BO
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Le pouvoir par le discours
Yv
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La légitimation comme
stratégie de domination
Sacha Lesage
Groupe
&Groupe
Société & Société
Publication pédagogique
Publication pédagogique
d’éducation permanente
d’éducation permanente
mobilisations
Méthodologiesociales
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inspirée du livre «De la justification de BOLTANSKI et
THEVENOT.»
CDGAI
Centre de Dynamique des Groupes et d’Analyse Institutionnelle asbl
Publication pédagogique d’éducation permanente
L’ANALYSE INSTITUTIONNELLE
Concept et coordination
Marie-Anne Muyshondt - CDGAI
Collection Méthodologie - 2016
Éditrice responsable : Chantal Faidherbe
Présidente du C.D.G.A.I.
Parc Scientifique du Sart Tilman
Rue Bois Saint-Jean, 9
B 4102 - Seraing - Belgique
Graphisme : Le Graphoscope
legraphoscope@gmail.com
Méthodologie
Auteur
Yves BODART
1
Les publications pédagogiques d’éducation
permanente du C.D.G.A.I.
La finalité de ces publications est de contribuer à construire
des échanges de regards et de savoirs de tout type qui
nous permettront collectivement d’élaborer une société plus
humaine, plus «reliante» que celle qui domine actuellement.
Fondée sur un système économique capitaliste qui encourage
la concurrence de tous avec tous et sur une morale de la
responsabilité, notre société fragilise les humains, fragmente
leur psychisme et mutile de nombreuses dimensions d’euxmêmes, les rendant plus vulnérables à toutes les formes
de domination et oppression sociétales, institutionnelles,
organisationnelles, groupales et interpersonnelles.
La collection Méthodologie
Méthodologie
Cette collection aborde les pratiques professionnelles des
animateurs et formateurs, prioritairement de l’éducation
permanente. Elle vise à outiller la réflexion de tout acteur de
l’éducation et ainsi, à soutenir sa créativité émancipatrice.
2
Ces publications sont proposées comme des outils de réflexion
sur et à travers sa pratique individuelle, associative ou
institutionnelle, notamment via la (re)découverte des méthodes
et principes d’action de militants et pédagogues qui ont marqué
notre société.
Les enjeux de cette collection sont de permettre un ancrage
conscient et éclairé des animateurs et formateurs dans les
racines de leur profession, de les (re)situer en tant qu’héritiers
de ces pédagogies et mouvements alternatifs, de favoriser
la compréhension critique des pratiques actuelles afin de
permettre d’élaborer au mieux le présent et le futur des secteurs
sociaux, socioculturels, de la santé et de la formation.
INTENTIONS
u
Proposer les éléments principaux de l’analyse institutionnelle
u Faciliter
la pratique d’une méthode d’analyse et d’intervention
qui favorise l’expression des avis contraires au sein d’une
organisation et donne au débat une valeur dynamisante,
structurante et positive
PUBLICS VISÉS
Acteurs et actrices de l’animation, de l’éducation,
l’enseignement, de la formation, des soins de santé,
la culture, du social, de la prévention, de la sécurité ;
l’accompagnement psychologique, social et psychosocial ;
la coordination, de l’encadrement institutionnel ;
u
u Salariés
de structures associatives
u Salariés
de l’économie sociale et solidaire
personne intéressée par le sujet
Méthodologie
u Toute
de
de
de
de
3
4
Méthodologie
PRÉAMBULE AUX LIVRETS MÉTHODOLOGIE
DE L’ANALYSE INSTITUTIONNELLE
ET L’ANALYSE INSTITUTIONNELLE
7
INTRODUCTION
9
COMMENT APPROCHER L’INSTITUTION ?
L’OBJET ET LA MÉTHODE
11
•
•
•
12
13
19
La dialectique
L’institution
L’analyse institutionnelle
QUE DÉVOILE L’ANALYSE INSTITUTIONNELLE ?
LES CONTENUS ET LES PROCESSUS
25
•
•
Les contenus
Les processus
26
31
CONCLUSION
38
BIBLIOGRAPHIE
39
Méthodologie
SOMMAIRE
5
6
Méthodologie
PRÉAMBULE AUX LIVRETS
MÉTHODOLOGIE DE L’ANALYSE INSTITUTIONNELLE
ET L’ANALYSE INSTITUTIONNELLE
Avant tout, quelques mots de contextualisation de ce livret et de
son complément, La méthodologie de l’analyse institutionnelle,
s’imposent.
Cette approche a été développée dans les années 60-70,
époque qui fut également, peut-être sans trop de hasards,
celle de la fondation de nombreux mouvements sociaux,
associations sans buts lucratifs, collectifs, coopératives,
entreprises sociales... dans lesquels vous travaillez peut-être,
avez travaillé ou contribué, ne fut-ce qu’en tant que participant.
Proposer aujourd’hui deux publications pédagogiques
concernant l’analyse institutionnelle et sa méthode, s’inscrit en
écho des diverses problématiques traitées dans la collection
Travail en action.
Méthodologie
«Si, demain, de nouvelles structures sont mises en
place, visant à permettre enfin la participation de tous
aux décisions, c’est-à-dire l’autogestion sociale, cela ne
servira à rien si les hommes n’ont pas déjà appris à vivre
dans la nouvelle société et à la construire en permanence,
à ne jamais plus fixer le mouvement historique dans
les institutions figées et séparées de l’acte instituant».
(Lapassade, 1966)
7
Celle-ci envisage le travail, ou notre absence de travail, sous
l’angle de son impact sur notre environnement dans la mesure
où il structure nos vies, notre temps, nos espaces, dans les
processus organisationnels et psycho-sociaux qui peuvent
l’amener à être source de notre emprisonnement mental et
physique, ou terrain propice à nous émanciper individuellement.
Tout en se voulant dénonciatrices de mécanismes qui
produisent insidieusement du mal-être, les publications
disponibles dans cette collection sont également, des grilles
de lecture de l’expérience vécue ou écoutée par les acteurs
des secteurs sociaux, culturels, éducatifs, de la santé et de
l’économie sociale et solidaire, dans l’intention d’initier ou de
renforcer des cheminements individuels et collectifs vers des
issues possibles. Nous verrons que la démarche de l’analyse
institutionnelle peut y contribuer.
Méthodologie
Le Centre de Dynamique des Groupes et d’Analyse
Institutionnelle est pluraliste et se définit comme «organisation
volontaire d’éducation permanente des adultes». À ce titre, il
propose des outils pédagogiques, des ateliers et des formations
visant à influer sur la Société globale en invitant les personnes
à agir de façon autonome et responsable, dans et par l’action
sur les groupes restreints, axés sur le changement social.
8
C’est dans cette double intention en cohérence avec des
publications précédentes d’une part, sa raison d’être d’autre
part, que le C.D.G.A.I. présente aujourd’hui ces notes à propos
de l’analyse institutionnelle et de sa méthodologie.
Depuis les années 80, le C.D.G.A.I. a formé des centaines
de participants à cette méthode. La publication de ces deux
livrets après plus de 30 ans de pratique, peut sembler à la fois
étrange et pertinente. Étrange car ce n’est pas là une approche
qui puisse exclusivement se transmettre par l’écriture, canal de
communication qui peut avoir tendance à «figer» les choses, le
dialogue avec les lecteurs et leurs questionnements n’étant pas
possible ; pertinente puisque notre ligne éditoriale est fondée
sur le partage et l’ouverture à des questionnements critiques,
sur la dynamique de l’élucidation collective et de l’imperfection
créatrice, dans l’intention d’outiller des ateliers, des débats, des
supervisions et des formations d’éducation permanente, ce
qui correspond aux fondements méthodologiques de l’analyse
institutionnelle.
