André Chastel et Léonard de Vinci : quarante ans d’interprétations et réflexions, in Leonardo nel Novecento. Arti, lettere e scienze in dialogo, a cura di Carla Mazzarelli, Cinisello Balsamo, Silvana editoriale, 2023

Si la littérature relative à Léonard de Vinci est aujourd' hui surabondante et si les liens entre l' Italien et la France sont bien connus, la place que ses uvres ont occupée dans les collections françaises des XVème, XVIème et XVIIème siècles restait à définir. Le présent ouvrage vient combler cette lacune : il entend définir le got des Français pour les tableaux de Léonard et ceux qui lui ont été attribués durant la Renaissance et l'ge classique. Y sont ainsi présentées les pérégrinations des peintures assignées à Léonard dans la collection royale française. Les souverains - François Ier en tte - ont en effet rassemblé un ensemble exceptionnel d'uvres de l' artiste, ou considérées alors comme telles, qui, au gré des modes et des déplacements de la cour, ont été exposées dans les chteaux du Val de Loire puis à Fontainebleau, Paris et Versailles. Il est aussi question de l' engouement des Français pour la Cène de Santa Maria delle Grazie de Milan. Alors mme qu' elle n' a jamais été conservée en France, il s' agit de l'uvre de Léonard que les Français de cette époque apprécient le plus, comme en témoignent les copies qu' ils commandent en Lombardie et ramènent dans leurs demeures françaises. Ce livre évoque enfin les amateurs d' art, comme le cardinal de Richelieu ou Roger du Plessis de Liancourt, qui, à l' image des rois, ont également possédé des tableaux qu' ils estimaient de la main de l' Italien.

Dans le Portrait de Cecilia Gallerani, dit « La Dame à l’hermine », peint par Léonard de Vinci entre 1488 et 1490, il y a un curieux détail qui ne cesse de nous intriguer : vigoureusement dressée dans les bras de la jeune femme, et comme retenue par le geste très étudié de sa main droite, qui prend l’allure d’une caresse, l’hermine semble d’une de ses griffes découvrir une partie de la robe, fendue à cet endroit, mettant alors à nu une zone triangulaire de tissu rouge dont la couleur cramoisie contraste efficacement avec le pelage hivernal et immaculé de l’animal. Cet entrelacement de motifs, qui relie étroitement la main qui caresse, l’hermine qui se dresse et cette fente dans le vêtement de la jeune dame ouvrant sur une zone de tissu rouge, semble être le lieu d’une forte condensation que nous nous proposons ici d’analyser.

Cet écrit reprend l’ensemble des recherches effectuées cette année durant mon Master 1 « Renaissance et Patrimoine » au Centre d’Etudes Supérieures de la Renaissance à Tours. L’idée de ce mémoire était d’examiner l’œuvre manuscrite de Léonard de Vinci afin d’y déceler les mentions d’ésotérisme et de mettre en lumière les affinités, ou non, de ce dernier avec notamment des pratiques telles que l’alchimie et l’hermétisme. Les annexes de ce mémoire constituent l’aboutissement de ces recherches, fruit d’un long travail d’inventaire et d’étude philologique. Le mémoire en tant que tel consiste en un commentaire du corpus formé d’une cinquantaine de notes tirées de l’ensemble des manuscrits de Léonard de Vinci. Ce commentaire ne peut être qu’une étude préliminaire, et donc forcément non exhaustive, sur un sujet aussi complexe que Léonard de Vinci et l’ésotérisme. De nombreuses questions, concernant notamment l’accès à de telles connaissances ou bien encore l’étude de son entourage, méritent approfondissements. Ce mémoire donne des pistes quant à la façon de penser de de Vinci, je souhaite qu’il puisse être utile à tous ceux qui suivront les chemins, maintenant défrichés, dans cette quête de connaissances, si chère à Léonard.

This piece accompanies the “EpistolART” project for the digital reissue of Carteggio inedito d’artisti dei secoli XIV, XV e XVI originally published in 1839-1840 by J.W. Gaye. It reproduces five letters concerning Da Vinci’s activities in Milan in 1506 and conducts a textual analysis that highlights the problems intrinsic to Gaye’s editorial criteria, which do not correspond to modern philological standards. Although the Gaye edition is familiar to art historians, the new study can still offer new insights into the work, living conditions and language of a Renaissance artist, even one so extensively studied as Leonardo da Vinci.