Manuel | Handbook
Tourisme & Patrimoine récent
Tourism & recent Heritage
Par Casamemoire & Mutual Heritage
Rachele Borghi, Alessia Mariotti & Nazly Safarzadeh
Direction générale : Mutual Heritage - Casamemoire, Citeres
Sous la direction de : Rachele Borghi, Alessia Mariotti et Nazly Safarzadeh
Réalisation graphique et impression : ninoway.com
Dépot légal : 2011
ISBN : 978-2-9538332-1-8
Ce manuel est le résultat d’un travail conduit en
commun et en parallèle sur l’ensemble du texte
par les coordinatrices, qui ont donc décidé de ne
pas spécifier la « maternité » des différents chapitres. Les contributions fournies par les autres
auteurs sont indiquées en tant que telles et n’ont
pas été modifiées dans leurs contenus.
A Elise Jammot, qui a relu avec patience et œil
expert la version française, vont tous nos remerciements. Nos remerciements vont aussi à Anna
Tanzarella, Laure Augereau, Aïcha El Beloui,
Hsiang Han Liu pour nous avoir permis de réaliser
ce travail.
Les mots accompagnés par * sont contenus dans
le glossaire. Traduction du français à l’anglais :
Annik Rozwadowska
This handbook is the result of the combined work of
several curators who have decided not to sign the
various chapters they have drafted. Other contributions are signed and these articles are presented in
their original form.
We would like to extend our thanks to Elise Jammot
who expertly reviewed the French version, to Anna
Tanzarella for the comments and to Laure
Augereau, Aïcha El Beloui, Hsiang Han Liu for their
contribution to this work
All words followed by * are included in the glossary.
Translation: Annik Rozwadowska
Gênes - Italie
Source : Genova Palazzo Ducale Fondazione per la Cultura
Handbook on | Tourism And Recent Heritage
Préambule | Preamble
ABDERRAHIM KASSOU
Président de Casamémoire, partenaire de Mutual Heritage
Casamémoire’s President, Mutual Heritage partner
Le lien entre le tourisme et le patrimoine semble
évident, d’autant que les pays de la Méditerranée
en général, et le Maroc en particulier, se targuent
d’avoir une culture large dont témoignent de nombreux monuments et espaces bâtis, ce qui attire
des millions de touristes. Et pourtant, cette relation
n’est pas toujours automatique, ni forcément
ancienne pour un pays qui a misé sur une image de
dépaysement, de folklore et de soleil permanent, le
patrimoine architectural ne devenant qu’une étape
entre les bords de la piscine et le spectacle de fantasia.
Casablanca, dans ce processus, a une situation
particulière. C’est pour cela qu’il nous a semblé
intéressant d’initier la réflexion au cœur de cet
ouvrage à partir de cette ville en y organisant le
séminaire « Tourisme et Patrimoine » les 15 et 16
avril 2010. Ville mondialement connue, hub international, et troisième destination touristique du
Maroc, Casablanca accueille un tourisme d’affaires
dont le flux ne cesse d’augmenter, confirmant sa
position en tant que capitale régionale à l’échelle
de l’Afrique du Nord.
D’ailleurs, depuis longtemps, les projets publics et
privés ont été élaborés pour renforcer ce rôle :
palais des congrès, centre d’affaires pour les nouvelles technologies, développement des business
hôtels au détriment des hôtels de charme. En
même temps, et de façon apparemment paradoxale, la valeur patrimoniale de l’architecture
The relationship between tourism and heritage
seems obvious especially in the case of countries
around the Mediterranean, and particularly in
Morocco that possesses a wealth of cultural monuments and urban areas that attract millions of tourists. This relationship, however, is not always a
natural consequence, nor has it existed at length in
a country that aims to put forward its image of exoticism, of folklore and of permanent sunshine.
Architectural heritage is therefore merely a break
between the swimming pool and a fantasia show.
In this process, Casablanca holds a particular
situation. It is the reason for which it seemed interesting to initiate the reflection on the theme of this
publication by organizing a seminar on “Tourism
and Heritage” in April 2010 (15-16) in this city. A
world-famous city, an international hub and the
third most visited tourist destination in Morocco,
Casablanca accommodates an ever growing
volume of business tourism and confirms its position as a regional capital in Northern Africa.
Since many years public as well as private projects
have empowered this role: congress and business
centres for new technologies have been build and
business hotels have been built instead of the
hôtels de charme. At the same time, and rather
paradoxically, the value of Casablanca’s architectural heritage has progressively come to be recognized by specialists, architects, historians and by the
public at large, even though this has not been the
5
Manuel | Tourisme et Patrimoine récent
Préambule | Preamble
casablancaise est de plus en plus reconnue d’abord par des spécialistes, architectes, historiens, ensuite par un public plus large - sans que
celle-ci ne fasse l’objet d’une quelconque promotion touristique. Tous les visiteurs découvrant cette
architecture, caractérisée par sa modernité et loin
d’être mise en valeur, sont séduits par sa richesse
et son état de conservation. Au niveau de
Casamémoire, on constate une augmentation tangible de l’intérêt envers le patrimoine de la ville,
traduite – entre autre – par une hausse dans le
nombre de visites guidées architecturales de la
ville. En effet, les bénéficiaires sont passés de 334
en 2007, à 553 en 2008, 1.100 en 2009 pour franchir
les 2.000 l’an dernier. Cela sans compter les visites
organisées dans le cadre d’événements ponctuels
comme les Journées du patrimoine en avril ou le
Festival de Casablanca en juillet.
Ces demandes émanent de particuliers, souvent
étrangers de passage, mais également de plus en
plus d’agences de voyage qui commencent à offrir
ce type d’excursion à leurs clients, et d’écoles qui
proposent des visites dans le cadre de leurs formations. Les professionnels du tourisme, ainsi que les
institutions en charge de ce secteur, s’intéressent
de plus en plus au tourisme culturel. Suivre l’évolution de ce tourisme dans les prochaines années
sera un très bon indicateur quant à l’ampleur de
l’intégration des quartiers historiques, notamment
l’ancienne médina et le centre-ville, dans la vie
active, contemporaine, économique de Casablanca.
6
object of any specific tourist promotion strategy.
Visitors that discover the city’s modern architecture, which is not particularly enhanced, are attracted by its beauty and by its state of conservation.
Casamémoire has witnessed the tangible increase
in interest in the city’s heritage manifested by the
growing numbers of guided tours of the architectural sites of the city that it has organized. In 2007
Casamémoire registered 337 visitors, in 2008 there
were 553, in 2009 the number reached 1100 and in
2010 there were more than 2000 visitors. These statistics exclude special events such as the “Journées
du Patrimoine” (Heritage Days) in April or the
Casablanca Festival in July.
Requests for these guided tours are made by individuals who are often foreign visitors from abroad,
but also by more and more travel agents who are
beginning to offer this destination to clients and to
school children in the framework of their educational curricula. Tourism professionals and other institutions in charge of this sector are more and more
interested in this specific form of cultural tourism.
The observation of this evolution over the following
years will constitute an interesting indicator of the
extent of the integration of historical districts, such
as the medina and the city centre into the economic
and contemporary aspects of life in Casablanca.
Rachele Borghi, Alessia Mariotti & Nazly Safarzadeh
Handbook on | Tourism And Recent Heritage
Préambule | Preamble
Mots d’ouverture du séminaire « Tourisme et
Patrimoine », Casamémoire, 15 et 16 avril 2010,
Casablanca, en marge des Journées du patrimoine 2010
Welcome session to the seminar “Tourisme et
Patrimoine” (Tourism and Heritage),
Casamémoire, 15 and 16 April 2010, Casablanca,
organised during the Heritage days 2010
OMAR FARKHANI, Vice-président du Conseil de la
Ville de Casablanca
OMAR FARKHANI, Vice-President of the City
Council of Casablanca
La question de la mise en valeur du patrimoine au
Maroc a sa particularité par rapport à l’Europe.
Aujourd’hui en Occident, le patrimoine bénéficie
d’un intérêt parfois surdimensionné. Françoise
Choay a beaucoup travaillé sur cette question. Elle
a notamment mis en évidence les liens entre le
patrimoine et le contexte social, les processus économiques, l’environnement culturel, liens dont le
résultat est la production de ce patrimoine. A propos du concept élaboré par Françoise Choay, la
compétence d’édifier, je voudrais concentrer l’attention sur l’importance de retrouver cette compétence d’édifier, la capacité de construire un cadre
de vie actuel pour répondre à nos besoins présents
et non pas de conserver, voire de muséifier ce qui
existe.
The issue of heritage in Morocco is intrinsically different to what it is in Europe. In Western developed
countries, heritage benefits from a sometimes
immoderate interest. Françoise Choay studied this
question in great detail. She highlights the relationship between heritage and it’s social context;
the economic process and the cultural environment
that originally led to its construction. She underlines a specific concept: the skill of building. To
rediscover the skill of building, or the capacity of
constructing a living framework which corresponds
to our present-day needs and not only to preserve
or museify that which already exists, is the point of
my speech.
Au Maroc, le patrimoine n’est pas encore « victime »
de ce succès, car l’objet patrimonial est loin de
bénéficier de l’intérêt qu’il mérite. Nous n’en sommes encore qu’au tout début d’une prise de
conscience de l’importance du patrimoine. Pour ce
qui concerne Casablanca, elle est réputée pour
être l’une des villes qui dispose d’un ensemble unique Art Déco, l’un des plus importants au monde.
Et ce n’est pas un hasard, si Casamémoire, avec
In Morocco, our heritage is not yet a “victim” of its
success as our heritage sites do by no means benefit from the interest that they deserve. We are only
at the dawn of acknowledging an awareness of the
significance of our heritage. Casablanca has the
reputation of possessing a unique ensemble of Art
Déco architecture, apparently one of the most
important in the world. It is therefore not a coincidence if Casamémoire and a number of other institutions have taken the initiative of submitting the
request that the homogeneous and coherent archi-
7
Manuel | Tourisme et Patrimoine récent
Préambule | Preamble
d’autres, a pris l’initiative de demander à ce que
Casablanca soit inscrite en tant que site homogène
et cohérent à la liste du patrimoine mondial de
l’UNESCO.
Je suis toujours frappé dans certains pays de la
Méditerranée, et d’ailleurs, de voir l’attention prêtée à la mise en valeur de certains bâtiments. Alors
qu’au Maroc, on compte plus de 30.000 sites et
centres historiques, d’une richesse inouïe, et l’on
commence à peine à s’y intéresser. L’intérêt que les
européens ont porté aux villes de Marrakech, Fès
et Essaouira a eu des effets pervers, mais aussi le
mérite de développer la conscience patrimoniale
chez les habitants. Par contre, le patrimoine
moderne, qui a été construit essentiellement pendant la période coloniale et qui concerne toutes les
villes nouvelles construites par Henri Prost, ne
soulève pas l’intérêt qu’il mérite.
Dans ce contexte, l’hôtel Lincoln, situé sur le boulevard Mohammed V à Casablanca, a joué un rôle
essentiel. Il représente une bataille de longue
haleine menée en faveur du patrimoine contemporain et même si vous le voyez aujourd’hui effondré,
il a permis la prise de conscience de ce qu’est le
patrimoine et de la nécessité de le préserver.
D’ailleurs, la ville de Casablanca, avec ses partenaires, a l’intention d’organiser le plus rapidement
possible, un concours d’idées, qui a pour objet l’ensemble du boulevard Mohammed V et, de façon plus
large encore, du centre historique, en vue de réhabilitations, de restaurations et de reconversions.
Il est donc évident que la ville de Casablanca a par-
8
tecture of our city should be listed as a UNESCO
World Heritage Site.
I must say I am always rather astonished to see
simple buildings impressively groomed in a staged
environment, with lighting and ticket offices in a
number of Mediterranean countries. In Morocco,
however, where there are over 30 000 sites and
extraordinarily rich historical centres, we are only
beginning to be interested in them. The interest of
Europeans in cities such as Marrakech, Fes and
Essaouira has had some negative effects, but it has
been essential in increasing residents awareness
about the value of their cultural heritage. Modern
heritage, which was predominantly built during the
colonial period and located in different cities designed by Henri Prost, do not arouse the interest that
they deserve.
The Hotel Lincoln on the Mohammed V boulevard in
Casablanca has played a central role. It represents
a drawn out battle for the cause of contemporary
heritage and, although it stands in ruins today in a
catastrophic state of degradation, it has been a
determining factor in the realization of what heritage is and of the need to preserve it. Together with
its partners, the City of Casablanca intends to organise a national or even international competition to
solicit ideas for the refurbishment of the Hotel
Lincoln and of the entire boulevard Mohammed V
and the historical city centre in view of undertaking
rehabilitation, restoration and conversion projects.
All these issues are the expression of the fact that
the authorities and partners of the City of
Rachele Borghi, Alessia Mariotti & Nazly Safarzadeh
Handbook on | Tourism And Recent Heritage
Préambule | Preamble
faitement conscience de ces enjeux, de ces problématiques et encouragera toutes les initiatives qui
iront dans le sens de la promotion intelligente de
son patrimoine. Le tourisme aujourd’hui est strictement lié à la qualité du cadre bâti et historique,
qui dans sa stratégie de développement, doit être
préservée et reconvertie. Tout objectif de développement, de préservation du patrimoine architectural est une nécessité vitale qui doit être intégré par
tous les spécialistes qui travaillent dans le tourisme. Et je souhaite qu’ils deviennent des partenaires aussi incontournables que les autres.
Casablanca are acutely aware of the challenges,
the problems that are involved. However the city
encourages all the initiatives that move us in the
direction of an intelligent promotion of its heritage.
Tourism is nowadays strictly linked with the quality
of the historical buildings, which should be reconverted and preserved within a specific development
strategy. Developing and preserving the architectural heritage is crucial also for the tourism sector
and all the actors involved should work together for
this goal. Tourism experts and professionals should
become essential partners.
SAÏD MOUHID, Directeur du Conseil Régional du
Tourisme, Casablanca
SAÏD MOUHID, Director of the Regional Council
for Tourism, Casablanca
Parler de tourisme et de Casablanca peut paraître
paradoxal. C’est l’une question les plus difficiles à
traiter. Lorsque le Conseil Régional du Tourisme, le
premier du genre au Maroc, a été institué en 2003,
tout le monde s'est posé la question de savoir pourquoi l’on veut parler de tourisme dans une ville
industrielle et financière. Nous l’affirmons :
Casablanca est une ville touristique.
To talk about tourism and Casablanca may seem
somehow paradoxical. It is a difficult subject to
address. When in 2003, the first regional council for
tourism in Morocco was constituted in Casablanca,
many wondered “how one could speak of tourism
concerning an industrial and financial city”? And
our answer is : “Casablanca is indeed a tourist destination”.
Nous avions deux missions : une stratégique, et
une opérationnelle. La mission stratégique était de
déterminer le positionnement* de la ville dans le
domaine du tourisme et le développement possible.
En faisant l’état des lieux, nous nous sommes
rendu compte que la ville de Casablanca avait deux
caractéristiques fondamentales exploitables : un
nom mythique doté d’une grande renommée internationale et une riche dotation structurelle et infra-
Our two major missions were therefore of a strategic and operational nature. The strategy was to
determine the positioning* of the city in terms of
tourism and therefore how we could develop the
city. When we made a survey of the present situation, we realized that the city of Casablanca had a
number of fundamental characteristics which could
perfectly be exploitable in terms of tourism. It had a
mythical and internationally familiar name and a
9
Manuel | Tourisme et Patrimoine récent
Préambule | Preamble
structurelle (son port, son aéroport hub, de nombreux salons et foires...). C’est aussi une ville dotée
d’une intéressante activité culturelle et d’un patrimoine important inconnu et sous valorisé. La mission
opérationnelle était d'établir un contrat programme
avec l’État, qui a pris le nom de « Casablanca, Vision
2012 » ; ce programme fut un formidable prétexte pour
le lancement de nombreux chantiers structurants.
Mais lorsque l’on parle de tourisme urbain – qui
comprend aussi le tourisme d'affaires - il est indispensable de prendre en compte les aspects culturels. On ne peut pas avoir de tourisme urbain, sans
avoir un patrimoine avec une activité culturelle. En
même temps, on ne peut pas parler de mise à
niveau de la ville, sans que ses habitants euxmêmes prennent conscience et se réapproprient
l’histoire de leur ville et de leurs bâtiments.
La prise de conscience des habitants est cruciale.
Casablanca a 4 millions d'habitants ; alors que les
touristes – bien qu’en croissance continue, car les
500.000 touristes de 2006 ont déjà doublé – restent
une minorité parmi les usagers de la ville et de son
patrimoine. Les premiers touristes à Casablanca
sont les Casablancais, mais ils ne se reconnaissent
pas dans le patrimoine délaissé de la ville. C’est
pourquoi le plan de développement régional se
concentre sur les travaux de restauration et que l’on
prévoit 24 chantiers structurants dans la ville. Signé
en mai 2006, il se termine en 2010. Ce plan envisage
principalement la mise à niveau de toutes les infrastructures de base pour rendre la ville agréable, pour
les Casablancais d’abord, et pour doter la ville d'infrastructures nécessaires à une grande métropole.
10
wealthy endowment of structures and infrastructure
(its harbour, its airport hub, commercial trade fairs,
etc.). The city also possessed a rich and active cultural life with interesting elements of architectural
heritage which had hitherto been completely ignored. The operational mission was therefore to establish an agreement with the State under the name
of “Casablanca, Vision 2012”. This programme has
proved to be an outstanding pretext to launch a
number of restoration projects and worksites.
When we speak of urban tourism - which includes
also business tourism – it is intimately linked to cultural activities and cultural heritage. One cannot
have urban tourism on one hand without the life that
is
animated
around
cultural
activities.
Simultaneously, one cannot speak of upgrading a
city without having its inhabitants being involved in
acknowledging this evolution of their city and of
their habitat. The significance of this awareness of
the local inhabitants is absolutely crucial.
Casablanca has a population of 4 million inhabitants and the flow of 500 000 tourists that visited the
city in 2006 - and which has since doubled - “use”
the city and its heritage sites less than the inhabitants themselves. The first tourists in Casablanca
are the citizens of the city itself, but they did not
actually identify themselves with the heritage of the
city because of its poor state of conservation.
This is the reason why the regional development
plan of 2006, foresaw 24 restoration projects to be
ended in 2010. The plan principally comprised the
upgrading of all the basic infrastructure in order to
make the city more pleasant, firstly for the local
Rachele Borghi, Alessia Mariotti & Nazly Safarzadeh
Handbook on | Tourism And Recent Heritage
Préambule | Preamble
La grande chance de Casablanca est dans ces
grands chantiers qui sont menés, en majeure partie, au centre-ville. La reconfiguration du port permet de renouer le rapport de la ville à la mer. Les
projets de la Marina et du Palais des Congrès vont
dans cette même direction.
Le Parc de la Ligue Arabe, cette percée verte au
cœur de la ville, à l’instar du Central Park de New
York ou des parcs londoniens, va être réaménagé
avec la récupération de l’ensemble de ses terrains,
de toute l’assise foncière. Cette opération permettra son entière ouverture sur la ville.
D’autres projets tardent à voir le jour, et sont au
cœur du débat actuel : la mise à niveau de la
médina et des bâtiments Art Déco ainsi que les
autres bâtiments patrimoniaux du centre-ville. Ces
deux projets sont liés à la construction tramway,
qui passera par le centre-ville et notamment par le
boulevard Mohammed V, l’axe monumental de l’architecture Art Déco casablancaise. La localisation
de tous ces projets dans cette zone permettra de
remettre à niveau tout le centre historique de
Casablanca, et de le revaloriser. Le patrimoine
architectural de la ville est une donnée fondamentale et un outil pour l’animation touristique de la
ville. Aujourd’hui, un certain nombre d’actions,
notamment celles de Casamémoire, ont favorisé
l’augmentation des visites de Casablanca. Il faut
donc que notre patrimoine soit remis en état le
plus tôt possible. Les actions de renouvellement
urbain aussi bien que la célébration des Journées
du patrimoine témoignent de la prise de
conscience de la valeur de notre patrimoine.
inhabitants, to equip the city with the necessary
infrastructure of a big metropolis. Luckily most of
the works under way in Casablanca are situated in
the city centre. The harbour area is being remodelled in order to create a link between the waterfront
and the city with the rehabilitation of the Marina and
the congress centre.
On the other hand, the Arab League Park - a green
area in the city - as is Central Park in New York or
London’s parks - is going to be entirely refurbished
by recuperating all the available acreage in the vicinity and will be entirely re-opened to the public.
Further projects are taking more time to set-up:
the upgrading of the medina, the old city-centre
and the restoration of Art Déco. These projects are
linked to the project of a tramway which is to pass
through the city centre and will run along
Casablanca’s monumental axis of Boulevard
Mohammed V. The majority of these projects are
directly concerned by the upgrading of the city centre of Casablanca which will be completely enhanced as a result. The architectural heritage of the
city is a vital part and such an important leverage
element in attracting tourism.
Thanks to the activities of organizations such as
Casamémoire, we already host important numbers
of visitors. For this reason the restoration projects
should be completed as soon as possible. These
renovation works toghether with the celebration of
the “Heritage days”, witness the increasing awareness about heritage value.
11
Manuel | Tourisme et Patrimoine récent
Préambule | Preamble
FAISSAL CHERRADI, Directeur régional du
Ministère de la Culture du Grand Casablanca
FAISSAL CHERRADI, Regional director of the
Ministry of Culture of the Greater Casablanca area
Au niveau de l’architecture du XXe siècle,
Casablanca est l’une des villes les mieux dotées
dans le monde. On a, à Casablanca, un patrimoine
capable d’augmenter les flux touristiques. Mais il
faut peut-être se demander : quel type de tourisme
veut-on attirer ?
From the point of view of 20th Century architecture,
Casablanca is the most spectacular city in the
world. Casablanca is endowed with a heritage that
is able to attract tourism, but the question is, what
sort of tourism?
Pour répondre à cette question, il faut ouvrir un
dialogue entre les responsables, les professionnels
du tourisme, le Ministère de la Culture et le
Ministère du Tourisme. De cette manière, il sera
possible de mettre en valeur notre patrimoine et
d’améliorer les conditions de vie des gens. Pour
que Casablanca prenne conscience de son patrimoine, le tourisme est nécessaire.
Je vois qu’encore aujourd’hui, les marocains considèrent Casablanca simplement comme une ville
économique. La présence d’un patrimoine remarquable n’entre jamais en ligne de compte, alors
qu’elle possède les caractéristiques pour être une
ville touristique importante. Et pour que cela se
réalise, il faut un travail de mise en valeur et de
préservation qui concerne tous les acteurs, ministères inclus. Nous sommes face à une occasion
vitale pour Casablanca et pour son patrimoine. La
ville envisage aujourd’hui deux projets de réglementation : le schéma directeur et le plan d’aménagement. Si l’on a vraiment décidé de préserver
notre patrimoine, il faut qu’il soit au cœur de toutes
les réglementations. L’outil principal de ces régle-
12
To answer this question, a debate should be opened
among the professionals and experts of both
Ministry of Culture and Ministry of Tourism. The
goal should be to promote our heritage and to
improve the life conditions of peoples. To raise the
awareness about cultural heritage in Casablanca,
tourism is essential.
Until now, whenever one mentions Casablanca to
our citizens or to people in Morocco at large, they
always consider the city as being the economic
capital of the country. The fact that this city has a
wealth of heritage resources, and could be therefore a major tourism destination is by no means yet
acknowledged in people’s minds. To realise this
objective, an integrated promotion and preservation
work involving all stakeholders and ministries too,
is crucial. We are facing a vital opportunity for
Casablanca and its heritage. Today the city of
Casablanca is on the eve of two legislative projects,
one concerns the overall strategic scheme, and the
other concerns the city’s development plan. If our
heritage is to be preserved, we must first ensure
that it is considered as such before going ahead
with the regulation plans. We should introduce
Rachele Borghi, Alessia Mariotti & Nazly Safarzadeh
Handbook on | Tourism And Recent Heritage
Préambule | Preamble
mentations est le plan d’aménagement qui fait
office de loi. Le patrimoine doit donc y être intégré.
En particulier, ce plan d’aménagement doit considérer prioritairement le centre historique de
Casablanca, caractérisé par son patrimoine architectural remarquable. Pour le travail de sélection
des bâtiments, on a besoin de tout un travail d’inventaire, d’études et d’analyses. Mais il faut
d’abord les intégrer dans notre plan d’aménagement. Dans ce cadre, je tiens à souligner qu’il ne
faut pas dissocier le patrimoine du centre historique et de la médina.
Les Casablancais ont la chance d’avoir non pas deux
patrimoines, mais un seul patrimoine composite. La
médina n’est pas isolée, bien qu’entourée par ses
murailles. Elle est par contre strictement liée au
reste de la ville. Le 80% des constructions qui sont
dans la médina existent également en dehors de la
médina. Contrairement à Fès, Marrakech ou
Essaouira, la médina de Casablanca a des particularités considérables. Il est donc essentiel de réaliser
un plan d’aménagement de la médina qui la considère comme ressource touristique. ■
heritage into the framework of this law which must
include as a priority the area of Casablanca’s city
centre characterised by its outstanding architectural heritage. An inventory must be established with
studies and analyses.
Finally, I would also like to stress the importance of
not separating these areas from the medina. The
citizens of Casablanca are lucky to live in a heterogeneous heritage area. The medina must not be
thought of as an isolated site only because it is
encircled by a fortified wall. 80% of the buildings
inside the medina are similar to those outside its
walls. The Casablanca medina is outstanding and
different from the medinas of Fes, Marrakech and
Essaouira in that it has a singular utility. A development plan for the medina as a tourist attraction is
therefore essential. ■
13
"Villa Arable" des années 1930, location à Varazze - Italie
Source: Romeo Carabelli
xx
Vue panoramique centre-ville de Casablanca - Maroc
xx
Source: Mouhsine Berrada pour Casamemoire, 2010
xx
Vues à partir de la place des martyrs, Alger - Algérie
xx
Source: Aïcha El Beloui pour Casamemoire, 2010
Handbook on | Tourism And Recent Heritage
Introduction | Introduction
ROMEO CARABELLI
Patrimoine récent et tourisme, pour une approche « bi-partisane »
Recent heritage and tourism, for a bi-partisan approach
Cet ouvrage est l’une des composantes de Mutual
Heritage, un projet qui fait partie du programme
Euro-méditerranéen Euromed Heritage 4 et qui
vise à élargir la base de parties prenantes proactives dans les questions patrimoniales des espaces
méditerranéens. Une des stratégies possibles pour
atteindre cette finalité est de favoriser l’activation
des acteurs qui s’estiment moins concernés et les
aider à devenir des moteurs d’une nouvelle valorisation, complexe et moderne, de l’héritage patrimonial.
Le présent manuel est un instrument fonctionnel
et précis qui met à disposition des informations utiles à la valorisation du cadre bâti existant. Nous
espérons qu’il pourra aider quelques-uns des
nombreux acteurs potentiels du tourisme patrimonial à se transformer en acteurs proactifs et se
lancer dans le défi de la valorisation du patrimoine,
un champ d’action qui se montre porteur de croissance culturelle et économique.
Notre rêve est de permettre la valorisation d’un
capital – plus ou moins patrimonial – que les villes
méditerranéennes et leurs habitants possèdent et
peuvent mettre en jeu sur le marché touristique. Le
tourisme est régi par trois des champs propres au
patrimoine - l’identification, la connaissance et
l’appropriation - et il permet à fortiori la mise en
action de ces champs. C’est dans cette dernière
activation que le tourisme donne et peut donner le
plus au système patrimonial, une sorte de « resti-
This publication represents one of the components
of Mutual Heritage, a project that is part of the
Euro-Mediterranean Euromed Heritage 4 programme and which aims to extend the base of
proactive stakeholders on issues concerning heritage in the Mediterranean area. One of the possible
strategies to reach this objective, is to facilitate the
involvement of players who have the impression
that they are less concerned in these issues and to
help them to become active agents of the new,
complex and modern dynamics around the enhancement of architectural heritage.
This precise and practical handbook provides information as added value for existing buildings and
sites. We hope that it will be useful and will help a
number of potential players in the domain of heritage tourism to become proactive agents who will
rise to the challenge of enhancing heritage - a
sphere of activity that engenders cultural and economic growth.
Our dream is to facilitate the enhancement of an
asset - or legacy - that most Mediterranean cities
and their inhabitants possess and can bring to fruition for the benefit of tourists. Tourism is governed
by three domains that are associated to heritage.
These three domains are identification, knowledge
and appropriation and they are essential to tourism
implementation strategies. This is the added value
that tourism brings to the heritage system.
17
Manuel | Tourisme et Patrimoine récent
Introduction | Introduction
tution » que le marché touristique se doit de fournir
au système patrimonial qu’il utilise pour se
construire une localisation et un champ de spécificité.
Le projet Mutual Heritage s’occupe d’un cadre
patrimonial spécifique, celui de l’héritage récent,
produit de ces deux derniers siècles. Une série
d’activités et de livrables a été mise au point. Ils
abordent la richesse de ce patrimoine spécifique à
partir de plusieurs angles d’attaque simultanés,
car la valeur dont on parle est telle qu’elle
demande une action en système pour mieux avancer dans cet espace patrimonial spécifique qu’est
l’héritage récent. Plans de villes, guides patrimoniaux, manuels et focus books visent à créer un
substrat de connaissances exploitables par le
monde du tourisme, et par les acteurs qui liront ce
manuel.
Le manuel débute par une présentation indispensable des deux termes centraux : le tourisme et le
patrimoine et les met en situation avec leurs incontournables liaisons croisées. Maria Cardeira da
Silva – spécialiste du tourisme et du Maroc - nous
présente les variables de la sphère touristique
alors que Michel Kneubühler – spécialiste du patrimoine et de sa mise en action – trace le cadre des
potentialités et des capacités du patrimoine architectural et urbain dans le développement culturel.
Il s’agit de deux essais conçus pour permettre une
vision complexe du sujet et pour le positionner par
rapport à des activités parfois frénétiques et apparemment fragmentées. Ces deux textes sont suivis
d’une sorte de dictionnaire pratique, sous forme de
foire aux questions, qui aborde les variables et les
18
Mutual Heritage addresses and provides a specific
framework of recent heritage sites built over the
two last centuries. A series of activities and deliverables have been developed to simultaneously
address the specific needs of this heritage from a
number of view-points because the value of recent
heritage requires a systemic approach. City plans,
heritage guides, handbooks and focus books furnish a basis of exploitable information for tourist
operators and players or agents who will use this
handbook.
The handbook begins with an essential presentation of the two central terms of tourism and heritage, by evaluating their contexts and their inevitable cross-connexions. Maria Cardeira da Silva, who
is a specialist of tourism in Morocco, presents
variables in the domain of tourism. Michel
Kneubühler, a heritage expert specialised in heritage site interpretation, traces a framework of the
potential and the capacity of architectural and
urban heritage in cultural development. These two
essays give us a complex overview of the subject we
address here and place it into context and in relation to sometimes fragmented actions.
These two texts are followed by a practical dictionary in the form of a series of “Frequently Asked
Questions” that address a number of variable items
and themes around architectural heritage. This
part of the handbook is the most practical and
accessible. An analysis of most frequently asked
questions, allowed us to draft a chapter of pertinent
answers that are easy to consult - a technical
Rachele Borghi, Alessia Mariotti & Nazly Safarzadeh
Handbook on | Tourism And Recent Heritage
Introduction | Introduction
thèmes du tourisme patrimonial. Ici, l’immédiateté
et la spécificité dans la mise à disposition des
connaissances ont été choisies comme valeur
d’usage principale. Une analyse des questions les
plus fréquentes a permis de mettre en place un corpus de réponses pertinentes et d’accès facile et
rapide. Choix technique qui permet l’usage multiple
et efficient du manuel. Cette partie permet de clarifier des notions et des informations que les actifs
dans le secteur du tourisme patrimonial sont amenés à utiliser, qui sont souvent difficiles d’accès et
qui restent floues. Elle permet aussi de bien classifier les acteurs institutionnels internationaux afin
de permettre la constitution d’une sphère d’action
claire et définie pour le tourisme patrimonial.
Une troisième partie met en exergue des « occasions réelles et réalisées » ; elle présente des cas
de valorisation liées au patrimoine récent ; des
exemples de succès présentés par le moyen d’une
fiche descriptive ainsi que des témoignages
directs, sous forme d’interview de l’un des acteurs
clés.
Nous avons introduit ici la présentation du cas
«Abraham Path» qui, pour son sujet, n’est pas pertinent, car il ne vise pas le patrimoine récent, mais
plutôt l’héritage plus ancien et traditionnel. Il s’agit
pourtant d’une « occasion réelle et réalisée »,
importante sur le plan de son organisation logistique, car elle fait la liaison entre patrimoine matériel et population actuelle. Abraham path valorise
le patrimoine paysager, territorial et culturel dans
toutes ses dimensions, ce qui est capital pour une
choice with multiple potential uses which makes for
an efficient tool. This part of the handbook clarifies
a number of concepts and provides data, that organizations active in the sector of architectural heritage can readily access and consult. We have listed
and described international institutions that are
active in this field, by clearly identifying and defining
their most pertinent activities in relation to heritage
tourism organizations.
The third part of the handbook highlights “hands-on
examples and opportunities”. It comprises casestudies of recent heritage projects that have been
accomplished. These case-studies are presented in
the form of project descriptions and, in some cases,
supplemented with interviews of key players.
At the end of the handbook, we have introduced the
presentation of a case-study called the “Abraham
Path” which does not, strictly speaking, come under
the same category of recent heritage sites, but falls
into a domain of heritage of a more ancient and traditional order. It is, nonetheless, an important
example of a heritage project where the challenges
of an opportunity have been met in terms of the
logistics that were deployed, and in terms of the
cooperation of local communities. The Abraham
Path highlights natural territorial cultural heritage
landscapes, bringing together the diverse dimensions of locally integrated strategic development.
We therefore decided to present this project for its
conceptual value and for its capacity to illustrate
the significance of enhancement in the context of a
tangible and landscape heritage environment.
19
Manuel | Tourisme et Patrimoine récent
Introduction | Introduction
stratégie de développement local intégrée. Nous
avons donc décidé de le présenter pour sa valeur
conceptuelle et pour sa capacité à montrer l’importance de la valorisation du contexte qui environne
le patrimoine matériel et naturel. Cette partie présente également un cas réalisé en dehors du
monde méditerranéen, mais qui est un focus sur
une activité en phase de développement : la constitution d’une activité propre au traitement lumineux
des objets patrimoniaux, une vraie et propre « mise
en lumière » du fait patrimonial. Nous présenterons ensuite une expérience Euro-méditerranéenne très significative basée sur la formation
spécifique des futurs opérateurs du tourisme.
C’est ainsi qu’un vaste panorama des possibilités
est présenté, tout en abordant les différents questionnements par des outils appropriés et une
forme adaptée au résultat visé.
Patrimoine et tourisme – pourquoi ce binôme ?
Patrimoine et tourisme sont souvent pris en
compte en tant que binôme, mais pourquoi adhérons-nous à cette lecture et la prenons-nous en
tant que noyau central pour la mise en forme d’un
manuel spécifique ?
Le patrimoine et sa valorisation sont effectivement
un écosystème symbiotique, ils n’existent que s’ils
sont intégrés l’un à l’autre. Nul héritage ne devient
patrimoine s’il n’est valorisé auprès d’une composante sociale qui le reconnaît en tant que tel. Les
actions de valorisation ne sont pas simplement des
agents de l’héritage patrimonial, mais elles sont
20
This section of the handbook also presents a casestudy carried-out outside the Mediterranean area
but which focuses on a tourist-related activity which
is being developed. This concerns the illumination
of heritage sites, a genuine “light staging” of architecture. This is part of a significant EuroMediterranean experiment based on the training of
future tourism operators.
Heritage and Tourism – why this partnership?
Heritage and tourism are frequently associated but
why do we adopt this concept and accept it as a
central point for editing a specific handbook?
Heritage and its enhancement are part of a symbiotic ecosystem which only exists if they are integrated with one another. No legacy becomes heritage
if it is not enhanced in the eyes of the social environment that recognises it as such. Actions to
enhance sites are not merely agents of architectural heritage, they are also, and sometimes aboveall, creators of heritage. We must remember that
heritage is a contemporary social construction and
that our duty is to constantly “reinvent it”.
The enhancement of heritage for the benefit of tourism is only one of many possible means of development. It is sometimes the simplest and often the
most interesting from the economic point of view. If
well conceived and managed, tourism has the
capacity of making heritage sites profitable.
Tourism will position a heritage site in an economic
process that can enhance heritage and successfully
support local development.
Rachele Borghi, Alessia Mariotti & Nazly Safarzadeh
Handbook on | Tourism And Recent Heritage
Introduction | Introduction
aussi – et parfois surtout - des créatrices de patrimoine ; patrimoine qui est, rappelons-le, une
construction sociale contemporaine que nous
avons la charge de « (re) inventer » en permanence.
La valorisation patrimoniale par le tourisme est
l’une des valorisations possibles, parfois la plus
simple, souvent celle au profil économiquement le
plus intéressant. Le tourisme a la capacité, s’il est
bien conçu et géré, de rendre rentable un patrimoine ; il le positionne dans un processus économique qui peut valoriser le patrimoine et supporter
le développement local. Il est aussi un signe de la
patrimonialisation moderne, ouverte à des quotas
toujours majeurs d’humanité et non uniquement
aux usagers les plus proches. L’usager touriste
mène la transformation du bien local en bien global, du patrimoine propre à un groupe limité à un
patrimoine vaste et significatif pour l’ensemble de
l’humanité. Il s’agit de l’un des processus contemporains de transformation patrimoniale qui s’ajoutent à ceux qui, dans les décennies centrales du XXe
siècle, ont transformé le patrimoine d’un bien à
statut privé et/ou particulier à un bien à statut
commun et/ou public.
It is also a sign of modern heritage enhancement
which is open to ever growing quotas of visitors
from abroad and not only to specialists. The tourist
leads the transformation of a local asset into globally recognized heritage, or from an asset belonging to a limited group into a vast and significant
heritage site for entire humanity. This is an additional transformation of heritage to the main occurred
during the mid-20th Century that transformed heritage from a private or particular asset into an asset
with a common or public status.
The tourist needs and seeks an encompassing metanarration of the environment; which will bring tourist
operators to offer a plural wealth of experiences
such as monuments and sites but also local culture,
know-how and traditions. It is a systemic approach to
heritage and to tourism that bonds them to the life of
a city and to the development of places and sites
which allow for a virtuous interaction and a pertinent
cooperation. To further simplify the concept, heritage without tourism is “poor” because it is only available to a limited community, and tourism without
heritage is “poor” because it can be relocated and is
transferable.
Recent heritage
Le touriste cherche, et a besoin, d’une méta-narration environnante et englobante ; ce qui amène les
opérateurs du tourisme à lui mettre à disposition une
richesse plurielle, dotée aussi bien de composantes
matérielles - les monuments, les bâtiments,
etc. - qu’immatérielles - les cultures locales, les
savoir-faire, les traditions. C’est l’approche systé-
The Mutual Heritage project concerns architectural
and urban 19th and 20th centuries heritage. It is a
strategic choice which deserves an explanation.
There are a number of reasons for which we have
chosen this period of recent history that derives
from reflections that are sometimes independent of
21
Manuel | Tourisme et Patrimoine récent
Introduction | Introduction
mique au patrimoine et au tourisme qui les lie à la
vie et au développement des lieux et des sites, ce
qui leur permet une interaction virtuose et une coopération pertinente. Pour simplifier au maximum,
le patrimoine sans tourisme est « pauvre » parce
qu’il s’offre uniquement à une communauté limitée
alors que le tourisme sans patrimoine est «pauvre»
parce qu’il est délocalisé et délocalisable.
Patrimoine récent
Le projet Mutual Heritage vise le patrimoine architectural et urbain des XIXe et XXe siècles. C’est un
choix stratégique qui mérite une explication.
Il y a plusieurs raisons qui nous positionnent dans
cet espace de la mémoire récente, qui dérivent de
réflexions qui sont parfois indépendantes entre
elles mais qui, dans de nombreux cas, s’organisent
en système. Tout d’abord, le patrimoine récent est,
surtout dans le monde méditerranéen, un patrimoine fragile et en danger. Résultat des modernisations autochtones ou imposées par l’activité
coloniale, l’héritage récent a de fortes difficultés à
se faire reconnaître en tant que patrimoine intégrant – sur le long terme – l’histoire des lieux.
Il est différent des autres patrimoines, car sa
valeur d’ancienneté est encore limitée et parce
qu’il est d’une compréhension très difficile. L’art et
le génie du XXe siècle ont dépassé le parcours intuitif et naturel dans leur production et ils sont devenus des entités dont l’appropriation est difficile et
demande une longue adaptation aussi bien matérielle que conceptuelle.
22
each another but which, in numerous cases, are
organised into a system. First of all, recent heritage
is fragile and endangered, above all in the
Mediterranean world. Recent heritage is endangered because, as a result of local modernisation or
imposed colonial activities, it is not recognized as
an integral part of the long-term history of these
cities. Recent heritage is different from other types
of heritage because its relatively limited age value
which is still rarely understood. The comprehension
of the genius of 20th century artwork and architecture is a difficult process that calls for a long adaptation in terms of materialization and its conception. Recent heritage is also less monumental than
other types of more generally recognized heritage.
In order for recent heritage to be taken into consideration, a lot more effort has to be engaged. The
classical means of understanding this heritage is
not entirely suited to the appropriation of modern
architectural heritage.
This architecture is nonetheless really significant,
because the remains of recent heritage such as
industrial or colonial constructions are witnesses of
globalization and constitute an important phase of
the era that we are living in today and of which tourism is an intrinsic expression. Recent heritage
constitutes a sort of sub-group of mankind’s cultural heritage which has to be integrated into the process of heritage enhancement and into its relationship with other “fellow” monuments. These are
products of industrialization, modernization and the
globalization of our world: modern colonization and
tourism.
Rachele Borghi, Alessia Mariotti & Nazly Safarzadeh
Handbook on | Tourism And Recent Heritage
Introduction | Introduction
L’héritage architectural récent est aussi moins
monumental que les patrimoines déjà reconnus ; sa
prise en considération demande encore plus d’effort que pour d’autres héritages. Les instruments
classiques de compréhension ne sont pas tout à fait
adaptés à l’appropriation du patrimoine moderne.
C’est pourtant un patrimoine significatif, car les
vestiges du récent – produits de l’industrialisation
mais aussi de la colonisation – sont la marque de la
globalisation, grande phase historique que nous
vivons actuellement et dont le tourisme n’est que
l’une des expressions. Le patrimoine récent est,
finalement, un sous-ensemble du patrimoine culturel de l’humanité qui doit s’intégrer aussi bien dans
les processus de patrimonialisation que dans les
relations avec ses « congénères », les « fils » de
l’industrialisation, la modernisation et la globalisation
du monde : la colonisation moderne et le tourisme.
Récent, récent, récent !
Circonscrire le patrimoine culturel et le renfermer
dans des limites géographiques et historiques précises et « étanchées » est une opération impossible et les périmètres ainsi établis seront certainement peu pertinents. Il est cependant utile et pratique de se concentrer sur des champs d’actions
possibles, tout en sachant que le regard ne doit et
ne peut pas se borner à une définition rigide. Nous
avons choisi notre champ d’action, donnant un
intérêt prioritaire à un espace géographique et une
période historique particulière. Nous visons l’espace méditerranéen – tout en utilisant sa définition
braudelienne – et la période moderne, celle qui se
Recent, recent, recent!
To define cultural heritage and to isolate it to impenetrable geographical and historical limits is an
impossible endeavour. Such constraints would certainly be ill-suited. It is however useful and practical to concentrate on the possible areas of intervention while keeping in mind that our point of view
must not and cannot be dictated by rigid definitions.
We have chosen an area of intervention by setting
our priority on a geographical region and to a particular historical period. We have chosen the
Mediterranean region and the modern era in terms
of the industrial period characterized by its strong
relationship with the industrial revolution and the
transformation that it engendered.
We are concentrating our activities on constructions of the last two centuries that we call “recent”
history and we note that this definition includes
periods with a strong significance in the domains of
heritage and tourism.
The notion of heritage is a relatively recent expression which was coined with the “discovery” of classical archaeological ruins and from Ancient Egypt.
The concept has evolved thanks to the innumerable
heritage charters to be finally and globally consolidated by UNESCO’s conventions since 1972.
Our idea of tourism, as we understand it today, is a
fairly recent development that exists since the
beginning of the Grand Tour of the wealthy classes
and the advent of middle-class travel, later sprea-
23
Manuel | Tourisme et Patrimoine récent
Introduction | Introduction
définit comme industrielle de par sa liaison forte
avec la révolution industrielle et les transformations qu’elle a introduit.
Nous concentrons nos activités sur les produits de
ces deux derniers siècles, que nous appelons
période « récente » et nous remarquons que cette
définition du récent inclut une période plus que
significative pour les domaines du patrimoine et du
tourisme. La notion de patrimoine que nous utilisons est récente –elle part de l’invention patrimoniale des vestiges archéologiques classiques et de
l’ancienne Égypte pour se développer avec les multiples chartes du patrimoine et se consolider à un
niveau global avec les multiples conventions de
l’UNESCO, à partir de celle de 1972.
Est également récente la notion de tourisme que
nous utilisons – à partir du développement des
Grand Tours de la noblesse mais, de facto, dès l’accès au tourisme de la nouvelle classe bourgeoise
et, après la Seconde Guerre Mondiale, de la large
diffusion du tourisme qui entame des nouvelles
dynamiques culturelles et de consommation patrimoniale.
Les notions de tourisme et de patrimoine sont donc
des héritages culturels immatériels récents, des
produits patrimoniaux de ces deux derniers siècles
qui, eux aussi, participent à la construction de
notre champs d’action : les patrimoines architecturaux et urbains du monde méditerranéen des deux
derniers siècles.
24
ding to tourism after the 2nd World War with its new
cultural dynamic and heritage consumerism. The
concepts of tourism and heritage therefore bring
together our recent intangible cultural legacies,
heritage products of the last two centuries which
are also a part of our field of intervention: architectural and urban Mediterranean heritage of the two
last centuries.
Paradoxes and architectural enhancement
In the opening chapter of this handbook on heritage
and tourism, it is essential to remind our readers of
certain cross-over paradoxes of this subject.
Tourism and heritage can be linked in a virtuous
circuit leading to the development of a local equilibrium, but can also sometimes transform each
other into reciprocal obstacles.
The global staging of heritage sites poses this issue
in a curious situation because it is often fixed in
order to allow for standardized economic enhancement criteria and consequently, it is transformed
into a sort of narration of itself, thereby losing a
substantial part of its heritage attributes.
The tourist often wants to be a privileged receiver of
the heritage story either, for himself or his chosen
group. He seeks the extraordinary but, in order to
make the site profitable, it is transformed into a
lucrative product. The standard – which is indispensable to profitability – creates a crisis out of the
specificity of the heritage site by opening it up to
global visits.
Rachele Borghi, Alessia Mariotti & Nazly Safarzadeh
Handbook on | Tourism And Recent Heritage
Introduction | Introduction
Paradoxes et valorisation
Dans l’introduction d’un manuel sur le patrimoine et
le tourisme, il est indispensable de rappeler quelques paradoxes « croisés » ; tourisme et patrimoine
peuvent s’allier dans un circuit vertueux qui mène à
un développement local équilibré, mais ils peuvent
aussi se transformer en obstacles l’un par rapport à
l’autre. La mise en scène globale du patrimoine le
pose dans une situation curieuse, car souvent elle le
fixe pour permettre une valorisation économique
standardisée et, par conséquent le patrimoine se
transforme en récit de lui-même, tout en perdant
une bonne partie de sa patrimonialité.
In short, the tourism and heritage tandem represents a cross-over paradox between the search for
the unique and the need for the multiple.
At the same time, history teaches us that tourists
often play the role of pioneers in the enhancement
of heritage, cultural or economic as the case may
be, while allowing/and for the transformation of the
cultural potential and the shared and conscious
value of heritage. ■
Le touriste demande, très souvent, d’être le privilégié qui peut jouir de la narration patrimoniale pour
lui seul (ou pour un groupe limité et « choisi »). Il
recherche l’extraordinaire mais, pour le rendre
rentable, le transforme en un produit lucratif : le
marché touristique a tendance à standardiser l’extraordinaire, tout en le rendant ordinaire... Le standard – indispensable pour la rentabilité – met en
crise la spécificité patrimoniale locale pour l’ouvrir
au global. En deux mots, le duo tourisme / patrimoine représente le paradoxe du croisement entre
la recherche de l’unique et le besoin du multiple.
Par ailleurs, l’histoire nous enseigne que les touristes ont souvent joué le rôle de pionniers dans la
valorisation – culturelle et économique – de l’héritage, tout en permettant la transformation d’une
potentialité culturelle en une valeur patrimoniale
partagée et consciente. ■
25
Medina de Tunis
Source: Romeo Carabelli, 2010
xx
Lycée Sadiki, Tunis - Tunisie
xx
Source: Romeo Carabelli, 2010
xx
Sidi Othmane, Casablanca - Maroc
xx
Source: Aïcha El Beloui pour Casamemoire, 2010
Handbook on | Tourism And Recent Heritage
I Encadrements | Background
1.1 Tourisme – quelques éléments de cadrage
Maria Cardeira Da Silva
1.1 Tourism: some background
Maria Cardeira Da Silva
Loisirs et déplacement ont toujours été présents,
de façon plus ou moins associée, dans les activités
sociales de différentes cultures. Cependant, le tourisme, comme nous l’entendons globalement
aujourd’hui, est clairement un produit du développement social et économique des sociétés occidentales et aussi, en grande partie, de la façon dont
celles-ci sont en rapport les unes avec les autres
et/ou avec l’idée même d’altérité et d’authenticité.
Pour cela, les différents courants d’interprétation
des origines du tourisme s’organisent, de façon
sommaire, autour de deux moments fondamentaux
et structurants de l’histoire occidentale : celui du
Grand Tour, voyage éducatif entrepris depuis le
XVIIe siècle par les jeunes universitaires de la gentry anglaise dans différentes villes européennes
comme partie de leur formation cosmopolite
(Towner 1985) et plus tard celui du Indian Mail,
concept qui résume la création d’un vaste réseau
d’équipements, structures et flux qui, en servant
initialement l’expansion politique et économique
coloniale, vient après faciliter d’autres types de flux
massifs, notamment celui du tourisme extra-européen (Fernández Fúster 1991).
Leisure and travel have always been part in a more or
less associated manner of the social activities of different cultures. However, tourism as understood globally in contemporaneity is clearly a product of the
social and economic development of Western societies and also, to a large extent, of the ways in which
they relate to other societies and with the very ideas
of alterity and authenticity. Consequently, diverse
currents of interpretation as to the origins of tourism
are based summarily on two fundamental and structural moments in Western history: The Grand Tour,
an educational trip that young university students
among the British gentry started take in the seventeenth century in order to visit several European
cities as part of their cosmopolitan education (Towner
1985) and the Indian Mail, which can be briefly described as the setting up of a vast network of facilities,
infrastructures and fluxes that were at first used to
further colonial political and economic expansion,
and later helped another kind of massive transit, that
of extra-European tourism (Fernández Fúster 1991).
Bien que ces deux approches indiquent des perspectives différentes relatives à l’évolution du phénomène du tourisme – le premier se centrant sur
le développement des motivations sociales et culturelles qui ont produit et démocratisé le tourisme
et le deuxième sur les cadres politiques et écono-
Although these two approaches point to differing viewpoints as to how the tourism phenomenon has evolved
– the first is based on the development of social and
cultural motivations that produce and democratise tourism while the second lies in the political and economic
frameworks that incentivised it and in the power asymmetries that it reproduces – they necessarily complement one another to explain the importance that tourism has been gaining until the present moment in
29
Manuel | Tourisme et Patrimoine récent
Encadrements | Background
miques qui l’ont stimulé et sur les asymétries que
ces derniers ont produites – ils se complètent
nécessairement pour expliquer l’importance que le
tourisme a acquis jusqu’aujourd’hui où il est
devenu un phénomène globalisé d’importance économique et politique universelle.
En tenant compte de ces moments considérés habituellement comme inauguraux du phénomène
contemporain du tourisme, les sciences sociales ont
développé quelques paradigmes plus focalisés pour
son interprétation et monitorage : les uns qui envisagent le tourisme comme une nouvelle forme de pèlerinage, où l’idée d’authenticité remplace, dans les
sociétés modernes, le principe du sacré (MacCannell
1976), le tourisme pouvant, pour cela, être analysé
suivant les modèles préalables établis pour l’analyse
du rituel (Cohen 1972; Graburn 1989) ; les autres qui
le placent préférentiellement sur l’axe du développement impérialiste occidental et qui le considèrent comme le résultat des relations coloniales
entre les anciennes métropoles et leurs colonies
(internes et externes), transformées ensuite en
« pleasure peripheries » (Nash 1978; Turner and
Ash 1976) ; et les autres encore qui se focalisent et
qui incluent le tourisme dans l’évolution même de
la modernité et dans leur obsession positiviste à
placer le « monde en exhibition » (Mitchell 1988 ;
Urry 1990). Ce n’est pas par hasard que le développement du tourisme est concomitant avec celui de
la photographie, des musées et des grandes
Expositions Mondiales. Ces « complexes exhibitionnistes » (Bennet 1999), tandis qu’ils exerçaient
et lubrifiaient le désir de voir, stimulaient aussi le
30
which it has become a worldwide phenomenon of universal significance economically and politically.
Taking into account these two moments which are
usually seen as the start of the current phenomenon
of tourism social sciences have developed paradigms
that are more focused on the interpretation and
monitoring of tourism: some look on tourism as a
new form of pilgrimage, in which the idea of authenticity replaces in modern societies the principle of the
sacred (MacCannell 1976), and may then be analysed
according to models already established to analyse
ritual (Cohen 1972; Graburn 1989); others prefer to
situate it at the centre of Western imperialist development and see it as the outcome of colonial relations between old metropolitan centres and their
(internal and external) colonies afterwards transformed into “pleasure peripheries” (Nash 1978; Turner
and Ash 1976); and still others centre and include tourism in the development of modernity and its positivist obsession of presenting the “world as exhibition”
(Mitchell 1988; Urry 1990). It is no accident that tourism developed concomitantly with photography,
museums and the mounting of World Exhibitions.
While these “exhibitionary complexes” (Bennet 1999)
stirred and lubricated the desire to see, it also stimulated the desire to “be seen” and thereby contributed
towards standardising public behaviour and creating
a citizenry in accord with the state’s own values.
Besides these two approaches, it is important to take
into account the significance of social and economic
reforms that determined how people used their time
and contributed towards the idea of leisure being prized as a re-creative moment, alternating with indusRachele Borghi, Alessia Mariotti & Nazly Safarzadeh
Handbook on | Tourism And Recent Heritage
Encadrements | Background
désir d’ « être vu », contribuant ainsi à la standardisation de comportements publics et à la création
d’une citoyenneté adéquate aux valeurs mêmes
des États.
Au-delà de ces approches, il est essentiel de tenir
compte de l’importance des réformes sociales et
économiques qui ont déterminé les usages du
temps et qui ont contribué à la valorisation de l’idée
de loisir comme moment ré-créatif, en alternance
avec les rythmes de travail. Le loisir a commencé à
être valorisé à l’intérieur d’une logique presque
hygiéniste qui présupposait sa nécessité pour un
meilleur fonctionnement de l’économie industrialisée et sa véritable massification doit être clairement associée à l’acquisition de certains droits,
comme celui des congés payés (Corbin 1995). Très
tôt, la pratique touristique, et indépendamment de
l’endroit où nous plaçons son origine, gagne un
sens social : seul celui qui a des moyens sociaux (la
gentry anglaise), des contacts et des ressources
(les agents de l’Indian Mail) ou, encore plus tard,
des congés payés, peut se donner le luxe d’une
telle activité.
Plus récemment, et surtout à partir du moment où
nous pouvons l’envisager comme une industrie (en
vérité, il est souvent décrit comme la plus importante industrie mondiale), le tourisme a été progressivement soumis à différentes tendances
déterminées par des lois du marché, de l’offre et de
la demande – et susceptible d’analyse dans la
perspective de la consommation – dans lesquelles
il est cependant possible de détecter encore l’im-
trial rhythms and work routines. Leisure began to be
esteemed as an hygienist idea that assumed it was
necessary in order for the industrialised economy to
work better and its true massification must clearly
be connected to the acquisition of certain entitlements, such as paid holidays (Corbin 1995). From
very early on, tourism, regardless of where we think
it originated, gains a social denotation: only those
with social means (gentry), contacts and recourses
(Indian Mail agents) and, later, paid holidays were
able to afford the luxury of this activity.
More recently and particularly from the moment in
which tourism can be regarded as an industry (it is in
fact often described as the world’s largest industry),
tourism has become increasingly subject to different
market trends, dependent on supply and demand –
and subject to analyse from the viewpoint of the
consumption of tourism – among which, however, it
is still possible to detect the importance of social and
cultural traits that still determine it. Subsequently,
after the great boom in mass tourism, essentially
sea-bathing holidays (following on from earlier types
of sea and beach tourism for medicinal and health
purposes in the nineteenth century) and a concomitant demand for a parallel and more elitist cultural
tourism, today we find more social and cultural
undifferentiating in search of each of these two kinds
of tourism. This can be seen in an offer that increasingly invests in multiplying and segmenting products – with specific package holidays designed for
specific social types (families, groups and individuals
of a particular social profile, age or sexual orientation) - or in creating products of diverse combina-
31
Manuel | Tourisme et Patrimoine récent
Encadrements | Background
portance de traits sociaux et culturels qui continuent à le déterminer (Sharpley 2008). Ainsi, par
exemple, après le grand boom du tourisme de loisirs de masse, fondamentalement balnéaire (qui a
succédé à des formes novices du tourisme de plage
associées à des pratiques médicinales et hygiénistes du XIXe siècle), et d’une demande concomitante
de tourisme culturel parallèle et plus élitiste, nous
assistons aujourd’hui, de plus en plus, à une indifférenciation sociale et culturelle dans la recherche
de chacun de ces deux types de tourisme. Cela se
réfléchit sur une offre qui mise chaque fois plus
sur la multiplication et sur la segmentation des
produits – avec des packages spécifiques et dirigés
à des types sociaux spécifiques (familles, groupes,
individus avec un profil social, d’orientation
sexuelle et/ou d’âge particulier) – ou, alternativement, sur la composition de produits avec des éléments combinés (plage + culture, campagne +
sport, etc.).
