PORTAT E., DETANTE M., BUQUET-MARCON C., GUILLON M. dir. - Rencontre autour de la mort des tout-petits :
actes de la 2e Rencontre du groupe d’anthropologie et d’archéologie funéraire, 3-4 déc. 2009, Saint-Germain-en-Laye.
Condé-sur-Noireau : Gaaf, 2016, 342 p. (Publication du Gaaf ; 5).
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PRINCIPALES CARACTÉRISTIQUES ET FONCTIONS
DU MOBILIER D’ACCOMPAGNEMENT FUNÉRAIRE
DES TOUT-PETITS À L’ÉPOQUE ROMAINE.
RÉFLEXIONS AUTOUR DE QUELQUES EXEMPLES AQUITAINS
Anne-Laure BRIVES
Service Archéologique Reims Métropole ; anne-laure.brives@reimsmetropole.fr
Dans le cadre de notre thèse de doctorat, nous avons
travaillé sur la fonction des petits mobiliers en contexte
funéraire en Aquitaine romaine (Brives 2008a). Cette étude
a permis d’inventorier 798 sépultures parmi lesquelles on
compte celles de 117 immatures. Quarante-cinq crémations
contiennent les restes d’enfants et sept autres tombes, par le
matériel qu’elles présentent, sont à envisager comme telles.
Cinquante-et-une inhumations ont livré les restes
d’immatures et 14 autres tombes, par le matériel qu’elles
contiennent, sont probablement des tombes infantiles. Les
sépultures infantiles contenant du mobilier remarquable –
du moins pour celles qui ont livré des marqueurs
chronologiques – sont pour l’essentiel datées des deux
premiers siècles de notre ère.
Ces structures se trouvent essentiellement dans des
nécropoles : 41 des 52 crémations et 47 des 65 inhumations
se trouvent ainsi réparties sur les quatre nécropoles étudiées
(igure 1). La nécropole de Pontarion en Creuse (Lintz 2001)
a livré 11 crémations mais aucune inhumation. Les
nécropoles d’Argentomagus (Allain et al. 1992), Les Dunes à
Poitiers (Eygun 1933) et les Religieuses à Lezoux (Mondanel
1982), présentent les deux types de traitements du mort,
mais c’est à Argentomagus qu’elles sont les plus nombreuses
mais surtout les plus modestes. Dans les nécropoles de
Poitiers et de Lezoux, les inhumations supplantent les
crémations.
La diversité du matériel exhumé a permis de mettre en
évidence des objets et des associations récurrentes qui nous
ont amené à nous poser un certain nombre de questions.
Est-ce-que ces objets gardent dans la tombe leur fonction
première ou endossent-ils une valeur symbolique et/ou
sociale ? Dans quelles conditions ce matériel permet-il de
déterminer le sexe du défunt et la classe d’âge au décès ?
Dans quelle mesure ces objets permettent-ils de suggérer le
statut social du défunt ?
Figure 1 : Carte de l’Aquitaine romaine avec répartition des 4 nécropoles
étudiées (© carte Éditions Aquitania/DAO : A.-L. Brives)
1. Les crémations
Le mobilier dans les crémations d’enfants est varié mais
cependant moins abondant que dans les inhumations,
puisque 23 structures contiennent des petits objets : 15 en
présentent un, deux tombes en comportent deux, enin six
structures comptent trois objets ou plus (igure 2 et 3). La
pratique de la crémation est généralement peu pratiquée
pour les tout-petits, constatation conirmée en Aquitaine.
180
Anne-Laure BRIVES
Sans mobilier
1 objet
Les biberons pourraient dans un certain nombre de cas
caractériser des tombes de bébés, on peut ainsi envisager que
deux des trois crémations supposées infantiles de Lezoux6
qui contiennent des biberons7, pourraient être des tombes
de tout-petits.
2 objets
3 objets ou +
2. Les inhumations
Figure 2 : Répartition du petit mobilier dans les incinérations (© A.-L. Brives)
fibule/anneau/épingle de
linceul
parure digitale
bracelet
amulette
jouet
Les petits objets sont beaucoup plus fréquents dans les
inhumations que dans les crémations puisque 35 structures
ont livré du mobilier : 14 tombes présentent un objet, huit
en comportent deux et 13 structures en comptent trois ou
plus, jusqu’à 38 objets pour la tombe la plus richement
dotée découverte au sein de la nécropole des Dunes à
Poitiers8 (igure 4 et 5). En l’absence d’observations
anthropologiques et compte tenu de la longueur du
contenant (1,22 m.), la sépulture pourrait être celle d’un
petit enfant plutôt que celle d’un nourrisson.
coffret
couteau
biberon
statuette
Figure 3 : Répartition des différentes catégories d’objets dans les incinérations infantiles (nombre de tombes, toutes classes d’âges) (© A.-L. Brives)
En efet, seules deux crémations de nouveau-nés1 et deux de
nourrissons2 ont été mises en évidence, toutes dans la nécropole
d’Argentomagus. Le mobilier est extrêmement pauvre dans ces
quatre structures. Seules deux crémations contiennent sept
statuettes en terre cuite pour la première et les restes d’une
statuette pour la seconde3. Malheureusement, pour les autres
crémations, le mobilier se répartit essentiellement dans des
tombes pour lesquelles il n’a pas été possible de proposer un âge
au décès. On constate cependant qu’à Argentomagus, seule une
tombe dont le défunt est âgé de plus de 5 ans4 contient du
matériel spéciique des sépultures d’enfants. Un intérêt tout
particulier semble donc être accordé aux plus petits dans cette
nécropole pourtant relativement pauvre.
