Location via proxy:   [ UP ]  
[Report a bug]   [Manage cookies]                

Solution Manual For Database Concepts 9th Edition Kroenke

Download as pdf or txt
Download as pdf or txt
You are on page 1of 37

Get Full Test Bank Downloads on testbankbell.

com

Solution Manual for Database Concepts 9th Edition


Kroenke

http://testbankbell.com/product/solution-manual-for-
database-concepts-9th-edition-kroenke/

OR CLICK BUTTON

DOWLOAD EBOOK

Download more test bank from https://testbankbell.com


More products digital (pdf, epub, mobi) instant
download maybe you interests ...

Test Bank for Database Concepts 9th Edition Kroenke

https://testbankbell.com/product/test-bank-for-database-
concepts-9th-edition-kroenke/

Test Bank for Database Concepts, 5th Edition: Kroenke

https://testbankbell.com/product/test-bank-for-database-
concepts-5th-edition-kroenke/

Test Bank for Database Concepts, 6th Edition: Kroenke

https://testbankbell.com/product/test-bank-for-database-
concepts-6th-edition-kroenke/

Solution Manual for Database Processing 15th Edition


Kroenke

https://testbankbell.com/product/solution-manual-for-database-
processing-15th-edition-kroenke/
Solution Manual for Database Processing 14th Edition
Kroenke

https://testbankbell.com/product/solution-manual-for-database-
processing-14th-edition-kroenke/

Solution Manual for Concepts of Database Management,


8th Edition

https://testbankbell.com/product/solution-manual-for-concepts-of-
database-management-8th-edition/

Test Bank for Database Processing 15th Edition by


Kroenke

https://testbankbell.com/product/test-bank-for-database-
processing-15th-edition-by-kroenke/

Solution Manual for Database Concepts, 6/E 6th Edition


: 0132742926

https://testbankbell.com/product/solution-manual-for-database-
concepts-6-e-6th-edition-0132742926/

Solution Manual for Concepts of Database Management,


9th Edition, Joy L. Starks, Philip J. Pratt, Mary Z.
Last

https://testbankbell.com/product/solution-manual-for-concepts-of-
database-management-9th-edition-joy-l-starks-philip-j-pratt-mary-
z-last/
Database Concepts 9th

Full chapter download at: https://testbankbell.com/product/solution-manual-


for-database-concepts-9th-edition-kroenke/
Table of Contents

PART 1: DATABASE FUNDAMENTALS

1. Getting Started

2. The Relational Model

3. Structured Query Language

PART 2: DATABASE DESIGN

4. Data Modeling and the Entity-Relationship Model

5. Database Design
PART 3: DATABASE MANAGEMENT

6. Database Administration

7. Data Warehouses, Business Intelligence Systems, and Big Data

ONLINE EXTENSIONS

Extension A: Working with MySQL

Extension B: Advanced SQL

Extension C: Advanced Business Intelligence and Big Data


Another random document with
no related content on Scribd:
LE PAVOT NOIR

Jamais aucun baiser ne me fut plus cruel que celui qu’elle me


donna devant la porte du jardin en me disant qu’elle était triste de
me quitter jusqu’au lendemain et qu’elle m’aimerait toujours.
Une marchande de dahi passait dans la rue avec ses paniers
d’osier. Des enfants dans la poussière se disputaient un morceau de
camphre. Et je voyais sa joie de partir qui se dégageait d’elle comme
un ange muet habillé de mensonge.
Jusqu’à demain sans te voir ! dit-elle encore. Sa robe faisait un
bruit soyeux de mousselines neuves. Que vas-tu faire en
m’attendant ? Elle s’est éloignée à petits pas, sans hâte apparente.
Je l’ai suivie des yeux, j’ai cueilli un pavot noir et je suis rentré.
UNE FEMME DANS UN MIROIR

Rien n’est plus mélancolique que de regarder une femme dans


un miroir. On ne reconnaît pas bien la chambre, derrière la femme,
et la bougie, au fond, à l’air de brûler pour le culte d’un dieu oublié.
C’est une illusion de bonheur que l’on goûte auprès d’une illusion
de créature. Je ne serai pas surpris si la femme s’envolait tout à
coup par la fenêtre comme un oiseau et si la flamme se détachait de
la bougie et tombait à terre comme un rubis mort.
Celle qui est auprès de moi pourrait être une autre. Je ne suis
pas bien sûr d’être dans cette chambre-là. Un oiseau de mousseline
tourbillonne, un rubis mort fait une goutte de flamme sur le tapis, et
moi je me détache de mon corps, je cesse d’être moi-même, je me
perds dans l’infini du miroir.
LA FÊTE DE BHAVANI, QU’ON
APPELLE CELLE QUI FAIT PLEURER