Récemment, l’offre et la consommation de tourisme culturel – qui, en vérité, incluent des destinations et des performances touristiques de type
très varié – se sont valorisées et se sont développées à partir du moment où la culture s’est mercantilisée (Greenwood 1977 ; Appadurai 1986),
c’est-à-dire, s’est transformée en une ressource
susceptible d’entrer, comme les autres matières
premières (et après la plage et la campagne), dans
le mode de production et dans les circuits capitalistes. Dans ce contexte, la culture apparaît comme la
ressource la plus démocratique de toutes : ses promoteurs, surtout, dans les pays et régions qui
32
tions (beach + culture, countryside + sport, etc.).
Recently, the offer and consumption of cultural tourism – which, in fact, includes a wide variety of tourist destinations and performances – has grown
since it became a commodity (Greenwood 1977;
Appadurai 1986), that is to say, it became a resource
that could, like other prime materials (after beach
and country), penetrate into the production and
capitalist circuits. Within that framework, culture
emerges as the most democratic resource of all: its
promoters, especially in countries and regions that
lack other resources, can see it as an always accessible prime material; and its consumers can transform it into a means of social promotion. For both
promoters and consumers, culture can thus be
seen as a distinction that can be capitalised in
social and/or economic terms.
What also contributed towards this democratisation
of supply and consumption of cultural tourism was
the way a perception developed of what culture and
heritage/patrimony are. The first tourist attractions
(already in the proto-touristic performances of the
Grand Tour) corresponded to a classic perception of
heritage associated with the past, with material,
visible monumentality, and profoundly rooted in the
Roman legal concept from which the term derives.
Modern institutions, at first nation states and later
international organisations such as UNESCO, maintained until quite recently this concept of patrimony
that corresponded to a classic view of culture as
something atavistic, monolithic and territorialised.
The materialisation of this concept – the great
Greek and Roman monuments, founding castles of
Rachele Borghi, Alessia Mariotti & Nazly Safarzadeh
Handbook on | Tourism And Recent Heritage
Encadrements | Background
manquent de matières premières, peuvent voir en
celle-ci un revenu toujours accessible ; ses
consommateurs peuvent la transformer dans une
voie de capitalisation sociale. Pour les deux, la culture peut être vue comme une forme de distinction
capitalisable en termes sociaux et/ou économiques.
L’évolution même de la perception de ce que sont la
culture et le patrimoine aura aussi contribué à
cette démocratisation de l’offre et de la consommation du tourisme culturel. Les premières attractions touristiques (déjà dans les formes proto-touristiques du Grand Tour) correspondaient à une
perception classique de ce qu’était le patrimoine,
associé au passé, aux origines, à la monumentalité
matérielle et visible, profondément ancré dans le
concept juridique romain qui est à l’origine du
terme. Des institutions modernes, en premier les
États-nations et ensuite des organisations internationales comme l’UNESCO, ont gardé jusqu’il y a
relativement peu de temps, cette conception de
patrimoine qui correspondait à une vision classique de la culture civilisationnelle, atavique, monolithique et territorialisée.
Matérialisation de cette conception – les grands
monuments grecs et romains, les châteaux emblématiques de la fondation de différentes nations et
les palais italiens – continuent, sans aucun doute,
à exercer une attraction énorme pour les touristes,
raison pour laquelle ces destinations bénéficient
encore des plus grands flux touristiques.
Cependant, comme le démontre MacCannell
(1976), dans les performances contemporaines du
nations and the Italian palaces – continue undoubtedly to be an enormous attraction for tourists (and
these destinations still enjoy a huge flux of tourists).
But as MacCannel (1976) demonstrates, in contemporary performances of tourism, Modernity itself
also began to be an ‘attraction’ and subject to the
wonder and admiration of tourists (large factories
and other wonders of industrial technology tend to
be perceived as monuments to Modernity).
Meanwhile and contrary to what was originally expected, the speeding up of the globalisation process
(including tourism) led to the onset of manifestations
of cultural differences and identities and emerging
authenticities (Cohen 1988) that were multiple, complex and displayed in material and immaterial ways.
The perception of culture as a political and economic
resource has been reinforced with the approval of
UNESCO’s international organisations, which, after
having first set up measures in 1972 regarding heritage that culminated with the approval of the
Convention for the Protection of World Cultural and
Natural Heritage, later implemented the Convention
for Intangible Heritage in 2003. The idea of risk and
protection underscores and reinforces the value of
culture and heritage in both conventions, each of
which is determined by a precise historic context.
While classic concepts of heritage often coincided
with materialisations of the domestic genealogical
policies of a state, these new more plastic concepts of
culture contemplated and valued other aspects of
patrimony and very often gave minorities a voice or
then pointed to more or less conflicting historic ins-
33
Manuel | Tourisme et Patrimoine récent
Encadrements | Background
tourisme, ce fut aussi la modernité elle-même qui
devint « attraction » et objet d’étonnement et d’admiration des touristes (les grandes usines et
autres merveilles de la technologie industrielle
sont susceptibles d’être considérées comme
monuments de la Modernité).
Entre-temps, l’accélération de la globalisation (y compris le tourisme) contrairement à ce que l’on pensait
initialement, a fait éclore l’exhibition des différences, des identités culturelles et des authenticités
émergentes multiples (Cohen 1988), matérielles et
immatérielles, qui ont complexifié – mais en valorisant encore plus – la culture comme ressource
politique et économique, avec l’agrément des organisations internationales de l’UNESCO. Ce dernier,
après avoir institué en 1972 des mesures relatives
au Patrimoine qui ont culminées avec l’approbation
de la Convention pour la Protection du Patrimoine
Mondial, Culturel et Naturel, a mis en pratique en
2001 la Convention pour le Patrimoine Immatériel.
Dans l’une comme dans l’autre convention, chacune d’elles déterminée par des contextes historiques précis, la notion de risque et de sauvegarde
souligne et renforce la valeur de la culture et du
patrimoine.
Alors que les conceptions classiques du patrimoine
coïncident souvent avec des matérialisations des
généalogies politiques nationales des États, ces
nouvelles conceptions plus plastiques de la culture
contemplent et valorisent d’autres aspects du
patrimoine souvent en permettant à des minorités
de s’exprimer ou en mettant en évidence des
34
tances of national histories. This frequently includes
colonial heritage. The patrimonialisation of these dissonant moments of the past (Tunbridge and Ashworth
1996) becomes a possibility from the moment in which
heritage itself and the act of patrimonialisation gain
new meanings: increasingly, this is not so much to
celebrate a country and a genealogy chosen and written by leaders, but rather to offer local and increasingly diversified foreign visitors indications and witnesses that will permit an interpretation of culture. This
interpretative vision is aimed, in turn, at acclaiming
“our creative diversity” (UNESCO 1996).
The viability of these new forms of patrimonialisation
and displaying culture is not so alien to the development of tourist new motivations and performances. If
many mass tourists still adopt a passive attitude in a
variety of situations and shelter themselves within the
confines of their “environmental bubble” (Cohen 1972)
– which has caused several academic interpretations
to talk about a kind of infantalisation –, an increasingly large number of them have critical and interventional attitudes (if not a moralising one: Butcher 2003)
when confronted with what they visit. While this translates more clearly into new ways of involvement and
solidarity, in cultural tourism it reveals itself in a preference for a more inquiring and interpretative attitude that progressively challenges tourist guides and
their pre-formatted discourse. People increasingly
assume that culture cannot be merely transmitted
and taught, it must be interpreted and tried out. And if,
at the moment of tourist implosion, it was the visual
gaze (Urry 1990) that determined almost exclusively
the performance of tourists – and still drives them to
Rachele Borghi, Alessia Mariotti & Nazly Safarzadeh
Handbook on | Tourism And Recent Heritage
Encadrements | Background
moments historiques plus ou moins dissonants
des histoires nationales. Cela inclut souvent le
patrimoine colonial. La possibilité de patrimonialiser ces monuments moins consensuels du passé,
devient viable à partir du moment où le patrimoine
en lui-même et l’acte de patrimonialiser gagnent
de nouveaux sens : il s’agit, de plus en plus, pas
tant de célébrer la nation et la généalogie élue et
écrite par des leaders, mais bien d’offrir aux visiteurs, locaux et étrangers, chaque fois plus diversifiés, des indices et des témoignages qui rendent
possible une interprétation de la culture. Cette
vision interprétative vise, à son tour, à exalter « our
creative diversity » (UNESCO 1996).
La viabilité de ces nouvelles manières de patrimonialiser et d’exhiber la culture ne sont pas également étrangères à l’évolution même dans les motivations et les performances touristiques. Si beaucoup de touristes dits de masse continuent à adopter dans de nombreuses situations une attitude
passive et à se réfugier dans leur « environmental
bubble » (Cohen 1972) – ce qui a mené quelques
interprétations académiques à parler d’une certaine infantilisation –, un nombre de plus en plus
important d’entre eux met en évidence des postures critiques et d’intervention (parfois même moralisatrices : Butcher 2003) face aux réalités qu’ils
visitent. Si cela se traduit dans les nouvelles formes de tourisme d’intervention et solidaire, dans le
cas du tourisme culturel, cela se réfléchit dans la
préférence pour une attitude inquisitrice et interprétative qui défie progressivement les discours
pré-formatés des guides touristiques. On assume
photograph almost compulsively whatever they see
(Robinson and Picard 2009) – nowadays the need to try
things out appeals to every sense – touch, smell,
taste, hearing – so as to capture culture in its different
aspects. Following this line, cultural consumption of
tourist activity has grown more holistic, educational,
experimental and ludic. And this, from an economic
point of view, has also made culture more lucrative: it
can become packaged and commodified in different
forms and transformed into different “sub-products”
(gastronomy, music, books, festivals, educational and
other cultural performances of different kinds).
The flexibility of the new idea of culture and heritage undoubtedly gives them greater economic and
also social potential. It also removes the monolithic
discourse by rescuing them from the univocal and
politically determined vision that often undermined
the possibility of getting to know cultures in their
plurality and full vigour. We must keep alert and
ensure that their new promoters remain committed
to displaying cultural and heritage expressions that
represent that plurality without however conceding
to the burning desire for heritage (Jeudy 1990) that
tourism can arouse: from the merely economic
point of view, and as history has demonstrated, the
principle of exclusivity is one of the motors that sets
off many tourist destinations, whereas banality stifles attraction. From a social and political point of
view, it is important to prevent commodification
from deep-freezing culture and dissipating its identitarian and political value. The so much talked
about (yet so difficult to achieve) tourism/development binary should lie on these unsteady balances.
35
Manuel | Tourisme et Patrimoine récent
Encadrements | Background
chaque fois plus la position que la culture ne peut
pas être simplement transmise et enseignée : elle
doit être interprétée et expérimentée. Et si, au
moment de l’implosion touristique, c’était le « visual
gaze » (Urry 1990) qui déterminait presque exclusivement la performance des touristes – ce qui continue à les amener à photographier presque compulsivement tout ce qu’ils voient (Robinson et
Picard 2009) – aujourd’hui le besoin d’expérimenter fait appel à tous les sens (toucher, odorat, goût,
ouïe, vue) pour capter la culture dans ses différentes dimensions. Dans ce sens, la consommation
culturelle dans l’activité touristique est devenue
plus holistique, éducative, expérientielle et ludique.
Ce qui, du point de vue économique a rendu aussi la
culture plus rentable : elle peut, chaque fois plus,
être emballée et commercialisée de différentes formes et transformée en différents « sous-produits »
(gastronomie, musique, activités éducatives et performatives de différents types).
point de vue purement économique, et comme
nous l’a enseigné l’histoire, le principe d’exclusivité
est l’un des catalyseurs de beaucoup de destinations touristiques, alors que la banalisation tue
l’attraction ; du point de vue social et politique, il
est important d’éviter que la marchandisation de la
culture la congèle et dissipe sa valeur identitaire et
potentiellement revendicative. C’est dans ces équilibres instables que se base le binôme
tourisme/développement, si divulgué, mais si difficile à atteindre.
Cette plasticité de la nouvelle idée de culture et de
patrimoine leur confère, sans aucun doute, un plus
grand potentiel non seulement économique mais
aussi social. Elle leur retire aussi le monolithisme
discursif en les éloignant des visions univoques et
politiquement déterminées qui minaient souvent la
possibilité de connaissance des cultures dans leur
pluralité et dynamisme. Il reste à veiller pour que
leurs nouveaux promoteurs se maintiennent engagés dans l’exhibition d’expressions culturelles et
patrimoniales représentatives de cette pluralité
sans toutefois céder à la fièvre du patrimoine
(Jeudy 1990) que le tourisme peut enflammer : du
36
Rachele Borghi, Alessia Mariotti & Nazly Safarzadeh
Tour Perret, Amiens - France
Source : Société 8’ 18’’
xx
Entrée église du Sacré - Cœur, lors du Festival de Casablanca - Maroc
xx
Source : Hassan Ouazzani pour Nouzha Fennia, 2010
Handbook on | Tourism And Recent Heritage
Encadrements | Background
1.2 Tourisme et patrimoine : quelques éléments
de cadrage. MICHEL KNEUBÜHLER
1.2 Tourism and heritage: some background
MICHEL KNEUBÜHLER
Réfléchir sur le rapport entre « tourisme et patrimoine » appelle à mettre en tension deux notions
qui ont pris une importance croissante au cours
des dernières décennies. Tension ne signifie pas
nécessairement contradiction… on sait qu’il peut
exister des tensions fécondes ! Afin d’explorer la
relation complexe qui existe entre ces deux termes,
nous nous interrogerons sur la valorisation économique du patrimoine ; nous essaierons de voir en
quoi le patrimoine peut se définir comme un produit culturel du tourisme ; nous évoquerons la multiplicité des outils et des supports qui permettent
de développer le tourisme patrimonial ; nous nous
poserons enfin la question – incontournable à notre
époque – du ou plutôt des réseaux dans lesquels
peut s’inscrire une dynamique comme celle dont il
est question ici.
Reflection on the relationship between the terms
“Tourism and heritage” entail a strain or opposition of
the two notions that have taken on an increasing significance over the past few decades. In this particular
case, the term strain does not necessarily imply a
divergence. We may be aware of the fact that a strain
can be fruitful or even fertile, but in order to explore
these terms, a series of crucial questions must be
addressed. It is for this reason we must analyse the
issue of the economic development of heritage sites.
We will attempt to review how heritage can be defined
as a cultural product of tourism. We will mention the
numerous resources and support that is available to
develop tourism around heritage sites. We will finally
address the central question, in this day and age, of the
number of networks that exist and which can be adopted, such as those in the cases that we illustrate.
1.2.1 L’espace et le temps, le territoire
et le patrimoine
1.2.1 Space and Time, the Territory and Heritage
Commençons par nous remémorer nos cours de
philosophie et les fameuses « deux catégories a
priori de la connaissance » chères à Emmanuel
Kant, l’espace et le temps. Que peut-on dire de
notre époque au regard de ces deux termes ?
S’agissant de l’espace, nous vivons dans un monde
marqué par l’abolition de certaines frontières
naguère jugées infranchissables : pour preuve
l’immédiateté de la transmission électronique, la
Let us begin by casting our minds back to our lessons of philosophy and the so-called two categories
of knowledge dear to Emmanuel Kant, namely,
space and time. What is it we can say of our age in
the context of these two concepts?
In the case of space, we live in a world that is characterised by the elimination of certain barriers that
were hitherto insurmountable (such as the immediacy of electronic transmission or globalization,
etc.) We live in a world where the notion of “terri-
39
Manuel | Tourisme et Patrimoine récent
Encadrements | Background
mondialisation etc. Un monde aussi où, en effet, la
notion de « territoire » s’est, parallèlement, peu à
peu imposée comme un des éléments constitutifs
de toute action publique.
S’agissant du temps, je ferai mienne l’analyse du
politologue Philippe Dujardin : « Nous sortons d’un
temps et nous entrons dans un temps neuf ». Or, ce
temps neuf que nous fabriquons est un temps long,
ce qui explique l’importance qu’a prise dans nos
sociétés la question de la transmission.
Cette transmission se traduit par trois phénomènes concomitants qui, depuis quelques décennies,
ont connu un formidable essor :
- la commémoration : voyez la multiplication des
célébrations nationales ou internationales et des
« Années… », « Semaines… » ou « Journées… » ;
- la patrimonialisation : voyez la vitalité partout
constatée des associations patrimoniales ;
- la muséification : voyez le renouveau et la floraison des musées.
Nous voici donc aujourd’hui « tous héritiers, tous
descendants, tous usufruitiers » (Dujardin 2009).
1.2.2 L’irrésistible ascension de la notion de
« bien commun »
À vrai dire, l’intérêt pour les vestiges du passé n’a
pas commencé au siècle dernier : sans remonter
aux érudits de la Renaissance et à leurs cabinets de
curiosités, il convient de noter qu’en français, l’expression « monument historique » est très exactement datée de 1789, l’année qui voit les débuts de la
Révolution française. Mais l’utilisation du mot patri-
40
tory” has simultaneously and, little by little, imposed itself as a consecutive element to any public
action. In the case of time, we cannot do better
than adopt the point of the political scientist
Philippe Dujardin (2009) who says that “we are leaving an age behind us and we are entering a new
age”. And yet, this new age that we are constructing
occupies a long time, which explains the significance that the question of transmission has assumed in our society.
This transmission has resulted in three simultaneous phenomena which have seen a formidable
development over the last few decades:
• commemoration: we note the progression of
national or international celebrations such as the
“Year of …”, the “Week of…” or the “Day of…” ;
• the heritage spreading (more elements are
considered as heritage): we note the widespread
vitality of heritage associations ;
• the museum business: we note the renewal and
flourishing of museums.
We are thus nowadays “all heirs, descendants,
beneficiaries” (Dujardin 2009).
1.2.2 The irresistible ascension of the notion of a
“Common Asset”?
Public interest in traces of the past did by no means
start in the last century. Without needing to go as far
back as the scholars of the Renaissance in their
curios cabinets, in French, the expression “monument historique” dates back to the beginning of 1789,
Rachele Borghi, Alessia Mariotti & Nazly Safarzadeh
Handbook on | Tourism And Recent Heritage
Encadrements | Background
moine – au sens où nous l’entendons quand nous
disons, par exemple, « Journées du patrimoine » –
n’a guère qu’un peu plus d’un demi-siècle. Du reste,
l’évolution du mot est intéressante à observer. Au
départ n’existait que l’acception notariale du terme,
issue en ligne directe du latin patrimonium, qui
désignait ce qui, au sein de l’héritage du paterfamilias, devait être transmis aux générations suivantes.
Un mot donc qui, à l’origine, renvoyait, de façon
forte, au domaine du privé – voire de l’intime : ne
parle-t-on pas de « patrimoine génétique » ? Or,
aujourd’hui, le même mot en est aussi venu à désigner ce qui, dans la nature ou la production
humaine, relève du « bien commun », à l’échelle
d’un territoire donné, d’une nation, voire de l’espèce tout entière, comme l’attestent l’UNESCO et
sa « liste du patrimoine mondial de l’humanité ».
Depuis plus d’un demi-siècle, nous sommes donc
passés de la notion de « monument historique » à
celle de « patrimoine », entendue comme « bien
commun ». Le concept de patrimoine s’est développé, privilégiant une approche plus anthropologique que politique : la production patrimoniale est
considérée désormais comme une construction
symbolique en perpétuelle évolution, « un processus social », dit l’historien Dominique Poulot (2001,
p. 214), « d’horizon démocratique, susceptible de
fournir à la communauté qui y investit une forme de
développement, économique et culturel, et surtout
de compréhension d’elle-même et des autres dans
l’espace et dans le temps ». Pour le dire autrement,
là où, pendant plus d’un siècle, la désignation des
« monuments historiques » est restée de la seule
the year of the French Revolution. The use of the
term “patrimoine” as it is used to express for example the “Journées du patrimoine” has existed as
such only since about half a century. The evolution of
the word is interesting. To begin with, the expression
was only used as a notary term originally from the
Latin word patrimonium to designate that which was
inherited from the paterfamilias and which was to be
transferred to successive generations. It was a word
which originally had a strong connotation of the private or even of an intimate nature.
It so happens, that today the same French word is
used to refer to a common and shared asset in
nature or human achievement in the context of a
given territory, a nation or concerning mankind as
is stated in UNESCO’s World Heritage List charter.
For little over half a century, we have seen the
notion of “historical monument” evolve to that of
“heritage” which is now understood as a “shared
common asset”. The concept of heritage has developed towards a more anthropological than a political approach. The production of heritage is thus
henceforth considered as a symbolical construction
in perpetual evolution and even as “a social process
of a democratic dimension which is able to furnish
the community that invests in its heritage as a form
of economic and cultural development, and above
all, an understanding of it’s own identity and that of
others, in space and in time” according to the historian Dominique Poulot (2001, p. 214). In other words,
that which for more than a century had been designated as a “historical monument” and which was
under the sole responsibility of public authorities, is
41
Manuel | Tourisme et Patrimoine récent
Encadrements | Background
compétence de l’autorité publique, assistée par les
experts, aujourd’hui, l’identification du « bien commun » relève d’une co-construction partagée entre
trois groupes d’acteurs : les spécialistes, les décideurs et les habitants. Aucun collectif humain, en
effet, n’a le même lignage, et c’est l’histoire d’un
territoire qui permet de le distinguer de tous les
autres. Or, nos sociétés aiment à recréer de la distinction, comme l’atteste la floraison de classements, inscriptions, labels, appellations, etc.
Cette coproduction sociale de « bien commun » se
caractérise par l’extrême diversité des objets que
les différents groupes sociaux reconnaissent
comme « patrimoniaux » et que – parfois – la collectivité publique légitimise : aux vestiges archéologiques, édifices religieux et lieux de pouvoir se
sont ajoutés les témoignages de l’ancienne société
rurale, les installations industrielles, les lieux de
mémoire, les savoir-faire, le patrimoine immatériel, etc. Si tout n’est pas patrimoine, tout, potentiellement, peut le devenir, dès lors qu’une communauté voit dans ce legs du passé – aussi
modeste soit-il – un « bien commun » : le puits du
village, l’ancienne forge, la danse traditionnelle, le
« produit du terroir », etc.
1.2.3 Développement versus muséification ?
C’est là que, s’agissant des territoires urbains, se
pose la question de leur évolution et de la tension
possible entre le développement et la muséification :
« La forme d’une ville / Change plus vite – hélas ! –
que le cœur d’un mortel… », disait Baudelaire.
42
now part of a project shared by three groups of
actors: the specialists, the decision-makers and the
local inhabitants. No two human groups come from
the same lineage and it is therefore the history of a
territory which distinguishes it from any other. Our
societies have a liking for the creation distinctiveness, as can be seen from the explosion of classifications, inscriptions, labels and names.
The social co-production of this “common asset” is
characterized by the vast diversity of objects that
various social groups recognize as “heritage” and
which is sometimes legitimized by the local community. Heritage sites may include archaeological
sites, religious buildings and emblematic buildings
of power on a par with ancient rural societies,
industrial installations, memorials, know-how or
intangible human heritage, etc. Even if all is not
heritage, anything can potentially become so from
the moment that a given community considers its,
albeit modest, legacy as a “common asset” which
may include a village well, an ancient forge, a traditional dance or local products, etc.
1.2.3 Development versus Museification?
In the case of urban territories, the question is the
evolution and the probable strain between development and museification. Baudelaire said “The
shape of a city changes more rapidly – alas - than
the heart of a human mortal”. If one therefore
thinks in terms of development, does this strain
necessarily translate as an opposition?
Rachele Borghi, Alessia Mariotti & Nazly Safarzadeh
Handbook on | Tourism And Recent Heritage
Encadrements | Background
Donc, si l’on pense l’avenir en termes de développement, cette tension se traduit-elle nécessairement par une opposition ?
La question, en réalité, n’est pas nouvelle et déjà, aux
XIXe et XXe siècles, elle a opposé les tenants de la
modernité la plus radicale aux hérauts de la conservation. Tenants de la modernité : qu’on se souvienne
des arguments du préfet Haussmann détruisant le
Paris des rois ou, plus près de nous, de Le Corbusier
et de ses projets pour faire de la Ville Lumière une
ville totalement adaptée à l’automobile, ne conservant de la trame ancienne que quelques monuments.
Hérauts de la conservation : c’est l’historien d’art
autrichien Camillo Sitte, plaidant, à la fin du XIXe siècle, en faveur d’une évolution des centres anciens qui
prenne en compte l’héritage ancien et regrettant que
« les œuvres d’art abandonnent toujours davantage
les rues et les places pour se retirer dans les zoos
artistiques que sont les musées », tandis que « la vie
populaire se retire progressivement des places
publiques » (cité par Béghain 1998, p. 58) ; c’est l’urbaniste français Louis Bonnier écrivant dans les
années 1930 que « [l’histoire] nous facilitera la
rédaction des servitudes indispensables à cette préservation qui ne bornera pas sa sollicitude aux
monuments proprement dits, aux habitations
anciennes et artistiques, mais encore l’étendra aux
paysages précieux, aux perspectives intéressantes,
monuments naturels aussi utiles à la valeur artistique de la cité que les constructions de pierre ou de
marbre » (cité par Leniaud 2002, p. 264-265).
L’apport le plus subtil à ce débat reste encore celui
de l’architecte italien Gustavo Giovanonni (1873-
This issue is no novelty, as in the 19th and 20th centuries it already opposed radical modernists and
conservationists. The case of modernists is illustrated by the French prefect Haussmann who demolished the old Paris of the kings or, more recently, by
Le Corbusier with his project of the Ville Lumière, a
town completely adapted to cars and retaining only
few elements of monuments of the prior urban fabric.
Conversely, in the case of conservationists, Camillo
Sitte, the 19th Century Austrian art historian sustained and regretted that “works of art progressively
disappear from the streets and squares only to be
exhibited in artistic zoos that museums are” and
that “the popular elements of cities are in the process of withdrawing from public places” (quoted in
Béghain 1998, p. 58). In the 1930’s, the urban planner, Louis Bonnier, stated that history “will help us
to outline the essential servitudes of conservation
which will not limit our concern to the sole monuments, to ancient and artistic housing nor even to
outstanding landscapes, interesting perspectives
or natural monuments as being useful to the artistic value of a city at the same value as stone or
marble constructions” (quoted in Leniaud 2002, p.
264-265).
The most subtle comments come from the Italian
architect, Gustavo Giovanonni (1879-1947) for whom
it was essential to respect the “tradition of a city”
without necessarily being of the opinion of “narrowminded ultra-conservatives” with a position that he
called “ambientismo”, a concept comprising a harmonious articulation of the various elements
43
Manuel | Tourisme et Patrimoine récent
Encadrements | Background
1947), pour qui il convient, sans épouser « les vues
étroites des conservateurs », de respecter la « tradition de la ville » et ce qu’il appelle l’ « ambientismo »,
un concept qu’on pourrait traduire par l’articulation
harmonieuse des différents éléments composant un
espace urbain. Ce sont du reste ces apports théoriques qui ont nourri, dans de nombreux pays, les
législations et réglementations visant à protéger les
ensembles urbains remarquables.
Reste que, pour l’essentiel, ces dispositifs concernent les villes-centres et même, souvent, les centres-villes de ces villes-centres ! Or, la question de
la sauvegarde du patrimoine ne concerne désormais
plus seulement les centres anciens de nos villes historiques. La désindustrialisation des banlieues, l’absorption de certains espaces ruraux par la ville et –
nous y voilà – la prise en compte nouvelle de certaines réalisations architecturales ou urbanistiques
des décennies précédentes ont fait que la question
du patrimoine se pose aussi aujourd’hui dans les
zones périphériques. Certes, les objets patrimoniaux qui peuvent y faire débat renvoient souvent
davantage aux « nouveaux patrimoines » (industriel,
rural, architectures des XIXe et XXe siècles…) qu’aux
« hauts lieux du pouvoir et de la foi » présents dans
les centres anciens : cela n’empêche pas que les
polémiques peuvent y être tout aussi virulentes.
constituting an urban space (1998; published in
1932; quoted in Béghain 1998, p. 57).
In great part it is a series of theoretical ideas which
inspired legislation and rules in many countries in
order to preserve a number of important urban
complexes.
In most cases conservation measures concern the
centres of cities and frequently only city-centres.
However, the issue of heritage conservation no longer exclusively concerns the centres of our historical cities. The de-industrialization of suburbs, the
absorption of certain rural areas by the city has
brought us to consider that architectural or urban
constructions from the last few decades pose the
issue that heritage now includes peripheral districts. Heritage sites that give rise to virulent debate
are frequently recent structures such as industrial,
rural or 19th and 20th Century architecture, rather
than emblematic buildings to be found in old city
centres.
1.2.4 Can we use the term
“20th Century heritage”?
1.2.4 Peut-on parler de
« patrimoine du XXe siècle » ?
There is now generally a consensus concerning the
conservation of heritage sites from the past centuries.
But what is the situation of more recent constructions
that are the result of the formidable mutation of the
world during the last century? Is it legitimate to speak
of 20th Century heritage?
Il existe désormais un consensus relatif concernant
la sauvegarde du patrimoine des siècles anciens.
Bernard Toulier (2001, p. 86) sustains that “in no other
century has man built so much and demolished so
44
Rachele Borghi, Alessia Mariotti & Nazly Safarzadeh
Handbook on | Tourism And Recent Heritage
Encadrements | Background
Mais qu’en est-il des constructions plus récentes,
issues de la formidable mutation qu’a connue notre
monde lors du siècle précédent ? Peut-on légitimement parler de « patrimoine du XXe siècle » ?
Disons d’abord avec Bernard Toulier (2001, p. 86)
qu’en aucun siècle, l’homme n’a autant « construit…
ni tant détruit. La densité de production est écrasante, hors d’échelle avec les siècles antérieurs. Au
cours des cent dernières années, les constructions,
au caractère parfois éphémère, ont davantage transformé les paysages qu’au cours des siècles précédents. [En France,] les trois quarts du parc des logements sont construits après 1914, dont 60 % réalisés
durant les quatre dernières décennies. Le XXe siècle
est un siècle urbain […], le XXe siècle, c’est la ville ! ».
De fait, comme le souligne l’historienne de l’art
Sylvie Mazard (2005, p. 8), « l’évolution de l’architecture au cours du XXe siècle et le passage d’un urbanisme traditionnel à une nouvelle trame urbaine »
sont un phénomène mondial. « L’utilisation grandissante de l’automobile, la forte augmentation du
nombre des citadins, le manque de terrains
constructibles dans les vieux centres urbains, la
nécessité d’apporter plus de confort et d’hygiène
ainsi qu’une meilleure maîtrise des coûts et des
délais de construction » ont amené décideurs et
architectes à trouver de nouvelles solutions. Cela
vaut aussi bien pour l’utilisation de matériaux inédits que pour l’invention de formes originales.
Or, ainsi que l’écrivent Sabine Nemec-Piguet et
Pierre Baertschi (1999, p. 20) – ce dernier, conser-
much. The sheer density of buildings is overwhelming
and disproportionate with prior centuries. During the
past 100 years a vast amount of constructions, and
even sometimes ephemeral buildings, have transformed the landscape more than in any previous century.
In France three quarters of the country’s housing was
built after 1914 and 60% of these homes were built
over the past 4 decades. The 20th Century is an urban
century[…]and the 20th Century is the city!”.
The art historian Sylvie Mazard (2005, p. 8) adds “the
evolution of architecture during the 20th Century and
the transition from traditional city planning to a new
layout of the city” is a global phenomenon. “The
increased use of cars, the growth of urban inhabitants, the lack of building land in old city centres and
the need to improve comfort and hygiene standards,
as well as efficient management of construction
costs” have made it necessary for decision-makers
and architects to seek new solutions. This has led to
the use of new materials and the invention of new and
original building forms.
The writers Sabine Nemec-Piguet and Pierre
Baertschi (1999, p. 20) warn that “the time has come
to ask some questions on the future of modern
architecture as it does not yet benefit from a recognized value of age as Aloïs Riegl understands it in
his work on ‘Le Culte moderne des monuments’[…]
But what is the artistic value of certain recent
constructions? Riegl also believes that ‘every new
construction as such possesses an elementary
artistic value of the new’.
45
Manuel | Tourisme et Patrimoine récent
Encadrements | Background
vateur du patrimoine du canton de Genève –, « le
temps semble aujourd’hui venu de s’interroger sur
le devenir de cette architecture. À l’évidence, ces
objets ne possèdent pas – ou pas encore – de
valeur d’ancienneté reconnue, au sens où l’entend
Aloïs Riegl dans son ouvrage Le Culte moderne des
monuments […]. Mais que penser de la valeur d’art
que présenteraient un certain nombre d’objets
récents ? Selon Riegl, “ toute œuvre nouvelle possède déjà, en tant que telle, une valeur artistique
que l’on peut appeler élémentaire, ou simplement
valeur de nouveauté ”. À cet égard, la production
architecturale récente comprend un certain nombre d’objets-symboles, représentatifs d’écoles ou
de courants significatifs de l’évolution de la pensée
architecturale. Les tendances hygiénistes, collectivistes, constructivistes, organiques, rationalistes,
brutalistes, postmodernistes, high tech, pour ne
relever que quelques-unes de celles qui ont marqué
le siècle écoulé, ont laissé des traces. Or, ajoutent-ils
(ibid., p. 24), “ l’évolution des usages et des modes de
vie quotidiens conduit en général à une redéfinition
des espaces existants, afin de répondre à de nouveaux besoins […]. Souvent, bien qu’il ne se soit pas
écoulé plus de cinquante ans depuis sa construction,
un bâtiment peut être considéré comme obsolète
face à de nouvelles pratiques sociales ou à des
enjeux financiers ou économiques” ».
Les mêmes auteurs soulignent (ibid., p. 26) que
« les recherches que les architectes du XXe siècle
ont menées sur l’utilisation de nouveaux matériaux
et de nouvelles techniques de réalisation constituent l’un des aspects caractéristiques de cette
46
Certain recent buildings carry symbolic identity
representing the evolution of various currents of
architectural thought and tendencies such as the
collectivists, constructivists, organic, post-modern,
rationalists, high-tech to mention only a few that
characterize our era and have left a trace. However,
the ‘evolution of habits and daily life lead to a redefinition of existing space in order to respond to new
needs […] Often, even before 50 years have elapsed
since its construction, a building may be considered
as obsolete in the face of new social custom or new
financial or economic stakes’ (p. 24).
The same authors state that “the research that
architects of the 20th Century have carried out
on the use of new materials and construction
techniques is a characteristic of the period. It so
happens that these materials which often
include concrete, metal, glass or wood are so
severely altered after only a few decades, that
they invariably need refurbishing” (p. 26). It is
now manifest that more recent buildings of the
past few decades need to be considered with the
same criteria with which older monuments have
been preserved. In 1991 the Council of Europe
voted a “Recommendation concerning the protection of architectural heritage of the 20th
Century” in which it is stated that “the value of
the abundant and varied construction of 20th
Century architecture, both traditional and
modernist, is recognized only in cases of works
of certain pioneers. It is therefore necessary to
promote a more in- depth knowledge and better
understanding of this heritage by clarifying its
Rachele Borghi, Alessia Mariotti & Nazly Safarzadeh
Handbook on | Tourism And Recent Heritage
Encadrements | Background
période. Or, après plusieurs décennies, les composants, qui sont fréquemment en béton, en métal,
en verre ou encore en bois atteignent des degrés
d’altération, voire un état de vétusté, qui nécessitent immanquablement des interventions ».
specific qualities as well as the wealth and diversity of its components.
Bernard Toulier (2006, p. 3-5) notes that there is “a
three-fold issue:
Il y a là, selon Bernard Toulier (2006, p. 3-5), « un
triple enjeu :
• an issue of knowledge […]: the interesting thing
about the 20th Century is that today we still live
in this environment. It is not archaeological […],
the buildings are not abandoned […]. The buildings have a direct dimension which allow us to
have a historical approach to it which does not
only concern the intellectual aspect but also
addresses a level of sensibility […] ;
• a social issue […]: the factor which legitimizes
heritage is the level at which local inhabitants
relate to it because they live with it. It is the
inhabitants who constitute the heritage or not.
One relies on the knowledge about this heritage
but, above all, it is a question of the sensibility of
the local inhabitants that invest the sites with the
intrinsic values of these living areas […] ;
• an economic issue […]: is to integrate these sites
into the economic development of the city in an
evolution towards the 21st Century […]. One must
really consider this heritage in the context of a
genuine city plan and urban development”.
• un enjeu de connaissance […] : l’intérêt du XXe
siècle, c’est qu’aujourd’hui on y vit encore. Ce
n’est pas un patrimoine archéologique […], ce ne
sont pas des bâtiments vides […]. Il y a une
dimension directe qui permet d’avoir une approche patrimoniale [qui] ne touche pas uniquement l’intellectuel mais aussi le sensible […] ;
Such considerations must also address certain fundamental questions. At the start of the new millennium, Patrice Béghain (2001, p. 45) asked “can we
already classify heritage of the 20th Century?
Should the cities and buildings we live in, the infrastructure we use, in short, the space and material
that constitute the framework of our lives, already
C’est dire qu’il y a depuis quelques décennies une
prise de conscience de la nécessité de prendre en
considération ces édifices du siècle dernier comme
on l’a fait jadis pour des constructions plus anciennes.
En 1991, le Conseil de l’Europe a ainsi voté une
Recommandation relative à la protection du patrimoine architectural du vingtième siècle dans
laquelle on peut lire ces mots : « La production
architecturale abondante du XXe siècle, hétérogène
en raison d’aspects à la fois traditionalistes et
modernistes, ne se voit reconnaître une valeur
patrimoniale que dans les œuvres de quelques-uns
de ses pionniers. Il s’avère donc nécessaire de susciter une meilleure connaissance et une meilleure
compréhension de tout ce patrimoine, en mettant
en évidence les qualités, la richesse et la diversité
de ses composantes ».
47
Manuel | Tourisme et Patrimoine récent
Encadrements | Background
• un enjeu social […] : ce qui légitime le patrimoine, c’est d’abord l’appropriation par les habitants qui vivent dans les lieux. Ce sont eux qui
font le patrimoine ou qui ne le font pas. On s’appuie sur les connaissances, mais c’est d’abord
la sensibilité des gens qui fait les véritables
valeurs patrimoniales de ces lieux de vie […] ;
• un enjeu économique […] : l’enjeu est d’abord
d’intégrer ces lieux dans le développement économique de la ville, dans un développement
pour le XXIe siècle […] Il faut vraiment que l’on
puisse considérer ce patrimoine contemporain
dans un véritable projet urbain de développement ».
Une telle prise en considération ne va pas sans
poser des questions fondamentales. Au moment de
l’entrée dans le nouveau millénaire, Patrice
Béghain (2001, p. 45) s’interrogeait en ces termes :
« Peut-on d’ores et déjà constituer l’architecture du
XXe siècle en patrimoine ? Ces villes où nous vivons,
ces maisons que nous habitons, ces équipements
que nous fréquentons, bref l’espace et la matière
qui sont le cadre de notre vie sont-ils […] déjà rendus à l’état de mémoire ? S’il en allait ainsi, ne
seraient-ce pas les formes mêmes de notre existence qui se trouveraient frappées d’obsolescence,
comme si entre le vertige du futur et l’aspiration
dans le grand trou noir du passé, il n’y avait plus de
place pour vivre, pour être au monde dans la sécurité et la stabilité d’un monde qui nous appartiendrait ? […]. Voilà qu’on nous demande de considérer
dans ce qui nous entoure, dont nous usons chaque
jour, non plus seulement la valeur d’usage mais,
48
be transformed into a state of memory? If this is the
case, would the forms of our lives not become
obsolete by projecting us into a sort of black hole
between the past and the future without a place to
live in the security and stability of a world which
belongs to us? Are we being asked to consider the
surroundings that we inhabit not only as a value of
usage but immediately too, as a value of the past, as
if the generations of the future are already pushing
us into the past…”.
1.2.5 Heritage as an economic resource
Let us explore the connections between local development and the “common asset”. It is today widely
accepted that heritage constitutes an economic
resource for a given territory. Heritage in the form of
monuments, museums, city centres, local know-how
or festivals is now considered to be a direct source of
income when it generates a flow of tourists and
consolidates the local economy. It is also seen as an
indirect resource when the quality of the urban environment constitutes a certain quality of life and profers attractiveness of the territory thanks to the presence of remarkable architecture or city planning.
Recent studies have confirmed the legitimacy of a
French study carried-out in 2008 under the title a
“national study on the economic and social impact of
heritage sites” (2009, p. 25) which highlights that this
phenomenon can generate up to twenty times more
than public investment funds. The same study claims
that “in France, direct income generated by monuments and heritage sites accessible to the public
(€ 500 million) is twice the amount of the state’s
Rachele Borghi, Alessia Mariotti & Nazly Safarzadeh
Handbook on | Tourism And Recent Heritage
Encadrements | Background
sans plus attendre, la valeur d’ancienneté, comme
si, de la sorte, insidieusement, les générations à
venir nous poussaient déjà dans le passé… ».
1.2.5 Le patrimoine comme ressource
économique
Examinons maintenant les liens entre le développement local et ce « bien commun ». Le sentiment
est aujourd’hui largement répandu que le patrimoine constitue une ressource économique pour
un territoire. Une ressource directe, quand l’offre
patrimoniale – monuments, musées, ensembles
urbains, savoir-faire, fêtes… – génère un afflux de
touristes et conforte l’économie locale. Une ressource indirecte, quand la qualité de l’environnement urbain, liée à la présence d’une architecture
et d’un urbanisme remarquables, mais aussi à la
vitalité de l’offre culturelle liée à ce patrimoine,
constitue un élément de la qualité de vie et donc un
facteur d’attractivité du territoire.
Des études récentes ont confirmé le bien-fondé de
ces analyses. Par exemple, l’Étude nationale des
retombées économiques et sociales du patrimoine
(2009, p. 25), menée en France en 2008, a mis en
lumière le fait que « l’impact économique national du
patrimoine est […] plus de vingt fois supérieur à ce
qu’il mobilise comme dépense publique d’investissement » (toutes collectivités publiques confondues).
Au passage, la même étude souligne que « le montant des recettes directes générées par les monuments et les sites protégés ouverts au public (plus de
cinq cents millions d’euros) est [en France] deux fois
annual budget attributed to works of restoration and
upkeep of these monuments”.
Another study carried out in 2004 focusing on the
attractiveness of French regions, underlines the
fact that there is “a marked correlation between
cultural employment per capita and the volume of
GDP per inhabitant (0.8): the standard of living and
the level of cultural development increase simultaneously, with only some rare exceptions.
Conversely, “the regions that have progressed
more slowly during the past twenty years, are those
where the weight of cultural activities has also progressed more slowly” (quoted in Greffe and Pflieger
2009, p. 247).
The economist Xavier Greffe (2003, p. 16) states that
“one must also take into account the fact that heritage is an integral part of an “ecosystem” of “interdependence of life values, usage and behaviour […].
Therefore, the value of the heritage site that is
drawn from the benefit that it offers, reinforces the
value that it is attributed, and vice versa”. Patrice
Béghain (1998, p. 44) adds that “All the actors, decision-makers and investors of this ecosystem must
be aware of the different approaches to heritage
sites, namely, that the objective is not exclusively
the source of income but the construction of a relationship between the individual and the collective”
of a shared heritage. Those in favour of conservation, be they experts or militant associations, must
evaluate the best possible guarantee of survival of a
given heritage site or building so as to include it in
the social and economic context at stake in our age.
Xavier Greffe (2003, p. 16) adds that “the promotion
49
Manuel | Tourisme et Patrimoine récent
Encadrements | Background
supérieur au budget consacré annuellement par
l’État aux travaux de restauration et d’entretien de
ces mêmes monuments ».
Une autre étude, datée de 2004 et portant sur l’attractivité des régions françaises, a souligné qu’il
existe « une corrélation marquée entre l’emploi culturel par tête et le PIB en volume par habitant (0,8) :
les niveaux de richesse et de développement culturel
s’élèvent de pair, à quelques exceptions près » ; a
contrario, « les régions ayant progressé le moins vite
au cours des vingt dernières années sont celles où le
poids des activités culturelles a lui aussi progressé le
moins vite » (Greffe et Pflieger, 2009, p. 247).
Pour autant, il convient de prendre en compte le
fait que, comme le dit l’économiste Xavier Greffe
(2003, p. 16), le patrimoine constitue un « écosystème », qui « repose en effet sur l’interdépendance
des valeurs d‘existence et d’usage et des comportements […] Ainsi, la valeur d’usage du patrimoine,
retirée de la qualité des services qu’il offre, renforce la valeur d’existence qui lui est prêtée, et
réciproquement ». C’est dire que, dans cet écosystème, il importe que tous les acteurs aient bien à
l’esprit les différentes approches de l’objet patrimonial : en clair, que les décideurs et investisseurs
n’oublient pas, comme l’écrit Patrice Béghain
(1998, p. 44), que « sa finalité n’est pas le tiroircaisse, mais la construction d’une relation individuelle et collective » à un héritage commun. Et
que, de leur côté, les partisans de la conservation –
experts ou militants associatifs – mesurent que la
meilleure garantie de survie d’un objet patrimonial
est de l’inscrire pleinement dans les enjeux écono-
50
of heritage is an important objective of contemporary society” and that “it is at a crossroads of great
expectations”. “The two major factors arising from
the contemporary economic and social environment that reinforce this keen interest, are the
necessity of creating jobs and that of affirming the
originality and the quality of products and services
in a progressively globalized world where the tendency is to trivialize heritage sites and the everincreasing pressures of national and international
competition.” Furthermore, “universal interest in
the enhancement of heritage testifies to the will of
various territories to protect their historical assets
in order to affirm their identity and to transform this
into a resource for development. UNESCO projects
confirm that, in general, the needs and means
engaged vary according to the country or the region
whether financial resources are available or not”.
Xavier Greffe asks whether “the term enhancement of
heritage presupposes a harmful economic or financial
approach as opposed to the traditional definition of the
value of heritage as a source of varied social contribution. This view is not refuted but can be extended each
time heritage contributes to the artistic, educational
or social development of the community, it is a source
of aesthetic, cognitive and living values. The creation
of such values imply economic momentum and to
ignore it would lead nowhere. It is one thing to admit
that the logic of this production is not necessarily an
economic factor and it is another to ignore the possible repercussions on the economy […]” (p. 13).
The economist notes that “heritage sites seem to
be substantially absent from traditional economic
Rachele Borghi, Alessia Mariotti & Nazly Safarzadeh
Handbook on | Tourism And Recent Heritage
Encadrements | Background
miques et sociaux de notre temps, quitte à ce qu’il
doive, partiellement ou non, « gagner sa vie ».
Si l’on admet, avec Xavier Greffe (2003, p. 13), que
« la valorisation du patrimoine est un objectif
important des sociétés contemporaines » et que
« le patrimoine se retrouve aujourd’hui à la
conjonction de nombreuses attentes, sans doute
plus nombreuses que jamais », force est de reconnaître que « deux évolutions majeures de l’environnement économique et social contemporain viennent renforcer cet intérêt : la nécessité de créer de
nouveaux emplois et celle de mieux affirmer l’originalité et la qualité des produits et des services,
dans un monde globalisé où les tendances à la
banalisation et les pressions dues à la compétition,
nationale comme internationale, sont des plus
vives ». Et notre auteur d’ajouter (ibid., p. 16) : « Cet
engouement pour la valorisation du patrimoine,
devenu quasi-universel, témoigne de la volonté des
différents territoires de protéger leurs atouts historiques pour affirmer leur identité et d’en faire
une ressource pour leur développement. Les motivations, comme les moyens utilisés, changent d’un
pays ou d’une région à l’autre, mais ce mouvement
est général, aussi bien pour ceux qui en ont, a
priori, les moyens financiers que pour les autres,
tant au niveau infranational que national ou international, comme les actions menées par l’UNESCO
l’attestent ».
« Sans doute », fait observer Xavier Greffe (ibid., p.
13-14), « le terme de valorisation oriente-t-il vers
une approche économique ou financière, ce qui
discourse. Whereas current economic analysis
exists to study manufactured, reproducible, substitutable and competitive merchandise, monuments
and stereotypes of historical heritage resources
seem to be treated as an exception assuming that it
is neither reproducible nor substitutable. This obstacle can be bypassed if one considers that heritage
is not only a monument or an inherited collection
from the past but also an ENSEMBLE of annex services that can be produced, such as artistic, educational or leisure activities, and as such, a source of
satisfaction and usefulness. To think in terms of
“heritage services” allows one thus to build a real
heritage economy […]” (p. 15).
Xavier Greffe concludes that “Economists and
managers of heritage sites must respect the autonomy of the logic of heritage-related issues and
analyse the economic dimensions” (p. 14).
1.2.6 Heritage tourism, a “new frontier”?
A few years ago Jean-Paul Bret (2006, p. 1) mayor of
Villeurbanne and Vice-president of the Grand Lyon
city plan, was invited to talk on the theme of transforming the 1930 “skyscrapers” designed by Môrice
Leroux, into a tourist attraction. During his speech
on “Created Utopias” he said “To say that metropolis’ are conducting a fierce competition is a euphemism. There is a rival race to adopt ideas and audacity to attract tourism. Our ambition is to invite the
public to discover and we have to promote originality, make our propositions visible to future visitors
and allow the inhabitants, who are often the first
51
Manuel | Tourisme et Patrimoine récent
Encadrements | Background
peut sembler critiquable, notamment au regard
d’une définition traditionnelle qui accorde au patrimoine une valeur en soi, indépendamment de ses
différentes contributions à la société. Cette position respectable n’est pas ici remise en cause mais
elle doit être élargie : chaque fois que le patrimoine
contribue au développement artistique, éducatif ou
social de nos sociétés, il est source de valeurs
esthétique, cognitive ou d’existence… Or, aussi
indifférente qu’elle peut être au départ à la logique
économique, la production de telles valeurs implique des mouvements économiques et les ignorer
pourrait conduire à de véritables impasses : une
chose est d’admettre que cette logique de production ne relève pas nécessairement du domaine économique, autre chose serait d’en ignorer les effets
sur l’économie […] ».
Au passage (ibid., p. 15), l’économiste relève que « le
patrimoine semble absent du discours économique
traditionnel. Alors que l’analyse économique est
apparue pour étudier des biens produits, reproductibles, substituables et concurrents, les monuments,
stéréotypes de la ressource patrimoniale, apparaissent d’emblée comme une exception, n’étant a priori
ni reproductibles ni substituables. Cet obstacle peut
être dépassé si l’on considère que le patrimoine est
non seulement un monument ou une collection hérités du passé mais aussi l’ensemble des services
annexes qu’il est possible de produire (artistiques,
cognitifs, de loisirs…) et donc des satisfactions et utilités générées. Raisonner en termes de services
patrimoniaux permet ainsi de construire une véritable économie du patrimoine […] ».
52
opinion leaders, to subscribe to our projects. Bruno
Jan (2006, p. 7), a professional in the domain of tourism engineering and specialist in urban tourism,
added that “more and more cities are becoming
tourist destinations and it is battle to continue to be
identified as an attractive tourist destination. The
competition is mainly delivered on the basis of the
cultural attractiveness of a city and this is a major
factor for any city with tourist ambitions. Culture is
the primary motivation of tourism in cities. It is particularly interesting to observe that cultural tourism
is by no means a prerogative of an older population
but also very sought after by a young population
that massively visit these cities. Tourists seek three
types of cultural offers. First and foremost, tangible
or intangible cultural heritage sites, followed by the
arts which may include cultural events and then,
creative activities such as design, fashion, modern
architecture which brings them a contemporary
view of the city in question”.
Bruno Jan also stresses that the evolution of tourist
practices should encourage professionals to consider the mutations of the specific needs of “urban
tourists”. “Heritage sites and cultural events can
potentially be frequented by increasing numbers of
tourists on the condition that these correspond to
their expectations. Apart from their wish to learn,
they mainly expect to live an experience. Sites must
therefore be well organized with optimum infrastructure and quality reception facilities that respect the site itself especially when it is inhabited
and with a strong staging concept that composes
with the spirit of the environment” (p. 6). For examRachele Borghi, Alessia Mariotti & Nazly Safarzadeh
Handbook on | Tourism And Recent Heritage
Encadrements | Background
Enfin (ibid., p. 14) : « Les économistes comme les
gestionnaires du patrimoine devront donc à la fois
respecter l’autonomie des logiques du patrimoine
et analyser leurs dimensions économiques ».
1.2.6 Le tourisme patrimonial, une
« nouvelle frontière » ?
Invité il y a quelques années à s’exprimer sur la
« mise en tourisme » des « Gratte-Ciel », cet
ensemble urbain construit dans les années 1930
par Môrice Leroux, le maire de Villeurbanne et
vice-président du Grand Lyon, Jean-Paul Bret,
relevait, en présentant le projet des « Utopies réalisées » (2006, p. 1) : « Dire que les métropoles se
livrent une forte concurrence est un euphémisme.
De bonne guerre, elles rivalisent d’idées et d’audace dans leur offre touristique. Enrichir les invitations à la découverte, rechercher l’originalité, rendre nos propositions visibles aux futurs promeneurs, permettre aux habitants – souvent les premiers prescripteurs – de prendre leur place dans le
projet, telle est notre ambition ». Professionnel de
l’ingénierie touristique, spécialiste du tourisme
urbain, Bruno Jan (2006, p. 7) enchérissait : « De
plus en plus de villes sont des destinations touristiques et il convient de se battre pour continuer à
être repéré comme destination touristique urbaine.
Le combat se fait en grande partie au niveau de
l’attractivité culturelle de la ville. C’est un enjeu
majeur pour une ville qui a une ambition touristique. Il faut savoir que la culture constitue la première motivation des séjours urbains. Cette motivation culturelle est intéressante parce qu’elle
ple, when visiting a residence, tourists will appreciate meeting with local inhabitants at a certain
point of the visit. “The building has retained its residential function and presents added value which is
a crucial element for the urban tourist who is not
there to spoil the site but to meet the inhabitants,
an organized but respectful exchange” (p. 6).
Bernard Toulier, a specialist in heritage conservation (2001, p. 87) says “As opposed to earlier buildings, most 20th Century constructions retain their
original use and are still lived in. It is therefore with
the inhabitants that we can transmit the heritage.
20th Century heritage is not only the most recent
archaeological strata of cultural heritage. Heritage
is a collective affirmation which allows us to have a
new vision of the contemporary world by the means
of the environment of each citizen’s life-style”. In
his opinion it is the reason for which “we must promote operations to enhance this architecture […]
“The protection of 20th Century heritage has to be
obtained by the means of projects capable of ensuring its transmission in a creative life-giving form
and not only as a simple act of conservation” (p. 95).
1.2.7 “Tourism and heritage”, a fertile interaction
Because heritage can be regarded as an economic
resource of a given territory and constitutes an
invaluable means to develop a sense of local social
cohesion, it is important that it is considered in the
light of a project to nourish and ensure its future.
Heritage is an extremely effective vector to promote
transversal approaches to the development of a
53
Manuel | Tourisme et Patrimoine récent
Encadrements | Background
n’est pas l’apanage de touristes d’âge mûr, mais
elle est également recherchée par une population
jeune qui fréquente massivement la ville. Les
attentes de cette clientèle s’établissent autour de
trois grands types d’offres culturelles. Le patrimoine, tout d’abord, qu’il soit matériel ou immatériel ; les arts en général, qui englobent notamment
les événements culturels ; et puis […] toutes les activités de création, comme le design, la mode, l’architecture moderne qui amènent un regard très contemporain sur la ville ».
Toutefois, en analyste subtil des évolutions des pratiques touristiques, notre expert soulignait aussi
qu’il appartenait aux professionnels de prendre en
compte les mutations de la demande et les spécificités des « touristes urbains » : « Pour les sites et
événements culturels, la clientèle touristique est un
public qui peut potentiellement être nombreux et
générer des fréquentations importantes pour chaque site. À une condition toutefois : que chacun d’entre eux réponde finement aux attentes des touristes.
À côté du désir d’apprendre, la motivation principale
est avant tout de vivre une véritable expérience. Cela
veut dire que les sites doivent être organisés à la
visite, avec des infrastructures d’accueil performantes qui respectent le site (surtout lorsqu’il est
habité) mais surtout avec une scénarisation très
forte, qui s’accorde là aussi avec l’esprit du lieu ».
D’où l’intérêt qu’offrent aujourd’hui, par exemple,
les visites qui ménagent, à un moment ou à un autre,
une rencontre avec les habitants. C’est évidemment
particulièrement le cas pour les découvertes des
grands ensembles d‘habitations : « Ce patrimoine »,
54
given territory in spite of the numerous (sectorial)
actors that may interplay. One often speaks of the
“enhancement of heritage” and this is precisely the
opportunity to note that heritage has a relatively
easy circulating value which combines the symbolical, aesthetic, spiritual and the commercial
aspects. For this reason, the importance of a wellmanaged governance of a heritage site can facilitate the cooperation between various actors such
as the decision-makers, technicians, the local citizens or associations. It is undeniable that we are
witnesses to a double phenomenon of the transformation of territories into heritage sites and vice
versa. Projects of urban development or the
conservation of heritage sites are by no means an
antinomy as long as the dimension of a “common
asset” is well understood and not considered as
mere ruins of past to be piously saved under a glass
bell but rather as a set of cultural, economic and
social resources.
