Gal

Chronique

Déjà amorcé sur son premier album Gal Costa, la conversion de Gal Costa au tropicalisme de son ami Caetano Veloso est totale sur Gal. C'est d'ailleurs plus un album de psychédélisme tropical dont il s'agit, les délires de Gal n'ayant rien à envier à ceux des chevelus de la côte ouest des Etats-Unis, et la maconha à la sinsemilla.

Il s'agit donc ici de pédales fuzz, de rythmiques désarticulées, d'effets stroboscopiques en tous genres, plutôt que des habituelles fines mélodies du répertoire brésilien. Ajoutons que Gal Costa chante comme une possédée avec la fougue de ses vingt-quatre ans et l'on se dit que Janis Joplin aurait pu remballer ses foulards face à un tel tempérament.

Le début de l'album reste relativement normal avec « Cinema Olympia » qui fait un bon tube - décalé mais tube quand même - ou la digression orientaliste de « Tuareg » déjà en lévitation au dessus du désert du Ceara, repeint en Sahara. Sur « Pais Tropical » de Jorge Ben, Caetano Veloso et Gilberto Gil se joignent à leur amie pour éclater le vénérable titre de leurs cris hallucinés.

Dernier bastion de chanson relativement construite, « Meu Nome é Gal » est écrit par Roberto Carlos et Erasmo Carlos à l'attention de Gal Costa qui en fait un tube un rien habité. Ensuite, larguez les amarres, Gal s'envoie dans l'espace avec « The Empty Boat » dont les passagers ont préféré sauter à l'eau, ou « Objeto Sim, objeto nao » titre à la liberté difficilement concevable de nos jours pour un artiste de premier plan.

Gal est ainsi un album essentiel de la musique brésilienne et plus précisément du tropicalisme, mais aussi la preuve que le rock psychédélique a essaimé bien plus loin que San Francisco ou Londres. Loin d'avoir vieilli, Gal est remis à l'ordre du jour par chaque nouveau revival psychédélique, et c'est tant mieux.

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