O pourquoi n’es-tu pas venue ? Je t’attendais avec tant


d’impatience ! J’avais préparé les châles et les mousselines que tu
aimes. J’avais marché dans l’allée dont le détour te plaît. Comme le
chant du rossignol est triste lorsque le cœur vous fait mal !
O pourquoi n’es-tu pas venue ? C’était le jour de la fête de
Bhavani, la déesse à qui on a donné quatorze noms différents et je
me suis souvenu que l’un d’eux est Félicité. Comme le bruit de la
gaîté des passants est triste lorsque le cœur vous fait mal !
O pourquoi n’es-tu pas venue ? Tous les bazars étaient fermés.
Tous les temples étaient muets !… Chaque pas qui résonnait au loin,
c’était le tien. Je me suis souvenu que la déesse Bhavani s’appelle
aussi : Celle qui fait pleurer… Comme le silence sur la ville est
déchirant lorsque le cœur vous fait mal !
LE MYSTÈRE DES PERLES CREUSES

Dans une perle creuse il y a une petite princesse endormie. Elle


tient dans sa main minuscule, une perle invisible à nos yeux et dans
le sein de cette perle reposent un soleil, une lune, une terre et
toutes les planètes en mouvement à travers un ciel moins grand
qu’une fourmi.
Notre univers à nous repose aussi dans la perle creuse d’une
princesse géante que nous ne voyons pas à cause de son immensité.
Comme nous sommes grands et comme nous sommes petits ! Lequel
des deux, en vérité, et combien y a-t-il de princesses qui dorment ?
LA RUE DU CHAGRIN

Cette rue, cette rue si courte, avec ses tamariniers par-dessus les
murs qui faisaient une ombre bleuâtre, je l’appelais la rue de la
félicité.
Je la franchissais d’un seul élan et j’arrachais avec la main une
touffe de feuillage que j’éparpillais derrière moi.
Ta maison était à droite, une petite maison avec un toit bas et
une porte en ébène noir et j’appelais cette maison la maison du
bonheur.
La chambre où tu reposais sous la moustiquaire avait des
carrelages de couleurs et j’y avais vécu tellement d’heures d’ivresse
que je l’appelais la chambre des souvenirs.
A droite est toujours ta petite maison. Les tamariniers font une
ombre bleuâtre. Mais la rue est interminable, et je l’appelle la rue du
chagrin.
LE JEUNE HOMME DU CRÉPUSCULE

Le jeune homme que j’avais vu passer avait un turban couleur de


safran et une robe blanche serrée à la taille par une cordelière d’or.
J’étais assis devant ma porte à l’heure où l’on remplace les
veilleurs sur les remparts et il ne m’a fait qu’un signe, il ne m’a jeté
qu’un regard.
J’ai écouté les trompettes résonner dans les tours, j’ai regardé les
étoiles s’allumer et le jeune homme s’est éloigné sous son turban
couleur de safran.
Et c’est seulement quand sa silhouette a disparu le long des
murailles, quand il n’a plus été temps de courir après lui, que j’ai
compris devant ma porte l’étendue de ma solitude.
IL VAUT MIEUX QUE TU NE
REVIENNES PAS

Il vaut mieux que tu ne reviennes pas, puisque tu es parti une


fois de la maison. D’autres fleurs de pêchers tombent dans le jardin,
d’autres lotus s’entr’ouvrent sur l’étang. Mais ce sont les anciennes
fleurs qui m’étaient chères. Il vaut mieux que tu ne reviennes pas.
Puisque tu t’es éloigné de moi, que le voyage te soit doux. Le
monde est grand. Il y a dans de tièdes intérieurs d’autres lampes qui
éclairent des visages remplis de douceur. Là, on joue aussi de la
cythare, on lit des livres. Tu y seras tendrement aimé, puisque tu t’es
éloigné de moi.
Ce n’est pas le départ qui est la plus grande tristesse. On se dit
adieu avec un cœur ferme. A ce carrefour tu trouveras une auberge.
A ce carrefour tu trouveras un ami. Et puis on sait que les
séparations et les chagrins forment le tissu quotidien de la vie. Ce
n’est pas le départ qui est la plus grande tristesse.
Il vaut mieux que tu ne reviennes pas à cause du regard qui n’est
plus le même, à cause de la main qui ne se tend plus avec la même
franchise. Je sais bien que la puissance d’oubli est illimitée et que le
pardon est le cœur de Dieu. Pourtant, puisque tu es parti une fois de
la maison, ô bonheur, il vaut mieux que tu ne reviennes pas.
LES DEUX BAYADÈRES ET L’UNIQUE
VISAGE

