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eMOTIVe est sorti le 2 novembre 2004, jour de l’élection présidentielle qui allait reconduire le président républicain George W. Bush à la tête des Etats-Unis. Malgré quelques très beaux morceaux, c’est la visée politique qui semble avoir été privilégiée sur cet album.
Tout d’abord la pochette. Au fond, une ville en feu sous un ciel rougeoyant, répétant l’écho de la guerre et des flammes. Au premier plan, une monumentale sculpture du signe Peace & Love, fissurée et prête à s’écrouler. Symbole-référence qui semble signaler une filiation avec le protest rock si vivace dans les années 60-70. Mais nous sommes ici loin de la révolte optimiste des hippies. C’est un tableau sombre de l’aujourd’hui que nous livre le groupe. Avec ses chansons sur la guerre, la paix, la propagande, la haine, la fraternité (presque exclusivement des reprises, retravaillées au point d’en devenir tout à fait méconnaissables), eMOTIVe est un disque éminemment politique. Et ce n’est pas un hasard s’il est sorti le jour de l’élection présidentielle américaine. Le concept peut faire sourire les cyniques. Et pourtant, interroge le chanteur, dans la reprise de Nick Lowe : « What’s so funny ‘bout peace, love and understanding ? ». Cela prête, d’ailleurs, peu à sourire car certains morceaux, tout simplement brillants, font froid dans le dos.
La fantastique reprise d’« Imagine » (John Lennon) semble, à première écoute, reléguer dans son ombre tout le reste de l’album. Car le groupe réussit le tour de force, non seulement de s’approprier ce classique, mais d’en pervertir le sens. L’hymne à la paix et à la fraternité se mue, par la gravité du chant de Maynard James Keenan, en une pièce désenchantée, image d’un monde moralement dévasté, livré à l’autodestruction. Devenu chant funèbre, ce superbe morceau au piano grave et aux violons dramatiques, se hisse à la beauté superbe du tragique.
L’autre merveille du disque, c’est « Counting Bodies Like Sheep To The Rhythm Of The War Drums ». Superbement retravaillée, la chanson (qui, figurant sous le titre « Pet » sur Thirteenth Step, leur précédent album, traitait de l’addiction) prend un autre sens : celui d’une dénonciation de la guerre - le titre est assez évocateur (« Compter les corps comme des moutons au son des tambours de guerre »). La rythmique, martiale, le son machinique, les samples (marche militaire, mitrailleuse, etc.) : tout œuvre à une vision apocalyptique. Quelque chose qui serait l’équivalent des premières images du Terminator 2 de James Cameron... Les paroles semblent parodier le discours propagandiste et paternaliste : « Go back to sleep / I’ll be the one to protect you from your enemies and all your demons / (...) from your enemies and your choices, son ». Et lorsque, comme un collage, se superposent les paroles « Go back to sleep » et « Counting Bodies Like Sheep To The Rhythm Of The War Drums », la dénonciation du mensonge d’Etat et de l’aveuglement collectif devient patente.
Deux autres titres se détachent encore. Le morceau d’introduction, « Annihilation » (initialement du groupe punk américain Crucifix), tout d’abord. Instrumentation minimaliste et chuchotements inquiétants sous lesquels point la révolte. Il s’achève sur l’invective à l’auditeur : « It’s your choice, your choice, your choice, your choice / Peace or annihilation ». « Peace, Love and Understanding » (titre de Nick Lowe qu’avait déjà repris Elvis Costello), enfin, pénétrant et intimiste, qui évoque le sentiment de désarmement face à l’absurdité de ce monde. Au micro, c’est Billy Howerdel qui interpelle de sa voix calme et dolente : « As I walk through this wicked world / Searchin’ for light in the darkness of insanity / I ask myself : Is all hope lost ? / Is there only pain and hatred and misery ? »
Dominé par un propos dénonciateur et à visée anti-militariste, eMOTIVe livre une vision effrayante de notre monde et des vices qui semblent en précipiter la ruine. Notamment, le mensonge, la violence, la haine et l’aveuglement synonyme de déshumanisation. A l’image de la pochette qui, dépliée, révèle en fond un monde en ruines livré aux flammes et aux bombes, cependant qu’au premier plan figurent des affiches de propagande de la seconde guerre mondiale répétant que tout va pour le mieux (« Don’t be concerned. Stick to your daily routine », « Everything is going to be alright », « Relax ! Everything is fine », « Keep placid. Immerse yourself in work »). C’est donc un album éminemment orwellien qu’a livré A Perfect Circle, faisant écho à 1984 par ce qu’il dénonce et par sa volonté d’alerter. Sombre par l’évocation sans être d’un pessimisme foncier, eMOTIVe n’est pas dénué d’espoir, puisqu’il s’achève sur une note lumineuse (bel a capella sur la reprise de Joni Mitchell, « The Fiddle and The Drum »). Et si le Peace & Love de la pochette semble près de l’écroulement, il résiste néanmoins.