La grande modestie des crémations d’enfants
d’Argentomagus qui transparaît dans le choix du mode
d’ensevelissement mais également dans la quantité et la qualité
des ofrandes déposées, n’est que le relet de ce que l’on observe
dans les tombes d’adultes, également pauvres en matériel.
Quelques tombes d’enfants – crémations et inhumations –
apparaissent même comme mieux dotées sur ce site que les
sépultures d’adultes. Ainsi, une structure en urne de verre et
cofrage de pierres calcaires – contenants rarement utilisés sur
ce site – renferme les restes de deux balsamaires fondus et
d’éléments de jeu, que sont quatre jetons et deux dés en os5.
1. Sépultures 74-H20 et 78-J20 (Allain et al. 1992 : 52 et 55).
2. Sépultures 121-F25 et 133-G25 (Allain et al 1992 : 76 et 80).
3. Sépultures 74-H20 et 121-F25 (Allain et al 1992 : 52 et 76).
4. Sépulture 80-J20 : tombe d’adolescent qui contient un fragment de
statuette en terre cuite (Allain et al 1992 : 56).
5. Sépulture 84-C24 (Allain et al 1992 : 58).
La classe d’âge au décès la mieux représentée est celle des
nouveau-nés (quatre individus) et des nourrissons (17
individus) auxquels on peut ajouter deux fœtus (pas de
mobilier). Neuf défunts étaient âgés d’un an ou plus au
moment de leur décès et nous n’avons aucune information
sur l’âge de la mort pour 33 enfants. C’est la nécropole
d’Argentomagus qui a livré l’essentiel des sépultures
d’enfants morts avant un an alors que les crémations sur ce
site ont essentiellement livré les restes d’enfants morts après
5 ans (pour celles pour lesquelles un âge au décès a été
proposé, soit dix structures sur 25). Un rite diférent a donc
bien été pratiqué sur ce site pour les enfants en bas-âge.
Sur le site des Dunes, les inhumations sont beaucoup
plus nombreuses que les crémations (quatorze inhumations
et deux crémations) et présentent le plus souvent un
mobilier riche et diversiié. A Lezoux, elles sont plus
nombreuses (huit inhumations et trois crémations) mais
tout aussi bien dotées que les crémations et les tombes
d’enfants sur ce site sont bien caractérisées par un ou deux
biberons présents dans six des neuf inhumations.
À Argentomagus, elles sont aussi nombreuses que les
crémations (24 inhumations et 25 crémations), aussi bien
pourvues en petits objets et apparaissent également comme
mieux dotées que les sépultures d’adultes. On constate dans
cette nécropole, quelques diférences dans le dépôt
d’ofrandes de ces deux types d’ensevelissement : les
statuettes en terre cuite, qui constituent la catégorie la mieux
représentée dans les crémations, n’apparaissent qu’à deux
6. Cette nécropole n’a jamais été publiée mais son étude a été réalisée par
Ch. Mondanel dans le cadre de sa thèse de troisième cycle à l’université de
Clermont-Ferrand (Mondanel 1982 : vol.2). Aucune analyse anthropologique n’a été réalisée et la faible représentation des offrandes métalliques
et du petit mobilier limite la détermination sexuelle des tombes par les
associations. Nous nous sommes donc appuyés sur les observations faites
par les fouilleurs et sur les éléments mobiliers pour identifier les sépultures
infantiles.
7. Tombes 46 et 78 (Mondanel 1982 : 44 et 65).
8. Sépulture 343, (Eygun 1933 : 169-170 ; Brives 2008b)..
Principales caractéristiques et fonctions du mobilier d’accompagnement funéraire des tout-petits à l’époque romaine.
181
sans mobilier
1 objet
2 objets
3 objets ou +
Figure 4 : Répartition du petit mobilier dans les inhumations (© A.-L. Brives)
fibule/anneau/épingle de
linceul
parure digitale
Figure 6 : Amulettes en ambre de la tombe 343 de la nécropole Des Dunes,
Poitiers (© M.A.N., cliché A.-L. Brives)
bracelet
amulette
jouet
coffret
couteau
biberon
statuette
Figure 5 : Répartition des différentes catégories d’objets dans les inhumations infantiles (nombre de tombes, toutes classes d’âges) (© A.-L. Brives)
reprises dans les inhumations9 d’où les jouets sont par
ailleurs totalement absents. À contrario, les amulettes,
pourtant très fréquentes sur certains sites comme à Poitiers
dans les tombes d’enfants (igure 6), sont inexistantes dans
les crémations mais existent dans deux inhumations10.