Deux bayadères dans le même clair de lune ont vu au fond du


puits l’unique visage de leur bien-aimé.
Elles ont descendu le seau de métal pour le ramener et il n’y
avait qu’une eau trouble, pleine de reflets brisés.
Elles ont refusé de danser sur les trois pierres du temple de
Ganesa et elles ont pleuré quand la lune montait.
Et le Brahmane aux cheveux de lin et aux doigts de parchemin
leur a dit : « Telle est la loi, mes filles, et il vaut mieux…
« Une seule fois apparaît le bien-aimé, le vrai bien-aimé immortel,
et malheur à celles qui veulent l’arracher au mystère et à la distance
du puits. »
Mais les bayadères ont continué à pleurer au clair de lune car
celles qui ont entrevu une fois le visage du bien-aimé, jamais plus ne
l’oublient.
UNE SILHOUETTE BLANCHE QUI
S’ENFUIT

C’était un pas léger que j’avais entendu sur les feuilles mortes.
C’était une silhouette blanche que j’avais vue s’enfuir au bout de
l’allée. J’ai été seule toute la journée, me dit-elle, et les heures m’ont
paru longues. Et elle souriait en montrant ses dents comme si elle
avait envie de mordre à un invisible fruit.
Je désirais tellement qu’elle expliquât d’une façon naturelle cette
silhouette blanche au fond de l’allée que je lui dis : Est-ce que
Taswir, la joueuse de vina, n’est pas venue tout à l’heure jouer avec
toi. Mais elle me répondit étourdiment : « Non, il y a bien des jours
que je n’ai pas vu Taswir, la joueuse de vina. »
Elle me regardait avec des prunelles pleines d’amour et au milieu
des coussins j’aperçus un de ces foulards bigarrés en mousseline
légère comme ont coutume de mettre autour de leur cou, les jeunes
hommes du Népal. Mais déjà elle m’avait fait asseoir sur ces
coussins et elle passait ses bras autour de mon cou. O mystère du
cœur de la femme !
N’as-tu pas soif, mon bien-aimé ? dit-elle encore. Et elle prit la
jarre de vin et je vis que sur le plateau il y avait deux verres et qu’on
avait bu dans tous les deux. Ses yeux étaient tranquilles, sa main ne
tremblait pas quand elle m’a tendu le verre, et moi j’ai bu
longuement, j’ai bu avec ivresse. O mystère du cœur de l’homme !
LA RACINE DES UNIVERS ET DES
DIEUX

Je ne vois partout que douleur. Le riz va manquer bientôt aux


hommes des pauvres villages. Dans les basses rues de la ville, il y a
les maladies qui passent et qui marquent les maisons pour que la
mort vienne les visiter. L’un est déchiré par le fer et l’autre l’est par le
chagrin. Je ne vois partout que douleur. Je ne vois partout que des
cœurs fermés.
Je ne vois partout que des cœurs fermés. Il n’y a pas de pitié
sincère, il n’y a qu’un orgueil démesuré. Le soufi, le juge intègre et
l’honnête épouse se glorifient trop vite d’être les premiers. Comme
dans une tour de pierre, ils s’enferment dans leur vertu. Et cette
vertu est vraiment de pierre. Sur elle se brise l’humaine douleur.
Chacun ne croit qu’à sa vérité. Il n’y a pas de pitié sincère. Et
pourtant il y a une voie différente pour chacun.
Il y a une voie différente pour chacun, quelquefois bordée de
fleurs et d’autres fois semée de cailloux. Mais toutes les voies
montent et la plus dure est souvent la plus courte, entre les voies
qui mènent au sommet de la montagne. J’ai vu une femme appeler
les passants sur un tas de cailloux et tendre avec la lassitude de son
geste, une incommensurable mesure de pitié et j’ai vu dans les yeux
du voleur qu’on allait étrangler briller la vraie lumière de Dieu. Mais
la vraie lumière de Dieu n’est pas visible pour les aveugles.
La vraie lumière de Dieu n’est pas visible pour les aveugles.
Chacun clôt sa porte au crépuscule et étend la barre sur les vantaux
car le mendiant pourrait passer avec sa lanterne accrochée à un
bâton noir. Personne ne veut voir les étoiles de la pitié qui s’allument
avec la nuit et cheminent le long des portes inexorablement
muettes. Et pourtant les porteurs désespérés d’étoiles sont souvent
les meilleurs et les plus purs. Ils frappent aux portes. Ouvrez-nous,
hommes justes, ouvrez-nous, hommes vertueux ! N’est-il pas juste
que nous ayons une petite part de richesse, une petite part de
vertu ? Mais jamais on ne leur répond, jamais il ne leur sera
répondu.
Car le soleil de la justice ne se lève jamais dans le ciel étroit de la
terre. Les méchants ne sont pas punis et les bons ne sont pas
récompensés et ce sont les hypocrites qui sont les maîtres. Les
causes engendrent les effets, mais ceux qui subissent les effets ne
connaissent pas les causes et l’on maudit Dieu avec raison parce
qu’il donne assez d’intelligence pour désirer la justice et qu’il n’en
donne pas assez pour comprendre la lenteur de sa marche et
l’étendue mystérieuse de sa loi. Et quand on maudit Dieu, le cœur se
ferme davantage et la douleur devient plus grande et c’est pourquoi
je ne vois partout que douleur, je ne vois partout que des cœurs
fermés et il n’y a rien à espérer de la pitié des hommes.
Il n’y a rien à espérer de la pitié des hommes, et il n’y a rien à
espérer de la pitié de Dieu puisque tout ce que nous voyons de lui
est le déroulement d’une loi impassible et immuable. Il n’y a rien à
espérer de personne. Mais au fond de l’abîme du désespoir et de
l’injustice, il est permis de contempler la lampe inaltérable de
l’espérance. Car en soi-même, dans le rayonnement de sa propre
âme est la divine justice qui ne faillit jamais, celle qui n’a pas besoin
de pitié pour briller, celle qui a en elle une huile d’amour qui se
consume sans s’épuiser. O puissance intérieure ! racine des univers
et des dieux ! immortelle justice de l’homme !
LA PERTE DE LA RICHESSE
VÉRITABLE