INTRODUCTION
J’ai voulu, tout au long de ces notes, me détacher d’un mode de
présentation linéaire. Ce qui importe le plus, selon moi, c’est de
retrouver le sens réel et actuel d’une démarche spécifique. Pour
ce faire, j’ai cherché à recomposer les éléments constitutifs
d’un corps théorique qui me semble à la fois difficile à saisir
et particulièrement fécond, distendu et pourtant tellement
cohérent.
Je me suis donc attaché à cerner les éléments de l’analyse
institutionnelle que je considère comme les plus pertinents,
sans détailler les courants théoriques qui les ont engendrés.
Mais, je tiens cependant à citer mes sources. C’est à partir du
Glossaire commenté des concepts de l’analyse institutionnelle
de Jean-François Leroy (1980) que j’ai élaboré ces notes. Les
auteurs auxquels ce dernier fait le plus souvent référence ont
pour noms : Lourau (1970, 1978), Lapassade (1971, 1974,
1975), Hess (1978), Castoriadis (1975), ...
Méthodologie
Ceci n’est pas une présentation académique, ni un historique
des différents courants de pensée ayant traversé la discipline,
si tant est que l’analyse institutionnelle puisse se concevoir
comme une discipline.
9
10
Méthodologie
COMMENT APPROCHER
L’INSTITUTION ?
Généralement, on aborde un concept en commençant par le
définir. Mais, pour l’analyse institutionnelle, l’institution ne se
définit pas ou, en tout cas, pas facilement, pas définitivement.
Certes, on peut la figer, l’enfermer dans une définition ; mais
cette définition peut aussitôt être interrogée, critiquée, mise en
question. S’appuyant sur la dialectique, l’analyse institutionnelle
procède en s’attachant à la fois à la définition d’une chose et à la
mise en question de cette définition.
Il m’apparaît donc nécessaire d’opérer de la même façon, dès le
début de ces notes. La méthode de présentation sera dialectique.
C’est par la définition de ce terme que nous entamerons notre
exploration.
Méthodologie
L’OBJET ET LA METHODE
11
LA DIALECTIQUE
La logique dialectique s’est développée à partir des conceptions
de Hegel, d’abord, de Marx ensuite. En première approche, elle
repose sur un raisonnement en trois étapes :
•
•
•
la thèse pose une affirmation à caractère universel ;
l’antithèse est la négation de la thèse, d’où naît une
contradiction ;
la synthèse est un essai de dépassement de cette
contradiction qui reprend des éléments de la thèse et de
l’antithèse.
Méthodologie
Pour Hegel, la dialectique est «le mouvement du discours
qui s’empare progressivement de la réalité (...) par une suite
de crises ou de conflits surmontés». Mais, «chaque position
de vérité est en soi insuffisante et appelle une médiation par
contrariété ou par négation de ce qui est». (NOIRAY, 1969) Elle
appelle donc à un dépassement qui conduira à une nouvelle
position (ou proposition) de vérité, laquelle n’en restera pas
moins toujours provisoire.
12
Hegel fait ainsi «de la contradiction le moteur à la fois de la
pensée et du réel». Mais, si ce dernier considérait que «toute
position de vérité (...) ne peut être qu’une délimitation (…) de
la prise de possession du réel par l’esprit» (idem), Marx, tout
en souscrivant également au rôle central de la contradiction,
estime, quant à lui, que la dialectique n’est pas uniquement
la logique de l’esprit, mais aussi celle du réel. Ce n’est plus
uniquement le savoir, la connaissance qui doit être comprise
comme contradictoire. Le réel, lui-même, est d’essence
contradictoire. En effet, le savoir n’est que la vérité d’un
moment, construite à partir d’une situation concrète et donc
contredite par l’évolution et la modification du réel.
Nous adopterons donc une démarche dialectique pour définir
l’Institution. Cependant, je ne présenterai, à chaque fois, que les
deux premiers termes du raisonnement : la thèse et l’antithèse.
Je considère, en effet, que la thèse constitue déjà la synthèse
d’une contradiction précédente et en conséquence, qu’il n’est
pas nécessaire d’effectuer une nouvelle synthèse qui, de toute
façon, n’est que provisoire. Je préfère laisser les questions
ouvertes, plutôt que de les clore.
L’INSTITUTION
Je rappelle que l’exploration du concept et de ses racines
à laquelle je me suis livré s’inspire largement du travail de
bénédictin réalisé par Jean-François LEeroy, dans son Glossaire
commenté des concepts de l’analyse institutionnelle (1980),
document élaboré à partir de l’approche de Lourau. Celui-ci
prend appui sur différentes sources : la philosophie du droit,
le Marxisme, la sociologie, les significations fournies par les
dictionnaires de la langue française et l’analyse institutionnelle,
elle-même.
•
•
•
«Une institution, c’est un ensemble de normes qui régissent
l’organisation des rapports sociaux entre les individus.»
(Hess)
«Les institutions (...) répondent à des besoins (réels ou
périmés) et ... structurent ces besoins sous forme de
modèles, de valeurs, de relations.» (Minarik, 1971)
«Une institution est une idée d’œuvre ou d’entreprise qui
se réalise et dure juridiquement dans un milieu social ; pour
la réalisation de cette idée, un pouvoir s’organise qui lui
procure des organes.» (Hauriou,1925)
Chacune de ces définitions ne rend compte que d’une partie
du concept, car l’institution, c’est à la fois l’acte d’instituer et
la chose instituée. Généralement, les définitions se réfèrent
davantage à la chose instituée.
Méthodologie
Partons de quelques éléments de définition :
13
C’est ainsi que nous connaissons aujourd’hui une série
d’institutions qui se situent à deux niveaux :
• au niveau sociétal, on parle de l’État, de la religion, de la
famille, de l’école, ... ou encore de la promotion sociale, de
la médiation, de la réinsertion professionnelle, ...
• au niveau organisationnel, on parle de tel établissement
scolaire, de tel parti politique dans tel pays, de tel organisme
de médiation ....
Pour aller plus loin, et pour comprendre le sens et la portée
de l’analyse institutionnelle, nous devons nous interroger sur
l’origine des institutions, sur leur fonction, sur leur autonomie,
sur les rapports qu’elles entretiennent avec les individus. J’ai
choisi de répondre globalement à l’ensemble de ces questions
en présentant une série d’éléments constitutifs de la notion
d’institution. Pour chacun de ceux-ci, nous pouvons identifier
une thèse et une antithèse qui vient la contredire.
L’UNIVERSALITÉ
Méthodologie
THÈSE
14
La philosophie et la sociologie traditionnelle voient dans les
institutions le lieu de prédominance de l’universalité sur les
intérêts particuliers. La naissance des institutions vient d’une
prise de conscience de certaines exigences de l’intérêt collectif.
Pour Hegel, les institutions sont ce qu’il y a de virtuellement
universel dans les intérêts particuliers des hommes. Elles
dénotent, en quelque sorte, un effort pour faire entrer un certain
nombre d’idées ou de modèles dans la catégorie de l’absolu.