Les biberons – plutôt caractéristiques des tombes de
nourrissons – sont présents dans deux structures alors qu’ils
sont absents des crémations. Malheureusement, ces
sépultures infantiles d’Argentomagus sont, de manière
générale, trop pauvres en matériel pour que l’on puisse
constater de véritables diférences entre les deux types
d’ensevelissement mais surtout entre les classes d’âge.
Cependant, comme pour les crémations, quelques
inhumations semblent un peu mieux dotées. Ainsi, deux
structures présentent un traitement particulier du défunt et
un dépôt d’ofrandes un peu plus abondant et diversiié.
Une inhumation11 en cercueil de bois et protégée par une
structure de tuiles sur champ, contient le corps d’un
nourrisson peut-être emmailloté dans un lange car un
anneau en fer a été retrouvé au niveau de son cou ; un
biberon a été déposé à ses pieds avec deux statuettes en terre
cuite igurant Vénus à sa tête. Une seconde structure – dont
il n’est pas sûr qu’il s’agisse d’une inhumation puisqu’un
« dépôt » est mentionné12 – contient cependant, comme la
9. Sépultures 47-C21 et 85-L19 de la nécropole d’Argentomagus (Allain et
al 1992 : 92 et 95).
10. Sépulture 86-K18 (monnaie percée) ; dépôts 11 et 11 bis-F16 (monnaie
percée et médaillon en bois de cerf ) (Allain et al 1992 : 96 et 104-105).
11. Sépulture 85-L19 (Allain et al 1992 : 95).
12. Dépôts 11 et 11 bis-F16 (Allain et al 1992 : 104-105).
tombe précédente, un anneau en fer ainsi qu’un biberon et
deux amulettes. Il s’agit par ailleurs des deux seules tombes
d’enfants de cette nécropole à contenir un élément
fonctionnel destiné à maintenir un lange sur le corps du
défunt.
Ces objets, qui peuvent être des anneaux, des épingles ou
même des ibules, sont presque totalement absents des
crémations d’enfants dans la région étudiée alors qu’ils sont
représentés par douze objets dans les inhumations. Si les
anneaux sont si peu nombreux, voire totalement absents, sur
les autres sites étudiés, c’est peut-être parce qu’ils n’ont pas
été reconnus en tant que tels au moment de la fouille.
Les biberons sont plus nombreux que dans les
crémations puisque 13 objets proviennent de 11 sépultures,
essentiellement situées dans la nécropole des Religieuses à
Lezoux13.
3. Les objets récurrents dans les tombes
Les sépultures d’enfants – au sens large du terme, nous
dirons jusqu’à 10-12 ans – montrent un mobilier assez
spéciique (igure 7). Les éléments de parure y sont bien
représentés, notamment les bracelets, qui ont sans doute
essentiellement servi de support à des amulettes de toutes
sortes : clochettes, perles, monnaies percées, amulettes en
ambre (igure 8). Les attaches de linceul ou de lange ont été
identiiées à plusieurs reprises : des ibules, des épingles ou
encore des anneaux de lange. Les biberons et les statuettes
métalliques ou en terre cuite qui peuvent dans les tombes
d’enfants, igurer des jouets, sont également assez fréquents
sur le territoire étudié (igure 9 et 10). Les jouets sont
représentés par un certain nombre d’autres objets. Les pièces
de jeux proprement dites sont rares, on trouve cependant
des outils et des armes miniaturisés qui pourraient
caractériser des tombes de garçonnets. Il est cependant
diicile dans la région étudiée d’individualiser les tombes de
illettes de celles de petits garçons. Mais dans ces derniers
13. Sépultures 73, 75, 79, 81, 86, 93 (Mondanel 1982 : 60-61, 63, 65-66,
67, 70-71, 75).
182
Anne-Laure BRIVES
Fibule
Parure digitale
Bracelet
Perle
Clochette
Amulette
Anneau de lange
Epingle de lange /
linceul
Coffret
Biberon
Couteau
Statuette
Jouet
Autre
Balsamaire
Lampe
Fœtus
-
-
-
-
-
-
-
-
-
-
-
-
-
-
-
1
-
-
-
-
-
2
1
-
-
-
1
-
2
-
-
-
-
-
-
-
1
1
-
1
1
-
2
-
-
-
-
Nouveau-né Nourrisson
Classes d’âge
-
Enfant Adolescent TOTAL
Figure 8 : Bracelet en argent de l’inhumation 343 de la nécropole des
Dunes à Poitiers (© M.A.N., cliché A.-L. B.)
3
6
6
4
6 10 3
3
4 13 4
6
7
7
6
4
-
-
-
-
-
-
-
-
-
1
-
1
-
-
4
6
6
4
6 11 6
4
5 14 4
9
7 10 6
4
-
-
Figure 7 : Répartition des petits objets par classes d’âge dans les tombes
d’enfants en Aquitaine (nombre d’incinérations ET d’inhumations).