Mais les belles intentions ne font pas nécessairement les grands disques. Et le résultat est mitigé. L’impression de remplissage domine, avec plusieurs reprises (Marvin Gaye, Depeche Mode, Fear, Devo), au mieux ennuyeuses, au pire agaçantes et vaines - ce qui est indigne d’un groupe de ce standing. Et l’on se demande si le groupe n’aurait pas mieux fait de sortir un deux titres (« Imagine » / « Counting Bodies... »), voire un maxi de 5 ou 6 chansons. Parce que plus varié et éclaté qu’à l’accoutumée (drum’n’bass, industriel, ballades sombres, metal), on devine que eMOTIVe a été conçu dans l’urgence et que l’intention l’a parfois emporté sur la forme.
Alors est-ce un album ? Une compilation ? Un manifeste ? C’est en tout cas un disque à part dans la courte discographie de ce groupe audacieux. Et, alors que le nombrilisme a largement dominé dans le rock américain ces dernières années, voir un groupe reconnu défendre une position politique tranchée (ni pro-Bush ni pro-Kerry, mais contre le système politique, économique et social américain en soi) dans le civil et dans leur art, est à saluer. De ce disque, il faut surtout retenir l’intention de dénonciation de la politique américaine et de la guerre. Et la fantastique reprise de Lennon. L’art de la reprise étant délicat, un groupe remaniant un chef d’œuvre pour en faire quelque chose de totalement nouveau mérite les applaudissements.
©Copyright Music Story Music Story 2015
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MAYNARD JAMES KEENAN, Producer, Executive Producer - Matthew Borruso, Composer - Sothria Pheng, Composer - Billy Howerdel, Producer - A Perfect Circle, MainArtist - Christopher Douglas, Composer
(C) 2004 Virgin Records America, Inc. ℗ 2004 Virgin Records
Josh Freese, Drums, AssociatedPerformer - John Lennon, ComposerLyricist - MAYNARD JAMES KEENAN, Producer, Piano, Executive Producer, Vocals, AssociatedPerformer - Paz Lenchantin, Piano, Strings, AssociatedPerformer - Billy Howerdel, Producer, Guitar, Additional Vocals, AssociatedPerformer, Bass (Vocal) - A Perfect Circle, MainArtist
(C) 2004 Virgin Records America, Inc. ℗ 2004 Virgin Records
Nick Lowe, Composer - MAYNARD JAMES KEENAN, Producer, Executive Producer - Billy Howerdel, Producer - A Perfect Circle, MainArtist
(C) 2004 Virgin Records America, Inc. ℗ 2004 Virgin Records
Renaldo Benson, ComposerLyricist - Alfred Cleveland, ComposerLyricist - Marvin Gaye, ComposerLyricist - MAYNARD JAMES KEENAN, Producer, Executive Producer - Billy Howerdel, Producer - A Perfect Circle, MainArtist
(C) 2004 Virgin Records America, Inc. ℗ 2004 Virgin Records
Trent Reznor, Composer - MAYNARD JAMES KEENAN, Composer, Producer, Executive Producer - Danny Lohner, Composer - Billy Howerdel, Composer, Producer - A Perfect Circle, MainArtist
(C) 2004 Virgin Records America, Inc. ℗ 2004 Virgin Records
MAYNARD JAMES KEENAN, Producer, Executive Producer - Greg Ginn, Composer - Billy Howerdel, Producer - A Perfect Circle, MainArtist
(C) 2004 Virgin Records America, Inc. ℗ 2004 Virgin Records
Martin Gore, Composer - MAYNARD JAMES KEENAN, Producer, Executive Producer - Billy Howerdel, Producer - A Perfect Circle, MainArtist
(C) 2004 Virgin Records America, Inc. ℗ 2004 Virgin Records
Gerald V. Casale, Composer - Mark Mothersbaugh, Composer - MAYNARD JAMES KEENAN, Producer, Executive Producer - Billy Howerdel, Producer - A Perfect Circle, MainArtist
(C) 2004 Virgin Records America, Inc. ℗ 2004 Virgin Records
MAYNARD JAMES KEENAN, Producer, Executive Producer - Lee Ving, Composer - Billy Howerdel, Producer - Philo Cramer, Composer - A Perfect Circle, MainArtist
(C) 2004 Virgin Records America, Inc. ℗ 2004 Virgin Records