The transformation of a heritage site into a tourist
attraction demands the utmost rigour and quality,
especially in the case of 20th century heritage where
the atypical nature of these constructions in comparison to what is generally considered as traditional
historical monuments.The qualities that a successful site must include are clear communication for
the visit, quality offers that will be diverse and original, quality tourist mediation, services and superstructure of the surroundings which include transport, hotels, restaurants, shopping and leisure facilities. Furthermore, specialized and educated visitors must share a common quest for original, inteRachele Borghi, Alessia Mariotti & Nazly Safarzadeh
Handbook on | Tourism And Recent Heritage
Encadrements | Background
commente Bruno Jan, « a conservé sa fonction résidentielle. C’est une valeur ajoutée qui est déterminante pour le touriste en ville. Il ne vient pas là pour
dénaturer les sites, mais rencontrer et échanger
avec les habitants, un échange concerté et un
échange respectueux » (ibid, p. 6).
Quoique venant d’un autre horizon professionnel
– celui de la conservation du patrimoine –, Bernard
Toulier (2001, p. 87) ne dit pas autre chose :
« Contrairement à la majorité des édifices antérieurs,
les constructions du XXe siècle conservent encore le
plus souvent leur usage d’origine, sont encore vivantes et habitées. C’est avec leurs habitants que nous
pourrons tous ensemble en transmettre l’héritage. Le
patrimoine du XXe siècle n’est pas seulement la dernière strate archéologique de l’héritage culturel. Le
patrimoine est un acte collectif : il appelle un nouveau
regard sur le monde contemporain par une appropriation du cadre de vie de chaque citoyen ». C’est la
raison pour laquelle, à ses yeux (2001, p. 95), « il faut
aujourd’hui multiplier les opérations de promotion et
de valorisation de cette architecture […] La sauvegarde du patrimoine du XXe siècle passe toujours par
l’élaboration d’un projet capable d’assurer la transmission de l’héritage : c’est un acte de création et de
vie, et non un simple acte de conservation ».
resting and solidly prepared offers that will be validated by experts. Bernard Toulier (2006, p. 5) reminded the promoters of the “Realization of Utopias”
project that “the key to the success of such a project
resides in its excellence. I honestly believe that it is
not worth going forward if you do not want to be topnotch nationally or internationally”.
According to André Micoud “we are born from that
which has preceded us” and we must therefore
acknowledge that heritage is a “common asset”
which allows us to build the future of a territory. ■
1.2.7 « Tourisme et patrimoine »,
une tension féconde
Parce que le patrimoine peut être une ressource
économique pour le territoire, et parce qu’il peut
constituer un précieux outil pour développer au
55
Manuel | Tourisme et Patrimoine récent
Encadrements
sein d’une population le sentiment d’appartenance,
il importe de le prendre en compte non comme une
charge qu’imposerait le respect compassé d’un
héritage dévitalisé, mais comme un atout pour
nourrir le projet que le territoire entend élaborer
pour mieux assurer son avenir.
Le patrimoine constitue en effet un des vecteurs les
plus efficaces pour favoriser, au-delà des multiples
approches sectorielles qui se juxtaposent, une
approche transversale d’un projet territorial. On
parle souvent de « mise en valeur » du patrimoine ;
c’est l’occasion de noter que le patrimoine circule
aisément d’une valeur à l’autre, la valeur esthétique
comme la valeur symbolique, la valeur spirituelle
comme la valeur marchande… C’est pourquoi, à
l’échelle d’un territoire, une gouvernance maîtrisée
du patrimoine peut faciliter la coopération entre les
différents acteurs : les « maîtres d’ouvrage » (les
décideurs) ; les « maîtres d’œuvre » (les techniciens) ; les « maîtres d’usage » (les citoyens, réunis
ou non en collectifs – voir les associations).
La tension entre « tourisme » et « patrimoine » sur
laquelle nous réfléchissons ici ne peut pas faire
l’impasse sur ce double phénomène de « patrimonialisation du territoire » et de « territorialisation
du patrimoine » : il n’y a pas antinomie entre le
projet de développement urbain et la sauvegarde
du patrimoine, dès lors que l’on intègre la dimension du « bien commun », non pas comme un vestige des siècles passés à conserver pieusement
sous sa cloche, mais comme une ressource à la
fois culturelle, économique et sociale.
56
Pour autant, il faut être conscient que la « mise en
tourisme » du patrimoine – d’autant plus quand il
s’agit, comme pour l’architecture du XXe siècle,
d’objets patrimoniaux « décalés » par rapport à la
représentation dominante du « monument historique » – requiert une exigence de qualité. Qualité
intrinsèque des sites retenus ; qualité du discours
patrimonial accompagnant la visite ; qualité (mais
aussi diversité et originalité) des offres proposées ;
qualité de la médiation mise en place ; qualité, bien
sûr, des services proprement touristiques environnant les sites (hôtellerie, restauration, shopping,
loisirs, transports, etc.). Pour reprendre la terminologie des professionnels du tourisme, qu’il
s’agisse du public « spécialisé » ou du public
« éclairé », on sait qu’ils partagent une même
recherche d’offres originales et intéressantes, aux
contenus solidement construits et validés par les
experts. Comme le rappelait Bernard Toulier (2006,
p. 5) aux promoteurs du projet « Utopies réalisées », « la clé de la réussite d’un tel projet réside
dans l’excellence. Je crois que ce n’est pas la peine
de continuer si vous ne voulez pas être au ‘top’ au
niveau national ou international ».
Si, comme le dit le sociologue André Micoud, (1994),
nous procédons de ce qui nous précède, alors il
nous faut prendre acte que le patrimoine, c’est du
« bien commun », et que ce « bien commun » nous
aide à construire l’avenir d’un territoire. ■
Rachele Borghi, Alessia Mariotti & Nazly Safarzadeh
xx
Quartier des Habous, Casablanca - Maroc
xx
Source : Casamemoire, 2011
xx
Place des Martyrs , Alger - Algérie
xx
Source: Aïcha El Beloui pour Casamemoire, 2010
Handbook on | Tourism And Recent Heritage
II La Foire Aux Questions | Frequently Asked Questions
2.1 Qu’est-ce que le tourisme?
2.1 What is tourism?
Dès le dernier tiers du XVIIIe siècle, les premiers
touristes, de jeunes nobles britanniques, étaient
incités par leurs parents à voyager à travers
l’Europe. Le but de ces voyages appelés « Grand
Tour » (d’où le terme tourisme) était de peaufiner
l’éducation de ces jeunes hommes et d’en faire des
gentlemen. Ils découvraient le continent européen
et s’instruisaient, notamment à des pratiques qui
« distinguaient », comme l’escrime et l’équitation.
Ils étaient intéressés par les vestiges du passé, les
monuments anciens, de l’Antiquité à la
Renaissance. C’est pourquoi ils se dirigeaient le
plus souvent vers l’Italie, visitant Rome, Naples,
mais aussi la Grèce, et Istanbul dès le XIXe siècle. A
la même période, « The Tour » a été imité par de
jeunes aristocrates européens. Les guides de
voyage virent le jour ainsi que les premières stations balnéaires au Royaume-Uni. Puis, les nouveaux moyens de locomotion tels que le train et
l’automobile (et les navires modernes pour les traversées et les croisières), mais aussi les premières
agences de voyages ont permis l’émergence de
nouveaux lieux touristiques. Finalement, nous
nous rendons compte que le tourisme que l’on
connaît aujourd’hui est devenu en l’espace de deux
siècles seulement un phénomène d’envergure
mondiale.
Since the last quarter of the 18th century, the first
tourists, young noble British, were encouraged to
travel across Europe by their parents. The aim of
these journeys called the “Grand Tour” and from
which the term tourism was coined, was to improve
their education and to make gentlemen of them.
They discovered the European continent and educated themselves by learning things like fencing and
horse-riding. They were interested in ruins from the
past and monuments from Antiquity and the
Renaissance. This is why they most frequently travelled to Italy, visiting Rome, Naples but also
Greece and Istanbul in the 19th century. At about
the same time, “The Tour” was also taken up by
young European aristocrats. Travel guides started
being published and seaside resorts became popular in the United Kingdom. Subsequently, new
means of locomotion such as the railway and cars
plus the existence of travel agencies led to the
emergence of new tourist destinations. Tourism, as
we know it today, has become a major global phenomenon only over the past two centuries.
Si certains le définissent comme une activité économique, multisectorielle ou simplement comme
un loisir, il peut être appréhendé de différentes
manières. Par exemple, la définition de
Although some regard tourism as a multi-sector
economic activity or as leisure, it can however be
understood in various forms. The World Tourism
Organisation defines tourism as “activities carried
out by travellers during their sojourn in places outside their normal environment for a period not
exceeding a year, for their leisure, for business or
for reasons other than a compensated professional
activity in the place they are visiting”. Some ques-
59
Manuel | Tourisme et Patrimoine récent
II La Foire Aux Questions | Frequently Asked Questions
l’Organisation Mondiale du Tourisme retient « Les
activités déployées par les personnes au cours de
leurs voyages et de leurs séjours dans les lieux
situés en dehors de leur environnement habituel
pour une période consécutive qui ne dépasse pas
une année, à des fins de loisirs, pour affaires et
autres motifs non liés à l’exercice d’une activité
rémunérée dans le lieu visité ». Certains chercheurs remettent en question l’inclusion dans sa
définition de voyage d’affaires ou des voyages à
caractère religieux tels que le pèlerinage et lient le
tourisme surtout à l’agrément. Ainsi, ils préfèrent
décrire le tourisme comme un système articulant
des acteurs, des pratiques, des lieux et permettant
à ses adeptes de se déplacer dans un but de
recréation*, loin du lieu de vie habituel. Le tourisme est donc toujours une action qui implique
une délocalisation et une relocalisation dans un
espace/temps différent.
2.2 Quelle est la différence entre un touriste et
un excursionniste ?
Le touriste se distingue de l’excursionniste par la
durée de son séjour. Selon la définition de l’OMT
(Organisation Mondiale du Tourisme – UNWTO),
l’excursionniste reste moins de 24 heures dans le
lieu visité et le touriste effectue un séjour allant de
24 heures à 12 mois. La caractéristique principale
de l’excursionniste est donc celle de ne pas dormir
sur place. L’excursionniste n’utilise pas significativement les services réceptifs du lieu visité, mais
quitte le site en fin de journée, ce qui le fait dépenser – en général – moins d’argent sur place et il
60
tion the inclusion of business tourism and religious
pilgrimages preferring the exclusive characteristic
of leisure… thus describing this activity as a system
including actors, activities and places allowing people to move about for their pleasure and in another
environment than their own. Tourism always includes the notion of travelling away from one’s usual
abode to sojourn/stay (in time and in space).
2.2 What is the difference between a tourist and
a day-tripper?
The duration of a journey distinguishes the tourist
from the day-tripper. The UNWTO defines the daytripper as staying away no longer than 24 hours in
the visited destination as opposed to the tourist
whose stay can last between 24 hours and 12
months.
The day-tripper does not need any type of incoming
reception service and will leave the visited destination at the end of the day having spent less and
contributing less to the local economy.
Coordinators of recent developed tourism destinations disposing of little infrastructure, may prefer to
choose day-trippers as a preferred target in an initial development strategy. An inventory of statistics
concerning day-trippers is difficult to pin down and
depends largely on the geographical characteristics and means of management of the flow of tourists to a given site.
Rachele Borghi, Alessia Mariotti & Nazly Safarzadeh
Handbook on | Tourism And Recent Heritage
II La Foire Aux Questions | Frequently Asked Questions
contribue donc moins à l’économie locale. Par ailleurs, pour les jeunes destinations disposant de
peu d’infrastructures réceptives, choisir les excursionnistes en tant que public cible peut constituer
une bonne stratégie de développement initiale du
secteur. Le recensement du nombre d’excursionnistes dans une destination est très difficile et se
concentre souvent sur les caractéristiques géographiques du lieu et les modalités de gestion des flux
de visiteurs.
2.3 Quelle est la différence entre tourisme
et loisirs ?
En général, la pratique des loisirs peut s’effectuer
au quotidien et ne nécessite pas de déplacement
hors du lieu de vie habituel. Par contre, la pratique
du tourisme s’accomplit dans un lieu où l’on habite
temporairement, différent de celui que l’on connaît
au quotidien.
Selon Jean-Michel Dewailly et Emile Flament
(2000), on appelle loisir l’ensemble des occupations que l’individu choisit de pratiquer pour se
reposer, pour s’amuser ou pour améliorer sa formation ou sa culture. Les loisirs comprennent un
ensemble d’activités d’agrément, pratiquées généralement sur place ou dans des lieux proches du
lieu de résidence pour un période limitée.
Le tourisme est considéré comme étant une composante spéciale et très importante du loisir, défini
sur la base des caractéristiques des gens qui le
pratiquent et en relation avec les variables
2.3 What is the difference between tourism and
leisure?
In general, leisure activities can be carried out on a
daily basis and do not require travel beyond the
context of day-to-day life. On the other hand, tourism implies activities in an environment where one
is accommodated temporarily outside the context
of one’s usual habitat. According to Jean-Michel
Dewailly and Emile Flament (2000), leisure applies
to the series of activities engaged to relax, amuse
oneself or to extend one’s education or one’s culture. This type of activity is usually undertaken once
one has settled one’s professional and family obligations, etc.
Leisure activities can include those that are carried
out at a short distance from one’s residence for a
limited period.
Tourism is considered to constitute an important
portion of leisure activities based on the characteristics of the public practicing it and in relation to the
time/space variables that determine these activities.
“Beyond our daily lives, being a tourist implies leaving the environment of our day-to-day living environment to reside elsewhere for a determined
period. But as the aim of tourism is also a form of
recreation*, one also carries out leisure activities at
the same time. The tourist trade tends to reduce
constraints to a minimum in the form of packages
which will include meals or childcare and to dedicate the better part of the time to leisure, particu-
61
Manuel | Tourisme et Patrimoine récent
II La Foire Aux Questions | Frequently Asked Questions
espace/temps qui déterminent la pratique touristique. Rémy Knafou présente bien la situation : « Sur
le versant du hors-quotidien, être touriste suppose
de quitter son lieu de vie quotidien pour aller vivre
ailleurs temporairement. Mais, le but du tourisme
étant aussi la recréation*, on y déploie également
des activités de loisirs. Le marché touristique vise à
réduire au maximum tous les temps contraints (formule-club avec restauration, prise en charge des
enfants, etc.) et à maximiser le temps consacré aux
loisirs, de préférence marchands. Ainsi, on peut
comprendre les confusions fréquentes entre tourisme et loisir, car l’un et l’autre peuvent se déployer
sur les mêmes espaces » (Knafou 2003, p. 581).
Le tourisme se présente comme un « conteneur
possible » d’activités de loisirs délocalisées par
rapport aux lieux de résidence habituelle.
2.4 Quelles sont les motivations des touristes ?
Selon certains chercheurs, on peut définir les
motivations du touriste en quatre mots : découvertes, jeux (sport inclus), repos et rencontres. Une
autre composante importante dans l’expérience
touristique est la recherche de repères identitaires.
En effet, le touriste contemporain achète un voyage
comme un quelconque bien matériel ; par conséquent, les lieux et tout ce qui concerne l’offre touristique prennent une allure de marchandise. C’est
pour cette raison qu’il s’avère nécessaire de comprendre le public cible ainsi que ses exigences afin
de pouvoir moduler l’offre touristique sur la base
des volontés des clients. On peut distinguer diffé-
62
larly if this comprises commercial benefits. It is
therefore understandable that tourism and leisurerelated activities are sometimes subject to misinterpretation, as both can be done in the same places” (Knafou 2003, p. 581).
Tourism is a « possible box » of leisure activities in
other places than the ones in which people usually
live.
2.4 What are the different motivations of tourists?
According to certain researchers, the motivations
of tourists can be defined by the four terms of discovery, games including sport, rest and encounters.
A further and significant element in a tourist’s
experience includes his need to establish his own
identity references. A contemporary tourist buys his
trip as he would buy any other consumer good and
consequently, the place he wants to visit takes on
the criteria of any given type of merchandise. It is
for this reason that the targeted public must be
understood and their needs must be suited and
adapted to the client’s expectations.
Various types of tourists can be distinguished
according to the following elements:
• Motivation: business, religious, sport, cultural,
industrial, health, adventure, etc.
• Mode: eco-tourism, slow-tourism, etc.
• Exercise: beach or bathing, urban, mountain,
rural, etc.
• Social context: elitist, luxury, ethical, etc.
Rachele Borghi, Alessia Mariotti & Nazly Safarzadeh
Handbook on | Tourism And Recent Heritage
II La Foire Aux Questions | Frequently Asked Questions
rentes typologies de tourisme sur la base des paramètres suivants :
• Motivations : professionnelle, religieuse, sportive, culturelle, industrielle, santé, aventure, etc.
• Modalités : « vert », « doux », etc.
• Espace d’exercice : balnéaire, urbain, montagnard, rural, etc.
• Contenu social : d’élite, de luxe, éthique, etc.
Les différents types de tourisme sont aussi des
indicateurs des motivations des touristes. Ainsi les
touristes partent en voyage pour se détendre, pour
vivre une expérience nouvelle, pour l’aventure,
pour une activité physique dans la nature, pour la
culture, etc. Nombreuses sont les motivations des
touristes, les différents types de tourisme et de
touristes, voire les différentes manières d’appréhender leurs motivations. Il n’existe donc pas une
définition univoque du tourisme, sachant qu’elle
est déterminée par les caractéristiques et les motivations du touriste.
2.5 Quelques données sur le marché du tourisme
Selon l’Organisation Mondiale du Tourisme
(UNWTO 2010, p. 2), les soixante dernières années
montrent un développement continu du tourisme le
positionnant parmi les secteurs économiques les
plus importants du monde. De nouvelles destinations émergent chaque jour, en particulier dans les
pays dits en voie de développement, s’ajoutant à
celles plus traditionnelles de l’Europe et de
l’Amérique du Nord. En 2009, le tourisme international a généré 880 millions d’arrivées* internatio-
Different types of tourism indicate what tourists are
seeking. Tourists may travel in to relax, to experience something new, for the adventure, to accomplish some sort of sport in a natural environment,
for the cultural enrichment, etc. We note that there is
a vast range of reasons for which people travel, types
of tourism, types of tourists and a number of ways of
observing tourist’s objectives and that it is therefore
difficult to give a single definition to the term.
2.5 Some statistics concerning the tourist trade
According to a survey of the World Tourist
Organisation, over the past 60 years tourism has
progressed to become one of the most important
economic sectors in the world. New destinations
are being offered every day in Europe and North
America but particularly in developing countries.
In 2009, international tourism generated 880 million
international arrivals* and income of the equivalent
of € 611 billion, which in real terms is a downturn of
5.7% in comparison with 2008 due to the global economic crisis. There were however signs of a renewed increase in income in the course of the last
quarter of 2009 after 14 months of decline. The average percentage growth since 2000 and including
2009 therefore, stands at 3%.
In the long term, the UNWTO expects international
arrivals* to exceed 1.6 billion by 2020 (see
www.unwto.org).
63
Manuel | Tourisme et Patrimoine récent
II La Foire Aux Questions | Frequently Asked Questions
nales et 611 milliards d’euros de recettes, ce qui
équivaut à une diminution de 5,7% par rapport à
2008 (cette diminution paraît liée aux impacts de la
crise financière mondiale). Au dernier trimestre
2009, on note toutefois une tendance vers un retour
à l’augmentation des recettes après 14 mois de
déclin. Tout en tenant compte des résultats de
2009, la moyenne de croissance annuelle depuis
2000 est de 3%. Sur le long terme, l’OMT s’attend à
ce que les arrivées* internationales dépassent 1,6
milliard d’ici à 2020.
2.6 Comment peut-on définir le terme
« Patrimoine » ?
Proposer une définition univoque du terme « patrimoine » est difficile voire impossible. Selon l’UNESCO :
« Le patrimoine est l’héritage du passé dont nous profitons aujourd’hui et que nous transmettons aux générations à venir. Nos patrimoines culturel et naturel sont
deux sources irremplaçables de vie et d’inspiration»
(http://whc.unesco.org/fr/apropos/).
La notion de patrimoine culturel a toujours englobé
monuments et sites en tenant principalement
compte de leurs valeurs esthétiques et historiques.
Aujourd’hui, bâtiments et monuments sont aussi
considérés, préservés et mis en avant pour leurs
valeurs symboliques, sociales, culturelles et économiques. Les éléments dont le patrimoine se
compose ont une valeur importante dans la création de l’espace social et dans la fabrication des
territoires. A travers la patrimonialisation, on peut
aussi transformer l’héritage reçu en projet écono-
64
2.6 How should one define the term “heritage”?
According to UNESCO “Heritage is our legacy from
the past, what we live with today and what we pass
on to future generations. Our cultural and natural
heritage are both irreplaceable sources of life and
inspiration” (http://whc.unesco.org/en/about/).
The notion of cultural heritage has always included
monuments and sites that take into account their
aesthetic and historical value. Nowadays, however,
buildings and monuments are also considered and
preserved for their symbolical, social, cultural and
economic value.
The elements that constitute heritage, play an
important role in the creation of a social environment and in the development of a given territory.
Transforming heritage can in itself become an economic project which “determines de facto new
forms of dialogue between actors and institutions
and allows us to imagine bringing together social
groups and territories that are frequently heterogeneous or claim their specific nature. The transformation of buildings or sites into heritage attractions
is dictated by the site itself, by the territory and by
the pro-active qualities of local actors. A heritage
site illustrates the capacity of local actors and
populations to evolve and create a specific manifestation of an identity” (Loudiyi 2005, p. 480).
Rachele Borghi, Alessia Mariotti & Nazly Safarzadeh
Handbook on | Tourism And Recent Heritage
II La Foire Aux Questions | Frequently Asked Questions
mique. « Elle détermine de facto de nouvelles formes de dialogue entre acteurs et institutions. Elle
permet de penser et tenir ensemble des territoires
et des groupes sociaux qui restent souvent hétérogènes et revendiquent leurs particularités. On peut
ainsi dire que la patrimonialisation se décline selon
son objet, le territoire investi et la qualité de ses
acteurs. Elle peut, par ailleurs, être une démonstration de la capacité de la population à évoluer, à
créer une identité et une personnalité à son territoire » (Loudiyi 2005, p. 480).
2.7 Quel est le rôle du patrimoine dans la mise
en tourisme d’un territoire ou d’une ville ?
Le patrimoine, au sens large du terme, constitue une
ressource mobilisable très importante pour le développement du tourisme. D’un côté, il permet de créer
de nouveaux circuits touristiques et de l’autre côté de
mettre en valeur et de régénérer l’offre préexistante.
Cela dit, il serait dangereux de penser que l’on peut
mettre en tourisme des éléments présents sur le
territoire sans agir dans une optique systémique. En
effet, il est très important de mettre en relation l’objet patrimonial avec son contexte et avec les infrastructures et les services déjà mis en place. Gérer le
patrimoine signifie mettre en marche un processus
de croissance sociale et économique et renforcer la
compétitivité d’un territoire, car le patrimoine (culturel ou naturel) contribue à l’attrait touristique d’un
territoire. Il a un fort potentiel dans la conception du
« sens du lieu » (Rose 1993), de la perception du territoire qui influence les décisions de la population et
des pouvoirs publics locaux. Mettre en valeur signifie
2.7 What is the role of heritage in the transformation of a given territory or city into a tourist
attraction?
Generally, heritage is a very important resource for
the development of tourism. On one hand, heritage
facilitates the creation of tourist circuits and on the
other hand the enhancement and regeneration of
pre-existing offers. One must however be wary of
the dangers of transforming sites into tourist
attractions without taking into consideration issues
at a systemic level. It is crucial to relate a heritage
site or building in the context of existing infrastructure and services. To manage heritage means to
initiate a process of social and economic growth
which reinforces the competitiveness of the territory because the cultural or natural heritage contributes to its attractiveness. Transformation brings
potential to the idea of making sense of an environment. It also brings with it a renewed perception of
the territory which influences the decisions of the
population and local authorities. To enhance heritage engenders local economic value which is linked to a strategy of transforming a given site in view
of improving the lives of the local population.
2.8 How can tourism help to enhance heritage?
The preservation of heritage, its sustainability and its
transmission depends on its capacity of being integrated into the daily life of local communities. Maria
Gravari-Barbas states that “The best means of protecting heritage is for it to be lived in, occupied so that
it is invested with a function or a role in society. […]
65
Manuel | Tourisme et Patrimoine récent
II La Foire Aux Questions | Frequently Asked Questions
aussi donner une valeur économique locale liée à
une stratégie de mise en tourisme destinée à améliorer la vie de la population locale.
2.8 Comment le tourisme peut-il mettre en
valeur le patrimoine ?
La survie du patrimoine, sa pérennisation et sa
transmission, dépendent de sa capacité à s’intégrer à la vie quotidienne de la communauté locale.
En effet, en accord avec Maria Gravari-Barbas
(2005, p. 13) « Le meilleur moyen pour protéger le
patrimoine c’est de l’occuper, de lui attribuer une
fonction, de lui accorder un rôle dans la société,
bref, de l’habiter. [...]. Habiter au sens propre, y
vivre, mais aussi habiter en investissant les lieux
par une fonction, par un projet, par une œuvre
artistique, par l’esprit ou par l’imaginaire. [...] La
vacance c’est le problème principal auquel le patrimoine doit faire face aujourd’hui ».
Le tourisme peut représenter un outil pour valoriser
les centres urbains ou redonner vie à des quartiers
délaissés. De plus, il faut prendre en considération
le risque de mettre en place un processus de régénération urbaine qui facilite l’appropriation des lieux
uniquement par des couches sociales plus aisées.
Très souvent les processus de régénération ont produit des phénomènes d’embourgeoisement (gentrification*) des quartiers requalifiés qui ont tendance
à limiter la coexistence typique de multiples couches sociales. Cela dit, il faut mettre en marche des
stratégies pour permettre à toute la population de
se réapproprier des quartiers de la ville.
66
Literally lived in, inhabited, but also invested with a
role or function in the framework of a project, by a
work of art, be it spiritual or imaginary […] Today,
vacancy is the greatest problem of heritage sites”
(2005, p. 13).
Tourism can be a precious instrument to help
upgrade city centres or to give a new lease of life to
abandoned districts. One must also consider,
however, the risks of the process of urban regeneration by gentrification* which opens the way to
these areas being misappropriated exclusively by
the more privileged social classes. Strategies allowing all populations to benefit from the re-appropriation of an urban environment should be encouraged. Tourism can bring renewed vitality with the
opening of shops or commercial activities, by
means of the transformation of formerly empty premises into living quarters. Places that are lived in
always increase the attractiveness of heritage environments.
Tourism contributes by “giving meaning” to heritage sites and to how they are regarded from the
outside. It is frequent that when the “universal”
identity of heritage is understood by local citizens,
they readily commit to initiatives to preserve, repair
and adapt these.
2.9 What are the interdependencies between
tourism and heritage?
“In a context of fierce competition to attract international capital, tourism and heritage are the two pilRachele Borghi, Alessia Mariotti & Nazly Safarzadeh
Handbook on | Tourism And Recent Heritage
II La Foire Aux Questions | Frequently Asked Questions
Le tourisme peut aider la récupération de la vitalité
perdue, en favorisant l’ouverture des commerces et
des activités et en retransformant des espaces
vides en espaces habités. Le patrimoine habité augmente l’attractivité d’un lieu. Le tourisme peut
aussi contribuer à former un nouveau « sens du
lieu », conçu comme étant le produit de la superposition du regard des habitants sur celui des extérieurs qui se posent sur le patrimoine. Très souvent,
la prise de conscience de la possession d’un patrimoine considéré comme « universel » – un patrimoine qui n’est donc pas simplement propre, mais
qui est exportateur de valeurs culturelles – favorise
l’engagement des citoyens pour sa conservation, sa
re-fonctionnalisation et/ou sa préservation.
2.9 Quelles sont les interdépendances entre tourisme et patrimoine ?
« Tourisme et patrimoine constituent les deux
piliers d’une politique de réhabilitation urbaine qui,
elle-même, s’inscrit au cœur d’une politique de
‘marketing’ territorial dans un contexte où les lieux
se livrent une forte concurrence pour attirer les
activités et les capitaux internationaux. Non seulement donc il n’y a pas une seule modalité de relation entre le tourisme et le patrimoine, mais ces
deux phénomènes, incessamment réactifs l’un à
l’autre, se transforment réciproquement pour donner naissance à de nouvelles modalités. Et cette
dialectique, alimentée par leurs différences, prend
tous les aspects d’une boucle qui partant de l’un,
passe par l’autre et y revient, pour être, ipso facto,
relancée : la boucle n’est donc pas, loin s’en faut,
lars of urban rehabilitation which are core issues for
‘marketing’ a territory*. Not only one system of interaction exists between tourism and heritage because
the two phenomena constantly generate new relationships as they react to and stimulate one another”
(Lazzarotti 2003, p. 98). This definition is an appropriate synthesis of the controversial relationship between tourism and heritage as a “liaison dangereuse”
but deserves to be explored. It is true that the enhancement of architectural and urban heritage sites is
progressively subject to a process of commercialization in an increasingly competitive context. It is also
obvious that when projects are appropriated by
various institutional actors, the public may risk being
left out of the picture and may be excluded from the
benefits of these operations. Projects must include
an evaluation of the reciprocal impact between heritage and tourism (of a site) when planning the transformation of a potential tourist attraction.
2.10 Is there a specificity of Mediterranean
tourism?
Tourism around the Mediterranean is an extremely
dynamic sector of activity as it is a source of
employment and wealth which is central to issues
such as the development of sustainable planning,
protection, conservation and natural resources.
The Mediterranean region is the most visited destination in the world with a ratio of close to 30% of
arrivals* against 29% of global tourism income. In
2025, the number of tourists visiting the region
could reach the 637 million mark of which 312 million along its coastal regions.
67
Manuel | Tourisme et Patrimoine récent
II La Foire Aux Questions | Frequently Asked Questions
bouclage » (Lazzarotti 2003, p. 98). Ces mots
offrent un très bon résumé de la relation très
controversée entre tourisme et patrimoine, une
« liaison dangereuse », bien sûr, mais sans doute à
explorer. En effet, la mise en valeur du patrimoine
architectural et urbain s’inscrit dans un processus
de marchandisation des lieux, dans un contexte de
plus en plus marqué pas la concurrence. Quand on
est face à une opération visant à l’appropriation du
patrimoine par les différents groupes d’acteurs
institutionnels, une partie considérable de la population risque de rester à l’écart et de ne pas bénéficier des retombées de sa mise en valeur. Il faut
savoir mettre en place une planification qui prend
en compte les différentes composantes, les
impacts de la mise en tourisme et qui est capable
de profiter du potentiel de valorisation réciproque
entre tourisme et patrimoine.
2.10 Existe-t-il une spécificité du tourisme en
Méditerranée?
Le tourisme en Méditerranée constitue un secteur
d’activité très dynamique, une source d’emplois et
de richesse, et un enjeu en termes d’aménagement
équilibré du territoire, de protection, de conservation et d’utilisation rationnelle des ressources
naturelles. La Méditerranée est la première destination touristique mondiale, réunissant près de
30% des arrivées* pour 29% des recettes mondiales. À l’horizon 2025, la fréquentation pourrait
atteindre 637 millions de touristes dans les pays
méditerranéens, dont 312 millions dans les seules
régions côtières (Theuma 2005).
68
Over the past twenty years, tourism has come to be
considered an important resource in most
Mediterranean countries. In 2006, the Mediterranean
area generated over US$ 208 billion in income from
international tourism which represented an average
expense of US$ 803 per international traveller
(http://www.planbleu.org/themes/tourism.html).
It must however be said that there is an imbalance
in the distribution of arrivals*, infrastructure, quality of reception and offer of destinations. France,
Italy and Spain are primary destinations followed by
Turkey, Tunisia and Egypt. Tourism in the
Mediterranean region does however have some
drawbacks such as its strong seasonal nature, the
heavy concentration of visitors to coastal regions,
the variability of infrastructure such as hotel capacity or public transport and political instability. For
these reasons, a number of new types of sites have
been promoted over the past 10 years and the
demand for cultural, nature, adventure tourism and
cruises is growing. Heritage thus plays a key role in
the development of the tourist trade.
2.11 Tourism revenue
The task of evaluating revenue generated by tourism is not easy due to the variability of criteria that
has to be taken into consideration. If one observes
direct revenue strictly in terms of activities related
to accommodation, one first has to analyse data
concerning what financial groups the hotels belong
to. And, to do this, one needs to evaluate likage*.
The term likage* indicates revenue which is geneRachele Borghi, Alessia Mariotti & Nazly Safarzadeh
Handbook on | Tourism And Recent Heritage
II La Foire Aux Questions | Frequently Asked Questions
Depuis au moins une vingtaine d’années, le tourisme est considéré comme étant une ressource
importante pour la plupart des pays de la
Méditerranée. Les recettes du tourisme international ont atteint plus de 208 milliards de dollars
US en 2006 pour l’ensemble des pays méditerranéens, ce qui représente une dépense moyenne
de 803 dollars US par touriste international
(http://www.planbleu.org/themes/tourisme.html.
Cela dit, il y a encore beaucoup d’inégalité dans la
distribution des arrivées*, des infrastructures
d’accueil et de l’offre. Concernant la rive nord,
France, Italie et Espagne sont les premiers
récepteurs ; quant à la rive sud, Turquie, Tunisie
et Egypte sont en tête. Le tourisme en
Méditerranée présente certains points faibles : la
saisonnalité*, la concentration sur le littoral, le
vieillissement des produits de certaines destinations du nord du bassin, les disproportions entre
les pays (en particulier en matière de capacités
d’hébergement et de transport), les tensions
géopolitiques. Pour faire face à ce genre de problématiques, depuis une dizaine d’années, beaucoup de nouveaux produits touristiques ont étés
mis sur le marché. Les touristes culturels,
d’aventure, de nature, et les croisiéristes sont de
plus en plus nombreux.
Le patrimoine culturel – ressource dont le monde
méditerranéen est extrêmement bien doté – joue
alors une importance cruciale, lorsque sa mise
en valeur est considérée comme une clé du développement du secteur.
rated by international or multinational firms in a
given country but does not stay in that country or
benefit the tourist industry of the country where the
money is generated. The revenue therefore migrates back to the country where the multinational tourism firm is domiciled and which, in certain developing
countries, can reach 75% of revenue. Income generated by tourism varies according to the behaviour of
travellers. Certain well known destinations that are
visited by mass tourism may need to modify the public
they target so as to attract fewer visitors with more
purchasing power. Typically, this concerns tourists
interested in heritage with a strong cultural connotation. Strategies adopted by decision-makers of a given
destination as to the type of travellers they want to
attract will contribute to and determine the level of
revenue generated. For example, if a destination is
characterized by domestic tourism with a concentration of holiday homes, this may generate less turnover
than an international tourist destination. On the other
hand, a destination of sustainable tourism or community tourism, will have more impact at a local level.
Public policy can strongly influence the capacity of a
given region to benefit from tourism earnings such as
tax rebates, the subdivision of administrations, knowhow in the domain of tourism management, aid programmes to companies, government guaranteed
credit facilities and the participation of public DMOs
(Destination Management Organisations)*, etc.
Tourism revenue varies according to the capacity of
companies to adapt to the sector. Recent studies
(Dallari and Mariotti 2006) have shown that where
69
Manuel | Tourisme et Patrimoine récent
II La Foire Aux Questions | Frequently Asked Questions
2.11 Les revenus du tourisme
L’évaluation de la capacité du secteur touristique à
générer des revenus n’est pas une tâche évidente,
car plusieurs variables sont à prendre en considération. Si l’on observe les revenus directs et donc
ceux strictement liés à l’activité réceptive, il faut
tout d’abord vérifier la propriété finale des entreprises hôtelières de la zone analysée. Il s’agit en
effet d’évaluer le niveau de likage* produit par la
présence des multinationales du tourisme, que
dans certains pays peuvent atteindre 75% des revenus du secteur.
Le niveau de richesse généré par le tourisme
varie aussi sur la base des comportements touristiques, voilà pourquoi dans plusieurs destinations mûres, caractérisées par le tourisme de
masse, on cherche par exemple à changer le
public cible pour attirer, à la limite, moins de visiteurs, mais capables de dépenser plus. Il s’agit
typiquement des touristes intéressés par le patrimoine et plus généralement par la culture.
Finalement, la stratégie adoptée par la destination et donc le type de public cible visé, contribuent à déterminer le niveau des recettes touristiques : par exemple une destination caractérisée
par un tourisme domestique et de résidences
secondaires pourrait en général produire une
chiffre d’affaires moins élevé que celle d’une destination de tourisme international ; une destination où l’on pratique le tourisme responsable ou
bien communautaire, aura des retombées à
l’échelle locale plus importantes.
70
regional systems are suitably integrated or where
local companies are used to sharing costs of innovation, there tends to be a better flow and fairer
redistribution of revenue.
2.12 Recent heritage and cultural tourism
2.12.1 What is cultural tourism?
It is even more difficult to define cultural tourism
than to define tourism. The concept of cultural tourism has developed mainly over the past 30 years
springing from the idea that tourism and culture
were the components of a destination and are distinct from one another (OECD 2009, p. 22). Now,
however, the relation between these two terms has
become a strategic issue in the competition of tourist destinations. It is clear that the definition of cultural tourism is based on the meaning that is given
to the word “cultural”. It can, nevertheless, be said
that “over the years, the concept of cultural tourism
has considered a wider definition of culture that
includes the performing arts, craft industry trade,
cultural events, architecture, design and, more
recently, creative activities and intangible heritage
(UNESCO)” (OCDE 2009, p. 23). If tourism concerns
such a wide range of people and events, “culture”
concerns a vast and varied array of definitions.
Culture can refer to civilization, language, traditions, writing, heritage, landscape, any given activity
or event. Cultural tourism therefore applies to the
quest for culture in all its forms in a specific region
or territory during a journey.
Rachele Borghi, Alessia Mariotti & Nazly Safarzadeh
Handbook on | Tourism And Recent Heritage
II La Foire Aux Questions | Frequently Asked Questions
Différentes politiques publiques peuvent influencer
très fortement la capacité des territoires à profiter
des bénéfices du tourisme : le régime fiscal, les divisions administratives et des compétences en matière
de tourisme, les programmes d’aide à l’entreprise, la
disponibilité de prêts à taux modérés garantis par
l’Etat, la présence de DMO* (Destination
Management Organisations) publiques, etc.
Les revenus varient aussi sur la base de la capacité
des entreprises du secteur à coopérer. Des études
récentes (Dallari et Mariotti 2006) ont en effet montré que dans les systèmes territoriaux fortement
intégrés, où les entreprises ont historiquement l’habitude de partager par exemple les coûts de l’innovation, les recettes touristiques ont tendance à être
plus élevées et leur redistribution plus équitable.
2.12 Le patrimoine récent et le tourisme culturel
2.12.1 Qu’est-ce que le tourisme culturel ?
S’il est très difficile de donner une définition univoque du tourisme, il est encore plus compliqué de
donner une définition de tourisme culturel. Cela a
beaucoup évolué au cours des trente dernières
années en passant de l’idée que tourisme et culture
étaient des composantes des destinations, largement distinctes l’une de l’autre (OECD 2009, p. 22) à
la vision actuelle où la relation entre tourisme et
culture devient stratégique dans la compétitivité
des destinations. Bien évidemment, la définition de
tourisme culturel change sur la base de l’ampleur
donnée à la signification du terme culture, mais l’on
2.12.2 The difference between cultural tourism
and heritage tourism
Discussion on the definition of the term “cultural
tourism” is very animated amongst the communities of international organizations especially as to
objectives and political consequences in terms of
various development aid plans. In a recent publication (2007) emanating from the UNESCO/UNITWIN
Network “Culture, Tourism, Development” one
observes a further definition drafted by ICOMOS:
“Cultural tourism designates the series of relationships between tourism and different forms of
cultural expression. This can include a visit to a
museum, attending a musical performance or the
theatre, viewing a beautiful landscape, participating
in a traditional feast or being hosted by local inhabitants. The scope of cultural tourism can also
include the analysis of the impact of encounters
between tourists and the local population (acculturation*, social change).
Without neglecting the anthropological aspects of
cultural contacts, the transformation of heritage
sites into sustainable tourist attractions (or heritage tourism) specifically concerns creating the
conditions for the protection, the enhancement and
the management of various types of tangible and
intangible heritage with a view to sustainable tourist development” (see Apd ICOMOS).
71
Manuel | Tourisme et Patrimoine récent
II La Foire Aux Questions | Frequently Asked Questions
peut affirmer que « progressivement le tourisme
s’est inscrit dans une vision plus générale de la culture, englobant les arts vivants, l’artisanat, les
manifestations culturelles, l’architecture et le design, et plus récemment, les activités de création et
le patrimoine immatériel (UNESCO) » (OCDE 2009,
p. 23). Si le tourisme culturel touche si largement
des lieux, des coutumes, des personnes, des événements, c’est que la « culture » elle-même retient
des définitions aussi variées qu’abondantes. On
peut parler de culture pour désigner une civilisation, une langue, des traditions, des écrits, un patrimoine, un paysage, une activité, un événement. Le
tourisme culturel implique donc une recherche de
la culture telle qu’elle se traduit sous toutes ses
formes sur un territoire lors d’un voyage.
2.12.2 La différence entre tourisme culturel
et tourisme patrimonial
Le débat sur la définition de tourisme culturel a été
très vif au sein des organismes internationaux,
surtout en ce qui concerne les buts et les conséquences des politiques promues dans les différents programmes d’aide au développement. En
particulier, dans un ouvrage récent (2008) issu des
travaux du réseau UNESCO/UNITWIN « Culture,
tourisme, développement » on peut trouver une
spécification ultérieure :
« Le tourisme culturel désigne l’ensemble des
relations entre le tourisme et les différentes formes d’expression culturelles. Il peut s’agir de visiter un musée, un site ou monument, d’assister à un
spectacle historique, musical ou théâtral, d’appré-
72
2.12.3 What is the specificity of cultural tourism?
The British “Grand Tour” proved that tourism was
originally indeed cultural. Young British travellers
wanted to discover historical sites such as Rome, to
learn languages and observe the habits of local
inhabitants. From 1930 onwards cultural tourism
took on new characteristics no longer related to
discovery or cultural activities. Motivations, destinations and clients changed. Cultural tourism can
now be the sole purpose of a journey but it can also
be an activity for rainy days when sojourning at the
seaside. One can distinguish three main types of
tourists: those interested in one particular theme,
those attracted to everything related in any way to
culture and those only occasionally tempted by cultural tourism.
When cultural tourism is the only purpose of a vacation, holiday-makers may explore a number of different activities. Cultural tourism comprises an evergrowing range of activities such as the discovery of
cities, regions, countries, visiting museums, going to
festivals or shows, tasting local gastronomy.
More and more frequently, holiday-makers who
have foreseen a sea-side, a mountain or sport orientated vacation will at certain moments diversify their
activities to include the visit to some cultural site.
Cultural tourism and other types of tourism are no
longer in contradiction with one another even if the
main motivation of a vacation is different.
Rachele Borghi, Alessia Mariotti & Nazly Safarzadeh
Handbook on | Tourism And Recent Heritage
II La Foire Aux Questions | Frequently Asked Questions
cier un paysage mais également de participer à des
fêtes traditionnelles ou de vivre chez l’habitant. Le
champ du tourisme culturel s’étend également à
l’analyse des effets culturels des rencontres entre
touristes et populations d’accueil (acculturation*,
changement social). Sans négliger les aspects
anthropologiques des contacts de culture, la ‘mise
en tourisme durable du patrimoine’ - ou plus brièvement le tourisme patrimonial - s’intéresse plus
spécialement aux conditions de protection, de mise
en valeur et de gestion des différentes formes de
patrimoine matériel et immatériel dans une perspective de développement touristique durable »
(voir Apd ICOMOS).
2.12.3 Quelle est la spécificité du tourisme
culturel ?
Le « Tour » britannique montre que le tourisme
était à l’origine culturel. En effet, ces jeunes britanniques voyageaient pour découvrir les sites historiques de Rome par exemple, apprendre les langues,
voire les coutumes locales. Dès 1930, le tourisme
culturel se diversifie et n’est plus seulement lié aux
découvertes de sites et activités culturelles. Ses
thèmes, ses destinations et ses clientèles se multiplient. Ainsi, le tourisme culturel peut aussi bien
être le but unique d’un voyage qu’une alternative
pour les jours pluvieux lors de vacances en bord de
mer. D’après Origet du Cluzeau (1998), on distingue
trois types de clientèle : les spécialistes d’un
thème en particulier, la clientèle motivée par tous
les thèmes touchant de près ou de loin à la culture
et les adeptes occasionnels du tourisme culturel.
2.13 Can one speak of urban tourism when
referring to cultural tourism?
Time spent in a city is one of the most common
forms of cultural tourism. Cities usually offer a
great concentration of so-called “cultural” activities. Only a period spent in a city allows tourists to
benefit from combining this variety of attractions
such as a visit to a museum, monuments, walks,
meals and evening shows.
“City Breaks” or urban escapades are unanimously
considered to be very important nowadays while in
the 1980’s this was only a minor niche in the tourist
market. City Breaks lasting not more than four
overnights*, usually include the discovery and
exploration of the city, of its vicinity, visits to
museums or monuments, the participation in some
sort of event but can also include shopping, walks,
taking drinks in bars and eating out in restaurants.
Cultural tourism now comprises City Breaks
without however being the principle reason for the
journey. With the exception of business trips, urban
tourism is strongly associated to cultural tourism
due to the urban activities that are available
although this generates other types of resources.
2.14 Tourism and sustainability
A growing number of regions, countries and local
authorities choose to invest in tourist development
in order to increase their national and international
competitiveness. Thanks to favourable exchange
rates in numerous countries, tourism-related activities have a remarkably beneficial economic effect
73
Manuel | Tourisme et Patrimoine récent
II La Foire Aux Questions | Frequently Asked Questions
Dans le cas où le tourisme culturel est le but principal du séjour, les vacanciers peuvent avoir des
occupations très diverses : découvrir des villes,
régions, pays, visiter des musées, participer à des
festivals, se rendre à des spectacles, goûter à la
gastronomie locale. Sachant que la « culture »
occupe un terrain toujours plus large, les pratiques
dites culturelles sont de plus en plus nombreuses.
Les vacanciers ayant prévu des séjours balnéaires,
à la montagne, sportifs ou de farniente peuvent
occuper certains moments par des séquences culturelles dans le lieu visité.
due to rapid and exponentially enriching repercussions. It must be noted, however, that almost as
many negative consequences are observed in the
case of mismanaged tourism projects due to drawbacks such as seasonal work, conflict of interests
in the use of natural resources and land, prostitution, the rise in real-estate prices, the expropriation
of traditional populations, or trivialization*, etc. For
these reasons, more and more politicians and project developers demand that solid long-term applications of sustainability be applied to tourist development schemes all over the world.
Ainsi, le tourisme culturel et les autres types de
tourisme ne s’opposent pas, même si la motivation
principale du séjour est différente.
2.14.1 What is sustainable tourism?
2.13 Quel est le rapport entre tourisme urbain et
tourisme culturel ?
Le séjour en ville est une des formes typiques du
tourisme culturel. La ville concentre généralement
une grande variété d’activités considérées comme
étant culturelles. Et seul un séjour en ville permet
de combiner en une journée une visite de musée,
d’un monument, une promenade en ville, un dîner
gastronomique et un spectacle le soir. On accorde
aujourd’hui aux city breaks, ou escapades urbaines, une place toujours plus importante alors qu’ils
ne touchaient qu’un marché de niche dans les
années 1980. Les produits des city breaks sont
généralement concentrés sur une découverte
générale de la ville et de ses environs, incluant les
visites de musées, de monuments, la participation
74
The concept of sustainable tourism was first
addressed in the 1980’s. The central question was
whether the growth of a given sector could be
managed in such a way as to guarantee the respect
of the limited resources of a territory and, simultaneously, contribute to generating benefits for local
inhabitants and the environment. In 1988, the
UNWTO defined sustainable tourism as a way of
managing “all existing resources that satisfy economic, social and aesthetic needs, to preserve cultural integrity, ecosystems, biodiversity and lifesustaining systems”.
2.14.2 Are sustainable tourism and ecotourism
synonymous?
Ecotourism and sustainable tourism should not be
confused. The first is a form of tourism such as
sport tourism, cultural tourism or adventure touRachele Borghi, Alessia Mariotti & Nazly Safarzadeh
Handbook on | Tourism And Recent Heritage
II La Foire Aux Questions | Frequently Asked Questions
à des événements, mais également le shopping, la
promenade en ville, les arrêts dans les bars et restaurants et ce, le plus souvent, pour une durée
inférieure à quatre nuitées*. Ainsi, le tourisme culturel est inclus dans les city breaks, sans pour
autant en être la seule ou principale motivation. Le
tourisme urbain de loisir – excluant ici les voyages
d’affaires – est fortement lié au tourisme culturel
pour les activités qu’une ville peut proposer, sans
omettre que cette dernière a aussi des ressources
autres que simplement culturelles.
2.14 Tourisme et durabilité
De plus en plus de territoires, de pays, de collectivités locales choisissent de miser sur le tourisme
pour accroître leur compétitivité nationale et internationale. Le tourisme est l’une des activités qui
montrent le plus rapidement ses effets positifs en
termes de retombées économiques, grâce à un très
fort effet multiplicateur de richesse et, pour de
nombreux pays, grâce à l’attrait des devises et des
prix. Mais les effets négatifs liés à une pratique non
maitrisée du tourisme sont également nombreux :
travail saisonnier, conflits dans l’utilisation des ressources naturelles, prostitution, consommation
d’espace, croissance des prix immobiliers, éloignement des populations traditionnelles locales, folklorisation*, etc. C’est pourquoi l’exigence de politiques et de projets touristiques ayant une perspective à long terme est de plus en plus ressentie à
l’échelle internationale et s’est concrétisée dans
l’application au secteur touristique des fondements
du développement durable.
rism. On the other hand, sustainable tourism can
be applied to all existing forms of tourism if the
principles of sustainable tourism are respected.
While the first definitions of ecotourism that existed
stressed the fact that the particular attraction or
site was close to the natural environment desired
by the tourist, more recent descriptions tend to
highlight a variety of principles associated to sustainable development. Nowadays ecotourism is
more likely to comprise characteristics of sustainable tourism with regard to the impact this activity
can have on the local economy, society and the
environment.
2.14.3 What are the characteristics of sustainable
tourism?
Sustainable tourism must ensure that environmental resources are protected. Since the 1992
UN Conference on the Environment and
Development in Rio de Janeiro, international
observers began to address the issue of the
impact that the rapidly expanding tourism sector
was having on ecological systems. It is also at
this moment that it was realized to what extent
local communities were not included in cycles of
tourist production and how difficult it was for
them to benefit from the income generated by
this sector. The improvement of the standard of
living of local communities generated by tourism-related activities thus becomes a central
characteristic
of
sustainable
tourism.
Furthermore, the fact that in most cases, tourists
do not have a truly satisfactory visitors’ expe-
75
Manuel | Tourisme et Patrimoine récent
II La Foire Aux Questions | Frequently Asked Questions
2.14.1 Qu’est-ce que le tourisme durable ?
La notion de tourisme durable se développe à la fin
des années 1980 à partir d’une question centrale :
la croissance du secteur peut-elle être gérée de
façon à garantir le respect des limites des ressources et contribuer à générer des bénéfices pour la
société et l’environnement ? Le tourisme durable se
définit comme une façon de gérer « toutes les ressources permettant de satisfaire les besoins économiques, esthétiques et sociaux et de préserver l’intégrité culturelle, les écosystèmes, la biodiversité
et les systèmes de soutien de la vie » (OMT 1988).
2.14.2 Tourisme durable et écotourisme sont-ils
synonymes ?
Le terme écotourisme est utilisé pour englober les
activités touristiques respectant l’écologie et l’environnement. C’est un synonyme de tourisme écologique.
En 2002, à l’occasion du sommet mondial de l’écotourisme à Québec, les 132 pays participants ont décidé
d’adopter une définition large d’écotourisme, intégrant
le respect de l’environnement, de la culture d’un lieu et
des sociétés locales, le développement économique
local et la satisfaction du touriste. Il ne faut toutefois
pas confondre écotourisme et tourisme durable. Le
premier est une forme de tourisme (tout comme le
tourisme sportif, culturel, de loisir ou d’aventure) alors
que le concept de développement durable doit s’appliquer à toute forme de tourisme. On admet actuellement que l’écotourisme englobe les principes du tourisme durable en ce qui concerne les impacts de cette
activité sur l’économie, la société et l’environnement.
76
rience, brings us to the idea that tourism could
become an instrument of dialogue between populations and a vector of more in-depth knowledge
of local life.
Sustainable tourism develops around the need to:
• invest tourists, tour-operators and local communities with a new responsibility;
• preserve the environment;
• raise awareness as to the limits of tourism;
• take into consideration and evaluate the carrying
capacity* of a tourist destination;
• favour interaction between tourists and local
populations;
• reduce impact on the environment.
If these recommendations are to be implemented, both tourists and local inhabitants must be
suitably prepared for this. Local communities
must be committed and involved in the offer of
the site or attraction. On the other hand, tourists
should in turn be prepared for their journey by
being well-informed of the social, environmental
and economic context that they will encounter.
International tour-operators should work with
local partners to facilitate the use of pre-existing
tourist infrastructure on itineraries that will not
invade the lives of local residents. Both tourists
and local inhabitants should be properly informed on all the aspects of issues concerning their
interaction. Ideally, prices and budgets should be
clearly presented and this element should
constitute an element of added value to the
package.
Rachele Borghi, Alessia Mariotti & Nazly Safarzadeh
Handbook on | Tourism And Recent Heritage
II La Foire Aux Questions | Frequently Asked Questions
2.14.3 Quelles sont les caractéristiques du tourisme durable ?
2.14.4 What contradictions exist between sustainable tourism and ecotourism?
La définition de tourisme durable met au premier
plan la protection des ressources environnementales et implique la réduction des impacts du phénomène touristique sur l’environnement. En effet, à
partir de la Conférence de l’ONU sur le thème
Environnement et Développement en 1992 à Rio de
Janeiro, les observateurs internationaux ont commencé à se préoccuper des impacts sur les systèmes écologiques d’un secteur en grande croissance : le tourisme. Cette considération est liée au
fait que les communautés locales sont très peu
impliquées dans le cycle du produit touristique et
qu’elles ont beaucoup de difficultés à bénéficier
des revenus du secteur. L’amélioration de la qualité
de vie par le tourisme devient ainsi une caractéristique centrale du tourisme durable. De plus, l’idée
que, dans la plupart des cas, le touriste n’arrive
pas à vivre une expérience de qualité, porte au
développement du discours sur le tourisme en tant
qu’outil de dialogue entre populations et vecteur de
connaissance des contextes locaux. Le concept de
tourisme durable se développe alors autour de la
nécessité :
Following an initial enthusiasm welcoming the sustainability paradigm and the conviction that the
implementation of these practices to tourism would
be a positive move, one observes an increasing
number of reports questioning and debating the
problems of sustainable tourism. The fact that the
label of sustainable tourism is now often exploited
for marketing purposes is frequently criticized
because tourist destinations are portrayed as being
uncontaminated as if the presence of tourism has
no negative impact (Fennel 2001, 2003). In this vein,
sustainable tourism is regarded as being a socially
accepted response to the anxiousness that characterizes tourists today. Sustainable tourism has
become a way of limiting the sense of guilt tourists
have by considering their activities as acceptable
and that respect the environment (King and
Steward 1996).
• d’encourager une responsabilité spécifique des
touristes, des opérateurs du tourisme et des
membres des communautés locales ;
• de préserver l’environnement ;
• de diffuser la conscience des limites du tourisme ;
• d’évaluer la capacité de charge* des destinations
touristiques ;
2.15 The targeted public
So, who is a tourist? Every attempt to define a tourist seems destined to fail. One can, of course,
define the perfect tourist but knowing that every
tourist (or group of tourists) exists according to the
variety of motivations he may have. This is the reason for which the offer is always adapted to needs
and to the category of travellers.
That said, a number of profiles and definitions have
been established in various studies since the 1960’s.
77
Manuel | Tourisme et Patrimoine récent
II La Foire Aux Questions | Frequently Asked Questions
• de favoriser l’interaction entre touristes et population locale ;
• de réduire l’impact sur l’environnement.
Pour que ces objectifs puissent être réalisés, il faut
agir sur deux axes : les touristes et les membres
des communautés locales. D’une part, il faut que
les communautés locales soient fortement impliquées dans l’offre. D’autre part, il faut que les touristes soient préparés au voyage et au contexte
social, économique, environnemental les accueillant. De plus, il faut favoriser le partenariat entre
les grands opérateurs internationaux et les petits
opérateurs locaux, dans le but de diffuser le plus
possible les bénéfices dérivés du secteur. Enfin, il
ne faut pas oublier que les touristes et les locaux
doivent être au courant de tous les aspects concernant le voyage. La tarification transparente, c’està-dire le détail clair du budget du voyage, devient
donc une valeur ajoutée.
2.14.4 Quelles sont les contradictions du
tourisme responsable ?
Après une phase d’adhésion enthousiaste au paradigme de la durabilité et à la conviction de pouvoir
mettre en pratique ses principes dans l’aménagement touristique, on a assisté ces dernières
années à une multiplication des études visant à
mettre en discussion et à problématiser les composants de la notion de tourisme durable. Une des
critique pose sur le fait que cette forme de tourisme est devenue un label utile au marketing des
destinations touristiques qui présentent les lieux
78
Traditionally, tourists were subdivided into two
groups, namely, allocentrics and psychocentrics
(Plog 1973). Allocentrics are more inclined to visit
destinations that are not too frequented such as
isolated places. They are motivated by discovery,
new experiences, enjoys risk (to a certain degree),
love discovering places and meeting people that
they have never had the opportunity of meeting
before, enjoy choosing different destinations and
are not difficult with regard to comfort as they enjoy
planning their own vacation.
On the other hand, the psychocentric tourist,
choose destinations that they already know and are
familiar with. They need an environment that is safe
with familiar bearings and return frequently to the
same places (customer loyalty). They will choose
standard infrastructure, shops, tourist restaurants
and prefer travelling in organized groups. In general, one identifies the first category as “alternative
tourists”* and the second category as “mass tourists”*. From these two definitions, it could be
deduced that tourists visiting heritage sites are
rather allocentrics however, a number of studies
indicate that the cultural motivation of tourists can
be applied to both categories.