Un navire chargé de poivre et de vanille, en s’éloignant du port


de Surate, a emporté tout l’héritage de mon père. Il a fait naufrage
non loin de Goa. Qu’Allah soit glorifié ! me suis-je écrié, quand on
m’annonça que j’étais ruiné. Le monde est tellement rempli de
richesse !
Sur l’eau de la fontaine qui est entre des figuiers, près de la porte
de Cachemyr, je me penchai un soir et je vis deux taches
grisonnantes de chaque côté de mon front. Ainsi j’appris que j’avais
perdu ma jeunesse et je fus rempli de joie, pensant qu’il y a plus de
beauté dans le crépuscule que dans le jour qui se lève et que le
voyageur doit se féliciter d’approcher de la fin du voyage.
Mais lorsque je poussais la porte de ma maison, que je vis la
table vide de tes boîtes de fard, et que je compris que tu m’avais
quitté, alors je m’assis sur le seuil et je pleurai ma solitude parce que
je venais de perdre pour la première fois ma fortune et ma jeunesse.
LA NUIT DES PAVOTS MORTS

La chambre était pleine de pavots et le vent avait entr’ouvert la


fenêtre.
Étendu au milieu des coussins j’attendais que le rossignol se mît
à chanter.
Mais cette nuit-là, il n’y avait, dans le jardin, que le
chuchotement des cèdres entre eux.
Je posai ma cithare à côté de la coupe à demi pleine et je
m’endormis quand baissa la lampe.
Alors celle que je ne dois plus revoir écarta le rideau de soie.
Elle avait une robe traînante, parfumée avec du musc de la
Perse.
Elle avait des babouches silencieuses, des colliers muets, des
bagues sans reflets.
Elle avait ce sourire lointain de ceux dont l’âme est absente.
Elle a pris la coupe, elle l’a portée à ses lèvres et elle l’a vidée.
Elle a pris la cithare et elle a joué un air doux et triste que j’ai
entendu sans me réveiller.
Elle a hésité un peu, elle s’est regardée dans le miroir, elle a
touché les panneaux de laque.
Et puis elle a disparu comme le souvenir d’une soirée d’autrefois.
Quand je me réveillai je vis le carmin de ses lèvres aux bords de
la coupe.
Et sur une corde vibrante de la cithare, la teinture de son ongle
avait fait comme une goutte de sang.
Le vent était froid, les pavots mouraient, dehors le rossignol
commençait à chanter…
A L’AMI INGRAT