(© A.-L. Brives)
cas, il ne s’agit plus de sépultures de jeunes enfants, mais
plutôt de sujets entre 8 et 12 ans.
Cependant, quelques exemples de tombes de tout-petits
contenant des armes miniaturisés ont été mises au jour dans
une nécropole du Haut-Empire à Tavant (Indre-et-Loire).
Une inhumation en sarcophage calcaire d’un enfant âgé
entre 12 et 24 mois a ainsi livré un coutelas miniaturisé (fer
et bronze, sépulture 6), retrouvé à proximité du cou du
défunt, accompagné d’un anneau en alliage cuivreux
(Riquier et al. 2006 : 27-28) ; une seconde inhumation en
sarcophage, d’un sujet âgé d’entre 6 et 12 mois (S7) a
également livré un objet du même type, accompagné d’une
bague en fer et d’une perle en os, toujours près du cou du
petit défunt (Riquier et al. 2006 : 30-31) ; enin, une
troisième inhumation en sarcophage d’un enfant âgé d’entre
3 et 9 mois (S9), a livré un outil en bronze et un glaive
miniature en os et fer (Riquier et al. 2006 : 34-35).
Cependant, il s’agit dans ces trois cas de sépultures à
caractère exceptionnel, d’une part par le choix du mode
d’ensevelissement, d’autre part, par la qualité générale des
objets déposés dans ces tombes. Il est ainsi diicilement
envisageable d’airmer que ces objets miniaturisés soient des
jouets, d’autant plus que les défunts sont des bébés. Ces
éléments sont plutôt dans ce cas précis à envisager comme
représentatifs du statut social de la famille du petit défunt.
Figure 9 : Volatile en terre cuite de la sépulture 343 de la nécropole des
Dunes, Poitiers (© M.A.N., clichés A.-L. B.)
Figure 10 : Tireur d’épine en terre cuite de la sépulture 343 de la nécropole
des Dunes, Poitiers (© M.A.N., cliché A.-L. B.)
Principales caractéristiques et fonctions du mobilier d’accompagnement funéraire des tout-petits à l’époque romaine.
Bon nombre de tombes qui n’ont pas fait l’objet
d’analyses anthropologiques ont livré du matériel qui permet
bien souvent de les attribuer à des petits enfants. Cependant,
si dans le cas des jouets et des pièces de jeux, on peut le plus
souvent évacuer le fait qu’il puisse s’agir de tombes de toutpetits, certains objets semblent se retrouver dans des tombes
d’immatures de tous âges, d’où la diiculté d’individualiser
– dans le cas des fouilles anciennes, lorsque les observations
anthropologiques sont inexistantes – des tombes de bébés,
uniquement par l’analyse des ofrandes.
3.1. Les amulettes
Le dépôt d’une ou plusieurs amulettes dans des tombes
qui sont essentiellement des tombes d’enfants, pourrait en
partie relever – mais pas seulement – d’un geste symbolique
lié à la valeur prophylactique dont elles sont porteuses dans
le monde des vivants. Ces amulettes étaient souvent portées
sur des bracelets, qui sont fréquemment représentés dans les
sépultures d’immatures. Cependant, bon nombre de
talismans devaient être le plus souvent portées sur des liens
en matières putrescibles passés aux poignets ou au cou des
bébés.
Les exemples sont fréquents, comme dans la nécropole
du quai Arloing à Lyon, où une clochette en bronze est
associée à deux monnaies percées et à une perle en verre
dans la sépulture d’un enfant d’un an environ (Tranoy et
Gisclon 1995 : 229) ; l’inhumation d’un petit dans la
nécropole Sainte-Barbe à Marseille a livré une tessère en os
en forme de poisson, munie d’une perforation qui laisse
penser qu’elle a été réutilisée comme amulette (tombe 169,
Moliner 2003 : 309). Cette sépulture contient d’autres
amulettes caractéristiques des sépultures d’immatures : huit
perles en verre, deux canines de chien percées et deux
amulettes phalliques, une en bronze et une en ambre. Leur
présence dans les tombes d’enfants se justiie également par
183
le fait qu’elles assurent probablement une fonction de jouet,
un peu comme des hochets. Il est donc possible qu’elles
n’aient pas été strictement destinées à un usage funéraire.
Les clochettes font partie des amulettes les plus
fréquemment représentées dans les sépultures d’enfants.
Leur aspect protecteur est souvent renforcé dans les tombes
par la présence d’autres objets dont la valeur prophylactique
est incontestable, telles que les petites amulettes en ambre de
la riche inhumation de la nécropole des Dunes (igure 11).
La présence fréquente de monnaies associées à des
clochettes – deux monnaies dans une tombe des Martres-deVayres (tombe 171, Mondanel 1982 : 113-114), trois dans
une crémation de Lezoux, deux dans une crémation des
Dunes (tombe 386, Eygun 1933 : 185), souvent en nombre
important (une douzaine dans une tombe de Chaspinhac
(Provost et Rémy 1994 : 62.) – parfois percées ain d’être
portées comme élément de parure (cinq monnaies percées
dans l’inhumation 343 des Dunes (Eygun 1933 : 169-170),
(igure 12) ; sept dans la tombe 218 de cette même
nécropole (Eygun 1933 : 125-126) ; une dans celle de
Védignat (Cessac 1874), laisse penser que leur dépôt
correspond lui aussi à un rite protecteur.