ANTITHÈSE
L’anthropologie culturelle, et, en particulier, des auteurs tels
que Kardiner et Linton, considèrent que chaque institution
représente une des solutions possibles aux problèmes posés
par l’adaptation au milieu. Et, puisque ces solutions varient en
fonction de contextes culturels différents, les institutions sont
contingentes. Elles dépendent de déterminations matérielles et
sociales qui renvoient à la notion de particularité. Donc ce qui
est d’ordre particulier (tel contexte organisationnel spécifique)
vient nier l’universalité imaginaire de l’Institution.
LA LÉGITIMITÉ ET LA CONTINUITÉ
THÈSE
Selon Hauriou, «Les institutions représentent, dans le droit
comme dans l’histoire, la catégorie de la durée, de la continuité
et du réel». (op cit.) Elles constituent un héritage du passé,
légué par les générations antérieures et visent à assurer la
pérennité des choses. Pour les traditionnalistes, elles trouvent
leur légitimité dans un fondement d’ordre divin. Au niveau
sociologique, Auguste Comte et Émile Durkheim adoptent le
même point de vue. Selon Comte, «le lien social préexiste à tout
contrat car il a été établi par continuité, succession, affiliation
d’une génération vis-à-vis des générations précédentes»1.
Tout se passe comme si les institutions dépendaient de lois
naturelles et de leur évolution. Elles seraient, en quelque sorte,
extérieures aux individus.
Le premier penseur à avoir contredit ouvertement cette
conception est Jean-Jacques Rousseau qui prend résolument
parti pour la thèse de l’institution humaine. À travers Le Contrat
social (1762), il décrit le système sociétaire comme étant fondé
sur les forces du peuple. Les hommes intervenant directement
dans la création des institutions, celles-ci se font et se défont à
partir des contrats successifs établis par eux.
Beaucoup plus tard, Cornelius Castoriadis conforte ce point de
vue en écrivant : «le social est, paradoxalement, à la fois ce qui
remplit l’institution, ce qui se laisse former par elle, ce qui en
surdétermine constamment le fonctionnement et ce qui, en fin
de compte, la fonde : la crée, la maintient en existence, l’altère,
la détruit. Il y a le social institué, mais celui-ci présuppose
toujours le social instituant». (1975)
Voici inaugurée la fameuse dialectique institué-instituant sur
laquelle nous reviendrons. Elle implique la possibilité d’actes
fondateurs posés par des hommes, actes qui signent la rupture
avec la continuité.
1 Auguste Comte, (1970), cité par René Lourau, in L’analyse
institutionnelle, op. cit..
Méthodologie
ANTITHÈSE
15
LA CONTRAINTE
THÈSE
Les institutions sont d’essence normative. Elles sont dotées
de pouvoirs sur les individus qu’elles dominent. C’est Émile
Durkheim qui a le plus clairement développé ce point de
vue à travers sa définition du fait social : «toute manière de
faire, fixée ou non, susceptible d’exercer sur l’individu une
contrainte extérieure». Selon lui, c’est grâce à l’existence des
institutions que les faits sociaux débouchent sur le lien social,
c’est-à-dire sur l’établissement de la solidarité entre acteurs
interdépendants. Le rôle des institutions est bien de cimenter
les intérêts particuliers des hommes et des groupes, ce qui
constitue un effet de contrainte. Dans le même ordre d’idées,
Hegel oppose la société politique, représentée par l’État, sphère
des rapports publics et surface de projection d’un monde idéal,
à la société civile, sphère des rapports privés, considérée
comme secondaire et inférieure à la première.
Méthodologie
ANTITHÈSE
16
Le Marxisme procède à une dénonciation de cette préséance.
Marx renverse la proposition de Hegel en faisant de la société
civile le fondement réel de la société globale. Pour lui, la forme
politique en vigueur dans l’État est la résultante des rapports
sociaux réels. Ce sont les forces sociales qui sont à la base
des structures sociales. En tant que telles, elles pourraient,
à la faveur de la lutte des classes, affaiblir, voire anéantir la
domination de l’État. Les théoriciens de l’analyse institutionnelle
relativisent également la notion de contrainte. Ainsi Lapassade
écrit : «Le fait pour une institution d’être contestée fait aussi
partie d’elle-même». Et, on lit dans la revue POUR : «les
institutions sont des normes. Mais elles comprennent aussi la
manière dont les individus s’accordent ou non pour participer à
ces normes». (1973)
L’ASPECT FONCTIONNEL
THÈSE
Le rôle des institutions est d’organiser la vie des hommes
en société. Le dictionnaire ROBERT définit effectivement les
institutions comme étant «l’ensemble des formes ou structures
fondamentales d’organisation sociale, telles qu’elles sont
établies par la loi ou la coutume d’un groupement humain
donné». En tant que porte-parole de la philosophie du droit,
Hauriou parle des organes que se donnent les institutions et des
procédures qu’elles instaurent. Mais, c’est surtout la sociologie
des organisations et le management des gestionnaires qui
développeront les aspects organisationnels, opérationnels et
l’efficience des institutions. Ici, l’institution devient l’organisation,
laquelle repose sur une base objective et matérielle.
L’institution comporte aussi une dimension subjective,
inconsciente et symbolique. Cette dimension n’a pas échappé à
certains juristes. Hauriou souligne que «les situations juridiques
qui semblent se maintenir par elles-mêmes sont en réalité liées
à des idées qui persistent d’une façon subconsciente dans les
esprits (...) elles vivent en nous (...) et même, elles influent à
notre insu sur nos jugements et nos actes (...). Ce sont des
objets qui habitent en nous». Cette dynamique souterraine peut
expliquer l’attachement des individus aux institutions, l’emprise
que celles-ci exercent sur leurs membres, le noyau affectif qui
se développe autour des appartenances et des exclusions, ...
Pour Castoriadis, l’institution n’est pas uniquement décryptable
en termes fonctionnalistes, elle appartient également aux
niveaux symbolique et imaginaire. Les contenus matériels de
l’institution s’articulent dans des réseaux symboliques qui lui
donnent sens. Et Castoriadis d’écrire : «Les institutions ont
trouvé leur source dans l’imaginaire social». (1975)
Méthodologie
ANTITHÈSE
17
LE CONTENU
THÈSE
Les institutions représentent ce qui est établi. Elles sont la chose
instituée. Elles se matérialisent dans une série d’organisations,
d’établissements, d’entités ordonnées à la bonne marche de
l’existence sociale. Elles constituent la référence.
ANTITHÈSE
Méthodologie
L’institution, c’est aussi l’acte d’instituer. C’est ce par quoi on
établit quelque chose. Cela suppose un acte initiateur, fondateur
destiné à spécifier des pratiques et des valeurs, à apporter une
modification, un changement par rapport à ce qui existait avant.
L’institution, c’est aussi l’instituant.
18
L’ANALYSE
INSTITUTIONNELLE
L’analyse institutionnelle repose sur des bases à la fois
théoriques et pratiques. D’une part, elle suppose la production
de définitions dialectiques du concept d’institution qui
permettent d’en délimiter l’objet et le champ d’études. D’autre
part, elle s’appuie sur une pratique d’analyse qui se révèle tout
à fait spécifique.