Louange à toi qui m’as offensé, qui m’a permis de contempler à


loisir le visage de l’ingratitude. J’ai su quelle lumière la trahison peut
donner au regard, avec quelle hypocrite affection elle sait déguiser,
tendre la main loyalement, faire des confidences sincères pour mieux
tromper. Louange à toi qui m’as offensé.
Car j’ignorais la force du mal, je n’avais pas encore mesuré la
puissance avec laquelle il passe dans certaines âmes, arrachant les
bons souvenirs comme la tempête arrache les arbres, dévastant le
champ de l’amitié où la récolte avait si péniblement fleuri. J’ignorais
un des deux versants de la montagne, celui où il y a de l’ombre, où il
pleut sans cesse, où l’on est toujours triste.
Je ne te rappellerai pas que je t’ai aimé avec un cœur véridique
et que si je ne te l’ai pas exprimé par des paroles vaines, mon
silence te l’avait souvent dit. N’y a-t-il pas d’ailleurs, quand l’ami
retrouve son ami, un mystère dans le regard et la formule du salut,
qui est le signe du plaisir fraternel ? Je ne te rappellerai pas le plaisir
fraternel que ta présence me procurait, mais je te dis : Louange à toi
qui m’as offensé !
Car je ne te rendrai aucun mal. Non par manque de courage et
non plus par manque de douleur. Le plus beau courage est dans le
silence, dans la faculté de détruire en soi-même tout ce qui naît de
mal, engendré par le mal. Et pour ce qui est de la douleur, je l’ai
connu, je l’ai mesuré de l’extrémité de sa racine profonde jusqu’à sa
dernière feuille lointaine et je la garde jalousement, égoïstement,
pour moi seul. Et je te dis : Louange à toi qui m’as offensé !
Car tu m’as fait présent d’une magnifique richesse. Le morceau
de plomb était de l’or souillé que j’ai lavé de mes mains. J’ai pris ton
offense et je l’ai pétrie, je l’ai polie, je l’ai chauffée dans mon cœur.
Je l’ai transformée en ce pardon secret qui me fait comprendre la
vie. Ce pardon est désormais pour moi la clef de toutes les portes
fermées que l’homme rencontre dans son voyage. Tu m’as donné
plus que tu m’as pris. Louange à toi qui m’as offensé !
LA DESCENTE DU FLEUVE

Nous n’arriverons jamais ! Allez plus vite, rameurs ! Sous la


toiture en bambous de mon bateau, à force d’avoir bu du vin, je ne
vois qu’un morceau circulaire du ciel où dansent les étoiles.
Descendez, descendez le fleuve, rameurs, nous n’arriverons jamais.
Où allons-nous ! Je ne sais pas bien. Mais allez plus vite,
rameurs. Sous la toiture en bambous de mon bateau, je ne vois, à
force d’avoir bu du vin, qu’une partie de mon âme où dansent des
souvenirs. Descendez, descendez le fleuve, rameurs. Nous
n’arriverons jamais !
Là-bas, il y a une maison où m’attend une femme belle comme
un morceau de jade blanc. Allez plus vite, rameurs. J’ai tellement bu
de vin que je n’arriverai pas à la reconnaître. Descendez, descendez
le fleuve, rameurs, nous n’arriverons jamais !
C’est elle ! Elle me fait signe. Elle trouve que je suis en retard.
Allez plus vite, rameurs ! Mais j’ai tellement bu du vin qu’il me
semble que son visage est changé et que je suis en présence de Siva
le destructeur des formes. Descendez, descendez le fleuve, rameurs,
nous n’arriverons jamais.
Toutes les lanternes s’éteignent sur la rive. On entend au loin
crier les panthères. Allez plus vite, rameurs. Il y a un endroit solitaire
où commence la forêt. Vous me déposerez là et je m’en irai droit
devant moi car la sagesse m’attend au pied d’un banian. Descendez,
descendez le fleuve, rameurs, nous n’arriverons jamais.
LES YEUX BLEUS SONT DES
MIROIRS MORTS

J’ai peur des yeux bleus parce qu’ils me font penser à des saphirs
et que le saphir est un fragment d’un univers antérieur à la terre,
qu’on ne reverra jamais plus.
J’ai peur des yeux bleus parce qu’ils rappellent un vin mélangé de
feuilles que de belles filles me firent boire à Bagdad et que l’ivresse
de ce vin, je ne la connaîtrai jamais plus.
J’ai peur des yeux bleus parce que ce sont ceux des âmes
fermées et qu’ils reflètent les beaux paysages ensoleillés sans les
voir et l’amour sans l’éprouver.
J’ai peur des yeux bleus parce que ce sont ceux que je regarde
sans cesse dans le visage de ma bien-aimée, et qu’à l’inverse des
autres yeux humains, ces yeux mortellement bleus ne reflètent pas
mon image et sont pareils à des miroirs morts.
SUR LES RIVES DE LA JUMNA