2.15.1 Does heritage tourist exist?
Tourists expressly interested in visiting cultural
sites are an increasing segment of global tourism.
According to Timothy and Boyd (2003) one can distinguish two sub-groups under heritage tourism:
one that is passive and the other that is engaged.
Rachele Borghi, Alessia Mariotti & Nazly Safarzadeh
Handbook on | Tourism And Recent Heritage
II La Foire Aux Questions | Frequently Asked Questions
comme « non contaminés » et promeuvent la présence du tourisme « sans impacts » (Fennell 2001,
2003). Selon cette conception, le tourisme durable
serait une réponse socialement adaptée à « l’inquiétude » qui caractérise le touriste contemporain. Le tourisme durable devient aussi une façon
de limiter le « sentiment de culpabilité » du touriste à travers une action considérée comme étant
« positive » et insérée dans le cadre des « bonnes
pratiques » et du respect de l’environnement (King
et Steward 1996).
2.15 Le public cible
Comment trouver une définition incontestable de
« touriste » ? Chaque tentative de définition du « touriste » est vouée à l’échec. On peut, bien sûr, définir
le « touriste idéal », mais avec la conscience que
chaque touriste (ou groupe de touristes) est animé
par des motivations diverses. C’est pourquoi, il faut
toujours cibler l’offre sur les motivations et les catégories de touristes cibles.
Cela dit, plusieurs modèles et définitions ont été produits dans les études touristiques à partir des
années 1960. Une division traditionnelle est celle qui
partage les touristes en deux groupes : les allocentriques et les psychocentriques (Plog 1973).
Le touriste « allocentrique » préfère les destinations
peu fréquentées, les structures isolées, il est animé
par le désir de découverte, de faire de nouvelles
expériences, il aime le « risque » (bien que maîtrisé),
il adore découvrir des lieux et des gens inconnus
auparavant, il change fréquemment de destination, il
n’est pas exigeant quant au confort, il aime
The former group regard heritage sites as secondary attractions that are accessory to their vacations, while the latter group will visit heritage sites
as a central theme of their visit. The main reason
for their journey is to live an experience that is
directly related to heritage.
These specific segments of the tourist market can
be further subdivided and distinguished according
to the type of sites they choose to visit such as
industrial buildings, archaeological sites, political
monuments, natural territories, ethnical or cultural
landmarks, or places of literary interest, etc. More
recent heritage sites can therefore be included in
this segment of the market by highlighting the symbolical value and the context of the recent history of
countries around the Mediterranean.
2.16 Institutions (actors in the domain of heritage
and tourism)
A number of national and international institutions
from both the public and private sectors are involved in and concerned by the issues addressed in
this handbook. It is, however, on the basis of the
specific nature or content of a project that the most
suitable choice of potential partners or financial
sponsors should be made for assistance in a cultural or tourism development project, be this at a
local, national or international level. The following
is a list of a certain number of international organizations that promote policies and support programmes for cultural and tourism projects.
79
Manuel | Tourisme et Patrimoine récent
II La Foire Aux Questions | Frequently Asked Questions
construire lui-même le programme de ses vacances.
A l’inverse, le touriste « psychocentrique » cherche
des destinations connues et familiales, il est en
quête de milieux sûrs et de repères. Il aime, certes,
retourner dans la même destination (fidélisation),
il choisit des infrastructures standard et des magasins et restaurants « touristiques » enfin, il préfère
les voyages organisés. En général, on a tendance à
associer le premier type de visiteur au « tourisme
alternatif* » et le deuxième au tourisme prétendu
« de masse* ». On pourrait penser que le tourisme
du patrimoine est de préférence adressé aux touristes allocentriques mais de nombreuses études
ont montré que la motivation « culturelle » anime
aussi le touriste qui choisit des voyages organisés
et des paquets touristiques en village vacances.
2.15.1 Existe-t-il un touriste du patrimoine ?
Le tourisme dédié à la visite de sites culturels est
l’un des secteurs qui croît rapidement. Selon
Timothy et Boyd (2003) on peut distinguer deux
groupes de touristes du patrimoine : les passifs et
les « engagés ». Les premiers conçoivent la visite
des sites patrimoniaux comme une attraction
secondaire et accessoire aux vacances. Les
seconds, par contre, mettent le patrimoine au centre de leur séjour. Le but de leur voyage est de vivre
une expérience en relation étroite avec le patrimoine. Concernant les segments du marché, il faut
distinguer les touristes à partir du patrimoine visité
(industriel, archéologique, politique, naturel, ethnique/culturel, littéraire, etc.). Le patrimoine récent
peut, alors, s’insérer dans ces segments de mar-
80
UNESCO / www.unesco.org
United Nation Educational, Scientific and Cultural
Organization - UNESCO works to create the conditions for dialogue among civilizations, cultures and
peoples, based upon respect for commonly shared
values. It is through this dialogue that the world can
achieve global visions of sustainable development
encompassing observance of human rights, mutual
respect and the alleviation of poverty, all of which
are at the heart of UNESCO’s mission and activities.
UNESCO’s mission is to contribute to the building of
peace, the eradication of poverty, sustainable development and intercultural dialogue through education, the sciences, culture, communication and
information.
UNESCO’s cultural section is the key representative
for programmes concerning heritage sites and until
2008 was also in charge of cultural tourism programmes. Since the World Tourism Organisation
joined the United Nations in January 2008, all
issues related to tourism formerly overseen by
UNESCO are now attributed to the UNWTO. Only
sites specifically belonging to UNESCO’s
Sustainable Tourism World Heritage Site programme remain under its jurisdiction today.
WTO – UNWTO / www.unwto.org
The World Tourism Organization (UNWTO/OMT) is a
specialized agency of the United Nations and the
leading international organization in the field of
tourism. It serves as a global forum for tourism
policy issues and a practical source of tourism
Rachele Borghi, Alessia Mariotti & Nazly Safarzadeh
Handbook on | Tourism And Recent Heritage
II La Foire Aux Questions | Frequently Asked Questions
ché, en mettant en évidence sa valeur symbolique
et centrale dans l’histoire récente des pays du bassin méditerranéen.
2.16 Les grandes institutions : les acteurs du
patrimoine et du tourisme
Les institutions, aussi bien publiques que privées,
s’intéressant aux thèmes traités dans le présent
manuel sont très nombreuses aussi bien à l’échelle
nationale que locale. Cela dit, il faudra évaluer sur
la base des contenus du projet s’il est préférable de
trouver des partenaires et des bailleurs de fonds
pour les projets de développement touristique et
culturels au niveau local, national ou international.
Ce qui suit est une liste indicative des organismes
internationaux les plus importants promouvant des
politiques et des programmes de soutien à la culture et au tourisme.
UNESCO / www.unesco.org
United Nation Educational, Scientific and Cultural
Organization – Organisation des Nations Unies
pour l’éducation, la science et la culture. L’UNESCO
s’emploie à créer les conditions d’un dialogue
entre les civilisations, les cultures et les peuples,
fondé sur le respect de valeurs partagées par tous.
C’est par ce dialogue que le monde peut parvenir à
des conceptions globales du développement durable intégrant le respect des droits de l’homme, le
respect mutuel et la réduction de la pauvreté, tous
ces points étant au cœur de l’action de l’UNESCO.
Sa mission est de contribuer à l’édification de la
know-how. UNWTO plays a central and decisive
role in promoting the development of responsible,
sustainable and universally accessible tourism,
paying particular attention to the interests of developing countries.
The Organization encourages the implementation
of the Global Code of Ethics for Tourism, with a view
to ensuring that member countries, tourist destinations and businesses maximize the positive economic, social and cultural effects of tourism and fully
reap its benefits, while minimizing its negative
social and environmental impact.
Its membership includes 154 countries, 7 territories
and over 400 Affiliate Members representing the
private sector, educational institutions, tourism
associations
and local tourism authorities.
UNWTO is committed to the United Nations
Millennium Development Goals, geared toward
reducing poverty and fostering sustainable development.
ICOMOS / http://www.international.icomos.org/
The International Council on Monuments and Sites
is an association of professionals that currently
brings together approximately 9500 members
throughout the world. ICOMOS works for the
conservation and protection of cultural heritage
places. It is the only global non-government organisation of this kind, which is dedicated to promoting
the application of theory, methodology, and scientific techniques to the conservation of architectural
81
Manuel | Tourisme et Patrimoine récent
II La Foire Aux Questions | Frequently Asked Questions
paix, à l’élimination de la pauvreté, au développement durable et au dialogue interculturel par l’éducation, les sciences, la culture, la communication
et l’information. Le secteur culture de l’UNESCO
est l’interlocuteur clef pour les programmes
concernant le patrimoine et il l’était également
jusqu’en 2008 pour les programmes de tourisme
culturel. Avec l’entrée de l’Organisation Mondiale
du Tourisme dans le système des Nations Unies en
janvier 2008, toute question « touristique » auparavant traitée par les services de l’UNESCO a été
confiée à l’OMT. Seul le programme Tourisme
Durable dans les sites du patrimoine de l’humanité
est resté parmi les activités liées au tourisme
directement gérées par l’UNESCO. Concernant le
patrimoine récent, il existe au centre du patrimoine
mondial un programme spécifique sur le patrimoine moderne.
OMT – UNWTO / www.unwto.org
L’Organisation mondiale du tourisme (OMT) est une
institution spécialisée du système des Nations
Unies. C’est la principale organisation internationale dans son domaine de compétence. Elle fait
office de tribune mondiale pour les questions de
politique touristique et est une source de savoirfaire. L’OMT joue un rôle central et décisif dans la
promotion du développement du tourisme responsable, durable et accessible à tous, en veillant tout
particulièrement aux intérêts des pays en voie de
développement. Elle encourage l’application du
Code mondial d'éthique du tourisme afin de s’assurer que les pays membres, les destinations touris-
82
and archaeological heritage. Its work is based on
the principles enshrined in the 1964 International
Charter on the Conservation and Restoration of
Monuments and Sites (the Venice Charter). ICOMOS
comprises a network of experts that benefit from
the interdisciplinary exchange of its members,
among which are architects, historians, archaeologists, art historians, geographers, anthropologists,
engineers and town planners. The members of ICOMOS contribute to improving the preservation of
heritage, the standards and the techniques for each
type of cultural heritage property: buildings, historic
cities, cultural landscapes and archaeological sites.
IEIC / http://www.culture-routes.lu/
The European Institute of Cultural Routes has been
based in Luxembourg since July 1997 and, since
1998, it has been in charge of ensuring not only the
continuity but also the development of the cultural
routes programme of the Council of Europe. It was
launched on the basis of a political Agreement
signed between the Council of Europe and the
Government of the Grand Duchy of Luxembourg. Its
principal missions depend on a mandate and an
administrative Agreement signed between the
Institute and the Council of Europe.
The Council of Europe entrusted the Institute to follow-up the already elected routes, to co-ordinate and
provide technical aid to networks, particularly in their
development in Central and Eastern Europe, to initiate new proposals as well as to disseminate information and set-up a database that will constitute the
memory of the programme of cultural routes.
Rachele Borghi, Alessia Mariotti & Nazly Safarzadeh
Handbook on | Tourism And Recent Heritage
II La Foire Aux Questions | Frequently Asked Questions
tiques et les entreprises du secteur maximisent les
effets économiques, sociaux et culturels positifs de
cette activité et en recueillent tous les fruits tout en
en réduisant au maximum les répercussions négatives sur la société et sur l’environnement. Elle est
composée de 154 pays et 7 territoires et plus de 400
membres affiliés représentant le secteur privé, des
établissements d’enseignement, des associations
de tourisme et des autorités touristiques locales.
L’OMT s’est engagée pour que soient atteints les
objectifs du Millénaire pour le développement des
Nations Unies, conçus pour faire reculer la pauvreté
et favoriser le développement durable.
ICOMOS / http://www.international.icomos.org/
International Council on Monuments and Sites Conseil international des monuments et des sites.
L’ICOMOS est une association mondiale de professionnels qui regroupe actuellement près de 9.500
membres dans le monde. L’ICOMOS se consacre à
la conservation et à la protection des monuments,
des ensembles et des sites du patrimoine culturel.
C’est la seule organisation internationale non gouvernementale de ce type qui se consacre à la promotion de la théorie, de la méthodologie et de la
technologie appliquées à la conservation, la protection et la mise en valeur des monuments et des
sites. Ses travaux sont basés sur les principes inscrits dans la charte internationale de 1964 sur la
conservation et la restauration des monuments et
des sites, dite Charte de Venise. Il constitue un
réseau d’experts et bénéficie des échanges interdisciplinaires de ses membres qui comptent parmi
DOCOMOMO / www.docomomo.org
International Committee Documentation and
Conservation of Buildings, Sites and Neighbourhoods
of the Modern Movements - Docomomo International
is a non-profit organization founded in 1988.
Docomomo International’s missions are to:
• act as watcher when important modern movement buildings anywhere are under threat;
• exchange ideas relating to conservation technology, history and education;
• foster interest in the ideas and heritage of the
modern movement;
• elicit responsibility towards this recent architectural inheritance.
The most important activity is the international
registers of modern movement buildings. Prepared
by the chapters, the MoMo Registers are a project
related to Docomomo’s cooperation with the World
Heritage Centre at Unesco, UIA and Icomos.
World Monuments Fund / www.wmf.org
World Monuments Fund is a private organization
dedicated to saving the world’s most treasured places. Since 1965, in more than 90 countries, WMF
experts have been applying proven techniques to
preserve important architectural and cultural heritage sites around the globe. Through partnerships
with local communities, fund providers and governments, the aim of the organisation is to inspire an
83
Manuel | Tourisme et Patrimoine récent
II La Foire Aux Questions | Frequently Asked Questions
eux des architectes, des historiens, des archéologues, des historiens de l’art, des géographes, des
anthropologues, des ingénieurs et des urbanistes.
enduring commitment to preserve cultural legacy
for future generations. Nearly 85 percent of the
revenue goes directly toward preservation projects,
fieldwork, advocacy and educational programs.
IEIC / http://www.culture-routes.lu/
Agha Kahn Foundation / www.akdn.org
Institut Européen des Itinéraires Culturels
L’Institut Européen des Itinéraires Culturels est
installé au Grand-Duché de Luxembourg depuis
juillet 1997. Depuis 1998, il est chargé d’assurer
non seulement la continuité, mais aussi le développement du programme des itinéraires culturels du
Conseil de l’Europe. Il a été créé sur la base d’un
Protocole d’Accord politique signé entre le Conseil
de l’Europe et le Gouvernement du Grand-Duché
de Luxembourg. Ses principales missions dépendent d’un cahier des charges et d’un Accord administratif signé entre l’Institut et le Conseil de
l’Europe. Le Conseil de l’Europe a confié à l’Institut
le suivi des itinéraires déjà élus, la coordination et
l'assistance technique des réseaux, en particulier
dans leur développement en Europe centrale et
orientale, l’instruction des nouvelles propositions,
ainsi que la diffusion des informations et la mise en
place d'une base de données qui constituera la
mémoire du programme des itinéraires culturels.
The Aga Khan Foundation (AKF) focuses on a small
number of specific development problems by forming intellectual and financial partnerships with
organisations sharing its objectives.
The Aga Khan Historic Cities Programme (HCP)
promotes the conservation and re-use of buildings
and public spaces in historic cities in the Muslim
World. HCP undertakes the restoration and rehabilitation of historic structures and public spaces in
ways that can spur social, economic and cultural
development. Individual project briefs go beyond
mere technical restoration to address the questions of social and environmental context, adaptive
re-use, institutional sustainability and training. In
several countries, local Aga Khan Cultural Service
Companies have been formed to implement projects under the supervision of the HCP headquarters in Geneva. ■
DOCOMOMO / www.docomomo.org
International Committee Documentation and
Conservation of Buildings, Sites and Neighbourhoods
of the Modern Movements -DOCOMOMO
International est une organisation à but non lucratif
fondée en 1988.
84
Rachele Borghi, Alessia Mariotti & Nazly Safarzadeh
Handbook on | Tourism And Recent Heritage
II La Foire Aux Questions
Elle a pour mission :
• d’agir en tant que « gardien » lorsque d’importants
bâtiments du mouvement moderne sont menacés ;
• d’échanger des idées quant à la conservation,
les techniques, l’histoire et la formation ;
• de promouvoir les idées et le patrimoine du
mouvement moderne ;
• de responsabiliser les acteurs vis-à-vis du patrimoine architectural récent.
Sa mission première reste l’inventaire international
des bâtiments du mouvement moderne. Préparé
par ses sections, l’Inventaire moderne procède
d’une coopération du Centre du patrimoine mondial de l’UNESCO, de l’UIA (Union Internationale
des Architectes) et de l’ICOMOS.
World Monuments Fund / www.wmf.org
Le World Monuments Fund est une organisation
privée ayant pour but la sauvegarde d’importants
lieux du patrimoine architectural mondial. Depuis
1965, les experts du WMF ont apporté leurs compétences techniques à la sauvegarde et à la restauration d’importants sites culturels et architecturaux
dans plus de 90 pays. L’objectif de l’organisation est
d’inspirer un engagement de longue durée à la sauvegarde du patrimoine culturel afin de les transmettre aux générations futures au travers de partenariats avec les communautés locales, les bailleurs
de fonds et les gouvernements. Environ 85% de son
revenu est destiné directement aux projets de
conservation et de protection aux missions sur le
terrain et aux programmes pédagogiques.
Agha Kahn Foundation / www.akdn.org
La Fondation Agha Kahn (AKF) concentre ses activités autour d’un nombre limité de problèmes de
développement spécifiques, en élaborant des partenariats intellectuels et financiers avec des organisations partageants ses objectifs. Le programme
de l’Agha Kahn Foundation portant sur des villes
historiques a pour but la promotion de la conservation et la réutilisation des bâtiments et espaces
publics des villes historiques du monde musulman.
Ce programme met en place la restauration et la
réadaptation de structures historiques et d’espaces
publics de façon à supporter le développement
sociale, économique et culturel.
Les projets comprennent la restauration technique,
des questions liées au contexte social et environnemental, la réutilisation adaptive, la durabilité institutionnelle et la formation. Dans plusieurs pays,
des Sociétés de Services Culturels de l’Agha Kahn
ont été créées pour mettre en place des projets
sous l’égide du siège central de programme des
villes historiques à Genève. ■
85
Manuel | Tourisme et Patrimoine récent
III Les Outils| Tools
3.1 Les outils d’analyse
3.1 Tools of analysis
3.1.1 Les indicateurs du tourisme
3.1.1 Tourism indicators
Afin de faciliter le processus de connaissance des
phénomènes à travers des éléments à haut
contenu d’information on utilise souvent des indicateurs et des index. Les indicateurs sont, selon
l’OCDE (Organisation de Coopération et de
Développement Economiques), des paramètres ou
des valeurs dérivées des paramètres, donnant des
informations ainsi qu’une description de l’état d’un
phénomène/contexte/zone avec une signification
qui dépasse celle directement liée à la valeur du
paramètre même.
In order to facilitate the process of addressing phenomena translated by vast quantities of information, we often use indicators and indexes. The OECD
(Organisation for Economic Co-operation and
Development) defines the term indicators as a
series of parameters or values which supply information or describe a given situation or context of a
given territory with a significance that can reach
beyond the value of the parameter itself.
Il s’agit des caractéristiques qualitatives (comparables) ou quantitatives (mesurables) d’un objet ou
d’un phénomène sur lesquelles il est possible de
construire des hypothèses et de poser des jugements. Sur la base des expériences de recherche, on
a pu identifier pour chacun des différents secteurs,
des indicateurs clefs (core set of indicators), permettant de décrire leurs problématiques spécifiques.
En matière de tourisme, les indicateurs les plus
utilisés et les plus significatifs sont les suivants :
Densité des structures réceptives : c’est l’expression de la diffusion des hôtels et des autres structures réceptives sur le territoire, fournissant une
information sur la quantité moyenne de structures
au km2. C’est le rapport entre le nombre total de
structures et la superficie du territoire.
86
This method consists in evaluating the comparable
qualitative or quantitatively measurable characteristics of a given object or phenomenon on which a
hypothesis or an opinion can be extrapolated. For
each sector we were able to identify a core set of key
indicators enabling us to define certain issues for
each specific sector and based on research studies.
In relation to tourism, the most commonly used
indicators are the following:
Density of accommodation structures: This term
expresses average density per km2 of hotels and
other accommodation facilities in a given area. It
indicates the ratio between the total amount of
structures and the surface of the territory.
Tourist expenditure: comprises the total amount
spent by a tourist for all the goods and services he
has acquired for a holiday which includes pre-paid
and in situ expenses.
Rachele Borghi, Alessia Mariotti & Nazly Safarzadeh
xx
Ancienne médina, Fès, Maroc
xx
Source : Aïcha El Beloui pour Casamemoire, 2009
«La bolla» de Renzo Piano en construction, Gênes - Italie
Source
: Genova Palazzo Ducale Fondazione per la Cultura
xx
xx
Handbook on | Tourism And Recent Heritage
III Les Outils| Tools
Dépenses touristiques : dépense totale de biens et
services effectuée par un voyageur lors d’un séjour
touristique comprenant les dépenses prépayées et
celles effectuées sur place.
Durée moyenne du séjour : rapport entre le nombre
de nuitées* d’un certain échantillon de touristes et
les arrivées*. C’est le nombre moyen de jours que
les individus composants l’échantillon donné ont
passé dans la structure.
Nuitées* : nombre de nuits successives passées
par un client dans la même structure réceptive.
Pression touristique : cet indicateur est utilisé pour
estimer la pression des présences touristiques sur
une ville ou sur un territoire en calculant le rapport
entre les présences moyennes journalières des
touristes et celles des résidents aux différentes
échelles. Les présences moyennes journalières
des touristes sont calculées en divisant le nombre
de nuitées* par 365 jours.
Qualité des structures : cet indicateur donne une
information sur le type d’offre touristique de la zone
et peut être calculé de deux façons différentes sur
la base de la disponibilité des données. On calcule
soit le rapport entre le nombre d’hôtels de 3, 4, 5
étoiles et le nombre d’hôtels de 1 et 2 étoiles, soit
celui entre le nombre de lits dans les hôtels 3, 4, 5
étoiles et celui des lits dans les hôtels 1 et 2 étoiles.
Taux d’hébergement : exprime la potentialité touristique d’une zone par rapport aux autres ressour-
Average length of stay: expresses the ratio between
the number of overnights* spent in a hotel against the
number of tourist arrivals*. This will correspond to the
number of overnights* that the individuals of a given
sample category of tourists will spend in a hotel.
Length of stay: the number of consecutive overnights* spent by a client in a hotel or in other
accommodation.
Tourist pressure: this indicator is used to estimate
the pressure of tourists presence in a given city or
territory by calculating the ratio between the average number of tourists present daily against that
of residents at different levels. The average daily
presence of tourists is calculated by dividing the
number of overnights* by the 365 days of the year.
Quality of structures: this indicator gives information on the type of tourist offer in a given zone and
can be calculated in two ways based on the availability of data, either by the ratio between the number of 3, 4 or 5 star hotels and those of 1 and 2 stars
or by comparing the ratio between the number of
beds in 3, 4, and 5 star hotels against the number of
beds in 1 and 2 star hotels.
Occupancy Rate: expresses the potential tourist
yield of a given territory in relation to other types of
economic resources. It is calculated by dividing the
total number of beds in all existing accommodation
structures of the territory by the number of inhabitants of the same zone.
89
Manuel | Tourisme et Patrimoine récent
III Les Outils| Tools
ces économiques. Il est calculé en divisant le nombre total des lits de toutes les structures réceptives
de la zone concernée par le nombre d’habitants de
cette même zone.
Taux de propension au tourisme : c’est le poids
effectif du tourisme par rapport aux dimensions de
la zone prise en considération. On peut le calculer
en faisant le rapport entre le nombre moyen de touristes (rapport entre nuitées* et nombre de jours de
la période considérée) présents dans les structures
réceptives et le nombre d’habitants de la zone.
Taux d’utilisation : c’est la mesure de la probabilité
d’occupation, par un client, d’un lit générique dans
la période considérée. Le taux d’utilisation brut
d’un hôtel est le rapport entre les résultats, en termes de présence, effectivement obtenus par la
structure dans une période définie et les meilleurs
résultats théoriques possibles (nombre de lits par
jour de la période considérée).
3.1.2 L’évaluation des effets du tourisme
L’évaluation des effets du tourisme sur le milieu
dans lequel il est pratiqué dépend de multiples
variables, qui peuvent être prises en considération
séparément et être intégrées ensuite dans un graphique ou bien cartographiées à l’aide d’un SIG*.
Les effets du tourisme, tant positifs que négatifs,
varient sur la base de la nature et de la structure
des espaces (par exemple les milieux insulaires
ressentent très fortement la pression touristique
sur l’environnement), de la structure sociale de la
90
Rate of tourist propensity: identifies the real volume
of tourism in relation to the size of the territory. It
can be calculated by comparing the ratios between
the average number of tourists (relation between
overnights* and the number of days spent in the
studied period) in accommodation against the residents of the territory.
Rate of exploitation: measures the probability of
occupation of a hotel bed by a client during a given
period. The gross rate of exploitation consists of the
ratio between the results in terms of real tourist
occupation in a hotel during a given period and the
theoretical statistics (number of beds per day
during this period).
3.1.2 How can we evaluate the impact of tourism?
The impact of tourism on the environment obviously
depends on a range of variables that can be considered separately and be integrated into graphs or
maps with a GIS*. The negative and positive effects
of tourism vary according to:
• the nature and structure of a given area (for example an island will be more prone to tourist pressure
on the environment),
• the social structure of the resident population,
(some populations may resent and resist the presence of tourists),
• the evolution of tourist development and thus the
phase of the life cycle of a given tourist destination,
• the characteristics of accommodation structures.
Rachele Borghi, Alessia Mariotti & Nazly Safarzadeh
Handbook on | Tourism And Recent Heritage
III Les Outils| Tools
population résidente (les groupes traditionnels
pourraient avoir des comportements de refus
envers les touristes), de l’évolution du développement touristique et de son cycle de vie mais aussi
de la propriété des structures réceptives. Les facteurs à prendre en considération sont généraux (et
non exhaustifs) : les effets démographiques (les
incitations à l’urbanisation engendrés par le tourisme, l’augmentation de la densité de la population
dans les nouvelles destinations touristiques, les
impacts sur l’immigration et sur l’émigration, etc.) ;
les effets sur les infrastructures (nouvelles routes,
hôtels, congestion du trafic, accès aux ressources,
etc.) ; les effets sur le marché de l’emploi (saisonnalité*, travail informel, problèmes de formation du
personnel, etc.) ; la naissance de conflits entre touristes et population résidente et la capacité de
charge* sociale et culturelle (changements dans les
rythmes de vie des résidents, augmentation de la
pression fiscale suite au développement touristique, révélation des inégalités, inflation, prostitution,
abandon scolaire, perte d’identité et folklorisation*
de la culture locale, etc.).
Bien évidemment les impacts positifs doivent aussi
être évalués, comme nous l’avons déjà dit dans les
pages précédentes, le tourisme est une activité
bénéficiant d’un effet multiplicateur très puissant,
surtout sur des systèmes locaux et des sociétés
fortes, où il est capable de générer des sources de
revenus supplémentaires par rapport aux activités
traditionnelles et de s’intégrer à d’autres secteurs
comme l’artisanat ou l’agriculture.
The main (but not all) factors that must be taken
into consideration include:
• demography which includes the impetus of urbanization generated by tourism, the increased density of population around new tourist destinations,
the impact of immigration and emigration;
• effects on infrastructure such as new roads,
hotels, traffic and access to resources;
• repercussions on the job market such as seasonal work, informal work, training and education;
• possibility of conflict between tourists and residents;
• social and cultural impact on local residents
which includes the change of rhythm of local life,
an increased fiscal charge due to the financing of
infrastructure, the exacerbation of inequality,
inflation, prostitution, school drop-out, loss of
identity and the trivialization* of local culture, etc.
The beneficial impact of tourism mentioned above
includes the powerful generation of additional
income as opposed to traditional activities by multiplying the potential of resources such as craftsmanship and agriculture. Researchers can use an
increasing number of methods to analyse the
impact of tourism on a given area which nowadays
include systems or methods devised in the domain
of sociology and the natural science. Examples may
include the DELPHI* method which is used to evaluate socio-cultural reactions of a host population,
the Nominal Group Technique*, the Value Stretch
model (Mansfield 2007) or the DPSIR* model to
obtain a global overview of key elements of tourist
systems and impact on the conservation of heritage.
91
Manuel | Tourisme et Patrimoine récent
III Les Outils| Tools
Pour l’analyse sur le terrain de ces impacts, on
peut utiliser plusieurs outils. Dans la littérature
spécialisée et dans les rapports des bureaux d’études et d’expertise on retrouve - au-delà des analyses classiques de l’offre et de la demande touristiques basées sur les indicateurs des méthodes économiques - de plus en plus de méthodes empruntées à la sociologie et aux sciences naturelles. En
particulier, pour rendre mesurables les indicateurs
qualitatifs on peut choisir d’appliquer la méthode
DELPHI*, pour évaluer la sensibilité socioculturelle
d’une population hôte on peut utiliser la Nominal
Group Technique* et le modèle Value Stretch
(Mansfeld 2006) et enfin, pour avoir une vision d’ensemble des éléments clefs du système touristique
et de ses impacts sur la conservation du patrimoine, on peut aussi créer un modèle DPSIR*.
3.1.3 Comment gérer le tourisme dans
un site patrimonial ?
La gestion du tourisme dans les sites patrimoniaux
fait désormais l’objet de nombreuses recherches,
car si les bénéfices que le tourisme peut apporter
à la conservation et à la mise en valeur du patrimoine sont évidents, les effets pervers liés au
nombre excessif de visiteurs le sont tout autant.
Les cas les plus connus, comme Venise ou le
Machu Picchu ont fait la une de la presse internationale, demandant aux gestionnaires des sites des
efforts considérables pour la gestion et l’organisation de la présence touristique. Le succès inattendu de certaines expositions ou de grands événements culturels a, de la même manière, obligé les
92
3.1.3 How to manage tourism on a heritage site
The question of how best to manage heritage sites is
subject to more and more research because,
although it is clear that tourism can benefit the
conservation and enhancement of heritage, it can
provoke just as many perverse consequences due to
excessive number of visitors. The most typical examples are the cases of Venice in Italy or Machu Picchu
in Peru which are frequently subject to the scrutiny of
the international media who demand that management strategies of these destinations be improved.
The unexpected success of certain exhibitions or
important cultural events sometimes obliges the
authorities of historical cities to find make-shift solutions to maintain the quality of the tourist destination.
For these reasons every tourist or cultural development project should be associated to tourist management plans which take into account the characteristic needs of accommodation catering, commerce and
transport. For example, UNESCO’s heritage centre
now demands that each new registration submitted
to them includes a site management plan comprising
the review of strategic visitor flow. As each site carries its own specific characteristics, one must beware
of presenting univocal solutions to tourism management projects. A series of available management
models propose methodological procedures which
can be applied to a range of different contexts. The
first phase of a study consists in taking stock of
characteristics of a given territory by collecting data
indicating tourist practices such as types of tourists,
tourist’s motivations, itineraries, promotion policies,
Rachele Borghi, Alessia Mariotti & Nazly Safarzadeh
Handbook on | Tourism And Recent Heritage
III Les Outils| Tools
gestionnaires des villes historiques à trouver des
solutions rapides afin de garantir le maintien de la
qualité de la visite. Voilà pourquoi, à tout projet touristique et culturel devrait être associé un plan de
gestion touristique, considérant les caractéristiques du secteur réceptif et des secteurs complémentaires (restauration, commerces, transports,
etc.). Le centre du patrimoine mondial de
l’UNESCO demande désormais que chaque nouveau dossier d’inscription soit accompagné d’un
plan de gestion du site, considérant entre autres
les stratégies de gestion des flux de visiteurs.
Puisque chaque site a ses caractéristiques spécifiques, il est déconseillé de proposer une solution
univoque pour la gestion du tourisme, mais on peut
faire référence à une méthodologie consolidée
selon le schéma suivant. Une première phase est
celle de la connaissance, c’est-à-dire de la récolte
de données et des indicateurs relatifs aux caractéristiques de la pratique touristique dans le lieu
concerné (composition du public, motivations des
touristes, parcours et itinéraires préférentiels,
politiques de promotion adoptées, composition de
l’offre, etc.). La deuxième phase voit la définition
des stratégies et des objectifs généraux concernant la mise en valeur du patrimoine, le support à
la qualité de l’offre touristique, le soutien à l’entrepreneuriat local, les investissements en formation,
etc. La troisième phase est celle de la construction
des plans d’action, tandis que tout au long du projet il faut prévoir la mise en place d’un système
d’évaluation et de monitorage des résultats partiels et du feed-back sur les actions. Chaque plan
de gestion devrait avoir un bon degré de transpa-
offers, etc. Secondly, one must define the general
strategies and objectives of the heritage development project, available support to the quality of the
offer, available support to local enterprise, investment and suitable training, etc. The third phase
should include action plan which must consistently
take into account the results of constant and meticulous monitoring of each phase and feedback of
the project. Every management plan should have a
transparent approach based on the determination of
fundamental principles ideally on a basis of the participation of the local population.
3.2 Project Design
The term indicates the conception and creation of a
sustainable tourism development project, not only in
the sense of an ex-nihilo project but with a view to
improving that which already exists. The conception
and determination of strategies and policy that the
authorities responsible for a given destination seek to
pursue is fundamental in order to ensure the successful outcome of economic and social development
especially in the case of a territory that is characterized by the presence of heritage. As it is crucial to ask
the right questions, the following template is an
example of the recommended structure of a project
design. Models may vary according to the provisions of
specific fund providers such as the EU, the United
Nations, ministries, private donors, etc. and seeks to
enhance a heritage site by maximizing benefits and
minimizing negative effects on a site, one must adopt
a long-term vision that will improve the quality of life
of local populations while preserving local resources.
In conclusion, if one reasons with a perspective of
93
Manuel | Tourisme et Patrimoine récent
III Les Outils| Tools
rence quant aux principes de fond et à leur détermination, de préférence basés sur une approche
participative de la population locale.
sustainability, it is the best way to support projects
capable of allowing residents to live a better life and
visitors to benefit from this well-being.
3.2 Conception du projet (Project design)
Project Description
• The context (motivations, critical points and
opportunities that generate the project).
• General objectives.
• How does the project contribute to specific objectives of the project and respective actions?
• Identify the various objectives/aims that are targeted by means of this project and necessary action.
• All typical actions such as a marketing plan sustainable tourism development.
« Conception du projet » renvoie à la conception et
la construction d’un projet de développement touristique durable, non seulement d’un projet exnihilo, mais aussi d’un projet d’amélioration de
l’existant. La phase de conception et de détermination des stratégies et des politiques que la destination voudrait poursuivre est fondamentale afin
d’assurer le succès du développent économique et
social issu de la pratique touristique, surtout dans
des milieux à forte caractérisation patrimoniale.
Puisque l’important est de se poser les bonnes
questions, ce qui suit est un exemple de marche à
suivre dans la conception d’un projet.
Les modèles peuvent être multiples et varient souvent sur la base des priorités du bailleur de fonds
(UE, Nations Unies, fonds ministériels, fonds privés, etc.), mais si l’on veut préserver ou mettre en
valeur le patrimoine local en maximisant les bénéfices et en minimisant les effets pervers, il faut
adopter une optique à long terme, capable d’améliorer la qualité de vie des populations résidentes
tout en préservant les ressources locales.
Finalement, raisonner dans une perspective de
durabilité c’est soutenir les projets capables de
permettre aux résidents de bien vivre pour faire
également bénéficier les visiteurs de ce bien-être.
94
Example of a tourist package/event/other
type of project
• Name of the Product / tourist package / event /
manifestation / other type of project.
• Content of the Product.
• Strong points of the Product.
• Weak points of the Product.
Project partners
Indicate both public and private sector actors
whose collaboration will be solicited for the project
on the territory.
Project Management
• Name of person in charge.
• How are responsibilities distributed and reciprocal verification procedures implemented?
• Who is responsible for the quality of the project?
• How will operators and local companies be involved?
• How will the performance of the project be evaluated?
Rachele Borghi, Alessia Mariotti & Nazly Safarzadeh
Handbook on | Tourism And Recent Heritage
III Les Outils| Tools
Description du projet
• Le contexte – (motivations, points critiques et opportunités qui ont mené au projet).
• Objectifs généraux.
• De quelle manière le projet apporte-t-il sa contribution au développement touristique durable ?
• Objectifs spécifiques du projet et actions respectives.
• Identifier les différents objectifs que l’on voudrait
atteindre à travers le projet et les actions nécessaires.
• Décrire toutes les actions typiques par exemple
grâce à un plan marketing.
Exemple de paquet touristique / événement /
autre type de projet
• Nom du produit / paquet touristique / événement /
manifestation /autre type de projet.
• Description du produit / paquet touristique / événement / manifestation / autre type de projet proposé.
• Contenus du produit que l’on voudrait proposer
aux touristes.
• Points forts du produit, description aussi des éléments qui seront utilisés pour la communication à
l’extérieur.
• Points faibles du produit, description des éléments de
faiblesse du produit et des actions pour les atténuer.
Les partenaires du projet
Indiquer les acteurs du lieu, aussi bien publics que
privés, directement engagés dans le projet et auxquels on demande une collaboration
Added value
• What is the value and significance of the project
for the territory?
• How many companies from this territory will be
directly involved in the project?
• What is the extension of the area concerned by
the project?
• How do the companies involved relate to one another?
• How do local public administration and local
enterprise interact?
• How do the various territories concerned interact?
• How do the various socio-economic sectors interact?
• What markets and how many end-clients benefit
from the project?
• What economic benefits are expected from the
project?
Resources and conditions necessary to set-up
actions
• for each action, identify the human resources needed.
Economic resources needed to activate the implementation of the project
• Personnel without counting external consultants.
• Instruments.
• Consultants.
• General expenses.
Time schedule
Time/Phases
Jan
Feb
Mar
Apr
May
Jun
Jul
Aug
Sep
Oct
Nov
Dec
Action 1
Action 2
Action 3
95
Manuel | Tourisme et Patrimoine récent
III Les Outils
• Partenaires : entreprises, organisations locales,
ONG, administrations, etc.
• Rôle et responsabilité
• Action réalisée ou à réaliser
Gestion du projet
• Nom du responsable.
• Comment sont réparties les responsabilités et les
vérifications réciproques ? Qui est responsable de
la qualité du projet ?
• Comment seront divulgués les résultats et les
produits du projet ?
• Comment seront engagés les opérateurs et les
entreprises du territoire?
• Comment sera évaluée la performance du projet ?
La valeur ajoutée
• Quel est la valeur et l’importance du projet pour
le territoire ?
• Combien d’entreprises du territoire participent
directement au projet ?
• Quelle est l’extension de la zone visée par le projet ?
• Quels sont les rapports que les parties prenantes (stakeholders) établissent entre elles ?
• Comment s’effectue l’interaction entre administration publique locale et entreprises ?
Temps/Phases
Jan
Fév
Mar
Avr
Mai
• Comment s’effectue l’interaction entre les différents territoires ?
• Comment s’effectue l’interaction entre les différents secteurs socio-économiques ?
• Quels marchés et combien de clients finaux
bénéficieront du projet ? Quelles sont les retombées économiques attendues ?
Ressources et conditions pour mettre en place les actions
• Pour chaque action identifier les ressources
humaines nécessaires.
Ressources économiques qui devront être activées
pour la réalisation du projet
• Personnel à l’exception des consultants.
• Instruments.
• Consultants.
• Dépenses générales.
Temps de réalisation
Jui
Jul
Aoû
Sep
Oct
Nov
Déc
Action 1
Action 2
Action 3
96
Rachele Borghi, Alessia Mariotti & Nazly Safarzadeh
xx
le Bigo et la promenade des éoliennes en construction, Gênes, Italie
xx
Source : Genova Palazzo Ducale Fondazione per la Cultura
xx
Panorama ville du Havre - France
xx
Source : Thomas Malgras
Handbook on | Tourism And Recent Heritage
Histoires de réussite et bonnes pratiques
Success Stories And Best Practices
4.1 Le Havre : un exemple de référence
ANA BELA DE ARAUJO
4.1 Le Havre: a reference
ANA BELA DE ARAUJO
TITRE DU PROJET
Le Havre, la ville reconstruite par Auguste Perret.
Du désamour à la fierté
PROJECT
Le Havre, a city rebuilt by Auguste Perret
from disenchantment to pride
COORDONNÉES
Lieu : Le Havre (France)
Date/Durée : de 1995 à 2011
DETAILS
Place : Le Havre (France)
Dates and Duration : from 1995 to 2011
Événements culturels importants :
• 2001 : obtention par la Ville du Havre du label
Ville d’Art et d’Histoire* par le Ministère de la
Culture et de la Communication ;
• 2002 : année culturelle autour du Patrimoine
Perret. Première grande rétrospective sur l’architecte Auguste Perret, exposition PERRET : la poétique du béton, présentée au Musée Malraux ;
• 2005 : inscription sur la liste du patrimoine mondial par l’UNESCO du centre reconstruit au Havre
par Auguste Perret ;
• 2006 : ouverture d’un appartement-témoin ;
• 2008 : spectacle « Le Havre, patrimoine en lumière » ;
• 2011 : création de la Maison du patrimoine –
Atelier Perret.
Important cultural events:
• 2001: Attribution of the status and label of Ville
d’Art et d’Hisoire* by the Ministry of Culture and
Communication;
• 2002: Cultural Year of Perret’s heritage. First
important retrospective exhibition of Auguste
Perret’s architectural work : La Poétique du
béton (The Poetry of concrete);
• 2005: Inscription on UNESCO’s World Heritage
List of Le Havre’s city centre rebuilt by Auguste
Perret;
• 2006: Creation of a showflat;
• 2008: Show “Le Havre, heritage illuminated”;
• 2011: Creation of “La Maison du patrimoine” –
Perret’s studio ;
Étapes de la préservation et du développement
urbain :
• 1995 : création de la ZPPAUP ;
• 1996 : plan-lumière.
Phases of conservation and of urban development;
• 1995: creation of the ZPPAUP;
• 1996: Lighting plan.
99
Manuel | Tourisme et Patrimoine récent
Histoires de réussite et bonnes pratiques
Success Stories And Best Practices
ACTEURS
Promoteurs : Ville du Havre. Deux directions de la
Ville sont liées à la valorisation du patrimoine
architectural moderne : la direction Grands
Projets, Aménagement Urbain et Prospective et la
direction de la Culture, du Patrimoine et du
Tourisme.
Partenaires : État, Ministère de la Culture et de la
Communication, Conseil Général de la SeineMaritime, Conseil Régional de Haute-Normandie,
Caisse des Dépôts et Consignations.
Groupes cibles : les habitants du Havre toutes
générations confondues, les scolaires, les touristes, les croisiéristes, les passionnés d’architecture
moderne.
4.1 • ANA BELA DE ARAUJO
Le Havre : un exemple de référence
Le Havre: a reference
ACTORS
Promotors: City of Le Havre. Two administrative
entities of the city were involved in the enhancement
of the modern architectural heritage and namely,
the Grands Projets, Aménagement Urbain et
Prospectives and the Culture and Tourism authority.
Partners: The State, The Ministry of Culture and
Communication, Council general of the SeineMaritime area, Regional Council of Haute Normandie,
Caisse des Dépôts et Consignations, etc.
Target groups: All generations of local inhabitants of
the city of Le Havre including school goers, tourists,
cruisers, modern architecture enthusiasts.
Beneficiaries: Same as above.
Tiers affectés positivement : les habitants, les touristes français et étrangers, les croisiéristes.
Other beneficiaries: Local inhabitants, French and
foreign tourists, cruisers.
Tiers affectés négativement : les riverains qui pour
certains trouvent des inconvénients à la mise en
tourisme du patrimoine moderne (nuisances sonores par exemple).
Negative impact: Local inhabitants complain of the
drawbacks of accrued tourism mostly related to
noise level.
CONTEXTE
Fondée en 1517 sur l’estuaire de la Seine, la ville du
Havre, grand port de voyageurs et de commerce,
connaît des vagues successives de développement
économique lisibles dans son plan urbain.
Entièrement détruits par les bombardements de la
Seconde Guerre Mondiale, les 150 hectares du centre-ville ont été reconstruits de 1945 à 1964 par le
100
CONTEXT
Founded in 1517 on the Seine estuary, the city of Le
Havre, a large passenger and commercial harbour
became a very important industrial hub in the 20th
Century. After the city was completely destroyed by
World War II bombings, the 150 hectares of the centre were entirely rebuilt between 1945 and 1964 by
the prominent figure of French architecture,
Auguste Perret. His followers and students later
Rachele Borghi, Alessia Mariotti & Nazly Safarzadeh
Handbook on | Tourism And Recent Heritage
Histoires de réussite et bonnes pratiques
Success Stories And Best Practices
maître de l’architecture française, Auguste Perret
et son Atelier constitué d’anciens élèves regroupés
autour du maître dès mai 1944. L’effacement brutal
de quatre siècles d’histoire a compliqué le travail
de deuil des habitants qui ont développé un sentiment nostalgique du vieux Havre prospère d’avantguerre et nourri pour leur ville reconstruite un réel
désamour. Pourtant cette reconstruction novatrice,
fondée sur les techniques modernes de construction en béton armé et gérée par un système modulaire basé sur une trame constructive de 6,24
mètres, fait du Havre une ville d’avant-garde unique au monde. Il faut attendre deux générations
pour que soit reconnue une valeur universelle à ce
patrimoine architectural et urbain à la modernité
déconcertante. L’acte de patrimonialisation que
représente l’inscription au patrimoine de l’humanité, le 15 juillet 2005, du centre reconstruit par
Auguste Perret a définitivement fait basculer le
positionnement social de la ville qui troque son
ancienne image de ville grise et triste pour celle
d’une ville dynamique, ambitieuse et moderne.
OBJECTIFS DU PROJET
Au lendemain de la Reconstruction, la ville moderne
de Perret ne faisait pas l’unanimité. Son accession
au rang de patrimoine fut lente et progressive. La
stratégie adoptée fut de privilégier l’appropriation
par les havrais, grâce à une information et une
pédagogie adaptées, associées à une politique de
conservation et de préservation des édifices remarquables. L’après-UNESCO aurait pu opposer la préservation du patrimoine UNESCO et le développement inévitable d’une ville portuaire en plein essor.
4.1 • ANA BELA DE ARAUJO
Le Havre : un exemple de référence
Le Havre: a reference
constituted an important Studio and working team.
The brutal disappearance of four centuries of history
seriously complicated the endeavour of the architect
as local inhabitants found it difficult to overcome
their grief having developed a sense of nostalgia for
the old city and its prosperous past with an attitude
of disenchantment with regard to the reconstructed
city. The strikingly innovative reconstruction of the
city with modern techniques of reinforced concrete
composed of 6,24 meters modules has, however,
made of Le Havre an avant-garde and unique city. It
has taken two generations to acknowledge the inestimable value and modernity of this architectural,
urban and universal heritage. UNESCO’s initiative to
acknowledge and adopt the city of Le Havre rebuilt
by Auguste Perret as a world heritage site on the 15
July 2005, decidedly and radically changed the social
status of the city from its prior depressing image of
an old, grey harbour into a dynamic, modern and
ambitious new city.
PURPOSE OF THE PROJECT
Following reconstruction, the modern city designed
by Perret is not unanimously accepted. Accession to
the status of a world heritage site was a long and
slow process. The strategy that was adopted was to
give priority to its appropriation by local residents by
reinforced communication, information and education together with a policy of conservation of important buildings. The post-UNESCO period could have
opposed the conservation project of this heritage site
and the inevitable development of the port in full
expansion, but the city of Le Havre was on the
101
Manuel | Tourisme et Patrimoine récent
Histoires de réussite et bonnes pratiques
Success Stories And Best Practices
4.1 • ANA BELA DE ARAUJO
Le Havre : un exemple de référence
Le Havre: a reference
Mais Le Havre a su, au contraire, poursuivre son
développement afin d’attirer population et touristes,
en parfait accord avec son essor économique lié aux
activités portuaires et maritimes. Au Havre, peut
être plus qu’ailleurs, il ne s’agit pas d’identifier le
patrimoine pour le « conserver sous cloche », mais
d’en faire un outil de développement. Les actions
engagées par la municipalité intègrent désormais la
ville de Perret dans un mouvement de modernisation contemporaine de l’urbanisme, fondé sur un
couple fertile : Patrimoine / Contemporain, ou
Patrimoine / Création, en somme une stratégie de
développement fondée sur la modernité.
contrary able to pursue its development by attracting
tourists and in complete harmony with the economic
boom related to its maritime and port activities. In
the specific case of Le Havre, this project was never
a question of preserving this heritage under a glass
bell but to make of the site an instrument of development. The initiatives undertaken by the municipality
integrated the city of Perret into a dynamic interaction of contemporary urban modernization based on
a fertile exchange between the contemporary and
heritage, or between heritage and creativity : in
short, a fundamentally modern strategy.
MISE EN OEUVRE ET EFFETS
De la prise de conscience à la reconnaissance du
patrimoine moderne havrais
• Années 1980 : le milieu de la recherche universitaire.
La prise de conscience patrimoniale a lieu durant
les années 1980 dans le milieu de la recherche
universitaire qui redécouvre l’œuvre de Perret et
sa valeur culturelle. L’historien de l’architecture,
Joseph Abram, en particulier, lui attribue le terme
de « classicisme structurel ». Avec les recherches
du service régional de l’Inventaire, ces travaux
constituent un premier pas vers la reconnaissance
du travail pionnier des reconstructeurs et du
caractère exceptionnel du chantier du Havre.
• 1995 : création d’un secteur sauvegardé, premier
jalon essentiel de la reconnaissance du patrimoine Perret.
IMPLEMENTATION AND CONSEQUENCES
From growing awareness to the recognition of Le
Havre’s modern heritage
• In the 1980’s: in university and academic circles.
A growing awareness and realization of the heritage potential of the city was rediscovered in the
mid ‘80s in university research circles where the
cultural value of Perret’s work was for example
described as “structural classicism” by Joseph
Abram. Research carried out by the Service of
Regional Inventories constituted a first step in
the acknowledgement of the pioneer work carried out during reconstruction and highlighted
the exceptional character of the way the project
was implemented.
• 1995: creation of a protected area – a first essential phase in recognizing Perret’s heritage.
Pour faire face aux nombreuses dégradations des
immeubles reconstruits générées par les proprié-
In order to address the problem of the degradation
of buildings frequently by owners unable to realize
the value of their property who often eliminated or
102
Rachele Borghi, Alessia Mariotti & Nazly Safarzadeh
Handbook on | Tourism And Recent Heritage
Histoires de réussite et bonnes pratiques
Success Stories And Best Practices
taires qui, rejetant les aspects modernes des édifices, n’avaient aucun scrupule à les éliminer ou à
les camoufler, les élus locaux mettent en place,
dès 1995, un dispositif de sauvegarde de l’ensemble du secteur reconstruit. La Zone de Protection
du Patrimoine Architectural Urbain et Paysager
(ZPPAUP), véritable outil de préservation urbaine,
définit les mesures techniques de préservation du
patrimoine existant et fixe les règles encadrant les
constructions nouvelles à l’intérieur du secteur.
Progressivement, les immeubles reconstruits
retrouvent leur état d’origine et leur image négative laisse place à celle d’un patrimoine architectural digne d’intérêt culturel.
• 2001: Obtention du label Ville d’Art et
d’Histoire*. La récente protection du patrimoine
Perret entraîne une dynamique culturelle. Le
Havre rejoint le réseau des « Ville et Pays d’art
et d’histoire ». Ce label établit par une convention entre la Ville du Havre et le Ministère de la
Culture, une démarche qualitative de médiation
culturelle : des guides-conférenciers agréés, au
discours adapté, sont recrutés et formés. Une
démarche de découverte pour les touristes et
surtout de réappropriation du patrimoine par
ses habitants et les jeunes publics est engagée.
• 2002 : « L’année Perret », année culturelle
autour du Patrimoine Perret.
L’année 2002 représente une étape significative
dans le processus d’appropriation du patrimoine
Perret par les havrais. Six expositions sont organisées au Havre, autour d’une idée forte « Le Havre,
4.1 • ANA BELA DE ARAUJO
Le Havre : un exemple de référence
Le Havre: a reference
concealed parts of these, in 1995 the local authorities took steps to protect the reconstructed area.
The declaration of an Architectural Heritage and
Landscape Protection Zone thus defined technical
measures to preserve existing heritage fixing
rules to be respected for new constructions at the
interior of the perimeter. Buildings in this area
were restored to their former state and the negative image they had was progressively transformed into an architectural landmark worthy of cultural interest.
• 2001: Certification as a “Ville d’Art et d’Histoire”*.
The recent initiative to protect the heritage of
Perret gave rise to genuine cultural dynamism.
Le Havre becomes a member of a network of
Historical City centres associating it to the
Ministry of Culture and raising its communication profile. Certified tour guides are subsequently recruited and trained to inform visitors
but, above all, to encourage residents and school
goers to re-appropriate their own heritage.
• 2002: A cultural year called “The Perret Year” is
proclaimed around his contribution to the heritage of the city.
2002 is a significant year as it is an important phase
in the appropriation of Perret’s heritage for the
inhabitants of Le Havre. Six exhibitions are organized around the theme of “Le Havre: a reinvented
city”. One of these exhibitions “The Poetry of
concrete” was the first and very complete retrospective on the intellectual and artistic process of
Auguste Perret.
103
Manuel | Tourisme et Patrimoine récent
Histoires de réussite et bonnes pratiques
Success Stories And Best Practices
ville réinventée ». L’une de ces six expositions, l’exposition PERRET : la poétique du béton est la première grande rétrospective, et la plus complète
encore aujourd’hui, sur l'itinéraire intellectuel et
artistique du créateur du Havre, Auguste Perret.
• 2005: Inscription par l’UNESCO sur la liste du
patrimoine mondial du centre reconstruit par
Auguste Perret au Havre.
L’idée de faire inscrire Le Havre de Perret sur la
liste du patrimoine mondial ne relève pas d’une initiative locale mais, encore une fois, du milieu des
chercheurs qui évoquent cette hypothèse pour la
première fois en 1994. La municipalité qui perçoit
tout l’enjeu culturel et touristique d’une telle
reconnaissance saisit cette idée. Parallèlement à
la pédagogie engagée avec la population locale et à
la mise en œuvre de la ZPPAUP, s’élabore en toute
discrétion le dossier de candidature qui aboutira
une décennie plus tard. Le 15 juillet 2005,
l’UNESCO souligne « l’exemple remarquable de
l’architecture et de l’urbanisme d’après-guerre »
au Havre et salue « l’exploitation novatrice du
potentiel du béton».
Cette reconnaissance prestigieuse du patrimoine
moderne venue de l’extérieur a produit une forte
critique médiatique, suscité un engouement et
favorisé un sentiment de fierté auprès des havrais.
Ce n’est pas tant le classement de la ville du Havre
qui a choqué que le classement d’une ville moderne
du XXe siècle et de l’architecture en béton. Même au
sein de la prestigieuse liste du patrimoine mondial,
104
4.1 • ANA BELA DE ARAUJO
Le Havre : un exemple de référence
Le Havre: a reference
• 2005: Inscription of the rebuilt centre of Le Havre
on UNESCO’s World Heritage List.
The idea of nominating Perret’s Le Havre as a World
Heritage Site was initially supported by university academics since 1994 and subsequently adopted by the
municipality when they realized to what extent this
could constitute a highly significant cultural and tourist attraction for the city. While engaging on a project
of communication and education destined to local
inhabitants, the municipality simultaneously started
preparing the plan to nominate the city for World
Heritage status. In July 2005, UNESCO mentions the
“outstanding example of post-war architecture and
urbanism” constituted by the city of Le Havre and acknowledges “the innovative approach to the potential
uses of concrete”. The prestigious international recognition of its modern heritage triggered an extraordinarily rich public debate and catalyzed a renewed
sense of pride in the residents of the city. It was not so
much the fact that the city of Le Havre was adopted as
a World Heritage Site that amazed public opinion but
rather that a 20th century modern city constructed in
concrete could be ranked alongside other sites. The
World Heritage Site List is still very much associated
with the nomination of religious architecture, antique
monuments, ancient castles, royal palaces or prestigious buildings and the protection of 20th Century
heritage under the international auspices of UNESCO
is only a very recent phenomenon.
• 2006: Creation of a showflat. In 2006 by buying
one of the original flats built by Perret and restituting it to its prior state, the Municipality of Le
Rachele Borghi, Alessia Mariotti & Nazly Safarzadeh
Handbook on | Tourism And Recent Heritage
Histoires de réussite et bonnes pratiques
Success Stories And Best Practices
la primauté est encore donnée aux monuments
d’architecture religieuse, aux édifices antiques,
châteaux royaux, palais nationaux, et autres édifices anciens de prestige. Il faut l’avouer, la protection à l’échelle internationale du patrimoine du XXe
siècle n’en est qu’à ses balbutiements.
• 2006 : Création de l’appartement-témoin Perret
L’acquisition par la Ville, dès 2006, d’un logement restitué dans son état d’origine, est une
des grandes actions de sensibilisation au patrimoine moderne. L’objectif de la reconstitution
d’un des appartements-types tels qu’ils avaient
été présentés pendant la reconstruction (entre
1945 et 1955), est de faire comprendre aux visiteurs le caractère innovant des aménagements
proposés par l’Atelier de reconstruction dirigé
par Auguste Perret, pour reloger les sinistrés
havrais : double orientation, ensoleillement optimal, cuisine et salle de bains intégrées, chauffage collectif à air pulsé. L’origine des « Trente
Glorieuses » est relatée à travers les objets du
quotidien (réfrigérateur, gazinière, auto-cuiseur,
aspirateur, lave-linge), mais également, à travers le mobilier produit en série, aux origines du
design, des décorateurs René Gabriel, Marcel
Gascoin, Pierre Paulin ou André Beaudoin.