L’OBJET D’ÉTUDE
En seconde analyse, nous pouvons nous appuyer sur la
magnifique formulation de Lapassade, «l’institution, c’est
l’inconscient politique», pour préciser qu’il ne suffit pas de s’en
tenir à l’aspect manifeste des choses. Il s’agit alors, comme
l’expriment Lapassade et Lourau, de «débusquer le sujet
de l’institution, c’est-à-dire l’ensemble des forces sociales à
l’œuvre dans une situation apparemment régie par des normes
universelles en vue d’une fonction précise». La recherche porte
sur le sens des choses, plutôt que sur leurs manifestations
apparentes. Le questionnement dépasse le niveau de la
description comme celui de l’analyse fonctionnelle. L’institution
reste opaque au premier coup d’œil car, comme l’écrit Lourau,
«présente-absente, elle [l’institution] envoie de faux messages
en clair par son idéologie, et de vrais messages en codes par
son type d’organisation».
Méthodologie
En première analyse, si l’on tient pour acquis que l’institution
ne peut se définir qu’en tenant compte à la fois de la thèse
et de l’antithèse, nous pouvons considérer qu’elle recouvre
les «modes de production et de reproduction des rapports
sociaux». Il s’agit donc d’étudier la manière dont les
individus interagissent dans un cadre collectif, les codes (de
comportements, d’opinions, de valeurs) qui en résultent et le
processus qui aboutit à la formalisation de ces codes, puis à
leur ritualisation.
19
Pour rendre à Marx ce qui lui appartient, il faut préciser que «le
mouvement de dévoilement et de dénonciation de l’universalité
qu’il a engendré est à la base de l’analyse institutionnelle et de
son souci de rapporter l’institution aux forces sociales qui la
sous-tendent». (cité par Leroy, op cit.)
CHAMP D’APPLICATION
Si nous avons ainsi pu définir l’objet d’étude et le type de
questionnement de l’analyse institutionnelle, la question de son
champ d’application apparaît plus difficile.
Partons de la distinction des niveaux d’analyse, telle qu’elle
apparaît chez Thisnes et Lempereur (1975) :
•
•
Méthodologie
•
20
«Le groupe de base - réel ou artificiel - est le lieu privilégié
d’établissement et donc d’observation des interactions
propres à la vie quotidienne».
«L’organisation existe à un niveau plus complexe, celui de
la combinatoire de groupes de base au sein d’un ensemble
dont la totalité détermine les éléments au travers d’une
structuration de l’échange».
«Enfin, l’institution dénote le niveau le plus profond de
l’organisation sociale au sens où elle exprime l’ensemble
de ce qui est établi et/ou de ce qui va de soi».
Mais, ces trois niveaux (groupe, organisation, institution)
se situent dans une relation dialectique où l’institution est le
niveau le plus caché. Pour Lapassade, «l’institution n’est
pas à proprement parler un niveau ou instance de l’analyse
(...). Elle doit être comprise comme un niveau qui traverse
tous les autres». Et, selon la revue POUR, «l’institution (...)
«carrefour des instances» (...) est traversée par tous les
niveaux (...). L’institution doit être définie, nécessairement, par
la transversalité».
Il n’empêche ! L’analyse institutionnelle se situe :
tantôt au niveau,
• d’organisations concrètes, vues sous leur angle
institutionnel (l’analyse institutionnelle de tel établissement,
de telle organisation particulière),
tantôt au niveau,
• des institutions sociales qui traversent et transcendent ces
institutions-organisations (les méta-institutions que sont
l’École, la Famille, l’Armée, la Médecine, ...),
Mais dans les trois cas, la ricHesse de la lecture consiste
à se situer à ces trois niveaux, à réfléchir aux liens et aux
surdéterminations qui s’établissent entre eux. Il est certes
possible de distinguer et de spécifier un objet d’étude
lorsque, dans le cadre d’une intervention, on s’interroge sur
une demande particulière. Toutefois, au niveau de l’analyse
proprement dite, les différents niveaux identifiés restent
interdépendants ; l’analyse institutionnelle repère des
phénomènes qui apparaissent simultanément à plusieurs
niveaux de lecture.
Méthodologie
tantôt au niveau,
• de l’analyse du champ institutionnel en tant qu’il englobe la
société dans son ensemble (analyse de l’institution «État»,
notamment du domaine politique, ou actuellement, du
phénomène de la «mondialisation»).
21
LA MÉTHODE D’ANALYSE
La spécificité de l’analyse institutionnelle ne réside pas
uniquement dans le contenu qu’elle aborde ; elle tient
aussi à la manière dont elle analyse les choses, au type de
questionnement qu’elle pose, les deux étant intimement liés.
La méthode réside dans une série de principes que l’on peut
identifier à partir des trois «renversements épistémologiques»
que décrit Lapassade :
Méthodologie
1. L’institution n’est plus un donné, posé comme une évidence.
Puisque l’institution résulte d’un acte instituant, l’analyse inclura
les mouvements instituants au côté des formes instituées dans
sa compréhension de l’institution. Elle adoptera une perspective
dialectique. Elle ne s’intéressera pas uniquement aux choses
telles qu’elles apparaissent, mais aussi aux processus qui les
ont engendrées. À l’institué, manifestation de l’ordre établi, elle
superpose un paradigme comprenant l’institué et «l’instituant
contre l’institué».
22
Dès lors, la méthode ne s’arrêtera pas au collationnement et
à l’analyse des documents, organigrammes, interviews ...
Elle devra nécessairement s’interroger et faire s’interroger
les personnes impliquées, quelles qu’elles soient, sur le
sens des pratiques observées. Il s’agit, ni plus ni moins, d’un
travail d’interprétation, au sens psychanalytique du terme :
«dégagement, par l’investigation analytique, du sens latent
dans le dire et les conduites d’un sujet». (Laplanche, Pontalis,
1967) Transposée au niveau qui nous concerne, l’interprétation
vise donc à «dégager une structure latente, l’institution, à partir
d’une structure manifeste, des systèmes de comportement».
(Leroy, 1980).
2. Le matériau de l’analyse institutionnelle n’est donc pas
directement accessible. Il se cache derrière des apparences
et des résistances. Pour dépasser ces dernières, pour lever
le «refoulement institutionnel», le raisonnement intellectuel
visant à une prise de conscience cognitive ne suffit pas. Une
levée, au moins partielle du refoulement, ne peut survenir
qu’à partir d’une crise (dans le sens de «mise en question»)
de l’institution. L’élément déclencheur de cette crise en devient
l’élément analyseur.
L’analyseur est un dispositif naturel (tel événement de l’histoire
de l’institution) ou construit (c’est-à-dire provoqué, par exemple
dans le cas d’une intervention) qui révèle le fonctionnement
institutionnel. Nous pouvons lui reconnaître trois caractéristiques
principales :
•
•
Il produit une décomposition de la réalité matérielle en
éléments, ceux-ci pouvant être interprétés et reliés entre
eux ;
C’est un provocateur de l’imaginaire, selon Lapassade,
«l’analyseur, c’est ce qui fait surgir le désir et produit en
même temps sa symbolisation» ;
Puisqu’il s’agit d’une analyse en situation, il reproduit
le fonctionnement institutionnel, selon Hess, «élément
qui permet d’approcher l’inconscient politique, lieu de
reproduction du dispositif constitutif de l’institution».
En somme, c’est l’analyseur qui fait l’analyse. Mais, celle-ci ne
peut s’effectuer qu’en situation collective, laquelle regroupe,
outre l’analyseur, les analysants qui sont les membres de
l’organisation-institution et l’analyste qui est l’intervenant
extérieur. Un des principes fondamentaux de l’intervention
menée selon la démarche de l’analyse institutionnelle consiste
à libérer la parole.