Sur les rives de la Jumna, j’ai vu une femme qui pleurait. Elle
jetait des pétales de fleurs sur un berceau où reposait un enfant
mort. Le berceau était sur les flots et commençait à s’en aller.
C’est mon enfant, dit cette femme, mon enfant bien-aimé qui est
mort. Je ne comprenais pas pourquoi il regardait toujours le ciel avec
des yeux si grands et si tristes et pourquoi il se détournait du visage
des vivants. Je le comprends maintenant.
Mais ce que je ne comprendrai jamais, c’est pourquoi il est né
pour mourir si vite, c’est pourquoi il était si beau afin que grandisse
dans mon cœur un amour d’autant plus tendre, ce que je ne
comprendrai jamais, c’est l’injustice du dieu unique.
Et avec un geste désespéré elle lançait des pétales de fleurs vers
le berceau qui s’éloignait. On ne voyait pas l’enfant mort. Le berceau
fut arrêté par une branche. Des nénuphars l’enveloppèrent et
semblèrent étendre sur lui l’étoffe pieuse de leurs feuilles et puis il
disparut au loin.
Et je pensais en suivant les rives de la Jumna : Moi aussi j’ai
perdu une enfant bien-aimée. Elle se détournait souvent de mon
visage et elle regardait le ciel avec obstination. Mais je n’ai pu la
mettre dans un berceau et la couvrir de pétales de fleurs.
Car si elle est morte pour moi, elle est vivante pour les autres. La
rivière sur laquelle elle vogue est plus impétueuse que la Jumna. Elle
est pleine de musiques qui jouent et de baisers d’amour. C’est la
rivière de la vie où ma bien-aimée est partie en chantant et je suis
tout seul sur le rivage.
Nous ne savons pas pourquoi les enfants sont arrachés aux bras
des mères, pourquoi il y a cette attirance dans les visages qu’on va
perdre, pourquoi celui qui aime n’est pas aimé également. Le dieu
unique est peut-être injuste. Mais je t’envie, toi qui peux jeter des
fleurs sur l’enfant mort que tu as perdu.
LES TROIS JEUNES FILLES ET LE
LOTUS

Les trois jeunes filles venaient de se baigner dans l’étang et l’eau


qui mouillait leur corps en s’évaporant au soleil, leur faisait une
auréole de buée bleuâtre.
Quand elles m’aperçurent parmi les asokas, la première, la plus
svelte, poussa un cri et fit le geste de se voiler avec une tunique
invisible et elle était comme un roseau qui se plie sous le vent.
La deuxième, la plus grande, se mit à rire et elle continua à
marcher tranquillement avec un je ne sais quoi d’impudique dans le
mouvement des épaules et elle était comme l’arbre Ban quand, à
midi, il fend son écorce avec la force de sa sève.
Mais la troisième, la plus petite, me regarda de loin sans me voir.
Elle se baissa, cueillit un lotus et elle le tendit vers le ciel comme si
elle faisait l’offrande de son cœur.
UNE ANCIENNE MAUVAISE
NOUVELLE

O toi qui portes une lanterne au bout d’un bâton et un bouquet


de feuilles séchées, pourquoi viens-tu frapper à ma porte,
annonciateur de la mort ? Je sais la nouvelle, elle vient de mourir,
dans sa maison qui est de l’autre côté de la ville, au bout d’une
longue allée de tamariniers.
Tu t’étonnes de ce que je dis, parce que l’événement vient de se
produire, parce que sa vie est partie il y a quelques minutes avec la
lumière qui baissait, parce que tu es le premier qui est sorti de sa
demeure pour inviter ceux qui l’ont connue à la pleurer. Vois-tu, c’est
que j’ai reçu des dieux le don de la clairvoyance.
Je l’ai vue déjà avec un visage muet et des yeux où il n’y a plus
de flamme, j’ai marché déjà dans la longue allée de tamariniers avec
un cœur désespéré et cette lanterne au bout d’un bâton s’est déjà
agitée pour moi sur mon seuil. Ah ! l’aveugle est mille fois plus
heureux que le clairvoyant !
Il y a différentes manières de voir mourir ceux qu’on aime et la
mort que tu annonces, annonciateur de la mort, est bien loin d’être
la plus cruelle. Va, continue ta route. La nuit s’avance. Elle avait
beaucoup d’amis qu’elle chérissait mieux que moi et tu dois frapper
encore à beaucoup de portes. Il y a des années que je la pleure car
je l’ai perdue depuis longtemps.
LA MUSIQUE, LA PRIÈRE ET LA
VOLUPTÉ