L’appartement attire environs 10.000 visiteurs
par an. Coût: 295.000 euros.
• 2008 : Spectacle « Le Havre, patrimoine en
lumière ». Pour célébrer le cinquantenaire de
l’Hôtel de ville, un spectacle lumière exceptionnel
créé par les scénographes Skertzò, s’est déroulé
4.1 • ANA BELA DE ARAUJO
Le Havre : un exemple de référence
Le Havre: a reference
Havre undertook a major step towards reinstating the profile of modern architecture. The
objective of the restitution of an apartment as it
had been presented during the reconstruction
years between 1945 and 1955 to re-house war
victims, was to allow visitors to appreciate the
innovative character of the layout and fittings
designed by the team of architects of l’Atelier
directed by Auguste Perret. Two sources of daylight were foreseen for maximum clarity,
bathroom and kitchen fittings were for the first
time built-in and the heating was devised by a
collective blow-air system. The origin of the
“Trente Glorieuses” (the post WWII thirty-year
boom period) is displayed by the array of everyday items such as the fridge, the gas cooker, the
pressure cooker, the vacuum cleaner and the
washing machine but also by early industrially
produced design furniture by René Gabriel,
Marcel Gascoin, Pierre Paulin and André
Beaudoin. The flat attracts around 10 000 visitors
a year. The cost of the restitution was € 295 000.
• 2008: Show “Le Havre, heritage illuminated”. To
celebrate the 50th anniversary of the City Hall,
an exceptional light show presented every evening during the summer months, was created by
the set-designer Skertzò. Two presentations
were projected on emblematic buildings of the
reconstructed city, and namely, the City Hall and
the more lyrical Espace Oscar Niemeyer (1982).
For the first time images of the destruction
caused by WWII were projected on the façade of
the City Hall. Although local inhabitants expe-
105
Manuel | Tourisme et Patrimoine récent
Histoires de réussite et bonnes pratiques
Success Stories And Best Practices
quotidiennement pendant tout l’été. Deux spectacles ont été diffusés sur deux édifices emblématiques de la Reconstruction : l’Hôtel de Ville, chef
d’œuvre monumental de la Reconstruction et
symbole de la renaissance du Havre, et l’espace
Oscar Niemeyer de l’architecte du même nom,
œuvre plus tardive (1982), très lyrique. Le spectacle sur l’Hôtel de Ville évoquait les 10 ans de
reconstruction. Pour la première fois, des images
des destructions liées à la guerre ont été projetées sur la façade de l’Hôtel de ville. Les habitants
revivaient ces moments douloureux et en même
temps un sentiment très fort de fierté se dégageait à chaque représentation. L’émotion était
vive. Le spectacle sur le Volcan se voulait plus
léger, c’était une invitation au rêve et au voyage
composée de surprises visuelles et sonores. Cette
manifestation intitulée « Le Havre, patrimoine en
lumière » a été l’occasion d’une rencontre authentique entre les Havrais et leur patrimoine. La
manifestation a attiré plus de 70.000 spectateurs
en 3 mois. C’est sans doute à travers des manifestations festives gratuites comme celle-ci que le
désamour initial peut se transformer en attachement. Ce spectacle a participé au mouvement
d’intégration du patrimoine Perret par la population havraise et par les touristes. Coût: 940.000
euros.
• 2011 : Création de la Maison du Patrimoine –
Atelier Perret. Situé en plein cœur du centre
reconstruit, la Maison du Patrimoine – Atelier
Perret qui ouvre ses portes en février est un
espace muséographique dédié au patrimoine
havrais et au centre-ville reconstruit par Auguste
Perret en particulier. Ce lieu constitue le point de
106
4.1 • ANA BELA DE ARAUJO
Le Havre : un exemple de référence
Le Havre: a reference
rienced a feeling of pain, an amazing sensation
of pride was palpable during each of these projections. The projection on the Volcan was of a
lighter nature, inviting a dreamlike sensation of
travelling through surprising visual and sound
effects. The show which was called “Le Havre,
heritage and light” turned out to be an authentic encounter between the residents of Le Havre
and their heritage. The event attracted more
than 70 000 spectators in three months. It is
without doubt that this type of free event open
to all was without doubt a major event that to
dissipate the initial disenchantment of the citizens into a bond helping the inhabitants of Le
Havre and tourists alike to make sense of the
transformation. Cost: € 940 000.
• 2011: Opening of the Maison du Patrimoine –
Perret’s workshop. Perret’s workshop called La
Maison du Patrimoine (the Heritage House) will
open its doors to the public at the beginning of
February 2011 to offer a museum space dedicated to Le Havre’s heritage and the reconstructed
city. The museum will become the starting point
for guided tours of the city centre and Perret’s
showflat. The area will include an exhibition
space of about 70m2 for temporary exhibitions
where documents will be accessible for public
consultation adjacent to a projection room for
the viewing of documentaries. Cost: € 500 000.
Expected outcome
Following the inscription of the city on the World
Heritage List, tourist visits increased by 20%. It is
Rachele Borghi, Alessia Mariotti & Nazly Safarzadeh
Handbook on | Tourism And Recent Heritage
Histoires de réussite et bonnes pratiques
Success Stories And Best Practices
départ des visites guidées du centre-ville et de
l’appartement-témoin Perret, il comprend un
espace d’exposition/salle d’interprétation de
70m2 en accès libre où seront présentées
annuellement plusieurs expositions temporaires,
ainsi qu’un espace de projection. De nombreux
documents seront proposés en consultation au
public : films documentaires, cartels d’information, ouvrages sur le patrimoine havrais. Cet
espace sera le lieu de réservation, de visite et un
point d’information pour les touristes. Coût:
500.000 euros.
Effets attendus
Après l’inscription, l’augmentation de la fréquentation touristique a été immédiate avec une hausse
de 20%. A ce jour, on évalue l’augmentation du tourisme à 40% depuis 2005, sachant que d’autres facteurs influent sur le développement touristique de
la ville comme la station balnéaire, le port de plaisance, le port de croisière, le musée Malraux, le
Casino etc. Depuis juillet 2005, l’Office du tourisme
connaît une hausse de fréquentation de 67% avec
une diversification de la provenance des touristes,
en particulier d’Allemagne, et du Benelux où le
thème du patrimoine moderne est très prisé.
Concernant le nombre de visiteurs du centre
reconstruit, avant l’inscription, il était d’environ
4.000. Suite au classement en 2005, le nombre de
visiteurs a doublé pour atteindre 9000. En 2009, on
atteint les 27.000 visiteurs. Le Havre est redevenu
tête de ligne pour les navires de croisières. Avec 59
escales en 2009, les paquebots ont apporté 100.000
passagers en 2009, 130.000 en 2010 et 150.000
4.1 • ANA BELA DE ARAUJO
Le Havre : un exemple de référence
Le Havre: a reference
now estimated that tourism has increased by some
40% since 2005 considering that other factors such
as the beaches, the yacht harbour, the Malraux
museum, the Casino and the cruiser excursions play
a role in this phenomenon. The Tourist office observes that the increase in tourist flow includes more
visitors from Germany and the Benelux countries
where modern architecture is particularly appreciated. Before inscription, about 4000 tourists were
registered as specifically visiting the reconstructed
city centre per year against 9000 immediately after
inscription. The figure has therefore more than doubled. In 2009 27 000 visitors came to Le Havre and
this cruiser destination has re-conquered its prominent position. 59 cruiser stopovers were registered
in 2009 bringing 100 000 passengers followed by
130 000 in 2010 and an expected 150 000 passengers
with 94 booked stopovers foreseen in 2011. Tour operators are also much more interested in this destination since UNESCO’s World Heritage listing. This
tourist destination confirms the fact that the attraction of Le Havre’s heritage, its beaches and its shopping facilities have led to an astonishing economic
development illustrated by an increase of 30% in
hotel bookings and in trade turn-over.
Unexpected consequences
One of the results of renewed enthusiasm for the
architecture of Le Havre has led to a number of
films and documentaries being shot on this location. One film was made in 2006, two in 2007 and
2008, four in 2009 and 8 in 2010. “La disparue de
Deauville” by Sophie Marceau (2007), “La femme
aux souliers de verre” by Ludovic Bergery and
107
Manuel | Tourisme et Patrimoine récent
Histoires de réussite et bonnes pratiques
Success Stories And Best Practices
passagers sont attendus (94 escales inscrites) en
2011. L’intérêt des tours opérateurs depuis l’inscription est, elle aussi, flagrante. Cette notoriété
touristique qui affirme ses différences (patrimoine
moderne, ville balnéaire, ville de croisière) induit
une activité économique en développement avec
notamment des nuitées* en hébergement touristique et un chiffre d’affaires des commerçants tous
deux en hausse de 30%.
Effets inattendus
L’engouement pour l’architecture du Havre se
manifeste également par le nombre croissant de
tournage de films ou de documentaires : 1 tournage en 2006, 2 en 2007, 2 en 2008, 4 en 2009, 8 en
2010 (exemples : « La disparue de Deauville », long
métrage de Sophie Marceau ; en 2007, « La femme
aux souliers de verre », long métrage de Ludovic
Bergery et « Disco », long métrage de Fabien
Onteniente ; en 2008, « Tournée » long métrage de
Mathieu Almeric, « Belle épine » long métrage de
Rebecca Slotowski ; en 2010 « Portrait de Josiane
Balasko » documentaire d’Antoine De Caunes,
« Léa » long métrage de Bruno Rolland, « Les frangins » long métrage de Saïd Naciri, « Le Havre »
long métrage d’Aki Kaurismaki etc). De la requalification de l’espace urbain à la future métropole
maritime internationale.
• 1996 : Premières actions de revalorisation des
aménagements urbains . Outre la protection des
édifices réglementée par la ZPPAUP, la valorisation du centre reconstruit passe aussi par un
travail sur les espaces publics qui, une fois
108
4.1 • ANA BELA DE ARAUJO
Le Havre : un exemple de référence
Le Havre: a reference
“Disco” by Fabien Onteniente (2008), “Tournée” by
Mathieu Almeric, “Belle épine” by Rebecca
Slotowski (2010), “Portrait of Josiane Balasco” by
Antoine de Caunes, “Léa” by Bruno Rolland, “Les
frangins” by Saïd Naciri, “Le Havre” by Aki
Kaurismaki.
From reclassification of the urban area to a future
international maritime metropolis
• 1996: Initial upgrading of urban planning. Apart
from preserving the buildings by means of regulation applied to the ZPPAUP area, upgrading of
public spaces needed to be carried out to invite
the public to change their perception of the environment. Examples are the rehabilitation of the
area around the Malraux Museum, the Place
Jules Ferry and the Casino complex. The main
project to reconcile the city with its maritime
coastline was transformation of the beach front
promenade designed by A. Chemetoff in 1996.
The same year a new lighting plan was devised
by Schéma lumière to enhance the nocturnal
appearance of the main buildings of the city.
• Since 2005: in the perimeter of the reconstructed
city centre. Since World Heritage Sites listing a
new tramway system crossing through the city
centre of will be completed in 2012. The project
by the architect and urban planner, Yves Lion,
aims to link strategic points of the city such as
the City Hall to Perret’s Porte Océane.
• Since 2000: shifting of the main ax of the city to
link the centre with the harbour.
Rachele Borghi, Alessia Mariotti & Nazly Safarzadeh
Handbook on | Tourism And Recent Heritage
Histoires de réussite et bonnes pratiques
Success Stories And Best Practices
requalifiés, renvoient une image positive sur les
constructions environnantes et favorisent leur
appropriation par la population. Parmi les projets de requalification urbaine déjà réalisés par
la ville du Havre, on peut évoquer les abords du
Musée Malraux, la place Jules Ferry et le complexe du casino. Le projet phare qui devait
réconcilier la ville avec son littoral maritime est
celui de la promenade de la plage, œuvre du
Bureau des Paysages d’A. Chemetoff dont l’aménagement a été conçu en 1996. La même année
un Schéma lumière a aussi été élaboré afin d’intégrer les bâtiments majeurs de la reconstruction à l’animation nocturne de la ville.
• Depuis 2005 : dans le périmètre du centre
reconstruit. Depuis le classement, quelques projets d’aménagement urbain s’inscrivent dans le
périmètre inscrit. Il s’agit par exemple de la
construction de la première ligne de tramway
qui, à l’horizon 2012, traversera le centre-ville.
Ce projet, remporté sur concours par les architectes-urbanistes de l’Atelier Yves Lion, est prétexte à requalifier des lieux stratégiques du centre reconstruit tels que la place de l’Hôtel de
ville ou la Porte Océane d’Auguste Perret.
L'enjeu consiste bien à renforcer une centralité
de premier ordre pour la ville.
• Depuis les années 2000 : déplacement de la
centralité vers l’interface ville-port.
Les enjeux urbains de la ville du Havre définissent
aujourd’hui un recentrage des opérations urbaines
dans l’interface ville-port. Toutes les opérations en
cours tissent des relations nouvelles entre la ville et
4.1 • ANA BELA DE ARAUJO
Le Havre : un exemple de référence
Le Havre: a reference
All new operations tend to accentuate the relation
between the city centre and the port area so as to
reinforce the identity of Le Havre as a maritime harbour. Over the past few years the Vauban docks first
used to offload cotton and coffee and later abandoned, are now becoming a new hub of development
transforming prior industrial sites into modern and
integrated areas of the urban are. Projects designed by Bruno Fortier in 2004 and Reichen and
Robert in 2009, transform places of memory to places of entertainment, culture and trade. More
recently, the municipality has adopted on a long
term plan to convert the station area into an international business hub with office buildings.
• Since 1945: a tradition of projects signed by
famous architects and urban planners
Following Auguste Perret, it has become an
ongoing tradition to involve important architects in
the city’s sustainable projects. Bruno Fortier redesigned the southern area, René Dottelonde who
designed the Chamber of Commerce and Industry,
Bernard Reichen worked on the Vauban docks,
Jean-Paul Viguier signed the Novotel and Jean
Nouvel worked on the Bains des Docks. Jean
Nouvel’s 120 metres tower will be built on the sea
front and will dominate the Seine estuary with an
aim to create an aesthetical dialogue with all the
other monuments of the city such as the bridges of
Tancarville and Normandy, the church of Saint
Joseph and Auguste Perret’s City Hall tower.
109
Manuel | Tourisme et Patrimoine récent
Histoires de réussite et bonnes pratiques
Success Stories And Best Practices
le port. Les modalités de mutation de la ville
moderne reposent sur cette identité forte de ville
maritime et portuaire. Depuis quelques années, la
centralité se déplace vers les bassins, point névralgique et historique de la ville. C’est autour du bassin
Vauban, que se joue le développement du Havre, sur
des friches anciennement portuaires qui connurent
les grandes heures du café et du coton. Ces lieux en
jachère, ces anciens espaces dits « négatifs »,
deviennent des éléments par lesquels la ville se
redéfinit, des lieux de requalification urbaine.
Comme la plupart des grandes villes, Le Havre
transforme sa zone industrielle en un lieu moderne
et intégré à la ville sur la base d’un plan urbain élaboré par l’urbaniste Bruno Fortier en 2004. La ville
reconvertit les lieux portuaires tout en gardant leur
mémoire. Ses anciens Docks sont devenus un Pôle
de loisirs, de culture et de commerces de 50.000 mÇ
réaménagés par l’agence Reichen et Robert en
2009. La transformation de la zone de la gare en
quartier d'affaires est l’une des dernières décisions
prises par la municipalité. La Ville veut offrir la possibilité de bâtir des tours de bureaux de grande hauteur dans une « City » havraise. C’est un projet à
long terme qui a pour ambition de positionner Le
Havre comme grande place portuaire internationale.
4.1 • ANA BELA DE ARAUJO
Le Havre : un exemple de référence
Le Havre: a reference
TO BE NOTED
Besides Le Havre’s cultural and tourism strategies,
it is the inscription of the city as a World Heritage
Site that exerted an extraordinary leverage effect in
helping the city to pursue its aspirations as a great
maritime centre. Its status is now central to the
city’s unique image in France of a modern urban
and architectural hub with forward-looking and fertile projects.
CONTACTS
Edouard Philippe, Mayor of Le Havre
Philippe Pintore, Director general of the Culture,
Heritage and Tourism authority
Laurence Le Cieux, Director of Cultural Heritage –
UNESCO
Elisabeth Chauvin, Thomas Malgras, City of Art and
History Ville* / UNESCO Mission
Author : Ana bela de Araujo, architect, architecture
historian, former UNESCO site manager
INTERNET SITES
• www.lehavre.fr
• http://www.lehavretourisme.com Le_Havre_patrimoine_en_lumiere_2008.pdf
• http://ma-tvideo.france2.fr/video/iLyROoafY3FP.html
• http://www2.archi.fr/DOCOMOMO-FR/ ■
• Depuis 1945 : une tradition de grandes signatures d’architectes et d’urbanistes
Après Auguste Perret à la reconstruction, Bruno
Fortier pour la restructuration des quartiers sud,
René Dottelonde pour le siège de la Chambre de
110
Rachele Borghi, Alessia Mariotti & Nazly Safarzadeh
Handbook on | Tourism And Recent Heritage
Histoires de réussite et bonnes pratiques
Success Stories And Best Practices
Commerce et d’Industrie, Bernard Reichen pour
les Docks Vauban, Jean-Paul Viguier pour le
Novotel ou encore Jean Nouvel pour les Bains des
Docks, cette tradition des grandes signatures se
poursuit avec le futur Centre de la mer et du développement durable. Cette tour métallique de 120
mètres de haut de Jean Nouvel sera bâtie en front
de mer et dominera l’estuaire de la Seine. Le nouveau monument phare instaurera selon son
concepteur un dialogue esthétique avec les autres
monuments de la ville comme les ponts de
Normandie et de Tancarville, le clocher de l’église
Saint-Joseph et la tour de l’Hôtel de ville d’Auguste
Perret.
4.1 • ANA BELA DE ARAUJO
Le Havre : un exemple de référence
Le Havre: a reference
Patrimoine et au Tourisme
Laurence Le Cieux, Directrice du Patrimoine culturel
– UNESCO
Elisabeth Chauvin, Thomas Malgras, Ville d’Art et
d’histoire*/ Mission UNESCO
Auteur : Ana bela de Araujo, architecte, historienne
de l’architecture, ancienne Manager site UNESCO
SITES INTERNET
• www.lehavre.fr
• http://www.lehavretourisme.com/Le_Havre_patrimoine_en_lumiere_2008.pdf
• http://ma-tvideo.france2.fr/video/iLyROoafY3FP.html
• http://www2.archi.fr/DOCOMOMO-FR/ ■
A RETENIR
Au-delà du tourisme et de la stratégie culturelle,
l’inscription sur la liste du patrimoine mondial de
son centre reconstruit s’est révélée être un levier
pour Le Havre dans la poursuite de son idéal de
« grande ville » et de « grand port ». L’inscription
au patrimoine de l’humanité est un point central de
la stratégie d’image et de développement de la ville
qui affirme ses différences fondées sur la modernité et le renouvellement urbain et architectural.
L’œuvre d’architecture moderne se poursuit et fait
du Havre un ensemble cohérent unique en France,
qui peut se poursuivre, précisément parce que la
modernité, certes délicate à traiter, est un axe particulièrement fertile.
PERSONNES DE REFERENCE
Edouard Philippe, Maire du Havre
Philippe Pintore, Directeur général à la Culture, au
111
Manuel | Tourisme et Patrimoine récent
Histoires de réussite et bonnes pratiques
Success Stories And Best Practices
4.2 Le water front de Gênes : une expérience de
régénération urbaine
4.2 Genoa’s Water Front: an experiment in urban
regeneration
TITRE DU PROJET
Le water front de Gênes
PROJECT
The Waterfront of Genoa
COORDONNÉES
Lieu : Gênes (Italie)
Date/Durée : des célébrations de 1992 à
aujourd’hui.
DETAILS
Location: Genoa (Italy)
Dates and Duration: 1992 from the beginning of the
500th anniversary celebrations of Christopher
Columbus’ discovery of America.
ACTEURS
Promoteurs : la coordination de l’ensemble des interventions est confiée aux services de la mairie, mais
pour chaque tranche du projet et donc pour chaque
zone visée, il y a une multiplicité de promoteurs,
d’opérateurs et de sources financières engagés.
ACTORS
Promotors :The coordination of all operations was
centralized by the city council and for each phase of
the project in each zone there was a specific council of promoters, operators and fund providers.
Partenaires : Services de l’Etat, Région, Autorité
portuaire, UE, Administration communale, opérateurs du privé.
Partners: Government authorities, the Region, the
Port authorities, the European Union (EU), the
Municipality administration and private enterprises.
Groupes cibles : habitants du centre-ville historique,
résidents, touristes.
Targeted groups: Inhabitants of the old city centre,
residents of the city and tourists.
Groupes bénéficiaires : résidents, opérateurs du
commerce.
Beneficiaries: Residents and local commerce.
CONTEXTE
La ville de Gênes, deuxième port commercial italien et l’un des premiers du bassin méditerranéen
encore aujourd’hui, a souffert depuis la fin des
années 1970 d’un très fort processus de désindus-
112
CONTEXT
The city of Genoa which is the second biggest Italian
harbour and one of the most important ports of the
Mediterranean suffered severely from de-industrialization in the 1970’s while maintaining the
Rachele Borghi, Alessia Mariotti & Nazly Safarzadeh
Handbook on | Tourism And Recent Heritage
Histoires de réussite et bonnes pratiques
Success Stories And Best Practices
trialisation, tout en conservant les caractéristiques
architecturales d’une ville industrielle. En particulier, la césure entre le centre-ville et la mer,
remontant au XIXe siècle quand une enceinte et les
rails empêchaient aux résidents de rentrer dans le
port commercial, avait été ultérieurement renforcée dans les années 1960 avec la construction
d’une voie rapide sur viaduc (la sopraelevata) traversant la ville d’est en ouest. Cette barrière
infranchissable pour ceux qui ne travaillaient pas
dans le port, contribuait à accroître la dégradation,
autant architecturale que sociale, du centre-ville
historique où le manque d’espaces publics était dû
aussi à sa structure fortement imbriquée. Avec la
tertiarisation progressive de l’économie génoise et
plus généralement italienne, le besoin des grands
centres urbains de devenir de plus en plus compétitifs sur la scène internationale a rendu indispensable le travail de requalification des friches industrielles et des « marges » urbaines afin de permettre à la ville et à ses habitants de regagner les
espaces « vides ». C’est le début d’une longue
régénération urbaine encore en cours aujourd’hui,
dans laquelle l’administration a su investir et
concentrer les financements aussi bien nationaux
qu’internationaux.
OBJECTIFS DU PROJET
Parmi les projets italiens de régénération urbaine,
celui du waterfront de Gênes a eu un très grand
impact, à l’échelle locale et sur l’imaginaire collectif. La transformation du port historique de la ville
d’une zone commerciale et industrielle en une
zone publique et urbaine a permis de déplacer vers
4.2
Le water front de Gênes : une expérience de régénération urbaine
Genoa’s Water Front: an experiment in urban regeneration
architectural characteristics of the industrial city.
Since the 19th Century the city was cut-off from the
dock area by an important railway system which in
the 1960’s was reinforced by the construction of an
overhead viaduct motorway crossing the entire city
from East to West. This insurmountable barrier, for
those who did not work at the docks, contributed to
the architectural but also the social degradation of
the old city centre where the lack of public space
was inextricably tied to the layout of the city. The
expansion of the services sector of the economy in
Genoa and in Italy at large, created the need for
cities to become more internationally competitive
by reclaiming and enhancing vast areas of industrial wasteland for the use of their citizens. A number of city authorities therefore initiated a series of
on-going projects to regenerate urban planning
with available national and international funds.
PURPOSE OF THE PROJECT
The Genoese Waterfront project, which is one of
many being addressed today in the country, has
come to be regarded as an example and a flagship
of Italian urban regeneration planning. The transformation of the commercial industrial zone into a
public urban area has contributed to moving the
axis of the city centre towards the sea by means of
the creation of a maritime park with very positive
repercussions on the regeneration of the city centre. The main objective of the project was to restore
the sea-front to the city and its population by transforming the dock area into a park offering services,
cultural and leisure facilities. The project also aspi-
113
Manuel | Tourisme et Patrimoine récent
Histoires de réussite et bonnes pratiques
Success Stories And Best Practices
la mer le barycentre de la ville, en créant un parc
portuaire urbain avec des retombées très positives
sur le plus large projet de requalification du centre
historique. Le but principal du projet était de rendre la mer à la ville et à ses habitants, en transformant le port en un parc livrant à la population plusieurs services qualifiés à caractère culturel et
récréatif. De plus, le projet s’insère dans une plus
large stratégie de patrimonialisation de la ville et
de changement de son image (autant interne que
vers le public extérieur) de ville industrielle à Ville
d’Art et d’Histoire*.
MISE EN OEUVRE ET EFFETS
La récupération du vieux bassin historique, sous-utilisé suite au déplacement du port commercial et des
activités annexes à l’ouest de la ville, a démarré en
1992 après les célébrations (les colombiennes) des
500 ans de la découverte de la route des Amériques
par Christophe Colomb. On peut ainsi brièvement
résumer les actions les plus importantes qui ont
successivement été mises en place sur le waterfront :
• 1987 – 90 : restauration des façades du Palais
San Giorgio, siège de l’Autorité Portuaire ;
• 1989 – 91 : récupération du complexe du
Baluardo di Porta Siberia ;
• 1990 – 92 : sur la base du projet de Renzo Piano,
transformation de la zone comprise entre le
« Molo Vecchio » et le Pont Spinola en espace
d’exposition pour l’exposition internationale spécialisée « Cristoforo Colombo : la nave e il mare »
(Christophe Colomb : le bateau et la mer) et
114
4.2
Le water front de Gênes : une expérience de régénération urbaine
Genoa’s Water Front: an experiment in urban regeneration
red to enhance and raise the profile of Genoa’s former industrial image as a city with a rich architectural, cultural and historical heritage.
IMPLEMENTATION AND CONSEQUENCES
The recuperation of the dock area which had been
neglected to the profit of the Western side of the
commercial harbour, started in 1992 following celebrations of Christopher Columbus’ discovery of
America.
• 1987-90: Restoration of the façades of the
Palazzo San Giorgio, seat of the Genoese port
authority ;
• 1989-91: recuperation of the Baluardo complex at
Porta Siberia ;
• 1990-92: beginning of Renzo Piano’s project to
transform the area between the “Molo Vecchio”
and the Spinola Bridge into an international exhibition area to accommodate a specially dedicated exhibition called “Christopher Colombus: the
ship and the sea”. Construction of an underground passageway for car traffic in order to
transform Piazza Caricamento into a pedestrian
plaza ;
• 1991-92: transformation of the Maritime station
into a Cruiser Terminal ;
• 1991-95: re-appropriation of the Scio quarter in
the Darsena quay area which became the seat of
the Economy Faculty of the university ;
• 1992-2000: transformation of the area between
the Ponte Calvi and the Ponte Morosini into a
tourist attraction esplanade with a marina and
parking lots ;
• 1994: creation of the Porto Antico di Genova S.p.A.
Rachele Borghi, Alessia Mariotti & Nazly Safarzadeh
Handbook on | Tourism And Recent Heritage
Histoires de réussite et bonnes pratiques
Success Stories And Best Practices
construction d’un passage souterrain pour les
voitures afin de rendre piétonne la Place
Caricamento ;
• 1991 – 92 : transformation de la Station
Maritime dans le nouveau Terminal Croisières ;
• 1991 – 95 : récupération du quartier Scio dans la
zone de la Darsena (quai) en tant que nouveau
siège de la Faculté d’Economie ;
• 1992 – 2000 : transformation de la zone comprise entre Pont Calvi et Pont Morosini en complexe touristique réceptif avec port de plaisance
et parkings ;
• A partir de 1994 : constitution de la société
Porto Antico di Genova S.p.A qui, sous la direction artistique de Renzo Piano, a réalisé sur
l’aire de l’Expo’92 une patinoire, la piscine/théâtre flottant, la Marina Molo Vecchio, le Village
des Enfants, le Cineplex, le Navire Bleu en tant
que prolongation de l’Aquarium, la Bibliothèque
des enfants De Amicis, l’Arène de la Mer, le
Musée de Porta Siberia, parking publics, etc.
• 2000 – 01 : pour le G8 construction d’une nouvelle promenade sur la Darsena et plusieurs
interventions dans le Porto Antico pour l’amélioration des espaces verts urbains, des pavés, etc.
• 2001 – 05 : Programme de Requalification
Urbaine (PRU) de la Darsena ;
• 2001 – 10 : projet de reconversion (UN Studio
Van Berkel & Bos) de Pont Parodi en espace
pour activités de services très qualifiés à forte
attractivité touristique et aménagement d’une
grande place sur la mer ;
• 2003 : inauguration de deux stations de métro le
long de la mer (Darsena et San Giorgio) ;
4.2
Le water front de Gênes : une expérience de régénération urbaine
Genoa’s Water Front: an experiment in urban regeneration
company directed by Renzo Piano who designed
the Expo ’92 complex comprising an Aquarium,
an ice-rink, a floating swimming pool/theatre, the
Molo Vecchio Marina (Old Quay Area), a
Children’s Village and library, a Cineplex (cinema
complex), the Grande Nave Blu (Large Blue Ship),
the Arena del Mare (Sea Arena), the Porta Siberia
Museum and public parking space ;
• 2000-01: to accommodate the G8 meeting, a new
pedestrian precinct was built along the Darsena
and other works were undertaken to improve
paving and introduce green areas ;
• 2001-05: Urban Rehabilitation Plan of the
Darsena (PRU) ;
• 2001-10: re-conversion project of the Ponte
Parodi (by Studio Van Berkel& Bos) dedicated to
high-profile tourist facilities and the creation of a
sea-side esplanade ;
• 2003: inauguration of 2 new metro stations along
the seafront (Darsena and San Giorgio) ;
• 2003-04: reconstruction of the Galata quarter (by
Guillermo Vasquez Consuegra) to accommodate
the new Maritime and Navigation Museum.
Upgrading of the Ripa Maris (façades of houses
in the old city centre and along via Gramsci) ;
• 2005-08: transformation of former warehouses
of the Calata Darsena into the seat of the
Nautical Institute.
Works to transform the Ponte Parodi into a commercial and leisure centre are still under way related to the terms of international financing of the
project.
115
Manuel | Tourisme et Patrimoine récent
Histoires de réussite et bonnes pratiques
Success Stories And Best Practices
• 2003 – 04 : restructuration du quartier Galata
(projet de Guillermo Vasquez Consuegra) pour le
nouveau Musée de la Mer et de la Navigation,
requalification de la Ripa Maris (façades des
maisons du centre historique face au port) et de
la rue Gramsci ;
• 2005 – 08 : récupération des magasins de
stockage de Calata Darsena pour le nouveau
siège de l’Institut Nautique.Les travaux pour la
transformation de Pont Parodi en centre commercial et centre ludique, en modalité de project
financing international, sont en cours.
Effets attendus
La requalification du waterfront et du centre-ville
historique et la création d’un nouveau système
d’espaces publics pour les résidents a aussi eu un
effet sur le nombre de visiteurs et de touristes qui
ont choisi Gênes comme destination, même si l’attrait des grands événements et en particulier de la
célébration de Gênes ville européenne de la culture
de 2004 ont eu un effet plus évident sur les statistiques touristiques locales : depuis le début des
années 2000 les arrivées* totales dans les hôtels
de la ville avoisinent les 550.000 unités, avec une
hausse de plus de 100.000 unités en 2004. Mais
l’Aquarium, qui a atteint les 20 millions de visiteurs
en 2008 et prévoit 1,3 million de visiteurs par an,
est le moteur du succès du front de mer (1,7 millions de visiteurs au total avec un chiffre d’affaires
de 24 millions d’euros en 2008), générant pour la
ville une économie induite estimée à 141,6 millions
d’euros.
116
4.2
Le water front de Gênes : une expérience de régénération urbaine
Genoa’s Water Front: an experiment in urban regeneration
Expected outcome
The upgrading of Genoa’s Water Front, of the old
city centre and the creation of a series of new public
spaces for residents has indeed attracted visitors
and tourists who would not otherwise have chosen
Genoa as a destination. There was an increase in
tourist visitors in 2004 when Genoa celebrated its
status as European Capital of Culture. In the year
2000, hotel booking units stood at 550 000 against
an increase of over 100 000 units in 2004. What was
remarkable though was that by 2008 the Aquarium
had counted 20 million visitors with an average of
about 1.3 million visitors per year. The Water Front
in general attracts about 1.7 million visitors per year
with a resulting € 24 million turnover in 2008 generating an estimated € 141.6 for the city’s economy.
Unexpected consequences
The astonishing success of the Aquarium (the largest in Europe) took the authorities by surprise as
they had no idea that it would become the major
attraction of the city. This phenomenon highlighted
the problem of the site’s accessibility and traffic
management. The question is now what strategy to
adopt to diversify and communicate the offer of
other sites to the flow of tourists who have a tendency of remaining around the Aquarium area instead of moving on to visit the historical city centre
(listed on UNESCO’s World Heritage Sites in 2006)
and museums housed in superb Renaissance palaces. With respect to the construction of a very large
commercial and leisure centre at Ponte Parodi, a
certain number of local actors are anxious that this
might not divert the flow of visitors away from the
historical city centre.
Rachele Borghi, Alessia Mariotti & Nazly Safarzadeh
Handbook on | Tourism And Recent Heritage
Histoires de réussite et bonnes pratiques
Success Stories And Best Practices
Effets inattendus
Le succès de l’Aquarium, l’un des plus grands
d’Europe a très fortement surpris les administrateurs locaux, qui ne s’attendaient pas à qu’il
devienne la première attraction de la ville. Cela a
engendré un certain nombre d’effets pervers, en
premier lieu en termes d’accessibilité, de gestion du
trafic (automobiles et cars) et de diversification de
l’offre touristique et culturelle de la ville. Les visiteurs se concentrent pour la plupart autour de
l’aquarium, négligeant les autres attraits du centre
historique, dans lequel un système de palais de la
renaissance (abritant les musées de la ville, mais
aussi des maisons privés) a été inscrit sur la liste du
patrimoine mondial de l’humanité UNESCO en 2006.
Enfin, la partie encore en cours du projet concernant la construction d’un mégacentre récréatif et
commercial à Pont Parodi laisse plusieurs acteurs
perplexes quant à la possibilité d’un délaissement
du tissu commercial du centre-ville historique.
A RETENIR
L’ensemble des projets de requalification du front
de mer de la ville a été supporté aussi bien par
l’Etat (Gênes est peut être la ville italienne ayant
reçu le plus de fonds publics pour la reconversion
des aires urbaines dégradées pendant la dernière
décennie), grâce à des lois spéciales de financement de grands événements (les colombiennes en
1992, le « G8 » en 2001, Gênes ville européenne de
la culture en 2004), que par la communauté internationale grâce aux programmes communautaires
comme URBAN I et URBAN II. Ceci a permis à la
mairie de profiter d’un effet levier sur les finance-
4.2
Le water front de Gênes : une expérience de régénération urbaine
Genoa’s Water Front: an experiment in urban regeneration
TO BE NOTED
All the seafront development projects were supported by Government funding specially in view of
events such as the 500th anniversary of the discovery of America, the G8 meeting in 2001 and Genoa’s
nomination as European Capital of Culture in 2004.
To upgrade its urban areas, Genoa is probably the
Italian city that has benefited from the largest
amount of State funds over the last decade and has
also received support from the European Union’s
URBAN I and URBAN II development programmes.
These sources of financial support have successfully exerted a remarkable leverage effect on the
coordination and design of these different projects.
Interaction and the coordination of the municipality
together with the port authorities of multiple actors
and projects, has in general, been successful both
globally and individually. Even though the general
strategy of the city can, on the whole, be considered
as successful, it seems that the impetus to promote
the conversion and concentration of the city’s economy towards the tertiary sector of tourism, has
been detrimental of the city’s local and traditional
economic origins.
It would therefore be desirable to diversify strategies, to include the know-how and skills acquired in
other production sectors to complement the services sector and consolidate a dynamic and competitive international market.
117
Manuel | Tourisme et Patrimoine récent
Histoires de réussite et bonnes pratiques
Success Stories And Best Practices
ments et de devenir l’acteur et le décideur principal dans le design et la coordination des différents
projets. De plus, l’entente avec l’autorité portuaire
a été fondamentale pour l’organisation et la coordination des multiples acteurs et bailleurs de fonds,
même si la vision d’ensemble d’origine est devenue de plus en plus floue et chaque tranche de projet a finalement été portée à terme indépendamment des autres. Même si les résultats de cette
stratégie sont, dans leur ensemble, positifs, il faut
néanmoins souligner un certain excès dans la
concentration des efforts sur la tertiarisation de
l’économie par le tourisme et la culture, au détriment d’une identité et d’un tissu économique local,
très lié à ses racines industrielles. Diversifier les
stratégies et soutenir les compétences acquises
dans d’autres secteurs productifs tout en les intégrant avec le tertiaire est fondamental pour la
construction d’un système local actif, dynamique et
compétitif sur le marché international.
4.2
Le water front de Gênes : une expérience de régénération urbaine
Genoa’s Water Front: an experiment in urban regeneration
CONTACTS
Anna Maria Nicoletti is Manager of the Sector
“Programs and Project of Urban Renewal” of the
Municipality of Genoa. Degree in Architecture, PhD
History of Architecture, she is author of two books
and several articles on the city’s development history in the 19th and 20th centuries.
INTERNET SITES
• http://urbancenter.comune.genova.it/spip.php?rubrique4100
• http://it.wikipedia.org/wiki/Genova_capitale_europea_della_cultura ■
PERSONNE DE REFERENCE
Anna Maria Nicoletti, Cadre sup. Equipe de support
à la « Direzione Programmi di Riqualificazione
Urbana », Municipalité de Gênes. Elle est architecte et Docteur en histoire de l’architecture. Elle a
publié deux volumes et plusieurs articles sur l’histoire récente du développement de la ville de Gênes
au XIXe et XXe siècle.
SITES INTERNET
• http://urbancenter.comune.genova.it/spip.php?rubrique4100
• http://it.wikipedia.org/wiki/Genova_capitale_europea_della_cultura ■
118
Rachele Borghi, Alessia Mariotti & Nazly Safarzadeh
Handbook on | Tourism And Recent Heritage
Histoires de réussite et bonnes pratiques
Success Stories And Best Practices
4.3 Le patrimoine « en jeu » : le Jeu de la Gallina
(jeu de la poule)
4.3 Game playing heritage trails: the Chicken
game (Snakes & Ladders)
TITRE DU PROJET
Le Jeu de la Gallina / El Joc de la Gallina
PROJECT
“The Chicken game” (“El Joc de la Gallina”)
COORDONNÉES
Lieu : Quartier Saint-Jacques, Perpignan (France).
Date/Durée : première partie du projet réalisée en 20052006. En 2008, le projet a été complété et repris pour
d’autres classes du quartier et de la ville. Extension avec
le jeu de l’oie à taille humaine en 2009-2010.
DETAILS
Location: The Saint Jacques district, Perpignan
(France). Date and Duration: First phase of the project between 2005 and 2006. In 2008 the project was
completed and reproduced for other classes in the
same quarter and in other parts of the city. 2009
and 2010: Transposition of the concept into a human
scale game.
ACTEURS
Promoteur : Service éducatif de l’animation du
patrimoine de la ville de Perpignan, labellisée Ville
d’Art et d’Histoire*.
Partenaires : une médiatrice culturelle (responsable du
service éducatif du patrimoine de la ville), un graphiste illustrateur (Manu Clabecq), l’Education Nationale (Professeurs
de l’école La Miranda, Inspection Académique, Rectorat).
Groupes cibles : au départ, les publics ciblés sont
des jeunes scolaires du quartier Saint-Jacques
(quartier urbain en difficulté). L’expérience a été réalisée avec des enfants majoritairement gitans de
l’école de la Miranda, située à côté de l’Eglise SaintJacques. Un jeu de l’oie a été créé en premier lieu
pour le quartier, puis le projet a été étendu à toutes
les classes et aussi à un public non scolaire, c’est-àdire à des familles qui venaient visiter Perpignan et
qui souhaitaient participer au jeu.
ACTORS
Promoter : The Educational Service for the
Coordination of the Heritage of Perpignan. The City
is certified “Ville d’Art et d’Histoire*”.
Partners: A Cultural mediator* (in charge of educational services of the city’s heritage centre), a graphic designer (Manu Clabecq), the National
Education Board (teachers of “La Miranda” school,
the Academic Inspection committee and the
Education Authority).
Targeted visitors: To begin with the project was
destined to attract local school groups from the
Saint-Jacques quarter which is a poor urban area.
The experiment was carried out with school children mostly of gipsy origin at the La Miranda school
situated next to the church of Saint-Jacques. The
119
Manuel | Tourisme et Patrimoine récent
Histoires de réussite et bonnes pratiques
Success Stories And Best Practices
Groupes bénéficiaires : les scolaires, les perpignanais et les touristes en famille.
CONTEXTE
Le quartier Saint-Jacques représente un haut symbole culturel du centre ancien de Perpignan. Des
espaces monumentaux importants y sont édifiés
au fil des siècles (remparts, églises, vastes couvents, casernes militaires, université). Dès 1814,
des familles gitanes, auparavant semi-nomades,
se sédentarisent à Saint-Jacques. Au cours du XXe
siècle, ce fut l’arrivée dans le quartier de populations maghrébines, émigrants économiques pour
la plupart, attirés par des logements vacants à bas
prix, car souvent très vétustes. Petit à petit, la
cohabitation s’organisa au détriment des classes
populaires locales qui quittèrent les lieux.
La population du quartier Saint-Jacques vit souvent dans des conditions difficiles, tant au niveau
familial que financier et social : elle est issue d’immigrations successives; s’y côtoient diverses communautés dont les plus nombreuses sont actuellement les gitans et les maghrébins. Chacun y a
apporté ses modes de vie et ses référents cultuels
souvent fort différents.
Ce quartier compte 3.087 habitants dont 2.830 sont
concernées par les revenus sociaux. 626 perçoivent
le Revenu de Solidarité Active (RSA)*, 128
l’Allocation Parent Isolé (API)* et 294 l’Allocation
aux Adulte Handicapé (AAH)*.
Au chômage et à l’absence, pour certains, de culture du travail (population gitane), qui frappe de
plein fouet ces familles, se juxtaposent les récents
120
4.3
Le patrimoine « en jeu » : le Jeu de la Gallina
Game playing heritage trails: the Chicken game (Snakes & Ladders)
game, which resembles Snakes and Ladder, was
created for local school children and later used
with children from other schools and then extended
to the public at large such as families visiting
Perpignan who wanted to join in the fun.
Beneficiaries: School children, Perpignan residents
and tourist families.
CONTEXT
The Saint-Jacques quarter is an emblematic area
of the old city centre of Perpignan as it is full of
ancient architectural monuments built through the
ages such as ramparts, churches, convents, military barracks and the university. From 1814
onwards, families of gypsies, until then seminomadic, settled in this area. In the course of the
20th Century, a new wave of North African working
immigrants moved to this area due to the availability of cheap and dilapidated housing. Little by little,
the cohabitation in this area took place to the detriment of the local popular inhabitants, who moved
out of the area.
The population of the Saint-Jacques quarter live in
difficult social, economic and family conditions.
They originate from a series of consecutive waves of
immigration which are principally represented by
the gypsy and North African communities. Each of
these groups has brought elements of their identities, life-styles and sometimes very different religious references. The quarter is populated by some
3087 inhabitants of which 2830 are eligible to social
benefits. 626 of them get state aid in the form of the
Rachele Borghi, Alessia Mariotti & Nazly Safarzadeh
Handbook on | Tourism And Recent Heritage
Histoires de réussite et bonnes pratiques
Success Stories And Best Practices
fléaux de la drogue et du sida, générant parfois violences et drames domestiques et intercommunautaires. De fait, de nombreux enfants scolarisés
dans le quartier vivent dans des conditions de pauvreté et de précarité certaines. L’école laïque et
républicaine est l’occasion pour les jeunes gitans
de découvrir le rejet, le racisme, la différence : ce
qui devrait être un lieu de rencontre peut devenir
celui de la confrontation avec le monde extérieur.
MISE EN OEUVRE ET EFFETS
Ce projet consiste en la réalisation d’un jeu de l’oie
avec une classe de la grande section de maternelle, classe qui comprenait 17 enfants âgés de 6 à
10 ans (l’âge des enfants peut surprendre, ce qui
n’a pourtant rien d’exceptionnel dans le quartier
Saint-Jacques, beaucoup d’enfants ayant un
important retard dû au peu d’intérêt de nombreuses familles quant à l’assiduité scolaire et aux
objectifs pédagogiques à atteindre), en quasi totalité d’origine gitane, encadrés par leur enseignante
et une médiatrice culturelle.
La première étape fut d’amener les enfants à réfléchir sur leur quartier, ses limites et sa situation à
l’intérieur de l’espace urbain. Il est à noter que la
plupart de ces enfants n’ont comme vision du
monde que celle de leur « petit » quartier voire de
leur rue.
Des sorties découvertes avec la classe ont été
organisées par les responsables du projet éducatif
pour amener les enfants à voir autre chose que ce
que perçoit leur regard habituel. Ces visites ont été
4.3
Le patrimoine « en jeu » : le Jeu de la Gallina
Game playing heritage trails: the Chicken game (Snakes & Ladders)
RSA* (Revenu de Solidarité Active), 128 get a Single
parent benefit and a further 294 are eligible to a
Handicapped Adult benefit*. Difficulties encountered in this district include a high rate of unemployment, the lack of a work orientated culture of the
gypsy community with more recent problems of
drugs and AIDS which generate violence and numerous domestic and intercommunity tragedies. A lot
of school-children live in conditions of extreme
poverty and precariousness. In government and
secular schools, gypsy children discover their difference with manifestations of racism and rejection.
Schools which should be places of encounters
become places of confrontation with the exterior
world.
IMPLEMENTATION AND CONSEQUENCES
The project consists in playing le “Jeu de l’Oie” (a
form of Snakes & Ladders) with a group of 17 nursery school children between the ages of 6 and 10,
predominantly of gypsy origin under the supervision
of a teacher and a cultural mediator*. Although the
ages of these children may be surprising, it is normal in the Saint-Jacques quarter as families rarely
encourage their children to attend school regularly
because the educational objectives of schools are
not a priority for them.
The first stage of the exercise was to encourage the
children to think about their quarter, on its limits
and on its situation in the context of the urban area.
At this stage, most of these children have a vision of
their world corresponding only to their quarter or
their street.
121
Manuel | Tourisme et Patrimoine récent
Histoires de réussite et bonnes pratiques
Success Stories And Best Practices
enrichies d’ateliers in situ (dessin d’architecture de
lieux patrimoniaux) et à la médiathèque du quartier
pour réaliser les petits textes pour l’exposition. Les
photographies, les travaux des enfants, dont le
fameux jeu de l’oie fait « maison » ont ensuite été
exposé modestement à la Casa Xanxo, ce qui fut un
grand événement pour les enfants de la classe et
leurs familles.
Dans la foulée la médiatrice culturelle et ses stagiaires ont travaillé à une vulgarisation de ce projet et
ont remanié le jeu pour en faire un dépliant-jeu étant
en même temps un support de visite tout public.
Pour toucher un plus large public, le service de
l’Animation du Patrimoine et le graphiste-illustrateur
élaborèrent une planche de jeu sous forme de document attractif et pratique, utilisable à la fois in situ et
à domicile. Le Jeu de la Gallina, dans sa version
publique gratuite et bilingue français-catalan (en ce
qui concerne le plateau de jeu), a été proposé aux
écoles de la ville dès octobre 2007.
Comme dans un jeu de l’oie classique, des cases
« action » et des cases « piège » ont été créées, ces
dernières représentent des Gallinas (poules en catalan qui lie l’oie du jeu et les coqs élevés pour des
combats dans les arrière-cours du quartier et qui
sont familiers aux enfants) s’ébrouant au gré des
noms de lieux du quartier, évoquant sa vie, les
métiers pratiqués, les activités d’antan, les richesses
du patrimoine bâti. Chaque case reproduit une perspective de rue, de place, de fontaine, un détail architectural, une spécificité de quartier : pour se repérer,
plus besoin de plans il suffit d’aller de case en case.
122
4.3
Le patrimoine « en jeu » : le Jeu de la Gallina
Game playing heritage trails: the Chicken game (Snakes & Ladders)
A series of class outings were organized to give the
children the opportunity of discovering and seeing
different things from what they usually see. These
visits were alternated with in situ drawing workshops during which the children were invited to draw
architectural buildings and to create texts in a local
multimedia library to describe the pictures for an
exhibition. Photographs and the drawings of the
children including a “Jeu de l’Oie” (Snakes &
Ladders game) were later exhibited at the Casa
Xanxo creating a great event for the children and
their families.
At the same time, the cultural mediator* and a few
student teachers worked on a plan to disseminate
the project by transforming the game into a GameBrochure or a leaflet to illustrate the visit of the
quarter for the public at large. In order to reach a
wider public the Heritage Coordination committee
and a graphic designer created a game-board in the
form of an attractive and practical leaflet which
could be used in situ or at home. The bilingual
French and Catalan game, then called “Jeu de la
Gallina”, (Snake & Ladders) was handed out free of
charge in all local schools from 2007 onwards.
As in the classical “Jeu de l’Oie” (as Snakes &
Ladders is called in French), certain grid squares
are “action” squares and others are “trap” squares.
The latter represent Gallinas (which means chicken
in Catalan and can be associated to the chicken that
the children are familiar with in their own home
yards), flapping their wings as they move along the
squares with names of places in their quarter evoRachele Borghi, Alessia Mariotti & Nazly Safarzadeh
Handbook on | Tourism And Recent Heritage
Histoires de réussite et bonnes pratiques
Success Stories And Best Practices
Les Journées du patrimoine 2007 ont été l’occasion
de le donner à admirer. La Casa Xanxo abrita une
nouvelle exposition constituée d’une part des cases
de jeu reproduites en grand format et accroché
comme du linge à des fils (rappelant le quartier),
d’autre part des dessins du travail à l’aquarelle de
l’artiste Manu Clabecq. L’exposition, restée en
place plus de trois mois, a dévoilé également les
croquis d’architecture des enfants réalisés dans le
cadre des ateliers du patrimoine avec le graphisteillustrateur ainsi que le plateau de jeu finalisé et
les fameux dépliants réalisés.
Enfin, un jeu de l’oie à dimension humaine a été
créé. Le Jeu de la Gallina a été reproduit avec une
dimension telle que l’on y joue en se positionnant
physiquement à l’intérieur! Chacun, petit ou grand
peut, de cette manière ludique et originale, visiter
le quartier Saint-Jacques « exporté » dans d’autres
lieux de la ville commerçante et touristique.
L’enfant de Saint-Jacques voit désormais son travail, le jeu qu’il a créé, exposé au regard de tous,
admiré et utilisé même par celles et ceux qui ne
comprennent pas encore vraiment qui il est, où et
comment il vit, ce qu’il ressent face à l’autre.
Il est à noter qu’il a fallu faire face en début de travail à l’absentéisme de la part des enfants, à des
comportements parfois « violents » de la part de
certains d’entre eux, à des difficultés de concentration et d’acceptation des règles du travail en
groupe. Mais le projet comprenait aussi un objectif
de sociabilisation par l’éducation et le jeu.
4.3
Le patrimoine « en jeu » : le Jeu de la Gallina
Game playing heritage trails: the Chicken game (Snakes & Ladders)
king familiar things, professions or activities and a
wealth of local heritage buildings. Each square
represents the perspective of a street, a familiar
town square, a fountain, an architectural detail,
characteristics of the quarter and, to know where
one is, one no longer needs a street plan, one just
moves from one square on to the next.
In 2007, the “Journées du partimoine” (French
National Heritage Days) was the opportunity of introducing the game to the public. A new exhibition was
organized at the Casa Xanxo including large reproductions of the game squares hung on washing lines
(another reference to the children’s environment),
and watercolour drawings by the artist Manu
Clabecq. The exhibition which included drawings of
architectural elements by the children and the final
version of the game-board leaflet, lasted 3 months.
Lastly, a human size “Jeu de l’Oie” was produced.
The “Jeu de la Gallina” was created on a human
scale which allowed people to play on it by moving
around it themselves. In this original and playful
way, anybody who wants to discover the SaintJacques quarter can do so, by “transposing” the
game to any other town or tourist attraction. The
children of Saint-Jacques could therefore see the
result of the work they had created, exposed for everybody to see, admire and use even by those who did
not yet fully understand who they were, how they live
or what they perceive in front of another person.
Another objective of creating this game was to help
the children to socialize through the educational
123
Manuel | Tourisme et Patrimoine récent
Histoires de réussite et bonnes pratiques
Success Stories And Best Practices
Effets attendus
A ce jour, plus de 40 classes de Perpignan et des
Pyrénées-Orientales ont bénéficié gratuitement de
cette visite à travers ce jeu découverte dans le
cadre scolaire ou périscolaire: certaines étaient
composées de plus jeunes enfants (dont des classes bilingues français catalan); d’autres concernaient des collégiens plus âgés, particulièrement
ceux qui ont choisi des sections artistiques: chant,
musique, danse.
Ont également été conviés à y participer les scolaires du département et de Catalogne du Sud.
Concernant la diffusion du Jeu de la Gallina auprès
du public familial, 5.000 exemplaires ont déjà été
distribués à la Casa Xanxo ou dans les deux points
d’accueil de l’Office de Tourisme; il convient à tous
les âges et l’on peut s’y adonner à son rythme, en
famille, seul, en groupe, ou en fonction de ses propres centres d’intérêt.
Effets inattendus
• Le grand succès du jeu au niveau de la ville ou à
l’extérieur.
• L’invitation au colloque international « Tourisme
et pauvreté » à Marrakech en juin 2008 pour
présenter le projet.
• Demandes d’aide pour reproduire le projet dans
d’autres lieux (en cours).
Coût du projet : 9.000 euros (édition de 10.000
dépliants, jeu géant, exposition).
4.3
Le patrimoine « en jeu » : le Jeu de la Gallina
Game playing heritage trails: the Chicken game (Snakes & Ladders)
and playful aspects of the process. Numerous difficulties were encountered at the outset of the project with a high rate of absenteeism, rowdy behaviour, difficulties in concentrating and in accepting
the rules of working together as a group.
Expected outcome
The game has been distributed in more than 40
classes in the Perpignan area, in the Province of the
Pyrénées-Orientales and in Southern Catalonia to
children of age groups ranging from the very young
to much older groups, bilingual French-Catalan
classes and art students.
5000 copies of the game have been handed out at
the Casa Xanxo and in the two tourist information
offices of the city. The game can be played by a
variety of people including families, groups or independently at anyone’s pace because it is suitable to
anyone’s tastes.
Unexpected results
The outstanding success of the project has had
repercussions far beyond the quarter of SaintJacques reaching the entire city and further a field.
The project was presented at an International
Conference on “Tourism and Poverty” that took
place in Marrakesh in June 2008.
Requests for aid to reproduce the project in other
cities are under way.
PURPOSE OF THE PROJECT
• To introduce the architecture and heritage of a
124
Rachele Borghi, Alessia Mariotti & Nazly Safarzadeh
Handbook on | Tourism And Recent Heritage
Histoires de réussite et bonnes pratiques
Success Stories And Best Practices
OBJECTIFS DU PROJET
• Faire découvrir au jeune public l’architecture et
le patrimoine d’un quartier (dans ce cas précis,
un quartier en difficulté).
• Faciliter la compréhension du patrimoine architectural et environnemental par les enfants afin
de mieux les impliquer, les enraciner dans leur
lieu de vie et ainsi, accrocher leur intérêt par
une démarche basée sur l’autoréalisation et la
pratique sensorielle du jeu.
• Mener l’enfant à travers un véritable itinéraire
culturel et artistique par imprégnation.
• Utiliser le travail artistique réalisé par les
enfants pour toucher un plus large public en faisant mieux connaître et apprécier le quartier
Saint-Jacques au reste de la population de
Perpignan et au public familial.
• Faire que l’enfant découvre par lui-même le sens
caché des lieux et des choses, lui apprendre l’autonomie de la pensée et aiguiser son esprit critique, ce qui fera de lui un être plus conscient.
• Guider l’enfant dans sa quête inconsciente, mais
bien réelle, d’identité et de racines qui lui permet à terme de mieux se structurer et de trouver sa juste place au sein d’une société faite de
métissages culturels.
• Faire travailler son expression française à l’enfant, sans qu’il s’en rende compte, en le faisant
rédiger les règles du jeu puis en le laissant
créer les cases.
• Donner aux enfants un sentiment de fierté face
à leur réalisation en exposant leurs travaux,
sachant qu’ils ne sont pas habitués à la réussite
scolaire ou para-scolaire.
4.3
Le patrimoine « en jeu » : le Jeu de la Gallina
Game playing heritage trails: the Chicken game (Snakes & Ladders)
given quarter (and in this particular case, an
underprivileged area), to a young public.
• To help children to understand architectural and
environmental heritage. To get them to feel
involved and directly concerned by realizing that
their roots are grounded in their environment
and help them realize this connection with their
own lives by means of the sensorial methods of
the game.
• To use the artistic work of children in order to
reach a wider public in Perpignan and families at
large by introducing them to the Saint-Jacques
quarter and allowing them to discover it more
intimately.
• To help children discover the hidden significance
of places and things by themselves. To teach the
children the significance of their autonomy, to
sharpen their own opinions and help them develop their conscience.
• To guide children in their subconscious quest for
identity and roots which, in the long term, will
help them to develop and find their place in a
mixed society.
• Help them to express themselves in French
without their noticing this by having them establish the rules of the game and allowing them to
create and compose the various squares.
• To give children a sense of pride for what they
accomplish by exhibiting their work especially in the
context of their not being used to success at school.
