Yesterwynde Nightwish

Chronique

S’il est un groupe de metal symphonique porté par une voix féminine qui remporte tous les suffrages chez les adeptes de ce style à la fois singulier et codifié (et ce, avant même de penser à Epica, Within Temptation ou Delain), c’est clairement Nightwish. Le combo emmené par le clavier-compositeur Tuomas Holopainen, aux commandes depuis sa formation il y a presque trente ans, entretient une véritable histoire d’amour avec un public sans cesse grandissant malgré quelques changements de line-up marquants, à commencer par ceux de ses chanteuses (Floor Jansen, ex-After Forever, en poste depuis 2013, est la troisième chanteuse recrutée par Nightwish). Alors qu’il a annoncé mettre son activité scénique sur pause, le groupe sort malgré tout un nouvel album, dense, qui se veut la conclusion d’une trilogie étalée sur neuf ans (entamée en 2015 avec Endless Forms Most Beautiful, prolongée via Human. :II: Nature. en 2020 et donc achevée grâce à ce Vesterwynde).

S’il fait plusieurs clins d'œil à ses productions précédentes, à commencer par de grandes pièces ambitieuses et solennelles, Vesterwynde (mot inventé par le groupe pour parler à la fois d’hier et du fait de vouloir se rendre là où on n’a jamais été auparavant) intègre aussi de nombreux ingrédients qui permettent au groupe d’imposer de nouvelles idées, discrètement posées ça et là, empêchant Nightwish de tourner en rond sans jamais trahir les arrangements qui ont contribué à forger son identité. Un synthé aux timbres 80's pointe le bout de son nez sur The Day of…, des riffs de guitare d’une épaisseur impressionnante s’imposent sur The Weave, les interventions orchestrales et autres chœurs épiques restant la marque de fabrique inhérente au genre, le côté kitsch d’une certaine époque en moins.

C’est toute la force de cet album : réussir à rester dans la tradition en fournissant une quantité d’informations impressionnante dont la mise en place impeccable évite à Vesterwynde de sonner comme un fourre-tout sans réelle cohésion. Une approche dont le résultat évoque à nouveau diverses bandes-son épiques entendues dans de nombreux films, que les versions orchestrales de l’édition Deluxe mettent en avant de manière évidente. À défaut de repartir sur les routes à court ou moyen terme, Nightwish offre à ses fans l’occasion de passer de nombreuses heures à écouter autant qu’à décortiquer un album riche en rebondissements qui lui permet de rester au sommet de la pyramide. © Chief Brody/Qobuz