Le serviteur s’est tenu devant moi et il m’a dit : « Sortez d’Agra et


prenez la route qui mène aux ruines de Kanoudje. Vous suivrez à
droite une grande allée et après une forêt de manguiers vous verrez,
derrière un mur très haut, une maison couverte de sculptures des
anciens temps qui a les signes du zodiaque sur sa porte. C’est là
qu’elle vous attend et elle frappe avec impatience de son bracelet,
les mosaïques de sa chambre. »
Devrai-je prendre ma cithare ? Cacherai-je dans les plis de ma
dopulta de soie noire un petit poignard où le nom d’Allah est gravé
sur le manche d’or ? Me ferai-je précéder de six esclaves vêtus de
blanc avec un turban rose comme les pierres du Tadj à l’aurore, avec
des babouches vertes comme les lézards du Gange ? M’en irai-je tout
seul portant comme présent un Koran en parchemin de Nichapour
avec des enluminures d’El Moumen et relié dans une peau de faon
immaculé.
J’ai trouvé l’allée, j’ai traversé la forêt de manguiers, j’ai vu les
signes du zodiaque incrustés en nacre sur le bois d’ébène de la porte
et j’ai respiré un parfum où il y avait une si inexprimable volupté que
j’ai défailli et que j’ai laissé tomber le Koran relié en peau de faon.
Trois chiens blancs se sont enfuis sans aboyer à mon approche et j’ai
entendu s’égrener les notes d’un rire léger, comme si un bâtonnet
d’ivoire frappait une feuille de cristal, quelque part, autour de moi, je
ne savais où…
Elle était étendue sur une peau de tigre et elle ne portait ni voile,
ni bijoux, rien qu’un étrange morceau de jade sur le front, entre ses
yeux verts. Lorsque je lui ai tendu le livre et la cithare elle a eu une
moue dédaigneuse de la bouche comme si la musique et la prière
n’étaient pour elle que les formes immatérielles de l’ennui. J’ai bu un
vin épais qu’elle tendait et j’ai caressé une matière charnelle plus
colorée que les enluminures du Koran.
Quand je suis revenu à moi, j’étais à l’orée de la forêt de
manguiers. Je respirais la résine balsamique de ces arbres et les
grains des grappes rouges de leurs fleurs tombaient sur moi. Un
serpent glissait dans l’herbe. Un singe mangeait une mangue. Il
faisait chaud. Je voyais au loin l’allée qui m’aurait ramené vers Agra.
Mais elle m’avait dit : « Chaque jour tu reviendras me voir. » Et j’ai
cherché à travers les arbres la porte d’ébène noir où étaient
incrustés les signes du zodiaque et je ne l’ai pas trouvée…
Et c’est depuis ce temps que je suis pareil à un mendiant, que je
dispute les mangues au singe et chasse le serpent avec une branche
pour boire au ruisseau. Jamais plus je ne prendrai l’allée qui me
ramènerait vers Agra. Sans cithare et sans livre je regarde voler au
loin l’oiseau de la musique et disparaître le nuage de la prière et je
cherche, je cherche sans la trouver, la porte d’ébène de la
magicienne nue dont le rire était comme la résonnance d’un
bâtonnet d’ivoire sur une feuille de cristal. J’ai perdu l’idéal et je n’ai
pas atteint le plaisir.
LE TEMPLE DE L’AME

Comme l’empereur Akbar [2] je suis allé prier dans la mosquée


d’Agra. Mais les colonnes sous les ogives des coupoles étaient
comme des files de pèlerins coiffés de dentelles de pierre qui
cheminent et chuchotent et ne se mettent pas à genoux.
[2] L’empereur Akbar entrait indifféremment pour
prier dans les églises, les mosquées ou les temples. Il
tenta d’unifier les religions et il pensait que le vrai Dieu
est en nous.

Comme l’empereur Akbar je suis allé prier dans le temple des


Brahmanes. Mais on y respirait l’odeur suffocante des bûchers
voisins. Les divinités étaient trop nombreuses. Ganesa agitait sa
trompe et Siva déployait tellement de bras que j’ai eu peur d’être
saisi avant d’avoir terminé ma prière à Dieu.
Comme l’empereur Akbar, je suis allé prier au milieu des Parsis.
Mais le feu sacré avait toujours l’air de s’éteindre. J’étais enveloppé
par l’ombre immense d’Ahriman et les Yatus avec leur corps pareil à
celui des chauves-souris frissonnaient autour de moi et faisaient un
bruit d’ailes feutrées.
Comme l’empereur Akbar, je suis allé prier dans l’Église
catholique des religieux portugais. Mais de la tour s’est élevée une
musique de cloches et je suis ressorti pour voir quelles étaient ces
hirondelles de bronze qui faisaient ce bruit en s’envolant à travers
l’azur.
Comme l’empereur Akbar, je suis allé prier dans la Synagogue
des juifs. Mais quand on m’a présenté le livre de la Thora j’ai lu tant
de caractères mystérieux que j’ai été comme un homme perdu dans
une forêt millénaire et que j’ai reculé devant l’énigme des
cosmogonies.
Comme l’empereur Akbar je me suis assis dans le temple
intérieur de l’âme. Là il n’y a ni livre, ni colonnes, ni statues, ni feu
sacré, ni harmonie de cloches. Aucune fenêtre ne s’ouvre sur le
monde des hommes et cependant j’ai été illuminé par la pure
lumière de la vérité.
ÉPITAPHE DE BAGAWALI