Enin, les perles, déposées en un voire plusieurs
exemplaires et là encore souvent associées à des clochettes,
sont également considérées, dans les tombes d’enfants,
comme des éléments protecteurs du petit défunt14. Une
perle godronnée bleue a été mise au jour dans l’inhumation
d’enfant n° 11 à Sallèles d’Aude (Duday et al. 1995). Une
perle en pâte de verre a été découverte dans l’inhumation
d’un bébé en sarcophage de plomb à Avenches (structure
167, Castella 1999 : 241-242).
La présence de plusieurs amulettes dans certaines
sépultures pourrait ainsi permettre de supposer, lorsque les
0
3 cm
Figure 11 : Amulettes phalliques en ambre de l’inhumation 343 de la nécropole des Dunes, Poitiers (© M.A.N., dessins A.-L. B.)
14. Ces dernières ont un rôle protecteur indéniable dans les sépultures,
qu’elles soient infantiles, féminines ou masculines. Il semble que ce rôle soit
cependant attribué à un certain type de perles que sont les perles côtelées,
aussi dites en « forme de melon » (Brives 2008a : vol.1, 60-61). Ces perles
sont bien représentées dans la nécropole de la Citadelle à Chalon-sur-Saône
où elles existent à chaque fois en un exemplaire (Augros et Feugère 2002 :
tombe 224, 29 ; tombe 231, 31 ; tombe 237, 32 ; tombe 305/302, 44-45
; tombe 310, 46-49 ; tombe 313, 50 ; tombe 321, 56 ; excepté la tombe
369 : 74-75, qui en contient six ).
184
Figure 12 : Monnaies percées de l’inhumation 343 de la nécropole des
Dunes, Poitiers (© M.A.N., cliché A.-L. B.)
ossements ont disparu, que le défunt pouvait être un enfant.
Cependant, la présence de ces objets ne permet pas de
supposer l’âge au décès, dans la mesure où les amulettes
apparaissent dans des tombes d’enfants de tous âges. Ainsi,
l’inhumation d’un petit enfant en sarcophage 343 de la
nécropole des Dunes, présente un mobilier varié et
abondant, dont deux clochettes en argent montées sur un
bracelet, également en argent. Une crémation de bébé en
urne commune, décédé entre trois et six mois, probablement
de sexe féminin, car signalée en surface par une stèle
anthropomorphe portant un chignon, mise au jour dans
l’enclos 25 de la nécropole de la Porta Nocera à Pompéi, a
également livré un petit bracelet en bronze, sur lequel trois
perles en pâte de verre sont enilées ainsi qu’une clochette
(Brives 2012 : 1243). D’autres éléments de parure, deux
perles en verre et une amulette phallique en os, ont
également été mis au jour. Outre la présence du bracelet à
clochette, la présence d’une amulette phallique rapproche
ces deux tombes. En efet, dans l’inhumation de la
nécropole des Dunes se trouvent une vingtaine de petites
amulettes en ambre qui étaient probablement enilées sur un
collier et qui prennent des formes diverses, dont trois
phallus.
3.2. Les attaches de lange ou de linceul
Bon nombre d’anneaux en fer isolés dans certaines
tombes, pourraient être des anneaux de lange ou de linceul.
En efet, ces objets sont aisément identiiables dans les
inhumations d’enfants, dans lesquelles leur disposition laisse
supposer qu’il s’agit d’attaches destinées à maintenir un ou
plusieurs tissus sur le corps du défunt. Nous avons ainsi pu
mettre en évidence cinq inhumations15 et un dépôt (?)16,
dans lesquelles la fonction de ces objets ne semble faire
aucun doute. Dans quatre sépultures, un biberon en terre
Anne-Laure BRIVES
cuite a été déposé en ofrande17 et dans une structure
d’Argentomagus18 qui correspond à deux dépôts superposés,
deux amulettes caractéristiques des sépultures d’enfants –
une monnaie percée et un médaillon en bois de cerf –
conirment la présence d’une sépulture infantile. Dans deux
autres cas, qui correspondent à deux campagnes de fouilles
de la nécropole du quartier du Fin-Renard à Bourges
(Mennessier 1973 : 28-32), un minimum de sept anneaux a
été mis au jour, sur un site où les inhumations d’enfants
sont nombreuses et où le mobilier propre aux sépultures
d’immatures – notamment les biberons en terre cuite et les
clochettes en bronze – est important. Il est cependant
diicile de dire si ces anneaux sont destinés à fermer un
linceul stricto sensu ou s’il s’agit de bébés inhumés dans
leurs langes, maintenus dans certains cas par des anneaux
métalliques.