MAYNARD JAMES KEENAN, Composer, Producer, Executive Producer - Danny Lohner, Participant - Josh Eustis, Drums, AssociatedPerformer - Billy Howerdel, Composer, Producer, Engineer, StudioPersonnel - Justin Freese, Saxophone, AssociatedPerformer - A Perfect Circle, MainArtist
(C) 2004 Virgin Records America, Inc. ℗ 2004 Virgin Records
Traditional, Composer - MAYNARD JAMES KEENAN, Producer - Billy Howerdel, Producer - A Perfect Circle, MainArtist
(C) 2004 Virgin Records America, Inc. ℗ 2004 Virgin Records
Joni Mitchell, Composer - MAYNARD JAMES KEENAN, Producer, Executive Producer - Billy Howerdel, Producer - A Perfect Circle, MainArtist
(C) 2004 Virgin Records America, Inc. ℗ 2004 Virgin Records
Chronique
eMOTIVe est sorti le 2 novembre 2004, jour de l’élection présidentielle qui allait reconduire le président républicain George W. Bush à la tête des Etats-Unis. Malgré quelques très beaux morceaux, c’est la visée politique qui semble avoir été privilégiée sur cet album.
Tout d’abord la pochette. Au fond, une ville en feu sous un ciel rougeoyant, répétant l’écho de la guerre et des flammes. Au premier plan, une monumentale sculpture du signe Peace & Love, fissurée et prête à s’écrouler. Symbole-référence qui semble signaler une filiation avec le protest rock si vivace dans les années 60-70. Mais nous sommes ici loin de la révolte optimiste des hippies. C’est un tableau sombre de l’aujourd’hui que nous livre le groupe. Avec ses chansons sur la guerre, la paix, la propagande, la haine, la fraternité (presque exclusivement des reprises, retravaillées au point d’en devenir tout à fait méconnaissables), eMOTIVe est un disque éminemment politique. Et ce n’est pas un hasard s’il est sorti le jour de l’élection présidentielle américaine. Le concept peut faire sourire les cyniques. Et pourtant, interroge le chanteur, dans la reprise de Nick Lowe : « What’s so funny ‘bout peace, love and understanding ? ». Cela prête, d’ailleurs, peu à sourire car certains morceaux, tout simplement brillants, font froid dans le dos.
La fantastique reprise d’« Imagine » (John Lennon) semble, à première écoute, reléguer dans son ombre tout le reste de l’album. Car le groupe réussit le tour de force, non seulement de s’approprier ce classique, mais d’en pervertir le sens. L’hymne à la paix et à la fraternité se mue, par la gravité du chant de Maynard James Keenan, en une pièce désenchantée, image d’un monde moralement dévasté, livré à l’autodestruction. Devenu chant funèbre, ce superbe morceau au piano grave et aux violons dramatiques, se hisse à la beauté superbe du tragique.
L’autre merveille du disque, c’est « Counting Bodies Like Sheep To The Rhythm Of The War Drums ». Superbement retravaillée, la chanson (qui, figurant sous le titre « Pet » sur Thirteenth Step, leur précédent album, traitait de l’addiction) prend un autre sens : celui d’une dénonciation de la guerre - le titre est assez évocateur (« Compter les corps comme des moutons au son des tambours de guerre »). La rythmique, martiale, le son machinique, les samples (marche militaire, mitrailleuse, etc.) : tout œuvre à une vision apocalyptique. Quelque chose qui serait l’équivalent des premières images du Terminator 2 de James Cameron... Les paroles semblent parodier le discours propagandiste et paternaliste : « Go back to sleep / I’ll be the one to protect you from your enemies and all your demons / (...) from your enemies and your choices, son ». Et lorsque, comme un collage, se superposent les paroles « Go back to sleep » et « Counting Bodies Like Sheep To The Rhythm Of The War Drums », la dénonciation du mensonge d’Etat et de l’aveuglement collectif devient patente.