3. Le troisième renversement épistémologique concerne plus
directement la praxis, l’intervention sur le terrain, puisqu’il
aborde la question du statut de l’analyste. Partant à l’assaut
du mythe de la neutralité, Lapassade pose la question de
l’implication de l’analyste. Quand celui-ci s’engage dans une
intervention, il est partie prenante dans l’aventure, qu’il le
veuille ou non. Selon Hess, «l’implication a pour fonction de
casser la distance instituée entre le chercheur-analyste et son
objet». (1978) Plutôt que de se réfugier derrière la prétendue
neutralité des scientifiques, «l’analyste accepte enfin de parler
de ses problèmes et de ses désirs dans le champ analytique»,
selon les termes de Lapassade.
Méthodologie
•
23
Méthodologie
Au niveau méthodologique, l’analyse du désir et, corrélativement,
du transfert et du contre-transfert de l’analyste fait partie des
éléments à prendre en considération. L’analyse de l’institution
«Intervention» également («Quel sens est-ce que ça a de
réaliser une intervention dans telle organisation ? À la suite
de quelle demande ? Quel cheminement cette demande a-telle suivi pour aboutir à l’engagement de tel analyste ?» ; etc.,
etc...). Ces perspectives, pour intéressantes qu’elles soient,
débouchent sur des questions parfois difficiles à résoudre
en pratique. Elles font néanmoins partie des présupposés
méthodologiques de l’analyse institutionnelle.
24
La méthode d’investigation de l’analyse institutionnelle s’inspire
largement des trois renversements épistémologiques identifiés
par Lapassade. Mais, pour atteindre sa pleine mesure, elle
agit également dans la transversalité. «La transversalité
signifie qu’une organisation, qu’un groupe est traversé
par de nombreuses institutions, portées par certains sousgroupes ou certains membres.» (Leroy, op. cit.). Élucider la
transversalité, c’est identifier la configuration d’institutions qui
traversent l’organisation et influencent son fonctionnement. La
transversalité fait référence aux multiples appartenances des
sujets, notamment celles de l’analyste et, en ce sens, rejoint et
illustre la notion d’implication.
Tenter de définir l’analyse institutionnelle, c’est aussi et surtout
définir ce que signifie faire de l’analyse institutionnelle. Il s’agit,
en définitive, de rechercher du sens, pour comprendre et/ou
pour agir, de l’intérieur ou de l’extérieur. L’analyse interne est
le fait d’acteurs impliqués dans l’institution. La socianalyse
est, selon Hess, «une intervention faite à la demande d’une
organisation - cliente et conduite selon les concepts de l’analyse
institutionnelle dans la situation créée par la mise en place
d’un dispositif analyseur». Elle s’effectue par les membres de
l’organisation, les analysants, avec le concours d’un analyste
extérieur. Toutefois, les institutionnalistes reconnaîtront sans
peine que ce type d’intervention est relativement rare dans la
réalité.
QUE DEVOILE L’ANALYSE
INSTITUTIONNELLE ?
Qu’est-ce que l’analyse institutionnelle est susceptible de
révéler, de dévoiler, de mettre à jour ? Je vais procéder en deux
temps pour répondre à cette question.
D’abord, je vais opérer par décomposition, en énumérant une
série d’éléments constitutifs de cette notion complexe qu’est
l’institution, à partir de ses deux composants fondamentaux,
l’institué et l’instituant. C’est l’aspect contenu.
Ensuite, je m’attacherai à l’interaction des éléments, d’une part,
en décrivant quelques-uns des liens agissant entre les parties
de l’ensemble et, d’autre part, en envisageant ce qui peut se
passer entre cet ensemble multiforme et le regard que peuvent
poser dessus les personnes qui s’y trouvent impliquées. Ce sont
les processus à l’œuvre dans la relation, ceux qui façonnent la
dynamique institutionnelle et qui fondent l’institution.
Méthodologie
LES CONTENUS ET LES PROCESSUS
25
Ce plan de présentation est directement inspiré de la conception
dialectique du phénomène institutionnel développée par Rémi
Hess. Comme le résume Jean-François Leroy, celle-ci se
fonde :
•
sur les rapports de deux forces contradictoires, l’institué et
l’instituant ;
sur la dynamique de leur conflit ;
•
et
• sur la dynamique de leur dépassement qui aboutit à
l’institutionnalisation.
Face aux normes établies de l’institué, l’instituant demande
qu’on crée de nouvelles normes. Reconnaître en partie la
nouvelle norme tout en l’intégrant au cadre établi, c’est ce qu’on
appelle l’institutionnalisation. Pour Hess, «L’institutionnalisation
est la phase dans laquelle se trouve dépassée la contradiction
entre l’institué et l’instituant. C’est l’intégration (récupération) de
la contradiction initiale».
Méthodologie
LES CONTENUS
26
L’INSTITUÉ
Pour Hess, l’institué c’est «La force d’inertie, conservatrice dans
l’institution qui cherche à préserver la situation telle qu’elle est».
C’est aussi «Ce qui est là, établi, implanté, légalisé (...). C’est
l’unité positive d’un certain ordre social qui se manifeste par
son pouvoir réel et symbolique, et qui tire de l’État, institution
suprême, sa légitimité et son autorité». (Revue POUR, op. cit.)
L’institué se conçoit assez facilement en tant que tel. Par contre,
il n’est pas toujours facile d’en appréhender les contours et le
contenu. En effet, et cela fait partie des processus, l’institué a
tendance à se cacher, à se dérober au regard des personnes,
à agir à leur insu. L’institué table sur la méconnaissance
des rouages du système et c’est en ce sens que les
institutionnalistes parlent d’aliénation.
Pour notre part, nous tâcherons évidemment de saisir les
manières dont l’institué se manifeste. À ce niveau, je vous
propose d’être attentif aux éléments suivants :
1. La base matérielle de l’institution :
le cadre matériel, les objets, les locaux, l’équipement, le capital
investi ; tout ce qui fonde l’espace et le temps de l’institution ;
ce qui est lié à la survie de l’institution, ...
2. La base organisationnelle de l’institution :
les structures, les statuts et les rôles, tout ce qui est lié aux
modes de division du travail, ...
4. Les normes :
lesquelles comportent les lois, d’une part, les coutumes
et rituels, d’autre part ; il existe des normes communes, qui
s’appliquent à tous, et des normes de rôles qui définissent les
comportements attendus de certaines personnes ; il y a des
normes de comportements, d’opinions, de sentiments.
5. L’idéologie :
comme système de croyances, de représentations et de
valeurs ; c’est un instrument privilégié de la cohésion
du groupe. Pour Marx, l’idéologie est le fait de la classe
dominante. Elle se présente comme universelle, immuable,
sans savoir que les idées qui la constituent sont une
représentation illusoire de la réalité, distordue sous l’effet du
désir, de l’imaginaire, de l’intérêt de classe. Ainsi, l’idéologie
a pour fonction de perpétuer les rapports sociaux existants
en conférant à la réalité un statut d’universalité justifié par
une explication pseudo-rationnelle. (d’après Leroy, op. cit)
Méthodologie
3. La base comportementale de l’institution :
les codes de comportement valorisés, encouragés ou admis
par l’institution. Parmi les pratiques sociales, certaines sont
renforcées, admirées, citées en exemple ou, en tout cas,
«positivement tolérées», que ce soit par la hiérarchie ou par
l’ensemble des personnes faisant partie de l’institution.