En efet, une des façons d’emmailloter les bébés est de
maintenir le lange autour de leur corps par un ruban croisé,
qui passe parfois dans un anneau placé au niveau de la
poitrine (igure 13). Une inhumation d’enfant de la
nécropole de la Citadelle à Chalon-sur-Saône renferme un
objet en fer interprété comme un bracelet fermé (Augros et
Feugère 2002, tombe 224 : 29). Son faible diamètre (6,1
cm) pourrait efectivement correspondre au poignet d’un
jeune enfant. Cependant, il semble qu’il s’agit du seul objet
de ce type dans toute la nécropole et le doute subsiste quant
à son interprétation, notamment du fait qu’il se trouve dans
une sépulture d’enfant. Nous pensons qu’il pourrait s’agir
d’un anneau de linceul. Ces objets sont diiciles à identiier
comme tels lorsqu’ils apparaissent dans des crémations ou si
leur position dans les inhumations n’est pas précisée. A ces
anneaux s’ajoutent deux ibules d’une inhumation de
nouveau-né à Muron (sépulture 68, Bolle et al. 1995 : 118),
deux épingles métalliques disposées dans des inhumations
d’enfants (sépulture 161 de la nécropole des Dunes, Eygun
1933 : 102-103) et une grande aiguille en fer déposée dans
une crémation de la nécropole de Louroux (Dussot 1987 :
19). Dans tous les cas, il s’agit de sépultures relativement
modestes, dans lesquelles les ofrandes sont présentes mais
peu abondantes, généralement caractéristiques des tombes
d’enfants en bas-âge. L’inhumation d’un bébé âgé de moins
de trois mois mise au jour dans l’atelier de potiers de Sallèles
d’Aude a livré une ibule de grande taille probablement
destinée à fermer le linceul (sépulture 4, Duday et al. 1995 :
97). Aucune autre sépulture infantile de ce site n’a livré
d’objets de ce type.
15. Sépultures 85-L19 de la nécropole d’Argentomagus (Allain et al. 1992 :
95) ; 60 et 63 de la nécropole de Muron, les Champs Rougis (CharenteMaritime) (Bolle et al. 1995 : 119) ; une inhumation d’un enfant dans
un atelier de potiers à Lezoux (Mondanel 1982 : 205) ; tombe 73 de la
nécropole de Lezoux (Mondanel 1982 : 60-61).
17. Sépulture 85-L19 et Dépôts 11 et 11 bis-F16 de la nécropole d’Argentomagus ; inhumation d’un enfant dans un atelier de potiers à Lezoux ; tombe
73 de la nécropole de Lezoux.
16. Dépôts 11 et 11 bis-F16 (Allain et al. 1992 : 104-105).
18. Dépôts 11 et 11 bis-F16.
Principales caractéristiques et fonctions du mobilier d’accompagnement funéraire des tout-petits à l’époque romaine.
185
Cependant, la présence d’attaches métalliques, anneaux,
ibules et épingles notamment, est loin d’être systématique
et cette pratique n’est pas généralisée au sein de groupes de
sépultures d’enfants, en témoigne l’unique objet de Sallèles
d’Aude. Cette pratique semble donc réservée à une certaine
catégorie d’enfants, peut-être ceux issus des familles les plus
aisées, comme le suggère F. Laubenheimer pour Sallèles
d’Aude22 (Duday et al. 1995 : 105).
3.3. Les biberons et les statuettes
Les biberons sont généralement caractéristiques des
tombes d’enfants même s’ils n’apparaissent qu’à trois reprises
dans des crémations infantiles, cependant toujours sur des
sites de nécropoles23. La présence de biberons ne présume
cependant pas de l’âge du petit défunt, ils apparaissent en
efet sur notre territoire dans des tombes qui ne sont pas
nécessairement celles de tout-petits.
Figure 13 : Stèle du Mont-Auxois figurant un bébé emmailloté
(© M.A.N., cliché A.-L. B.)
À Rome, l’inhumation est généralement réservée aux
plus jeunes enfants19, ce qui est également le cas en Gaule,
où cette pratique peut trouver ses racines dans les traditions
protohistoriques, notamment en Narbonnaise (Duday et al.
1995 : 112). La volonté marquée dans certaines tombes de
fermer les corps de jeunes défunts dans des linceuls ou de les
emmailloter peut s’interpréter de diverses manières. Les
parents, par ce geste, veulent peut-être éviter la déformation,
voire la dislocation du corps entraînée par la décomposition
– l’une des fonctions de l’emmaillotement est d’ailleurs
d’empêcher les malformations des membres (Néraudau
1984 : 74-75 ; Coulon 2004 : 43)20 – ce qui expliquerait
que ces attaches soient plus nombreuses dans les
inhumations. L’utilisation de ces divers objets peut
également reléter le désir de la communauté de fermer
déinitivement la tombe, et il s’agirait donc plus ici d’un
geste rituel. Rappelons que la mort des enfants constitue un
événement perturbant pour l’entourage21, ce qui entraîne un
rituel diférent de celui des adultes.