• To encourage a wider public to learn more about
the area, to better understand the history and
origins of the quarter and to discover the remarkable landmarks of local heritage, to meet the
125
Manuel | Tourisme et Patrimoine récent
Histoires de réussite et bonnes pratiques
Success Stories And Best Practices
• Apprendre à un plus large public le repérage
spatial, la compréhension de l’histoire et des
origines du quartier, la découverte d’un patrimoine remarquable, la rencontre avec les
enfants et les habitants de Saint-Jacques dans
une vraie démarche d’attente respectueuse.
• Mettre en valeur un quartier connu pour être
« craint » et ainsi relativiser la peur de s’y rendre.
• Deux utilisations du jeu sont possibles : soit il
est utilisé comme support d’aide pédagogique à
une découverte à pied du quartier, d’une durée
d’environ une heure et demie à une journée
dans le dédale des rues et places animées et
cosmopolites, soit il constitue un jeu de l’oie traditionnel du type jeu de plateau.
A RETENIR
Faire comprendre aux enfants que le monde ne se
limite pas à leur quartier et leur ouvrir l’esprit à ce
qu’il y a en dehors.
Travailler avec ces enfants et savoir que d’autres
enfants peuvent jouer au même jeu dans d’autres
quartiers, ou bien reproduire le jeu dans le leur.
PERSONNES DE REFERENCE
Marianne Charlet, chargée du service éducatif du
patrimoine à Perpignan, Ville d’Art et d’Histoire* et
Christine Pagnon-Maudet, élue de la Ville de
Perpignan en charge du Tourisme et enseignantchercheur à l’Université de Perpignan.
4.3
Le patrimoine « en jeu » : le Jeu de la Gallina
Game playing heritage trails: the Chicken game (Snakes & Ladders)
children and the inhabitants of Saint-Jacques in
a respectful manner.
• To enhance the image of a quarter which is
usually feared, and to allow the public to familiarize themselves with the area.
• The project can be approached in two ways:
either it can serve as an educational guide of the
quarter to be discovered on foot for about an
hour and a half to a days’ walk through the labyrinth of little streets and places, or, the game
can simply be played as a normal board-game
like any other.
TO BE NOTED
Children can be helped to understand that the
world does not only consist in their quarter.
The game is a means of opening the horizons of
children to the world outside their quarter.
The game serves to work with children and to help
them understand that other children can play this
game in other places and to encourage them to
reproduce the game in their quarter.
CONTACTS
Marianne Charlet is in charge of the educational
services of the Heritage of Perpignan, the “Ville
d’Art et d’Histoire*” (City of Art and History).
Christine Pagnon-Maudet is a Perpignan City counsellor in charge of Tourism and teacher, researcher
at the University of Perpignan.
INTERNET SITES
http://mairie-perpignan.fr/ (Under construction)
The game is soon going to be put online.
126
Rachele Borghi, Alessia Mariotti & Nazly Safarzadeh
Handbook on | Tourism And Recent Heritage
Histoires de réussite et bonnes pratiques
Success Stories And Best Practices
SITE INTERNET
http://www.mairie-perpignan.fr/ (en cours d’élaboration)
Mise en ligne du jeu à venir.
ENTRETIEN AVEC MARIANNE CHARLET
(Responsable du service éducatif du patrimoine
de la Ville de Perpignan)
Comment joue-t-on au « Jeu de la Gallina » ?
Il est possible d’y jouer de deux manières :
Dans le premier cas, il s’agit d’un itinéraire de
découverte avec ou sans guide ! Le jeu commence à
la Casa Xanxo (lieu patrimonial phare de la Ville), les
règles du jeu sont établies dès le départ. A partir de
là, on lance un gros dé en mousse, et on avance
selon le chiffre obtenu. Sur le chemin, on va passer
par plusieurs « cases » et donc traverser le quartier
Saint-Jacques. Arrivés à la case numéro quatre par
exemple, le guide ou le joueur va expliquer ce
qu’était la place Hyacinthe Rigaud et ainsi de suite.
Dans le second cas, le jeu est comme un jeu de plateau classique de type « jeu de l’oie » avec des
cases représentant des places, rues et monuments
du quartier Saint-Jacques, et des cases de
«relance» ou « pièges ». Les enfants peuvent donc
jouer à la maison et ainsi découvrir le quartier par
le biais des différentes cases.
Il est possible d’obtenir un dépliant-jeu dans les
espaces d’accueil publics suivants : Casa Xanxo et
Office de Tourisme de la Ville. Le dépliant est mis à
disposition (donc gratuit). On peut y jouer de différentes manières : il peut donc être utilisé comme
4.3
Le patrimoine « en jeu » : le Jeu de la Gallina
Game playing heritage trails: the Chicken game (Snakes & Ladders)
INTERVIEW WITH MARIANNE CHARLET
(Responsible of the Educational Services
of the Heritage of the City of Perpignan)
How does one play the “Jeu de la Gallina”?
There are two ways of playing the game:
The first way is to follow an itinerary to discover a
place, with or without a guide. The game starts at
the Casa Xanxo (an emblematic heritage point of the
city) and the rules of the game are established at the
departure. One throws a huge foam dice and goes
forward according to the number that has come up.
Along the way one passes along a number of “squares”, thus crossing through the Saint Jacques quarter. When one gets to “square” number 4, for example, the guide or the player will explain what the
Place Hyacinthe Rigaud is and so on… The second
way of playing the game is like an ordinary board
game such as “Snakes & Ladders” (Jeu de l’Oie)
with squares that represent places, streets and
monuments of the Saint-Jacques quarter, with
“action” squares or “trap” squares. Children can
therefore play the game at home and can discover
the quarter by looking at the different squares.
The folded game-board is freely distributed at the
Casa Xanxo and at all the Tourist Offices of the city
and it can be played either as a guide to the quarter
or it can be taken home to play as a normal board
game.
If someone comes into the Tourist Office and asks
for suggestions suitable for children, they will be
invited to visit the Saint-Jacques quarter with the
aid of the “Jeu de la Gallina”. Visitors are informed
127
Manuel | Tourisme et Patrimoine récent
Histoires de réussite et bonnes pratiques
Success Stories And Best Practices
un support d’aide à la visite ou comme un jeu de
l’oie traditionnel. Par exemple, si une personne se
présente à l’Office de Tourisme et demande une
animation pour enfant, il lui sera proposé de découvrir le quartier Saint-Jacques grâce au dépliant du
« Jeu de la Gallina ». Des précisions seront fournies
sur le lieu de départ, les règles du jeu, la durée, etc.
Pour en savoir plus sur les différents lieux du quartier, il suffit de lire les indications historiques au dos
du dépliant. Enfin, il existe une version géante du
jeu, sur laquelle les enfants peuvent se déplacer.
C’est une manière d’exporter le quartier SaintJacques dans d’autres espaces ou quartier.
Comment les enfants de la classe de la Miranda
(qui ont créé le jeu) ont accueilli le projet ?
Au début, ils se demandaient ce qu’ils allaient
faire, et lorsqu’on leur parlait de patrimoine, ils
n’avaient aucune idée de ce que cela pouvait signifier. Nous avons donc fait plusieurs sorties pour
essayer de leur faire comprendre ce qu’était leur
quartier. Petit à petit, nous avons pu leur apporter
une plus grande compréhension de son histoire. Le
fait qu’une personne extérieure vienne dans leur
classe pour leur expliquer quelque chose de différent a été bien perçu dans l’ensemble.
Comment les habitants de la ville de Perpignan
ont-ils perçu le projet ?
Quand nous nous sommes baladés dans le quartier
avec le dépliant à la main, les gens venaient facilement vers nous, remarquant le jeu et nous disant
que c’était un jeu intéressant. Certains aidaient
même les enfants. Nous avons constaté une bonne
128
4.3
Le patrimoine « en jeu » : le Jeu de la Gallina
Game playing heritage trails: the Chicken game (Snakes & Ladders)
of the rules, of the duration and will be shown the
details before they set off. If one wants to know
more about the various areas of the quarter, the
historical details are explained on the back of the
leaflet. Furthermore, there is a giant version of the
game on which children can physically move
around. It is a way of bringing the Saint-Jacques
quarter to other places or areas of the city.
How did the group of children from the Miranda
school who created the game react to the project?
To begin with, they could neither understand what
they were going to do, nor the meaning of the
concept of heritage. We therefore took them on a
number of outings to help them understand what
their quarter was. Little by little, we led them to
grasp a better comprehension of the history of the
quarter. The fact that someone from outside their
class came to explain something different to them
was appreciated.
And how did the inhabitants of the city of Perpignan
perceive the project?
During our visits around the town, people would
come up to us, looking at the game and would comment on how interesting they found it. Others offered to help the children and in this way we realized
that the game could catalyse the participation of
local residents of the quarter. With regard to the
citizens of Perpignan, it is harder to say but, in
general, people’s reactions were rather positive.
Personally, I have never met anybody who was
averse to the project and its uses. Local council
members were very favourable and supportive of the
Rachele Borghi, Alessia Mariotti & Nazly Safarzadeh
Handbook on | Tourism And Recent Heritage
Histoires de réussite et bonnes pratiques
Success Stories And Best Practices
participation, surtout des gens du quartier. Concernant
les perpignanais en général, c’est plus difficile à dire,
mais le ressenti est plutôt positif. Je n’ai jamais eu à
faire à des personnes réfractaires au projet et à son utilisation. Les élus étaient très favorables au projet. En
effet, Saint-Jacques est un quartier relativement pauvre mais très « typé » de par sa population majoritairement gitane et son patrimoine très riche. Le but de ce
projet était de mettre ce quartier en valeur de manière
à le rendre plus accessible à ceux qui n’y vont pas forcément. Ce quartier dispose d’un patrimoine historique
exceptionnel, le jeu de la Gallina est un moyen pour y
attirer du public.
Les élus ne peuvent qu’encourager ce type de démarche, qui permet à des enfants d’aller au cœur du quartier Saint-Jacques, de le découvrir, de voir qu’il n’est
pas forcément plus « à craindre » qu’un autre quartier.
Les élus ne sont pas restés indifférents non plus
lorsqu’ils ont remarqué l’existence du jeu géant, que
l’on peut transporter dans d’autres quartiers. On fait
ainsi le pont entre les différents quartiers et les enfants
ont l’impression de découvrir le quartier Saint-Jacques,
tout en restant dans leur propre quartier.
Comment les touristes ont-ils accueilli le dépliant avec
le jeu de l’oie ?
Nous travaillons en collaboration avec l’Office de
Tourisme de Perpignan, mais nous ne faisons pas partie du même service. En tant que Service éducatif de
l’animation du patrimoine de la ville, nous donnons
régulièrement des dépliants à mettre à disposition à
l’accueil des principaux lieux de la ville et généralement, à la fin de la saison estivale, il y en a beaucoup
moins. Il est donc clair que les gens les ont utilisés.
4.3
Le patrimoine « en jeu » : le Jeu de la Gallina
Game playing heritage trails: the Chicken game (Snakes & Ladders)
project. The Saint-Jacques quarter has great character thanks to its predominantly gypsy population
and its remarkable heritage. The aim of the project
was to reinstate the quarter in such a way as to make
it accessible to those who do not normally go there.
As a heritage site, the area is really quite exceptional
and the “Jeu de la Gallina” is an amazing way of
attracting the public to visit it. Local councillors supported this initiative which encourages children to
visit the heart of the Saint-Jacques quarter, to discover its essence and to realize that it is not a place to
fear more than any other. When people noticed that
the giant version of the game could be transposed to
other quarters, it could serve as a link between the
various districts of the city allowing children from
other areas to discover Saint-Jacques.
How did tourists take to the “Jeu de la Gallina”
game leaflet?
Although we work in collaboration with the Tourist
Office of Perpignan, we are not actually part of the
same structure, so what we do notice is, that at the
end of each tourist season, important amounts of
leaflets have been distributed to tourists who seem
to appreciate them.
How was the project financed?
In the year 2001, when Perpignan obtained the status of a “Ville d’Art et d’Histoire*” (City of Art and
History), the city’s Educational Heritage Service was
attributed a State budget to finance certain projects
to promote the discovery of the city’s heritage sites.
At this point, one of the projects we had was to
develop the idea of the “Jeu de la Gallina”. Certain
129
Manuel | Tourisme et Patrimoine récent
Histoires de réussite et bonnes pratiques
Success Stories And Best Practices
Comment le projet a-t-il été financé ?
La ville de Perpignan a reçu le label « Ville d’Art et
d’Histoire* » en 2001 et de ce fait, le Service éducatif du patrimoine de la ville peut financer certains
projets de découverte du patrimoine de la ville grâce
à une subvention annuelle de l’Etat. Nous avons
donc pu créer des actions diverses dont le « Jeu de
la Gallina ». Notons que pour les besoins du projet,
nous avons du payer l’impression, l’illustrateur, et
c’est donc la ville qui a pris ces frais en charge.
D’où vient l’idée du projet ?
Nous nous sommes inspirés de jeux de l’oie qui
avaient été faits sur d’autres thématiques, mais
pas forcément sur le patrimoine, c’est au départ
l’idée de l’enseignante de créer un jeu sur le quartier. Elle a fait appel au service éducatif du patrimoine pour pouvoir réaliser son projet de découverte du quartier par le jeu. Je ne sais pas si cela
avait déjà été fait dans d’autres villes, il existe bien
des « monopolys » sur des régions, villes… donc,
pourquoi pas un jeu de l’oie ? Mais nous ne sommes pas parti sur de l’existant, nous avons innové.
A quels problèmes avez-vous du faire face lors de
la réalisation de ce projet ?
Par rapport au comportement des enfants, ils
étaient encadrés par leur professeur. Ils essayaient
de faire de leur mieux pour le travail qui leur a été
demandé, ils étaient assez intéressés. Le projet
était bien encadré et soutenu par l’Education
Nationale et par la Ville de Perpignan qui nous
encourageaient dans cette démarche, nous étions
dans une position confortable et nous n’avons pas
130
4.3
Le patrimoine « en jeu » : le Jeu de la Gallina
Game playing heritage trails: the Chicken game (Snakes & Ladders)
extra costs, specific to this project, such as the cost
of printing and the services of graphic designer
were picked up by the municipality.
Where did the inspiration of the project come from?
We had seen some other versions of the “Jeu de
l’Oie” that had been created around other themes
than that of heritage. It was one of the teachers that
came up with the idea of creating a game around
the theme of the quarter. She got in touch with the
city’s heritage educational authorities to ask for
help in creating the project to discover the area by
the means of a game.
What difficulties did you encounter at this stage of
the project?
Mostly, the behaviour of the children. They did their
best while working on the tasks that they were
asked to perform and were interested thanks to the
way they were guided by the teachers of the state
school system. With the encouragement of the city
authorities, it was quite comfortable and we had no
major drawbacks. The few problems we came up
against were absenteeism and occasional manifestations of rough behaviour but the teachers are
used to dealing with this. The children tended to
have a limited capacity of concentration of about
half an hour at a time. It was therefore necessary to
take breaks and to work with short time spans. This
element needed a great deal of patience.
Classes consisted in various groups of children between the ages of 6 to 10. We had to be very flexible
and adaptable because we were not dealing with a
normal class. For this reason too, the project took a
Rachele Borghi, Alessia Mariotti & Nazly Safarzadeh
Handbook on | Tourism And Recent Heritage
Histoires de réussite et bonnes pratiques
Success Stories And Best Practices
rencontré de soucis vraiment majeurs. Cependant,
quelques problèmes d’absentéisme ont parfois fait
surface ; puis aussi, quelques rares gestes de violences mais le personnel enseignant savait comment y faire face et recadrer les comportements
plus difficiles. Les enfants avaient aussi une attention très limitée, d’une demi-heure, grand maximum. Il fallait souvent faire des pauses, et travailler sur des durées très courtes. Nous avions besoin
de beaucoup de patience.
Les classes regroupaient différents niveaux, les
enfants avaient entre 6 et 10 ans. Il n’y avait donc
pas vraiment de classe « normale ». En cela, il était
difficile d’avoir un vrai suivi avec eux. Il fallait
s’adapter. Le suivi du projet : il s’agit d’un projet très
long à mettre en place (5 ans en ce qui nous
concerne), c’est un travail au quotidien, il faut le
préparer (1 an), le réaliser (1 an), l’adapter, le vulgariser (3 ans), puis le diffuser, etc. Le plus important
est d’apprendre à connaître les enfants et les enseignants de manière à travailler tous ensemble dans
la même direction. Le projet nécessite un suivi de
chaque instant, noter la réaction des enfants dans
diverses situations, prendre des photos (même si le
fait de prendre des photos des enfants gitans n’est
pas très bien perçu). Il est absolument nécessaire
de bien prendre en compte les coutumes, les traditions, les mœurs de la population en les respectant
et en dialoguant pour expliquer les différentes
démarches. Le projet est relativement facile à mettre en place. S’il y a de la volonté, cela ne demande
pas de budget conséquent, il suffit d’avoir des professionnels du patrimoine et de l’éducation.
4.3
Le patrimoine « en jeu » : le Jeu de la Gallina
Game playing heritage trails: the Chicken game (Snakes & Ladders)
long time to be implemented – 5 years in all. One
year to set it up, another year to create it and a further 3 years to adapt it by making it accessible to
the public and to distribute it.
The most important thing was to get to know the
children and the teachers so that everybody could
work together with the same objective in mind. The
project called for a lot of ground work such as
taking note of children’s reactions and taking photos (even though these children did not particularly
appreciate being photographed). It was very important to take into account the traditions and habits of
all concerned, to respect them and to create a
genuine climate of dialogue with them explaining
the reasons for each activity. The project was relatively easy to set up on the condition that everybody’s motivations were well understood and were
professionally supervised by education and heritage
specialists.
Did at any moment certain collaborators manifest
discouragement or a wish to abandon the project?
To begin with, we worked with the teacher that I
have mentioned. At the time, I was a tour guide and
worked as cultural mediator*, so we looked after
the children together. Later we mounted the exhibition with the children and together with them, we
dealt with the aspect of communicating on this
theme. At the same time, we worked on a partnership with the local multimedia library where the
children were able to type out their own little texts
on computers. Then, at the end of the school year,
the project was taken up by a few student teachers
131
Manuel | Tourisme et Patrimoine récent
Histoires de réussite et bonnes pratiques
Success Stories And Best Practices
Certains collaborateurs ont-ils été tentés d’aban donner le projet en cours de route ?
Au début, nous avons collaboré avec l’enseignante.
A l’époque, j’étais guide conférencière et médiatrice
culturelle. Donc je m’occupais des enfants avec
elle. Puis, nous avons monté la première petite
exposition avec les enfants, et à cette occasion,
nous avons communiqué sur notre projet. Les
enfants ont mis en place l’exposition et ont présenté
leur jeu. Nous avons travaillé en partenariat avec la
médiathèque de la ville. Les enfants ont tapé des
petits textes à l’ordinateur. A la fin de l’année scolaire, le projet a été repris par des stagiaires que j’ai
engagés pour les deux années suivantes. Ils faisaient, entre autre, des Masters en patrimoine. Ils
se sont donc emparés du projet et nous avons fait
un travail de vulgarisation pour arriver à ce petit
dépliant en travaillant avec l’illustrateur. Le graphiste illustrateur travaille avec nous depuis le
début. Il a une sensibilité vis-à-vis du patrimoine.
Nous avons réalisé une collection de dix petits
documents sur le patrimoine de la ville de Perpignan.
Comme tout le monde allait dans le même sens, forcément, personne n’a lâché, nous sommes toujours
allés de l’avant. Donc personne n’a laissé tomber le
projet d’une manière ou d’une autre. Dans notre travail, nous avons tout de même une quantité d’autres
choses à faire, donc il ne faut pas baisser les bras, il
faut persévérer et entretenir le projet. Maintenant
que le dépliant est sorti et que nous avons fait la
grande exposition lors des Journées du Patrimoine
2008, que le jeu de l’oie géant est sorti, nous avons
des piles de dépliants, il faut relancer la machine en
permanence, redistribuer les dépliants, dire que le
132
4.3
Le patrimoine « en jeu » : le Jeu de la Gallina
Game playing heritage trails: the Chicken game (Snakes & Ladders)
that I had engaged for the two following years and
who were doing their Master’s degrees in heritage.
The student teachers took over the project helped
us to popularize it by producing the leaflet with the
illustrator who has been working with us since the
beginning of the project. He is keenly interested in
heritage. We have also created a collection of small
documents on the heritage of the city of Perpignan.
At no point did any of the actors of the project threaten to abandon it. All the groups involved never gave
up working together to attain the common objective. It is a characteristic of the work of all the
actors involved, to persevere in their tasks to keep
projects going. Now that the project has been launched and has met with success of the important
exhibition during the “Journées du patrimoine” in
2008, the presentation of the giant “Jeu de l’Oie”
and the production of a vast amount leaflets, we
need to launch new communication campaigns to
distribute them.
How is the project going to continue?
Teachers constantly get in touch with us and come
and visit us to ask whether we can do presentations
to discover the heritage of Perpignan. We do this by
introducing them to the Saint-Jacques quarter. The
project is still very much alive and we continue to
visit headmasters of new schools to talk about the
game and distribute the leaflets to more and more
classes. The main actions that must be kept up are
the continuation of communication campaigns and
the distribution of the leaflets. We plan to undertake
such campaigns in districts of Saint-Matthieu, Le
Vernet and the Moulin à Vent.
Rachele Borghi, Alessia Mariotti & Nazly Safarzadeh
Handbook on | Tourism And Recent Heritage
Histoires de réussite et bonnes pratiques
Success Stories And Best Practices
projet existe, car d’une année à l’autre les gens
oublient. C’est ce que nous essayons de faire chaque année. C’est la continuité du projet qu’il faut
toujours garder en tête.
Comment se présente la suite du projet ?
Nous recevons régulièrement des enseignants qui
demandent à faire des animations de découverte du
patrimoine de la ville de Perpignan et donc nous
leur présentons le jeu de la Gallina comme une
découverte du quartier Saint-Jacques. Ainsi, le projet est toujours vivant. Il faut continuer à diffuser les
dépliants dans les classes, aller voir les directeurs
d’écoles pour leur dire que cela existe. C’est ce suivi
que l’on doit toujours avoir en tête, ne pas laisser
tomber et ne pas laisser les dépliants dans les cartons. A l’heure actuelle, nous pourrions envisager
de faire de même dans d’autres quartiers de la ville
ayant une histoire et un patrimoine intéressants
(Saint-Matthieu, Le Vernet, le Moulin à Vent…).
4.3
Le patrimoine « en jeu » : le Jeu de la Gallina
Game playing heritage trails: the Chicken game (Snakes & Ladders)
What advice could you give to people who wish to
set-up a similar project?
The most important thing is to establish a solid
relationship with the local population because the
project is based on an exchange between equals.
Each party must perceive the win-win aspect of the
project. “You tell me about your quarter your way
and I explain the history of your quarter to you, my
way. And then we create something together…”.
To approach the issue of heritage by means of a
game is an excellent introduction to the question
and it must be used to solicit the children’s interest
in heritage.
This game can be used anywhere and we are the
disposal of anybody who wishes to reproduce it for
their quarter or the city they live in. ■
Que pourriez-vous conseiller aux personnes qui souhaiteraient mettre en place un projet du même type ?
Il est surtout important, à mon avis de démarrer ce
type de projet avec la population locale, ce projet
était un échange, donnant-donnant : « tu me parles
de ton quartier à ta façon, je t’explique son histoire
à ma façon ! Ensuite nous réaliserons quelque
chose ensemble…». Aborder le patrimoine par le
jeu est un bon tremplin, il faut s’en servir pour sensibiliser les enfants à la découverte de leur patrimoine. Ce jeu peut être réalisé partout, nous sommes à la disposition de quiconque souhaiterait le
reproduire dans son quartier ou dans sa ville. ■
133
Manuel | Tourisme et Patrimoine récent
Histoires de réussite et bonnes pratiques
Success Stories And Best Practices
4.4 L’utilisation de la lumière dans la mise en
valeur du patrimoine
4.4 The use of lighting to enhance heritage sites
TITRE DU PROJET
La mise en lumière de la Tour Perret
PROJECT
The lighting of the Tour Perret
COORDONNÉES
Lieu : 13, place Alphonse-Fiquet (face à la Gare du
Nord), Amiens (France)
DETAILS
Place: 13, place Alphonse-Fiquet (opposite the Gare
du Nord), Amiens (France).
ACTEURS
Réalisateurs : Société 8’18’’/Grandeur Nature et
Agence Van de Wyngaert
Partenaire : Municipalité d’Amiens
Groupes cibles : les habitants de la ville, les touristes
ACTORS
Companies: Société 8’18”/ Grandeur Nature and the
Van de Wyngaert Agency
Partner: The Municipality of Amiens.
Targeted groups: The inhabitants of Amiens and
tourists.
CONTEXTE
La Tour a été conçue en 1942 par Auguste Perret et
réalisée entre 1949 et 1952, dans le cadre du projet
de reconstruction de la place Alphonse-Fiquet et
de la gare suite aux destructions de la Seconde
Guerre Mondiale. Il s’agit de la première tour
construite en Europe en béton armé, considérée
comme un clin d’œil aux Etats-Unis. Sur le plan
symbolique, l’Europe, avec sa tour de 104 mètres.
(aujourd’hui 110) et ses 29 étages, devenait
moderne. Mais avec le temps, l’immeuble commençait à présenter des signes de vieillissement et
de dysfonctionnement (béton sali par la pollution,
tour dégradée, accès aux quais de gare compliqué,
circulation et stationnement sur la place plus
adaptés au trafic). En arrivant en ville par le train,
la première image d’Amiens n’était pas très allé-
134
CONTEXT
The Tower was designed in 1942 by Auguste Perret
and built between 1949 and 1952 when the place
Alphonse-Fiquet and the station were reconstructed following the destruction of WWII. It is the first
reinforced concrete tower that was built in Europe,
inspired by American architecture and which symbolically projected Europe into a new age with its 29
floors that stood 104 metres high. The tower rapidly
started showing signs of aging and had become
impractical. The concrete was soiled by pollution,
the tower showed signs of deterioration, access to
the station was complicated because the increasing
flow of traffic and parking space on the square had
become ill-suited to the area. When one arrived in
Amiens by train and came out of the station, the
Rachele Borghi, Alessia Mariotti & Nazly Safarzadeh
Handbook on | Tourism And Recent Heritage
Histoires de réussite et bonnes pratiques
Success Stories And Best Practices
chante. Les amiénois eux-mêmes n’avaient pas
une perception positive de la tour et de ses environs. Le béton est difficile à aimer. Quoi faire ? La
municipalité a demandé l’avis des citoyens sur son
futur : destruction ? Les habitants ont répondu
négativement, car la tour était considérée comme
patrimoine commun de la ville, un symbole. La ville
lance donc un concours pour la mise en valeur de
la tour.
OBJECTIFS DU PROJET
Mettre en place un programme de rénovation et
d’embellissement qui permettrait de réhabiliter
l’image de la ville à travers la mise en lumière de la
tour. En même temps, changer la perception négative de la tour par les citoyens et les visiteurs.
MISE EN OEUVRE ET EFFETS
Un cube de verre lumineux, point culminant de la
tour Perret, égrène le temps, heure après heure,
face à la gare, en plein cœur et au-dessus de la
ville, de ses mouvements, de ses bruits. Ce
« sablier » est composé de 12 éléments de vitrage
à opacification commandée, permettant de rendre
le sablier transparent ou bien translucide. Au centre de celui-ci, 12 lignes de tri-néon gorgent le verre
diffusant une lumière colorée et changeante.
Prolongé dans la nuit par la lumière, l’éclat du
soleil, le reflet du ciel sur le verre, donnent vie à la
Tour Perret dans le paysage nocturne de la ville
d’Amiens. Une logique constructive de la lumière
en adéquation avec l’architecture d’Auguste Perret
est ici proposée. Une lumière chaude et colorée,
4.4
L’utilisation de la lumière dans la mise en valeur du patrimoine
The use of lighting to enhance heritage sites
first impression of the town was not particularly
attractive. Even the residents of Amiens were not
particularly enthusiastic about the tower nor did they
like the neighbourhood. It is difficult to find concrete
attractive. So, what was to be done? The municipality
consulted the citizens on the issue of the future of
the neighbourhood. Should it be destroyed? To this
the residents of the city responded negatively as they
considered it to be a symbolic emblem of their common heritage. At this point the municipality launched
a tender to enhance the tower.
PURPOSE OF THE PROJECT
To create a plan to renovate, embellish and rehabilitate the image of the city by illuminating the tower.
To transform the negative perception that local citizens and tourists had of the tower.
IMPLEMENTATION AND CONSEQUENCES
A luminous glass cube at the top of the Perret
Tower changes colour to count the minutes of the
day, hour after hour, opposite the station and at the
heart of the city centre. This original “hourglass” is
composed of 12 glazed elements which render the
hourglass either transparent or opaque. Inside the
glass cube, there are special neon tubes which
soak the glass up with light that is subsequently diffused by changing colours of light. The illuminated
extension of the tower, which also reflects the sunlight, animates the top of the Perret Tower in the
nocturnal landscape of the city of Amiens. The
constructive logic of the lighting, which suits
Auguste Perret’s tower well, is warm and multicoloured. The lighting of the cornices of the tower
135
Manuel | Tourisme et Patrimoine récent
Histoires de réussite et bonnes pratiques
Success Stories And Best Practices
montante, trouve ses origines au pied de la tour,
depuis le niveau de la rue jusqu’aux premières terrasses du bâtiment. Les modénatures sont soulignées par une lumière très colorée, appelant le
promeneur à lever le regard en affirmant le nouveau plan architectural. Le mouvement horaire du
sablier matérialise la première heure de la nuit, la
lumière montante contribuant à élancer la tour
vers le ciel nocturne.
Doucement, au crépuscule, la lumière s’installe au
sommet, lumière rougeoyante dont on ne mesure
pas immédiatement l’origine.
Le soleil a totalement disparu, le bleu se mélange
au rouge, la transparence du verre s’estompe
jusqu’à l’opacité, d’heure en heure, pour marquer
le temps, lire la nuit.
Tous les quarts d’heure, demi-heures et heures la
tour s’anime, comme un carillon, elle « sonne » le
temps. La lumière monte le long de la tour, le
sablier brille d’un flot de lumière. Il est minuit ; la
lumière d’un blanc pur, couleur de lune, s’ancre
dans la nuit. Le verre a totalement perdu sa transparence. Un événement lumière annonce le passage à un nouveau jour, le cube de verre rayonne.
De minuit à une heure du matin un grand calme
s’installe, le sommet de la tour se montre dans la
plus absolue simplicité, un grand cube de verre
blanc-bleuté suspend le temps, veille sur la ville.
La première heure du matin arrive, le sablier
reprend sa respiration, dévoilant à nouveau la
structure. Les heures passent, la lumière de l’aube
se mélange au bleu, doucement, bleu-vert, lumière
136
4.4
L’utilisation de la lumière dans la mise en valeur du patrimoine
The use of lighting to enhance heritage sites
starts at the foot of the building, inviting the pedestrian or onlooker to raise his eyes and admire the
architecture. The movement of the hourglass starts
at nightfall with rising colours that contribute to elevating the tower into the night sky. At sunset, a
slightly reddish light slowly emerges at the summit
of the tower without one noticing the source of the
light. When the sun disappears, the blue begins to
merge with red, the transparency of the glass subsides to become opaque, beating the tempo and reading the night. Each quarter of an hour, the tower is
animated by chimes as the light sweeps up the tower
to inundate it and make the hourglass gleam. At
midnight, the light becomes pure white and moonlike. The glass is now completely opaque and a light
event prepares the advent of the new day: the cube
begins to glow. Between midnight and 1 am, in an
atmosphere of calm, the tower is presented in its
most essential simplicity. The cube is a bluish-white
keeping watch over the city. At dawn, the hourglass
begins to breathe again and the artificial light
retreats slowly to leave the scene to the natural morning light. The hourglass continues to trace its
course with the sunlight becoming completely transparent at midday when daylight penetrates into the
tower revealing the circular volume at the centre.
Expected outcome
The new lighting of the tower has re-enhanced,
brought to light the history of the building, the historical context in which it was built and the initial
vision of the Auguste Perret. The project of enhancing the appearance of the tower gave residents the
opportunity of re-appropriating and appreciating
Rachele Borghi, Alessia Mariotti & Nazly Safarzadeh
Handbook on | Tourism And Recent Heritage
Histoires de réussite et bonnes pratiques
Success Stories And Best Practices
matinale, ciel voilé, la lumière artificielle s’efface
pour laisser place à la lumière naturelle. Le sablier
continuera sa course avec le soleil pour atteindre
une totale transparence à midi. La lumière du jour
pénètre au centre de la tour, dévoilant le volume
circulaire qu’elle enserre en son centre.
Effets attendus
La mise en lumière a permis de mettre en valeur
l’histoire du bâtiment, le contexte historique dans
lequel la tour a été conçue et du projet architectural de Perret.
Les habitants se sont réappropriés un repère de
leur ville et ont porté un nouveau regard sur la tour
et, par conséquent, sur la ville. C’est une autre
manière de vivre le lieu qui développe le sens d’appartenance de la communauté. L’image de la tour
est aujourd’hui utilisée dans le marketing urbain
de la ville et est devenue une image-symbole
d’Amiens, point de repère pour les habitants et les
touristes.
Effets inattendus
Plusieurs blogs sur la tour ont été créés. Par ailleurs, l’image de la tour illuminée est devenue
l’image-symbole sur internet quand on parle de la
ville d’Amiens. Coût du projet : 400.000 euros.
A RETENIR
C’est une tour habitée, il faut donc tenir compte de
ses habitants. Les gens qui habitent à l’intérieur de
la tour ne doivent pas être gênés par la lumière.
4.4
L’utilisation de la lumière dans la mise en valeur du patrimoine
The use of lighting to enhance heritage sites
this landmark and their city with which they had
been disenchanted. The citizens of Amiens experience the city and the area around the tower differently, with a sense of belonging to a community.
The image of the tower is now used to market the
city and has become an emblem, a meeting point
for inhabitants and tourists alike.
Unexpected results
A number of blogs describing the tower have
sprung-up on internet since implementation of the
lighting project. The tower has become an emblematic symbol of Amiens. Cost of the project:
€ 400 000.
TO BE NOTED
The lighting must not be a disturbance to the inhabitants of the tower.
CONTACTS
François Migeon
INTERNET WEBSITES
8.18@orange.fr
www.grandeurnature-lumière.com
INTERVIEW WITH FRANÇOIS MIGEON
(Lighting designer)
Could you give us some historical bearings as to
lighting projects of public places?
Until the second half of the 20th century, outdoor
lighting existed for the sole purpose of facilitating
the movement of people and vehicles. Since the
137
Manuel | Tourisme et Patrimoine récent
Histoires de réussite et bonnes pratiques
Success Stories And Best Practices
PERSONNE DE REFERENCE
François Migeon
SITE INTERNET
8.18@orange.fr
www.grandeurnature-lumiere.com
ENTRETIEN AVEC FRANÇOIS MIGEON
(Plasticien lumière)
Pourriez-vous nous donner quelques repères historiques sur la mise en lumière de l’espace public ?
Jusqu’à la seconde moitié du XXe siècle, la lumière
extérieure avait avant tout la fonction d’éclairer,
répondant à des problématiques essentiellement
liées aux déplacements des personnes et des véhicules. Néanmoins, et ce dès le début du XXe siècle,
la lumière était un événement, la ville nocturne
était apparue. Les bâtiments étaient éclairés par la
lumière résiduelle des lampadaires. La « mise en
lumière » architecturale est arrivée beaucoup plus
tard. En France, la Tour Eiffel est l’un des premiers
bâtiments mis en lumière ; un projet est apparu
très tôt, assez proche de celui actuellement en
place (éclairage par l’intérieur), mais avec une
technologie ne permettant pas de la pérenniser. Ce
fût aussi un support de publicité pour, beaucoup
plus récemment, devenir une référence mondiale
en termes de mise en lumière (éclairagiste : Pierre
Bideau). Cette tour remarquable a fortement
contribué à la prise de conscience de l’impact de la
lumière architecturale dans la ville. Le métier de
concepteur de lumière est né il y a une vingtaine
d’année de cette prise de conscience, la lumière
138
4.4
L’utilisation de la lumière dans la mise en valeur du patrimoine
The use of lighting to enhance heritage sites
beginning of the 20th Century, however, lighting
became an event in itself and the “city by night”
came into being. Buildings used to be illuminated
by residual street lighting. The initiative of actually
enhancing the characteristics of a given building by
means of lighting, came only much later with the
project of reviewing the lighting of the Eiffel Tower.
The initial project, which was first created in 1986,
consisted in lighting the monument from the interior using techniques that were not destined to be
permanent. More recently, lighting projects have
proved to be excellent marketing tools to transform and enhance places or buildings into powerful images of reference. The outstanding new lighting of the Eiffel Tower by the Light Engineer,
Pierre Bideau, was a watershed in that people realized the impact that lighting could have in enhancing the image of a city. The profession of light
engineering, as such, came into being about 20
years ago following the example of this first emblematic experience where the lighting itself became
a central element in the presentation of an urban
space.
The idea that lighting up buildings or heritage sites
makes a city much more attractive, has developed
over the past 15 years and the French have been
precursors of this tendency even though, it is true,
that in the 1940’s and 1950’s certain prestigious
towers in the United States were very effectively litup. Nowadays the approach to this process has
gone one step further than the simple enhancement of a site or building by means of lighting techniques. We now have to take into consideration
Rachele Borghi, Alessia Mariotti & Nazly Safarzadeh
Handbook on | Tourism And Recent Heritage
Histoires de réussite et bonnes pratiques
Success Stories And Best Practices
devenant une composante de la « mise en scène »
de l’espace urbain. L’idée d’éclairer un patrimoine
et de rendre la ville plus attractive a vraiment pris
son essor il y a une quinzaine d’année. La France
fait partie des précurseurs, même s’il est vrai que
les Etats-Unis des années 1940-50 ont mis en
lumière des tours prestigieuses. Aujourd’hui nous
nous inscrivons dans une approche qui va au-delà
de la mise en lumière. Nous devons raisonner sur
les problématiques liées à nos pratiques, comme
la question de l’énergie, d’une lumière intelligente,
peu polluante. Le concepteur lumière a une responsabilité dans la chaîne de valeurs de la Haute
Qualité Environnementale, nos projets sont
empreints de ces nouvelles prises en compte.
Quelle est la différence entre mise en lumière et
projection événementielle (voir spectacles son et
lumière) ?
Pour moi ce sont deux métiers différents. Dans la
projection, la lumière est uniquement un moyen pour
exprimer une histoire dont le bâtiment est son support, un écran destiné à rendre festif un espace. Nous
sommes à mi-chemin entre le cinéma en plein air et
la mise en lumière architecturale événementielle.
La mise en lumière architecturale, issue d’un concept,
et à la différence de la projection d’image, va se développer autour de plusieurs axes de réflexion. Le bâtiment,
son histoire, sa fonction seront mis en perspective avec
son environnement, son contexte urbain. L’idée de mettre en scène la ville, doit s’inscrire dans la durabilité,
dans le respect de la vie du quartier, de ses habitants,
de l’ensemble des éléments composant la cité.
4.4
L’utilisation de la lumière dans la mise en valeur du patrimoine
The use of lighting to enhance heritage sites
other issues such as energy consumption, pollution
and intelligent light. Light designers now have the
responsibility of addressing a series of contemporary environmental values when undertaking new
projects.
What is the difference between a lighting project
and the projections of lighting events such as “son
et lumière”?
Personally, I consider these two professions as
completely different. In the case of projections, the
lighting is only a means of expressing a story for
which the building is a support or back-drop, a sort
of screen destined to create festive space. It is half
way between open-air cinema and the architectural
lighting of an event.
The lighting of an architectural complex or building,
where no image is projected, is developed along a
series of approaches by looking at the building, its
history, its function, its environment and its urban
context. The idea of staging a city must be sustainable, must respect the life of its inhabitants, its districts and all the elements that compose the city.
What are the consequences of a lighting project of
a building on the area in which it is located?
Each building has its own story. If a particular building dominates the district in which it is situated, it
may be tall or visible from every point of the city, it
will assume a status of “authority” over its environment. A smaller or more discreet building will
benefit from negotiating a dialogue with passers-by
so as to attract their curiosity when they are nearby.
139
Manuel | Tourisme et Patrimoine récent
Histoires de réussite et bonnes pratiques
Success Stories And Best Practices
Quelles sont les retombées de la mise en lumière
d’un bâtiment dans son quartier ?
Chaque bâtiment a une histoire. Si l’on prend un
bâtiment qui est dominant dans son quartier, de
grande hauteur, visible depuis toute la ville, il prendra un statut lui conférant une « autorité » sur son
environnement. Un bâtiment plus petit, inséré
d’une façon discrète dans son contexte, tissera un
dialogue avec les passants, cherchera à éveiller
des regards de proximité. C’est une question
d’échelle et de rapport entre le bâtiment et la ville.
Dans la mise en lumière du musée de Montpellier,
par exemple, j’ai travaillé sur la découverte progressive du bâtiment par les promeneurs, une
découverte faite petit à petit pour respecter l’intimité du bâtiment. La mise en lumière peut parler
du bâtiment, de l’activité qu’il abrite, de ce qui se
passe dans son intérieur, pour qu’il ne soit pas une
simple façade éclairée, mais un bâtiment qui a une
vie. Le passant va être attiré par la mise en lumière
du musée et va trouver les prémices de sa visite
muséale.
Au contraire, dans le cas d’une tour comme celle
d’Auguste Perret à Amiens, on est en présence
d’un repère fort de la ville. La lumière va permettre
de focaliser une multitude de regards tout au long
de la nuit. Nous nous sommes attachés à cette
double lecture, repère visuel lointain, sorte de
phare dans la ville et vie à proximité, enracinement
dans un quartier de la ville. Autre exemple d’une
approche différente : dans les grandes villes chinoises la densité de la lumière est privilégiée, avec
une mise en lumière de l’ensemble du parc archi-
140
4.4
L’utilisation de la lumière dans la mise en valeur du patrimoine
The use of lighting to enhance heritage sites
It is very much a question of scale and relationship
between the building and the city. In the case of the
Museum of Montpellier, for example, I worked on
the idea of having pedestrians progressively discovering the building, little by little so as to respect
the intimacy of the site. Lighting can express something about a building, about the activity that is carried-out within the building, so as to animate it, not
reducing it to a mere illuminated façade but which
refers to the building that has a life of its own.
Passer-by will therefore be intrigued by the lighting
of the museum and will receive a preliminary message from it.
On the other hand, as in the case of the Tower of
Auguste Perret in Amiens, we are in the presence of
a building which represents a strong landmark of the
city. The lighting will therefore focus the gaze of a
multitude of onlookers all through the night. We therefore had a twofold interpretation of this building as
a beacon that could be seen from far away and as a
familiar presence rooted in the context of the city’s
central district.
The example of another approach that comes to
mind, is the lighting of an entire architectural
ensemble of Chinese city centres where the density
of the light has to be taken into account. In this
case, we have to create a landscape of light which
suggests a concept of modernity and of the future.
The gaze of the onlooker is no longer focused on a
particular building but on a “show” where the only
reference scale, is the city itself.
Rachele Borghi, Alessia Mariotti & Nazly Safarzadeh
Handbook on | Tourism And Recent Heritage
Histoires de réussite et bonnes pratiques
Success Stories And Best Practices
tectural. Il se crée ainsi un paysage de lumière qui
donne l’idée d’une certaine conception de la
modernité et du futur. Le regard n’est plus attiré
par tel ou tel bâtiment mais par un « spectacle » ou
la seule échelle de référence est celle de la ville.
Quel est la valeur ajoutée de la lumière dans le
marketing urbain ?
Les villes ont compris que la culture est un atout
énorme pour leur valorisation, dans tous ses états.
La lumière joue un rôle très important dans la
transformation de la ville. Des villes sombres,
comme ce fût le cas, il y a une quinzaine d’années
pour la ville de Bordeaux ont transformé leur
image en éclairant, la nuit, leurs espaces et leur
patrimoine. Avant de lancer de grands travaux de
requalification des espaces, de rénovation du patrimoine, la réalisation de mise en lumière permet de
préfigurer la ville à venir, de donner vie à une nouvelle image dans des délais assez rapides et des
moyens financiers facilement supportable par une
ville. La lumière a aussi le pouvoir de « lisser » un
peu les choses, de cacher les défauts et donner
une image féérique de la ville. La ville pourra alors
mettre en place et réaliser ses grands projets qui
nécessiteront plusieurs années de travaux et dont
les désordres du chantier seront un peu plus facilement supportés par les habitants.
Comment la lumière peut-elle mettre en valeur le
patrimoine du XXe siècle ?
Il y a deux types d’architecture du XXe siècle, ou
pour mieux dire trois. Il y a l’architecture de type
structurelle, avec des structures très lisibles ; il y a
4.4
L’utilisation de la lumière dans la mise en valeur du patrimoine
The use of lighting to enhance heritage sites
In what does a lighting project bring added value to
the marketing of a given city?
The municipalities of cities all over the world now
well understand to what extent culture is a crucial
element in enhancing status. Lighting therefore
plays a very important role in transforming a city.
Cities such as Bordeaux, that were dreadfully dark
until only some 15 years ago, have radically transformed their images by lighting up the night, city
spaces and heritage building. Before launching
expensive works to rehabilitate certain areas or to
restore heritage sites, municipalities can readily
adopt projects to improve the lighting of their cities
thus gaining foresight of what the city can become
by means of a lighting project that can be implemented relatively quickly and at reasonable costs.
Lighting projects can also “smooth over” certain
flaws of a building by conferring a magic atmosphere. This procedure can help the municipality of
a city to set-up long-term rehabilitation plans in
such a way as to make this period more tolerable to
its inhabitants.
How can a lighting project enhance the image of
20th century architecture?
20th century architecture can be subdivided into
two or three categories. First, there is a structural
type of architecture where the basic structure of the
building is particularly visible. There is concrete
architecture and then glass architecture, which is
transparent. There are three distinct schools of
conception. Generally speaking, there is no one
specific response to each of these three categories,
however, there are some basic rules that are appli-
141
Manuel | Tourisme et Patrimoine récent
Histoires de réussite et bonnes pratiques
Success Stories And Best Practices
l’architecture du béton et l’architecture de verre,
transparente. Il s’agit de trois cas d’école totalement différents. Globalement il n’y a pas une
réponse unique pour chacun de ces trois cas, néanmoins des règles de base s’appliqueront à ces
architectures.
Concernant l’architecture de structure, elle nécessite un grand travail de mise en lumière de la
structure elle-même, d’éclairage depuis l’intérieur
pour chercher à mettre en valeur les éléments qui
permettent de comprendre la conception du bâtiment. La Tour Eiffel en est l’exemple type.
L’architecture de béton est une architecture de
masse, il faudra la travailler plutôt de l’extérieur,
valoriser la matière, pour magnifier le béton. Il
s’agit d’un matériau qui prend très bien la lumière,
la matière est intéressante, sa texture, ses imperfections la qualifient. Le verre, par contre (lorsqu’il
est transparent), ne s’éclaire pas ; il faut travailler
l’intérieur, la transparence, mettre en valeur toute
la fonction du bâtiment, surtout lorsque l’on parle
de tours. Dans ce cas, ce qui sera visible se trouve
dans la tour, il faudra donc s’attacher à la faire
vivre de l’intérieur. D’autres architectures, « atypiques », devront trouver des solutions différentes.
Peut-on appliquer des expériences européennes
hors d’Europe ?
Il y a deux choses dans la mise en lumière ; il y a la
plastique de la lumière, c’est-à-dire le projet, le
concept. Et puis il y a la technique. La technique est
universelle, les moyens que l’on a pour la mise en
lumière s’appliquent un peu partout dans le
142
4.4
L’utilisation de la lumière dans la mise en valeur du patrimoine
The use of lighting to enhance heritage sites
cable to each of these architectures. Structural
architecture requires a great deal of work on highlighting the structure itself which will facilitate the
comprehension of how the building was designed.
The Eiffel Tower is a case in point.
Concrete architecture is composed of mass which
needs to be evaluated from the exterior, where one
needs to enhance the material, to show-up the
concrete. Concrete is a construction material that
takes well to lighting because the texture of the
material is interesting and its imperfections enrich
it. On the other hand, glass, when it is transparent
does not take well to light. The transparency needs
to be worked on from the interior and one has to
take a much closer look at the function of the building, especially in the case of towers. In this specific case, what will be visible is inside the tower and
this is why it needs to be animated from the interior. Other types of more atypical architecture
require different solutions.
Can experiments on European architecture be
applied to buildings outside Europe?
Two elements have to be taken into consideration
when working on a lighting project. There is the
physical or sculptural aspect of the project or the
concept of the building. Then, the technical characteristics need to be evaluated. Techniques are universal and the lighting resources available for a
specific project are applicable all over the world.
From the conceptual point of view of lighting, there
is no one way of working. Each project is different
and each site is linked to the architectural style of
Rachele Borghi, Alessia Mariotti & Nazly Safarzadeh
Handbook on | Tourism And Recent Heritage
Histoires de réussite et bonnes pratiques
Success Stories And Best Practices
monde. Pour l’aspect conceptuel de lumière, il n’y
a aucune recette ; il y a un projet à chaque fois différent et chaque lieu va donner vie à une mise en
lumière spécifique. Le travail du concepteur de
lumière est proche de celui de l’architecte. La personnalité du concepteur de lumière, sa force créatrice seront au service de l’architecture, du paysage qui lui est confié, sa mémoire, son histoire et
son contexte (urbain, rapport à la ville et rapport au
quartier). Le concepteur lumière aura alors à loisir
d’exprimer sa vision, son interprétation, sa sensibilité pour traduire son émotion par cette matière
volatile qu’est la lumière.
Quelle est la fonction de la lumière dans la réappropriation du patrimoine par les habitants d’une
ville ?
La lumière peut permettre aux gens de se réconcilier avec leur propre patrimoine. Déjà tout simplement parce qu’un bâtiment qui s’éclaire est un événement. D’un coup il se passe quelque chose.
Quand je parle de réconciliation, c’est ça, c’est le
fait de se réconcilier, de renouer une histoire avec
quelque chose que l’on a oublié.
Lorsque l’on éclaire un site, on sort de la nuit, on
focalise le regard et on montre des détails que les
gens avaient oubliés ou jamais vus. Une architecture éclairée accède à un statut de reconnaissance.
Cela peut engendrer des répercussions allant audelà du bâtiment ; en créant un espace nocturne
agréable nous focalisons les attentions, nous donnons un signal auprès des habitants.
4.4
L’utilisation de la lumière dans la mise en valeur du patrimoine
The use of lighting to enhance heritage sites
the city. The personality and the creative energy of
the lighting designer must serve the architecture,
the landscape, the memory, the history and the
context of the site he is requested to work on, be it
in an urban environment, in relationship with the
city or with the district. The lighting designer
expresses his vision, his interpretation or feelings
to translate his emotion by means of the volatile
resource represented by light.
What is the function of light in the re-appropriation
of a given heritage site or building by the local residents of the city or place?
The lighting of a building can really help to reconcile local inhabitants with heritage sites in their
vicinity. The mere fact of setting-up a new lighting
project constitutes an event in itself. Suddenly,
something happens. And when I speak about reconciliation, this is exactly what I mean. A link with the
history that they had forgotten, is rekindled. When a
site is illuminated, it comes out of the dark, it
attracts attention, it shows up details that people
had never noticed or had never hitherto seen. The
lighting up of an architectural site brings recognition. The repercussions can go well beyond the
building itself because, by the creation of an
agreeable atmosphere, it focuses attention and the
inhabitants are signified of the change.
What is the role of lighting in the preservation of
monuments?
Lighting has really sometimes saved some buildings from being demolished. This has happened
with a number of industrial sites. Lighting reveals
143
Manuel | Tourisme et Patrimoine récent
Histoires de réussite et bonnes pratiques
Success Stories And Best Practices
4.4
L’utilisation de la lumière dans la mise en valeur du patrimoine
The use of lighting to enhance heritage sites
the heritage aspect of a building that, for some reason, could not be grasped by the public or that people had forgotten. Lighting is a tool often used by
heritage associations seeking to create an event by
bringing these endangered sites to the attention of
the public or local authorities.
Quel est le rôle de la lumière dans la sauvegarde
de monuments ?
La lumière a permis parfois de sauvegarder des
monuments qui devaient être détruits. C’est arrivé
dans des sites industriels entre autres, des sites
très difficiles qui auraient dus être démolis. La
lumière a permis de donner une lecture « nouvelle »
et de « révéler » un patrimoine qui n’était plus lisible, que les gens avaient oublié.
Très souvent la lumière est utilisée par les associations de défense du patrimoine, pour créer des événements, créer un moment privilégié qui permet de
porter l’attention sur un patrimoine en danger.
Is this the militant effect of lighting?
Well, one must remember that a number of battles
have indeed been won - not only by the lighting-up
a site - but in some cases, the lighting certainly
strongly contributed to changing people’s perception of a building.
C’est l’effet militant de la lumière ?
Il y a beaucoup d’exemples de batailles gagnées, certainement pas uniquement par le fait de la lumière
mais où celle-ci a fortement contribué à changer
l’image, à modifier notre perception des choses.
J’ai travaillé en Bosnie Herzégovine cet été. Je suis
allé à Stolac et suis intervenu auprès du centre culturel de Sarajevo de façon bénévole. Stolac est une
petite ville avec un patrimoine formidable. Francis
Bueb, le directeur du centre, a lancé un travail de
trois ans avec le paysagiste Gilles Clément et l’association Coloco (association composée d’étudiant
du paysage) sur la reconquête des territoires de ce
pays qui a été complètement traumatisé par la
guerre. Mais reconstituer le paysage, c’est un travail très long, il était nécessaire d’engager une
relation avec les habitants qui soit lisible, et en
même temps qui apporte du plaisir dès la première
année d’intervention. Je suis intervenu sur trois
sites qui, d’un coup, se sont transformés. J’ai mis
I recently worked in Bosnia-Herzegovina. I went to
Stolac and did a voluntary intervention in a cultural
centre in Sarajevo. Stolac is a small town with the
most beautiful elements of heritage. Francis Bueb,
the director of the centre, launched a project with
Gilles Clément the landscape artist and a group of
young students who have created an association.
The idea was to re-appropriate territories where
populations have been completely traumatized by
the war. But reconstituting a landscape is a very
long process. It was therefore necessary to engage
in a dialogue with the inhabitants which would be
comprehensible to them and which would give
them pleasure from the onset of the project. I worked on lighting-up three elements which were suddenly transformed. A waterfall came to life with
some lighting and, all of a sudden, the people from
this little town and from neighbouring villages came
to see it and realized that they actually possessed
this heritage which was also an attraction – they
144
Rachele Borghi, Alessia Mariotti & Nazly Safarzadeh
Handbook on | Tourism And Recent Heritage
Histoires de réussite et bonnes pratiques
Success Stories And Best Practices
en lumière la cascade ; les gens de cette petite ville
et des villes avoisinantes se sont déplacés et ont
repris conscience que leur ville avait un patrimoine,
un attrait. Le deuxième site était un pont que j’ai
éclairé pour lui donner une nouvelle lecture ; il avait
oublié son élégance. Par la lumière on peut réinsuffler une histoire et un espoir. J’ai aussi éclairé l’entrée d’un musée et ses espaces intérieurs. Les gens
étaient ravis. Avec des actions comme celles-ci,
nous pouvons donner du temps aux autres actions
plus complexes. ■
4.4
L’utilisation de la lumière dans la mise en valeur du patrimoine
The use of lighting to enhance heritage sites
had forgotten its elegance. Lighting can really bring
a new breath of life to a place by reminding people
of the history of the place, giving them hope. These
people were so moved, so happy. With this type of
intervention, we can take the time to work on the
more complex aspects of further action. ■
145
Manuel | Tourisme et Patrimoine récent
Histoires de réussite et bonnes pratiques
Success Stories And Best Practices
4.5 La reconversion touristique du patrimoine
industriel
STEFANIA CERUTTI
4.5 Re-conversion of an industrial heritage site
into a tourist recreation* centre
STEFANIA CERUTTI
TITRE DU PROJET
Projet de récupération de l’ancienne voie ferrée
Iglesias-Gonnesa et réalisation d’une nouvelle voie
Gonnesa-Funtanamare à des fins touristiques et de
recréation* dans le Parc « Geominerario storico e
ambientale della Sardegna »
PROJECT
Re-habilitation of an abandoned railway between
Iglesias and Gonnesa and the creation of a new line
between Gonnesa and Funtanamare with the objective of creating a tourist leisure centre in the
Geomineral Park of Sardinia
COORDONNÉES
Lieu: Mairies d’Iglesias et Gonnesa (province de
Carbonia-Iglesias), Sardaigne (Italie)
Date/Durée : à partir de 2008 et en cours de réalisation.
DETAILS
Location: Municipalities of Iglesias and Gonnesa in
the Province of Carbonia-Iglesias, Sardinia (Italy)
Date and Duration: Initiated in 2008. Work still in
progress.
ACTEURS
Promoteur : Consortium du Parc « Geominerario
storico e ambientale della Sardegna ».
Partenaires : Mairies d’Iglesias et Gonnesa.
Groupes cibles : touristes (trois type d’utilisateurs :
résidents saisonniers, touristes, excursionnistes).
Groupe bénéficiaire : résidents.
ACTORS
Promoters : Consortium of the Historical and
Environmental Geomineral Park of Sardinia.
Partners: Municipalities of Iglesias and Gonnesa.
Targeted groups: Three types of tourists including
seasonal residents, tourists and day-trippers.
Beneficiaries: Residents.