27
6. L’imaginaire social :
comprenant le mythe fondateur, les représentations imaginaires
collectives et les résonances symboliques des structures et des
codes de comportements.
Toute institution remplit des fonctions dans la société. Mais, à
côté de cet aspect fonctionnel, l’institution est aussi le théâtre
d’un deuxième ordre de réalité.
Méthodologie
Castoriadis écrit que «les actes réels, individuels ou collectifs,
ne sont pas des symboles, mais ils sont impossibles en dehors
d’un réseau symbolique». Une fois que des actions sont posées
par des hommes, elles évoquent, elles résonnent, elles entrent
dans un réseau de significations. L’esprit humain, étant doté
de la capacité agissante de se représenter les choses, ne peut
s’empêcher de voir des images émerger dès qu’il pense et dès
qu’il agit.
28
Castoriadis explique que «le symbolisme présuppose la
capacité imaginaire, la capacité de voir dans une chose ce
qu’elle n’est pas». Il précise également que «l’imaginaire doit
utiliser le symbolique pour s’exprimer et pour exister». Les
symboles constituent donc des signes qui représentent autre
chose et en viennent à en devenir l’image ou l’emblème. Mais,
pour en arriver là, il nous faut admettre que les choses, objets,
actes, paroles ou concepts, se donnent à voir, à être interprétés
et que, par ce mécanisme, ils génèrent ipso facto l’émergence
de symboles. Autrement dit, dès qu’une chose existe, elle
devient objet de sens, de signification.
Il n’en va pas autrement dans une institution. Que ce soit le
langage, les rituels ou les pratiques sociales, ces actes existent
comme des systèmes symboliquement sanctionnés par leur
contexte institutionnel. La question reste de savoir comment le
sens s’accroche à la chose. Toujours selon Castoriadis, «donner
du sens aux signes (...) ne peut se faire en toute liberté». On
le fait, en prenant quelque chose «qui se trouve déjà là» : la
nature, l’histoire, la vie sociale, l’expérience, les souvenirs ...
Et donc, le sens des symboles est révélateur de ce qu’est
l’institution, de comment elle s’est construite et continue à se
construire. Le symbolique ne se substitue pas au réel, mais son
rôle est souvent ignoré. Or, pour comprendre une institution, il
est sans doute souhaitable de la considérer comme «un réseau
à la fois réel et symbolique qui se sanctionne lui-même».
7. Les instruments de renforcement de l’ordre établi,
c’est-à-dire le type de rapports sociaux à travers lesquels
s’impose l’ordre établi ; ce sont, notamment, le discours, l’autorité
des chefs, les symboles, les phénomènes de consensus ....
Concernant le discours, il existe souvent un décalage entre les
valeurs affichées et les pratiques sociales réelles. Il me semble
que ce décalage lui-même est une des caractéristiques de
l’institué. Il contribue au phénomène de méconnaissance évoqué
plus haut qui, dans le langage de l’analyse institutionnelle, est
connu sous le nom d’effet Lukacs. Hess le formule en écrivant
que le «non-savoir croissant de la société sur elle-même est la
conséquence du progrès de la science. Plus une science est
formalisée, quantifiée, rigoureuse et plus elle perd de vue les
conditions sociales de sa naissance, de son développement».
(1978)
Dans le même ordre d’idées, on peut relever d’autres aspects
qui font partie intégrante de l’institué :
•
des politiques plus «sécuritaires» quant aux exigences de
survie des organisations, consistant à donner priorité
aux buts de système (survie, croissance, profit, ...) par
rapport aux buts de mission (fonction sociale de l’institution) ;
Méthodologie
Le discours, «c’est le code, le langage par lequel l’institution
se parle et se donne à entendre». Il est à la fois «signe de
reconnaissance de ses membres» et «contrôle symbolique de
la déviance idéologique». (Revue POUR, op. cit.)
29
•
une tendance à la centralisation et à la hiérarchisation
lorsque l’institution grandit ;
•
un exercice de l’autorité qui se formalise avec le temps ...
L’INSTITUANT
Méthodologie
Pour Hess, l’instituant c’est «la force de changement qui, dans
l’institution, vient nier l’institué». Pour Lourau, «Par instituant, on
entendra à la fois la contestation, la capacité d’innovation et en
général la pratique politique comme «signifiant» de la pratique
sociale». L’instituant met en question le sens des pratiques
instituées. Du point de vue de son origine, on peut considérer
que «l’instituant, c’est ce qui, sous la poussée de désirs ou de
besoins, demande qu’on crée de nouvelles normes». (Leroy,
op. cit.)
30
«Les ruptures qu’opèrent les forces instituantes redonnent au
concept d’institution un contenu actif et négatif : celui d’instituer
de nouveaux rapports sociaux». (Revue POUR, op. cit.)
Constamment aux prises avec l’institué, l’instituant lutte pour
se faire reconnaître. Sa visibilité dépend donc des stratégies
mises en place par l’institué ; sa légitimité aussi, puisqu’à tout
moment, l’instituant peut être taxé de déviant, d’inadapté, de
marginal.
En quoi consiste l’instituant ? Voici quelques repères qui nous
aideront à identifier les forces instituantes :
1. Les pratiques divergentes qui s’écartent des normes en
vigueur et de l’idéologie dominante.
2. Les situations qui viennent nier le bien-fondé de l’institué,
faits et événements, émergeants ou provoqués, qui battent en
brèche le caractère universel du mode d’emploi préconisé par
l’institué. Ces situations ne deviendront instituantes que si elles
sont exploitées dans le sens d’une mise en question de l’ordre
établi, faute de quoi l’institué aura tôt fait de les réinterpréter en
sa faveur.
3. Les éléments situés à la périphérie, individus qui adhèrent
peu à l’idéologie, éléments déviants par rapport à la norme,
surtout s’ils font savoir leur position.
4. Les forces de changement, qui s’expriment soit par la
contestation, soit par l’innovation; c’est l’aspect actif de
l’instituant.
5. Les besoins et désirs, individuels et collectifs, qui engendrent
l’activité instituante.
6. Les actes instituants, initiatiques et spectaculaires, qui
marquent une rupture par rapport aux pratiques habituelles en
mettant en question le pouvoir réel de l’institution.
7. L’activité de mise en question et de remise en question qui
interroge le sens des valeurs, des pratiques, des symboles
institués.
Parler de l’institué et de l’instituant de manière séparée, comme
nous l’avons fait, n’a pas vraiment de sens en dehors de l’objectif
- annoncé - d’une visualisation de contenu. La présentation
de l’institué semblait pouvoir se suffire à elle-même dans la
mesure où, dans une série de perspectives – descriptives,
traditionnalistes, organisationnelles, managériales –, on a
tendance à confondre l’institué avec l’institution. Par contre,
dès qu’on parle d’instituant, le rapport à l’institué s’impose avec
force, avec forces en présence et en interaction permanente.
Pour rendre compte de cette interaction dynamique, j’aborderai
successivement la question de la dialectique instituant-institué,
les mécanismes d’institutionnalisation et la dialectique centrepériphérie.
Méthodologie
LES PROCESSUS
31
1. LA DYNAMIQUE DIALECTIQUE INSTITUANT-INSTITUÉ
Aux sujets de l’institué et de l’instituant, l’un ne va pas sans
l’autre.
•
Ce qui est institué suppose l’existence d’un acte fondateur
instituant à sa naissance. Mais, la plupart du temps, cet
acte fondateur est oublié et, littéralement, refoulé. Les
choses sont alors présentées comme allant de soi ou plus
exactement, comme allant dans le sens de l’institué.
