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Les voies économiques de l'écologie. Avec Jean-Marc Jancovici

La centrale nucléaire de Belleville-sur-Loire ©Getty - Michel Gounot /GODONG
La centrale nucléaire de Belleville-sur-Loire ©Getty - Michel Gounot /GODONG
La centrale nucléaire de Belleville-sur-Loire ©Getty - Michel Gounot /GODONG
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Réconcilier économie et écologie, c’est l’objectif que se donne Jean-Marc Jancovici à la tête du Think tank Shift Projet qui publiait hier son plan pour décarboner la croissance. Il est l’invité des Matins.

Avec
  • Jean-Marc Jancovici Ingénieur, Enseignant à Mines ParisTech, Associé de Carbone 4, Président du Shift Project

Pour tenter de répondre à l’urgence environnementale, l’Union européenne s’est donnée pour objectif la neutralité climatique à l’horizon 2050. Un pari ambitieux mais nécessaire, en partie porté par la France, qui vient de commencer sa présidence à la tête du Conseil européen et qui se présente déjà comme champion européen de l’écologie. Au-delà des sommets et des annonces, la première contrainte à laquelle l’UE doit se plier est de concilier son objectif à la garantie auprès des pays européens du maintien de la croissance économique.

Pour le think tank Shift Project, qui publiait hier «  Climat, crises : le pan de transformation de l’économie française » chez Odile Jacob, une croissance écologique est possible à condition d’aider les entreprises à investir dans les technologies, sans compromettre l’emploi. Une économie sobre mais innovante, c’est le plan que nous présente Jean-Marc Jancovici, fondateur et président de Shift Project, notre invité ce matin.

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Jean-Marc Jancovici est ingénieur de l’École polytechnique, associé fondateur du cabinet de conseil Carbone 4, enseignant à Mines Paris Tech et fondateur et président du think tank The Shift Project. Il signe la préface du livre du Shift Project « Climat, crises : le plan de transformation de l’économie française », sorti le 26 janvier aux éditions Odile Jacob.

La hausse du prix du carburant

La réaction de Jean-Marc Jancovici sur la hausse singulière du prix du carburant.

L’énergie est ce qui permet de structurer le monde. Quand on a un problème avec l’énergie, on ne peut pas y apporter immédiatement une solution satisfaisante car il faudrait changer la structuration de la société.

Au moment de la crise du Covid, la demande en pétrole a baissé, donc le prix a baissé, ce qui a entraîné la baisse des investissements : moins de pétrole est sorti de terre. Au moment de la reprise, il n’y a pas assez de pétrole disponible pour satisfaire la demande à bas prix donc le prix monte. À cela s’ajoute en France le renforcement de la fiscalité sur les carburants.

Selon le mix énergétique mondial, en 2018 81 % de l’énergie est fossile alors que le nucléaire représente seulement 4,2% et l’éolien 2%.

La part des énergies renouvelables dans l’énergie mondiale est de 90% en 1860, les énergies fossiles sont arrivées à 80% en 1974, et elles sont restées à 80% environs jusqu’à aujourd’hui. C’est invariant depuis 50 ans.

Pour un plan de transformation de l’économie française

Dans le plan de transformation de l’économie française Jean-Marc Jancovici évoque l'obligation de la sobriété.

On propose de se retrousser les manches. On part du constat qu'on aime la planification dans notre pays, ce qui est une des forces de la France. Ça nous a d’ailleurs plutôt réussi dans le passé. On propose de se remettre à ce genre d’exercice. Cela demande d’avoir un sentiment d’impérieuse nécessité, un plan, et de s’y mettre avec constance sans changer d’avis.

Il s'agit selon lui, d'un objectif présidentiel et non pas écologique. 

Ce travail est né grâce au Covid. Au moment du premier confinement il nous parait évident que cette crise sanitaire va abimer l’économie. C’est dès lors une occasion de la faire repartir sur d’autres bases. Or, on repart sur les mêmes car il n’y a pas de plan pour faire repartir l’économie sur des bases différentes. On a donc fait un plan pour repartir sur des bases différentes et pour décarboner l’énergie. On s’est calé sur l’échéance présidentielle deux ans après.

En mars 2020, la consommation énergétique était celle que nous devrions avoir l’an prochain. 

Dans le monde en 2020, les émissions ont baissé de 5%. Tous les ans il faudrait baisser les émissions de 5% pour atteindre les objectifs des accords de Paris. C’est cette baisse qu’on se propose d’atteindre dans le plan de transformation de l’économie française.

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