CONTEXTE
Le projet intéresse une zone du Parc Géo-minier
(Sulcis-Iglesiente-Guspinese) à l’intérieur des territoires des mairies d’Iglesias et de Gonnesa. La
parcelle de voie ferrée en question appartenait à la
société « Ferrovie Meridionali Sarde » (FMS), qui
l’avait construite au début des années 1900 pour
permettre aux populations des petits villages de la
CONTEXT
The project concerns an area of the Geomineral
Park in the area of Iglesias and Gonnesa. The segment of railway in question belonged to the FMS
(Ferrovie Meridionali Sarde) company and was initially built in the early 1900’s to allow local populations to gain access to the capital of Sardinia,
Cagliari and to transport minerals to warehouses
146
Rachele Borghi, Alessia Mariotti & Nazly Safarzadeh
Handbook on | Tourism And Recent Heritage
Histoires de réussite et bonnes pratiques
Success Stories And Best Practices
4.5 STEFANIA CERUTTI
La reconversion touristique du patrimoine industriel
Re-conversion of an industrial heritage site into a tourist recreation* centre
Sardaigne du sud occidental de rejoindre Cagliari
(le chef-lieu) et en même temps de transporter les
produits minerais vers le port et les entrepôts de
stockage de l’Ile de S. Antioco. Le réseau ferroviaire était fortement dépendant des exploitations
minières et c’est la raison pour laquelle il a été
fermé à partir des années 1970, faute de passagers
et de marchandises. La récupération de ce tronçon
et la réalisation de la nouvelle liaison entre
Gonnesa et Funtanamare font partie d’une stratégie visant à soutenir, au travers de la réalisation de
cette « coulée verte », l’économie touristique du
territoire en requalifiant aussi les nombreuses friches industrielles.
and the ports mainly situated on the Island of S.
Antioco. The FMS railway networks had in part been
created for and were dependant on local mining
exploitation activities in the Sulcis area. In the
1970’s however, the decline in mining and passenger traffic led the company to cease service on the
line. A plan to renovate this railway line and, simultaneously, a project to construct a new train route
between Gonnesa and Funtanamare has given rise
to the proposition of creating a greenway which
could become an area of economic impetus as a
tourist attraction capable of generating further
plans to transform the numerous abandoned
mining structures in this territory.
OBJECTIFS DU PROJET
L’objectif du projet est de créer un itinéraire touristique culturel basé sur une mobilité lente (à pieds
ou à vélo) ou avec des moyens de transport écologiques.
PURPOSE OF THE PROJECT
The main purpose of this project is to propose an
alternative transport route to roads and cars. The
project aims to create a cultural tourist itinerary for
hikers and cyclists which supported by the possibility of using small ecological vehicles to access a
complete range of tourist facilities.
Les objectifs spécifiques sont :
• la promotion du tourisme durable, qu’elle soit
paysagère, environnementale ou culturelle ;
• le renforcement d’initiatives entrepreneuriales
et de coopération ayant comme objet les biens
miniers touristiquement revisités.
Le but serait de favoriser l’arrivée de flux touristiques sur toute l’année, en diversifiant l’offre du
tourisme balnéaire estival avec la proposition d’itinéraires culturels basés sur le patrimoine d’archéologie industrielle pendant l’hiver.
The principal objectives of the project are to:
• Promote sustainable tourism to discover the
landscape, the cultural history and the ecosystem of the area;
• Reinforce local enterprise and cooperation by
facilitating tourism dedicated to the discovery of
the region’s mining heritage.
The aim is to attract tourists all year round including summer holiday makers and winter excursio-
147
Manuel | Tourisme et Patrimoine récent
Histoires de réussite et bonnes pratiques
Success Stories And Best Practices
MISE EN OEUVRE ET EFFETS
Le projet voudrait récupérer le tronçon ferroviaire
abandonné des FMS entre Iglesias et Gonnesa et
créer une nouvelle liaison allant de Gonnesa vers la
côte et les localités balnéaires de Funtanamare et
de la Plage Mesu (Mairie de Gonnesa). Le parcours
serait destiné à des utilisateurs non-motorisés
(piétons et cyclistes). Il traverse l’une des zones les
plus représentatives du Parc « Geominerario storico e ambientale della Sardegna », autant pour la
variété et l’importance des activités d’extraction
minière, que pour les espèces botaniques, les grottes et les friches industrielles.
Tout au long du parcours, plusieurs interventions de
mise en sécurité de ponts et de galeries sont
nécessaires, comme d’ailleurs le système d’illumination actuellement absent. Il faudra, en outre, prévoir un système de panneaux et d’indications aux
lieux de croisements entre les parcours et le réseau
routier principal. Des aires de stationnement sont
aussi prévues le long du parcours, avec des fontaines pour l’approvisionnement en eau et des zones
de parkings à proximité des points d’accès. Les
œuvres d’art ferroviaires seront aussi récupérées.
Effets attendus
A travers cette initiative on voudrait réaliser un
nouveau paquet touristique basé sur une offre
diversifiée comprenant la mise en valeur des terres
éloignées de la côte, du patrimoine minier et du
paysage. Elle pourrait en outre aider à la création
d’emplois et du développement des activités économiques de la zone.
148
4.5 STEFANIA CERUTTI
La reconversion touristique du patrimoine industriel
Re-conversion of an industrial heritage site into a tourist recreation* centre
nists to explore the sites of Sardinia’s significant
industrial history and heritage as well as the natural resources of the coastline of Gonnesa.
IMPLEMENTATION AND CONSEQUENCES
The project foresees the re-establishment of the
old railway route built by the “FMS” connecting the
region of Iglesias to Gonnesa and the creation of a
new railway link between Gonnesa and
Funtanamare and Plage Mesu in the municipality of
Gonnesa. The trail which is located in one of the
Island’s most emblematic mining regions, is dedicated to cyclists and hikers. The area offers the
possibility of discovering unique botanical species,
caves and mining galleries in a striking natural
coastal environment. Bridges and mining galleries
need to be made secure and suitable lighting installations are still to be set-up. Suitable signposting
must be installed at strategic cross-ways between
pathways and the main road through this area. Rest
areas with drinking water fountains will be placed
along the trails and parking areas will be available
at suitable access points.
In summary, the aim is to:
• re-establish the SEDIME along the old abandoned railway in order to create a naturalistic and
leisure tourist trail;
• restoration of industrial age railway works of art.
Expected outcome
It is hoped that the creation and offer of this recreational tourist trail will succeed in developing the
Rachele Borghi, Alessia Mariotti & Nazly Safarzadeh
Handbook on | Tourism And Recent Heritage
Histoires de réussite et bonnes pratiques
Success Stories And Best Practices
Effet inattendu
Attirer une part importante des flux touristiques
sardes, aujourd’hui encore fortement liés aux destinations balnéaires du nord de la région.
PERSONNE DE REFERENCE
Dr. Luciano Ottelli, Président Parc Géo-minier
Historique et Environnemental de la Sardaigne.
SITES INTERNET
http://www.parcogeominerario.eu/
ENTRETIEN AVEC LUCIANO OTTELLI
(Directeur du « Parco geominerario storico e
ambientale della Sardegna »)
Quelle est l’extension et la localisation du Parc
« Geominerario storico e ambientale della Sardegna » ?
Le Parc « Geominerario storico e ambientale della
Sardegna » se situe au centre du bassin occidental
de la Méditerranée dans un contexte insulaire très
particulier. La Sardaigne pourrait en effet être considérée, de par ses caractéristiques géologiques et
environnementales, comme un petit continent. Le
Parc comprend huit zones d’intérêt sur l’ensemble
du territoire de la région : Monte Arci,
Orani–Guzzurra–Sos Enattos, Funtana Raminosa,
Argentiera–Nurra–Gallura, Sarrabus–Gerrei, Sulcis,
Iglesiente, Guspinese–Arburese pour 3.455 km2. La
culture matérielle et les signes tracés par les activités minières sont bien visibles et ont été à l’origine
de nouvelles formes de paysage, d’environnement
social et culturel donnant à des larges zones une
identité précise et une valeur universelle, représen-
4.5 STEFANIA CERUTTI
La reconversion touristique du patrimoine industriel
Re-conversion of an industrial heritage site into a tourist recreation* centre
cultural aspect of the mining history and natural
resources of the territory by creating jobs and promoting existing economic activities.
Unexpected results
To attract an important flow of tourists to Sardinia
that is, for the moment, mostly limited to the northern coasts of the Island.
CONTACTS
Dr. Luciano Ottelli, President of the Parco
Geominerario Storico e Ambientale della Sardegna
WEB SITES
http://www.parcogeominerario.eu
INTERVIEW WITH LUCIANO OTTELLI
(Director of the “Parco geominerario storico e
ambientale della Sardegna”)
Could you describe the territory of the the Parco
Geominerario Storico e Ambientale della
Sardegna?
The “Parco Geominerario Storico e Ambientale
della Sardegna” is situated at the centre of the
Western Mediterranean and can be described as a
thematic park characterized by a specifically local
geological and natural environment – a sort of
miniature continent. The park is subdivided into 8
districts constituted by the Monte Arci,
Orani–Guzzurra–Sos Enattos, Funtana Raminosa,
Argentiera–Nurra–Gallura,
Sarrabus–Gerrei,
Sulcis, Iglesiente and Guspinese–Arburese occupies a total area of 3455 km2. This extraordinary
149
Manuel | Tourisme et Patrimoine récent
Histoires de réussite et bonnes pratiques
Success Stories And Best Practices
tatives de la région géo-culturelle méditerranéenne
dans son ensemble. Le Parc est né de la volonté de
créer un circuit capable de mettre en valeur ces ressources historiques et culturelles, liées à la tradition
des mines, en superposant dans le même contexte
la sauvegarde des sites d’archéologie industrielle
abandonnés, les extraordinaires ressources naturelles et paysagères du territoire. Cette pluralité de
thèmes permet d’offrir le « produit culturel Parc
Geominerario » dans son ensemble, en reliant le littoral et les terres dans un plan homogène de développement durable. C’est l’occasion pour affranchir
cette zone de son retard social et économique en
garantissant une offre multiple.
Pourriez-vous nous donner une idée du contexte
historique dans lequel s’est formé ce patrimoine
archéologique récent lié à l’industrie minière de ce
territoire ?
La Sardaigne est unique en son genre car toutes
les ères géologiques y sont représentées. Sur une
superficie de 24.000 km2 on peut admirer et étudier
500.000.000 d’années d’histoire de la terre et environ 8.000 ans d’histoire du rapport entre l’homme
et les activités d’extraction minière. Les gisements
de l’île, différents par forme, structure et consistance, ont été utilisés depuis les époques les plus
anciennes. Dans la zone du Monte Arci par exemple, depuis le Néolithique on y a travaillé les obsidiennes. Successivement, même si avec des matériaux et des populations différentes, les activités
d’extraction ont continuées jusqu’à nos jours.
Concernant l’histoire industrielle, ce sont des
sociétés françaises, belges et anglaises qui ont
150
4.5 STEFANIA CERUTTI
La reconversion touristique du patrimoine industriel
Re-conversion of an industrial heritage site into a tourist recreation* centre
Mediterranean region is composed of striking natural and geological, mineral landscapes with original
mining structures and characteristic settlements
created in the context of the very particular identity
of local mining activities. The park was created to
highlight the historical and cultural aspects of
mining traditions of this area and to preserve its
unique industrial archaeological sites. The district
links the coast to the hinterland into a homogeneous area and represents a unique and universal
opportunity for the economic and social sustainable
development of the park.
Could you explain the context of mining activities of
the past and the recent industrial archaeology of
this area?
The Island of Sardinia is unique in that in this territory all the geological ages are represented in an
area of only 24 000 km2. Here one can study 500 million years of history and 8000 years of man’s mineral extracting activities. The mineral wealth of the
island has for thousands of years been at the centre of the islands human activity. The earliest signs
of mining are visible in the Monte Arci area from the
Neolithic age when obsidian, the hard volcanic rock
was “farmed” to produce tools, blades and arrowheads. Since then, man’s interest in minerals evolved according to the different uses of other types of
minerals. With regard to the industrial history of the
region and the resulting settlements in these geological areas, a number of French, Belgian and
British companies interested in lead veins that had
been found, invested in Sardinian industrial mining
in the second half of the 19th Century. It is during
Rachele Borghi, Alessia Mariotti & Nazly Safarzadeh
Handbook on | Tourism And Recent Heritage
Histoires de réussite et bonnes pratiques
Success Stories And Best Practices
investi dans les gisements plombifères dans la
deuxième moitié du XIXe siècle. C’est la période des
grandes mines de Monteponi et Montevecchio et
des autres mines importantes de l’île : San
Giovanni, Nebida, Masua, Ingurtosu, l’Argentiera,
Guzzurra, Sos Enattos, Baccu Locci, Monte Narba,
Su Suergiu, Funtana Raminosa, etc. C’est la
période pendant laquelle se développent de grandes œuvres : puits, galeries, exploitations, implantations pour le traitement des matériaux, fonderies
ainsi que des services comme les premières lignes
ferroviaires. Le siècle se conclut avec la participation des mines sardes à l’Exposition Universelle de
Paris, où elles furent admirées par la forte mécanisation des processus industriels. Dès 1900, ce sont
les premiers moments de difficulté qui caractérisent la vie minière de l’île, se concluant avec la
Première Guerre Mondiale et la conséquente fermeture des marchés européens qui étaient les premières ébauches des produits minéraux sardes.
Après la guerre, l’industrie minière sarde saura se
redresser avec des innovations dans la recherche
et la réalisation de nouvelles implantations, mais la
crise de 1929 et la Deuxième Guerre Mondiale
seront fatales pour maintes petites exploitations.
Dans les années 1950, les productions redémarrèrent grâce à la modernisation des machines, mais
ce fut aussi le début de la perte de compétitivité sur
les marchés internationaux. Dans les années 1960
c’est la restructuration du secteur qui prendra
place, avec de nombreuses fermetures et l’abandon des capitaux privés. La Région et l’Etat seront
dès lors les seuls gestionnaires des mines. La
situation économique s’empire jusqu’à l’abandon
4.5 STEFANIA CERUTTI
La reconversion touristique du patrimoine industriel
Re-conversion of an industrial heritage site into a tourist recreation* centre
this period that the mining activity of the Island
grew considerably especially in the areas of San
Giovanni, Nebida, Masua, Ingurtosu, Argentiera,
Guzzura, Sos Enattos, Baccu Locci, Monte Narba,
Su Suergiu, Funtana Raminosa with the building of
galleries, processing plants, foundries and the
construction of the railways. Later, a number of
important Sardinian companies participated in the
Universal Exhibition in Paris at the turn of the century thanks to their solid know-how in industrial
mechanization. In the early 20th century, the
Sardinian mining industry underwent a few periods
of great difficulties which were however overcome
until the outbreak of the World War I which provoked the decline of European mining markets. At the
end of the war, the Sardinian mining industry further developed both prospecting techniques and the
construction of new installations. The 1929 financial
market crash sunk a number of smaller mining institutions and considerably reduced activity in the
region in subsequent years. Later, the early 1950’s
saw a substantial mining boom reaching proportions never hitherto attained in the past due the
development of technology and the modernization
of extraction techniques. In the late 1950’s and early
1960’s the competitiveness of local extraction
methods started to decline against European and
International progress. Large numbers of private
Sardinian companies closed down obliging the
State to subsidise the sector to the point of becoming the sole owner of the mines. Heavy investment in research and development were ineffective
in shoring the decline of the industry. The region of
the Parco geominerario storico e ambientale della
151
Manuel | Tourisme et Patrimoine récent
Success Stories Et Good Practices
Success Stories And Best Practices
complet des exploitations à la fin des années 1980.
Les témoignages du monde de la mine restent
pourtant sur le territoire et c’est bien sur ces restes matériels et immatériels que se basent les
activités et les projets du « Parco geominerario
storico e ambientale della Sardegna ».
Quel rôle a eu pour le Parc son inscription à la
liste du patrimoine mondial de l’UNESCO et l’inté gration dans le Réseau des European Geoparks ?
La constitution du Parc est le résultat d’idées, de
contributions et de volontés collectives des deux
dernières décennies du XXe siècle dans le territoire
de Sulcis-Iglesiente-Guspinese. L’année 1996 a été
une année charnière pour l’histoire du Parc avec la
présentation du dossier de candidature à l’UNESCO
qui reconnaît la valeur internationale des spécificités historiques, géologiques et environnementales
du Parc. L’Assemblée Générale de l’UNESCO
reconnaît le premier parc du réseau des Geosites
Geoparks et deux années plus tard, le 30 septembre 1998, le Gouvernement italien et l’UNESCO
signent la Charte de Cagliari. Ce document
contient les orientations opérationnelles du Parc.
Ce n’est que le 16 octobre 2001 que l’on arrive à la
signature du décret constitutif du parc de la part du
Gouvernement italien. Le Parc devient un sujet institutionnel avec la création d’un consortium avec
un collège de direction constitué par un Président
et des Conseillers représentants les Ministères
compétents, la Région Sardaigne, les Provinces et
les Communes. En 2007, le Parc est intégré dans le
réseau des European Geoparks. Les mines sardes
représentent une période d’oppression et d’exploi-
152
4.5 STEFANIA CERUTTI
La reconversion touristique du patrimoine industriel
Re-conversion of an industrial heritage site into a tourist recreation* centre
Sardegna is therefore full of remarkable mining
culture landmarks that it is important to protect
and preserve thereby giving a new lease of economic life to the territory.
What is the significance of UNESCO’s listing of this
Park as a World Heritage Site and its belonging to
a network of European Geoparks?
The creation of this park situated between Sulcis,
Iglesiente and Guspinese is the product of the combined effort of a number of individuals and institutions that started working on the plan in the 1980’s
and 1990’s. In 1996 the application form requesting
nomination to the World Heritage List was submitted to UNESCO. Two years later the Carta di Cagliari
was signed in the presence of a UNESCO delegation
and the Italian state confirming the statutes for the
creation of the Park. In 2001 the official decree
recognizing the existence of the Park was signed by
the Italian government. The Park is represented by
an official Consortium directed by an elected
President and Administration board attended by
ministerial consultants, members of Sardinian
regions, provinces and municipalities. In 2007 the
Park was officially listed on UNESCO’s World
Heritage List and is now part of a network of
European Geoparks. Sardinian mines represent, on
one hand, a symbolic moment of human oppression
and exploitation, but on the other hand, they represent the backdrop of a very rich message of universal human values and traditions. The Regione
Autonoma della Sardegna intends to promote the
rediscovery of the extraordinary mining heritage of
the Island in a Mediterranean, European and uniRachele Borghi, Alessia Mariotti & Nazly Safarzadeh
Handbook on | Tourism And Recent Heritage
Histoires de réussite et bonnes pratiques
Success Stories And Best Practices
tation, mais aussi un terrain fertile pour la diffusion
de valeurs et de messages universels. C’est dans
cette optique que la labellisation de la part de
l’UNESCO du Parc a acquis une signification non
seulement symbolique, mais aussi substantielle.
C’est la première action emblématique qui a permis à la Région et aux populations intéressées de
penser à la mise en valeur du patrimoine d’archéologie industrielle et aux ressources historiques et
environnementales comme fondement pour une
renaissance économique et sociale.
Quelles sont les finalités, les activités et les pers pectives futures du Parc ?
Les activités du Consortium du Parc sont inspirées
des valeurs et objectifs fixés par la Charte de
Cagliari afin de promouvoir les activités de récupération, de sauvegarde et de mise en valeur des
sites et des territoires compris dans les limites du
Parc. Les activités sont différentes et vont des
récupérations architectoniques et/ou fonctionnelles des structures industrielles, aux activités culturelles telles de publications, d’événements artistiques et sportifs, aux projets de partenariat à
l’échelle nationale et internationale pour la promotion du Parc. Les activités de restauration et de
récupération se sont concentrées notamment
autour des tracés ferroviaires, des ponts et des viaducs. Nombreuses sont aussi les initiatives promues par d’autres intervenants que le Consortium,
comme des accords de coopération avec des universités, des organismes nationaux et internationaux et avec le réseau des European Geoparks de
l’UNESCO. Les administrations municipales ont un
4.5 STEFANIA CERUTTI
La reconversion touristique du patrimoine industriel
Re-conversion of an industrial heritage site into a tourist recreation* centre
versal context. The significance of UNESCO’s recognition of the Park has given a remarkable impetus
to the image that Sardinians have adopted in relation to the enhancement of local industrial
archaeology and of the natural environmental
resources of the region as an opportunity for an
economic and social renaissance.
What are the objectives, the activities and the
prospects that the Park offer?
The main aims of the Park defined in the Carta di
Cagliari include the recuperation, the protection
and enhancement of sites situated in its perimeter.
Projects comprise the architectural rehabilitation
of complex and simple elements of local archaeological industrial infrastructure, the publication of
cultural literature, the planning of artistic and sport
events but also partnerships with national and
international institutions to communicate and promote the highlights of the Park. To mention only a
few of the architectural projects under way, these
include the rehabilitation of certain railway lines
and mineral ore warehouses, the recuperation of
wharves, the consolidation and maintenance of
masonry viaducts. These projects are either promoted by the Consortium itself or by local organizations, municipalities or associations participating in
the Park’s development. Partners include the collaboration of working groups from various Italian universities, the APAT - a national organization UNESCO’s Geoparks division and other international organizations. The management of the sites is
articulated around the collaboration of various
joint-committees that pool their resources where
153
Manuel | Tourisme et Patrimoine récent
Histoires de réussite et bonnes pratiques
Success Stories And Best Practices
intérêt direct dans la gestion des sites, qui se fait à
travers la constitution d’associations, fondations
ou accords spécifiques auxquelles le Parc participe
de façon paritaire. Ce modèle favorise une planification partagée des activités et permet de créer un
réseau des sites du Parc visant à en fournir une
vision unitaire et participative, et visant à améliorer
l’offre culturelle et touristique du Parc.
Quels sont les autres éléments ou aspects du ter ritoire qui sont visés par les activités et les projets
du parc ?
Le concept novateur est l’unification d’un patrimoine culturel fragmenté en facilitant la communication et la mise en valeur globale du territoire,
autant par ses merveilles naturelles, paysagères et
géologiques, que celles issues de l’histoire de la
mine. Au patrimoine d’archéologie industrielle est
dédié un grand effort pour sa mise en valeur et sa
récupération. Il s’agit de grandes œuvres d’ingénierie, de structures liées au succès d’une économie régionale nourrie de l’habilité des ingénieurs,
de la persévérance des mineurs sardes qui, encore
aujourd’hui, se souviennent et sont fiers de leur
passé d’ouvriers. C’est sur ce terrain que l’initiative
du Parc a obtenu l’intérêt des protecteurs du patrimoine industriel, d’archéologues, d’historiens,
d’architectes et d’anthropologues du monde de la
mine. Le Parc n’est pas un musée à ciel ouvert
visant exclusivement à la conservation des témoignages du passé ; son but est de mettre en relation
l’avenir d’un territoire avec son héritage matériel
et moral à la recherche d’un nouvel équilibre. Le
programme de réhabilitation d’un certain nombre
154
4.5 STEFANIA CERUTTI
La reconversion touristique du patrimoine industriel
Re-conversion of an industrial heritage site into a tourist recreation* centre
their specific know-how accommodate the objectives of the Park’s functions. This management
model aims to share the planning strategies of the
Park in the form of an inter-communicating network to enrich the cultural and tourist offer of the
Park.
What other elements or aspects of the territory are
generated by the activities and projects of the Park?
The most prominent and innovative concept that
arises from the international profile of the Park is
its unifying characteristic which is fairly unusual in
the domain of cultural heritage and which greatly
facilitates communication and overall profitability.
The natural and geological wealth of this area and
biosphere represented by the forms, colours and
the geography of this highly characteristic area of
Sardinia constitute the primary basis and main
attraction of the Park. Secondly, there are the elements contributed by man since prehistory to the
present day through the exploitation of the mineral
resources of the territory in the form of industrial
production infrastructure which illustrate the
remarkable prosperity throughout the Island.
Initiatives to preserve and enhance traces of
Sardinia’s unique industrial engineering archaeology and the perseverance of its mining communities which testify to and are reminders of the economic success of the region, generate great interest and pride in one of the most outstanding
European mining districts of the past. The project of
the Park has given rise to the most spectacular
interest on the part of defenders of industrial
archaeology, archaeologists, technical historians,
Rachele Borghi, Alessia Mariotti & Nazly Safarzadeh
Handbook on | Tourism And Recent Heritage
Histoires de réussite et bonnes pratiques
Success Stories And Best Practices
de sites miniers a mis le Parc en contact direct
avec les soucis d’amélioration, un défi de taille,
mais qui lui a aussi donné un nouveau rôle dans la
réconciliation entre exploitation minière polluante
et parfois dévastatrice, et l’environnement naturel
d’origine. Avec la restauration des œuvres d’archéologie industrielle, il est possible de mettre en
place une mise en valeur harmonieuse autant du
patrimoine technique que du patrimoine naturel.
Concernant les objectifs ayant une retombée économique et sociale sur le court terme, le rôle
majeur est celui du tourisme.
Il s’agit, en effet, de plusieurs formes différentes
de tourisme (tourisme lié à l’archéologie industrielle, écotourisme et tourisme vert, tourisme
pédagogique). L’éventail des possibilités est vaste,
afin aussi de motiver les touristes balnéaires, sportifs, d’affaires et les vacanciers traditionnels. ■
4.5 STEFANIA CERUTTI
La reconversion touristique du patrimoine industriel
Re-conversion of an industrial heritage site into a tourist recreation* centre
architects and anthropologists of mining history.
The Park is therefore not only an open-air museum
but goes much further to create a link between the
past and the future of the territory into a new equilibrium. The rehabilitation of a certain number of
mining sites has brought to the fore the delicate
issue of the necessity of drainage operations and
reconciling prior devastating mining exploitation
techniques with the original natural environment.
The necessary restoration of numerous industrial
structures calls for the exploration of new harmonious methods of enhancing local technical and
natural heritage resources.
The most immediate and significant socio-economic
prospects of the Park lie undoubtedly in the development of a wide range of tourism offers targeting
people interested in industrial archaeology, the
natural landscapes, such as school groups, holiday
makers, sports lovers and congress organisers. ■
155
Manuel | Tourisme et Patrimoine récent
Histoires de réussite et bonnes pratiques
Success Stories And Best Practices
4.6 Les promenades artistiques au Festival de
Casablanca 2010
4.6 The Artistic Proms of the Casablanca Festival
2010
TITRE DU PROJET:
Nouzah Fennia (les promenades artistiques)
PROJECT
Nouzah Fennia (Artistic Proms)
COORDONNÉES
Lieu : Casablanca (Maroc)
Date/Durée : du 15 au 18 juillet 2010
DETAILS
Place: Casablanca (Morocco)
Date and Duration: from 15 to 18 July 2010
ACTEURS
Conceptrice : Géraldine Paoli.
ACTORS
Producer/creator: Géraldine Paoli.
Partenaires : Amine Boushaba (modérateur des
tables-rondes); Rachid Mendjeli, Rachid Eladouani,
Fatima Zohra Lahouitar et Nabil Elmansouri
(conteurs) ; Abdeslam Raji et Young Hô Nam (danseurs) ; Mehdi Halib, Khalil Nemmaoui et Réda
Benjelloun, Harauld Sextus (vidéastes) et des étudiants
des Beaux –arts de Casablanca et de l’association Al
Jisr ; Maria Karim et Mustapha Chafik (plasticiens) ;
Colokolo (circaciens) ; Troupe Touareg et Beldi Roumi
(théâtre) ; Arabesque Band, Eac-L’Boulvart avec Jauk
Armal, Protagoniste, Karo’Sound (musique) ;
Casamémoire et les bénévoles, Ici-même et les guides
formés sur place (promenades guidées) ; La Fabrique
culturelle des Abattoirs, l’Association Terre et
Humanisme Maroc, l’association Madar, l’association
Al Jisr, ESPOD, l’Institut Cervantès et l’Institut Goethe.
Partners: Amine Boushaba (moderator of round-table
discussions), Rachid Mendjeli, Rachid Eladouani,
Fatima Zohra Lahouitar, Nabil Elmansouri (storytellers),
Abdeslam Raji, Young Hô Nam (dansers), Mehdi Halib,
Khalil Nemmaoui, Réda Benjelloun, Harauld Sextus
(video directors) and students of the Fine Arts department of Casablanca and the Al Jisr association, Maria
Karim and Mustapha Chafik (art designers), Colokolo
(circus artists), the Troupe Touareg and Beldi Roumi
(theatre), Arabesque Band, Eac-L’Boulvart with Jauk
Armal,
Protagoniste,
Karo’Sound
(music)/
Casamémoire and voluntary workers, Ici-même and
locally trained guides (guided walks), La Fabrique culturelle des Abattoirs, the Association Terre et Humanisme
Maroc, the Association Madar, the Association Al Jisr,
ESPOD, the Cervantès Institute and the Goethe Institute.
Groupes cibles : les habitants de Casablanca, les
jeunes, les étudiants, les passants, les visiteurs,
croiser les publics de tous milieux sociaux.
Targeted public: The inhabitants of Casablanca,
youth, students, locals, visitors, people from all
social backgrounds.
156
Rachele Borghi, Alessia Mariotti & Nazly Safarzadeh
Handbook on | Tourism And Recent Heritage
Histoires de réussite et bonnes pratiques
Success Stories And Best Practices
CONTEXTE
Casablanca, ville-port et métropole plurielle a
toujours fasciné par sa grandeur, son mélange de
populations et de cultures, son histoire, son
rythme, ses vacarmes. Le Festival de Casablanca
existe depuis 2005 et il s’est ré-ouvert en 2010 au
pluridisciplinaire dans l’idée de montrer la créativité fourmillante de Casablanca et par là de
croiser différentes expressions artistiques. En
2010, le festival a investi certains lieux de la ville
à travers un programme artistique multiple et
ambitieux, appelé à se développer au fil des éditions. Nouzah Fennia est un programme qui
convie différents modes d’expression : conte,
poésie, danse, vidéo, musique, rencontres, ateliers, etc. Avec pour fil conducteur d’amener le
spectateur à regarder la ville autrement, Nouzah
Fennia a eu pour thématique les « Mémoires
croisées », une façon de revisiter et de secouer la
mémoire et l’héritage de cette ville en perpétuel
face-à-face avec son passé, son présent et son
avenir.
OBJECTIFS DU PROJET
• Toucher la part nostalgique de notre enfance,
relier les mémoires, se souvenir, parler, raconter, se promener dans la ville, rêver, voir
Casablanca autrement.
• Revisiter et stimuler la mémoire et l’héritage de
la ville.
• Mettre en évidence ce qui se passe tous les
jours sous les yeux des habitants, dans les sites,
les rues, les quartiers. Montrer les arts présents
dans le quotidien des habitants, le côté créatif et
4.6
Les promenades artistiques au Festival de Casablanca 2010
The Artistic Proms of the Casablanca Festival 2010
CONTEXT
Casablanca which is a multifaceted metropolis and
port has always fascinated by its size, its mix of
populations, its cultures, its history, its rhythms and
its noise. The Festival of Casablanca was created in
2005 and was re-opened in 2010 to a multidisciplinary form in order to illustrate the amazing creativity of the city and to create a space for the crossing
over and encounters of artistic expression. In 2010,
the festival occupied a number of areas in the city
with a multiform and ambitious programme destined to develop in future editions. Nouzah Fennia is
a programme that assembles various forms of
expression including storytelling, poetry-readings,
dance, video, music, encounters and workshops.
The main theme is to bring the public and spectators to perceive the city from a different view point
such as “Mémoires croisées” – a way of revisiting
and “shaking-up” the memory and the heritage of
the city which is perpetually confronted with its
past, its present and its future.
PURPOSE OF THE PROJECT
• To touch the nostalgic aspect of our childhood, to
link our memories and evoke the past by exchanging, storytelling, walking through the city, dreaming and seeing the city from another viewpoint.
• To review and stimulate the memory of the city and
its heritage.
• To reveal what goes on in the city everyday under
the eyes of its inhabitants, in its streets and various
districts. To show people all the arts that are present in their daily lives, the creative and invisible
side of Casablanca.
157
Manuel | Tourisme et Patrimoine récent
Histoires de réussite et bonnes pratiques
Success Stories And Best Practices
invisible de la ville de Casablanca.
• Inviter à la rencontre, à l’échange, au partage
des mémoires, croiser les publics de tous
milieux sociaux.
• Aller vers la population.
• Valoriser le patrimoine historique de la ville en
s’implantant dans des sites comme l’ancienne
médina (Jardin Zerktouni), le parc de la Ligue
Arabe, l’Église du Sacré Cœur, les passages
Sumica et Grand Socco, le quartier Habous.
• Valoriser le patrimoine oral à travers le conte,
les improvisations théâtrales et les visites guidées de Casamémoire.
• Soutenir la jeune création à travers la mise en
avant d’artistes émergents.
• Sensibiliser à l’environnement.
• Transmettre un savoir-faire grâce à des ateliers
à destination de publics divers.
• Croiser les cultures.
• Partager la culture grâce à des programmes
accessibles de qualité.
MISE EN OEUVRE ET EFFETS
Géraldine Paoli a été conviée par Ali Hajji, le directeur
de Rezo Production (boîte d’événementiel en charge
du Festival) pour ré-ouvrir la partie pluridisciplinaire
du Festival de Casablanca. Elle a donc conçu un projet culturel pluridisciplinaire : Nouzah Fennia.
Ce projet est le fruit de longs moments passés sur
le terrain, de rencontres, d’écoutes, d’explorations,
de recherches, auprès d’acteurs culturels, d’associations, de chauffeurs de taxis, de passants, de
libraires, de journalistes, d’écrivains, de poètes,
158
4.6
Les promenades artistiques au Festival de Casablanca 2010
The Artistic Proms of the Casablanca Festival 2010
• This event is an invitation to meet others, to
exchange and share memories, to mix people from
all social backgrounds. It is a way of going out to
meet the public.
• To enhance the heritage of the city by setting up
events in places such as the old Medina (Jardin
Zerktouni), the Park of the Arab League, the
Church of the Sacré Coeur, the Sumica and Grand
Socco passages and the Habous district.
• To contextualize heritage by storytelling, theatre
and the guided walk tours of Casamémoire.
• To support the creativity of younger generations by
showing the work of emerging artists.
• To draw peoples attention to the environment.
• To transmit know-how by setting-up workshops
open to the public.
• Crossing-over of various cultures.
• To share culture by means of quality programming.
IMPLEMENTATION AND CONSEQUENCES
Géraldine Paoli was invited by Ali Hajji, Director of
Rezo Productions (an events company in charge of
the Festival), to work on the multidisciplinary
aspect of the Casablanca Festival. She worked on
the creation of the multi-faceted cultural project
called Nouzah Fennia. The initiative started with a
thorough in situ study consisting in meeting people
and exploring the terrain by talking to directors of
cultural institutions, associations, various institutes, libraries, taxi-drivers, journalists, writers,
poets, historians, shop-keepers, film-makers,
musicians, architects, children and passers-by.
This was an essential preliminary phase in order to
understand to whom the festival was going to be
Rachele Borghi, Alessia Mariotti & Nazly Safarzadeh
Handbook on | Tourism And Recent Heritage
Histoires de réussite et bonnes pratiques
Success Stories And Best Practices
d’historiens, d’architectes, de commerçants, de
cinéastes, d’acteurs d’instituts, de musiciens,
d’enfants, etc. Cela est essentiel pour savoir à qui
l’on s’adresse et pour concevoir une forme adaptée
à un public, à une ville, à une demande, pour être
attentif à « la voix de la ville », pour peu à peu tisser, retisser les confiances et développer un projet
pour et avec l’autre.
Il a fallu peu à peu sensibiliser les équipes (logistique, production, communication), créer des
équipes de « lieurs », c’est-à dire qui relieraient
les artistes au public, autour d’un projet culturel
de proximité déployé en même temps dans 13
sites de la ville et de surcroit dans l’espace public
tout en conservant son principe de proximité (à
savoir pas de barrières, pas d’autorités visibles,
etc.), passer du temps avec les équipes pour que
chacun s’imprègne petit à petit du projet et puisse
le saisir voire se l’approprier afin que chacun
s’implique.
Effets
Nouzah Fennia était un rendez-vous avec la créativité présente à Casablanca. Des lieux peu fréquentés se sont vu appropriés par les casablancais. Par
exemple la Cathédrale du Sacré Cœur a été investie
par des familles la nuit pour regarder les vidéos projetées sur sa façade et pour profiter des spectacles.
Le jeune public était au rendez-vous pour les
contes, les ateliers de cirque.
Les innombrables rencontres ont donné lieu à
nombreuses propositions comme des nouveaux
4.6
Les promenades artistiques au Festival de Casablanca 2010
The Artistic Proms of the Casablanca Festival 2010
addressed, to give the Festival a form that would be
suited to the public of the city, that would resonate
with the “voices of the city”, that would create and
develop a climate of profound dialogue.
At first, the various production, communication and
logistics teams involved in the Festival were made
aware of this objective. Later, groups of “communicators” were enrolled to help create a link between
artists and the public, to discuss cultural issues
simultaneously in 13 different public places around
the city with open access, no barriers, no sign of the
authorities. People were able to spend time with the
teams so that they could familiarize themselves
with the concept of the project and get involved.
Expected outcome
Nouzah Fennia was an appointment with the creativity already embedded in the city of Casablanca.
Areas of the city that were relatively isolated were
suddenly taken over by the inhabitants of
Casablanca. For example, the area around the
Church of the Sacré Coeur was invaded by families
who came out at night to watch videos that were
projected on the façade of the church or to enjoy
shows. The younger generations turned out to listen to storytellers or to participate in circus workshops. Numerous meetings gave rise to as many
propositions such as the setting-up of more workshops for children or round-table discussions. The
project allowed young artists and local associations
to express themselves in public. The Festival offered a platform for exchange and the development of
new projects. Students picked-up ideas to propose
159
Manuel | Tourisme et Patrimoine récent
Histoires de réussite et bonnes pratiques
Success Stories And Best Practices
ateliers pour des jeunes, des développements
autour des tables-rondes.
Le projet a permis de donner une meilleure visibilité à des artistes, à des associations. Il a permis
des échanges, le développement de nouveaux projets. Il a donné envie à des étudiants de développer
d’autres projets, a permis aux habitants d’être
directement en relation avec des artistes, de pouvoir participer à des ateliers sur place. Les participants aux visites guidées ont appris l’histoire de
leur ville et de son architecture, ont ressentis la ville
autrement, les contes, témoin du passé réactualisés perpétuellement dans le présent ont permis de
connaître et/ou de redécouvrir un patrimoine oral.
A RETENIR
Être à l’écoute de la créativité de la ville, de ceux
qui l’habitent, tisser et déployer les envies.
PERSONNE DE REFERENCE
Géraldine Paoli, nlo@palimpseste.net
SITE INTERNET OFFICIEL
http://www.festivaldecasablanca.ma
Facebook: Festival de Casablanca
Sites internet partenaires:
www.casamemoire.org; www.icimeme.org;
www.khalilnemmaoui.com;
www.makemegroup.com;
www.mustaphachafik.c.la;
http://colokolo.unblog.fr; www.boulevard.ma;
www.protagoniste.ma; www.madar.ma;
www.aljisr.ma; Facebook: la Fabrique culturelle
160
4.6
Les promenades artistiques au Festival de Casablanca 2010
The Artistic Proms of the Casablanca Festival 2010
further projects, local inhabitants were able to talk
freely with artists and sign-up for workshops. By
joining guided walk tours or listening to storytellers, people learned about, or were reminded of the
history and architecture of their city, getting a new
feeling of their environment and identity.
TO BE NOTED
To keep tuned to the creativity of a city and its inhabitants. To weave and deploy peoples dreams and
longings.
REFERENCE PERSON
Géraldine Paoli nlo@palimpseste.net
OFFICIAL WEBSITE
http://www.festivaldecasablanca.ma
Facebook: Festival de Casablanca
Partner Websites:
www.casamemoire.org; www.icimeme.org;
www.khalilnemmaoui.com;
www.makemegroup.com;
www.mustaphachafik.c.la;
http://colokolo.unblog.fr; www.boulevard.ma;
www.protagoniste.ma; www.madar.ma;
www.aljisr.ma; Facebook: la Fabrique culturelle
des Abattoirs; www.espod.org;
www.casablanca.cervantes.es;
http://thmaroc.blogspirit; myspace.com/mehdihalib; www.goethe.de/marokko
Rachele Borghi, Alessia Mariotti & Nazly Safarzadeh
Handbook on | Tourism And Recent Heritage
Histoires de réussite et bonnes pratiques
Success Stories And Best Practices
des Abattoirs; www.espod.org;
www.casablanca.cervantes.es;
http://thmaroc.blogspirit; myspace.com/mehdihalib; www.goethe.de/marokko
ENTRETIEN AVEC GERALDINE PAOLI
(Conceptrice culturelle et directrice artistique de
Nouzah Fennia)
Géraldine Paoli est conceptrice culturelle et a
monté de nombreux événements, en France, en
Italie, en Allemagne, des événements en relation
avec Saigon, Shanghai, Essaouira, Marseille et
l’Indonésie. Lorsqu’elle a proposé le concept de
Nouzah Fennia pour le Festival de Casablanca, il
était important pour elle que le Festival ne soit pas
seulement un événement mais montre la créativité
fourmillante qui fait la ville de Casablanca : ceux
qui constituent la ville mais que l’on ne voit pas. Un
festival doit s’investir dans son rapport à la culture.
Il y a des attentes du public et il y a une créativité
qui est présente et que l’on ne regarde pas. Le festival permet ainsi de rendre visible cet invisible.
Nouzah Fennia est donc un moment de soutien et
de visibilité, de création.
D’où vient l’inspiration du projet ?
C’est en écoutant les uns et les autres, en arpentant la ville, en écoutant les chauffeurs de taxi, les
libraires, les acteurs culturels, les écrivains, etc.
que l’idée est née. Je suis partie du principe qu’il
était important d’aller vers la population, d’aller
vers les gens et pas l’inverse.
4.6
Les promenades artistiques au Festival de Casablanca 2010
The Artistic Proms of the Casablanca Festival 2010
INTERVIEW WITH GERALDINE PAOLI
(Cultural coordinator and artistic director of
Nouzah Fennia)
Géraldine Paoli is a cultural curator and has mounted a number of events in France, Italy, Germany.
She has mounted other events in collaboration with
the cities of Saigon, Shanghai, Essaouira, Marseille
and in Indonesia. When she proposed the concept of
the Nouzah Fennia for the Casablanca Festival, she
firmly believed that it was important that the Festival
should not only be an event but should go further in
a form of creativity, to involve and include all the
inhabitants of Casablanca – those that make-up the
city but are not always visible. A festival must have a
strong dialogue with culture. The public has expectations and a creativity, which is not taken into consideration, really exists. The festival must have the role
of making the invisible visible. Nouzah Fennia is a
moment to support visibility and creation.
Where did the inspiration of this project come from?
It was while listening to all sorts of people and
moving around the city that I got the idea. I started
convinced that it was important to be open to people and go out to the population, rather than the
opposite. The idea of the project is very specific to
the city of Casablanca. It was important to operate
in public places and to propose cultural exchange,
to explore how the different communities and social
groups lived their culture, which can span from
going to a jazz concert or going to the circus.
161
Manuel | Tourisme et Patrimoine récent
Histoires de réussite et bonnes pratiques
Success Stories And Best Practices
La proposition du projet est vraiment particulière à
Casablanca. Il me semble important d’agir sur l’espace public et de proposer des rencontres culturelles, des échanges culturels, des vécus culturels de
proximité avec des qualités différentes ce qui permettait d’avoir des publics divers. C’est-à-dire que
l’on va du concert de jazz, à du cirque, et donc que
l’on a des propositions variées.
Quel lien entretient le projet avec le patrimoine
récent de la ville de Casablanca ?
Casablanca est une ville assez exceptionnelle au
niveau du patrimoine, et c’est pourquoi je suis allée
à la rencontre de Casamémoire, association de
sauvegarde du patrimoine architectural du XXe siècle au Maroc, et que je parle de faire rejaillir la
mémoire. Valoriser le patrimoine de la ville, c’est
aussi valoriser son histoire, valoriser la personne.
Savoir d’où l’on vient et savoir quelle est notre histoire fait partie de la constitution de l’identité quelle
qu’elle soit.
Quel effet pensez-vous que Nouzah Fennia ait eu
sur le regard porté sur la ville de Casablanca ?
Lors de Nouzah Fennia, il était important qu’il y ait
des propositions artistiques, mais aussi des temps
de parole. Nous avons organisé des tables-rondes
dans un lieu propice au dialogue pour réunir des
personnes différentes autour du sujet « l’espace
publique, un espace de création ? ».
Les publics ont pu avoir l’occasion de regarder autrement, d’écouter, de parler et de s’interroger sur leur
ville… ensuite, à chacun de tisser ses rêves ! Il y a eu
de très beaux retours de gens qui ont traversé la
162
4.6
Les promenades artistiques au Festival de Casablanca 2010
The Artistic Proms of the Casablanca Festival 2010
In what way does the project of the Festival interact with the recent heritage of the city of
Casablanca?
Casablanca is quite an amazing city from the point of
view of recent heritage buildings and it is the reason
for which I got in touch with Casamémoire
(Association for the preservation of 20th century
architecture in Morocco) to talk about resuscitating
memory. To highlight the heritage of a city, one must
talk about its history and its people. People need to
know where they come from and to find out about
their history, it is a way of constituting their identity.
What effect has the Nouzah Fennia had on the way
people see the city of Casablanca?
During the Nouzah Fennia, it was important to propose artistic themes but also to introduce forums of
exchange, so we organized round-table discussions
in suitable places to gather different people to talk
about “public places – a place of creation?”. People
had the opportunity of seeing things differently, of
listening, of expressing themselves and asking
questions about their city. Then, it was up to them
to envisage their dreams! There was some really
interesting feedback from people that had moved
across the city blindfolded (during the guided walks
with Ici-Même), people who watched videos projected on the façade of the Church of the Sacré-Coeur
saw things they had never seen before. Today, both
the young and old ask me all sorts of questions about
Nouzah Fennia and, for me, this is stimulating. I think
that to live in a city, to explore it, to look at it again, has
given a lot of people the wish to pursue the experience. So, we will see what the future brings. Lastly,
Rachele Borghi, Alessia Mariotti & Nazly Safarzadeh
Handbook on | Tourism And Recent Heritage
Histoires de réussite et bonnes pratiques
Success Stories And Best Practices
4.6
Les promenades artistiques au Festival de Casablanca 2010
The Artistic Proms of the Casablanca Festival 2010
ville les yeux fermés (lors des promenades en aveugle avec Ici-Même), de gens qui ont vu la ville autrement avec par exemple des vidéos projetées sur
l’Eglise du Sacré-Cœur. Aujourd’hui, des jeunes (et
moins jeunes) me sollicitent pour Nouzah Fennia.
Un beau retour stimulant ! Je suppose que vivre sa
ville, l’explorer, la re-regarder a donné envie à certains de poursuivre l’expérience… à suivre ! Enfin,
des liens se sont tissés avec d’autres pays qui font
des démarches similaires aux nôtres.
a number of other countries have taken a closer look
at our experiment and intend to try similar initiatives.
Pourquoi vouloir amener les habitants à voir la
ville autrement ?
Parce que Casablanca a un patrimoine qui est
délaissé, qui n’est pas mis en avant, qui est parfois
même détruit. Voir la ville autrement, c’est aider la
ville tout simplement, c’est-à-dire en prendre soin.
Avoir une conscience collective permet aussi
d’avoir une conscience individuelle.
What effect can these proms have on memory?
At the beginning of this project, it seemed essential
to work on the theme of memory, on oral history, on
kinaesthetic expression (sensations of body movement), to work on imprinting so that everyone could
personally live the experience and thereby grasp
and develop their own vision, their wishes…To talk
about one’s own story is a way of knowing oneself
and to exchange with others, also through laughter.
Quels effets ces promenades peuvent-elles avoir
sur les mémoires ?
Ce qui m’a paru essentiel au départ c’était de travailler sur la mémoire, l’oralité, des expressions plutôt
kinesthésiques (sensations relatives aux mouvements
du corps), travailler sur l’empreinte pour que chacun
puisse vivre une expérience personnelle et par là saisir et développer son propre regard, ses envies, ses
vis-à-vis… Parler de son histoire permet à chacun de
se connaître, d’échanger avec l’autre, de rire.
Why did you want to bring people to look at their
city differently?
Because Casablanca’s heritage is neglected, it is not
considered worth enhancing, so, buildings are
demolished and places disappear. To look at the city
differently is to help the city to take care of itself, to
nurture its collective and individual conscience.
Is there an aim to reconstruct or to build an identity, a common collective identity?
The Festival does not have the specific objective to
address the question of identity, but rather an overall attention is tuned to the importance of creating
links between members of different communities,
linking the city’s heritage between the past, the
present and the future. The oral tradition of the
past, the stories, the narrative, writing, constitute
the traces of individual and collective memory.
163
Manuel | Tourisme et Patrimoine récent
Histoires de réussite et bonnes pratiques
Success Stories And Best Practices
4.6
Les promenades artistiques au Festival de Casablanca 2010
The Artistic Proms of the Casablanca Festival 2010
Y a-t-il un objectif de reconstruction ou de
construction de l’identité, voire de la mémoire
collective ?
Ce n’est pas un objectif en soi, ou direct, mais il me
semble important de retisser les mémoires, de créer
des liens entre le passé, le présent, le patrimoine
passé et présent. Le patrimoine oral passé, les
récits, le conte, l’écriture, participent aux traces qui
constituent notre mémoire individuelle et collective.
What can the guided tours proposed by
Casamémoire bring to communicating on the city’s
recent heritage?
Guided walk tours invite people to seize the opportunity of getting to know their city. This initiative galvanizes their attention, they then go out and become
protagonists of their own city by taking an active part
in the protection of their environment and of its architectural heritage.
Quels effets les visites guidées de Casamémoire
peuvent avoir sur le discours sur le patrimoine
récent de la ville ?
Je pense qu’avec les visites guidées, on amène des
gens à connaître leur ville, on développe ainsi leur
sensibilité et ils peuvent ensuite devenir eux-mêmes
acteurs de leur propre ville, participer à la sauvegarde
de leur environnement, au patrimoine architectural
entre autre. Casamémoire raconte ce qui est là,
sachant que Casablanca est une ville doté d’un pôle
culturel important. Les visites guidées permettent de
faire prendre conscience de la richesse culturelle de
la ville aux habitants, mais aussi aux touristes.
Casablanca has a rich cultural life and what
Casamémoire does, is to describe what is there.
These guided tours allow local inhabitants and tourists alike to realize the significance of the city’s heritage or to discover it.
Que pensez-vous de l’effet du Festival sur le tourisme et les visites de la ville ?
J’ai eu des retours étonnants en France de gens qui
m’ont dit qu’ils allaient venir. Mais on ne peut pas
en faire une généralité.
Personnellement, je suis plus sensible à la découverte d’un pays, d’un lieu, d’une ville si j’ai l’occasion de les découvrir par une visite de proximité, et
par la rencontre avec les habitants de la ville.
164
What is your impression of the repercussions of
the Festival on the city’s tourism and the guided
tours?
From France I got a number of astonishing reactions from people committing to come over for the
visits. But it is difficult to generalize.
Personally, I like to discover a country, a place or a
city by the contacts I establish with local life, by
meeting the inhabitants of the city. The aim of the
Nouzah Fennia is to demonstrate the creativity of
the population that inhabit this city.
How do you see the future of this project?
I think we will continue to seek a closer and deeper
contact with the city by paying more attention to
peoples aspirations and increasing partnerships. It
is important to be in touch with the grass roots
Rachele Borghi, Alessia Mariotti & Nazly Safarzadeh
Handbook on | Tourism And Recent Heritage
Histoires de réussite et bonnes pratiques
Success Stories And Best Practices
Le principe de Nouzah Fennia c’est justement de
montrer la créativité qui existe dans la ville, et donc
la créativité des habitants de la ville.
Comment voyez-vous la suite du projet ?
Comme une continuité dans la proximité, un approfondissement, une écoute plus fine, un accompagnement, plus de collaborations. Il est important
de toujours être sur le terrain, d’être plusieurs,
qu’il y ait une réelle équipe, engagée dans la proximité et dans le lien. Pour développer le projet, on
part sur des intentions, comme mettre en valeur
des projets culturels existants, favoriser l’échange
et la durabilité à travers la transmission des
savoir-faire artistiques, faire du Festival une vraie
plateforme de création, mettre en valeur le patrimoine historique de la ville et tisser des liens à l’international. ■
4.6
Les promenades artistiques au Festival de Casablanca 2010
The Artistic Proms of the Casablanca Festival 2010
based on the work of a strong team to help consolidate dialogue with the city. We hope to develop the
project by enhancing a number of cultural projects ,
to promote dialogue and sustainability by the transmission of craftsmanship know-how, so that the
Festival can become a creative workshop, to
enhance heritage and to foster international relations. ■
165
Manuel | Tourisme et Patrimoine récent
Histoires de réussite et bonnes pratiques
Success Stories And Best Practices
4.7 Tourisme durable et participation des communautés locales - HIJAZI EID
4.7 Sustainable tourism and participation of local
communities - HIJAZI EID
TITRE DU PROJET
Restaurer pour le tourisme durable
PROJECT TITLE
Renovation for Sustainable Tourism
COORDONNÉES
Lieu : Bethléem – Palestine
Date/Durée : Mars 2011 – Mars 2012
DETAILS
Place: Bethlehem (Palestine)
Dates and Duration: March 2011 – March 2012
ACTEURS
Concepteur : Masar Ibrahim El Khalil – Palestine,
autorisé par Abraham's Path
Groupe cible : familles locales
Bénéficiaires : familles Needy
Bénéficiaires indirectes : la communauté dans son
ensemble
ACTORS
Manager: Masar Ibrahim El Khalil – Palestine,
Authorised by Abraham's Path
Targeted group(s): local families
Beneficiaries: poor families
Indirect beneficiaries: all communities
CONTEXTE
Les visiteurs du Masar Ibrahim al Khalil participent
à une randonnée pédestre à travers l’histoire, la
culture et le paysage de Palestine. Les tours guidés
peuvent durer jusqu'à une semaine et l’attraction
majeure est l’hébergement dans les familles tout le
long du voyage. Cependant, toutes les familles ne
sont capables d’assurer un hébergement adéquat.
On demande souvent aux touristes de dormir à
même le sol sans aucune intimité. De plus, les
familles ne peuvent pas toujours offrir à leurs
hôtes des toilettes, une douche voire un repas. De
meilleurs services proposés aux touristes pourraient à l’avenir accroître les opportunités économiques pour les villageois et leurs communautés,
166
CONTEXT
Visitors of the Masar Ibrahim al Khalil participate in
a cross-country walking trail exploring the history,
culture and landscape of Palestine. Guided tours
last up to a week and one of the highlights is being
hosted by families along the way. Many families,
however, do not have adequate accommodation.
Tourists are often required to sleep on floors
lacking privacy and families are not always able to
offer toilet facilities, showers or meals to their
guests. Increasing tourist capacity by improving
accommodation for tourists, would foster the
growth of economic opportunities for local village
hosts and local communities. Similar programmes
undertaken by international development agencies,
such as the construction of a series of small rooms
Rachele Borghi, Alessia Mariotti & Nazly Safarzadeh
Handbook on | Tourism And Recent Heritage
Histoires de réussite et bonnes pratiques
Success Stories And Best Practices
4.7 HIJAZI EID
Tourisme durable et participation des communautés locales
Sustainable tourism and participation of local communities
ainsi qu’une plus grande capacité touristique. De
tels programmes ont été entrepris par les organismes internationaux – par exemple une série de
petites chambres a été aménagée par l’UNDP à
Bethlehem entre 1990 et 2000 – mais ils se limitent
aux centres urbains, tandis que ce projet de
construction de chambres d’hôtes vise à permettre
aux touristes de séjourner dans des villages ruraux
le long de la route de Masar Ibrahim.
by the United Nations Development Programme in
the Bethlehem area during the 1990’s and early
2000’s are confined to limited areas in urban centres. Proposed guesthouses will allow tourists to
stay in rural villages on the route of the Masar
Ibrahim for the first time. The project will also
increase awareness about the importance of preserving the cultural heritage and landscape of
these rural areas.
Le projet permettra en outre de faire prendre
conscience aux habitants de l’importance de préserver le patrimoine culturel et le paysage des
zones rurales.
PURPOSE OF THE PROJECT
• To develop a walk trail from Jenin to Hebron,
including the provision of facilities for hosting
travellers.
• To welcome local and international travellers by
making the Masar Ibrahim al Khalil an attractive
offer for local and international travellers. Hikers
should not ‘only’ hike and the communities should
not ‘only’ host visitors, but intercultural-exchange
should be enabled. This is the reason for which
overnight stays are an important indicator.
• To empower the rural population. Masar Ibrahim
integrates all communities along the route in the
development of the initiative. To support and help
coordinate capacity building programmes for different groups in the communities. This will
engender additional social and economical activities of the communities. Hikers could help
improve the financial situation in villages by
paying for services such as accommodation,
meals, etc.
OBJECTIFS DU PROJET
• Développer un parcours piéton de Jenin à
Hebron et les services nécessaires pour héberger les randonneurs.
• Accueillir les voyageurs locaux et internationaux :
faire du Masar Ibrahim al Khalil une offre attractive. Surtout les randonneurs ne devraient pas
seulement « faire de la randonnée » et les communautés locales ne devraient pas seulement
héberger, mais un échange interculturel devrait
avoir lieu (c’est pour cette raison que le nombre
de nuitées* est un indicateur important).
• Renforcer des populations rurales. Le Masar
Ibrahim intègre toutes les communautés de la
route dans le développement de l’initiative. Le
projet supporte et coordonne des programmes
de construction pour les différents groupes de la
communauté. Ceci mènera à des activités supplémentaires dans la sphère sociale et économi-
167
Manuel | Tourisme et Patrimoine récent
Histoires de réussite et bonnes pratiques
Success Stories And Best Practices
que de la communauté. Les randonneurs aideront aussi à améliorer la situation financière des
villages, en payant les services d’hébergement
et de restauration.
MISE EN OEUVRE ET EFFETS
Masar Ibrahim – Palestine à travers la demande de
porteurs d’intérêt locaux et sélection de la meilleure offre sur la base du prix et de la qualité du
travail.
Effets
2 tentes et 15 chambres seront ajoutées à l’hébergement en famille dans les villages le long du
Masar.
PERSONNE DE REFERENCE
Hijazi Eid - Directeur – Masar Ibrahim – Palestine
Hijazi@abrahamspath.org
4.7 HIJAZI EID
Tourisme durable et participation des communautés locales
Sustainable tourism and participation of local communities
IMPLEMENTATION AND CONSEQUENCES
Masar Ibrahim – Palestine by means of Request
bids from local contractors and the selection of
best bids based on criteria such as price and quality
of work.