•
Ce qui est instituant suppose l’existence d’un institué à
mettre en question, à mettre en cause. L’instituant ponctue
une réalité qui lui préexiste. Il se définit en référence à cette
réalité qui a déjà été instituée.
Méthodologie
Soient l’institué et l’instituant ! Si l’un n’existe plus, l’autre finira
par disparaître. Ce sont des instances complémentaires qui
s’appellent mutuellement. Tout pouvoir engendre un contrepouvoir qui, en lui faisant contrepoids, assure l’équilibre du
système.
32
•
Un pouvoir institué qui ne se nourrit pas d’opposition est
voué à se scléroser et à disparaître.
•
L’existence de pôles, de groupes, d’actions instituants
trouve sa raison d’être dans la préséance d’un ordre de
priorités et de privilèges, la contestation permettant de
tolérer la domination tout en la reconnaissant.
L’activité instituante provoque des impulsions et velléités de
changement contre lesquelles l’institué se défend. Rémi Hess
décrit précisément quelques-unes des stratégies de l’institué :
•
•
•
•
•
•
Diviser pour régner ;
Créer des commissions pour geler les sujets de débat ;
Canaliser l’innovation dans un domaine bien délimité ;
Laisser pénétrer puis stopper net lorsque les implications
du changement s’avèrent trop importantes ;
Instaurer des procédures longues et compliquées de
manière à dissuader les candidats au changement ;
Pratiquer la crispation autoritaire.
•
Le comportement institutionnel, dans lequel l’instituant agit
dans le cadre proposé par l’institué ;
•
Le comportement anti-institutionnel, dans lequel l’instituant
s’oppose ouvertement au cadre institué, y compris aux
personnes investies d’un rôle d’autorité;
•
Le comportement contre-institutionnel, dans lequel
l’instituant agit là où on ne l’attend pas, sans se positionner
par rapport au cadre, mais en touchant aux fondements ou
aux valeurs du système.
Le conflit entre instituant et institué se développe à certains
moments, pendant les périodes chaudes, telles que les
révolutions (Révolution française, mai 68, marche blanche
...), puis s’apaise à d’autres moments, pendant les périodes
froides. Pendant les périodes chaudes, l’analyse institutionnelle
se généralise à l’ensemble de la population, alors qu’elle reste
confidentielle pendant les périodes froides. Cette alternance
temporelle se double d’une alternance spatiale : des foyers
d’activité instituante étant allumés çà et là sans embraser le
fonctionnement institué de la société globale.
2. LES MÉCANISMES D’INSTITUTIONNALISATION
En règle générale, la contradiction que l’instituant institue face
à l’institué ne subsiste pas en tant que telle. Les impératifs
pragmatiques de la réalité matérielle et sociale aussi bien
que la tendance de l’esprit humain à supprimer l’état de
dissonance cognitive poussent les groupes humains à résorber
la contradiction. Le dépassement de la contradiction s’effectue,
le plus souvent, en intégrant la nouvelle norme dans l’ancienne.
Ni l’instituant, ni l’institué ne se retrouvent entièrement dans le
résultat, compromis toujours en partie insatisfaisant, qui est à la
fois reconnaissance et récupération de l’instituant par l’institué.
Les termes d’intégration, de récupération, de compromis, de
reconnaissance partielle désignent les modalités particulières
de ce processus complexe que l’on nomme institutionnalisation.
Méthodologie
Le même auteur distingue trois stratégies chez l’instituant :
33
Méthodologie
La part respective de l’institué et de l’instituant qui se retrouvent
dans ce compromis dépendent, en quelque sorte, des stratégies
de négociation développées par les acteurs sociaux dans
chaque contexte institutionnel spécifique. On peut considérer
que l’institué tend à préserver l’essentiel de ses acquis tout
en faisant baisser la pression et en ménageant les forces
instituantes qui lui font face. À l’inverse, l’instituant tend à faire
passer ses idées tout en assurant ses arrières, c’est-à-dire en
se ménageant certains avantages particuliers.
34
Le jeu de négociation est complexe dans la mesure où les
différentes personnes impliquées ne peuvent être étiquetées
totalement instituantes ou totalement instituées. C’est pourquoi,
tel individu, personnifiant au départ les forces instituantes se
trouvera en cours de route contaminé par des aspects institués.
Ceux-ci viennent, d’une part, de la percée du courant d’idées dont
il est le représentant, mais également de ses caractéristiques
personnelles comportant des tendances instituées latentes.
C’est ainsi que les militants de la base taxeront leur représentant
parvenu au pouvoir de «vendu», parce que celui-ci aura revêtu
les habits institués du pouvoir et délaissé une partie plus ou
moins importante des revendications initiales dont il était le
porte-parole. C’est là toute la question du compromis qui sent
la compromission !
Paradoxalement, l’analyse institutionnelle développe très
peu l’analyse des jeux de pouvoir interpersonnels. Sa
conceptualisation s’attache plutôt au résultat du processus.
En langage politique, elle parle de la tendance réformiste qui
prend généralement le pas sur la tendance révolutionnaire.
Celle-ci équivaudrait à un renversement de l’institué par
l’instituant qui se concrétiserait par la destruction de l’institution
fondamentale qu’est l’État. C’est un peu le rêve anachronique
des institutionnalistes soixante-huitards qui s’éloigne.
Dans une vision plus réaliste, l’institutionnalisation correspond
à ce que certains appellent «échec de la prophétie» ou «effet
Muhlmann». Hess l’explique en ces termes : «Les forces sociales
dynamiques, en ratant leur but, se trouvent remplacées par des
structures, des normes institutionnelles bref des institutions.
C’est cet effet qui rend compte du procès de «récupération» si
cher aux gauchistes d’après 68».
Lourau parle d’un mécanisme progressif et imperceptible. Nous
pouvons mettre ces propos en relation avec la formule de
Lapassade : «L’institution, c’est l’inconscient politique». Utilisant
les concepts de la psychanalyse, l’analyse institutionnelle pose
que les institutions sont le produit d’un refoulement social. Dans
le même ordre d’idée, l’idéologie créée par la société constitue
un mécanisme de défense, tandis que le retour du refoulé se
manifeste dans les crises sociales. Mais, revenons à l’idée
du refoulement qui a été conceptualisée sous le nom d’ «effet
Weber». Selon Hess, «La société, en devenant plus complexe,
plus technique, plus rationnelle devient de plus en plus opaque
à elle-même (...).
L’analyse institutionnelle devient à la fois une exigence vitale et
une impossibilité car le non-savoir est «produit» comme un état
normal». Et, pour Lapassade : «L’hypothèse fondamentale, ici,
c’est que l’État de classe est le lieu originaire du refoulement.
L’illusion institutionnelle, la méconnaissance sont nécessaires
pour que le système social se maintienne, pour la stabilité des
rapports sociaux dominants que les institutions produisent et
reproduisent».