19. Pline L’Ancien, Histoire Naturelle, VII, 72 : « L’usage général veut qu’on
incinère pas un être humain, qui est mort avant la venue de ses dents. » :
cet usage s’explique sans doute par la crainte des Romains qu’il ne reste
rien d’un enfant sans dents incinéré, ces dernières résistant à la crémation.
Leurs corps ne pourraient alors retourner à la Terre-Mère (Néraudau 1987 :
196) ; Plutarque Œuvres Morales, VIII, Consolation à sa femme : 11 : « À
ses enfants morts en bas âge on n’offre pas de libations et à leur égard on
ne pratique pas les autres rites qu’il est naturel d’observer pour les autres
morts (…) » ; Juvénal, Satires, XV : 131-140 : « Une profonde tendresse de
cœur, voilà le don que la nature témoigne qu’elle a fait au genre humain en
lui donnant les larmes, et voilà le meilleur de nous-mêmes. (…) C’est elle
encore qui nous commande de gémir, quand nous rencontrons le convoi
d’une vierge nubile, quand nous voyons la terre se refermer sur un petit
enfant trop jeune encore pour le bûcher. ».
20. Il sert également à protéger le corps du froid, à éviter que le bébé
n’altère sa vue lorsqu’il porte ses mains à ses yeux et à raffermir son corps.
21. Les Romains pensent ainsi que les morts prématurés ont un esprit malfaisant et de ce fait, les enterrent de nuit : « (…) que de fois j’ai vu passer
devant mon seuil les torches et les flambeaux qui précèdent les funérailles
prématurées ! » Sénèque, Dialogues, IV, De la tranquillité de l’âme, XI, 6 : 7 ;
Enée, au cours de sa descente aux Enfers, entend les cris des petits défunts :
« Tout de suite, on entend des voix, un immense vagissement, des âmes de
nouveau-nés qui pleurent : au premier seuil de l’âge, exclus de la douceur
de vivre, à la mamelle ravis, un jour sombre les emporta, disparus avant la
saison dans la tombe. » (Virgile, Enéide, VI : 426-429).
Cette observation est la même pour les statuettes,
notamment en terre cuite, relativement fréquentes en
contexte funéraire et ce dans tout l’Empire, mais dont il est
aujourd’hui encore diicile d’expliquer la signiication. Il
s’agit le plus souvent de igures féminines, de déesses-mères,
de divinités – essentiellement des Vénus – Mercure, Minerve
et des animaux. Il s’avère, d’après une étude menée par
G. Lintz sur les contextes de découverte des igurines en
terre cuite en Auvergne, Bourgogne, Limousin et PoitouCharentes, que ce sont les statuettes igurant des animaux –
volatiles, animaux domestiques et animaux sauvages – qui
sont le plus fréquemment déposées en contexte funéraire
dans ces régions, suivies par les Vénus (Lintz 1993 : 141 ;
Brives 2008a : vol. 1, 209-210). Si les statuettes igurant des
divinités sont plus certainement à mettre en relation avec les
cultes domestiques (Feugère 1993 : 150), les statuettes
zoomorphes sont probablement à considérer comme des
jouets ou des ofrandes de substitution et pourraient alors
igurer l’animal favori (Lintz 1993 : 142).
Ainsi, à Argentomagus, la crémation d’un nouveau-né a
livré six statuettes en terre blanche dont deux igurent des
chevaux24, l’inhumation d’un enfant de moins de 6 ans à
Ahun présente également un cheval en terre cuite avec
harnachement en bronze (Aumasson et Dussot 1988) et la
riche sépulture des Dunes à Poitiers comportent de
nombreuses statuettes, dont un pigeon en terre cuite (Brives
2008b : igure 3, n°5, 166). Elles sont cependant presque
totalement absentes des sites utilisés à titre de comparaison.
Seule une crémation de la nécropole du Valladas présente
deux statuettes igurant un oiseau et une tête féminine,
nécropole qui n’a par ailleurs livré que six crémations
d’immatures.
22. À Sallèles d’Aude, sur les 15 enfants inhumés, seul un sujet semble avoir
été emmailloté ou du moins enfermé dans un linceul.
23. Sépulture 218 de la nécropole des Dunes (Eygun 1933 : 125-126) ;
tombes 46 et 78 de la nécropole de Lezoux (Mondanel 1982 : 44 et 65).
24. Sépulture 74-H20, Allain et al. 1992 : 52.
186
4. Fonctions du mobilier
d’accompagnement des petits morts
Deux types d’objets sont présents dans les tombes
d’immatures de moins d’un an : les éléments que l’on
pourrait qualiier de « fonctionnel » – même s’il semble
qu’ils endossent des fonctions complémentaires en contexte
funéraire – et les ofrandes – plus faiblement représentées
que la première catégorie. Pour J.-P. Néraudau, le fait que les
petits enfants soient accompagnés de peu d’ofrandes,
s’explique par leur court passage sur terre, leur séparation
d’avec le monde des vivants se faisant d’autant plus vite
qu’ils n’y sont pas intégrés (Néraudau 1987 : 197). Mais
comment expliquer alors que certaines tombes de bébés
aient fait l’objet d’un traitement particulier dans des
contextes funéraires modestes où le mobilier est bien
souvent absent ou peu représenté dans les tombes d’adultes ?
