Location via proxy:   [ UP ]  
[Report a bug]   [Manage cookies]                
Revue de l'IFHA Revue de l'Institut français d'histoire en Allemagne Date de recension | 2014 Ingrid Kreide-Damani (dir.), Ethnologie im Nationalsozialismus. Julius Lips und die Geschichte der « Völkerkunde » Wiesbaden : Reichert, 2010, 440 p., 59 € Hélène Ivanoff Édition électronique URL : http://journals.openedition.org/ifha/8194 DOI : 10.4000/ifha.8194 ISSN : 2198-8943 Éditeur IFRA - Institut franco-allemand (sciences historiques et sociales) Référence électronique Hélène Ivanoff, « Ingrid Kreide-Damani (dir.), Ethnologie im Nationalsozialismus. Julius Lips und die Geschichte der « Völkerkunde » », Revue de l'IFHA [En ligne], Date de recension, mis en ligne le 14 avril 2015, consulté le 22 septembre 2020. URL : http://journals.openedition.org/ifha/8194 ; DOI : https:// doi.org/10.4000/ifha.8194 Ce document a été généré automatiquement le 22 septembre 2020. ©IFHA Ingrid Kreide-Damani (dir.), Ethnologie im Nationalsozialismus. Julius Lips u... Ingrid Kreide-Damani (dir.), Ethnologie im Nationalsozialismus. Julius Lips und die Geschichte der « Völkerkunde » Wiesbaden : Reichert, 2010, 440 p., 59 € Hélène Ivanoff Ingrid Kreide-Damani revient ici sur l’histoire de l’ethnologie allemande, Völkerkunde ou sciences des peuples, sous le nazisme à partir de la figure exemplaire de Julius Lips (1895-1950). Auteur en 1937 de The Savage Hits Back que l’on peut traduire par « La riposte du sauvage », cet ethnologue allemand fut l’un de ces universitaires, non juif, à être contraint à l’émigration politique dès 1934. Social-démocrate, il avait en effet été destitué de son poste de directeur du Rautenstrauch-Joest-Museum, musée d’ethnographie de Cologne, et de celui de professeur d’ethnologie de l’université de Cologne en mars 1933. Avec sa femme Eva, ils devinrent des membres actifs des organisations antifascistes aux États-Unis. L’introduction de The Savage Hits Back, rédigée par le fondateur de l’anthropologie sociale britannique Bronislaw Malinowski (1884-1942), dénonce violemment l’ordre nazi. Les critiques portées sur la nouvelle classe dirigeante dans la préface valurent au couple d’être privé de leur nationalité allemande. Par l’intermédiaire d’Heinrich Mann (1871-1950), Julius Lips revint en Allemagne après la guerre, dans la zone d’occupation russe, pour occuper une chaire d’ethnologie à Leipzig en 1948, avant de devenir en 1949 recteur de l’université de Leipzig, où il mourut au début de l’année 1950. Sa femme Eva lui succéda et fit paraître en RFA et en RDA en 1983 une traduction du livre de son époux sous le titre Der Weisse im Spiegel der Farbigen, « Le Blanc dans le miroir des hommes de couleur ». Elle mourut à Leipzig en 1986. Des années 1920 aux années 1950, l’ethnologue a donc vécu la montée du nazisme, son avènement et ses répercussions sur le monde universitaire d’après-guerre. Il apparaît ainsi comme une figure clé permettant d’entrer dans l’histoire de la discipline et de ses Revue de l'IFHA , Date de recension 1 Ingrid Kreide-Damani (dir.), Ethnologie im Nationalsozialismus. Julius Lips u... institutions. À ses débuts, l’ethnologie allemande était divisée en Volkskunde, science tournée vers son propre peuple et en Völkerkunde, sciences des (autres) peuples. Progressivement, la Völkerkunde devint une variante allemande de l’ethnologie européenne et s’apparenta à l’anthropologie sociale et culturelle américaine : le parcours de Julius Lips symbolise l’évolution de cette discipline. Après des études de droit jusqu’en 1925, il devint l’élève de Fritz Graebner (1877-1934) – à l’origine des théories diffusionnistes allemandes et représentant de l’école historico-culturelle – dont il prit la succession à la tête des institutions ethnologiques de Cologne. Il participa aux débats épistémologiques de la fin des années 1920 sur les Naturvölker ou peuples de la nature, en mettant sans succès en avant un nouveau concept celui des Erntevölker, représentant une phase intermédiaire entre peuples chasseurs-cueilleurs et agriculteurs, en l’occurrence une étape essentielle du développement économique. Par la suite, il se tourna vers l’art pour tenter de comprendre les représentations de l’homme blanc dans les sociétés colonisées. Il s’intéressa de ce fait à des artefacts que les musées avaient en partie écartés, car ils n’étaient pas représentatifs d’un art « primitif », ces sociétés étant déjà en voie d’acculturation. The Savage Hits Back étudie ainsi le regard du « sauvage » sur « l’homme civilisé » et adopte une approche profondément humaniste, antiraciste et anticolonialiste. Éditrice du présent ouvrage et auteure de sa première partie, Ingrid Kreide-Damani lui oppose la figure contemporaine de Martin Heydrich (1889-1969). Militant nazi – membre du NSDAP et des S.A – il fut directeur du musée d’ethnographie de Dresde, avant de devenir professeur ordinaire d’ethnologie à l’université de Cologne au début de la seconde guerre mondiale et prit la tête du Rautenstrauch-Joest-Musem. À travers le parcours de ces deux ethnologues, l’auteur conte aussi l’histoire de la Deutsche Gesellschaft für Völkerkunde ou « Société allemande pour une science des peuples » dont ils furent tous deux des membres-fondateurs en 1929. Martin Heydrich en fut nommé vice-président à Cologne en 1951. Dans un style très descriptif, le livre s’appuie donc sur des sources encore inédites, que I. Kreide-Damani cite et analyse précisément. Compte-tenu de la récente ouverture de ces archives, elles ne sauraient encore apporter de réponses définitives sur les questions que soulève l’histoire des Lips et celle la discipline sous le nazisme, comme le souligne André Gingrich dans l’introduction. La seconde partie est, quant à elle, consacrée à des contributions analysant l’œuvre scientifique de Julius et Eva Lips : la thèse de Julius Lips qui explique l’association entre droit et ethnologie dans les premiers travaux de l’ethnologue, ses recherches menées sur le terrain auprès des Montagnais-Naskapi, sa théorie des Erntevölker et les accusations de plagiat portées contre l’ethnologue, ses recherches et conférences en tant que professeur invité à la Howard University de Washington. Les deux dernières synthèses portent sur l’histoire du musée d’ethnologie de Dresde après 1945 et sur Eva Lips et le ministère de la sûreté de l’Etat entre 1957 et 1961, dans un contexte de reconstruction de la discipline en RDA. À la lecture de la biographie parallèle de ces deux hommes – aux engagements antagonistes et dont les parcours se croisent pourtant – s’ouvrent ainsi de nouveaux champs de recherche concernant l’histoire de la discipline ethnologique au XXe siècle. Revue de l'IFHA , Date de recension 2 Ingrid Kreide-Damani (dir.), Ethnologie im Nationalsozialismus. Julius Lips u... INDEX Index chronologique : Époque contemporaine Thèmes : Histoire de l’art, Histoire de la culture, Histoire des mentalités AUTEUR HÉLÈNE IVANOFF Centre Georg Simmel, CNRS-UMR 8131, EHESS Revue de l'IFHA , Date de recension 3