Mr. Lucky

Chronique

Si l’on excepte un anecdotique album australien en public, et le traditionnel (dans les pays anglo-saxons) exercice de chants de Noël (Christmas en 2004), cela fait plus de sept années que celui qui est considéré comme l’un des artistes les plus sexy de la planète n’a pas offert de production en studio. Non pas que Chris Isaak soit resté inactif, se consacrant (un peu) au cinéma, et concentrant énormément de son énergie sur l’animation d’un show en nom propre pour le câble, dans lequel il accueille les vedettes de l’actualité, tout en se produisant avec son propre groupe.

Les chansons de Mr. Lucky proviennent en partie de ce show, rodées qu’elles furent devant des spectateurs de plateau, et des dizaines de milliers de téléspectateurs. Mais le désir naturel pour le chanteur de Stockton (Californie) de reprendre en main une carrière, émiettée par les ans, s’accompagne manifestement d’une tentative de moderniser le son général de sa musique, ce qui peut sembler étrange, dans la mesure où l’on a, dès ses débuts, été séduit par sa beauté à la James Dean, et ses ondoiements vocaux – et un redoutable falsetto - hérités de Roy Orbison, et, donc, toute une charge nostalgique prompte à faire croire à l’ éternité de la musique.

Bienheureusement, le lifting s’opère avec parcimonie (on pouvait craindre une surcharge d’écho), tout au long de quatorze chansons, toutes signées par le patron (qui prend également en charge la production, et l’illustration de la pochette, gage de son investissement dans le projet). On parvient même la plupart du temps (« Cheater’s Town », en ouverture, n’aurait-elle pas pu être incluse dans le tout premier album du bonhomme ?), et à la réserve de quelques sections de cordes envahissantes, à considérer qu’après tout, l’album reste du Chris Isaak dans l’acception traditionnelle du terme. C’est-à-dire une embrassade gourmande des grands courants de la culture musicale américaine, du blues (« Big Wide Wonderful World ») à la country music (« We’ve Got Tomorrow »), en passant par le rock tendu et innervé (« Mr. Lonely Man »).

Et ses duos avec Trisha Yearwood (l’une des stars – et depuis deux décennies – de la country dans les états sudistes) ou la plus néophyte Michelle Branch (néanmoins membre à part entière de la tribu Isaak), offrent une parfaitement réussie synthèse entre pop, rockabilly, et frissons discrets pour public adulte. A noter la carrière commerciale particulièrement édifiante de Mr. Lucky aux États-Unis, où l’album a atteint la vingt-neuvième position des charts.



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