Songs Of A Lost World

The Cure

Paru le 01/11/2024 chez Polydor Records
Artistes principaux : The Cure
Genre : Alternatif et Indé
Distinctions : Album de la semaine 4F de Télérama

Disponible en

16-Bit/44.1 kHz Stereo

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Après seize ans d’une interminable attente, la bande de Robert Smith fait enfin table rase du mitigé 4:13 Dream. Annoncé très tôt, peu après leur 40e anniversaire en 2018, ce quatorzième album à la lente gestation est vite devenu une arlésienne. Mais pas au point de décourager les fans qui savaient déjà, en découvrant six des huit nouveaux morceaux durant leur tournée de 2022 et 2023, que l’attente ne serait pas vaine.

Robert Smith a toujours aimé laisser le temps au temps, laisser mûrir les compositions. C’est d’ailleurs dans celui étrange du confinement que la tête pensante des Cure s’est plongée dans ses propres démos, parfois datant de 2010. Il en a sélectionné une vingtaine, en a travaillé treize puis huit, sous les conseils avisés de tiers. Hanté par la mort, celle de proches durant la pandémie, mais aussi de son frère Richard, Smith a articulé son disque autour d’elle, de la perte, de la solitude. Introduit par le vers qui clôt le poème Dregs d’Ernest Christopher Dowson, “This is the end of all the songs man sings” (en français, “C’est la fin de toutes les chansons que l’homme chante), le morceau d’ouverture Alone donne le ton d’une traversée de 49 minutes en clair-obscur.

Avec Smith seul à la composition, Songs Of A Lost World renoue avec l’essence post-punk de la formation de Crawley, époque Disintegration (1989) et Wish (1991), a contrario des plus hasardeux The Cure (2001) ou Wild Mood Swings (1996). Désespéré, abstrait mais aussi lumineux, il évite l’écueil du monochrome en trouvant l’équilibre idoine entre pop songs du niveau de High (Wish, 1991), comme ce Drone Nodrone et All I Ever Am, et ballades dramatiques puissantes (I Can Never Say Goodbye dédiée à son frère). Les textures y sont étirées, scintillantes ou oniriques, les percussions de Jason Cooper dantesques (la puissante marche funèbre Endsong de près de 11 minutes), les guitares distordues et plaintives, la basse de Simon Gallup mélodique, les claviers de Roger O’Donnell froids ou travestis (cette intro de Warsong où semble rugir un accordéon, qui rappelle au passage Untitled de Disintegration). Au milieu de cette vision impitoyable du monde qui prend fin, personnifié en pochette par le visage sculpté du Slovène Janez Pirnat, le chant de Robert Smith semble immortel. Voilà enfin un disque ultra inspiré. © Charlotte Saintoin/Qobuz

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Alone