Deux autres titres se détachent encore. Le morceau d’introduction, « Annihilation » (initialement du groupe punk américain Crucifix), tout d’abord. Instrumentation minimaliste et chuchotements inquiétants sous lesquels point la révolte. Il s’achève sur l’invective à l’auditeur : « It’s your choice, your choice, your choice, your choice / Peace or annihilation ». « Peace, Love and Understanding » (titre de Nick Lowe qu’avait déjà repris Elvis Costello), enfin, pénétrant et intimiste, qui évoque le sentiment de désarmement face à l’absurdité de ce monde. Au micro, c’est Billy Howerdel qui interpelle de sa voix calme et dolente : « As I walk through this wicked world / Searchin’ for light in the darkness of insanity / I ask myself : Is all hope lost ? / Is there only pain and hatred and misery ? »
Dominé par un propos dénonciateur et à visée anti-militariste, eMOTIVe livre une vision effrayante de notre monde et des vices qui semblent en précipiter la ruine. Notamment, le mensonge, la violence, la haine et l’aveuglement synonyme de déshumanisation. A l’image de la pochette qui, dépliée, révèle en fond un monde en ruines livré aux flammes et aux bombes, cependant qu’au premier plan figurent des affiches de propagande de la seconde guerre mondiale répétant que tout va pour le mieux (« Don’t be concerned. Stick to your daily routine », « Everything is going to be alright », « Relax ! Everything is fine », « Keep placid. Immerse yourself in work »). C’est donc un album éminemment orwellien qu’a livré A Perfect Circle, faisant écho à 1984 par ce qu’il dénonce et par sa volonté d’alerter. Sombre par l’évocation sans être d’un pessimisme foncier, eMOTIVe n’est pas dénué d’espoir, puisqu’il s’achève sur une note lumineuse (bel a capella sur la reprise de Joni Mitchell, « The Fiddle and The Drum »). Et si le Peace & Love de la pochette semble près de l’écroulement, il résiste néanmoins.
Mais les belles intentions ne font pas nécessairement les grands disques. Et le résultat est mitigé. L’impression de remplissage domine, avec plusieurs reprises (Marvin Gaye, Depeche Mode, Fear, Devo), au mieux ennuyeuses, au pire agaçantes et vaines - ce qui est indigne d’un groupe de ce standing. Et l’on se demande si le groupe n’aurait pas mieux fait de sortir un deux titres (« Imagine » / « Counting Bodies... »), voire un maxi de 5 ou 6 chansons. Parce que plus varié et éclaté qu’à l’accoutumée (drum’n’bass, industriel, ballades sombres, metal), on devine que eMOTIVe a été conçu dans l’urgence et que l’intention l’a parfois emporté sur la forme.
Alors est-ce un album ? Une compilation ? Un manifeste ? C’est en tout cas un disque à part dans la courte discographie de ce groupe audacieux. Et, alors que le nombrilisme a largement dominé dans le rock américain ces dernières années, voir un groupe reconnu défendre une position politique tranchée (ni pro-Bush ni pro-Kerry, mais contre le système politique, économique et social américain en soi) dans le civil et dans leur art, est à saluer. De ce disque, il faut surtout retenir l’intention de dénonciation de la politique américaine et de la guerre. Et la fantastique reprise de Lennon. L’art de la reprise étant délicat, un groupe remaniant un chef d’œuvre pour en faire quelque chose de totalement nouveau mérite les applaudissements.
©Copyright Music Story Music Story 2015
À propos
- 1 disque(s) - 12 piste(s)
- Durée totale : 00:48:07
- Artistes principaux : A Perfect Circle
- Compositeur : Various Composers
- Label : Virgin Records
- Genre : Pop/Rock Rock
© 2004 Virgin Records ℗ 2004 Virgin Records
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