgie vasculaire, 43-300, 2005.
Disponibles sur www.emc-consulte.com
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