Expected outcome
2 tents and 15 rooms will be provided to various
families in villages along the Masar.
REFERENCE PERSON
Hijazi Eid, Director of Masar Ibrahim (Palestine)
hijazi@abrahamspath.org
WEBSITES
www.abrahampath.org
www.masaribrahim.ps ■
SITE INTERNET OFFICIEL
www.abrahampath.org
www.masaribrahim.ps ■
168
Rachele Borghi, Alessia Mariotti & Nazly Safarzadeh
xx
Panorama, Jifna - Palestine
xx
Source : Romeo Carabelli 2010
xx
Le jeu de la Gallina, Perpignan - France
xx
Source: ©Service Photo Mairie Perpignan
Handbook on | Tourism And Recent Heritage
Cas Particulier | Focus On
Programme de formation différencié en
«Perspectives Globales sur le Tourisme et la
Diversité Culturelle »
PHILIPPA COLLIN ET KARIN BRAS
University Differentiation Minor programme:
« Global Perspectives on Tourism and Cultural
Diversity »
PHILIPPA COLLIN AND KARIN BRAS
Pour la quatrième année, le Département des loisirs de l’Université InHolland à Amsterdam /
Diemen offre un programme de formation d’un
semestre sur le tourisme culturel. Les destinations
cherchent relativement souvent à attirer les touristes avec les grandes attractions, mais de plus en
plus de destinations ont commencé à se présenter
– comme le dit Richards (2007) – en tant que
« fenêtres ouvertes sur la vie quotidienne ». Ce ne
sont plus les grandes icônes, mais la vie quotidienne locale qui attire l’œil des visiteurs. Ce programme de formation est conçu pour les étudiants
en tourisme de la quatrième année et se concentre
sur la culture avec un « c » minuscule. Le défi est
de découvrir la vie de tous les jours dans différentes destinations et d’arriver ainsi à une rencontre
pleine de signification entre touristes et population
résidente. L’offre habituelle de tourisme culturel
reste toujours aussi importante, mais cette vision
plus profonde doit être obtenue à travers d’autres
attractions intéressantes situées en dehors des
parcours connus ou qui ne font pas partie de l’offre
touristique existante. Les mots clés sont donc :
For the fourth consecutive year the Leisure
Department of the InHolland University in
Amsterdam/Diemen is offering a one-semester
programme on cultural tourism. Destinations are
often appealing to tourists by focusing on a range of
different attractions. Destinations are increasingly
being presented, as “windows onto everyday life”,
Richards (2007). No longer typical tourism icons,
but everyday local life is becoming more attractive
to travellers. This university minor programme is
designed for fourth-year tourism students and
focuses on culture with a small “c”. The challenge
lies in making everyday life in a variety of destinations more visible or accessible to tourists and, as
such, achieving a “meaningful encounter” between
hosts (the local population) and guests (the tourist).
This means that classical cultural tourism is still
important, but that more insight must be gained by
the interesting attractions to be found off the beaten track or “backstage” and are not for the
moment, included in existing tourism offer. Key
terms are therefore:
• activités liées à la vie de tous les jours ;
• diversité des cultures ;
• atmosphère ;
• perspective locale dans le développement touristique ;
• tourisme créatif ;
• activities related to everyday life;
• culture diversity;
• atmosphere;
• local perspectives on tourism development;
• co-creation (tourists are actively involved in
creating their own experience);
171
Manuel | Tourisme et Patrimoine récent
Cas Particulier | Focus On
• contes et histoires racontés par les résidents ;
• rendre la culture accessible aux visiteurs ;
• rencontres.
• stories told by locals;
• making culture accessible to visitors;
• encounters.
Période 1 – Mission à Amsterdam
Le but de cette première période était de définir et de
révéler l’âme d’Amsterdam Nord en prenant en
considération ce que les résidents pensaient être
important et charmant dans le contexte dans lequel
ils vivaient. Les étudiants se sont également concentrés aussi sur la manière dont les locaux et euxmêmes pouvaient émettre un avis sur la façon de
représenter ce district urbain sur les plans touristiques. Il y a trois ans, une recherche a été conduite à
Amsterdam Nord sur le tourisme et les activités
récréatives. Les résultats obtenus incluaient entre
autre le fait qu’Amsterdam Nord n’apparaissait pas
encore sur les plans touristiques. Ce qui représentait
un problème à résoudre, car Amsterdam Nord dispose de plusieurs services et attractions : l’histoire
culturelle du vieux Nord, le paysage autour des villages pittoresques du Waterlandse Zeedijk dans le
Waterland, la longue voie cyclable et le réseau de
chemins pédestres dans la zone rurale du Nord, les
centres culturels publics et métropolitains en expansion comme le champ NDSM et les grands événements culturels de l’été. Pour obtenir les informations pour les guides de voyage et les visites guidées,
les étudiants devaient mener leur recherche auprès
des résidents et des agences de tourisme. Les résultats ont contribué à dessiner le profil d’Amsterdam
Nord en tant que destination touristique durable et
certains de leurs guides de voyage sont sur le point
d’être publiés et commercialisés.
Period 1 – Assignment in Amsterdam
The aim of the first period was to define and reveal
the “soul” of Amsterdam North by looking at what
the residents thought was important and fascinating about the place they live in. Students focused
on how both they and the locals could have a say in
how this urban district could be put on the tourist
map. Three years ago, a study was conducted in
Amsterdam North amongst tourism and recreation* businesses.
172
The results obtained concluded that Amsterdam
North was not yet on the tourist map. This is a pity
since Amsterdam North has numerous tourist
attractions and facilities such as the cultural history
of old North, the landscape around the Waterlandse
Zeedijk’s picturesque villages, in Waterland, the
extensive cycle and footpath network in the rural part
of North, the rapidly expanding public and metropolitan cultural centres such as the NDSM shipyard
and the popular cultural summer events. In order to
gather information for city guidebooks and guided
tours, the students needed to do research among the
residents and tourism agencies.
Their products have contributed to establishing the
profile of Amsterdam North as a sustainable tourism destination and a number of guidebooks are in
the process of being published.
Rachele Borghi, Alessia Mariotti & Nazly Safarzadeh
Handbook on | Tourism And Recent Heritage
Cas Particulier | Focus On
Période 2 – Autres destinations à l’étranger
Dans la seconde période, les étudiants sont partis
à l’étranger pour explorer les possibilités d’un
autre produit « notre vie quotidienne est l’aventure
d’un autre » (Richards, 2007), mais cette fois dans
un contexte culturel totalement différent. Tout au
long de l’année, les étudiants sont partis pour des
destinations comme Istanbul en Turquie,
Alexandrie en Egypte, Accra au Ghana et l’Île de
Samosir à Sumatra, Indonésie. Dans cette partie
du cours, l’objectif principal était d’explorer les
possibilités de créer un nouveau produit de tourisme culturel à travers :
• le recensement des porteurs d’intérêt du tourisme culturel et l’identification des besoins des
différents groupes ;
• l’analyse de leurs intérêts, désirs et attentes
particulières ;
• la description des attractions matérielles et
immatérielles dans le champ touristique ;
• l’établissement d’une rencontre significative
entre population locale et visiteurs en soulignant
l’importance de ces rencontres ;
• la conception d’orientations pour la communication interculturelle ;
• la conception d’orientations pour la construction
d’un nouveau produit de tourisme culturel ayant à
l’esprit les mots clés indiqués de la période 1. ■
Period 2 – Assignments in other destinations abroad
During the second period, students go abroad to
explore the theme of “our everyday life is someone
else’s adventure” (Richards, 2007), but this time, in
a totally different cultural context. Over the years
students have been to destinations like Istanbul in
Turkey, Alexandria in Egypt, Accra in Ghana or the
Island of Samosir in Sumatra, Indonesia. During
this phase of the course, the main focus is on exploring the possibilities of a new cultural tourism product by:
• mapping the stakeholders involved in cultural
tourism and identifying the concerns of different
groups;
• giving insight into their specific interests, wishes
and expectations;
• giving an accurate description of tangible and
intangible attractions/developments in the field
of tourism;
• establishing a meaningful encounter between
hosts (the local population) and guests (the tourist). Finding out more about the significance of
these encounters;
• formulating guidelines for intercultural communication;
• formulating guidelines for the design of a new
cultural tourism product. ■
173
Villa Baron Empain, Heliopolis, Le Caire - Egypte
Source : Romeo Carabelli 2006
Handbook on | Tourism And Recent Heritage
Glossaire | Glossary
• Acculturation : processus impliquant une assimilation d’une culture étrangère par un groupe d’individus. Il se produit souvent dans des cas où deux
cultures se rencontrent, par le biais du tourisme
par exemple.
• Allocation d’Adulte Handicapé : prestation financière pour garantir un revenu minimum aux adultes handicapés.
• Allocation de parent isolé : prestation financière
versée aux familles monoparentales françaises
(suite à un divorce, un veuvage, etc.). Cette allocation à été supprimée le 1er juin 2009 et remplacée
par le Revenu de Solidarité Active (RSA).
• Arrivées : nombre des personnes enregistrées
dans les structures hôtelières dans un temps et un
espace déterminés.
• Capacité de charge : dans les sciences naturelles
c’est le niveau maximum de polluants qu’un écosystème est capable d’absorber sans compromettre sa capacité de résilience. Dans son acception
socioculturelle et dans un contexte touristique,
c’est le nombre maximum de touristes qu’une
communauté est capable d’accepter sans compromettre ses ressources environnementales, sociales et culturelles.
• Capacité d’hébergement : capacité d’un lieu à
héberger des touristes ; elle se compte généralement en termes de lits.
• Compte satellite du tourisme : il s’agit d’un cadre
méthodologique donné par l’OMT dans le but de
mesurer le poids annuel du tourisme à l’intérieur
d’un pays, sachant qu’il est généralement mal
représenté dans la comptabilité nationale.
• Accommodation capacity: The capacity that a
given destination has to accommodate tourists. This
capacity is generally counted by numbers of beds.
• Acculturation: Process implying the assimilation
of a foreign culture by a group of individuals. This
happens when two cultures come into contact, for
example, in the case of tourism.
• Handicapped Adult benefit: A state money allowance to guarantee minimum revenue for handicapped adults.
• Single parent benefit: This consists in a sum of
money attributed to French single-parent families
(following a divorce, the death of a spouse, etc.).
This allocation was withdrawn on 1 June 2009 and
replaced by the Revenu de Solidarité Active (RSA).
• Alternative Tourism: Refers to a type of tourism
which seeks to differ from destinations or itineraries attracting mass tourism.
Arrivals: Number of people registered in hotel
establishments during a determined period and in
a determined area.
• Carrying capacity: In the natural sciences this
represents the maximum level of polluting substances that an ecosystem is able to absorb without
endangering its capacity to regenerate. In socio-cultural tourist context, it defines the number of tourists
that a community can host without compromising its
environmental, social and cultural resources.
• Tourist Satellite Account: Is a method devised by the
UNWTO to measure annual tourist flow within a given
country, an element which is generally poorly represented at a national level.
175
Manuel | Tourisme et Patrimoine récent
Glossaire | Glossary
• DELPHI : la méthode DELPHI a pour but de mettre en évidence des convergences d’opinion et de
dégager certains consensus sur des sujets précis,
grâce à l’interrogation d’experts, à l’aide de questionnaires successifs. L’objectif le plus fréquent
des études DELPHI est d’apporter l’éclairage des
experts sur des zones d’incertitude en vue d’une
aide à la décision.
• DMO : acronyme de Destination Management
Organisation, c’est un organisme de gestion de la
destination touristique prenant des formes sociétaires diverses selon le type et le nombre d’acteurs
publics et privés y participant.
• DPSIR : cadre descriptif des interactions causales
entre environnement et société adopté par l’Agence
Européenne de l’Environnement : Driving forces,
Pressures, States, Impacts, Responses. Il a également été appliqué à des contextes culturels (voir
les travaux de SiTI, Turin, Italie).
• Folklorisation : processus par lequel quelques
particularismes d’une culture sont retenus, simplifiés, vulgarisés dans le cadre d’une mise en scène
des traditions, par exemple dans des spectacles
dédiés aux touristes.
• Gentrification : investissement d’espaces urbains
dégradés par des populations de niveau socio-économique élevé, souvent en relation avec la réhabilitation de quartiers centraux ou péricentraux au
bâti ancien.
• Likage : phénomène par lequel la richesse produite
par une entreprise internationale ou multinationale ne
reste pas dans le pays où l’activité touristique a lieu,
mais rentre au pays d’origine de l’entreprise même.
176
• Cultural mediator: A profession consisting in
organizing and implementing cultural activities by
means of temporary or permanent exhibitions or
other art collections. The cultural mediator
attempts to arouse the interest of the public to
heritage by means of workshops, educational activities or by distributing informative publications.
• DELPHI : The DELPHI method aims to highlight
the convergence of opinion and to identify a
consensus as to the precise subject of an investigation by means of a series of questionnaires drafted
by experts. The most frequent use of DELPHI studies is to obtain expert consultation to clarify
issues that are difficult to define, in view of decision-making.
• DMO : Is the acronym for Destination Management
Organisation, which is composed of a number of tourist destination management organizations or private and public associates.
• DPSIR : Is the acronym for Driving forces,
Pressures, States, Impacts, Responses. It represents
an overall description of causal interactions between
the environment and society adopted by the European
Environment Agency. This process has also been
applied in some cultural contexts (see work on the
SiTI in Turin, Italy).
• Gentrification : A process by which middle or
upper-class people take up residence in traditionally working-class areas of a city with a view to
the rehabilitation of central urban or peri-urban
districts, changing the character of the area.
• Likage : Is the phenomenon whereby the revenue
generated by an international or multinational
Rachele Borghi, Alessia Mariotti & Nazly Safarzadeh
Handbook on | Tourism And Recent Heritage
Glossaire | Glossary
• Marketing territorial : séquence d’actions vouées
à l’analyse de l’offre territoriale et à la définition
des stratégies intégrées de marketing, de communication et de promotion.
• Médiateur culturel : métier consistant en l’organisation et la mise en œuvre d’actions culturelles
en s'appuyant sur des expositions (temporaires et
permanentes) et autres collections. Le médiateur
culturel tente de sensibiliser les publics au patrimoine grâce à des ateliers et des parcours pédagogiques ou par la diffusion de documents informant
les publics.
• Nominal Group Technique : méthode de gestion
d’un Focus Group guidé, permettant la contribution
de tous les participants. Inventé par Delbecq et Van
den Van en 1968, elle a été utilisée dans des
contextes touristiques en association au « Value
Stretch Model » (voir en bibliographie, Mansfeld,
2006).
• Nuitées : nombre de nuit passées dans une structure d’accueil.
• Positionnement : le positionnement en termes de
marketing se caractérise par un choix de clientèle
particulier pour une offre de produit et permet de
se différencier des concurrents.
• Recréation : reconstitution du corps et de l’esprit
grâce à la détente, le divertissement après le
temps de travail. Il est possible de se recréer au
quotidien, dans le cadre des loisirs, ou en vacances, en pratiquant le tourisme.
• Revenu de Solidarité Active (RSA) : aide sociale
financière qui s'est généralisée à l'ensemble du
territoire français depuis le 1er juin 2009. Il rem-
company does not remain in the country where
tourist income is produced, but is repatriated to the
country where the firm is domiciled.
• GIS: Is the acronym for Geographical Information
System which is an information system capable of
organizing and presenting alphanumeric and spatial reference data, as well as producing maps and
plans.
• Mass Tourism: Also described as intensive tourism is characterized by the large numbers of tourists who have a common objective of visiting the
same place which is able to satisfy the tourists’
expectations.
• Overnights: Number of nights spent by a tourist in
a guest accommodation structure.
• Nominal Group Technique: Is a Management
method of piloting a Focus Group allowing for the
contribution of all participants. The system, which
was invented by Delbecq and Van den Van in 1968,
is used to address tourism contexts in association
with the Value Stretch Model (see Mansfeld, 2007 in
the bibliography section).
• Positioning: In terms of marketing, positioning is
the definition that characterizes the choice of a
given type of client an offer is produced for. It differentiates an offer as opposed to its competitors.
• Recreation: Reconstitution of the body and of the
mind in order to relax, to enjoy oneself after work.
One can take recreation to rest on a daily basis in
one’s leisure time, on holiday or in tourist activities.
• Revenu de Solidarité Active (RSA) or Active
Solidarity Revenue: A social assistance benefit
available in France since 1 June 2009 replacing the
177
Manuel | Tourisme et Patrimoine récent
Glossaire | Glossary
place le RMI (Revenu Minimum d'Insertion) et l’API
(Allocation Parent Isolé) à partir de cette date. Il
permet aux bénéficiaires (capables de travailler ou
non) de recevoir un revenu minimum, versé par les
Caisses d'Allocation Familiale (CAF) ou la
Mutualité Sociale Agricole (MSA).
• Saisonnalité : concentration des flux et structuration
de l’offre dans une période de l’année déterminée.
• SIG : Système d'Information Géographique, système d'information capable d'organiser et de présenter des données alphanumériques spatialement référencées, ainsi que de produire des plans
et des cartes.
• Tourisme alternatif : type de tourisme qui vise à
se différencier des destinations et des trajectoires
du tourisme de masse.
• Tourisme de masse : type de tourisme également
qualifié de tourisme intensif se caractérisant par
une grande masse de touristes ayant une motivation commune dans un même lieu particulier montrant la capacité de combler les attentes de ces
derniers.
• Ville d’Art et d’Histoire (label) : depuis 1985, le
Ministère de la Culture français attribue ce label officiel aux villes, pays (à comprendre comme régions)
ou communes mettant en valeur un patrimoine
architectural, naturel ou industriel particulier. A ce
jour, un total de 149 villes et pays ont reçu ce label. ■
178
RMI (Revenu Minimum d'Insertion) and the API
(Allocation de Parent Isolé or Single parent benefit). This allocation allows beneficiaries, whether
they are able to work or not, to have access to a
minimum revenue which is paid by the state.
• Seasonal activity: Refers to the concentration of
visitor flow and to the form of the tourist offer
during a determined period of the year.
• Territorial Marketing: Sequence of actions destined to analyse territorial offer and to define integrated marketing, communication and promotional
strategies.
• Trivialization : The process whereby certain cultural particularities are adopted, simplified, popularized to illustrate or stage traditions such as in
shows destined to tourists.
• Ville d’Art et d’Histoire (label) or a City of Art and
History label: Since 1985, the French Ministry of
Culture attributes this official label to cities,
regions or municipalities to enhance their status as
important architectural heritage, natural or industrial sites. To date, 149 regions and cities have
received this label. ■
Rachele Borghi, Alessia Mariotti & Nazly Safarzadeh
Handbook on | Tourism And Recent Heritage
Bibliographie | Bibliography
Appadurai, A. (dir.) (1986). The Social Life of Things:
Commodities in Cultural Perspective. Cambridge:
Cambridge University Press.
Bakel, F., Bakker, J., Bharos, R., van Rees, P.,
Veenendaal, K. et van der Wens, E. (2009). City
Guide Van der Pek buurt in Amsterdam North.
Amsterdam: Holland University Amsterdam
/ Diemen & Urban District Amsterdam North.
Bakker, T., de Graaf, J., Mulder, S. et Gai, G. (2008).
Advisory Document Seven Cultural Routes of
Alexandria. Amsterdam: Holland University
Amsterdam / Diemen.
BIPE. (2004). Interactions entre les développements culturels et économiques des régions. Paris.
[Rapport pour le Département des études, de la
prospective et des statistiques, Ministère de la
Culture et de la Communication ; non publié].
Bock Digne, M. (2005). « Habiter et recevoir: la
patrimonialisation d’anciennes maisons omanaises à Zanzibar ». In Gravari-Barbas, M. (dir.).
Habiter le patrimoine. Enjeux, approches, vécu.
Rennes : Presses Universitaires de Rennes.
Bonnier, L. (1933). L’Urbanisme. Paris : Institut
d’urbanisme de l’Université de Paris.
Béghain, P. (2001). « Questions sur un patrimoine ». In Réseau Architecture Rhône-Alpes. Un
présent qui passe. Valoriser le patrimoine du XXe
siècle. Lyon: Éditions du CERTU.
Bouché, N. (1998). « Tourisme et patrimoine
urbain: les grandes interrogations ». In Cazes, G. et
Potier, F. (dirs.). Le tourisme et la ville : expériences européennes. Paris : L’Harmattan.
Béghain, P. (1998). Le Patrimoine : culture et lien
social. Paris: Presses de la Fondation nationale des
sciences politiques.
Bouin, F. (2009). « Le tourisme est-il vecteur de
mise en valeur durable ? ». In Audrerie, D. (dir.).
Patrimoine et tourisme. Bordeaux : Presses
Universitaires de Bordeaux.
Bennet, T. (1999). « The Exhibitionary Complex ». In
Boswell, D. et Evans, J. Representing the Nation. A
Reader. Histories, Heritage and Museums. Londres
et New York : Routledge.
Boyer, M. (1996). L’invention du tourisme. Paris :
Gallimard, « Découvertes ».
Bret, J. P. (2006). « Patrimoine architectural du XXe
siècle. Un nouveau produit du tourisme culturel… ».
Paroles d’acteurs, n° 7.
179
Manuel | Tourisme et Patrimoine récent
Bibliographie | Bibliography
Butcher, J. (2003). The Moralization of Tourism.
Sun, Sand and… Saving the World. Londres et New
York : Routledge.
Butler, R. (1980). « The concepts of a tourist area
cycle of evolution: implications for management of
resources ». Canadian Geographer, 24 : 5-12.
Cohen, E. (1972). « Toward a Sociology of
International Tourism ». Social Research, 39(1) :
164-82.
Cohen, E. (1988). « Authenticity and commoditization in tourism. Annals of Tourism Research »
15(3) : 371-386.
Comité des ministres du Conseil de l’Europe.
(1991). Recommandation relative à la protection du
patrimoine architectural du vingtième siècle
http://www.international.icomos.org/centre_documentation/coe_fra.htm
Corbin, A. (dir.) (1995). L’Avènement des loisirs
(1850-1960). Paris : Flammarion.
Dallari, F. et Mariotti, A. (2006). Turismo fra sviluppo locale e cooperazione interregionale.
Bologna : Pàtron.
180
Denèfle, S. (2005). « Habiter le patrimoine du XXe
siècle: l'exemple de la ‘Maison radieuse’ de Le
Corbusier à Rezéles Nantes ». In Gravari-Barbas,
M. (dir.). Habiter le patrimoine. Enjeux, approches,
vécu. Rennes : Presses Universitaires de Rennes.
Dewailly, J. M. et Flament, E. (2000). Le tourisme.
Paris : S.E.D.E.S.
Duhamel, P. (2007). « Patrimoine et modernité :
double logique de la production et du renouvellement des villes touristiques ». In Duhamel, P. (dir.).
Les Mondes urbains du tourisme. Paris : Belin.
Dujardin, P. (2009). De quoi sommes-nous contemporains ? Essai d’anthropologie politique. Cahiers
du Sens public, 3-4.
Étude nationale des retombées économiques et
sociales du patrimoine. Document synthétique
(2009). Paris/Aix-en-Provence, Ministère de la
Culture et de la Communication/Agence régionale
du patrimoine Provence-Alpes-Côte d’Azur.
Duncan, J. S. (1993). « Sites of representations:
place, time and the discourse of the other ». In
Duncan, J. S. et Ley, D. (dir.). Place/culture/representation. Londres et New York : Routledge.
Rachele Borghi, Alessia Mariotti & Nazly Safarzadeh
Handbook on | Tourism And Recent Heritage
Bibliographie | Bibliography
Equipe MIT. (2002). Tourismes 1. Lieux communs.
Paris : Belin.
Fayolle Lussac, B. (2005). « L’impact du label ‘patrimoine mondial’ dans les stratégies de développement local fondées sur le tourisme culturel ». In
Gravari-Barbas, M. (dir.). Habiter le patrimoine.
Enjeux, approches, vécu. Rennes : Presses
Universitaires de Rennes.
Fennell, D. (2001). A content analysis of ecotourism
definitions. Current Issues in Tourism 4 : 401-421.
Fennell, D. (2003). Ecotourism. Londres :
Routledge.
Fernandez Fuster, L. (1991). Historia General del
Turismo de Masas. Madrid : Alianza Editorial.
Giovannoni, G. (1998). L’Urbanisme face aux villes
anciennes. Paris : Éditions du Seuil.
Greenwood, D. J. (1977). « Culture By the Pound: An
Anthropological Perspective on Tourism as Cultural
Commoditization ». In Smith, V. L. (dir.). Hosts and
Guests: The Anthropology of Tourism. Philadelphia
: University of Pennsylvania Press.
Greffe, X. (2003). La Valorisation économique du
patrimoine. Paris : La Documentation française.
Greffe, X. et Pflieger, S. (2009). La Politique culturelle en France. Paris : La Documentation française.
Jansen-Verbeke, M. (1998). « Le tourisme culturel
dans les villes historiques. Revitalisation urbaine et
capacité de charge: le cas de Bruges ». In Cazes, G.
et Potier, F. (dirs.). Le tourisme et la ville: expériences européennes. Paris : L’Harmattan.
Jeudy, H.-P. (dir.) (1990). « Patrimoines en folie ».
Cahier d’Ethnologie de la France, n°5. Paris :
Ministère de la Culture et de la Communication.
Graburn, N. H. L. (1989). « Tourism: The Sacred
Journey ». In Smith, V. L. (dir.). Hosts and Guests:
The Anthropology of Tourism. Philadelphia :
University of Pennsylvania Press.
King, D. A. et Steward, W. P. (1996). Ecotourism and
commodification: protecting people and place. In
Biodiversity and Conservation, 5(3): 293-305.
Gravari-Barbas, M. (dir.). (2005). Habiter le patrimoine. Enjeux, approches, vécu. Rennes : Presses
Universitaires de Rennes.
Knafou, R. (2003). « Loisir ». In Lévy, J. et Lussault,
M. (dirs.). Dictionnaire de la géographie et de l’espace des sociétés. Paris : Belin.
181
Manuel | Tourisme et Patrimoine récent
Bibliographie | Bibliography
Knafou, R. et Stock, M. (2003). « Tourisme ». In
Lévy, J. et Lussault, M. (dirs.). Dictionnaire de la
Géographie et de l’espace des sociétés. Paris :
Belin.
Lazzarotti, O. (2003). « Tourisme et patrimoine: ad
augusta per angustia ». Annales de Géographie,
629 : 91-110.
Lefebvre, H. (1991). The production of space. Oxford :
Blackwell.
Leniaud, J. M. (2002). Les Archipels du passé. Le
patrimoine et son histoire. Paris : Fayard.
Luodiyi, S. (2005). « Tourisme et patrimoine: dynamique de conflit et de cohésion ». In GravariBarbas, M. (dir.). Habiter le patrimoine. Enjeux,
approches, vécu. Rennes : Presses Universitaires
de Rennes.
Mazard, S. (2005). Itinéraires d’architectures,
Agglomération d’Annecy, XXe siècle. Chambéry :
Éditions Comp’Act.
Mesplier-Pinet, J. (2009). « Culture et patrimoine
aujourd’hui, peuvent-ils contribuer au développement touristique ? ». In Audrerie, D. (dir.).
Patrimoine et tourisme. Bordeaux : Presses
Universitaires de Bordeaux.
Micoud, A. (1994). « Le Bien commun des patrimoines ». In Patrimoine culturel, patrimoine naturel.
Paris : La Documentation française.
Mitchell, T. (1988). Colonising Egypt. Cambridge :
Cambridge University Press.
Murphy, P. (1985). Tourism: a community approach.
Londres : Methuen.
MacCannell, D. (1976). The Tourist: A New Theory
of the Leisure Class. Londres : MacMillan.
Nash, D. (1978). « Tourism as a form of imperalism ».
In Smith, V. L. (dir.). Hosts and Guests: The
Anthropology of Tourism. Philadelphia : University of
Pennsylvania Press.
Mansfeld, Y. et Jonas, A. (2006). « Evaluating the
Socio-cultural Carrying Capacity of Rural Tourism
Communities : a Value Stretch Approach ».
Tijdschrift voor Economische en Sociale Geografie,
Vol. 97(5) : 581-599.
Nemec-Piguet, S. et Baertschi, P. (1999).
L’Architecture à Genève, 1919-1975. Lausanne :
Payot.
182
Rachele Borghi, Alessia Mariotti & Nazly Safarzadeh
Handbook on | Tourism And Recent Heritage
Bibliographie | Bibliography
OECD. (2009). The Impact of Culture on Tourism.
Paris
(trad.
française
pp.
3-75)
http://www.oecd.org/dataoecd/35/5/42040218.pdf
Origet du Cluzeau, C. (1998). Le tourisme culturel.
Coll. « Que sais-je ? ». Paris : Presses
Universitaires de France.
Origet du Cluzeau, C. et Vicériat, P. (2009). Le tourisme des années 2020. Des clés pour agir.
Collection CNT. Paris : La Documentation française.
Plog, S. C. (1973). « Why destination areas rise and
fall in popularity ». Cornell Hotel and Restaurant
Administration Quaterly, 14 : 13-16.
Poulot, D. (2001). Patrimoine et musées.
L'institution de la culture. Paris : Hachette.
Richards, G. (2007). Cultural Tourism. Global and
Local Perspectives. New York : The Haworth
Hospitality Press.
Robinson, M. et Picard, D. (2009). « Moments,
Magic and memories: Photographing Tourists,
Tourist Photographs and Making Worlds ». In
Robinson, M. et Picard, D. The Framed World.
Surrey : Ashgate.
Rose, G. (1993). Feminism and Geography.
Minneapolis : University of Minnesota Press.
Sharpley, R. (2008). Tourism, Tourists and Society.
Cambridgeshire : ELM Publications.
Sitte, C. (1996). L’Art de bâtir les villes. Paris : Éditions du Seuil.
Stock, M. (dir.). (2003). Le tourisme. Acteurs, lieux
et enjeux. Paris: Belin.
Theuma, N. (2005). Le tourisme en Méditerranée.
Aix-en-Provence : Edisud.
Timothy, D. et Boyd, S. (2003). Heritage tourism.
Harlow : Prentice Hall.
Toulier, B. (2001). « Le patrimoine du XXe siècle :
quelles valorisations ? ». In Réseau Architecture
Rhône-Alpes. Un présent qui passe. Valoriser le
patrimoine du XXe siècle. Lyon: Éditions du CERTU.
Toulier, B. (2001). « Patrimoine contemporain, ou le
présent qui passe ». In Réseau Architecture RhôneAlpes. Un présent qui passe. Valoriser le patrimoine du XXe siècle. Lyon: Éditions du CERTU.
Toulier, B. (2006). « Patrimoine architectural du XXe
siècle. Un nouveau produit du tourisme culturel… ».
Paroles d’acteurs, n° 7.
183
Manuel | Tourisme et Patrimoine récent
Bibliographie | Bibliography
Towner, J. (1985). « The Grand Tour: A Key phase in
the History of Tourism ». Annals of Tourism
Research, Vol. 12 : 297-333.
Tunbridge, J. E. et Ashworth, G. J. (1996). Dissonant
heritage. The management of the past as a
resource in conflict. Wiley : Chichester UK.
Turner, L. & Ash, J. (dirs.). (1976). The Golden
Hordes: International Tourism and the Pleasure
Periphery. New York : St Martin’s Press.
UNEP (2008). Mediterranean Action Plan,
« Promouvoir un tourisme durable en Méditerranée »
Urry, J. (1990). The Tourist Gaze. Londres : Sage.
Urry, J. (1988). « Authenticity and Commoditization in
Tourism ». Annals of Tourism Research, 15 : 371-86.
Urry, J. (1992). « Pilgrimage and Tourism:
Convergence and Divergence ». In Morinis, A. (dir.).
Sacred Journeys: The Anthropology of Pilgrimage,
47-61. Westport : CT: Greenwood Press.
Urry, J. (2007). New Opportunities for Tourism in
Amsterdam North. Report on Research amongst
Tourism Businesses in Amsterdam North.
Amsterdam : Urban District Amsterdam North. ■
http://www.planbleu.org/publications/mts173_tourisme.pdf
UNESCO. World Commission on Culture and
Development. (1996). Our Creative Diversity. Paris.
http://unesdoc.unesco.org/images/0010/001055/105586e.pdf
UNESCO/UNITWIN Network. (2008). « Culture,
Tourism, Development ». In Mettre en réseau les
sites et accompagner un développement durable
des territoires par le tourisme culturel : outils,
enseignements, structuration des coopérations.
Rimini : La Pieve Poligrafica. ■
UNWTO. (2010). Tourism Highlights. Madrid :
UNWTO.
184
Rachele Borghi, Alessia Mariotti & Nazly Safarzadeh
Handbook on | Tourism And Recent Heritage
Notes Biographiques | Biographic Notes
Ana Bela DE ARAUJO est architecte DPLG et
consultante pour la Ville du Havre sur les questions
du patrimoine moderne d’Auguste Perret inscrit
par l’UNESCO. Elle finalise une thèse de doctorat
en Histoire de l’architecture (Panthéon-La
Sorbonne, Paris I) sur les laboratoires du
Commissariat à l’énergie atomique 1948-1954
construits par Perret près de Paris. Elle s’intéresse
à l’histoire de l’architecture moderne en général.
Ana Bela DE ARAUJO is architect DPLG and consultant on Auguste Perret’s modern heritage of
UNESCO for the city of Le Havre. She is finalizing
her PhD thesis in History of Architecture
(Panthéon-La Sorbonne, Paris I) dealing with the
laboratories of the Commissariat for atomic energy
1948-1954 built by Perret close to Paris. Her field of
interest touches upon all aspects of history of
modern architecture.
Rachele BORGHI est docteur en géographie et chercheuse post-doc auprès du Département d’Histoire
de l’Université de Rome Tor Vergata. Depuis 2009,
elle est chargée de cours à l’IUKB (Institut
Universitaire Kurt Bösch) de Sion (Suisse). Elle a collaboré à plusieurs projets de recherche sur le développement local et le tourisme et en 2010 elle a organisé l’école d’été «Tourisme et Patrimoine récent» à
Casablanca. Depuis 2003 elle est consultante de
l’Association Hassilabiad (Errachidia, Maroc) pour les
projets de développement durable et tourisme responsable, pour laquelle elle organise des activités
d’information et de sensibilisation en Italie.
Rachele BORGHI is doctor in geography and postdoctoral researcher at the department of history,
University of Rome Tor Vergata. Since 2009 she is
lecturer at the IUKB (University Institute Kurt Bösch)
of Sion (Switzerland). She cooperated with several
research projects on local development and tourism
and in 2010 she was scientific coordinator and organizer of the summer school “Tourism and recent
patrimony” in Casablanca. Since 2003 she has been
serving as consultant on sustainable development
and responsible tourism projects for the Hassilabiad
association (Errachidia, Maroc), for which she organizes raising awareness activities in Italy.
Romeo CARABELLI est architecte, docteur en géographie, « Ingénieur de Recherche » à Citeres UMR
7163 CNRS et à l’Université François Rabelais de
Tours, ainsi que chargé d’enseignement à l’ENSNP
de Blois. Il s’intéresse aux questions de l’intégration de l’héritage architectural et urbain d’origine
coloniale dans les espaces vivants d’aujourd’hui. Il
coordonne le projet Mutual Heritage.
Romeo CARABELLI is architect, doctor in
Geography “Ingénieur de Recherche” at Citeres
UMR 7163 CNRS and University François Rabelais,
Tours, as well as lecturer at ENSNP, Blois. He has
been working on the integration of the architectural
and urban colonial heritage into the contemporary
living spaces, and he is coordinator of the project
Mutual Heritage.
185
Manuel | Tourisme et Patrimoine récent
Notes Biographiques | Biographic Notes
Stefania CERUTTI est chercheuse en géographie
économique et politique à l’Università degli Studi del
Piemonte Orientale « A.Avogadro ». Elle est titulaire
d’une maitrise en économie, Università degli Studi
del Piemonte Orientale « A.Avogadro », et d’un doctorat en élaboration des politiques et gestion du territoire, Università degli Studi di Trieste. Par la
recherche individuelle ainsi que de groupe elle s’intéresse aux questions liées au tourisme, y compris le
tourisme culturel, religieux et urbain, au patrimoine
industriel et aux systèmes productifs et territoriaux.
Karin BRAS est anthropologue culturel. Elle est
chargée de cours en tourisme culturel et méthodes
de recherche à l’Hogeschool INHOLLAND et elle
s’intéresse en particulier aux rôles des médiateurs
culturels dans le tourisme
Philippa COLLIN est chargée de cours en communication interculturelle à l’Hogeschool INHOLLAND. Elle s’intéresse en particulier à l’hybridité et
au tourisme culturel dans la région EuroMed.
Maria CARDEIRA DA SILVA est professeure
d’Anthropologie à l’Universidade Nova de Lisbonne
et directrice de recherche du groupe « Cultures :
Pratiques, Politiques et Étalages » au Centre
Réseau de Recherche en Anthropologie (CRIA) au
Portugal. Ses travaux portent sur les questions de
genre, des droits humains, du tourisme et du patrimoine dans les contextes arabes et islamiques.
186
Stefania CERUTTI is Research Professor in
Economic and Political Geography at Università
degli Studi del Piemonte Orientale “A.Avogadro”.
She holds a degree in Economics from the
Università degli Studi del Piemonte Orientale
“A.Avogadro” and a Ph.D. in Policy Development
and Land Management from Università degli Studi
di Trieste. Through individual and group research
she has been working on issues related to tourism
(including cultural tourism, religious tourism and
urban tourism), industrial heritage and productive
and territorial systems.
Karin BRAS is a cultural anthropologist. She is a
lecturer in cultural tourism and research methods
at Hogeschool INHOLLAND with a special interest
in the role of cultural intermediaries in tourism.
Philippa Collin is lecturer in Intercultural
Communication at Hogeschool INHOLLAND. Her
interest focuses on hybridity & cultural tourism in
the EuroMed region.
Philippa COLLIN is lecturer in Intercultural
Communication at Hogeschool INHOLLAND. Her
interest focuses on hybridity & cultural tourism in
the EuroMed region.
Maria CARDEIRA DA SILVA is professor of
Anthropology at the New University of Lisbon and
research director of the working group “Cultures:
Pratiques, Politiques et Étalages” (Cultures: practiRachele Borghi, Alessia Mariotti & Nazly Safarzadeh
Handbook on | Tourism And Recent Heritage
Notes Biographiques | Biographic Notes
Hijazi EID est expert en tourisme palestinien et
Directeur du Masar Ibrahim al Khalil / API. Dans le
courant des deux dernières années, il a conduit le
processus de formation de la communauté Masar à
l’avantage de 17 villages au long du Masar dans la
Palestine rurale. Il a aussi travaillé sur la conception des itinéraires, le tracé des sentiers, la formation des guides ainsi que le développement général
des Masar. Hijazi Eid a 12 ans d’expérience dans le
secteur du tourisme en Palestine. Il est titulaire
d’un diplôme en gestion d'entreprise (BA),
Université de Bethléem, ainsi qu’un certificat en
gestion du tourisme et un certificat de guide touristique général du Ministère du Tourisme.
Alessia MARIOTTI est enseignante chercheuse en
Géographie économique à la Faculté d’Economie
siège de Rimini de l’Université de Bologne. Ses
thèmes de recherche sont la mise en tourisme
durable du patrimoine culturel, la culture pour le
développement local, les plans de gestion et les
indicateurs de monitorage pour les sites du patrimoine de l’humanité. Elle a été consultante pour
des organismes internationaux (UNESCO, Banque
Mondiale, Commission Européenne), pour des collectivités locales et centres de recherche sur les
thèmes du tourisme culturel et du développement
local. Elle est membre du réseau UNESCO/UNITWIN « Culture, tourisme développement ». Elle
enseigne la Géographie du Tourisme à la Faculté
d’Economie, siège de Rimini, Université de
Bologne, ainsi que dans d’autres universités.
ces, policies and displays) at the Centre in Research
Network in Anthropology (CRIA) in Portugal. She
has been working on gender issues, human rights,
tourism and heritage in Arab and Muslim contexts.
Hijazi EID is expert in Palestinian tourism and Director
of the Masar Ibrahim al Khalil / API. Over the past 2
years Mr. Eid has led the Masar community outreach
process with over 17 villages along the Masar in rural
Palestine. He has also focused on itinerary design,
trail delineation, guide training as well as the overall
development of the Masar. Mr. Eid has 12 years of
experience in the tourism field in Palestine. He has
graduated at the Bethlehem University and he holds a
BA Business Administration, a Diploma in tourism
and two certificates in tourism management and
general tour guide from the Ministry of Tourism.
Alessia MARIOTTI is assistant professor in Economic
Geography at the Faculty of Economics – Bologna
University, Rimini Campus. Her research topics
include cultural heritage, culture and social identity,
industrial clusters and cultural resources for local
sustainable tourism development. She collaborated
with international organisations (UNESCO, World
Bank, European Commission, etc.), European
research centres and Universities on cultural tourism
projects for local development. She is a member of
the UNESCO/UNITWIN Network “Culture, Tourism,
Development”. She teaches Tourism Geography at
the Faculty of Economics - Rimini campus as well as
in other Universities.
187
Manuel | Tourisme et Patrimoine récent
Notes Biographiques | Biographic Notes
Michel KNEUBÜHLER est aujourd’hui consultant
indépendant et chargé d’enseignement à
l’Université Lumière-Lyon 2 (« Politiques culturelles »). Il est titulaire d’une maîtrise de lettres classiques, d’une licence d'histoire et histoire de l'art
et d’un diplôme de « Sciences de l'information et
de la communication ». Il est chargé d'études
documentaires au ministère de la Culture et de la
Communication en France (Directions régionales
des affaires culturelles de Midi-Pyrénées, 19811991, et de Rhône-Alpes, 1991-2009). Il a été coordonnateur régional des Journées européennes du
patrimoine aux Midi-Pyrénées (1984-1991) puis en
Rhône-Alpes (1992-2009). Il a été rédacteur pour le
Conseil de l’Europe (2009) et pour le Guide pratique
des Journées européennes du patrimoine
(www.jep.coe.int).
Nazly SAFARZADEH est étudiante du Master
Interdisciplinaire en études du Tourisme à l’Institut
Universitaire Kurt Bösch (Sion, Suisse). Ses principaux intérêts de recherche sont le tourisme urbain
et le tourisme culturel. Actuellement elle travaille
sur la mise en tourisme du patrimoine récent à
Casablanca. ■
188
Michel KNEUBÜHLER is freelance consultant as
well as lecturer in cultural policies at Université
Lumière-Lyon 2. He holds a master in classics, a
BA in History and history of art and a degree in
Sciences of information and communication. He
was responsible for documentary studies at the
French Ministry of Culture and Communication
(Directorate General for Cultural Affairs of MidiPyrénées, 1981-1991 and of Rhône-Alpes, 1991-2009).
He was regional coordinator of the European
Heritage Days of Midi-Pyrénées (1984-1991) and
Rhône-Alpes (1992-2009). In 2009 he was editor of
the Handbook of the European Heritage Days
(www.jep.coe.int).
Nazly SAFARZADEH is a post graduate student at
the interdisciplinary master degree in Tourism studies at the University Institute Kurt Bösch (Sion,
Switzerland). Her field of interest focuses on urban
and cultural tourism. She is at present working on
the turning of the recent heritage into tourism in
Casablanca. ■
Rachele Borghi, Alessia Mariotti & Nazly Safarzadeh
Ancien arrêt du train littoral, architecture des années 1920, Tirrenia - Italie
Source: Romeo Carabelli
Manuel | Tourisme et Patrimoine récent
Table des matières
5
PREAMBULE
5
• Abderrahim Kassou, Président de Casamémoire, partenaire de Mutual Heritage
Mots d’ouverture du séminaire « Tourisme et Patrimoine », en marge des Journées du patrimoine 2010 par :
7
• Monsieur le Vice-Président du Conseil de la Ville de Casablanca
9
• Monsieur le Directeur du Conseil Régional du Tourisme, Casablanca
12
• Monsieur le Directeur régional du Ministère de la Culture du Grand Casablanca
INTRODUCTION
Patrimoine récent et tourisme, pour une approche « bi-partisane » (Par Romeo Carabelli)
Patrimoine et tourisme - pourquoi ce binôme ?
Patrimoine récent
Récent, récent, récent !
Paradoxes et valorisation
17
17
20
22
23
25
I ENCADREMENTS
29
29
39
39
40
42
44
49
53
55
1.1 Tourisme – quelques éléments de cadrage (Par Maria Cardeira da Silva)
1.2 Tourisme et patrimoine - quelques éléments de cadrage (Par Michel Kneubühler)
1.2.1 L’espace et le temps, le territoire et le patrimoine
1.2.2 L’irrésistible ascension de la notion de « bien commun »
1.2.3 Développement versus muséification ?
1.2.4 Peut-on parler de « patrimoine du XXe siècle » ?
1.2.5 Le patrimoine comme ressource économique
1.2.6 Le tourisme patrimonial, une « nouvelle frontière » ?
1.2.7 « Tourisme et patrimoine », une tension féconde
II LA FOIRE AUX QUESTIONS
2.1 Qu’est-ce que le tourisme ?
2.2 Quelle est la différence entre un touriste et un excursionniste ?
2.3 Quelle est la différence entre tourisme et loisirs ?
2.4 Quelles sont les motivations des touristes ?
2.5 Quelques données sur le marché du tourisme
2.6 Comment peut-on définir le terme « Patrimoine » ?
2.7 Quel est le rôle du patrimoine dans la mise en tourisme d’un territoire ou d’une ville ?
2.8 Comment le tourisme peut-il mettre en valeur le patrimoine ?
2.9 Quelles sont les interdépendances entre toursime et patrimoine ?
2.10 Existe-t-il une spécificité du tourisme en Méditerranée ?
190
59
59
60
61
62
63
64
65
66
67
68
Rachele Borghi, Alessia Mariotti & Nazly Safarzadeh
Handbook on | Tourism And Recent Heritage
2.11 Les revenus du tourisme
2.12 Le patrimoine récent et le tourisme culturel
2.12.1 Qu’est-ce que le tourisme culturel ?
2.12.2 La différence entre tourisme culturel et tourisme patrimonial
2.12.3 Quelle est la spécificité du tourisme culturel ?
2.13 Quel est le rapport entre tourisme urbain et tourisme culturel ?
2.14 Tourisme et durabilité
2.14.1 Qu’est-ce que le tourisme durable ?
2.14.2 Tourisme durable et écotourisme sont-ils synonymes ?
2.14.3 Quelles sont les caractéristiques du tourisme durable ?
2.14.4 Quelles sont les contradictions du tourisme responsable ?
2.15 Le public cible
2.15.1 Existe-t-il un touriste du patrimoine ?
2.16 Les grandes institutions : les acteurs du patrimoine et du tourisme
70
71
71
72
73
74
75
76
76
77
78
79
80
81
III LES OUTILS
3.1 Les outils d’analyse
3.1.1 Les indicateurs du tourisme
3.1.2 L’évaluation des effets du tourisme
3.1.3 Comment gérer le tourisme dans un site patrimonial ?
3.2 Conception de projet (Project design)
86
86
86
90
92
94
IV HISTOIRES DE REUSSITE ET BONNES PRATIQUES
4.1 Le Havre : un exemple de référence (Par Ana bela de Araujo)
4.2 Le water front de Gênes : une expérience de régénération urbaine
4.3 Le patrimoine « en jeu » : le Jeu de la Gallina (jeu de la poule)
- Entretien avec Marianne Charlet
4.4 L’utilisation de la lumière dans la mise en valeur du patrimoine
- Entretien avec François Migéon
4.5 La reconversion touristique du patrimoine industriel (Par Stefania Cerutti)
- Entretien avec Luciano Ottelli
4.6 Les promenades artistiques au Festival de Casablanca 2010
- Entretien avec Géraldine Paoli
4.7 Tourisme durable et participation des communautés locales (Par Hijazi Eid)
99
99
112
119
127
134
138
146
149
156
161
166
CAS PARTICULIER
GLOSSAIRE
BIBLIOGRAPHIE
NOTES BIOGRAPHIQUES
171
175
179
185
191
Manuel | Tourisme et Patrimoine récent
Index
PREAMBLE
• Abderrahim Kassou, Casamémoire’s President, Mutual Heritage partner
Welcome session to the seminar “Tourism and Heritage”, organised during the Heritage days by :
• Vice-President of the City Council of Casablanca
• Director of the Regional Council for Tourism, Casablanca
• Regional director of the Ministry of Culture of the Greater Casablanca area
7
9
12
INTRODUCTION
Recent Heritage and Tourism, for a bi-partisan approach
Heritage and Tourism – why this partnership?
Recent heritage
Recent, recent, recent!
Paradoxes and architectural enhancement
17
17
20
21
23
24
I BACKGROUND
1.1 Tourism: some background (by Maria Cardeira da Silva)
1.2 Tourism and heritage: some background (by Michel Kneubüler)
1.2.1 Space and Time, the Territory and Heritage
1.2.2 The irresistible ascension of the notion of a “Common Asset”?
1.2.3 Development versus Museification?
1.2.4 Can we use the term “20th Century heritage”?
1.2.5 Heritage as an economic resource
1.2.6 Heritage tourism, a “new frontier”?
1.2.7 “Tourism and heritage”, a fertile interaction
29
29
39
39
40
42
44
48
51
53
II FREQUENTLY ASKED QUESTIONS
2.1 What is tourism?
2.2 What is the difference between a tourist and a day-tripper?
2.3 What is the difference between tourism and leisure?
2.4 What are the different motivations of tourists?
2.5 Some statistics concerning the tourist trade
2.6 How should one define the term “heritage”?
2.7 What is the role of heritage in the transformation of a given territory or city into a tourist attraction?
2.8 How can tourism help to enhance heritage?
2.9 What are the interdependencies between tourism and heritage?
2.10 Is there a specificity to Mediterranean tourism?
59
59
60
61
62
63
64
65
65
66
67
192
5
5
Rachele Borghi, Alessia Mariotti & Nazly Safarzadeh
Handbook on | Tourism And Recent Heritage
2.11 Tourism revenue
2.12 Recent heritage and cultural tourism
2.12.1 What is cultural tourism?
2.12.2 The difference between cultural tourism and heritage tourism
2.12.3 What is the specificity of cultural tourism?
2.13 Can we speak of urban tourism when referring to cultural tourism?
2.14 Tourism and sustainability
2.14.1 What is sustainable tourism?
2.14.2 Are sustainable tourism and ecotourism synonymous?
2.14.3 What are the characteristics of sustainable tourism?
2.14.4 What contradictions exist between sustainable tourism and ecotourism?
2.15 The targeted public
2.15.1 Does heritage tourist exist?
2.16 Institutions (actors in the domain of heritage and tourism)
68
70
70
71
72
73
73
74
74
75
77
77
78
79
III TOOLS
86
86
86
90
92
93
3.1 Tools of analysis
3.1.1 Tourism indicators
3.1.2 How can we evaluate the impact of tourism?
3.1.3 How to manage tourism on a heritage site
3.2 Project design
IV SUCCESS STORIES AND BEST PRACTICES
4.1 Le Havre: a reference (by Ana Bela de Araujo)
4.2 Genoa’s Water Front: an experiment in urban regeneration
4.3 Game playing heritage trails: the Chicken game (Snakes & Ladders)
- Interview with Marianne Charlet
4.4 The use of lighting to enhance heritage sites
- Interview with François Migéon
4.5 Re-conversion of an industrial heritage site into a tourist recreation* centre (by Stefania Cerutti)
- Interview with Luciano Ottelli
4.6 The Artistic Proms of the Casablanca Festival 2010
- Interview with Géraldine Paoli
4.7 Sustainable tourism and participation of local communities (by Hijazi Eid)
99
99
112
119
127
134
137
146
149
156
161
166
FOCUS ON
GLOSSARY
BIBLIOGRAPHY
BIOGRAPHIC NOTES
171
175
179
185
193
Copyright © 2011 Mutual Heritage
Tous droits réservés
Handbook on | Tourism And Recent Heritage
Tourisme & Patrimoine récent fait partie du projet
Mutual Heritage: from historical integration to
contemporary active participation, un projet sur le
patrimoine architectural et urbain récent dans le
monde méditerranéen, financé par l’Union
européenne dans le cadre du programme Euromed
Heritage 4 (www.euromedheritage.net). Mutual
Heritage vise à identifier, documenter et promouvoir
le patrimoine récent des 19ème et 20ème siècles,
afin d’encourager l’intégration du patrimoine
culturel dans la vie économique et sociale actuelle.
Tourism & recent Heritage is a part of the project
Mutual Heritage: from historical integration to
contemporary active participation, a project on the
recent architectural and urban heritage in the
Mediterranean area funded by the European Union
within the Euromed Heritage 4 programme
(www.euromedheritage.net). Mutual Heritage aims to
identify, document and promote the recent heritage of
the 19th and 20th centuries fostering the integration of
cultural heritage into the nowadays active life, both on
social and economical fields.
Le patrimoine partagé récent doit être reconnu et
préservé comme une composante significative d’une
identité méditerranéenne complexe et multiple. Parce
qu’il est récent –et souvent importé et imposé-, ce
patrimoine est plutôt négligé et souffre d’un manque
d’intérêt. La valeur potentielle du patrimoine
architectural et urbain des deux siècles derniers
nécessite donc d’être mise en valeur afin de jouer un
rôle dynamique dans les stratégies de développement.
Mutual and recent heritage needs to be recognized
and preserved as a main feature of the multi-faceted
Mediterranean identity. Due to its recent – and often
imported and imposed – origin, this heritage is
rather neglected and suffers from a lack of interest.
The potential value of the last two centuries
architectural and urban heritage needs to be
enhanced and requires a better valorization to play a
proactive role in the development strategies.
Le consortium Mutual Heritage est coordonné par
Romeo Carabelli (carabelli@univ-tours.fr) et il est
composé de Citeres (UMR 6173 Université François
Rabelais et CNRS – Tours, France), Casamémoire et
l’Ecole Nationale d’Architecture (Casablanca et
Rabat, Maroc), l’Association pour la Sauvegarde de
la Medina (Tunis, Tunisie) et Riwaq (Ramallah,
Palestine). Il associe les universités de Ferrara et
Florence, Tizi-Ouzou et Vienne (Italie, Algérie et
Autriche), l’Instituto de Cultura Mediterránea
(Espagne) et les associations Heriscape et
Patrimoines Partagés (Italie et France).
The Mutual Heritage consortium is coordinated by
Romeo Carabelli (carabelli@univ-tours.fr) and it is
composed by Citeres (UMR 6173 Université François
Rabelais et CNRS – Tours, France), Casamémoire
and the Ecole Nationale d’Architecture (Casablanca
and Rabat, Morocco), the Association pour la
Sauvegarde de la Medina (Tunis, Tunisia) and Riwaq
(Ramallah, Palestine). It associates the Universities
of Ferrara and Florence, Tizi-Ouzou and Vienna (Italy,
Algeria and Austria), the Instituto de Cultura
Mediterránea (Spain) and the associations Heriscape
and Patrimoines Partagés (Italy and France).
www.mutualheritage.net
195
Cet ouvrage est l’une des composantes de Mutual Heritage,
un projet qui fait partie du programme Euro-méditerranéen
Euromed Heritage 4 et qui vise à élargir la base de parties
prenantes proactives dans les questions patrimoniales des
espaces méditerranéens. Une des stratégies possibles
pour atteindre cette finalité est de favoriser l’activation des
acteurs qui s’estiment moins concernés et les aider à devenir des moteurs d’une nouvelle valorisation, complexe et
moderne, de l’héritage patrimonial.
Le présent manuel est un instrument fonctionnel et précis
qui met à disposition des informations utiles à la valorisation du cadre bâti existant. Nous espérons qu’il pourra
aider quelques-uns des nombreux acteurs potentiels du
tourisme patrimonial à se transformer en acteurs proactifs
et se lancer dans le défi de la valorisation du patrimoine, un
champ d’action qui se montre porteur de croissance culturelle et économique.
Le projet Mutual Heritage s’occupe d’un cadre patrimonial
spécifique, celui de l’héritage récent, produit de ces deux
derniers siècles. Une série d’activités et de livrables a été
mise au point. Ils abordent la richesse de ce patrimoine
spécifique à partir de plusieurs angles d’attaque simultanés, car la valeur dont on parle est telle qu’elle demande
une action en système pour mieux avancer dans cet espace
patrimonial spécifique qu’est l’héritage récent. Plans de
villes, guides patrimoniaux, manuels et focus books visent
à créer un substrat de connaissances exploitables par le
monde du tourisme, et par les acteurs qui liront ce manuel.
xx
xx
This publication represents one of the components of
Mutual Heritage, a project that is part of the EuroMediterranean Euromed Heritage 4 programme and
which aims to extend the base of proactive stakeholders
on
issues
concerning
heritage
around
the
Mediterranean. One of the possible strategies to reach
this objective, is to facilitate the involvement of players
who have the impression that they are less concerned in
these issues and to help them become active agents of
the new, complex and modern dynamics around the
enhancement of architectural heritage.
This precise and practical handbook provides information concerning a framework of existing buildings and
sites. We hope that it will be useful and will help a number of potential players in the domain of heritage tourism
to become proactive agents who will rise to the challenge
of enhancing heritage - a sphere of activity that engenders cultural and economic growth.
Mutual Heritage addresses and provides a specific framework of recent heritage sites built over the two last
centuries. A series of activities and deliverables have
been developed to simultaneously address the specific
needs of this heritage from a number of view-points
because the value of recent heritage requires a systemic
approach. City plans, heritage guides, handbooks and
focus books furnish a basis of exploitable information for
tourist operators and players or agents who will use this
handbook.
Ce document a été réalisé avec l’aide financière de l’Union
Européenne. Le contenu de ce document relève de la seule
responsabilité de l’association Casamemoire, partenaire du projet
Mutual Heritage et ne peut en aucun cas être considéré comme
reflétant la position de l’Union Européenne.