Ici repose Bagawali qui porta dans la forme mince de son corps
un génie étrange toujours enflammé par le désir de la volupté.
Ce génie animait la clarté sombre de son regard, faisait palpiter
ses narines, mouillait sa bouche et la rendait pareille à la pulpe d’un
fruit qu’on ouvre pour le mordre.
Ce singulier génie invisible la poussait à entr’ouvrir la fenêtre
quand le pas d’un jeune homme retentissait dans la rue et à lui faire
un imperceptible signe pour lui désigner la porte.
Par la puissance de ce génie quand elle passait le long des
remparts de Delhi, elle laissait derrière ses pas un parfum qui n’était
ni l’ambre brûlé, ni le musc, mais une traînée indéfinissable et
attractive qui vous forçait à la suivre sans y penser.
Ce génie criait par sa bouche sur le lit des herbes à l’ombre des
cèdres, il tordait ses reins, il gonflait ses seins, il tendait ses jambes
et il avait l’air d’expirer, lui qui pourtant est éternel.
A présent est morte la forme charnelle de Bagawali. Mais le génie
demeure autour de ce tertre et de cette pierre blanche et si tu ne te
hâtes pas, passant, il prendra possession de toi et ton existence sera
désormais vouée à la poursuite du plaisir qui rend triste et met sur
les lèvres la cendre amère de la mort.
LE DÉLICIEUX VISAGE DU
MONSTRE EFFRAYANT

Jamais je n’avais vu un monstre aussi effrayant. Son corps était


d’une matière intermédiaire entre la pierre morte et la chair vivante
et semblait se décomposer perpétuellement et renaître de manière
étrange. Ses pattes terminées par de larges mains, étaient ouvertes
pour saisir. Il regardait sans voir avec des prunelles pleines d’eau
glauque. Sa mâchoire branlait, ses cornes étaient immobiles, ses
dents étaient rouges et ses poils bleuâtres. Il était lourd comme un
éléphant, long comme un serpent, énigmatique comme un sphinx et
il barrait entièrement l’indéfinie, l’inéluctable avenue entre les cèdres
centenaires.
J’éprouvais une grande terreur à la vue de ce monstre et
cependant je n’essayais pas de revenir en arrière et même je ne me
préoccupais de lui que médiocrement. Je m’arrêtais parfois pour
regarder un insecte cheminer sur le sable ou pour admirer la savante
complication des dessins d’une feuille. Je savais qu’il faudrait, à un
moment donné, plonger mes yeux dans les prunelles d’eau glauque,
être saisi par les larges mains, sentir le contact de cette matière
animée du grouillement de la décomposition. Pourtant je cheminais
dans une parfaite inconscience avec ma terreur tapie en un coin de
mon âme, ma terreur à laquelle je ne pensais pas.
Et peu à peu, sous d’ombre des cèdres plus épaisse, j’approchai
du monstre effrayant. Mais une singulière transformation s’était
opérée par degrés. Ce que j’avais pris pour des cornes n’étaient que
les nœuds d’un turban. Dans l’eau glauque des yeux il y avait des
éclats de saphir. Le branlement de la mâchoire était une illusion
enfantée par les promesses de caresses que dégageait l’ivoire des
dents. Ce qui était poil hérissé était devenu duvet délicat, et ce qui
était chair décomposée était devenu translucide matière rose. Je
voyais des courbes d’épaules, des cercles de bras ouverts. J’étais à
côté du monstre qui m’avait semblé effrayant. Je contemplais le
délicieux, le divin visage de la mort.
A L’HEURE DES LOTUS
ENTR’OUVERTS

Il y a, quand l’aurore est naissante, un instant où les lotus ne


sont qu’entr’ouverts. Ils sont légèrement mouillés par la rosée,
comme s’ils avaient pleuré.
Il y a dans l’âme de l’homme qui s’est avancé dans la vie une
minute où il entrevoit la sagesse et où il ne sait pas si son
crépuscule n’est pas son aurore.
C’est à l’heure intermédiaire qu’il faut marcher le long de l’étang,
regarder les buées délicates qui s’élèvent des eaux bleuâtres et
prennent des formes imprécises.
Car la plus grande beauté humaine est dans le paysage qu’on
devine, le ciel qu’on ne peut atteindre, l’aspiration incertaine de
l’esprit, l’enthousiasme pour l’idéal mal défini.
C’est à l’heure intermédiaire qu’il faut formuler son désir parce
que le palmier n’est qu’un fantôme, que la montagne n’est qu’une
apparition, que le monde n’est pas mieux dessiné que notre âme.
A l’heure où les lotus ne sont qu’entr’ouverts et pleurent, il faut
aller, le corps vêtu avec une robe de lin blanc, légère comme le
brouillard, qui imprégnera ses plis de l’aurore.
A l’heure quotidienne de la naissance des choses, à l’heure où il
n’y a encore ni bien ni mal sur terre il faut aller avec son âme qui

You might also like