L’unité observée dans les tombes des grandes nécropoles
quant à la récurrence de certains objets dans les tombes
d’enfants et que l’on ne trouve pas dans les sépultures
isolées, s’explique en partie par la production d’objets
destinés aux enfants dans les grands centres urbains, objets
qui ont peu circulé dans les campagnes. Cependant,
l’inconnu aujourd’hui est de savoir quels sont les objets plus
spéciiquement attribués à l’un des deux sexes, les analyses
anthropologiques ne permettant pas de déinir le sexe des
immatures.
Si les tombes d’enfants sont relativement pauvres dans la
nécropole d’Argentomagus, c’est également le cas des
tombes d’adultes qui comptent par ailleurs moins
d’ofrandes que les sépultures infantiles. Cette faible
représentation est avant tout le relet de la modestie générale
de la population, qui semble cependant montrer un
attachement particulier à ses enfants en déposant dans leurs
tombes une plus grande quantité d’ofrandes, tout comme
dans la nécropole Sainte-Barbe à Marseille.
Plusieurs facteurs entrent en compte dans le traitement
et la mise en place des tombes des jeunes sujets. Il y a dans
certaines structures une volonté marquée de la famille de
restituer à travers la mort de son enfant, sa position
hiérarchique au sein de la communauté et plus
particulièrement dans les nécropoles. Le choix du mode
d’ensevelissement est, comme pour les adultes, la première
façon de montrer son statut : l’inhumation d’un petit enfant
en sarcophage de pierre 343 de Poitiers (Eygun 1933 : 169170), la crémation d’un jeune enfant en urne de verre 84C24 d’Argentomagus (Allain et al. 1992 : 58) et dans une
moindre mesure l’inhumation d’un nourrisson en cofrage
de bois doublé de tuiles sur champs 85-L19 de cette même
nécropole (Allain et al. 1992 : 95), en sont quelques
exemples. L’abondance et la diversité des objets déposés dans
ces structures est le second phénomène qui permet de
distinguer une tombe plus aisée.
Anne-Laure BRIVES
Il semble que certains matériaux prestigieux aient été
plus spéciiquement utilisés pour la fabrication d’objets
destinés aux immatures. L’argent, métal précieux beaucoup
moins fréquent en contexte funéraire que l’or, se trouve plus
fréquemment dans les tombes infantiles : on peut
notamment citer ici les trois bracelets de la sépulture 343
des Dunes. L’or est beaucoup moins présent dans les tombes
d’enfants que dans les tombes d’adultes. Il faut peut-être
envisager une hiérarchisation des métaux précieux par
rapport à l’âge de l’individu, vivant ou mort : l’or serait
essentiellement réservé aux adultes alors que l’argent – de
moindre valeur – reviendrait aux enfants.
Les objets en ambre sont également fréquents dans les
sépultures d’enfants mais c’est plutôt leur valeur
apotropaïque qui explique leur présence. Cependant, il s’agit
d’un matériau coûteux et nous pensons que sa présence dans
une tombe d’enfant ne relève pas seulement de
considérations magiques, surtout lorsque ces objets sont
déposés en quantité, comme les tessères de la tombe des
Dunes. La présence de ces diverses amulettes témoigne donc
de l’intérêt particulier porté au petit défunt.
Conclusion
Les objets déposés dans les tombes d’enfants semblent
pour l’essentiel porteurs d’une triple fonction. La richesse
des matériaux utilisés pour la fabrication des éléments de
parure et l’abondance de ces objets sont en partie destinées à
représenter dans la mort le statut social de la famille du petit
défunt. Ces objets véhiculent également, par leur typologie
(clochettes, phallus) ou la valeur intrinsèque des matériaux
utilisés (argent, ambre), un aspect prophylactique évident.
Enin, il ne faut pas oublier qu’il s’agit de la tombe d’un
enfant et l’aspect ludique de la plupart de ces objets ne peut
donc être écarté. Cependant, il faut également envisager que
ces objets perdent dans la tombe les fonctions qu’ils
possèdent dans le monde des vivants ain de n’être plus que
des éléments destinés à caractériser la condition d’enfant du
défunt, ces objets le caractérisant en tant que tel dans celui
des vivants. Ces objets ne seraient plus alors que des présents
– les munera notamment mentionnés par Ovide25 – oferts
par les vivants au moment des funérailles : « on porte aux
morts les ofrandes qui leur sont dues » (Ovide, Les Fastes,
II, 21 : 569-570).
25. Ovide, Les Fastes, II, 21 : 533-535 : « C’est aussi le moment d’honorer les tombeaux, d’apaiser les âmes des ancêtres et de porter de menues
offrandes sur le tertre des sépultures. » (Lepetz et Van Andringa 2004 :
162.)
Principales caractéristiques et fonctions du mobilier d’accompagnement funéraire des tout-petits à l’époque romaine.
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