Méthodologie
Lourau explicite quelque peu le mécanisme : «L’institué
accepte l’instituant lorsqu’il peut l’intégrer, c’est-à-dire le
rendre équivalent aux formes déjà existantes (...). Comment
se déroule cette sorte de «crise sacrificielle» qui fait passer le
mouvement dans le moule de l’institution, de manière souvent
très progressive et même imperceptible pour une grande partie
des acteurs et des témoins ? (...) Le «sacrifice» (qui en est un,
réel, pour certains membres du groupe ou du mouvement initial,
et en tout cas pour certaines des idées, certains des thèmes
qu’avait formulé le mouvement) est imposé par la pression des
autres institutions et, éventuellement, par la pression directe de
l’État, de la classe dominante, désireux de faire rentrer dans le
rang en les transformant en «matière sociale» échangeable,
les forces instituantes du mouvement oppositionnel. Une
nouveauté esthétique, une déviance libidinale, un courant
de révolte et de négation de l’ordre existant, une particularité
culturelle, etc., s’institutionnalisent en entrant en concurrence
régulière avec leurs homologues déjà existants sur le marché.»
35
Enfin, pour éviter que notre propos prenne les traits d’une
inéluctable fatalité, rappelons que la levée, au moins partielle,
du refoulement et la connaissance de l’inconscient font partie
du travail psychanalytique. C’est dans cette perspective que
s’inscrit l’intervention socio-analytique.
3. LA DIALECTIQUE CENTRE-PÉRIPHÉRIE
Méthodologie
Rémi Hess a visualisé la dialectique instituant-institué sous
une forme originale et particulièrement parlante : l’institué est
«con-centré» au centre tandis que l’instituant se développe en
périphérie. «Le centre représente la partie, le lieu (d’un système
organisationnel donné) d’où s’exercent les relations d’autorité,
la prise de décision, les prises de parole socialement instituées,
les processus de contrôle de l’activité sociale, en un mot les
rapports de pouvoir dominants ; la périphérie est la partie du
système sur laquelle s’exercent ces rapports dominants».
(D’après J.F. Leroy, op. cit.)
36
Cette conceptualisation implique évidemment que «la liaison
centre-périphérie est dialectique». (Idem) Comme pour
l’institué et l’instituant, l’un ne va pas sans l’autre. Mais,
surtout, le rapport entre le centre et la périphérie est marqué
par un mouvement continuel et circulaire. Cette vision rend
mieux compte des rapports de pouvoir que ne pouvait le faire
la traditionnelle pyramide hiérarchique. Le pouvoir est présent
partout, il circule.
La périphérie est le siège, le point de départ des impulsions
instituantes qui vont tenter de remonter vers le centre institué.
La raison d’être de l’impulsion périphérique, c’est de se
rapprocher du centre.
C’est à travers cette visualisation que Rémi Hess a identifié les
stratégies de l’institué et de l’instituant. L’analyse institutionnelle,
c’est un peu la radioscopie de la gestion, par le centre, des
impulsions périphériques. Mais, en outre, le pouvoir institué
se déplace également vers la périphérie. Il est également
présent en périphérie, comme s’il s’y déléguait pour repérer et
neutraliser les velléités instituantes.
À un niveau plus sociologique, cette façon de voir permet
de cerner d’autres phénomènes contribuant à expliquer les
mécanismes d’institutionnalisation.
Hess définit :
• l’«effet Lefebvre» comme la «tendance sociale actuelle à
renforcer de façon croissante et semble-t-il, sans retour
possible, les centres au détriment de la périphérie» ;
•
et l’«effet Basaglia» comme la «tendance sociale actuelle à
produire de plus en plus de déviants dans les institutions».
Méthodologie
Ces deux effets se conjuguent pour accroître le fossé entre le
centre et la périphérie. De plus en plus de couches sociales
défavorisées (inadaptés sociaux,
handicapés, malades,
chômeurs, SDF, ...) composent la périphérie tandis que les
vrais détenteurs du pouvoir semblent de plus en plus éloignés
et inaccessibles (le patron de l’entreprise dépend d’une
multinationale, les sociétés fusionnent, la haute finance tient le
haut du pavé, ...). De cette manière, l’institué échappe encore
plus au regard et au savoir des instituants potentiels que sont
les personnes situées en périphérie.
37
CONCLUSION
Comment conclure sans être incohérent avec cette approche ?
Je ponctuerai cette publication en précisant que la première
lecture du fonctionnement d’une organisation, selon l’angle de
vue de l’analyse institutionnelle, peut être obtenue en identifiant
des couples d’éléments qui s’opposent, le premier élément se
situant du côté de l’institué et le second du côté de l’instituant.
Ces couples pourront alors se superposer et donner une image
globale et dialectique de l’institution en question.
Méthodologie
Pour réaliser ce travail de lecture institutionnelle, on peut se
référer à quelques analyseurs naturels observables dans
l’histoire de l’organisation-institution.
38
Par exemple :
• Le mythe fondateur ;
• Les grandes crises par lesquelles est passée l’institution ;
• Les thèmes centraux des grands débats récurrents ;
• Les grandes restructurations ;
• La (ou les) dernière(s) reformulation(s) du projet
institutionnel, du projet pédagogique, des finalités de
l’institution, ... ;
• La dernière modification des dispositions légales et la
manière dont l’institution s’y est adaptée ou l’a adaptée ;
• Les changements de direction ;
• Les engagements et les licenciements ;
• Votre demande de formation, ses modalités et son
financement ;
• Les dernières situations concrètes insatisfaisantes ;
• Tous ces petits événements apparemment anecdotiques
mais tellement révélateurs : tutoiement, rituel de la tasse
de café, «qui mange ensemble ?», … ;
• ...
Bonne lecture institutionnelle à vous.
BIBLIOGRAPHIE
Castoriadis, Cornélius, (1975), L’institution imaginaire de la
société, Paris, Seuil.
GUIGOU, Jacques, (coord. par), EVRARD, Pierre, Hess,
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Lapassade, Georges, (1971), L’analyseur et l’analyste, Paris,
Gauthier Villars.
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NOIRAY, André, (sous la direction de), (1969), La philosophie, CEPL,
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Paris, Privat, PARIS
Méthodologie
THISNES, Georges et LEMPEREUR, Agnès, (1975), Dictionnaire
général des sciences humaines, Paris, Éditions Universitaires
40
41
Méthodologie
Intéressé-e par :
D’autres thèmes de publications pédagogiques ?
Des ateliers d’échanges de pratiques ?
Des formations ?
Des supervisions individuelles ou collectives ?
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Méthodologie
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des Groupes et d’Analyse Institutionnelle asbl
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B - 4102 Seraing
Belgique
42
Méthode
d’intervention
démocratique
favorisant
l’expression des avis contraires au sein d’une
organisation, l’analyse institutionnelle donne au débat
une valeur dynamisante, structurante et positive. Elle
s’inscrit dans le courant de la recherche-action. Elle a
notamment été élaborée par Georges LAPASSADE,
René LOURAU, Rémi HESS…
Intervenant et formateur spécialisé en analyse
institutionnelle, l’auteur propose ici des éléments de
compréhension de la démarche de son objet et des
processus dialectiques qu’elle propose…
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L’auteur, Yves Bodart, est intervenant et formateur spécialisé en
analyse institutionnelle au Centre de Dynamique des Groupes
et d’Analyse Institutionnelle depuis une trentaine d’années.
le
La publication Méthodologie de l’analyse institutionnelle,
du même auteur, explicite la méthode et propose une
grille de lecture des fonctionnements institutionnels
inspirée du livre «De la justification de BOLTANSKI et
THEVENOT.»
Avec le soutien de la Fédération Wallonie-Bruxelles
ISBN 978-2-39024-089-1
9 782390 240891
Publication pédagogique
Publication pédagogique
d’éducation permanente
d’éducation permanente